Des visages fermés. Des hommes en costumes, avec au bout de la main, une sacoche pleine de responsabilités. Des femmes, qui parlaient dans le vide, avec le pas d'une marathonienne. Une foule emprunte d'une nervosité matinale. Propre aux grandes villes cette agitation. Sanders observait cette foule. Il quittait le terminus trois. En même temps que les passagers du premier vol interne -Gotham / Métropolis. Les billets avaient liquidés le peu de ses économies. Mais le van aurait été compliqué à parquer ici. Cela lui permettait de faire l'allée-retour dans la journée.
Le bus était déjà plein à craquer. Ian se décidait pour une marche. Près de deux tours d'horloge sans avoir dormi. Un maux de tête installé. Barre en suspension sur le front. Il était fatigué. Et pourtant incapable de se reposer. Tendu par l'impatience et les questions. Une énergie étrange faisait palpiter ses muscles. Quant à son esprit, il tournait à plein régime, depuis qu'il avait reçu ce message. Échafaudant mille et une théories. Au moins arrêtait-il de penser à Jordiana.
Une inconnue, Etta Jones, lui avait écrit. Elle avait pris contact pour parler d'elle, Isabel. Très vite, le jeune homme avait flairé la piste. En jeune recrue qu'il était, il voyait des pistes partout. Quelques échanges l'avaient confirmé. Les informations données par cette femme contredisait la chronologie établie. Isabel était réapparue, ici, à Métropolis. Il y avait moins de deux ans. Cela voulait dire, qu'elle était encore en vie. A cette époque. Mais que personne ne l'avait revue ensuite. Comme toujours après chaque nouveau pas, espoir et peur, se disputaient la part du lion.
Le rendez-vous était convenu. Cinq heures encore avant l'horaire établis entre eux. Sanders s'écartait d'Hell's gate sans savoir encore où aller. Peut-être aller sur l'une des plages périphéries. Mais cela l'éloignerait de l'Ambassade. Il voulait être sur le terrain. Au cas où cette femme serait déjà dans le coin. Cette entrevue, il n'en avait pas parlé aux parents. Pas encore. C'était une façon de les protéger. En « bon » fils survivant qu’il était. Il voulait voir avant. Un faux espoir ferait plus de mal que de bien. Ils en avaient essuyés tellement déjà.
Le soleil se levait à peine sur New Troy quand Junior y entrait. Il était venu ici au printemps, pour écouter un concert. Il en avait profité, comme maintenant, pour passer dans la rue où sa sœur avait logé. Isabel avait habité ici quelques temps, avant de disparaître. Le studio était encore à son nom. Les Sanders continuaient de payer les frais. Le loyer. Ils s’obstinaient. Comme des prêtres qui entretenaient un hôtel. Ian ne disait rien. D'une certaine manière, il comprenait. C'était leur façon de la faire exister encore. Que pouvait-il dire ? Il écoutait en boucle la dernière compilation qu'elle lui avait envoyé.
En voyant un officier l'esprit du jeune homme se projetait à la GCPD. A cette heure, ils n'avaient pas encore embauches. Ça ne tarderait plus. Ils trouveraient les pâtisseries sur le bureau de Lemoine. Celle que le bleu avait déposé avant de partir. Il n'avait pas encore prévenu de son absence. Il le ferait dans quelques minutes. C'était un peu traître. Mais, cela lui permettait d'agir sans avoir à répondre à trop de questions. Il ne savait pas encore quelles réponses il donnerait.
La rue ne changeait pas. Même immeubles propres. Mêmes pavés impeccables. Cette ville était l'alter ego lumineuse de Gotham... Ian s'allumait une cigarette. Il s'installait contre un mur du côté opposé de la rue. Observant le levée de soleil sur les murs. Les ombres qui se mettaient en mouvement. Le pas d'un chat qui rentrait dans sa demeure après avoir chassé. Tout cela, pendant que la ville s'animait de plus en plus autour de lui.
A dix heures, ni tenant plus, il envoyait un message. Il disait être là. Il avait trouvé l'Ambassade de Themyscira. Il y avait un café juste en face. Il l'y attendait.
