(jillian) ✸ don't give up.

« Ma puce… » Le regard tourné vers une photographie précieuse et lourde d’émotions, je ressens, je sens la présence de la main ferme, solide, mais douce aussi de mon père contre mon épaule. Aujourd’hui, c’est mon anniversaire. Le douzième à vrai dire. Chaque année, je ne peux pas m’empêcher de me recueillir dans ma chambre, installée sur mon lit douillet, une photo dans la main et la regarder jusqu’à ne plus voir le temps s’écouler dans le gré du vent. Cette photo. La première et dernière image que je possède de ma sœur disparue, jamais connue. L’unique souvenir d’un esprit envolé, mais qui pourtant aurait eu une vie rêvée avec de l’amour, de la compassion, de l’apprentissage, de la bonne éducation… mais surtout d’avoir une famille soudée et unie. Chaque année, je ne cesse de penser à elle… Enfin, chaque jour, à un moment précis de la journée, mes pensées sont tournées vers elle. Même si Courtney n’est pas présente de façon physique, j’ai toujours cette sensation qu’elle demeure toujours à mes côtés, même si nous nous ne connaissions pas. Peut-être est-ce là le contact si solide et si mystérieux qui s’installe dès la naissance, ou dès le cocon du ventre de maman. Je l’ignore. Je ne possède pas la réponse. Cependant, me recueillir m’aide à m’apaiser ou à trouver des réponses quand la vie sème des embûches où tu finis par être totalement désarmé, sans avoir l’opportunité de pouvoir trouver la solution et reprendre le dessus. Mon père a toujours été là. Je pense qu’à chaque fois qu’il sait que je m’enferme dans la chambre durant un certain temps, c’est que je suis avec elle. Quant à maman, il lui est toujours difficile… Elle a essayé. A chaque fois, les pleurs surviennent et je ne peux guère lui en vouloir. « Ne t’en fais pas, papa… Ça va aller… » Une larme a perlé mon œil. Une larme qui s’y en détache pour procéder à un écoulement tout le long de la joue avant qu’une main ne vienne la balayer d’un revers de main. Mon père change de position et se place juste devant moi, trouvant une petite place sur le bord du lit pour s’y poser, une main reposant contre ma joue. « Tu es courageuse… Tu l’es autant pour toi, que pour ta maman. Et je sais que, de là-haut, elle ne cesse de veiller sur nous et de nous aimer autant que nous l’aimons aujourd’hui. » Je ne prononce pas de mots à ses propos. Cela me touche en plein cœur. Cela fait naître davantage de larmes qui ont réalisé le phénomène que mes yeux deviennent brillants, pétillants. Je ne dis rien. Je me contente juste de m’avancer pour aller dans les bras de papa et de me serrer fort contre lui, la tête reposée contre son épaule… Une étreinte forte, aimante, reposante. Et un mot lourd de sens… « Je t’aime, papa… »

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Les battements de cœur sont réguliers. Une régularité qui se dissipe peu à peu au fur et à mesure que les pas se rapprochent du moment fatidique. Du moment où le rapprochement n’obtiendra qu’une seule issue… Ces battements de cœur s’excitent. Une excitation qui se ressent pleinement dans ma poitrine, contre ma poitrine. Le rythme cardiaque est plus accéléré que d’habitude. Je n’ai jamais ressenti un tel engouement. Je n’ai jamais pensé que ce sentiment procurerait quelque chose d’extraordinaire et de phénoménale. Je ne suis qu’à quelques centimètres de sa rencontre. Mes yeux sont pétillants. J’essaie de paraître normale. J’essaie de me montrer sereine et calme. Mais j’ai ce sourire qui perdure sur mon visage. J’ai ce sourire qui s’agrandit dès lors que nos regards se croisent et dès lors où je devine son sourire dans le mouvement qu’il entame pour se retourner. Le bas de ma lèvre inférieure est alors mordillé. Ni une, ni deux. Je ne peux plus attendre. Je n’attends tout simplement plus davantage. Je me contente alors de m’avancer vers lui. Puis de me précipiter. Un élancement. L’instant d’après, je suis dans les bras de ce jeune garçon qui a réussi à me séduire juste par un simple regard. Ce garçon qui m’a fait connaître l’amour. Le grand amour. Celui dont vous ne réussirez jamais à vous en remettre tant cela vous paraît être insensé et incroyable. Celui dont vous ne cessez de ressentir des papillons remuer vivement à l’intérieur de votre ventre. Celui dont vous ne cessez d’avoir envie que vos lèvres rencontrent les siennes pour échanger, pour partager une union dans un baiser tendre, amoureux et passionné à souhait. Là où tout peut se dire. Là où tout se sache sans que vous n’ayez le besoin d’entrouvrir les lèvres pour prononcer le moindre mot. L’émotion est là. Je ne peux ne pas écouter ce que mon cœur me dit. Je suis amoureuse. Terriblement amoureuse. Et cela se ressent largement dans mes gestes, dans mon expression orale ou corporelle. Je ne sais pas me détacher de lui. Je le serre fort contre moi. Il en fait de même. Cette étreinte dans laquelle je me sens bien, dans laquelle je me sens quitter ce monde pour me retrouver dans un cocon unique… dans un nid d’amour privilégié… Mon amour. Il me le remet bien. Je ne peux pas douter de ses sentiments tant il est présent, tant il est tactile et tant il ne cesse de me montrer, de me prouver qu’il m’aime. Je ne sais pas me séparer de lui. C’est inenvisageable d’ailleurs. Comment pourrais-je y penser, ne serait-ce qu’une seconde… ?

