Can you make this thing I don't know?... Talk? ( ft. Zatanna )

Can you make this thing I don't know?... Talk?

Dick Grayson & Zatanna Zatara

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« Nightwing, la cour des hiboux vous condamne à la mort. » J'esquivai la dague lancée dans ma direction au dernier instant. En ce moment, l'ergot était bien la dernière chose dont j'avais besoin. Avec toutes les histoires dans ma vie, j'aurais bien pris une petite soirée de congé, mais il faut croire qu'un congé dans la ville de Gotham est quelque chose de bien rare. Depuis quelques temps, je n'avais pas l'impression que ma vie prenait de pause en fait. Après le retour à la normale, loin d'être normale, causé par le Bartpoint, ainsi que l'invasion de Brainiac, je ne pouvais pas dire que la mort de Bruce était quelques choses de léger. Certes, un autre Bruce était venu prendre sa place, mais sa n'enlevait pas la douleur de la perte, d'autant plus qu'il n'était pas dit que ce nouveau était digne de confiance. Plus rien n'était pareille désormais. Avec lui je n'avais pas vécu les mêmes choses, pour être franc je n'avais juste rien vécut avec lui. Sa présence pouvait parfois être apaisante, mais au final, la simple idée qu'il ne soit pas celui qui m'a permis de devenir l'homme que je suis désormais, rendait le tout moins rassurant. Malgré tout le respect que je leur dois, je n'arrive toujours pas à comprendre l'aisance d'Alfred et Selina lorsqu'ils sont aux côtés du Bruce de l'autre Terre. Malgré tout ce qu'il dit avoir traversé dans son univers, plus rien ne comptait réellement à ce point.

Ce petit train de pensée fut suffisant pour me distraire, ce qui permit à l'assassin des hiboux de toucher sur sa deuxième tentative. La lame coupante transperça mon armure pour terminer sa course dans ma chair. J'étouffai un cri, tout en posant une main sur le manche avant de retirer l'arme, laissant une trainée de sang s'échouer sur le toit du musée de Gotham. « Dick Grayson, la cour des hiboux vous condamne à mort. » L'homme donna l'impression de se laisser tomber vers l'avant, mais utilisa cette petite technique pour s'approcher dangereusement de moi. « Oh maintenant nous utilisons nos petits noms doux. Pourquoi tu ne me dirais pas le tien ? » En réponse, je sortis une petite bombe de mon arsenal que je fis voler dans sa direction, évitant l'impact qu'il avait essayé de créer. Si ce soir aurait été une première, l'homme au costume d'hibou m'aurait certainement pris par surprise, mais hélas pour lui, des assassins dans son genre j'en avais déjà vu dans le passer. Je m'en souviens encore comme si c'était hier, l'affrontement qui avait opposé la cour des hiboux et la bat-family. Au final, Bruce avait décidé et réussi à terminer ce combat. C'est surement ça qui m'avait pris par surprise, le fait qu'il soit de retour et ce, même si Bruce m'avait juré d'avoir radier l'organisation. En temps normal, j'aurais rapidement entrée en communication avec mon mentor, mais désormais ça ne serait d'aucune utilité.

Mon explosif toucha sa cible, déviant légèrement la trajectoire de mon opposant, lui faisant perdre l'équilibre. L'impact du corps contre la vitre qui venait de l'accueillir fracassa celle-ci, envoyant l'ergot vers l'intérieur du musée. Dans un mouvement rapide, je m'approchai du trou, ne pouvant que constaté l'état de mon adversaire. Sa chute avait été ralenti par quelques obstacles qui avaient cédé sous la pression à leur tour. Un être humain n'aurait pas bougé un seul membre de son corps après une telle chute, mais il n'y avait rien d'humain dans ses créatures. J'entrepris ma descente afin de continuer le combat, tout en prenant connaissances des alentours. La première fois qu'ils avaient sonné la charge au musée, une armée d'assassins pratiquement immortel étaient apparu d'un peu partout, ce n'était pas le genre d'expérience que je voulais nécessairement revivre. « Pas d'armée, juste un talon? Moi qui croyait être une cible importante. » Je lâchai un soupire forcé, tout en faisant une mine basse. Mes mains se posèrent sur mes bâtons avant que ceux-ci passent au-dessus de ma tête. Un geste rapide m'offrit une position défensive, fin prêt à me défendre une fois de plus face au mercenaire qui venait de reprendre sa position verticale. « Dick Grayson, la cour des hiboux vous condamne à mort. » J'esquivai l'attaque nouvellement porté dans ma direction, assaillant un coup sur le bras droit de l'homme, forçant ce dernier à lâcher prise sur son arme. « C'est une demande du roi hibou de ne rien dire d'autres que cette phrase bidon ? » Dépendamment de mes mouvements, il m'arrivait d'avoir l'impression que la lame occupait encore la plaie qu'elle avait créée. Une petite grimace venait de prendre place sur le bas de mon visage. Cette dernière esquive m'avait coûté bien plus d'énergies et de sang, que je ne l'aurais pensé. Je relevai tête pour prendre connaissance de la menace qui se dirigeait une fois encore vers moi. Un déplacement latéral, jumeler à une nouvelle petite bombe, fit terminé la course de mon rival dans les débris qui s'étaient écroulés quelques minutes plus tôt. Je m'approchai aussi vite, que mon corps me le permit, puis cette fois-ci j'utilisai la décharge électrique de mes bâtons pour assommé mon assaillant.

En quelques minutes, je m'assurai que l'assassin ne constitue plus une menace en éloignant l'arsenal qu'il traînait sur lui, puis en l'attachant contre un pilier de marbre. Hors de question qu'il s'échappe avant que j'en sache plus sur les nouvelles intentions de ses maîtres. Le mystérieux groupe avait été révélé par la Bat-Family et, pourtant il prenait encore une fois Gotham comme cible. J'apposai mon index gauche contre l'oreillette de ma combinaison avant d'interrompre ma manœuvre, n'offrant aucune commande vocale. Lors de nos dernières confrontations contre les troupes de l'organisation des hiboux, j'avais eu la chance de remarquer l'énorme manque de vocabulaire des tueurs. Clairement, ça n'allait pas être de tout repos obtenir des informations du type que j'avais ligoté. En fait, ça serait possiblement un miracle, si j'arrivais à obtenir plus qu'un fichu Dick Grayson bla bla bla. La première fois qu'on l'entend, je dois avouer que la phrase à de la gueule, mais sincèrement, elle fait son temps.

Mon cerveau roulait à mille à l'heure. Le talon allait reprendre ses esprits plus tôt que tard et il n'allait surement pas être le type à rester bien calme le temps d'une interrogation. Il me fallait une solution vite. Je m'approchai du corps de l'assassin pour lui retirer son masque, tout en évaluant mes options. Je n'aurais jamais cru que retirer le masque d'une de ses créatures me laisse sous le choc à ce point. En une fraction de seconde, ma mémoire me fit reconnaitre l'homme sous le masque. Le souvenir était lointain, mais impossible que ma mémoire ne me joue un tour de la sorte. Le visage veineux et grisâtre de l'homme, je l'avais déjà vu, bien plus qu'une fois d'ailleurs. « Nicholas, mais qu'est-ce qui t'est arrivé ? » Sans tarder, je posai une fois de plus mon index contre mon masque. « Envoyez un texto à Zatanna Zatara. »

Texto:

La magicienne allait pouvoir m'aider, après tout, elle pouvait bien faire parler un Talon si elle était capable de sortir un lapin de son chapeau. Okay, j'avais fini par découvrir le truc des charlatans, mais Zatanna jouait avec un autre niveau de magie, un niveau qui lui donnait une force incroyable. Je fis un pas vers l'arrière, prenant mes distances avec le corps qui n'avait toujours pas redonné de signe de vie, me planquant dans une partie sombre de la pièce, puis je m'accota contre une colonne, attendant patiemment la réponse de ma vieille amie.

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Quand vous cherchez un ami à Gotham, chercher d'abord les corps, le sang ou le verre brisé. Ce genre de maxime s'accordait bien en tout cas aux amis de Zee dans cette ville précisément. Surtout en ce moment. Non pas que Gotham était encore pire qu'avant, mais presque. Il faut croire que l'état de la ville était déjà si terrible que le retour de Terre IV puis le passage des troupes de Brainiac n'avaient été pour elle qu'une goutte d'eau dans un océan de problèmes. Quelque part, Zee était plutôt fière de sa ville natale. Oui, Gotham était franchement pourrie, des fois, mais elle restait fidèle à elle-même. En attendant, elle n'avait pas attendu longtemps pour partir en quête de Dick après avoir reçu son message. Elle savait qu'il ne l'appelait pas pour rien, et elle doutait qu'il ait eu envie d'une petite visite de musée en sa compagnie à cette heure. Malgré le chaos ordinaire qu'était devenue sa vie, elle ne put s'empêcher de sourire en lisant son texto. « Aile des dinosaures. » C'était mignon. Et en même temps, cela ne l'était pas tant que ça. Elle était soulagée que Dick soit encore là dehors à remplir son office après tout ce qu'il avait traversé, et en tout premier lieu la mort de Bruce. Zee savait, pour l'avoir expérimenté elle-même, que tout le monde n'était pas fait du même bois. Elle, elle avait longtemps hésité, longtemps repoussé le moment d'affronter à nouveau le quotidien, elle s'était longtemps cachée du monde pour encaisser sa peine et sa douleur, dont la mort de Bruce n'avait fait qu'en rajouter. Mais lui, qui avait parmi eux le plus de raisons de s'effondrer après cette terrible disparition, était déjà là dehors à faire son job - dans l'aile des dinosaures.

Et donc, verre brisé, check. Sang, check. Elle traversa un mur pour ne pas subir le même sort et déchirer ses vêtements, et lévita en silence dans la grande pièce sombre du musée. Elle sentait deux présences, et reconnut aussitôt celle de Dick, immobile comme une statue dans la pénombre. Un type était ligoté devant lui, l'air en plutôt bon état compte tenu des circonstances. « Ah, regarde-moi ça... Je reçois enfin de tes nouvelles, et au lieu de m'inviter au restaurant, voilà ce que tu m'offres comme cadeau. » Son regard et sa magie scannèrent simultanément la pièce, puis tout le musée, comme une onde qui s'élargit sur la surface d'un lac. Il y avait trois autres personnes dans le musée, des gardiens de nuit probablement, à l'autre bout du bâtiment. Gotham étant Gotham, elle savait que les caméras de surveillance ne fonctionnaient pas, pas plus que les alarmes. Quand le musée avait accueilli l'épée d'Excalibur, le directeur du musée avait demandé au maire une subvention pour renforcer la sécurité et bien sûr, ce dernier avait promis de l'argent devant les caméras, argent qui avait disparu dans les poches de chaque intermédiaire jusqu'à ce que le musée reçoive tout juste de quoi changer un distributeur de savon dans les toilettes. Et bien sûr, l'épée avait été volée. Mai c'était déjà pas mal que Gotham ait un musée. Et pas mal que quelques types veillent sur lui la nuit, même s'ils étaient probablement endormis à leur bureau devant les écrans noirs du poste de surveillance.

Elle s'approcha de son ami, équipé de pied en cap. Il était en patrouille cette nuit, ou en mission. Elle, elle était partie si vite de chez elle qu'elle était encore en jean et converse. Elle croisa les bras pour contempler le prisonnier. « Un ami à toi ? Plus on est de fou, plus on rit. » Oh, c'était presque douloureux d'être là avec lui. Cela lui rappelait le passé, pas le passé lointain mais simplement un temps où quelque part, avant, dans les ombres, se serait tenu Batman, à gronder pour qu'ils arrêtent de piailler tous les deux et fassent leur travail. Mais cette fois, personne ne lui dit d'être sérieuse. Elle sentit un goût métallique lui piquer le bout de la langue et rejoignit Dick. « Regarde-toi... » murmura-t-elle en tendant la main vers sa blessure. « Tu dois faire plus attention. Plus que jamais aujourd'hui. » Aujourd'hui qu'ils avaient tous subi ce rappel douloureux, comme quoi même eux, les prétendus super héros et autres justiciers, pouvaient mourir. Il n'était pas question que Dick Grayson meure. En plus, il était père de famille, maintenant. Elle souffla un mot à l'envers et referma sa blessure. Elle ne pouvait rien faire pour le sang qu'il avait perdu, mais c'était déjà pas mal. Elle releva les yeux sur lui et lui adressa un sourire. Elle avait l'impression de le connaître depuis toujours, comme elle avait eu l'impression de connaître Bruce depuis toujours. Elle avait peu de souvenirs de sa vie avant leur rencontre puisqu'elle les avait rencontrés quand elle était enfant. Et par opposition à la souffrance d'avoir perdu Bruce, elle se rendit compte à quel point elle tenait à Dick, et à quel point il était précieux. Mais il fallait être sérieux. Elle était là pour travailler, après tout, non ? Elle désigna le type attaché du menton. « Dis-moi tout. »

Codage par Libella sur Graphiorum

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Dick Grayson & Zatanna Zatara

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Des bruits de pas me mirent rapidement sur les gardes. La vitesse semblait constante, me faisant comprendre qu'il ne s'agissait pas d'une nouvelle arme de la cour des hiboux. Mes nombreuses confrontations avec ceux-ci m'avait permis d'analyser leurs différentes habitudes et disons que les talons n'étaient pas les plus silencieux lorsqu'ils savaient qu'un combat était déjà enclenché. Après tout, outre pour prendre l'adversaire par surprise, ça ne servait plus à grand chose. Non les serviteurs des hiboux préféraient surprendre l'adversaire d'une autre façon et généralement c'était par le nombre de renfort qui déployait. Déjà un ergot pouvait s'avérer une énorme tâche, alors imaginez lorsqu'une horde pointait le bout de leur nez.

Fidèle aux apprentisages de Bruce, je me fondais dans l'obscurité, utilisant chacune des parcelles d'ombre qui s'offrait à moi. Mes mouvements étaient rapides, bien que mon corps souffrait des nouvelles blessures que je venais de subir. L'efficacité de mes déplacements m'avaient permis d'identifier Zatanna. Avant même que je ne prenne la parole, ma vieille amie haussa légèrement le ton, me signalant de la sorte qu'elle m'avait déjà sentie. Je savais qu'elle avait cette façon à elle d'identifier les présences dans une pièce, cependant, je ne pouvais pas négliger l'avantage qu'une telle action m'aurais donné si ça n'avait pas été celle que j'avais moi-même contacté. « Ah, regarde-moi ça... Je reçois enfin de tes nouvelles, et au lieu de m'inviter au restaurant, voilà ce que tu m'offres comme cadeau. » Tranquillement, je fis glisser mes pieds vers l'avant, quittant la noirceur de la pièce, pour passer délicatement aux côtés de la magicienne, terminant ma course auprès du corps qui était soigneusement attaché. « Tu n'es pas la seule à qui je devrais des excuses à ce sujet. Alfred me téléphone à tous les jours pour que je passe par le manoir. Disons qu'il est plus facile de s'isoler que d'ouvrir son coeur et dernièrement Nightwing est ma cellule d'isolement. » Plus je m'écoutais parler et plus j'avais l'impression d'être une âme perdue, un bateau sans phare. Pourtant, les dernières années m'avaient mené plus loin de Bruce. Je devais me faire à l'idée que ça ne voulait pas dire que les choses allaient être plus facile à traverser pour autant.

Je posai mon regard sur celui que j'avais quelques minutes plus tôt appeler Nicholas. Nos premiers affrontement contre la cour des hiboux m'avaient révélés des secrets du fameux cirque qui m'avait vu grandir. Haly formait, préparait et entraînait secrètement des jeunes de mon âge pour qu'il soit la prochaine armée des hiboux. Une façon détournée de dire que mon mentor m'avait doublement sauvée. Une première fois en m'empêchant de devenir exactement ce qui avait tué mes parents et une deuxième fois en me retirant des salles pattes de cette organisation. Nicholas n'avait clairement pas eu la même chance que moi. « Un ami à toi ? Plus on est de fou, plus on rit. » Elle n'en avait aucune idée. Ma tête fit un mouvement dans la direction de Zatanna, avant de s'incliner, reprenant aussitôt sa position initiale. « Disons une très vieille connaissance. Mon ami était loin d'être aussi froid et meurtrier surtout. » Je pris une grande respiration, comme si j'essayais d'aspirer une dose de courage en même temps que la bouffée d'air. Mon action permit à Zatanna de me regarder, lui donnant une belle vue sur les blessures que j'avais subis sur le toit du musée. « Regarde-toi... Tu dois faire plus attention. Plus que jamais aujourd'hui. » Elle faisait clairement référence à la mort de Bruce. Savait-elle non seulement qu'il avait été remplacé par son double d'un autre univers ? En tout cas, sa tristesse suite à notre perte commune était facilement perceptible. La magicienne murmura un mot, puis ma plaie se referma en une fraction de seconde. Durant notre enfance, elle avait essayée de m'apprendre, mais la magie n'avait jamais été ma tasse de thé. Je lui rendis son sourire, avant de reporter une nouvelle fois mes yeux vers l'homme ligoté. Sa seule présence avait un effet bénéfique sur mon âme, sur ma façon d'être. Peut-être que Zatanna pourrait m'aider avec plus que ce pauvre Nicholas, mais pour le moment, je sentis son attention ce porté à son tour sur le prisonnier. « Dis-moi tout. »

« Zee, je te présente Nicholas. Tout comme moi, il faisait partie du cirque de Haly. Nic était le Houdini de notre troupe et en prime il était l'un des meilleurs lanceurs de dague. Pas étonnant qu'il ai été ciblé par les hiboux. Quelques jours après la mort de mes parents, Nicholas a essayé de me retenir, il m'a pratiquement supplié de rester dans la troupe. Maintenant que je le vois comme ça, je ne peux pas m'empêcher de croire que j'aurais surement subit le même sort que lui, du moins, si ça n'avait pas été de... de Bruce. » La simple mention de son nom me fit levée les yeux vers le ciel. « La première fois que nous avons affrontés les hiboux, avec le reste de la famille, l'un d'eux m'a révélé que j'aurais dû être l'un de leurs. »

Après cette révélation, j'avais cherché des informations de mon côté, mais Bruce avait mis un terme aux agissement de l'organisation avant que je n'obtiennes les réponses. Bien que leurs retour n'annonçaient rien de bon, je devais avouer que je voyais le tout comme une nouvelle chance d'avoir les réponses. « Tu vois Zat' le problème avec les talons que nous avons rencontrés jusqu'à présent, c'est qu'ils ne sont capables de dire qu'une phrase ou deux. Rien qui te lance dans une chasse au trésor. » Le corps jadis inanimé reprit vie au moment même où je terminai ma phrase. « Dick Grayson, la cour des hiboux vous condamne à la mort. » Je tournis un regard amusé vers la magicienne. « Comme je disais, rien qui lances la chasse. Tu crois que tu peux faire... » Dans un mouvement brusque je poussai Zatanna vers la droite, glissant ensuite sous une dague qui avait été lancée dans notre direction. Dire que j'y avais cru pendant quelques secondes. Cru qu'il était seul en cette soirée, c'était bien sûr trop beau pour être vrai. Rapidement la pièce ce remplis d'assassin vêtu en hiboux, tous prêt à lancer dans leurs armes dans notre direction. « Faut croire qu'il faudra attendre un peu avant de faire parler Nicholas. » Une horde d'hiboux ce lancèrent dans notre direction. Mon dos se colla à celui de mon amie, tandis que je sortis les bâtons que j'avais rangés avant l'arrivée de cette dernière. « J'espère que tu es aussi forte en converse que quand tu portes ton joli chapeau. » Je rigolai une bonne fois, me lançant sans plus attendre dans l'action.

