Dangerous actions [Cassandra and co]

C’était une affaire de famille et Aspen savait qu’elle était loin de faire partie de celles qui étaient positives, puisque cette dernière concernait l’attaque sur le convoi de l’organisation ARGUS à Metropolis. Il était désormais recherché par le gouvernement, probablement aussi par les frères de l’innocente qu’il avait sauvé là-bas et sa famille adoptive était donc elle-même menacée par les conséquences de ses actes.
Le silence était souverain au sein de la Batcave : le jeune homme se sachant coupable des faits commis, attendait simplement que les autres juges arrivent pour qu’en compagnie de Cassandra, ils puissent décider de la sentence à prononcer à l’encontre de Dayazell. Une petite toux nerveuse, seule traîtresse de l’anxiété que pouvait ressentir l’apprenti héros. Et s’ils l’abandonnaient à son sort ? Aspen secoua vigoureusement la tête pour chasser ces angoisses infondées de son esprit.
Une fois les deux adolescents arrivés sur place, Aspen leva ses deux prunelles qui reprirent vie tandis que le jeune homme quittait la bulle protectrice à l’intérieur de laquelle il s’était réfugié afin d’esquiver le regard inquisiteur de sa grande sœur. Il était l’heure d’expliquer la situation actuelle aux deux nouveaux juges ainsi que l’embarras- non. Le pétrin dans lequel l’apprenti héros avait mis la Bat-Family. Aspen se contenta d’écouter ce qu’il savait déjà, évitant de nouveau des regards qu’il devinait être soit accusateurs, soit interloqués… peut-être même les deux, qui sait ?

« J’ai- fait- ce qui- devait être fait. » se défendit-il sans plus d’arguments, gardant ses yeux visés sur le sol de la grotte souterraine qui servait de repaire à la Chauve-souris et à sa "famille".

Il n’avait aucune envie d’être jugé pour avoir fait quelque chose de bien. Oui. Certes… les actions accomplies étaient moralement discutables et loin de correspondre aux principes du Chevalier Noir mais ARGUS n’était pas ce que l’on pouvait appeler une organisation juste et honnête. Il était donc tout à fait cohérent de posséder des armes qui ne l’étaient pas elles-mêmes. Un homme aux pouvoirs terrifiants tel que Thaddeus Faust avait été plus que bienvenue dans l’équipe même si, par sa faute, le nombre de victimes tuées sur le champ de bataille était monstrueusement élevé.

« ARGUS- mauvais. J’ai sauvé- Analia. » ajouta le jeune homme en se levant de sa chaise, les poings serrés et le regard farouche. Il tremblait presque tant il était agacé d’être pointé du doigt.

Peut-être s’enfonçait-il en agissant de la sorte, mais Aspen était bien incapable de contenir ses émotions qui brouillonnaient depuis un petit moment déjà : être pourchassé comme une bête sauvage par des gens peu scrupuleux lui rappelait de très mauvais souvenirs, de sa vie d’avant, et il refusait que sa famille adoptive le réprimande parce qu’il avait bien agi, qu’il avait agi dans l’intérêt de l’autre, d’un innocent… d’une innocente. Il avait eu raison, même s’il avait menti à Cassandra pour agir. Il avait eu raison même s’il avait mis toute sa famille en danger en agissant de la sorte. Il aurait pu être tué, mais il avait réussi. Il avait réussi et Analia était libre. C’était tout ce qui comptait à ses yeux.

Codage par Libella sur Graphiorum

Celui qui pourrait penser recevoir des éloges après avoir participé à une tuerie de masse serait un idiot et de première classe. Aspen ne s’attendait pas à avoir des éloges ou qu’on lui lance des fleurs pour avoir provoqué indirectement (ou non) la mort de nombreuses personnes innocentes… et encore moins après avoir, en partie, détruit une partie de Metropolis en essayant de libérer Analia de ce maudit convoi de l’organisation. Et que dire du pétrin dans lequel il a été capable de fourrer les membres de la Bat-Family ? ARGUS ne mettrait pas longtemps à comprendre le lien que possédaient Dayazell et les membres de la famille de la Grande Gothique. Mais s’il n’avait pas agi- s’il n’avait pas essayé quoique ce soit- Analia serait toujours enfermée entre quatre murs, manipulée et toujours considérée comme un objet que l’on a le droit de malmener à sa guise. Quelques morts et une partie du territoire de Superman en miettes, ce n’était pas si terrible ; il aurait pu se produire bien pire puisque ARGUS semblait prêt à utiliser des moyens bien plus destructeurs pour garder leur précieuse méta-humaine. Et ça, Aspen pensait que Tim devait être au courant d’une manière ou d’une autre étant donné que Dayazell ne fut pas le seul "justicier junior" à s’être retrouvé mêlé à tout ça. D’ailleurs… Aspen se demandait comment allait Wally.
Mais le jeune homme n’eut pas le temps de se plonger dans ses pensées que Damian vint interrompre le fil qu’il avait commencé à tisser en posant de nombreuses questions sur un ton- impressionné ? Aspen n’était pas sûr à 100 % de savoir si l’adolescent était épaté par ses "exploits" ou bien s’il tentait de le martyriser à coup de questions à l’aura étrangement taquine et désagréable. Mais il répondit. En quelques mots.