« Comment te sens-tu… ? » Mon corps est contre le sien. Il est dénudé et se réchauffe aisément contre ce corps musclé, protecteur dont il ne s’en lasse pas. Mon esprit est transporté sur un nuage de bien-être et de détente. Les frissons se font présents quand je sens sa main parcourir le long de mon bras… quand je sens cette même main se plonger, se glisser en douceur et en tendresse dans ma longue chevelure châtain… Un sourire niais… béat étire mes lèvres. Je relève mes yeux vers son visage. Vers un visage aux traits doux et détendus. Vers un visage où je vois nettement tout ce qu’il peut ressentir à mon égard… « Bien. Détendue. Libérée d’un lourd poids aussi… » Ai-je prononcé alors dans un rire. Ma tête se repose contre son corps nu. Le rire s’estompe tout doucement. Mes yeux se baissent vers nos mains. L’une des miennes attrape lentement l’une des siennes. Nos doigts s’entrelacent et je réunis cette union vers mes lèvres pour y déposer un doux baiser. « Je suis tellement heureuse de t’avoir dans ma vie… » Mon regard se perd un peu dans le vide. A l’aide de son pouce contre mon menton, il relève mon visage. Son regard pénètre, se plonge à l’intérieur de mes iris. « Tu es la seule et l’unique… Tu le resteras… Je ne cesserais jamais de t’aimer, mon ange… Jusqu’à la fin de ma vie… » Des mots qui se sont vus être illustrés par un baiser tendre, amoureux et passionné…

Tout a été digne d’un conte de fées…
Et pourtant…
Tout a changé… du jour au lendemain…