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On ne pouvait pas dire que la réponse de Dick la rendait heureuse. Bien sûr, elle comprenait ce qu'il voulait dire, et elle comprenait même pourquoi il le disait et pourquoi il ressentait ce besoin de s'isoler. Mais ça ne voulait pas dire qu'elle l'acceptait. Elle lui coula un regard en coin et s'il n'y avait pas eu l'anonyme entravé avec eux qui tenait la chandelle, elle aurait tout de suite serré le jeune homme contre cœur. Des fois, elle avait l'impression que des gens lui échappaient comme de la brume dans la nuit, lui filant entre les doigts sans qu'elle puisse rien y faire, et alors elle ressentait le besoin de les sentir, tangibles, solides, bien réels. « C'est stupéfiant à quel point tu lui ressembles, quand tu dis ça », murmura-t-elle, à peine un souffle que la cinquième roue du carrosse ne pouvait pas entendre. Elle ne savait pas si Dick prenait bien ou mal ce genre de comparaison mais en cette seconde pourtant, c'était tout ce que ses mots inspiraient à la jeune femme, et elle espérait de toutes ses forces que contrairement à Bruce, il parviendrait à s'arracher des ténèbres avant de les trouver trop confortables. Mais elle savait les raisons qui le poussaient à agir ainsi, et elle savait qu'il devait y en avoir un tas d'autres qu'elle ne connaissait pas en plus du reste, alors elle n'allait certainement pas lui faire une leçon de morale. Enfin, pas tout de suite.

Il y avait visiblement des choses plus urgentes à régler. Elle écouta les explications de Dick et baissa les yeux sur le fameux Nicholas avec intérêt. Un magicien de scène, tiens donc. Zee était une fan de la discipline, étant elle-même de la partie, mais l'heure n'était pas aux demandes d'autographe, surtout qu'il était évident que le Nicholas qui se tenait là était très différent de celui dont Dick avait gardé le souvenir. Nicholas... Ce nom-là éveillait d'autres échos dans la mémoire de Zee, à croire que tous les magiciens qui se tournaient vers le côté obscur s'appelaient ainsi. Elle esquissa un bref sourire cependant, secouée malgré elle par la remarque de son ami. « Tu sais, le pire, c'est que tu aurais probablement fait un travail formidable parmi eux. Est-ce que je t'ai déjà dit que cette Cour des hiboux me court sur le câble ? Ils faut toujours qu'ils fourrent leurs pattes partout. » Alors comme ça, ils avaient eu l'intention de « recruter » Dick ? Il faut croire que Bruce, en l'adoptant, l'avait sauvé à plus d'un titre. Elle frissonna légèrement. Elle était vraiment contente que Dick n'ait pas connu ce destin-là, qu'elle ait eu l'occasion de le rencontrer, de s'en faire un ami, et pas de le croiser aujourd'hui sous cette forme hagarde et sans volonté, sous la forme d'un ennemi. Elle ne connaissait pas grand-chose de la Cour des hiboux mais elle avait quelque fois croisés ces membres par le biais de Batman et elle savait qu'ils étaient franchement intrusifs, comme types. Elle se raidit quand Nicholas remua soudain pour balancer sa sentence de mort, et releva les yeux vers Dick. « Sympa de leur part de se souvenir de toi. » Mais en vérité, cela lui faisait froid dans le dos évidemment, plus encore parce que ces mots sans vie franchissaient les lèvres d'une personne qui avait été l'ami de Dick. Elle aurait bien voulu lui demander comment il se sentait, mais soudain, ce fut le chaos.

Apparemment, les amis de Nicholas avaient retrouvé ce dernier, et eux avec. Dick et elle étaient encerclés. Bon eh bien, ce n'était pas leur premier rodéo, à tous les deux. « Ne t'en fais pas, un magicien garde ses tours dans sa manche, pas dans ses chaussures ! » Ah, elle avait encore quelques restes, comme lui ! C'était là une sensation si familière, lutter dos à dos avec son ami en qui elle avait totalement confiance, qu'elle eut un grand sourire. Puis elle écarta les bras, les mains tranchant l'air en direction des ennemis qui lui sautaient dessus. « ehcnarT, tnev ! » Invisibles, les lames d'air acérées déchirèrent les uniformes d'assassins, tranchèrent les peaux et firent jaillir le sang. Elle distingua du mouvement sur sa droite et ne perdit pas de temps à regarder de quoi il s'agissait : c'étaient des types super entraînés. Elle leva un bouclier magique et sentit des impacts le heurter - elle préférait ne pas savoir ce qu'ils lui avaient balancé dessus. Elle cueillit un adversaire venu au corps à corps au menton d'un coup de coude puis lui faucha les jambes. C'était Bruce, et Dick, et Damian, qui lui avaient appris à se battre au corps à corps, et si elle n'était pas la plus efficace des combattantes, loin de là, parce qu'elle se reposait beaucoup trop sur sa magie au grand dam de son père à l'époque, elle savait tout de même se défendre. Elle vit deux ombres lancer le bras vers elle et souffla un sort pour transformer les dagues mortelles en couteaux en mousse qui vinrent rebondir sur sa poitrine. Ils ne plaisantaient pas, ces gens-là. Elle n'osait même pas détourner les yeux une seconde pour chercher Dick du regard. « Dis voir, tu as quelque chose contre la retraite stratégique ? » Autant dire la fuite, mais en ce qui concernait Zee, cela ne la dérangeait pas, ni sa fierté. C'est qu'il en sortait toujours plus, de ces foutus hiboux !

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« C'est stupéfiant à quel point tu lui ressembles, quand tu dis ça »

Elle parlait de Bruce. Elle n'avait pas besoin de le nommer pour que je le sache. D'une certaine façon, Bruce Wayne m'avait élevée, il avait fait de moi l'homme que je suis présentement. Certes, mes années auprès de mes parents n'étaient pas rien et ils ne seraient jamais oubliées, mais il restait quand même celui qui m'avait sortie de cette période sombre. Celui qui m'avait permis d'accepter cette douleur, de façon à la transformer en quelques choses de sommes toutes positives... Dans les circonstances. Sans la perte de mes parents, il n'y aurait pas eu Bruce. Je n'avais peut-être rien à reprocher à mes parents, mais parfois il m'arrivait quand même de me demander comment j'aurais tourné si le fameux milliardaire n'aurait pas fait son arrivée dans ma vie. Lors de notre premier affrontement contre les hiboux, nous avions découvert que l'organisation secrète pigeait directement dans les troupes du cirque pour former leurs nouveaux assassins. Mes parents le savaient-ils ? Étaient-ils au courant que ma vie d'artiste me mènerait à une vie de talon, une vie de tueur ?

Je ne pouvais pas lui en vouloir. Tout comme moi, Zatanna avait partagée des moments avec Bruce et elle le considérait comme un ami. À vrai dire, depuis la mort de mon mentor, j'appréciais de plus en plus le petit jeu des comparaisons, même si c'était plus souvent pour les mauvais côtés que pour les meilleurs. Bruce n'était pas le genre a partagé ses souffrances avec les autres, c'est d'ailleurs en partie ce qui l'avait amené à créer Batman. D'une façon ou d'une autre, à force de côtoyer l'homme derrière le masque, fallait croire que j'avais pris ce mauvais plis.

Une bonne respiration me permis de retenir le trop plein d'émotion. En parler était encore trop dur, je n'y arrivais juste pas pour le moment. Décider à éviter le sujet Bruce, je détournais le sujet, attirant l'attention de ma vieille amie sur l'homme ligoté un peu plus loin. Mon long discours permis à la magicienne de prendre le pouls de la situation. Je sentis les yeux de l'experte en occulte se poser sur moi lorsque je fis mention que j'aurais dû être recruté par l'armée de hiboux. « La légende veux qu'ils mettent leurs pattes partout et ce depuis tellement longtemps. Je t'avoue que l'inverse m'aurais largement étonné. » J'aimais mieux pas réfléchir à si j'aurais fais du bon travail ou pas. Il y a une différence entre tué une personne et la vouloir morte. Personnellement, je ne me voyais pas capable de prendre une vie, alors impossible que je ne m'imagine sous l'uniforme de ce groupe de psychopathe.

Je m'apprêtais à solliciter l'aide de Zatanna, lorsque le corps jusqu'à présent inanimé ce mit à bouger. Mon but était qu'il parle, mais c'était aussi d'obtenir autre chose qu'une banale sentence, d'autant plus que ce n'était pas la première fois que je l'entendais dans la soirée. « Je ne sais pas si c'est réellement sympa pour être franc, mais bon, je me dis qu'ils ont compris que je ne rejoindrais jamais leur rang, sinon ils ne voudraient pas ma mort. » Avant même que je ne demande à Zatanna d'utilisée ses pouvoirs pour faire parler davantage l'homme, une armée d'hiboux se mirent à apparaitre de partout. Décidément, je n'allais pas obtenir mon lot d'information ce soir.

En début de combat, je croyais réellement en nos chances. Zee utilisait sa magie et moi mes talents aux corps-à-corps, réduisant le nombre d'ergot après chacune de nos attaques. À première vue, nous n'étions pas mal pris, mais la vérité restait qu'ils n'arrêtaient pas d'arriver. J'admirai le coup de coude que la magicienne offrit avant de se rapprocher de moi. « Content de voir que tu n'as pas oubliée nos enseignements. » Nos regards se croisèrent, puis je repoussai un nouvel ennemi avant de reporter une nouvelle fois mon attention vers Zatanna, combattant sans cesse les menaces qui sautaient dans notre direction. Au vue du nombre et de la blessure que j'avais subis plus tôt, la proposition de retraire de Zee était réellement l'option la plus favorable. « Je ne suis pas contre, tu connais pas un petit tour de magie pour faire disparaitre un lapin dans ton chapeau ? » Je lui offris un léger sourire, avant de m'approcher suffisamment d'elle pour être dans la portée de son sort.

Comme par magie, nos corps disparurent du musée, réapparaissant à quelques toîts de différence. Il ne fallait pas être stupide, si elle nous avait juste sortie sur le toit, nous n'aurions pas réellement été plus avancés. « Merci pour ce sauvetage, je peux finalement comprendre comment ce sens Lois Lane lorsque Big Blue l'attrape. » Le sourire qui était tellement difficile à me décrocher dans les dernières semaines, voir dans les derniers mois venait d'apparaitre sur mon visage. Elle avait toujours eu cet effet. Zatanna avait toujours été capable de me faire sourire et ce même dans les moments les plus sombres. Sans même hésité, je m'approcha de la co-fondatrice de la Justice League Dark, puis je la pris dans mes bras, séparant l'accolade à peine une seconde plus tard. « Je suis désolée, je crois que j'avais besoin de ce petit moment. » Pendant une fraction de seconde, je me surpris à me demander si je l'avais appelé pour qu'elle fasse parler l'homme que j'avais attaché ou simplement, car j'avais besoin qu'elle me fasse ouvrir les yeux.

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Se battre aux côtés de quelqu’un de censé, cela lui arrivait de plus en plus rarement, à Zatanna. Avec les membres de la Justice League Dark, il s’agissait toujours plus ou moins de compter sur la chance. Les rares fois où ils arrivaient à rester dans la même pièce et à se la fermer deux secondes pour échafauder un semblant de plan, cela se terminait toujours de la même façon quoi qu’il arrive : chacun faisait ce qu’il voulait au final, il y avait beaucoup de dégâts matériels, pas mal de bobos et une fois sur deux, une apocalypse de déclenchée puis d’avortée, et tout ça parce qu’ils avaient une chance de cocus tous autant qu’ils étaient. C’était leur style, Zatanna avait renoncé depuis longtemps à essayer de changer cet état de fait. Elle continuait à tenter de faire des plans, mais c’était pour la forme, pour se donner l’impression qu’il y avait un pilote dans l’avion, quoi. Et à l’inverse, elle se souvenait parfois avec douleur de ses partenariats avec Batman, qui se trouvait sur l’autre extrême, lui qui avait horreur de l’improvisation, des prises de décision dans l’urgence et surtout des hail Mary intempestifs. Il était un peu control freak, on pouvait le dire, maintenant qu’il était mort, huhu. Zatanna s’était toujours accommodée avec les deux styles, même si sa nature rendait le travail avec la JLD stressant et si sa magie même, fluide et sans limites, avait rendu le travail avec Bruce parfois compliqué. Dick se trouvait dans un entredeux parfait, mais cela venait peut-être aussi du fait qu’ils se connaissaient depuis quasiment toujours et qu’ils avaient presque le même âge. Elle avait connu Bruce depuis presque toujours aussi mais Bruce avait toujours été un adulte pour quand elle était enfant, et quand elle avait été adulte, elle avait bien senti que pour lui elle serait toujours, quelque part, la gamine qui l’observait s’entraîner en serrant son lapin préféré contre elle.

D’un simple sort, elle les téléporta sur un toit un peu plus loin. Oui, voilà à quel point Dick lui rendait la vie facile. D’autres lui auraient hurlé dans l’oreille qu’il n’était pas question de fuir pour des questions d’honneur/de devoir/de vengeance/d’envie de violence/autre, rayez la mention inutile. Elle s’étira avec délice, ça faisait longtemps qu’elle ne s’était pas battue physiquement et son corps s’en ressentait. Elle se promit de reprendre les exercices que plusieurs générations de Wayne, de sang ou adoptifs, lui avaient enfoncé dans la tête pendant des années avec plus ou moins de succès. La comparaison entre Dick et Loïs arracha un sourire à Zee. « Je suis contente que tu le prennes comme ça. Tu es vraiment le meilleur d’entre tous, toi. » Elle était sûre que Damian serait encore en train de lui vociférer dans les oreilles, à sa place, et quant à Bruce… Bon, il fallait qu’elle arrête de penser à Bruce, en tout cas dans ces conditions. Les morts restaient morts, et elle était avec Dick, qui était bien vivant. Elle accepta son étreinte avec surprise d’abord, puis la lui rendit avec force. Elle ne savait pas ce qu’il lui prenait mais elle sentait la tension qui l’habitait, et elle-même, probablement, avait aussi besoin de ça. « Pourquoi est-ce que tu t’excuses… » murmura-t-elle. Il savait bien qu’elle n’était pas du genre à juger ou à commenter quoi que ce soit. Elle s’écarta d’un pas et tendit la main au-dessus du sol. Une goutte de magie argentée en tomba et en heurtant le béton du toit, se transforma en un cercle qui s’élargit aussitôt comme une onde à la surface d’un lac avant de disparaître. « Voilà. Si ces sangsues s’approchent d’un peu trop près, on le saura. »

Elle s’assit sur le rebord du toit en vieille pierre, les jambes dans le vide, et tapota le sol à côté d’elle pour faire signe à son ami de l’imiter. Gotham s’étendait à leurs pieds, si familière, sombre même la nuit malgré l’éclairage du centre-ville. Cette ville était toujours sombre, elle la portait en elle et tous ses habitants y étaient habitués et n’auraient probablement pas voulu qu’elle soit autrement. « Ça fait trop longtemps qu’on n’a pas parlé, toi et moi, et il s’est passé trop de choses ces derniers temps pour qu’on n’ait pas besoin de vider notre sac. » La liste était tellement longue que c’était difficile de poser seulement une seule question. Entre l’apparition d’une fille dans sa vie, la vie sur Terre IV, l’attaque de Brainiac, la mort de Bruce… « Tu sais qu’on papote pas mal avec Kory. Elle me donne des nouvelles, mais j’ai besoin de t’entendre un peu parler, pour changer. » Ils s’étaient toujours parlés après tout. Ils ne s’étaient jamais fait de secrets. Ils s’étaient toujours fait confiance, et à lui, elle avait dit des choses qu’elle n’aurait pas pu dire à Bruce à cause de cette distance perpétuelle qu’il mettait entre lui et les autres, même les autres qui l’aimaient, comme elle. Mais avec Dick, ça avait toujours été facile, même dans la peine, même dans la douleur.

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Dick Grayson & Zatanna Zatara

◊ ◊ ◊

Je n'avais jamais été le genre à fuir un combat, mais je n'étais pas aveugle non plus. L'option proposée par Zatanna était clairement la meilleure et c'est pour cette raison que je l'avais sélectionné sans même hésiter. Si Bruce m'avait bien appris une chose, c'était d'être toujours prêt lors d'un combat, impossible d'avoir trop de préparation. Hors la situation avait dégénérer et en l'espace de quelques secondes, la magicienne et moi nous étions retrouvés encerclé par un ordre d'assassin au costume de hibou.