☾☾ Petite routine habituelle pour Etta qui arrive avec des petits gâteaux à l’ambassade, l’eau chaude déjà mis à bouillir par un de ses collègues qui sait qu’elle va passer la porte à son heure exacte. A son arrivée se succèdent les bisous du matin, les « Et comment va ta fille ? » « Et Andrew ? Moins de fièvre j’espère ! ». Etta connait tout des gens qui travaillent avec elle et se charge d’entretenir toujours une bonne ambiance, ayant foi en ces liens forts qui permettent de se sortir de toute situation difficile. Elle pose ses affaires dans son bureau avant de se servir un bon thé et d’aller petit déjeuner avec l’équipe, donnant les dernières nouvelles qu’elle a eu de Diana puisque celle-ci n’est pas encore revenue depuis la naissance de la petite Ophélia. Elle a tellement hâte de la voir ! L’attente avant de papouiller est horrible mais elle comprend tout à fait pourquoi Diana protège autant sa fille donc elle se contente de faire passer câlins et cadeaux par Jason quand celui-ci vient sur Metropolis. C’est toujours mieux que rien après tout. Cela fait donc quelques temps qu’elle gère l’ambassade en faisant les rendez vous importants a la place de Diana pour que les gens ne restent pas en attente depuis trop de temps et quand elle a besoin de son accord, elle fait passer le mot par Jason ou tout autre personne capable d’aller jusqu’à elle. C’est une organisation particulière mais Etta ne s’en plaint pas, être la secrétaire et amie d’une héroïne ça demande quelques ajustements pour que tout se passe bien et elle a tellement poussé son amie à profiter de son nouveau statut de maman qu’elle est bien heureuse qu’elle le fasse même si elle se doute bien que les ennuis l’ont certainement trouvé au milieu des amazones. Le problème des super héros que voulez vous… Des aimants à soucis. Ah la la…
Enfin après un bon petit déjeuner elle se pose enfin à son bureau pour faire tout l’administratif, répondre aux mails, placer les rendez vous qui sont importants, éconduire les gens qui n’ont pas tout compris à ce qu’est l’ambassade de Themyscira -Non les amazones ne feront pas une pub pour de la lingerie- et elle est plongée dans un dossier d’alliance avec le Royaume Uni quand elle entend la petite musique des sms de son téléphone. Elle s’accorde donc une pause pour le lire et est surprise de voir que le jeune homme qu’elle a contacté la veille est déjà là, il est bien pressé mais elle se doute que sa sœur a du se mettre dans des histoires louches. Elle regarde l’heure et se dit qu’elle peut bien faire sa pause maintenant car elle n’a, de toute façon, pas de rendez vous ce matin et travaillera plus tard ce soir. Ce n’est pas comme si elle a quelque chose à faire de sa soirée. Elle lui répond donc qu’elle arrive dans cinq minutes et passe par l’accueil pour signaler qu’elle a un rendez vous extérieur mais qu’elle reste joignable sur son téléphone avant de sortir de l’ambassade. Le temps est encore correct donc elle ne prend pas son manteau, se contentant de rester en robe et s’encombre juste de son sac à main comme elle a toute sa vie dedans.
Elle traverse la rue pour se rendre au café d’en face où elle est connue comme le loup blanc aussi elle va faire la bise à tout le monde avant de remarquer le jeune homme qui a rendez vous avec elle. Elle se dirige direct avec lui, un grand sourire avenant sur les lèvres, avant de lui tendre la main sur le saluer « Bonjour. Ian c’est ça ? Je suis Etta Candy » fait elle plutôt enthousiaste avant de s’approcher pour regarder les yeux du jeune homme. « C’est fou ce que vous vous ressemblez mais Isabel m’a dit que vous étiez jumeau donc c’est plutôt logique ! Mais vous avez le même regard ! » fait elle avec bonhomie en s’installant en face de lui et sortant son téléphone de son sac pour être sure d’être joignable s’il y a besoin. « Vous avez déjà commandé ? » demande t’elle avant de faire signe au barman « Tu me fais un thé Tim ? » « Avec une part de gâteau maison ? » « Bien sur je n’y résiste jamais ! » Elle se retourne alors vers Ian « Vous devriez tester c’est une tuerie » Etta et les mots qu’elle adore placer… « Alors, parlons peu mais parlons bien ! Votre sœur s’est mise dans les ennuies non ? » Comme si Etta est capable de parler peu...