« Non. Pas tout seul, commença-t-il avant de grincer les dents. Pas suici- suicidaire. Oui. Et non. »

L’ex-assassin était bien conscient que Damian n’était que le début lorsque Tim décida d’ajouter un élément de réponse aux siennes, démontrant une certaine connaissance sur le sujet. Pas étonnant pensa Aspen, qui n’accorda pas un seul regard à ce dernier. Wally et lui étaient des amis de longue date, n’est-ce pas ? Alors Tim devait être au courant d’un paquet de détails. Et cela ne plaisait pas du tout au jeune homme qui savait que les reproches allaient pleuvoir à foison lorsque Red Robin commencerait sa tirade par « ce que tu as fait n’est pas mauvais »… Le garçon aux cheveux bruns se crispa de tout son corps, prêt à encaisser les remarques qui allaient lui être adressées sans réel détour. Ils étaient tous contre lui, de toute façon. Il n’était pas l’un des leurs, de toute façon.

« Mais Cassandra sera d’accord avec moi pour dire que tu n’as pas réfléchi aux conséquences. Tu as sauvé quelqu’un qui est maintenant pourchassée et tu as mis tout le monde en danger. Non seulement toi, mais aussi Cassandra ou Damian. » expliqua Tim.

« Et Wally. » marmonna le jeune homme, se fichant bien de si on l’avait entendu ou non.

« Et il n’y a pas seulement ça… Aspen, des gens sont morts. Des agents d’ARGUS… Des civils. Je sais que ce n’était pas ce que tu voulais, mais… » ajouta la fameuse grande sœur.

Le silence. Le silence ! Sa majesté du calme, souverain de la réflexion et meilleur ami de Aspen depuis son plus jeune âge. Ce dernier se contenta d’envelopper toute la pièce de cette compagnie si réconfortante, ne la brisant pas afin de pouvoir réfléchir. De pouvoir se souvenir et se rappeler certaines choses qui ne lui étaient pas forcément plaisantes- mais qui étaient nécessaires. Le regard terrorisé de Cassandra. Le cadavre du borgne ; ancien apprenti assassin avec qui Aspen avait vécu une partie de son enfance, écrasé sous le poids de son propre corps qui avait déchaîné une violence des plus inhumaine sur cette menace imminente. Terre-4. Une planète puant la mort, le sang, la souffrance et la culpabilité à plein nez. Et alors qu’à ces souvenirs lugubres, l’apprenti justicier grimaça… il s’apprêta à admettre ses torts jusqu’à- jusqu’à que sa grande sœur ait le culot de venir lui faire le reproche de ne pas lui en avoir parlé. De n’avoir rien dit. D’avoir tout gardé pour lui. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase.
Aspen se redressa tels les poils d’un félin en rogne, les iris rétractés par une colère aiguë et les paupières écarquillées par la rage qui avait pris possession de son être, tremblant d’un sentiment abject et formant des gestes erratiques qui transpiraient la rancune et la trahison.

« Dit- celle- celle qui- a le- JOKER ! Ça te- dit rien ? Rien dit ! Rien dit ! hurla le jeune homme en s’approchant d’un air menaçant jusqu’à sa sœur adoptive. Tu parles pas. Je parle pas. J’ai- fait. Ce qui- ce qui devait être fait. Tant- pis pour- les autres. » déclara-t-il en reculant de quelques pas, fragilisés par l’émotion, sans lâcher Cassandra aussi noir que glacial.

L’ex-assassin s’écarta lentement de Cassandra pour ensuite se tourner en direction de Tim : Tim le donneur de leçon. Il foudroya ce dernier du regard, se contentant d’abord de rester muet un instant, le temps de mettre des mots sur la colère qu’il éprouvait en ce moment même… Pourquoi se contenter d’une seule couche ? Autant en rajouter une autre et une autre et encore une autre ! Aspen n’allait pas s’arrêter en si bon chemin voyons ! Son venin était déjà en train d’empoisonner toute la pièce et ces gens qui se prétendaient être des proches. Des "amis". Ils allaient sûrement tenter de l’abandonner ou de l’éliminer comme le borgne l’avait fait. Il n’était pas un membre de la Bat-Family. Il ne l’a jamais été. C’était pour cette raison qu’il s’entêtait à travailler en solo : il ne se sentait pas accepté ou à sa place. Mais l’heure n’était pas aux larmes, malheureusement.

« J’ass- ass-… J’assume ce que j’ai fait. Moi- au moins, je cache pas. Moi, au moins, j’essaye. Vous- avez même pas re- remarqué que je p- parlais mieux ! Vous- vous préférez pointer les- erreurs ! Vous êtes pas mieux que Ra’s Al Ghul et le- reste de la- Ligue. »

Et là. Aspen éclata en sanglots. Trop de secrets. Pas assez de confiance accordée. Il voulait faire partie de cette famille, échapper aux mains fantomatiques du passé une bonne fois pour toute. Mais il n’y parvenait pas : il faisait toujours quelque chose de travers. Toujours. Il ne faisait jamais rien d’assez bien pour qu’on puisse le remarquer. C’était toujours les bêtises ou les erreurs. Mais les autres avaient le droit à cette carte du pardon. Hein ? Hein ? Pourquoi eux avaient le droit de posséder cette carte ? Aspen se le demandait sérieusement.

Codage par Libella sur Graphiorum