Le sourire de Zatanna à ma remarque me força à sourire à mon tour. « Non, je ne suis pas le meilleur et tu le sais très bien. Tout le monde le sait très bien désormais. » Ma remarque en disait long. Après tout, avec les derniers événements, Brainiac, la mort de Bruce, je n'avais pas réellement été présent... Pour personnes. Que ce soit la Bat-Family, les Titans ou même Kory et ma fille, personnes n'avaient pu compter sur ma présence. La vie de Dick Grayson était juste trop présentement. Je ne pouvais pas voir d'issu, autre que sous ce masque qui couvrait mon visage.

Je restai sous le choc lorsque mon amie lança un nouveau sort. Je la voyais faire depuis plusieurs années déjà, mais je n'arrivais pas à m'y faire. Ce monde en est un bien spéciale, surtout pour un simple humain comme je suis. Que ça soit la magie, les métas ou même les extra-terrestres, ce monde ne semblait pas vouloir arrêter de me surprendre. À une époque, je croyais que de vivre à leurs côtés m'aideraient pour m'y faire, mais la réalité, c'est qu'une partie de moi sera toujours surprise et émerveiller par cette diversité et ce surréalisme.

Je rejoignis mon amie sans hésitation, prenant place à ses côtés, laissant mes pieds tomber dans le vide. Mon regard se perdit dans l'horizon, alors que je scrutai la ville qui m'avait vue grandir. Une ville qui m'avait tant donnée, mais surtout tant pris. Mes yeux s'inclinèrent, alors que j'offris une nouvelle pensée à l'homme qui m'avait permis de considérer cette ville comme la mienne. « Ça fait trop longtemps qu’on n’a pas parlé, toi et moi, et il s’est passé trop de choses ces derniers temps pour qu’on n’ait pas besoin de vider notre sac. Tu sais qu'on papote pas mal avec Kory. » Elle avait toujours été là et je ne devais pas m'attendre que ça change de si tôt. Un éternel duo, malgré notre manque de coopération. Je ne pouvais pas lui en vouloir, elle avait les mains pleines avec la Justice League Dark, tout comme j'avais les mains pleines avec mes problèmes. « Il y a tellement à dire, après tout, tu ne m'appelles plus. » J'offris un subtil clin d'œil à mon amie, avant de reprendre. « Tu sais, dernièrement la vie est... La vie est spéciale, si je peux le dire ainsi. Avec tout ce qui se passe, la perte de Bruce surtout, mon propre combat contre les pêchés capitaux, am vie sur cette autre planète. Je crois que je ne sais plus trop où j'en suis. Kory paie présentement pour ça, tout comme la petite d'ailleurs. » Une fois de plus, je plongeai mon regard vers les rues plus basses. « Je crois que tout est trop et je ne sais plus quoi faire. Nightwing me permet de m'éloigner de mes soucis. Pendant un temps, ça fait du bien, mais je sais que tôt ou tard, je vais devoir retirer le masque et faire face à la musique. »

Pour une rare fois, depuis, très longtemps, je m'ouvrais finalement sur mes pensées, laissant libre cours à mes émotions. Une panoplie d'images passait dans ma tête et un bon nombre de souvenirs remontait à la surface, tandis que mes yeux montèrent vers la noirceur du ciel. « Il n'avait pas le droit de partir Zee, je n'étais pas prêt à ce qu'il parte. Nous avions nos différends, mais il restait tout de même mon père et avec ce nouveau Bruce qui croit pouvoir débarquer et prendre sa place, je ne sais juste pas sur quels pieds dansé. » Je passai l'un de mes doigts contre ma propre joue. Je ne m'étais pas ouvert sur sa mort et encore moins sur l'arrivée d'un remplaçant venu d'une autre Terre. « Mon entourage méritait mieux de ma part, mais je n'étais pas suffisamment fort pour affronter son départ. »

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Il n’avait pas tort, cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas pris de nouvelles, et pas seulement de lui, d’ailleurs. Elle pouvait certes mettre ça sur le compte des deux dernières années qui venaient de s’écouler à la vitesse de l’éclair et qui n’avaient été qu’un long tunnel de problèmes à régler, de menaces planétaires contre lesquelles lutter et de combats à mener. Depuis le moment où l’humanité avait été projetée dans une vie parallèle jusqu’à l’attaque de Brainiac, pas une seule personne dans le monde n’avait pu prendre des vacances, en gros, et c’était encore plus vrai pour les gens comme eux, qui jouaient les super-héros en plus de leur job quotidien. Mais elle ne pouvait pas accuser uniquement les circonstances. Elle avait quand même passé près de six mois enfermée dans son propre esprit, à peine consciente de ce qui se passait autour d’elle, pendant qu’un démon possédait son corps. Le seul point positif de cette histoire, c’était qu’elle ne gardait que des souvenirs assez vague de Terre IV, alors que l’endroit avait eu l’air quand même sacrément pourri, et même si ses souvenirs étaient majoritairement faits de gerbes de sang, de morts et de ce pauvre Damian qu’elle – enfin, le démon – avait failli tuer. Malgré tout, elle donna un léger coup de coude à Dick. Voilà à quel point la situation était terrible – ils n’avaient plus parlé depuis trop longtemps et il était temps d’y remédier.

Et la déesse savait qu’il y avait des choses à dire. Dire que fut un temps, la seule présence de Mar’i dans la vie de Dick aurait suffi à les lancer dans une discussion pendant des jours, mais avec tout ce qui s’était passé par la suite, la fillette était presque devenue anecdotique. En tout cas, au milieu de tant d’horreurs, sa présence apparaissait, aux yeux de Zee, comme quelque chose de positif et de bénéfique. Bon, cela dit, c’était facile à dire pour elle, ce n’était pas sa fille. Elle ne savait pas si elle vivrait bien d’être à la place de Dick. Elle ne s’inquiétait pas pour Kory au sens où celle-ci semblait se frayer son propre chemin dans cette existence faite de bizarreries et devenait chaque jour plus forte sur tous les plans. Malgré tout le temps avait passé, et Zee aurait souhaité que Dick ait le temps de s’y faire et d’accepter la situation, mais voilà, tous les tocards de l’univers en avaient décidé autrement et il avait fallu enchaîner bataille sur bataille jusqu’au point de rupture. Ce foutu Bruce, qui était allé se faire tuer hors de portée de tout le monde. Elle fixa un moment la ville, laissant les paroles de son ami réveiller ses propres sentiments, engourdis depuis trop longtemps. Elle aussi fuyait régulièrement la réalité. « C’est injuste, tu sais ? Que tu t’en veuilles à ce point. Ce n’est pas comme s’il nous avait laissé l’occasion de l’aider et même de le sauver. Il a fait ce qu’il faisait toujours, il n’a compté que sur lui-même. Je le déteste, pour ça. Vraiment, je le déteste. » Elle avait eu un peu de mal à se faire à cette colère qu’elle ressentait contre Bruce, mais elle avait fini par l’accepter. Elle lui en voudrait toute sa vie pour être allé se faire tuer comme un idiot sur une Terre parallèle sans même lui dire un seul mot. Et ça ne ferait de mal qu’à elle puisque lui de toute façon, maintenant, il s’en fichait bien, qu’on crache sur sa tombe vide.

Mais elle savait bien les liens très spéciaux qui avaient uni Bruce et Dick. Elle savait aussi que, malgré les apparences, Bruce était lui aussi habité par des sentiments très particuliers pour son fils adoptifs, très différents que pour quiconque sur cette planète. Elle savait ce que cela faisait de perdre son père. Mais elle au moins, ne l’avait perdu qu’une fois. Dick n’avait pas cette chance – enfin, si on pouvait appeler ça de la chance. « Mais je sais que tu t’en voudras de toute façon. Moi aussi je m’en veux. On est vraiment trop bêtes. » Quelles responsabilités incombaient désormais à Dick ? Elle se le demandait. Il ne s’agissait pas seulement de marcher dans les pas de Batman, il y avait aussi toute une famille sur laquelle veiller, en plus de la sienne propre avec laquelle il avait déjà du mal. Elle comprenait qu’il se réfugie dans le boulot. La meilleure façon de ne pas affronter ses problèmes, c’était de s’occuper de ceux des autres. « Tout le monde compte sur toi ? Tu sais que tu peux aussi compter sur tout le monde. Il n’y a pas de raison que tu sois le seul à devoir tout assumer. Ça, c’était son truc à lui. » Et regarde où ça l’a mené. Elle n’exprima pas le reste de sa pensée, mais c’était tout comme. « Tu n’es pas lui, heureusement. Il n’a pas réussi à étouffer ta lumière. J’ai l’air odieuse à parler de lui comme ça mais je suis encore en colère. Un jour ça passera. » Et puis, elle avait beau dire du mal de Bruce, elle avait les larmes aux yeux rien qu’en parlant de lui. « Alors s’il te plaît ne deviens pas comme lui. Même lui il ne l’aurait pas voulu. Et quant à son remplaçant… » Ce n’était pas gentil de l’appeler comme ça mais il avait fallu, en plus de dealer avec la mort d’un ami cher, gérer la présence incongrue de son double venu d’une Terre parallèle. Histoire de faciliter leur deuil à tous, tout ça. « J’ai passé une nuit intéressante avec lui. Pour le boulot, je veux dire. Je n’ai pas été très sympa, mais c’est difficile de le regarder dans les yeux, même s’il n’y est pour rien. Je n’ai fait que le comparer à Bruce. Comment ça se passe, avec lui ? » Elle en tout cas, elle était sûre de lui avoir laissé une très mauvaise impression. Mais elle s’en fichait. Il n’était pas Bruce. Il était… un type. Qui aurait probablement un grand destin et une belle vie, s’il n’allait pas lui aussi se faire tuer à force de trop imiter son prédécesseur.

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Dick Grayson & Zatanna Zatara

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Une fois de plus, elle avait sûrement raison. C'était injuste que je m'en veuille pour sa mort. Il avait fait ses choix et il était mort de la même façon qu'il avait vécu, en héros. Une partie de moi n'arrivait pas à comprendre pourquoi il n'avait pas demandé notre aide, après tout, il savait mieux que quiconque que nous aurions joint le combat sans même hésiter, mais l'autre partie de moi savait que cette même raison était aussi le pourquoi qu'il n'avait pas demandé. Il ne voulait pas laisser les ténèbres nous envahir, il ne voulait pas que son sort devienne celui d'une personne à qui il tenait, comme Zee ou bien moi. Torturer depuis trop longtemps, il avait sûrement vu cette fin comme un accomplissement par rapport à ce qu'il s'était toujours battu pour. « Nous le détestons tous pour ça, je crois. »

Bruce avait fait pris ses décisions et désormais, c'était à nous, à notre génération de héros de faire en sorte que son sacrifice ne soit pas en vain. Je ramenai mon regard vers mon amie, tout en écoutant à mon tour ce qu'elle avait à dire. Si j'en avais gros sur le cœur, c'était très clair que Zatanna en avait énormément aussi à dire. Ma vie n'avait pas été de tout repos, mais je ne devais pas oublier que sans la magicienne, peut-être que je serais encore en train de me battre contre mon envie d'enfiler l'uniforme de mon mentor. Elle avait vaincu les pêchés capitaux, permettant au monde entier de vivre dans un monde meilleur. Ne pas compter sur les autres, c'était sûrement l'un des mauvais plis que j'avais pris de Bruce. Contrairement à lui, j'offrais un peu plus facilement ma confiance et je ne voyais pas forcément une menace dans chaque personne, mais je ne pouvais pas nier que par moment, c'était plus facile de se fermer et de faire tout par soi-même.

Nous parlions et pourtant, je n'avais pas l'impression que nous disions grand chose, car le sujet Bruce en était qu'un parmi tant d'autres. Avant, lorsque nous étions plus jeunes, nous pouvions passer des heures à parler, tout en mangeant de la glace n'ayant pas autant sur les épaules. Désormais, nous étions devenues la première ligne de défense de la planète. Zatanna avait son affiliation directe avec la Justice League, tandis que mes quelques mois dans l'uniforme du chevalier noir m'avaient ouvert les grandes portes, sans pour autant faire de moi un membre à part entière de la fameuse ligue des justiciers.

« Ça ne se passe pas. » J'étouffai un léger rire agacé avant de reprendre. « Je n'ai pas encore pris le temps de le rencontrer au grand désespoir d'Alfred. Je n'ai pas le temps pour lui, je n'ai pas le cœur de me pointer devant Bruce Wayne et de n'avoir aucune histoire avec ce dernier. Il n'est pas lui, point à la ligne. » Nous ne savions pas encore les raisons qui l'avaient amené ici. Étais-je vraiment le seul qui avait encore le fameux syndicat du crime en tête ? Des versions alternatives des plus grands protecteurs de la Terre. Rien n'indiquait qu'il n'était pas ici avec un but similaire, bien qu'il soit en infériorité numérique. « Je sais que tôt ou tard, je vais devoir me faire à l'idée et le rencontrer, que ça soit sous les traits de Nightwing ou de Dick Grayson, mais je ne suis pas prêt. » Du moins c'est ce que je me tuais à croire, même si quelques questions me tournaient par moments en tête. « On parle de moi, de Bruce, mais on ne parle pas tant de toi, comment tien tu le coup ? Je sais que la vie n'est pas la plus tendre avec toi non plus présentement. » Nous en avions besoin, autant l'un que l'autre, cette discussion était plus que nécessaire. Je jetai un coup d'œil autour de nous, j'espérais juste ne pas voir de Talon débarquer. Présentement, ce n'était pas le moment. Pour une rare fois, depuis longtemps, je m'ouvrais et pour une rare fois, j'avais plus envie d'être Dick Grayson que Nightwing. « Tu sais sans ta présence, je serais encore en train de me battre avec une partie de moi qui désires prendre la relève en tant que Batman, si ça se trouve, le fait de ne pas être Batman est peut-être la seule chose qui m'empêche d'être exactement comme lui. » Je revenais encore à Bruce, mais cette fois-ci, c'était pour rappeler à mon amie son succès. « Je crois que je ne t'ai jamais remercié d'ailleurs pour ce sauvetage. »

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La remarque de Dick, aussi triste soit-elle, amena un sourire sur les lèvres de la magicienne. Oui, ils étaient nombreux, encore plus qu’avant maintenant qu’il était mort, à en vouloir à Batman, mais ce dernier aurait probablement ricané comme un petit vieux s’il l’avait su. Se faire détester était probablement un de ses sports favoris. Il n’avait aucun mal à s’en battre l’œil, des gens qui lui en voulaient, alors qu’avec ceux qui l’aimaient et qui en plus avaient l’audace de le lui dire ou de le lui montrer, c’était une autre affaire. Idiot. Elle regrettait presque que sa tombe soit vide. Elle aurait apprécié l’idée qu’il se retourne dans sa tombe de temps en temps quand ils parlaient de lui, c’était tout ce qu’il aurait mérité. Le justicier de Gotham, tu parles. Et en parlant de ça, il y avait cet autre Bruce Wayne fraîchement débarqué d’un Terre détruite sur leur Terre à eux – qui franchement commençait probablement à fatiguer sous tous les coups qu’elle s’était pris jusqu’à présent. L’ironie, c’était que la population lambda de Gotham n’avait sûrement pas conscience que Batman était mort. Les gens continuaient de lever le nez parfois la nuit et de voir filer une silhouette sombre et silencieuse, à la fois ravis d’être ainsi protégés et outrés qu’un type joue les justiciers. Cette relation amour-haine entre la population de Gotham City et Batman n’allait pas changer. Cela avait un petit côté pervers, mais si ça convenait à tout le monde… Quant à savoir si ça convenait au premier concerné, difficile à dire. Zee lui avait posé la question, à ce nouveau Bruce rajeuni mais tout aussi avare en paroles. Forcément, il ne savait pas lui-même où il en était. Et puis elle n’avait pas été très tendre avec lui…

« Mmh, moi aussi j’ai essayé de penser comme toi, de faire la différence entre lui et notre Bruce. Mais je ne crois pas avoir vraiment réussi. La comparaison est inévitable. Et j’avais envie d’y croire. J’avais envie que ce soit lui. Quitte à nier l’existence de ce nouveau Bruce pour pouvoir me convaincre que l’ancien était là, parmi nous. » Pas très sympa de sa part, mais en même temps ce nouveau Bruce avait vraiment eu le pire timing du monde pour se pointer sur leur Terre. « Mais je ne crois pas que l’éviter va te faire te sentir mieux. En lui faisant face, tu auras peut-être envie de lui taper dessus… Mais c’est peut-être ce dont tu as besoin, et lui aussi. Pas de vous taper dessus, mais de vous faire face. » Ce nouveau Bruce avait eu un Dick dans sa vie, après tout. Il avait été avare en explication mais sachant que son monde avait été détruit, il n’était pas très difficile de deviner ce qui était advenu du Dick de l’autre monde. Ce miroir désespérant était peut-être la solution à toutes ces émotions négatives. En tout cas, pas besoin d’être un grand sage pour savoir que la fuite n’était pas la solution, mais c’était tellement bête à dire qu’elle ne le dit pas. Surtout qu’elle-même était une spécialiste de la fuite. Cela dit, il lui semblait que Dick fuyait vraiment beaucoup de choses, ces derniers temps, et il en allait de son devoir d’ami de lui tirer la joue sur ce sujet. « Je crois que même si tu le voulais, tu ne pourrais pas le remplacer. Ce n’est pas une question de capacités, vous êtes juste différents. Tu te serais simplement tué à la tâche à essayer d’être comme lui. Et à mon avis, il faut d’autant plus que tu restes toi-même que des tas de gens ont besoin de Dick Grayson. À commencer par Bruce 2.0. Et Kory. Et Mar’i. Et moi. »

Et il n’avait pas besoin de la remercier pour quoi que ce soit justement à cause de ça. Tout le monde était un peu égoïste, c’était bien normal. Bruce était mort et elle n’avait pas envie de le voir remplacer à l’identique. C’était lui qui lui manquait et qui lui manquerait toujours. Elle n’avait pas besoin en plus de ça que Dick se perde dans les ténèbres laissées par Bruce et qu’elle le perde à son tour. « Heureusement qu’on a la routine pour tenir le coup. Tu sais, une menace planétaire par-ci, des terroristes anti-magie de l’autre… » Oui, ça allait super bien, quoi, en résumé. « On vient vraiment de passer une année pourrie. Mais j’ai l’impression qu’on n’est pas près de sortir de ce long tunnel sans fin de problèmes, et ça me donne envie de boire et d’abandonner tout le monde à son sort. » Même si en vérité elle n’en était pas capable, elle avait été trop bien élevée pour ça. Là-dessus, Dick et elle étaient pareils. Même au plus profond de la déprime, et même avec l’envie de prendre un humain pour taper sur les autres, ils finiraient quand même par aider l’humanité et lui sauver les fesses. C’était dans leur nature – une sorte d’optimisme détaché et désespérant, l’idée tenace et sans fondement que « cette fois c’était la dernière fois » et que « la prochaine fois c’est sûr, ça irait mieux ».