CODAGE PAR AMATIS
Dernière édition par Etta Candy le Mar 2 Oct - 18:36, édité 1 fois
Attentif comme le fauve Ian scrutait la portée d’entrée du café. Il réagissait au moindre son émis par la sonnette. Jugulant les micros sursauts d’adrénaline en se rasseyant sur sa chaise. Il se sentait aussi nerveux qu’avant un premier rendez-vous amoureux. Selon son -lointain- souvenir de ce genre de choses. La dernière “relation” avait consisté à quinze jours, avec une hôtesse de l’air, sur Chicago. Ca avait été très agréable. C’était avant qu’Isabel n’ait disparu.
Ils n’avaient pas convenu d’un code précis. Ian avait oublié. Il aurait pu prendre un vêtement de couleur. Une écharpe rouge. Ou encore un accessoir, comme son vieux chapeau melon. Cadeau de sa mère, pendant un voyage à Londres. Rien de tel, il portait un jeans, un sweat. Il manquait de renverser sa chaise en se levant d’un bond pour accueillir la femme. Mrs Candy dégageait la gentillesse qu’il avait senti dans son écriture.
_ « C’est ça oui. Bonjour Etta. Et merci merci de vous êtes libérée… plus tôt. » Un sourire sincère renforçait sa poignée de main de fer. Il posait son autre main sur les leurs, pour couvrir celle de la secrétaire. Marque instantanée de respect. De reconnaissance.
_ « [color=#7f8c8d] Elle vous a parlé de moi ?’ Isa aimait rester anonyme. Au point de les effacer eux. Mrs Candy avait donc réussi à gagner sa confiance. Un élément de plus pour troubler son frère.
[/i] _ « [b] [size=11] J’en suis à mon troisième café pour être honnête. Mais je vais vous accompagner. D’ailleurs, je vous invite. » Imposait Sanders avec une autorité bienveillante.
Le barman -Tim- avait fini par déposer la cafetière sur sa table. Comprenant qu’il avait à faire à un client sous intraveineuse de caféine. Ian acquiesçait tout de suite à la remarque d’Etta. Il faisait toujours confiance aux choix des habitués. Les mieux placés pour conseiller. L'estomac était noué depuis la veille. A cause de l’impatience et du stress. Mais, il devrait bien se nourrir à un moment donné.
_ « Ce sera tout comme la dame. Merci… Tim. » L’observant s’éloigner avant de se focaliser sur Mrs Candy.
Alors, essayant de ne pas perdre sa bonhomie, Ian venait poser ses coudes sur la table. Il jouait des épaules pour se décontracter un minimum. Ce voyage matinal l’avait simplement lessivé. Par automatisme il attrapait une serviette en papier. Avoir les mains occupées. Canalyser l’énergie et la surexcitation. Ca serait plus compliqué pour les pensées.
_ « On peut le dire oui… Nous n’avons plus de nouvelle d’elle depuis avril 2014. Donc vous comprenez ma surprise quand vous m’avez donné la date de votre dernière rencontre. » Ajoutait alors Junior en fixant ses yeux gris dans ceux de sa nouvelle “meilleure amie”.
Le dossier sur la disparition d’Isabel Sanders était là. Étoffé grâce aux recherches des dernières semaines. Avec l’aide de Rylee. Junior lui était redevable pour ça. Sans son concours l’identification faciale aurait encore pris des mois.
_ « Est-ce que vous vous souvenez de la date exacte ? Et des… circonstances ? Est-ce qu’elle avait l’air d’aller bien ? » Première étape lors de l’interrogatoire d’un témoin. Poser les questions qui permettraient à la personne de se remettre dans le contexte. Ainsi réactiver les neurones de la mémoire.