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Un coup de téléphone. Aucune réponse. Un second coup de téléphone. Toujours rien. Chaque jour qui défile, mon téléphone portable ne cesse d’émettre des appels dans l’espérance de pouvoir recevoir une réponse descendant directement du Mont Olympe. Tout comme il ne cesse d’envoyer des messages afin de mettre toutes ses chances de mon côté. Plusieurs jours. Plusieurs semaines. Je perds espoir. Je baisse les bras. Et sans m’y attendre, ne l’ayant pas prémédité, mon portable se voit être balancé contre le mur de la cuisine. Il retombe lourdement. Je m’en moque. Je ne veux plus le voir. Je ne veux voir personne. J’ai voulu être forte. J’ai voulu me montrer coriace et faire comme si je tenais le coup. Mais non. Aujourd’hui, j’ai décidé de craquer. Aujourd’hui, j’ai décidé de perdre pied et de faire chier le monde. Mes oreilles perçoivent du bruit en provenance de l’étage. Des bruits de talons. Ils accourent. Je ne lève pas mes yeux. J’essaie de me calmer. Je sens mon visage meurtri par des mimiques tirés vers des sentiments de colère. Je le sens être meurtri par ces lèvres qui l’ont envahi sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit… « Jillian ? » Le son de la voix douce et inquiétante de ma mère parvient à mes oreilles. La maman tourne le visage vers l’un des murs de la cuisine et aperçoit le téléphone de sa fille. Elle fronce les sourcils et se rapproche. « Bébé… Qu’est-ce qui se passe… ? » Maman est au courant que cela fait un long moment que je n’ai plus eu de nouvelles de Lamont. De l’homme que j’aimais. De celui avec qui une longue histoire a été construite… Notre couple avait duré trois ans. Et notre anniversaire allait bientôt arriver en plus de ça… Les yeux embués, mon visage se relève. Je croise le regard de ma mère. Mon regard est livide. Le sien ? Toujours aussi inquiet et préoccupé. J’ai peur d’entrouvrir les lèvres pour lui dire ce que je ressens. Pourtant… C’est en sentant sa main vouloir se poser sur ma joue pour essuyer cette maudite larme que je me recule, la tête baissée. Je me mords la lèvre. Mes poings se serrent. Et je décide de prendre les devants. « Je n’ai pas de nouvelles… Rien du tout. Même pas un message vide. Je ne sais pas quoi faire, maman… Qu’est-ce que j’ai bien pu faire pour qu’il me laisse en plan ? Pour qu’il ne soit même pas capable de me dire le moindre mot… ? » Une petite pause s’installe. « Hein ? Tu peux me dire ? Qu’est-ce que j’ai bien pu faire, bordel ! » Le son de ma voix s’est élevé. Je ne veux pas crier sur ma mère, surtout que ce n’est pas contre elle. Je crie. Je pleure. Elle me laisse quelques secondes, quelques minutes avant de me prendre dans mes bras et de me serrer fort contre elle. « Je l’ignore ma puce. Et sache que ton père fait tout ce qu’il peut pour le retrouver. Il a des connaissances dans le milieu, tu le sais… Tu ne resteras pas sans nouvelles plus longtemps… » Comment peut-elle en être certaine ? J’entends ses mots. Je les reçois, mais ils glissent simplement. Je ne crois plus en rien. En rien du tout…

Les nouvelles finissent par tomber. Pas de bonnes nouvelles. Mes études ont été mises en suspens. Je ne parvenais pas à me concentrer tant mon esprit ne cessait d’être porté vers Lamont. J’ai beau eu avoir le soutien de mes parents, cela ne m’aidait pas à reprendre le dessus. J’ai cru y arriver pourtant. Puis, mon père qui revient à la maison. Il me prend à part. Il a ses mains sur mes épaules alors que je suis installée en face de lui, sur le fauteuil ornant le salon. J’essaie de percevoir ce qu’il désire me dire dans ses yeux. J’ai besoin de quelques instants. « Papa… ? Qu’est-ce qu’il y a ? Tu m’inquiètes… C’est lui, c’est ça, hein… ? » Je n’ai pas besoin de me concentrer que des larmes perlent déjà mes yeux. Je pense déjà au pire. Les larmes tombent. Je me plonge dans mes bras de mon père, sanglotant dans notre étreinte. Sa main se pose sur mon dos. Il me serre fort. Il a la gorge serré, mais parvient à prendre son courage à deux mains. Tandis que loin du salon, ma mère nous observe, adossée contre la porte. « Un de mes amis l’a reconnu à travers une photo… Il s’était porté volontaire à l’armée… » Il se détache de l’étreinte. Il prend mon visage à deux mains, en profitant pour sécher quelques larmes. « Il est porté disparu depuis… sur le territoire coréen… » J’ai besoin de quelques instants pour tout comprendre et tout saisir. Disparu. L’armée. Il décide de tout quitter, de tout laisser tomber pour l’armée.. !?? C’est incompréhensible. Ça ne lui ressemble pas. « Mais… Il ne m’a jamais dit qu’il voulait aller à l’armée… Papa… Il a dû se passer quelque chose chez lui. Il a dû se passer quelque chose de grave pour qu’il soit parti comme ça. Je ne sais pas… Faut entamer des recherches. Il faut le retrouver ! » Aussitôt, je me lève. Je regarde autour de moi. Je veux aller dans ma chambre et préparer mes affaires. Papa me retient. « Chérie… les recherches sont déjà en cours… Je ne suis pas certain qu’on puisse le retrouver… » Mon visage se ferme. Mon regard est perçant. « Ne dis pas ça… Plus jamais !!! » Sans attendre, je me détache lourdement de lui et accours à l’étage, bousculant presque maman que je n’avais même pas vu. Il n’a pas le droit. Quitte à le faire moi-même, je le ramènerais chez nous !