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Dick Grayson & Zatanna Zatara

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Mine de rien, je ne faisais pas face à une situation régulière. S'il était normal et dans l'ordre des choses qu'un enfant enterre ses parents, il était un peu plus anormal qu'un même enfant enterre un deuxième père et pourtant, c'était dans cette situation que je me trouvais présentement. Ma première épreuve avait été d'enterrer ceux qui m'avaient donné la vie, ceux qui m'avaient tant appris et bien que John et Mary Grayson étaient mes parents biologiques, je me devais d'avouer que cette nouvelle catastrophe avait des allures bien plus difficiles. Bruce Wayne m'avait choisi. Il avait vu en moi, un peu de lui et il n'avait pas hésité à sauter dans le défi qu'adopter un enfant pouvait représenter. Différent sur tellement de points, mais semblable sur tant d'autres, je n'avais pas le choix désormais d'affirmer que sans sa présence et avec la perte de mes parents, je ne serais sûrement pas devenu l'homme que je suis présentement. Ses façons n'étaient pas orthodoxes, après tout, l'homme était tout de même le grand justicier d'une ville, mais elles s'étaient tout de même révélée efficace, m'empêchant, malgré ma rage et l'aura de Gotham, de devenir un Tony Zucco.

Bruce Wayne avait laissé sa marque dans ma vie, mais il l'avait aussi laissé dans celle de la jeune femme présente avec moi. D'ailleurs, je ne pouvais pas imaginer une meilleure personne avec qui parler de cette situation présentement. C'était sûrement la raison qui m'avait poussée à la contacter au final, bien que je ne veuille pas l'avouer directement. Elle l'avait connue, de façon plus intime que plusieurs autres des personnes avec qui j'aurais pu partager un moment semblable et en plus, Zee avait elle aussi perdu son père.

Un léger sourire s'installa sur mon visage, tandis que j'étouffai un ricanement. Elle ne pouvait même pas savoir à quel point j'aimerais présentement mettre mon poing au visage de ce nouveau Bruce... Le pauvre qui n'avait rien fait pour mériter toute cette rage. Si ça se trouvait, ce dernier avait aussi perdu des gens chers. Avec les multiples possibilités qu'offraient le multiverse, je devais garder en tête qu'il était possible que ce dernier aille perdu le Dick Grayson de sa Terre ou encore un autre gamin qu'il considérait autant comme son fils que la façon dont mon Bruce me considérait. « Ce n'est pas l'envie qui manquerait, je ne le cache pas. » Tant de remords m'habitaient présentement et pourtant ça l'avait été sa décision. Ce n'est pas comme si j'avais eu le choix de l'aider ou pas et l'explication à ça était pourtant simple. Il savait le prix qu'il allait devoir payer pour ce sauvetage et il ne voulait pas qu'il soit payé par Zatanna ou par moi ou même par quiconque d'ailleurs.

Ma tête avait beau être ailleurs, perdue dans des souvenirs de Bruce et dans cette haine que je lui vouais depuis quelque temps, mes oreilles et mon esprit était bel et bien avec Zatanna. Heureusement, d'ailleurs, car ses dernières paroles en étaient pour me panser l'âme. « La chance que j'ai de vous avoir. » Finalement une petite phrase qui laissait croire que la noirceur qui avait envahi Bruce, ne m'avait pas complètement gagné. Si eux, ils avaient besoin de moi, je ne pouvais plus cacher que j'avais également besoin d'eux. Ma peur, de décevoir les gens m'avaient poussée vers l'isolement et cette petite discussion avec ma vielle amie me faisait comprendre que j'étais véritablement le seul à blâmer. « J'ai été lâche et j'ai fui, laissant plein de gens derrière, ce n'est pas digne de Dick Grayson, ce n'est pas digne de sa mémoire. » Je levai la tête, avant de laisser un peu d'air sortir de mes poumons. « Alfred ne doit pas être fier en ce moment. » Je fis tourner mes épaules vers la femme, prenant un bref moment pour l'étudier. « Merci d'être là. » Un simple merci et une simple discussion qui venait tout juste de me retirer un poids énorme de sur les épaules. Je pouvais dire avec certitude que mes plaies n'étaient pas fermées, mais au moins, je pouvais envisager de regarder vers l'avant.

« À la routine, parfois, je m'en passerai, tu sais, mais en même temps, nos vies ne seraient pas les mêmes sans tout ça. J'ai de la misère à imaginer ma vie sans ça. » Malheureusement, c'était vraiment le cas. Une vie passée à combattre le crime, doublement dans mon cas. Ce n'était probablement pas le plus grand rêve de tout de le monde. « Allons boire dans ce cas. Oublie les autres un peu, penses à toi. Pour une fois, que tu as la chance de le faire. Pour une fois, que tu pourrais avoir une soirée loin de cette folie. » Je me relevai sur le rebord du toit, tout en tendant la main à la magicienne. « Notre soirée n'est pas finie, mais nous n'avons pas de signe de vie de nos adversaires, aussi bien profiter de notre jeunesse qui s'envole. » Loin de moi l'idée de ne pas sauver le monde, mais il fallait aussi apprendre à se sauver soi-même. « Il faudra juste passer pour me changer, à moins que tu ailles un petit tour de passe-passe pour ça aussi. » Clairement, elle avait un sort pour ce genre de truc, sinon comment pourrait-elle se changer elle-même aussi vite. J'offris un léger clin d'œil à mon amie, ramenant mes pieds contre le sol froid du toit qui nous avait accueillis. « La seule chose que je demande, c'est que ça ne soit pas de la Tequila. » Nous avions attendu trop longtemps pour faire ça et je n'avais pas envie que cette soirée se termine d'aussitôt.

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Il allait finir par la faire pleurer s’il continuait comme ça. Très empathique par nature, un peu trop pour son propre bien, même, Zee ne pouvait pas s’empêcher de se sentir mal quand ses proches allaient mal, et c’était d’autant plus touchant de voir Dick dans cet état qu’elle le connaissait depuis presque toujours. Elle connaissait sa valeur, elle savait ce qui pouvait le faire douter, le genre de pensées avec lesquelles il devait se torturer, aussi. De la même façon qu’il connaissait toutes ses faiblesses à elle, son manque de confiance en elle, son manque de détermination quand il fallait faire des choix difficiles, sa crainte perpétuelle de faire du mal à quelqu’un et sa recherche constante du compromis, tout le temps, avec tout et tout le monde, qui générait plus souvent des situations catastrophiques que la résolution de conflits… Elle savait que Dick pouvait être bien plus responsable et mature qu’elle, par bien des aspects. Il avait été formé par Bruce, après tout. Elle savait qu’au bout du compte il ne fuirait pas éternellement, et surtout qu’il finirait par les prendre, toutes ces décisions qu’il avait laissées en suspens jusque-là. Et mieux encore, qu’il ferait les bons choix. Parce qu’il était du genre à assumer ses choix justement, même quand parfois il se trompait, et même quand les responsabilités étaient parfois écrasantes. Il y avait tellement de gens qui comptaient sur lui, et plus encore aujourd’hui que Batman était mort. D’orphelin, il était passé à chef de famille, en quelque sorte, et sa famille était vraiment nombreuse. Zee aurait été la première à essayer de se sortir de cette situation. Mais elle aurait fini par se sentir mal, parce que c’était dans sa nature de s’inquiéter pour les autres, tout comme c’était dans la nature de Dick de s’occuper des autres. Alors, elle ne s’inquiétait pas, enfin pas trop… Parce que quels que soient les choix qu’il ferait, elle savait que le chemin ne serait pas facile pour lui et que pour le moment, il n’y avait que des épreuves qui l’attendaient. Avant que les choses s’arrangent, elles allaient peut-être bien empirer.

« Ce n’est pas moi qui te jetterai la pierre. De toute façon, parfois, mieux vaut fuir quelque temps que se forcer à subir jusqu’à en mourir. » Mais en attendant, elle était toute émotionnée par ses paroles. Mais la mention d’Alfred la fit sourire. Ce cher Alfred – dont elle était méchamment amoureuse quand elle avait douze ans et qu’il accompagnait Bruce chez son père. C’était la moustache, probablement – la même que son père. Un vrai Œdipe inversé. Bref. Il devait en baver, Alfred, en ce moment. Il avait perdu un fils, lui. Et il devait se faire un sang d’encre pour tous ses enfants. Il avait forcément besoin de Dick. Il avait besoin que Dick revienne dans la place, c’était sûr, même s’il ne lui avait pas mis la pression parce que ce n’était pas son genre. Mais à eux tous, ils réussiraient à s’en sortir. Encore une fois, elle ne pouvait qu’admirer ce qu’avait créé Bruce, bien malgré lui, et c’était toute l’ironie de l’histoire, d’ailleurs. L’orphelin asocial et solitaire avait fini par bâtir la famille la plus extraordinaire de Gotham. Alors oui, ils s’en sortiraient. Et en attendant, la proposition de Dick n’était pas tombée dans l’oreille d’une sourde. C’était absurde – ils venaient de se sortir d’une situation dangereuse – et pourtant c’était exactement ce dont ils avaient besoin. Il prit sa main pour se mettre debout, puis esquissa un geste old-school de magicien de scène. « Ne bouge pas surtout ! » Bon okay, elle lui disait ça pour lui faire peur, comme si, s’il bougeait au moment où elle jetait son sort, il allait se retrouver à poil, ou à moitié bloqué dans une autre dimension, ou transformé en chaton. Le costume de Nightwing disparut au profit de fringues plus confortable et assez classes pour vouloir dire « barathon ». Des habits qu’elle l’avait déjà vu porter, tout simplement – et puis il les aurait en double, comme ça.

Elle recula d’un pas pour le regarder et hocha la tête. « Parfait. En revanche, ne me demande pas où est passé ton costume… Mais ça, je peux te les garder. » Elle parlait des armes, gadgets et divers trucs et bidules avec lesquels il se baladait quand il était en mode Nightwing et qui s’entassaient pour le moment à ses pieds. Elle plongea le bras une brèche dimensionnelle qu’elle venait de créer, de sorte que son bras disparut jusqu’à l’épaule alors qu’elle fouillait à l’aveuglette à l’endroit de sa chambre où elle était sûre d’avoir laissé son sac à main préféré, puis finit par mettre la main dessus et le ramena à elle avant de refermer le portail entre le toit où ils se trouvaient et sa chambre, dans son manoir, à des kilomètres de là. Puis elle se mit en devoir de ranger tout le bazar de Nightwing dans son sac, qui était littéralement un cabas sans fond – en fait, une petite dimension de poche. Elle adorait sortir de son petit sac de grandes épées ou des bouteilles de gin sous les yeux exorbités des gens, parce que ça, c’était juste un bon vieux truc d’illusionniste, aussi ancien que les premiers magiciens, et qu’elle utilisait même sur scène. Quand elle eut tout rangé, elle passa la lanière de son sac à son épaule. « Je suis prête ! Je te laisse choisir le bar, tant que c’en est un où on ne croisera pas le Pingouin ou je ne sais quel caïd du coin. À partir de maintenant, on a fini notre journée. » Comme un vendredi soir en sortant du bureau. « Et à la seconde où on est posés devant un verre, tu vas me dire par quoi tu vas commencer ta quête de rédemption. Si j’étais toi, j’irais tout de suite voir Damian. Histoire d’en finir tout de suite avec le plus pénible. » Heh.

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Dick Grayson & Zatanna Zatara

◊ ◊ ◊

Bruce n'était pas mort au bon moment, du moins pas pour moi. Après, ce n'est pas comme s'il y aurait eu un bon temps pour qu'il quitte le monde des vivants. Sa présence était tellement nécessaire, autant pour Alfred, que pour moi, la ligue ou tout simplement les personnes qui l'entouraient de façon quotidienne. Peut-être n'était-il pas toujours le plus facile à côtoyer, mais ça n'enlevait rien au fait qu'il demeurait l'un des plus respectés. Son départ m'avait ramené quelques cases plus loin dans mon processus d'acceptation, au grand désarroi de Kory. Si je m'approchai tranquillement d'une décision, la perte de mon père, dans les mêmes circonstances qui me faisaient tant réfléchir, qui me poussait à me demander si je pouvais oui ou non être père à mon tour, n'aida en rien.

Depuis le début de mon exil, j'avais pu ressentir le malaise avec les autres membres de la famille. Quelques tentatives d'appels ici et là par Alfred ou encore Jason, mais sinon, c'était silence radio. Au départ, je n'étais pas certain de savoir si les autres voulaient simplement m'offrir le temps nécessaire ou si c'était simplement une petite rancœur qui commençait à se créer pour eux. Il avait fallu que j'essaie une intervention sur la ligne privée de la Bat-family pour comprendre qu'il ne s'agissait pas de la première option. Certains des membres étaient encore très jeunes et je ne pouvais pas m'empêcher de croire qu'au fond d'eux, ils comprenaient la distance que j'avais dû imposer.

J'aidai Zee à se relever avant de faire un petit pas vers l'arrière, lui offrant plus d'espace pour faire ses shenanigans. Plus fort qu'elle, elle laissa un petit avertissement tombé, m'offrant aussitôt un sourire. Je savais bien qu'il n'y avait pas de danger, mais mon manque de connaissances dans le domaine de la magie pris le dessus, faisant tout de même augmenter mon rythme cardiaque, mes yeux se fermèrent par réflexe. Comme si une conséquence serait moins pire étant donné que je ne l'aurais pas vu. Mon regard se porta directement sur Zatanna, alors que mes armes touchèrent le sol. « Oh, ne t'en fais pas, je travaille sur un nouveau prototype. Je ne savais pas comment me défaire de ma vielle combinaison et en plus si le nouveau ne fait pas le travail, je sais que j'ai plusieurs costumes ici et là. » Que ça soit à la tour des Titans ou encore dans l'une nombreuses Batcave, je savais que tôt ou tard, je finirai par retrouver une armure qui me permettrai de me lancer dans le danger. Autant celui de Gotham que de Blüdhaven.

Une nouvelle fois, mes yeux s'écarquillèrent lorsque la magicienne fit apparaître un sac sans fond, faisant disparaître chacun des gadgets qui traînait jadis à nos pieds. « Wow comme Hermione dans Harry Potter. » Il était rare que j'étais capable de faire ce genre de référence, surtout avec Tim et Barbara aux alentours, les deux ayant une meilleure culture de ce genre d'univers. Je lui offris un peu d'aide, après, c'était quand même mes choses qui traînaient. Je levai les doigts comme si je comptais les possibilités sur ceux-ci, pendant que Zatanna me faisait part de ses demandes pour le choix du bar. « Tu sais que tu viens d'éliminer la grande majorité des bars à Gotham et à Blüdhaven ? » Un léger ricanement s'échappa de mes lèvres avant que je reprenne la parole. « Je crois que Métropolis est donc la meilleure option pour nous, si un autre petit tour de magie ne te dérange pas. » Je doutais qu'elle soit dérangée par cette nouvelle demande de ma part, mais valait tout de même mieux demandé. La ville de demain représentait toujours une option facile et sécuritaire. « Alors toi, tu considères qu'affronter le grand méchant loup en premier, c'est la meilleure des idées ? » Je plaisantais, mais elle avait sûrement raison. Damian était mon frère, le fils biologique de Bruce et il comptait sur moi, comme les autres, mais il était possiblement celui qui aurait eu le plus besoin de son grand frère par les temps qui courait. Cassandra n'était d'ailleurs pas à négliger non plus. Un petit tour de magie et bam, nous voilà rendues dans une petite ruelle de Métropolis. Un suffisait de jeter un petit coup d'œil dans les rues de Métropolis pour se rendre compte que la ville était en rien comparable à Gotham. Un certain calme pouvait se ressentir dans les rues et dans la façon d'agir des citoyens. Gotham, tout comme Blüdhaven, n'avait jamais eu le luxe de dégagée ce genre d'ambiance. Bruce avait bâti quelques choses de spéciale dans sa ville, mais le combat était constant, comparativement à la ville protéger par l'homme d'acier.

Nous laissâmes quelques passants passer devant la petite ruelle qui nous avait cachée depuis notre arrivée, puis finalement nous joignîmes la parade, emboîtant le pas, prenant la destination du petit bar qui se trouvait à quelques pas. Heureusement pour nous, l'ambiance dans l'endroit était bien moins calme que dans les rues. I wanna rock de Twisted Sister pouvait se faire entendre dans les haut-parleurs, enterrant plus que facilement les voix des dizaines de personnes qui avait tout comme nous besoin d'un verre pour décompresser. Tranquillement, nous trouvâmes refuge sur une banquette, éloigné de la masse de personnes qui chantait à tue-tête. « Je ne sais pas pourquoi, mais je n'imaginais pas Métropolis autant... Rock. Au moins, nous avons ce petit coin pour discuter. » Je guidai Zatanna d'un signe de la main, lui offrant le premier choix pour le siège.