Lui avait déjà de quoi écrire entre les mains. Et l'espoir haut qu'il en crevait le plafond de ce charmant café. Enfin l'enquête prenait un virement, enfin !
Etta lui offre un grand sourire tout en posant à son tour sa main sur la sienne pour lui faire comprendre que tout va bien. Le jeune homme transpire le stress, l’inquiétude, le soulagement qu’elle arrive et des tas de sentiments que la femme reçoit a deux cents pourcents tellement elle les lit dans ses yeux aussi elle se doute que cette histoire doit aller loin, elle espère juste que cette entrevue pourra l’aider à retrouver sa sœur puisqu’apparemment elle a disparu mais elle n’est guère surprise hélas. Elle finit par lui rendre ses mains et le laisse faire de même avant de se poser sur une chaise. « Oh mais c’est normal. J’ai bien compris que vous aviez besoin de réponses. » Avec toutes les questions qu’il a posé et sa volonté de débarquer aussi vite que possible pour la rencontrer il n’y a pas besoin d’être un génie pour comprendre donc ça ne sert à rien de le laisser exploser son café préféré sous l’inquiétude, autant venir lui parler. Elle commande son thé et le gâteau du jour a Tim, appréciant de voir le jeune homme en commander aussi comme ça il va manger un peu et ça lui fera du bien. « Merci beaucoup » répond t’elle a l’invitation avant de tapoter la main du jeune homme « Il faut manger vous savez c’est important. Le café c’est bien pour rester éveillé mais même si cela aiguise vos petites cellules grises, ça finit par rendre malade et là votre estomac commandera plus que votre esprit. Mauvais calcul » fait elle en hochant la tête, ne pouvant s’empêcher de se mêler de ce qui ne la regarde pas et de donner des conseils.
Elle remercie Tim quand il lui apporte son thé. « Alors reprenons. Isabel m’a parlé de vous oui. Enfin elle m’a parlé de son frère jumeau, elle vous aime beaucoup. Enfin elle ne me l’a pas dit comme ça mais je l’ai compris ainsi. » Fait-elle avec simplicité en remuant son thé après avoir mis un peu de lait dedans. « Excusez-moi » va-t-elle faire en regardant son téléphone car elle vient de recevoir un message mais elle le repose sur la table, rien d’important. « 2014 ?! C’est très loin en effet. » fait-elle surprise mais Isabel ne lui avait pas donné de détails sur ce qu’elle avait fait les dernières années après tout, elle restait souvent vague face aux questions d’Etta qui était capable d’en poser beaucoup quand elle était curieuse. Tim apporte le gâteau maison et les yeux de la femme s’illuminent parce qu’elle est très gourmande et qu’elle adore tout ça. « Si vous saviez le temps que prend ce gâteau ! J’en fais moi aussi et j’adore ça. Enfin quand il s’agit de sucré j’aime tout c’est pas compliqué » fait elle en mangeant un bout du gâteau. « Il est PAR-FAIT Tim ! » va-t-elle faire en se retournant vers l’homme qui vient de leur apporter. Il va lui faire un clin d’œil avant de reprendre ses activités et Etta va en prendre un nouveau morceau avant de regarder de nouveau Ian et de l’encourager à en mangeant un bout. « Vous aimez ? » demande t’elle curieuse en soufflant sur son thé avant de le reposer car trop chaud et parce qu’il faut qu’elle répondre aux questions.