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L’évidence. Se rendre compte de la réalité peut être un lourd acte à exécuter. Cela a été plus qu’amèrement et difficilement pour moi. Difficile de pouvoir admettre que je ne le retrouverais jamais. Difficile d’admettre que je ne pourrais jamais savoir s’il est en vie ou s’il a perdu la vie durant une mission. J’ignorais même si les recherches ont porté leur fruit. J’ai dû me rendre à l’évidence et reprendre goût à la vie. J’ai bénéficié du soutien de mes parents. Heureusement qu’ils étaient là. Sans eux, j’ignore ce que j’aurai été aujourd’hui. Tout doucement, je reprends du poil de la bête… et la poursuite de mes études ! L’envie de pouvoir intégrer le F.B.I. a été tellement forte que je ne me suis consacrée qu’à ça. Je veux réussir. Je veux montrer à mes parents ce dont je suis capable. Cela passe autant par des entraînements intensifs, que par un apprentissage périlleux, mais tellement important. Je pense d’ailleurs que je faisais mon « deuil » de sa disparition en m’investissant à du deux cent pour cent pour ne pas perdre pied, pour garder le cap et procéder à une réussite exemplaire, à la hauteur du niveau de mes parents.

A force de travail, d’acharnement, de patience et de volonté, j’ai vaincu l’enseignement dur et éprouvant du F.B.I.. Désormais, c’est en qualité d’agent que ma voie professionnelle se voit être tracée. Je peux enfin « soufflée » et profiter du peu de repos qu’on m’octroyait pour reprendre des forces et savourer cette victoire, cette réussite avec mes amis proches, mais aussi avec maman et papa. Une réussite qui est arrivée au bon moment d’ailleurs. Une seconde vie s’offre à moi. Bien que mon cœur ne se remette jamais de sa disparition, mon esprit revit grâce à ce boulot. D’autant que du boulot… il va y en avoir…

Les années s’écoulent. La femme que je suis a évolué. Elle a progressé. Elle est devenue plus indépendante, plus travailleuse, plus courageuse. Elle s’est forgée une carapace. Elle est coriace désormais. Fort heureusement, d’ailleurs… Car, le monde a changé. Il n’est plus comme auparavant. Le monde a dû accueillir, sans qu’il ne puisse avoir son mot à dire, des êtres extraordinaires, des êtres terrifiants et diaboliques… Certains répondent au nom de Superman, de Wonder Woman, tandis que d’autres répondent au nom de Deathstroke ou encore de Black Mask. L’invasion extraterrestre que le monde a subie a été lourde de conséquences, dévastatrice… A ce moment-là, j’étais avec mon équipe à Gotham City afin de prêter main forte aux forces de l’ordre de la ville pour éloigner autant que possible ces criminels qui n’aidaient en rien à l’arrestation de cette invasion, mais surtout pour secourir les habitants et les mettre en sécurité. C'est en découvrant dans le chaos que chaque ville du monde était plongé que j'ai été certaine de la voie choisie à embrasser le chemin de l'anti-terrorisme. Certes, elle est quelque peu différente du terrorisme que nous avions connu jusqu'à présent, mais le fond y est fidèle. Je me suis jurée que je ne cesserais jamais d'appliquer la loi, de la transgresser si la nécessité est présente, mais surtout de protéger au maximum le pays et ses habitants des désastres, des attentats que l'homme peut engendrer dans sa folie légendaire et déroutante...
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J’ai un sourire qui étire mes lèvres. Je suis dans mon appartement, à Gotham City. J’ai pris la décision de m’y installer face aux catastrophes qu’elle doit endurer et que je ne serais pas de trop pour envoyer plusieurs criminels derrière les barreaux, dans les cellules d’Arkham. Néanmoins, ce n’est pas l’installation qui me fait sourire, mais la lettre que je viens à l’instant de recevoir et dont le destinataire était sans appel : mon père. Une lettre où il m’avoue être fier de moi. Qu’il est fier de la femme que je suis devenue. Qu’il est fier que je ne me sois pas laissée démontée. Que je suis devenue forte. Qu’il n’aurait jamais cru que je pourrais en être capable vu la douleur que j’ai pu ressentir. Elle est toujours présente, mais je vis avec. Et j’ai les yeux embués quand il me parle de ma sœur… De ma petite Courtney. Mon sourire demeure sur mon visage. Je repose la lettre contre la table de chevet et je m’en vais chercher la seule photo que je possède de ma sœur. En main, un baiser se pose contre celle-ci. « Pour toi, jamais, je ne baisserais les bras… Je te le promets… »