Il ne fallu pas grand temps pour qu'une serveuse s'approche de nous, pliant la majeur partie de son corps au-dessus de la table. « Alors dites moi ce que je peux vous servir les amoureux. » Mes yeux se rivèrent dans ceux de Zatanna avant qu'un petit rire s'échappe d'entre mes lèvres scellées. Ce n'est pas que l'idée était stupide ou que Zatanna n'était pas une femme intéressante, mais un peu comme Barbara, nous étions trop amis pour même imaginer ce genre d'histoire entre nous. Je savais d'ailleurs que la femme qui me faisait face pensait exactement de la même façon que moi. « Une dizaine de shooter de ton meilleur rhum et une dizaine de ton meilleur whisky aussi... Histoire de bien commencé quoi. » La femme quitta la table, nous laissant finalement seul devant la suite de notre discussion. Nous avions déjà dit tellement de choses, mais j'avais l'impression que nous étions loin d'avoir finie encore. Zatanna avait raison, je devais savoir par où je voulais commencer, par qui je voulais commencer en fait. Je sondai mon esprit, cherchant la meilleure réponse, mais au final, je savais bien qu'il n'y avait pas de bonne réponse en soi. J'avais blessé et abandonner tellement de gens, tous et chacun méritaient leurs parts d'explication et les excuses qui venaient avec. « Je peux être franc avec toi et j'aime ça. » Ma tête s'inclina doucement avant que mon attention revienne se poser sur Zatanna. « Je ne sais pas par qui commencer. Il n'y a pas une personne que j'ai moins laisser tombé que l'autre. Tous et chacun méritent mes excuses. Damian pourrait être une option, mais il pourrait également représenter un pas vers l'arrière, tout dépend de son humeur et de la façon qu'il voit le tout. » Il n'était pas toujours facile à vivre avec, mais Dick portait quand même le plus jeune des Wayne dans son cœur. « Pour ce qui est de Kory, j'ai l'impression qu'elle attend que je lui dise les choses que je ne suis pas encore prêt à dire. » J'enfonçai ma tête dans mes mains, perdu une fois de plus dans cette spirale qui m'avait emporté en son cœur.

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Elle gratifia Dick d’un sourire radieux en remerciement de sa référence à Harry Potter. Bien sûr, elle avait lu les livres et vu les films, comme a plupart des créatures magiques de ce monde, sauf que elle, elle l’assumait, ce qui n’était pas toujours le cas des autres. Elle trouvait ça mignon, elle, comme concept. Une école de magie. Une utopie, mais adorable. Elle savait surtout que chaque référence au petit sorcier arrachait à John des grognements encore plus adorables alors elle ne se privait jamais de l’embêter avec ça. Elle acheva de ranger toutes les affaires de Dick, lequel s’était décidé pour un point de chute : Metropolis. Et après tout, il n’avait pas tort, c’était la plus proche ville respectable à des kilomètres à la ronde, et s’ils voulaient boire et noyer leur chagrin sans être dérangés par des appels à l’aide ou un cambriolage à arrêter, mieux valait s’éloigner de Gotham City et encore plus de Bludhaven. Alors bien sûr, passer d’une ville à l’autre en clin d’œil et un peu de magie était un peu déstabilisant. Comme passer du fond de la classe, où on fume en cachette, au premier rang où les devoirs sont toujours faits, mais de toute façon, tout le monde dans le coin savait que Batman et Superman étaient deux êtres très différents, et personne ne savait qu’entre ces deux extrêmes, il y avait toute une ribambelle de gens quasi normaux comme Dick et elle – enfin, « normaux »… comparés à Batman et à Superman, quoi.

Une fois installés à une table dans un bar plus que respectable, ce fut comme si la vie reprenait un peu de son aspect normal. Une serveuse vint prendre leur commande, les prenant pour un couple au passage, ce qui fit rire Zee en même temps que Dick. Quand elle le regardait, parfois elle voyait encore l’enfant qu’il était quand ils s’étaient rencontrés, et elle était sûre que lui aussi s’en rappelait. Elle ne prit pas la peine de corriger la jeune femme parce que la méprise ne la dérangeait pas, justement parce que Dick était un ami si proche. Puis ils reprirent leur conversation de tout à l’heure tout naturellement, et la magicienne dut bien avouer que Dick avait un long chemin à faire. Elle avait évoqué Damian sur le ton de la plaisanterie mais elle-même avait dû en passer par là avec le garçon : elle lui avait fait beaucoup de mal sur Terre IV et elle avait mis du temps à trouver le courage d’aller lui faire face pour lui présenter ses excuses et lui expliquer pourquoi elle avait agi de la sorte. Elle était possédée, mais elle avait bel et bien failli le tuer, et pourtant elle avait bien compris que c’était moins la violence dont elle avait fait preuve avec lui que le fait qu’elle ait abandonné son âme à un démon qui l’avait déçu. Avec lui, Zee avait rarement l’impression d’avoir affaire à un enfant – et se sentait moins adulte que jamais. Alors elle comprenait que Dick n’ait pas des masses envie d’aller se confronter à cette petite terreur préadolescente. Elle le regarda avec sympathie, puis lui saisit le poignet pour le forcer à la regarder, alors qu’il avait enfoui son visage dans ses mains. « En tant que femme, en tant que femme amoureuse et en tant qu’amie, de toi comme de Kory, je pense que c’est avec elle que tu dois commencer. Je me doute que c’est le plus difficile et le plus compliqué, malgré tout, tu le lui dois. »

Elle avait eu une longue conversation avec Kory peu de temps auparavant et comme avec Dick, Zee et elle ne se cachaient rien. Cela dit, Kory ne cachait pas grand-chose à grand-monde, c’était dans sa nature. La magicienne ne pouvait pas vraiment répéter les mots de Kory à Dick mot pour mot. Il y avait des choses que le couple devait régler seul. Mais elle était sûre d’une chose : Kory attendait ce moment, ça oui. Le moment où Dick reviendrait à elle. « Je sais qu’ils sont tous ta famille, mais s’il y a une personne qui a plus besoin de toi que quiconque sur cette planète, c’est Mar’i. Alors, elle devrait passer d’abord, et Kory aussi. » Elle lui mettait peut-être un peu la pression, là, mais c’était la vérité. Et puis, elle était sûre que Mar’i l’accueillerait à bras ouverts, alors ce serait un début plutôt facile – plus facile qu’avec Damian, quoi. « Kory aussi en a bavé. Mais pour moi, tous les deux, vous avez des problèmes en commun, alors je me dis que les régler à deux, ça pourrait vous aider. Et t’aider toi, surtout. » Lui seul savait ce qui le retenait, ce qu’il craignait, ce qui l’empêchait d’être celui qu’il voulait être, mais elle était sûre qu’il arriverait à se sortir de cet état. Elle avait confiance, tout simplement. Il en était capable. La serveuse revint à ce moment-là avec une multitude de verres et Zee les rassembla au milieu de la table, entre eux. « Rappelle-toi juste qu’à l’impossible nul n’est tenu et que personne ne te demande d’être parfait. » Elle savait de quoi elle parlait, sur ce coup. Elle-même avait perdu beaucoup de temps et d’énergie à essayer d’être parfaite, comme elle était censée l’être. Elle leva un shooter pour trinquer et l’avala cul-sec.

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Avant même qu'elle ne prenne la parole, je savais d'avance ce qu'elle allait me dire. Kory. Ce chemin qui semblait si simple, mais tant dur à la fois. La tamarenne n'était pas celle qui mettait la pression, loin de là même, non, c'était dans ma façon d'être. Je craignais tout simplement qu'en me rapprochant, qu'en assument mes responsabilités, tôt ou tard, je finisse par blesser celle-ci ou encore sa petite gamine ou devrais-je dire, notre petite gamine. À une époque, je croyais que Barbara était la personne faite pour moi, celle aux côtés de qui je finirais mes vieux jours, mais ce ne fut pas le cas. Les raisons étaient diverses, mais je ne pouvais pas me cacher que la présence de Kory Anders y était pour quelques choses. Tant de choses nous avaient unis, que ce soit ce premier baiser, menant à notre première conversation ou encore la création des diverses équipes ayant siégé dans la tour des Titans. Tout semblait guider vers elle. Ma tête s'inclina doucement alors qu'un sourire naquit sur mes lèvres. Zatanna avait raison, le chemin qu'elle me pointait, comme tous les autres, était le chemin le plus dur et le plus long, mais il était aussi celui qui m'apporterait probablement le plus de quiétude.

Je comprenais bien ce qu'elle disait, ce qu'elle pointait. Oui, je souffrais. Vrai que mes dernières semaines, voir derniers mois n'avaient pas été les plus faciles, mais je n'étais pas le seul dans cette situation. Kory vivait la même chose, certes avec des épreuves légèrement différentes, mais tout de même. À force de laisser place à mes démons, ceux-ci étaient en train de l'espace complet de ma vie, m'éloignant petit à petit du reste de mon monde. Cette erreur, ce n'était pas la première fois que je la commettais et à bien me connaître, je pourrais dire que ça ne serait pas la dernière. Bien que destructeur, cette façon, de faire restait tout de même mon mode de guérison. Certains ont besoin de se vider le cœur tout simplement, parler le plus qu'ils peuvent des situations qui les rongent tranquillement de l'intérieur. Dans mon cas, je dois vivre personnellement ses situations, affronter moi-même ses maux, face à face en premier lieu. Une méthode qui ne faisait pas l'unanimité, mais qui restait mienne. « Tout le monde en a bavé et pour beaucoup, c'est un cercle vicieux qui ne s'arrête pratiquement jamais. En allant vers Kory, en quittant Gotham ou encore Blüdhaven, ça ne ferait pas de moi un égoïste ? » Une pensée qui aurait peut-être jamais dû quitter le seuil de mes lèvres. Oui, ça pouvait certainement sonner comme égoïste. Courir directement vers une situation qui m'offrirait possiblement du bien-être au déprimant de sauver mon prochain. C'était négligé les autres, ceux qui étaient réellement dans le besoin et depuis la mort de mes parents ça n'avaient jamais été ma ligne directrice. Il était peut-être temps pour moi de changer mon fusil d'épaule justement. D'offrir une meilleure chance à Dick Grayson.

Fin prête à prendre le premier shooter, je me rendis compte que jusqu'à présent cette soirée n'avait été que pour moi. Certes, ma compagne du moment avait eu une ouverture par rapport à Bruce, mais c'était grosso modo ça. Nous venions de le dire, tous et chacun avaient grandement endurer et elle ne faisait pas exception à cette règle. Nous fîmes cogner les verres ensembles avant de les porter à nos becs. La puissance du liquide laissant sa marque dans ma gorge, je raclai celle-ci, tout en posant ma main sur le proche contenant. « Nous avons réellement attendu trop longtemps pour ça. » Le second verre descendu, ce fut le tour du troisième, puis du quatrième. « Tu sais, je crois que tu as raison, Dick Grayson aussi a le droit à son petit bout de bonheur. » Un clin d'œil aucunement subtil nous guida vers la suite des choses. Ma main frôla la sienne. « Assez de moi maintenant, un peu plus de toi... Allez ! Comment ça va avec John? » Le magicien était tout qu'un numéro, mais malgré tout, il restait une personne assez spéciale, surtout pour ma bonne amie. « Est-il toujours autant... bah Constantine quoi ! » Si pour des gens ça ne voudrait rien dire, pour Zatanna ça allait être très clair. John Constantine n'était pas le genre d'homme que l'on pouvait décrire avec des mots bien communs, ça faisait un bon moment que j'avais compris ça.

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Elle se reconnaissait tellement en Dick que c’en était presque effrayant. Et un peu douloureux vu que les angoisses de son ami étaient aussi les siennes. Ils abordaient la question différemment, de son côté Zee était passée maître dans l’art de la fuite, littéralement parlant. Lui avait choisi de s’abîmer dans son travail, elle avait carrément disparu de la surface de la Terre plus d’une fois ces derniers temps, que ce soit pour aller se perdre dans une forêt écossaise ou carrément dans le monde des morts égyptien. Mais ils se posaient la même, la terrible question : comment prendre des décisions, quelles qu’elles soient, sachant qu’elles pouvaient avoir pour conséquence de faire souffrir des gens ? Cette peur-là, Zee vivait avec depuis presque toujours, mais spécifiquement à cause de sa magie. Son père lui avait inculqué très jeune qu’elle avait beaucoup de pouvoir et que ce pouvoir, mal maîtrisé ou mal utilisé, pouvait déclencher de terribles cataclysmes. Alors depuis qu’elle était enfant, il y avait toujours cette peur ancrée en elle de faire du mal aux autres, mais c’était une peur familière, et dont elle avait même fait un atout, du moins un outil dans son utilisation de la magie. Se forcer à agir avec prudence, à toujours utiliser sa raison – et à ça elle était très mauvaise –, à brider ses pouvoirs… Prononcer ses sorts à l’envers : rien que ça, c’était un signe de cette peur qui l’habitait parce qu’en réalité elle n’avait pas besoin de parler à l’envers pour utiliser ses dons, elle n’avait même pas besoin de parler du tout. Mais ces derniers temps, oui, elle avait fait des choix désastreux qui avaient fait souffrir ses proches. Elle s’était retrouvée dans des situations où aucune décision n’était la bonne, et dans ces moments-là, on avait vraiment l’impression d’être coincé. Elle, elle avait fui à Aruba. Ou en Écosse. Et même dans une autre dimension. Cela lui avait permis de ne pas tout de suite se confronter aux choses qu’il lui fallait régler.

Dick faisait ça différemment, mais le résultat était le même. Et malheureusement, elle n’avait pas de solution à ce problème-là. « Je crois qu’on ne peut pas vraiment échapper à ça. Quoi que tu fasses, quelqu’un aura un truc à te reprocher, mais c’est leur problème. Ce n’est pas de l’égoïsme de vivre ta vie. On n’existe pas pour les autres. Sinon on serait venus au monde sous la forme d’une épée ou d’un flingue. » Juste bons à servir d’arme ou de bouclier et puis c’est tout. « Et je ne dis pas ça parce que moi aussi je n’arrête pas de me dire que dès qu’on n’est pas en train de sauver quelqu’un, on n’est que des sales égocentriques qui ne pensons qu’à nous ! » Paaaaaaas du tout. Elle reposa bruyamment le petit verre, presque excédée par d’hypothétiques personnes leur reprochant de ne pas sauver le monde vingt-quatre heures sur vingt-quatre. « On n’est pas des bêtes, c’est ça que je veux dire. On a le droit d’avoir une vie. » Hein, bon. Voilà ce qu’elle se disait quand elle essayait de se convaincre. Sans y arriver. L’égoïsme, c’était tout à fait sain, des fois. Surtout quand en jeu, il y avait des amours, des amitiés ou encore des enfants. Bref, une famille, ce concept si cher aux Américains mais qui du coup prenait toute son importance dans le cas de Dick. Elle prit un autre shooter et trinqua à nouveau avec son ami pour cautionner ses paroles. Voilà, ils avaient droit à un petit bout de bonheur – en fait, au bonheur tout entier, mais autant y aller par petits pas. Puis elle laissa échapper un petit rire dans son verre et adressa un regard malicieux Dick.

« Il est fidèle à lui-même, mais certaines choses ont changé. Moi aussi j’ai changé. Si tu me vois en train de te pousser à penser plus à toi et moins aux autres dans une apologie discutable de l’égoïsme, c’est en grande partie grâce à lui. » Elle sourit de nouveau, avec plus de douceur cette fois. John lui avait souvent sauvé la vie, comme d’autres d’ailleurs, mais cette fois-là, à leur retour de Terre IV, il avait fait plus que cela, il l’avait sauvée, elle – pas que sa vie, mais sa santé mentale aussi, et sa raison d’être. « Lui, il ne se torture pas l’esprit avec ces questions-là. Il a bien assez à faire avec d’autres choses, mais il ne considère pas qu’il doit quelque chose à l’humanité simplement parce qu’il est capable de la sauver. » Et oui, c’était peut-être bien de l’égoïsme. Sauf qu’au final, il se prenait bien moins la tête, et en plus, il la sauvait quand même, l’humanité, de temps en temps, même s’il ne voulait pas l’entendre. « Il faut qu’on soit plus réaliste, toi et moi. On ne peut pas sauver tout le monde. On ne peut pas plaire à tout le monde. On ne peut pas se dédier aux autres jusqu’à se diluer et disparaître. Ça me coûte de dire ça, ce n’est pas du tout dans ma nature et ça va à l’encontre de tous mes instincts, mais il faut qu’on soit plus sympas avec nous-mêmes parce que sinon, on va y laisser notre peau. » Elle était sérieuse, cette fois. Elle-même avait failli y rester en laissant un démon la posséder pour des raisons stupides, et elle refusait que Dick se perde à jamais dans ses propres ténèbres.

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Gotham, capitale du crime et de l'égoïsme. Une ville plus sombre que la noirceur de la nuit. Une cité qui semble perdue à tout jamais dans ses vices, et ce, malgré le combat interminable que les héros semblent y livrer. Gotham n'avait jamais été synonyme de bonté, de lumière ou même d'espoir. Était-ce à cause de l'influence de la cour des hiboux, donc par l'entremise des plus fortunée citoyens ou alors c'était juste sa façon d'être. Contrairement à Métropolis, elle semblait chercher le pire dans la plupart des gens, n'offrant ainsi qu'un petit groupe de protecteur. Une petite équipe qui s'assurait d'offrir un espoir, aussi minime soit-il, d'un lendemain meilleur. Tel était ma façon de voir notre combat contre cette noirceur envahissante. C'est dans cette mentalité que je m'étais faite la promesse de combattre pour ceux qui ne le peuvent pas, or, il m'était difficile de me laisser gagner par le malice qui répond au nom d'égoïsme. Et pourtant, elle disait vrai. Vivre sa vie n'est pas une mauvaise chose et en aucun moment, je ne devrais me sentir coupable de le faire, mais ma nature n'était pas faite ainsi. Je lui offris un simple hochement de tête en mention d'approbation, après tout, je n'avais pas réellement besoin d'en dire plus. Tout ce que je pensais sur la question, nous en avions parlés en long et en large depuis le début de notre amitié. Certes, les termes n'étaient pas toujours les mêmes, mais notre vision, nos idéologies restaient les fondements de nos personnes.