« Hum… Nous nous sommes rencontrés ici à vrai dire. Tim m’a dit qu’il y avait une jeune femme qui cherchait un logement pour quelques soirs. Comme j’ai un appartement bien trop grand pour moi toute seule… » Le regard d’Etta va s’assombrir quelques instants à cette phrase parce qu’elle dit cela mais c’est surtout que quand on a prit l’habitude de vivre avec quelqu’un qui a disparu soudainement, même l’appartement le plus petit au monde parait immense. « … j’ai proposé à votre sœur de venir y dormir pour qu’elle ne reste pas dans la rue. Elle n’avait pas de sous pour payer mais ce n’était pas grave. » Etta gagne bien assez sa vie pour ne pas avoir besoin qu’on la paye pour quelques jours d’hébergement. Elle mange une nouvelle bouchée de gâteau. « Hum… Elle avait l’air d’aller bien oui, elle semblait surtout très engagée, par contre je ne sais pas dans quoi elle n’a jamais voulu m’en parler. » va avouer Etta en agitant sa petite cuillère comme elle fait toujours beaucoup de gestes quand elle parle. « C’était en juin 2017 si je me trompe pas. Du 24 au 30 je crois. Elle venait de Gotham si j’ai tout bien compris et y est retournée ou quelque chose dans ce genre. Je ne sais pas dans quoi elle s’était lancée mais je ne l’ai pas senti. » va faire Etta l’air un peu contrariée. « Mais votre sœur est une forte tête qui n’écoute pas vraiment les conseils ! »
Sanders souriait à Mrs Candy d'un air contrit. Conscient, qu'il ne se présentait pas avec les meilleures dispositions. Heureusement, la dame ne s'en offusquait pas. Adoptant au contraire une bienveillance dont le jeune homme ne savait que faire. Il n'était plus habitué. En fait, depuis qu'il était entré dans les forces de police, tout le monde était bourru. Entre la punk, le loup, et l'ours, la spontanéité ne faisait pas partie du paysage. Il s'y était fait. Cela faisait du bien de croiser quelqu'un d'un peu plus souriant.
_ « Vous avez raison. Je vais ralentir sur la caféine. »
Un service si rapide qu'ils eurent tout juste le temps d'introduire le sujet. Isabel. Junior regardait à peine le bon Tim. Ne touchant pas non plus à la théière d'où s'échappait de la vapeur d'eau. Scrutant son interlocutrice. Comme on contemplerait un messie. Etta devait être l'un de ces Anges, qu'ils croisaient parfois. C'était la première explication plausible dans l'esprit de Ian. Sinon, comment aurait-elle eu l'idée de le retrouver lui ? Ça ne pouvait pas être un hasard...
_ « Oui très loin. Mais ce que vous m'avez dit par téléphone indique qu'elle allait bien il y a un an. Ça c'est... un vrai soulagement. »
Baissant alors le nez sur la pâtisserie. Evitant de penser à ce lien de chair qui le rappelait à sa sœur. Au moins, ne l'avait-elle pas oublié. Il en était soulagé. Interloqué aussi. Pourquoi, mais pourquoi, ne lui avait-il pas demandé de l'aide !
_ « Oui, oui, il a l'air très bon. » Souriant, plus pour faire plaisir à la secrétaire, que par gourmandise.
Il l'avait suivie dans l'élan. Pas certain qu'il parvienne à avaler quoique ce soit, dans son état. Sentant la gentille insistance, il plongeait tout de même la cuillère dans le gâteau. Texture appétissante. Parfum alléchant. Toute une promesse de plaisir gustatif. Cela lui rappelait fugacement Yvette, la cuisinière de sa maison d'enfance. Isabel et lui passaient leur temps à courir dans ses jupons. Pour obtenir des douceurs en dehors des repas. Le souvenir lui faisait froncer les sourcils. Comment en étaient-ils arrivés ici ?
_ « Je goûterais après. Promis. »
Dés qu'Etta se mis à donner des précisions le stylo s'agitait sur le bloc-note. Comme tout ce qui rapportait à ce dossier, Sanders utilisait un langage codé. Un mélange d'anglais, d'Hindi et de latin qui ne ressemblait pas à grand chose pour un non linguiste. Une méthode protectionniste. Un peu paranoïaque aussi. Les Sanders ne sous-estimaient pas le danger. Soudain, il suspendait son geste. Il se soulevait pour prendre le porte-feuille rangé dans la poche arrière droite du jeans. Heureusement, il avait pensé à prendre un peu de liquide, en sortant de l'aéroport.
_ « J'ai... cinquante dollars. » Qu'il posait sur le téléphone de Candy. A croire que ce n'était pas négociable, là non plus. « J'irais en reprendre cinquante autres en sortant d'ici. Est-ce que cela vous irait ? » Sa jumelle. Sa responsabilité. Ce ne serait pas la première dette épongée de cette façon.
Puis, il attrapait la tasse brûlante, pour avaler une ou deux gorgées. Hydrater la gorge faisait du bien. La chaleur aussi. Junior retentait de manger le morceau de gâteau. Pour y parvenir. L'apport nutritif faisait un petit feu d'artifice dans le cerveau. Et lui redonnait lentement des couleurs plus humaines. Avant de reprendre les annotations. Avec un front plissé par la concentration. Derrière son crâne défilait la chronologie. Fin juin, c'était tard. Un peu plus d'un an, tout juste. Isabel était en bonne santé un an plus tôt.
_ « Non c'est vrai. Elle a toujours fait ce qu'elle voulait. » Ce qui avait -toujours- rendu ses proches fous. Certains plus que d'autres. Sanders ne pouvait y aller par quatre chemins. Il allait dans la direction que lui montraient les indices. « Est-ce qu'elle vous a volé des choses ? Est-ce qu'elle vous a donné l'impression d'être sous subtence ? Est-ce que vous pensez qu'elle a pu se droguer quand elle était chez vous ? »
Le jeune homme demeurait lucide. Isabel était attirée depuis longtemps par le hors limite. Avec les infos qu'il avait à sa disposition... La piste était sombre, glauque, mais c'était la piste.
_ « Est-ce qu'elle aurait évoqué un ... Vérifiant un instant ses anciennes prises de notes. « Neil ? Ou un Daniel, pendant vos conversations ? Chances minimes. Mais, ils devaient tout de même essayer. Souvent, dans ce genre d'affaire, un détail -un tout petit détail- pouvait tout faire basculer.
☾☾ Etta mange avec gourmandise le gâteau que vient de leur servir Tim, encourageant Ian à faire la même chose parce qu’il manque de couleurs ce pauvre jeune homme et même si l’inquiétude doit lui nouer l’estomac, il faut qu’il se force un peu. Elle lui sourit quand il lui répond qu’il va essayer mais qu’il est surtout heureux d’apprendre que sa sœur allait bien y’a un an et continue les questions. Quand il sort de l’argent de son porte feuille elle ouvre de grands yeux et repousse les billets. « Oh non non non jeune homme, je n’ai pas dit ça pour que vous me payez. Si vous ne voulez pas me vexer, remballez vite cela, je gagne largement assez pour m’être occupée de votre sœur et cela me faisait tout simplement plaisir. Si vous voulez vraiment aider quelqu’un à ce moment là laissez un bon pourboire à Tim qui a su me trouver pour la mettre a l’abri. Ainsi nous serons quitte » répond t’elle en lui faisant ranger ses sous parce qu’elle en compte pas les prendre et autant dire que ce n’est pas négociable. Etta est la plus adorable des femmes mais quand elle a décidé quelque chose c’est impossible de lui faire changer d’avis et ça se sent clairement dans sa façon de faire. Elle tapote sur la main du jeune homme avant de reprendre sa dégustation comme si rien ne s’était passé.
Elle le regarde prendre des notes, remarquant qu’il utilise certainement un code et ne pouvant s’empêcher d’en retenir un bout parce qu’elle est bien trop curieuse pour passer à côté avant d’avouer que sa sœur est une forte tête mais certainement comme lui puisqu’il vient de traverser le pays suite a deux sms. Mais elle comprend son inquiétude, elle remuerait la terre entière si un être cher avait des soucis. Enfin… Si elle pouvait… « Non non elle ne m’a rien volé » le rassure t’elle déjà avant de prendre plus de temps pour répondre aux restes de ses questions. « Je ne pense pas qu’elle se soit droguée chez moi et je ne pense pas qu’elle touchait à des drogues « communes » » commence t’elle en se servant une nouvelle bouchée de gâteaux avant d’agiter sa cuillère en continuant de parler. « Mais je pense qu’elle avait d’autres substances car je l’ai récupéré un soir dans un état second, une sorte de transe étrange qui ne ressemblait a rien que j’ai pu déjà voir. Je ne sais pas ce que c’était et ça n’a été qu’une fois, juste avant de partir. » rajoute t’elle. « Je suis désolée je ne pourrais pas vous aider la dessus. » Elle n’y connait pas grand-chose en drogue mais par contre elle est persuadée que ce n’est pas des drogues habituelles car elle semblait plutôt dans un état comme on peut en voir dans les films avec les indiens ou les druides, ce genre de transe étrange. « On aurait dit qu’elle voyait les esprits ou quelque chose dans ce genre. Vous voyez ce que je veux dire ? » demande t’elle se rendant compte qu’elle n’est pas très précise.