Ce n'était clairement pas dans mes habitudes, mais ce soir l'alcool descendait bien. La présence de Zatanna aidait peut-être, tout comme mon envie d'oublier mes problèmes. Les grandes lignes de nos échanges étaient assez claires jusqu'à présent. Nightwing ne pouvait pas être la solution à chacune de mes épreuves. Une chose qui m'avait pris déjà trop de temps à comprendre. Sans le vouloir, car soyons franc, nous ne voulons jamais que ça l'arrive, j'en étais venu à blesser des gens qui comptaient réellement pour moi. Des amis, des alliés, des frères et des sœurs. Toutes ses personnes qui espéraient tout comme moi trouver un petit répit dans l'énorme tempête de la vie. Zatanna en faisait partie d'ailleurs. Depuis la longue chaîne d'événement qui s'était abattu sur nous, et ce, de façon successive, nous n'avions pas eu la chance de parler, outre pour ce soir. J'avais entendu entre les branches les histoires sordides qu'elle avait affrontées. Terre-4 n'avait pas été de tout repos et je pouvais voir dans ses traits que les conséquences se faisaient malheureusement encore sentir. Je souris tout bonnement lorsqu'elle répondit à ma question. Évidemment que John Constantine n'allait pas être autre chose que fidèle à lui-même, d'ailleurs, c'était une chose que j'aimais bien chez ce type. Peu importe ce qui s'acharnait sur ce monde, il semblait toujours être capable de rester lui-même, de faire face à la musique. Si plusieurs le considéraient comme un escroc de première classe, moi, je le voyais comme il était, un héro prêt à tout pour les gens qui compte pour lui. Peut-être n'avait-il pas toujours les techniques d'un Superman ou même d'un Batman, mais il restait mine de rien un héro à mes yeux. Un homme des grandes occasions. Un bon gaillard pour la magicienne.

« Tu l'as dit, ce n'est pas dans ta nature, tout comme ce n'est pas dans la mienne. Nous avons toujours été comme ça. Sauvé la veuve et l'orphelin avant de nous sauver nous-même, je crois que c'est ce qui fait de nous de bon héros. C'est un sacrifice que tant de gens refuseraient de faire. » Un sacrifice qu'il avait fait et regardez où nous en sommes... À le maudire pour ça. « Mais en même, je ne peux pas dire que tu n'as pas raison, encore une fois. » J'étouffai un petit rire dans le verre que je portai à mes lèvres. Pour le moment, nous avions l'air encore en bonne état, l'alcool n'avait pas encore fait son effet. « Tu sais, je crois que tout est une question de temps, bien assez vite, nous trouverons le moyen d'être ce que nous sommes réellement, tout en laissant aussi une place pour notre vie privée. Je crois que nous pourrons le faire, mais pour le moment tout semble si dur. » Un petit vent d'optimisme, même si j'avais eu l'impression de sonner comme Bruce.

Mon verre eut à peine le temps de toucher la table que ma main s'élança dans les airs. Cette première commande avait bien passé, mais n'avait clairement pas été suffisante. Je tournai finalement la tête afin d'avoir un contact visuel avec la femme qui nous avait apporté les premiers shooters. La distance qui nous séparait n'avait pas empêché le fait qu'elle comprenne mon petit mouvement de main. « Ah bah, c'était facile. Je pourrais essayer de parler le langage des signes avec Damian, ça faciliterait peut-être les choses. » Ma remarque me fit bien rire. Il n'était pas facile à vivre, mais au fond, c'était sûrement dût à son éducation avec la ligue des assassins. Comment ne pas être sérieux après tout ça. Les nouveaux récipients arrivèrent, puis j'en soulevai un directement à mes lèvres. « Je te fais la promesse Zatanna Zatara, ici même, dans ce bar de Métropolis. Kory sera la première que j'irai voir. Je ne sais pas pour la suite des choses, mais j'irai à Star City dans les prochains jours. » Bien que j'avais ingéré une bonne quantité d'alcool, mes paroles étaient restées claires. Le restant de la bat-family pouvaient attendre encore un peu. Après tout ; Jason avait Diana et Ophélia, Barbara avait Nate, Tim semblait à fond dans ses choses et tout le reste avaient les uns les autres, en plus d'Alfred. Ils pourraient tous patienter encore quelques jours.

« Ma promesse maintenant faites, tu dois m'en faire une aussi. Arrête de te blâmer pour Terre-4. Personnes n'étaient réellement eux-mêmes. Nous avons tous été poussée à faire des choses qui ne nous représentent pas. » Mon expression n'était même pas assez forte pour décrire ce que je ressentais réellement.

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Un sacrifice. Voilà, Dick l’avait parfaitement formulé. Tous les jours, ils faisaient des sacrifices. C’était bien beau d’avoir les capacités de sauver le moindre chat coincé dans un arbre ou l’humanité toute entière tous les troisièmes mercredis du mois, mais ça avait un prix, tout ça. Et elle ne parlait pas du prix sacro-saint de la magie avec lequel elle avait déjà du mal à s’accorder, non, c’était plus que ça. Les récentes révélations dans la presse des identités de plusieurs de leurs amis communs en étaient la preuve : il fallait toujours sacrifier un truc pour sauver la veuve et l’orphelin, que ce soit sa vie sociale, ses ambitions, ses rêves de carrière, sa vie de famille, etc. Cela ne semblait pas vraiment traverser l’esprit de Joe le Plombier quand Superman passait dans le coin pour l’empêcher de se faire renverser par un camion : il avait peut-être autre chose à faire, Superman, à ce moment-là, vous voyez ? Peut-être qu’il était arrivé en retard à un dîner romantique pour sauver Joe de son camion, et c’était toujours comme ça, et ça n’en finissait pas. Et ainsi, certains d’entre eux se faisaient littéralement dévorer par ce sacerdoce. Et quant à ceux qui refuser d’être les bonnes poires de service, ils passaient pour des égocentriques sans cœur. Ce qu’ils étaient probablement un peu. Parce que malgré tout, ça avait beau être dur d’être un héros, Zee n’aurait pas pu abandonner le moindre chat dans son arbre, elle n’en était pas capable. Dick était comme elle. La conclusion de tout ça, c’est que lui comme elle, ils étaient foutus, voilà. Elle allait noyer son chagrin dans l’alcool quand Dick se permit une petite sortie optimiste sur leur avenir, ce qui la fit rire. « Le jour où tu trouves la recette miracle, fais-moi signe. » Cinquante-cinquante ? Ne sauver les gens que les lundis, mercredis, week-ends et jours fériés ? Les femmes le jour, les hommes la nuit ?

Elle approuva l’initiative de son ami quand il recommanda une tournée et lui assena une petite tape sur l’épaule quand il se moqua de Damian. « C’est son job, elle a dû comprendre qu’on était là pour durer rien qu’en nous voyant rentrer avec nos têtes d’assoiffés. Et vois Damian comme ton Everest. Le jour où tu arriveras à te le mettre dans la poche, tu seras invincible. » Il avait changé, en plus, ce petit chou. Dick et lui étaient les professeurs de combat à mains nues de Zee, mais elle pouvait sans mal choisir son préféré des deux, parce que Dick était patient et gentil avec elle, alors que Damian était insolent et n’hésitait pas à lui taper dessus avec un bâton quand elle faisait mine de vouloir juste se défendre et attendre que ça passe – sa technique favorite. Son père l’avait toujours encouragée à savoir se battre sans sa magie, et elle avait appris, mais sans jamais réellement y mettre du sien. Puis elle avait fini par trop compter sur sa magie et le payer, alors récemment, elle était venue chouiner auprès des deux frangins pour qu’ils la remettent à niveau. Avec Dick, c’étaient comme des vacances, et avec Damian, elle finissait par essayer de ne pas être une adulte de trente-cinq piges qui retient ses larmes devant un mioche. En gros. Mais malgré tout, elle savait qu’il avait changé, et elle se demandait comment il allait depuis la mort de Bruce. Il faudrait qu’elle aille le voir. Mais depuis qu’elle l’avait presque tué alors qu’elle était possédée par un démon, on pouvait dire que les relations entre eux s’étaient refroidies.

Elle s’arracha à ses sombres pensées et laissa échapper un soupir ravi à l’écoute de la promesse de Dick. Bon, il avait un peu bu, mais pas assez pour lui raconter des bêtises. Elle était tellement contente, en cette seconde, Zee, parce qu’elle savait qu’il allait tenir sa promesse. Bien sûr, ça ne voulait pas dire que tout irait bien, ou que tout serait facile, pour eux, mais c’était déjà quelque chose, non ? « Merci, Dick. J’espère vraiment que vous allez pouvoir vous retrouver, tous les deux. » En tout cas, Kory était ouverte à tout – et les fesses de Dick lui manquaient, mais ça, ce n’était pas un argument recevable. Elle baissa les yeux sur la table où leurs verres vides attendaient désespérément leurs remplaçants. Arrêter de se blâmer, elle n’était pas sûre d’y arriver. Elle ne pouvait pas fuir ce qu’elle avait fait. C’était le démon qui avait commis des choses horribles, mais avant cela, c’était bien elle qui avait permis au démon de s’incarner en elle. Elle croisa les mains sur la table sans pouvoir relever les yeux vers son ami. « Tu sais, dans ces moments-là, j’aimerais que nos parents soient encore vivants. Ou que ce ne soit pas nous, les adultes. Qu’on n’ait pas toutes ces responsabilités, et que nos erreurs nous soient automatiquement pardonnées. Mais c’est trop tard pour ça, c’est nous désormais les adultes. » Ah, c’était même Dick, le père, désormais. Elle se frotta le visage sous peine de se mettre à pleurnicher, elle le sentait. « C’est comme ça, c’est fait, et le mieux que je puisse faire, c’est ne jamais recommencer. Mais je m’en voudrai pour le restant de mes jours. Et je sais que toi aussi, tu persisteras à endosser trop de responsabilités. » Vite, de l’alcool. Elle savait qu’elle avait l’alcool joyeux – et qu’elle avait la fâcheuse tendance à foirer ses sorts les plus débiles sous l’emprise de l’alcool.

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Cette vie, elle était déjà compliquée. Associé, le monde de tous les jours et celui des héros n'avaient jamais été une tâche facile et les dernières révélations n'allaient clairement pas aider notre cause. Pendant une seconde, ma tête s'éleva par-dessus mon épaule droite, comme si soudainement, j'avais l'impression d'être observé, tout d'un coup, je me rappelais que les gens pouvaient reconnaître le visage que je dissimulais auparavant. Qui sait ce qui nous attendait réellement dans ce bar ? En fait, qui sait réellement ce que la vie attend de nous présentement ? Confronté sans cesse au nouveau vilain de la journée, maintenant, nous allions devoir vivre en ayant des yeux tout le tour de la tête. Gotham n'avait jamais été une ville sécuritaire. Elle m'avait pris mes parents, puis mon père adoptif, que voulait-elle de plus ? Le peuple allait devoir payer pour ce qu'ils avaient révélé. Nous n'avions toujours pas discuté ce sujet d'ailleurs. Je n'avais pas souvenir d'avoir vu son nom dans les manchettes, mais il n'en restait pas moins que le seul fait d'être liés de près ou de loin à l'une des personnes suffisait pour créer une véritable tornade dans une vie déjà mouvementée.

Ce que je lui demandais, c'était gros. Bien plus gros que ce que je venais de jurer de faire. Terre-4 avait été bien plus qu'une épreuve pour Zat'. Peu importe ce que j'avais vécut dans les derniers mois, rien n'était réellement comparable à ce qu'elle avait traversée. La perte de Bruce avait été dure sur ma personne, mais au moins, je pouvais encore dire que j'étais en contrôle de ma personne. Ce que j'avais entendu des événements de l'autre planète ne laissait pas croire la même chose pour la jeune magicienne. Perdre le contrôle de son corps, de son être, je ne pouvais pas imaginer pire. Vivre sous les ordres d'une autre personne sans avoir son mot à dire... Quoi que dans son cas, c'était encore pire que ça. J'avalai un surplus de salive alors que je cherchais les mots à dire à mon amie qui n'arrivait pas à lever la tête, probablement trop rongée par la honte des horreurs qui étaient arrivées. Ses paroles ne furent aucunement ceux que j'attendais, mais je ne pouvais qu'approuver une fois de plus ce qu'elle était en train de dire. À mon tour, je baissai légèrement la tête, comme si je cherchais à offrir une pensée à ceux qu'elle venait de mentionner. Elle venait de nous ramener à la réalité, et ce, avec quelques mots seulement. Nous étions désormais les adultes, les personnes responsables, ceux qui doivent servir d'exemple et pourtant, je n'avais pas l'impression d'avoir l'étoffe pour endosser ce rôle crucial. Une petite idée, une seule, qui venait potentiellement paralyser une vie toute entière.

« Mais quoi faire si jamais ce n'est plus ce dont j'ai besoin ? » Cette question, je l'avais dit à voix haute, mais j'aurais aimé mieux la garder pour moi. C'était une incertitude que je n'avais jamais osée divulguée à quiconque. Cette fois, je pourrais mettre ça sur la faute de l'alcool, mais Zatanna ne lâcherait pas le morceau. J'aurais beau faire des salto arrière en chantant, la magicienne allait tout de même avoir enregistré ce petit moment. Rapidement, je cherchais un sujet, n'importe lequel tout ce que je voulais, c'était changé de sujet. Je ne voulais pas m'éterniser sur cette phrase que je venais de prononcer. La perte de Bruce m'avait peut-être lancé dans une véritable croisade sous le masque de Nightwing, mais paradoxalement, elle m'avait aussi poussé à revoir mes envies pour ma vie. « Alors, il y a des membres de la fameuse Dark qui ont vu leurs noms sortir au grand jour ? » Je soufflais un petit coup, alors que la serveuse déposa la nouvelle tournée sur la grande table qui me séparait de ma vielle amie. Un hochement de tête et quelques billets fîmes l'affaire de la femme qui reprit le chemin qu'elle venait de faire. Je levai un verre avant de le cogner contre celui que Zatanna avait également levé. « Je sais que la tour des titans a été visée, tout comme une bonne partie de la bat-family, mais je dois t'avouer que sous le choc, je n'ai pas pris le temps de regarder la diffusion totale. Tout ce que je voulais, c'était revenir en arrière et arrêter ceux qui venaient de créer ce nouveau chaos. » Notre monde venait de subir un autre coup de masse. Mon nom avait été révélé, puis mon travail m'avait été retiré. En quelques secondes, un autre pilier de ma vie s'était écroulé au sol, comme si un boulet de canon venait de le frapper de plein fouet. « Tu vois, les révélations sont une autre raison qui me pousse à retourner là-bas, ne serait-ce que pour quelques jours. Ils n'ont pas à vivre cette épreuve seuls, tout comme tu n'as pas à la vivre seule non plus. Divulgué ou non, il n'en reste pas moins que nous sommes tous affectés par ça et le peuple devra payer pour ses actes. »

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Il y a encore quelque temps, Zee aurait lancé un regard de défi à son ami pour avoir dit une chose pareille. Elle l’aurait sermonné, au minimum, elle aurait cherché à comprendre comment il pouvait penser une chose pareille, et à le motiver, encore et encore, probablement avec des banalités un peu creuses, des clichés aussi cruels qu’ils étaient réels – oui, ils avaient un devoir à remplir, puisqu’ils avaient ces dons et ces capacités extraordinaires… Mais à présent, elle ne pouvait plus faire ça. Non seulement elle n’était plus vraiment légitime, mais en plus, elle n’était même plus d’accord avec ses propres arguments. En fait, elle était même presque reconnaissante à Dick d’avoir exprimé tout haut ce qu’il lui était arrivé de penser, voire même de murmurer, quand il n’y avait que John pour l’entendre. Elle releva les yeux pour le regarder et lui adressa un pauvre sourire. « Tu fuis quelque temps. Tu vas à Aruba ou tu restes enfermé dans ta chambre, et tu essaies de rester sourd aux appels à l’aide. Crois-moi, j’ai essayé. Mais on est humains. Au final, on finira toujours par revenir dans le jeu, même à contrecœur. C’est presque une malédiction, à ce stade. » Elle s’était d’abord cachée dans la maison magique de John, qui voguait entre les dimensions sans possibilité d’être trouvée par qui que ce soit. Puis elle avait vécu quelques semaines au fin fond d’une forêt écossaise. Et plus le temps passait, moins elle avait peur, et plus elle culpabilisait de fuir ainsi ses responsabilités. Alors oui, probablement qu’ils étaient maudits : ils avaient bon cœur, une conscience et quelques dons qui leur permettaient d’aider les autres. Alors, bien sûr qu’ils finissaient toujours par se faire avoir. Elle chassa cette culpabilité d’un geste de la main, tel le pape en train d’absoudre ce pauvre Dick de ses péchés – elle commençait à avoir bien bu, à ce stade.

Il lui fallut un minimum de concentration pour répondre à la question de Dick. Puis elle secoua doucement la tête. « On a été épargnés. Tu sais, la majorité des créatures magiques de ce monde n’ont même jamais confié leur vrai nom à leurs amis, sans parler des immortels qui en eu tellement, d’identités, qu’ils ont oublié celle sous laquelle ils sont nés. Et puis, on évolue pas mal dans l’ombre, nous. On ne se fait pas interviewer par Forbes la journée une fois qu’on a posé le costume. » Elle se moquait d’un mort, probablement qu’elle irait en enfer pour ça, mais tant pis. Quant à elle, elle était déjà un personnage public, on pouvait déjà l’insulter ou la menacer sur les réseaux sociaux comme n’importe quelle célébrité, et lui envoyer des tomates pendant ses concerts, donc ça n’aurait rien changé. Puis elle fit un peu la moue. « Je suis triste pour Billy. Captain Marvel. Ce n’est qu’un enfant… » De rage, elle goba un nouveau verre et le posa brutalement sur la table. Bon sang, comme elle le haïssait, ce Peuple, en cette seconde. Elle regarda Dick, qui lui aussi avait vu son visage et son nom étalés dans les journaux. « C’est dangereux, pour vous tous. Non, en fait, c’est dangereux pour vos proches. C’est à eux que ces tocards se sont attaqués. Ceux qui nous entourent mais qui sont de simples citoyens… Pauvre Iris… pauvre Loïs… » Au moins, si le Peuple s’attaquait à Dick, il saurait se défendre. Mais s’il s’attaquait à un proche, une grand-mère, un frère, un père, un enfant, qui n’avaient commis d’autre tort que d’être un soutien pour un héros démasqué… « Grrrr… Si tu en croises un, tabasse-le pour moi. Tu sais qu’un de ces cinglés a interrompu un spectacle que je donnais dans un bar de San Francisco ? Tu aurais vu sa tête… » Elle laissa échapper un long soupir, le coude sur la table, la joue dans la main.

« Il était terrifié. Il me regardait comme si j’étais le diable en personne. Et le pire, c’est que dans les faits, il a raison d’avoir peur. Toi, moi, n’importe lequel d’entre nous, on pourrait être les monstres qu’ils voient quand ils nous regardent… C’est à se demander ce qu’on a fait de mal pour qu’ils nous comprennent aussi peu. » Elle secoua la tête. Quelques mois plus tôt, ce type aurait eu tout à fait raison de lui sauter dessus avec sa bouteille brisée pour essayer d’avoir sa peau. C’était bien ça le cœur du problème. C’était bien plus qu’un cauchemar de relations publiques… « Mais oui, il faut qu’ils payent. Que la justice humaine se fasse, pas la nôtre, sinon ça ne fera que les conforter dans leur idée. Alors je compte sur toi, d’accord ? Avant que les procès de Salem 2.0 n’aient lieu ! » Si ça devait arriver, elle serait la première à passer au bûcher, elle !

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« Une malédiction, c'est plutôt bien décrit je trouve. » Nous étions plusieurs dans cette situation. Plusieurs a regarder droit devant, à tenter de faire ce qui est le mieux, sans pour autant prendre notre propre vie en considération. Bruce avait fait ça. Pour lui, le masque, c'était le visage de Bruce Wayne, pas celui de Batman. Une identité qu'il s'était lui-même forger suite à une promesse. La promesse qu'il avait fait sur la tombe de ses parents, quelques mots seulement, mais au combien puissant et bénéfique pour bon nombre de gens. C'est son exemple que j'avais suivi, sans même écouter ce qu'il me disait. Mon mentor n'avait jamais voulu réellement me prendre sous son aile, du moins, pas comme il l'avait fait. Il savait d'avance les occasions que j'allais possiblement raté en prenant cette décision, mais il n'en restait pas moins qu'il avait accepté mon choix, qu'il m'avait guidé, tout ça en espérant que j'obtienne une meilleure vie. Malheureusement, j'avais de la misère à croire que c'était réellement le cas. Perdu, dans mes pensées qui semblaient de plus en plus sombres après chaque petit contenant que je vidais, c'est la main de Zatanna qui me ramena à notre discussion.

Sa remarque visant les interviews, dans les magazines me fit sourire. Pendant une courte seconde, je tentai de m'imaginer n'importe quelle créature magique de ce monde en entrevue avec le pauvre journaliste qui aurait cette chance. Prendre place devant Zatanna, voir John, c'était une chose, mais ce monde, cette équipe, ce n'était pas que des John ou Zee, loin de là même. Moi, j'aurais été prêt, car je le sais, mais l'humain typique, celui qui se lève le matin, qui fait sa journée au boulot avant de revenir finir la soirée relaxe sur son divan, cette personne-là, elle n'a aucune idée des créatures qui peuplent ce monde. En ce moment, je ne pouvais qu'être heureux que la section Dark de la ligue des justiciers aille été épargnée par les révélations. Heureux pour eux, mais aussi pour nous, pour leurs proches. Toute cette histoire, elle allait nous faire virer fou, littéralement pour moi. Peut-être que c'était à cause que je n'avais pas fait suffisamment pour les contrer ? Tim m'avait pourtant prévenu, il m'avait parlé d'eux, mais dans ma tête, je n'avais eu que la cour des hiboux, que Zucco. Je soupirai un peu avant de relever la tête vers Zatanna. Mon regard était de plus en plus embrouillé, mais cette ivresse, j'en avais besoin, tout comme elle probablement. « J'ai encore de la misère à le croire celui-là. Je me console en me disant qu'il est bien entouré. La ligue ne laissera rien lui arriver. » Je pris une autre longue gorgée. « J'imagine déjà la ligue autour d'une table en train de discutée des meilleurs méthodes pour protéger ceux affectés par ce poison. » Je ne doutais pas que les grosses pointures de la ligue avaient déjà planifié un bon paquet de scénario pour assurer la protection des cibles du peuple, que ça soit les civils ou encore les autres héros.

« C'est malheureusement la nature humaine. Tu crains ce que tu ne comprends pas ou dans certains cas ce que tu envies. Les gens sont comme ça, ils ne le font pas exprès, du moins j'aime croire qu'ils ne le font pas exprès. Tout ce que tu dois retenir dans ce genre de situation, c'est que nous ne sommes pas le problème, loin de là même. Nous faisons ce que les moins chanceux n'arrivent pas à faire. » Peu importe ce que la serveuse avait mis dans nos verres, son truc ne semblait pas faire effet. Nous étions encore trop lucides et cohérents dans nos propos. « Dire qu'avant j'avais la confiance de ces gens, en partie. Ce qu'ils voyaient lorsque je marchais, c'était le flic, l'homme droit qui venait pour sauver la situation. Ils n'avaient rien à faire de ce que je faisais après, maintenant tout est différent. Je crois qu'il est déjà trop tard pour nous sauver du procès de Salem 2.0. Nous sommes vus comme les anti-christs quant au fond, nous sommes les sauveurs. »

Plus nous parlions de la situation et pire, c'était dans ma tête. L'explosion médiatique que les fuites avaient engendrée n'était même pas encore dissipée, mais il était facile de comprendre que plus rien n'allait être pareille désormais. Le peuple avait changé les règles du jeu et c'était à nous de les mettre à notre avantage, nous devions simplement trouver la façon de le faire sans empirer les choses. Un bref silence entre nous deux fut interrompu par l'ouverture des lumières. Mine de rien, le temps avait grandement avancé et l'heure de la fermeture était arrivée. Mes yeux s'abandonnèrent aux alentours. Si nous aurions pris encore plus de temps et de verres surtout, pour certains s'étaient vraiment temps que le bar ferme. Je ramenai ma tête droite devant, avant d'essayer de sortir maladroitement du banc qui m'avait accueilli. « Je ne veux pas dire n'importe quoi, mais je crois qu'une petite marche avant de voyager via Air-Zatanna me ferait peut-être du bien... Juste pour ne pas avoir besoin d'un petit sac brun, c'est par précaution. » Je n'avais pas l'habitude de vomir après avoir ingéré de l'alcool, mais je n'étais pas habitué non plus de faire des sauts magiques. Je tendis la main vers la magicienne avant de l'aider à s'extirper du siège à son tour. « À moins que tu préfères rentrer. » Dis-je en souriant bêtement. Je n'avais pas envie que cette soirée s'arrête. Elle n'avait pas été de tout repos au départ, mais au moins, nous avions réussi à rattraper un peu de temps et à mes yeux ça valait de l'or présentement.

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Elle écoutait Dick en sachant parfaitement qu’il avait raison, malgré tout, c’était frustrant à se rouler par terre. Oui, les gens étaient ce qu’ils étaient. Mais c’était comme si ce constat était gravé dans la pierre, comme si cela absolvait tout le monde. Pas besoin de changer puisqu’ils étaient « comme ça ». Depuis le temps que l’humanité se faisait sauver la vie, on aurait pu croire que les humains aient un peu évolué dans leurs réflexions sur des sujets tels que la différence. Parfois elle avait vraiment envie de les baffer, les gens. Et puis elle se souvenait qu’ils avaient raison, parfois, de les craindre. Elle se souvenait que si les gens comme Dick ou elle avaient choisi de mettre leurs dons au service de leur sauvegarde, d’autres s’en servaient pour massacrer le plus de personnes possibles. Et alors oui, cela devenait injuste et horrible – mourir, impuissant, de la main d’un être plus puissant que soi. Et puis, probablement que la majorité des gens en vérité ne se posaient pas ce genre de questions. Tout le monde n’avait qu’un objectif en se levant le matin, tenir le coup jusqu’au soir, et au passage trouver le bonheur. En gros. Malheureusement, le Peuple se montrait vraiment bruyant… « Toi, en plus, tu as vraiment choisi un métier qui fait doublon. » Elle le pointa du doigt comme un vieux pilier de bar, mais merde, ce genre de doutes qu’ils avaient, les flics normaux devaient les avoir. On s’engageait pour « faire le bien », « protéger et servir », et au final on se rendait compte que les gens étaient des raclures et qu’on était soi-même impuissant. Et en plus d’être flic, il était un héros. Bonjour la double-dose de remise en question… Elle goba un autre shooter. Elle commençait à avoir la tête lourde. Elle ricana tout bas. Le temps passait vite et bien, en compagnie de Dick et d’un peu d’alcool. Ils pouvaient toujours discuter et refaire le monde cent fois, le monde s’en fichait, lui, des deux poivrots qui se plaignaient de leur situation.

Elle cligna des yeux quand Dick annonça qu’ils devaient vider les yeux. Ah, ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas fait la fermeture des bars. Elle sentit ses joues la brûler – mais c’était peut-être l’alcool. « Oh non, j’ai plus l’âge de faire ça. J’ai vraiment pas vu le temps passer. » Elle s’exfiltra de sa table et suivit Dick dans la rue, laissant l’air frais, humide et un peu sale de la ville caresser ses joues. « Marchons. J’ai pas vraiment le choix de toute façon, je suis venue en volant. » Non pas qu’on n’avait pas le droit de boire et de voler mais elle se serait probablement crashée dans un building si elle avait essayé, là, tout de suite. Elle passa un bras sous celui de Dick, un peu quand même pour marcher droit, et ils se mirent en route. En fait, ils se volatilisèrent alors qu'elle ouvrait une nouvelle brèche spatiale, juste sous leurs pieds. Petite sensation de vide et elle crut qu'elle allait vomir sur Dick telle la lady qu'elle était, mais l'air âcre et le parfum léger de poubelles typique d'une rue sombre de Gotham la revigora. Ouaip, elle les avait ramenés à bon port par magie... Même si elle n'avait aucune idée d'où ils étaient dans Gotham, mais alors vraiment aucune. Les rues étaient vides et silencieuses, enfin pas tout à fait. Ni l’un ni l’autre, en vérité, mais il fallait connaître Gotham par cœur pour repérer sa faune nocturne, dissimulée dans les ombres des lampadaires clignotants, dans les recoins des ruelles parallèles, derrière les vitres condamnées des squats. Bruits de pas, course, chuchotements, parfois un cri, ici ou là… La ville ne dormait jamais, pas dans le bon sens du terme. « Tu sais, je repense à ce que tu disais tout à l’heure, et je crois qu’on est trop pessimistes. En fin je veux dire… pas question de me laisser juger et attacher à un bûcher, et toi non plus. C’est pas pour ça que nos parents nous ont mis au monde. » Elle disait n’importe quoi, donc elle était officiellement pompette. Pourtant elle buvait depuis longtemps – elle avait rencontré Nick et John à même pas vingt ans, après tout –, mais apparemment, boire, ce n’était pas comme le jogging, on ne devenait pas meilleur avec le temps.

Soudain, un bruit. Là encore, il fallait être né et avoir grandi à Gotham pour différencier un bruit inquiétant d’un bruit lambda. Mais même dans son état éthylique, Zee sut que quelque chose était louche. Des présences, pas loin, dans les ombres des ruelles qu’ils s’apprêtaient à croiser. Elle savait que Dick aussi les avait repérés – si elle, elle les avait captés, lui aussi. Peut-être étaient-ce ses copains de tout à l’heure qui les avaient retrouvés. Peut-être était-ce le syndicat du crime local qui ne faisait que son boulot : agresser et dépouiller les gens qui avaient le malheur de passer sur leur territoire. Ah ! Peu importait, au fond. Elle tendit le bras vers l’entrée de la ruelle où, elle le savait, au moins une personne se terrait, prête à bondir. « ertnoM-iot, sorg nwolc ! » scanda-t-elle, laissant la magie jaillir, s’enrouler autour de sa victime et le jeter à leurs pieds. Enfin, ça, c’était le plan. Au lieu de quoi, l’air devant eux se tordit dans tous les sens puis une brèche y apparut. « Uh ? Uuuuuuh ?! » Deux mains griffues jaillirent de la brèche, puis une tête, puis une épaule, et lentement, un clown s’extrait de la brèche et, comme elle l’avait exigé, se montra devant eux. Très grand, le clown. Très horrible, aussi. Du genre film d’horreur, et pas cirque du soleil. Ses dents étaient très longues et ses ongles aussi acérés que des lames. Zee laissa échapper un hoquet. « Mince… » Peut-être que cette apparition suffirait à faire fuir leurs agresseurs… enfin, s’il s’agissait d’agresseurs normaux comme ils les aimaient, et pas des assassins de la Cour des Hiboux… Le clown laissa échapper un bruit horrible et fondit sur eux et en une seconde, Zee sut ce qu’il fallait faire – kil lit with fire, il n’y avait pas d’autre solution. Elle bredouilla son sort, et la manche de Dick prit feu aussi sec.

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Dick Grayson & Zatanna Zatara

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Je pouffai un léger ricanement à son affirmation, alors qu'on trouva tant bien que mal notre chemin jusqu'à la porte du bar. « Je crois que je n'ai plus l'âge pour fermé les bars non plus. Allô le mal de tête demain au réveil. » Alfred avait de ses solutions miracle pour les lendemains de veille, mais justement ça faisait tellement longtemps que je n'en avais pas eu besoin que je me demandais si j'avais encore les secrets du vieillard en tête. Zatanna enlacé à mon bras, nous fîmes nos premiers pas dans les rues trop calme de Métropolis. Cette ville tant différente de celle qui nous avait vu grandir tous les deux, et ce, malgré tout les efforts déployés par les héros de la cité des chauves-souris. Jamais, au grand jamais les rues ne connaîtraient un calme aussi présent que dans la ville de demain. Séparer par rien d'autre qu'un très gros cours d'eau, les deux villes démontraient très bien chaque face de la même médaille. D'un côté, une ville paisible, là où il fait bon de vivre, protéger par le seul et unique Superman, ce dernier œuvrant d'ailleurs autant le jour que la nuit. Tandis que de l'autre côté, une ville rongée par le crime et l'injustice, protéger par des créatures nocturnes, camouflées dans chaque petit recoin d'ombre offert par l'obscurité des rues. Deux mondes totalement différents et pourtant un simple pont à traverser.

Je tentais de mettre un pied devant l'autre, tête baissée pour m'assurer de bien faire mes manœuvres, quand l'odeur du sang me sauta au nez. Nous n'étions plus à Métropolis, mais bien à Gotham. Son parfum était unique à travers le monde, du moins à travers les nombreuses cités que j'avais eu la chance de visité. Même Blüdhaven n'avait pas cet arôme de désespoir dans l'air. Ce n'était pas une fragrance qui s'oubliait, malheureusement. Mes pieds glissaient dans les rues de celle qui m'avait vu naître, alors que de petits bruits se firent entendre. Encore une fois, c'était le genre de petit bruit qui était propre à Gotham et ses rues sombres. Je relevai doucement la tête, tandis que mes yeux se tournerent vers les commerces qui nous entouraient. Décidément, nous n'étions pas tombés dans les meilleurs quartiers non plus, quoi qu'ils étaient de plus en plus rare. « Tout le monde est trop pessimiste par ici, ça fait partie des Gothamites. Non? Peu importe la situation, il y toujours pire qui arrive après la solution. À la longue, c'est difficile de voir la lumière parmi tant de noirceur... » Mes propos ne faisaient pas de sens, tout comme ceux de Zatanna dans le fond. Je savais par contre qu'elle ne dirait rien pour me faire remarquer que ma phrase ne tenait pas debout, du moins elle dirait rien au stade qu'elle était rendue. Il y avait un long moment que je n'avais pas été dans un état second de la sorte. En vérité, la dernière fois, c'était lors d'une confrontation avec Scarecrow, je dois avouer que les vapeurs de son gaz n'ont rien à voir avec ceux de l'alcool.

Les rues étaient déjà légèrement bruyantes, mais notre attention, déjà volatile, fut encore plus prise lorsqu'un vacarme se fit entendre en provenance d'une ruelle avoisinante. Ça pouvait être n'importe quoi qui se cachait derrière ce nouvel effet sonore. C'était l'un des côtés effrayant de Gotham. Un simple bruit pouvait être causé par une menace bien plus grande que le bruit qu'il causait. Banalement, nous fîmes basculer nos corps dans la direction du bruit, scrutant la noirceur comme si nous en avions la capacité d'en déceler la moindre couleur qui nous permettrait de finalement savoir qui se cachait dans l'ombre. J'avais trop d'expérience dans cette ville pour me laisser berner par l'idée qu'il pourrait s'agir d'un simple rat qui aurait fait tomber une poubelle. Gotham n'était pas comme ça, loin de là même. J'avais affronté trop de criminels, trop de malfrats pour espérer continuer notre marche sans une nouvelle confrontation. Est-ce encore les hiboux qui venaient faire des leurs ? Malgré l'alcool dans mon système, mon corps prit une position défensive, comme un réflexe musculaire, quelque chose qui était devenu totalement hors de mon contrôle et naturel pour moi. Zatanna prononça quelques mots, que mon cerveau refusa de comprendre pour le moment. Je n'étais pas dans l'état d'inverser ses paroles.

Avant même que je cherche à comprendre ce qui venait tout juste de se passer, une espèce de faille s'ouvrit devant mes yeux, laissant des parties de corps faire leur apparition entre nous et la ruelle qui avait laissée s'échapper le bruit. Au bout de quelques secondes, c'est un clown en entier qui prit place devant nous. « Est-il trop tard pour demander le Joker ? » Une phrase que je ne pensais pas bien sûr. Peu importe la grosseur du clown, aucun ne pouvait être aussi pire que celui qui terrorisait les rues de Gotham depuis plusieurs années. « Tu crois que nos amis dans la ruelle resteront avec nous maintenant ? » Le réflexe qui m'avait permis de prendre ma position plus tôt me revenu, mais cette fois, ce fut pour récupérer l'un des bâtons habituellement attachés dans mon dos. Perturbé par l'absence de ceux-ci, je tournai ma tête vers ma compagne, avant de lever mes bras vers elle. Zatanna avait fait disparaître mon costume et mes accessoires et elle seule pouvait me les rendre. Je bafouai quelques syllabes avant de me rendre compte de son nouveau tour de magie. L'oiseau en feu. « Zee, je prendrais bien un seau d'eau pour mon bras et mes armes pour le clown, car je ne crois pas être utile en torche. En fait j'aimerais mieux pas essayer, tu comprends. » D'un geste rapide, je retirai le chandail en feu de sur mon corps, avant d'esquiver l'une des griffes du clown, esquivant du même coup l'une des lames argenté d'un hibou. « Dick Grayson, la cour des hiboux vous condamne à la mort. » Il fallait croire que la soirée était loin d'être terminée. Déjà avec le clown, ça allait être animé. Maintenant, il fallait jumeler cette menace venue de nulle part, à celle que représentaient les assassins qui m'avaient forcé à contacter Zatanna au départ. « Tu prends le clown et je m'occupe du hibou. » Ce combat n'allait pas être très classe, surtout pas avec tout ce que nous avions ingérer. Côte-à-côte avec la magicienne, je portai une nouvelle fois ma main par-dessus mon épaule, fin prêt a combattre ce qui se dressait devant nous. « C'est quand tu veux Zatanna. » Ils nous restaient qu'à espérer que ce combat nous fassent dégriser de cette soirée alcoolisée.

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Voilà une leçon, que pour une fois, son père ne lui avait jamais enseignée : pas de magie avec trois grammes d’alcool dans le sang. Peut-être était-ce parce que ça coulait de source et qu’il n’avait même pas imaginé devoir s’abaisser à le lui dire, ou bien qu’il n’imaginait pas sa petite fille chérie se mettre un jour des caisses dans des bars mal famés avec ses amis, quoi qu’il en soit, on parlait toujours du coût de la magie, de sa dangerosité, blabla, mais jamais de ce que ça donnait, de faire de la magie pintée. Et le plus triste évidemment, dans tout ça, c’était que ce n’était pas la première fois. Elle regarda Dick, confuse, qui s’agitait pour s’exfiltrer de son pull en feu, sans comprendre ce qu’il lui demandait. Le Joker ? Un seau d’eau ? Ses armes ? Ah oui, ses armes ! Elle avait oublié. Elle se tapota de partout à la recherche de son mini sac à main sans fond, puis dut s’écarter pour éviter un coup du clown de l’horreur, et se rappela enfin que de toute façon, elle n’avait pas besoin de son sac à main. Enfoncer le bras dans sa dimension de poche pour récupérer les affaires de Dick une à une aurait pris trop de temps alors elle choisit la solution la moins fiable, la plus dangereuse, mais aussi la plus rapide, et ils étaient comme ça, eux, les héros, en situation de crise : sans peur, téméraires, tout ça tout ça. « noN aç av ertê-tuep reuqip nu uep », bredouilla-t-elle, avant de baver une autre formule. Un claquement sec retentit alors que soudain, toute la panoplie de Dick, uniforme et armes, réapparaissait directement sur lui et que ce soudain surplus de matière dans l’espace chassait violemment les molécules d’air qui l’habillaient une fraction de seconde auparavant. Honnêtement, elle n’était pas à cent pour cent certaine que ce soit bien ses affaires. Il y avait une infime chance qu’un Dick d’une autre Terre se soit soudain retrouvé à poil en plein combat, ou un Dick du passé, ou un Dick du futur, ou même un Dick d’une dimension parallèle, mais enfin, ça ferait l’affaire.

Comme elle était d’accord pour la répartition des tâches, et aussi parce que c’était un peu sa faute si le clown infernal s’en prenait à eux, elle s’envola à quelques mètres dans les airs et tournoya autour de la créature sortie d’elle-même ne savait où, attirant ainsi son attention. Boire ou voler, il fallait choisir, normalement, mais là, nécessité faisait loi. Elle était un peu embêtée parce que la meilleure solution aurait été de le renvoyer dans la dimension d’où elle l’avait arraché, sauf qu’elle n’en avait aucune idée, et le tuer ne lui plaisait pas non plus parce que si ça se trouvait, ce n’était pas parce qu’il était moche qu’il était méchant. Puis il tendit le bras vers elle si vite qu’elle ne vit qu’un mouvement flou, et ses réflexes émoussés lui permirent à peine de s’écarter à temps pour sauver sa tête, mais pas son chemisier. « Hey ! » protesta-t-elle, et en réponse, le clown lui renvoya son « hey », d’une voix légèrement déformée. Cela lui donna des frissons, et soudain elle sut d’où il venait et pourquoi il était là, après tout. Elle se permit un coup d’œil vers Dick pour voir s’il était toujours vivant. Se battre contre la Cour des hiboux était un mardi ordinaire, pour lui, sauf qu’il suffisait d’une fois, d’une seule fois, pour que les choses se passent mal et qu’ils se retrouvent tous réunis encore pour des funérailles. « Zzzzzzatana ! » s’exclama le clown et elle posa les mains sur ses oreilles, renvoyée des années en arrière, quand elle était enfant et que ce genre de créatures hantaient ses cauchemars. Sauf que quand une petite magicienne qui ne contrôlait pas ses pouvoirs rêvait de monstres, les monstres prenaient parfois corps dans la réalité. Ce clown-là était une des créatures qui avaient franchi la porte entre son imagination et la réalité, même si ça n’avait pas été le pire. Elle avait la phobie des poupées pour une excellente et très personnelle raison. Mais au moins, elle savait quoi faire.

Elle tendit la main vers trois conteneurs à poubelles sur le bord de la route. « À l’attaque, mes fidèles chevaliers ! » Les conteneurs frémirent, puis s’ébranlèrent, deux jambes de métal leur permettant de se lever tandis que deux bras leur poussaient sur les côtés. Ils s’attaquèrent au clown, et si de son point de vue d’enfant, quand à l’époque elle donnait vie à ses petits jouets de bois pour la protéger, la scène lui avait toujours parue épique, à présent, elle trouvait que c’était le combat le plus triste et à la fois le plus horrifique de sa longue carrière d’héroïne. Elle guidait ses chevaliers-poubelles comme une marionnettiste, et ils s’en sortaient plutôt bien, puis l’un d’eux se fit violemment repousser et la heurta avec la force d’un train, et elle tourbillonna dans l’air comme une feuille morte jusqu’à atterrir fesses les premières sur quelque chose d’assez mou pour ne pas qu’elle se fasse trop mal. C’était Dick. « Mince, pardon. Tu t’en sors ? » Elle se releva et se pencha sur lui mais une lame s’interposa entre eux et elle retomba en arrière avant de foudroyer le hibou du regard. « Ah, merde à la fin ! On passait une si bonne soirée jusqu’à présent !! » Et si ça, compte tenu du fait qu’ils s’étaient murgés à leur âge et qu’ils n’avaient fait que parler de mort, de deuil et de comment ils étaient vieux de toute façon, c’était une affirmation encore plus triste que le reste. Elle se releva d’un bon et d’un geste et d’une formule, déstructura complètement ses chevaliers-poubelles et ligota le clown de l’enfer avec le lasso épais de métal ainsi formé. Elle était énervée, à présent. Elle serra le poing et le métal pénétra dans le corps du clown infernal jusqu’à le découper, puis le faire éclater dans de grandes gerbes de sang qui disparurent en fumant dès qu’elles touchèrent le bitume, vu qu’il n’était pas vraiment réel. Voilà, elle espérait que Dick trouverait un final aussi impressionnant que le sien.

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Dick Grayson & Zatanna Zatara

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Je sentais mon corps lourd, une lourdeur que je n'avais plus l'habitude de composée avec. Cette soirée, nous avait fait du bien, autant à elle qu'à moi, mais maintenant, nous devions faire face à la musique. Intoxiqués par les douzaines de petits contenants que nous avions vidés, il était temps de prouver pourquoi nous étions des joueurs importants dans le grand duel du bien contre le mal. Si c'était réellement mon destin, si ma vie était faite pour être sacrifiée pour une cause plus grande que moi-même alors là, je pouvais être heureux de la façon que je la vivais. Prit d'un déséquilibre, je trouvai le moyen de reprendre position, même si cette dernière n'était pas trop avantageuse au vu de la situation, puis j'arrêtai mon regard sur les simagrées que la magicienne, c'était mis à faire. Une nouvelle phrase déconstruite de la part de mon amie, puis me voilà équipé avec un équipement assez similaire à celui que nous avions rangé avant notre petite soirée bien arrosée. Par réflexe, je fis passer mes mains sur mon corps m'assurant ainsi qu'elle ne m'avait pas retiré autre chose au passage, trouvant bien assez vite mes armes que je déployai avant que ceux-ci ne plient dans mes mains comme si le matériel n'avait pas tenu le voyage. Je pouffai de rire avant d'esquiver une attaque, m'adressant aussitôt à celle qui m'avait accompagnée toute la soirée. « Si près du but. » Je lâchai les bâtons au sol, avant de m'y retrouver à mon tour, n'ayant des yeux que pour le hibou qui se ruait vers moi, signalant le début du nouveau round.

Pour le moment, le seul indicatif que j'avais pour m'assurer du bien-être de Zatanna, c'était sa voix qui s'élevait dans la nuit et c'était bien suffisant pour l'instant. Je ne doutais pas qu'elle était capable de renvoyer son nouvel ami dans une autre dimension, loin de là même. Non, en ce moment, je doutais de ma capacité à offrir une défaite cuisante à l'Ergot devant moi. Il ne fallait pas chercher loin pour comprendre pourquoi. Chacun de ses mouvements me forçait à battre en retrait, me retrouvant plus souvent qu'à mon tour au sol. Je me félicitais quand même d'être encore en vie, mais c'était évident que sans ma mémoire musculaire et mon habitude à répéter les mêmes mouvements, nuit après nuit, j'aurais probablement une dague ornée d'un hibou entre les deux yeux en une fraction de seconde. Cette valse, je l'avais dansé assez souvent pour la connaître par cœur. Ce don que j'avais, que Bruce m'avait transmis était l'un de mes préférés. Cette façon d'analyser le coup qui allait survenir, cette façon d'être en mesure de prévoir la suite d'un combat. Incertain de mes chances, j'esquivai une autre attaque avant de m'assurer de changer les rôles. En une fraction de seconde, j'étais passé de l'agresser à l'agresseur. Mon poing craqua contre la mâchoire du Talon avant que je ne me lance dans les airs, le repoussant à l'aide de mes pieds, ceux-ci terminant leur course directement dans le ventre du hibou. Un sourire satisfait prit forme sur mon visage, avant que mes yeux ne s'éteignent pas pendant un court laps de temps. Cette performance avait été grandiose, mais ça m'avait aussi coûté un petit vertige. Le noir absolu disparu juste à temps pour que je me penchai vers l'arrière, évitant une nouvelle fois l'arme de prédilection de la cour des hiboux. Une autre esquive brillante de ma part, mais le résultat fut moins brillant lorsque je m'effondrai sur l'asphalte froid de la rue, cédant sous le corps de Zee qui venait de me rejoindre. Je tapotai rapidement mon corps suite à sa question. « Attends... Ah oui, ça va assez bien et toi avec ton ami. » J'avançai ma main vers la sienne, avant qu'une lame s'interpose entre nous. Le regard dans le visage de Zatanna me fit vite comprendre qu'elle n'était pas contente de la dernière offensive. Un centimètre à droite ou à gauche et c'était directement dans le mille après tout. Balayer par un coup de vent magique, l'Ergot disparu des parages nous offrant finalement le temps de reprendre pied. « Tu aurais dû commencer par ça non ? » Un faible rire s'échappa de ma bouche, avant qu'une dose d'adrénaline gagne mon corps. Je courus vers ma cible, décidé à mettre terme au duel qui nous incombait. Un saut vers l'Ergot me permit de lui asséner un genou dans le torse, continuant avec un combo que Bruce m'avait appris. Un petit saut vers l'arrière m'évita d'avoir le flanc percé, puis je retournai la lame vers son propriétaire, lui plantant directement dans le cou. Ce genre d'attaque, je ne pouvais pas toujours le faire, car tout comme mon mentor, je refusais de prendre une vie, mais ce n'est pas une chose que les Talons ont réellement, alors aussi bien en profiter.

Un petit regard rapide me permit de voir que tout comme moi, Zee avait réussi à sortir gagnante de son affrontement. L'adrénaline passée, je tombai sur mes genoux devant mon adversaire. « Dis Zatanna, toi aussi, tu as la tête qui tourne ? » Je me laissai tomber par en arrière, déposant ma tête au sol, plongeant mon regard dans les étoiles. « Il serait fier de toi, tu sais. Ton père serait très fier de sa petite magicienne, tout comme je suis très fier de toi. » Elle devait déjà le savoir, mais par moment ça faisait du bien de l'entendre de vive voix. « Cette soirée était vraiment magique Zat. Il faudrait le faire plus souvent et qui sait peut-être que tu pourrais m'apprendre deux ou trois tours de magie, genre comment trouver la bonne carte dans le paquet. »

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Pendant que Dick affrontait son ennemi, Zee le regardait faire en serrant les poings en même temps que les coups partaient, tel un entraîneur de foot sur le bord du terrain. Même si en vérité c'était plutôt elle qui avait l'habitude de se faire entraîner, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. Il suffisait d'une seule fois après tout. Un seul coup bien placé, une seule lame qui traversait la défense, une seule blessure plus grave que prévue, et c'était fini. Ça pouvait aller aussi vite que ça, et ce n'était pas du tout quelque chose que Zee voulait vivre là, ici, maintenant. Elle, qui n'avait qu'à parler pour obtenir le résultat qu'elle voulait, oubliait parfois que les gens qui n'étaient pas magiciens devaient se battre avec leurs seules capacités, leurs seuls poings, leurs seuls réflexes. Et ce à chaque instant de chaque heure de chaque jour. Elle frémit un peu quand Dick frappa l'Ergot au cou. Même se ce n'était pas techniquement un meurtre, ça restait une image violente. Enfin, elle sentit le soulagement l'envahir, et se laissa tomber à côté de son ami, soudain submergée par une immense fatigue. Elle laissa échapper un petit rire quand il se mit à parler de son père, en partie parce qu'elle savait que c'était vrai, que son père était fier d'elle de là où il était, et en partie parce que c'était triste. « Le tien aussi, il serait fier. Je crois que tu n'as pas trop mal tourné. » Elle ne précisa pas de quel père elle parlait, de celui qu'il avait perdu si jeune, ou de celui qu'il avait perdu quelque temps à peine auparavant, là encore trop jeune. Même si de l'avis de Zee, on n'était jamais assez vieux pour perdre ses parents.

Elle laissa échapper un soupir et leva les yeux vers le ciel, quelle aurait souhaité scintillant d'étoiles, mais on était à Gotham. L'éclairage urbain de mauvaise qualité, jaunâtre et clignotant, et la pollution ambiante, faisait peser sur la ville une chape de brume quasi invisible mais bien assez épaisse pour cacher le ciel, de jour comme de nuit. Ici, le ciel n'était jamais bleu le jour, et jamais piqueté d'étoiles la nuit, c'était comme ça. « Je t'apprendrai à tricher aux cartes si tu veux. Même si ça, c'est John qui me l'a appris, et ça n'a rien de magique. Mais je crois que le reste, Bruce te l'a déjà enseigné. » Bruce, qui avait été l'élève de Giovanni Zatara et qui avait appris tous les arts de l'escapologie. Elle était sûre que ce savoir-là, il l'avait transmis à ses enfants, vu qu'ils se fourraient toujours dans des situations où il finissaient ligotés ou enfermés. Elle s'étira. « Tu n'as plus rien à apprendre. Tu n'as plus qu'à enseigner ce que tu sais à ta fille ! » Le grand cycle de la vie ! Un peu déprimant, mais surtout, c'était là une conversation totalement aiguillée par la gueule de bois qui commençait à pointer. Finis, la sensation de planer, le petit bonheur anesthésiant que prodiguait l'alcool, il était déjà temps de passer à la caisse. Une histoire d'âge, probablement.

Elle se releva et se saisit des mains de Dick pour l'aider à se relever aussi. Pendant une seconde, elle considéra l'idée de les ramener chez eux en le téléportant, mais elle savait que ce n'était pas prudent. Un jour, elle s'était retrouvée coincée dans un monde parallèle habité par des dindons violets, en se téléportant imprudemment. Et avec le Joker, en plus. Pire voyage de sa vie, une étoile, ne recommandait pas. Alors elle se contenta de tirer son ami vers une rue un peu plus animée et de héler un taxi. C'était moins impressionnant, mais c'était beaucoup plus responsable, et si cette soirée leur avait appris un truc à tous les deux, c'était ça : ils étaient censés être responsables, maintenant. Ils étaient adultes. Les adultes qui les avaient entourés avaient disparu, et sans qu'ils s'en rendent compte, de manière insidieuse, c'était leur tour d'adulter partout où ils allaient. Même si ça pourrait attendre demain.

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