Elle souffle sur son thé avant de secouer la tête « Oh oui oui un Neil oui ! » fait elle en lui faisant signe de la main d’attendre quelques instants parce qu’elle boit une gorgée de thé mais qu’elle va continuer. « Au début j’ai pensé que c’était un harceleur parce qu’elle en parlait bizarrement, elle ne voulait pas répondre à ses sms, etc. Et puis j’ai entendu une conversation un jour et je pense plutôt qu’il essayait de la sortir de ses ennuis. » Fait-elle en réfléchissant. « Enfin je me trompe peut être mais ça y faisait penser… Et puis je l’ai rencontré ! Il est venu il y a une semaine ou deux, c’est ça qui m’a fait penser à vous envoyer un message d’ailleurs, j’ai compris qu’Isabel avait disparu. C’est fou ce qu’il vous ressemble d’ailleurs. C’est quelqu’un de votre famille aussi ? » demande t’elle par curiosité avant de rajouter. « Il cherchait Isabel, il s’est trompé d’ailleurs il l’a appelé Pearl au début. Tiens il a aussi voulu me payer pour compenser le passage de votre sœur d’ailleurs, il m’a dit qu’elle s’était mise dans les ennuis et qu’il la cherchait. Il semblait charmant en tout cas. Je dois d’ailleurs avoir encore son numéro de téléphone, je cherche ça » fait elle en prenant son téléphone pour fouiller dans toutes les photos qu’elle a partout. « Par contre Daniel… Si elle a parlé un jour au téléphone d’un Dan pour qui elle devait faire des photos mais c’est tout » fait elle en continuant de chercher. « Ah voila ! Tenez ! » va-t-elle faire en montrant la photo de son avant bras certainement où y’a marqué au feutre dans une écriture calligraphiée magnifiquement 478-989-4378. « Il m’avait dit de le joindre si j’avais des nouvelles. » Mais elle n’a aucune nouvelle et cela lui a fait penser qu’elle pourrait peut être plutôt contacter Ian, le frère d’Isabel.
_ « Un pourboire pour Tim ce sera dans ce cas. Encore Merci Etta. » Lui répétait-il, avant de ranger les deux tiers de la somme. A la vérité, cela l'arrangeait. Sanders n'était pas un très bon gérant financier.
Puis de glisser son porte-feuille à son emplacement au niveau du fessier. De toutes les façons, Ian chercherait un autre moyen pour marquer son respect à cet ange gardien. Elle n'aurait pas vraiment le choix que d'accepter. Il lui souriait l'air de rien. Avant de piocher un morceau de gâteau.
_ « Communes ? C'est à dire ? Qu'est ce que vous voulez dire par là ? » Griffonnant ce que le mot « communes » lui inspirait. De prime abord. Pour l'instant Sanders n'avait pas de contact chez les stup'. Une branche avec qui les Strike collaborait souvent ceci dit. Obtenir des données étaient plus que faisable. Ce ne serait pas le plus compliqué.
Il faisait toujours ainsi. Le brainstorming était un bon moyen pour multiplier les possibilités. Leur écueil était d'aller vers le plus évident, le plausible, sans envisager autre chose. Ou alors difficilement. Il dessinait un symbole dans le coin antérieur de la feuille. Pense-bête personnel. Lui rappelant de regarder du côté des substances ritualistes. Isa avait une passion pour les cultures ethniques. Les Amérindiens l'avaient toujours fasciné.
_ « Ce n'est pas grave. Ne vous en faite pas. Je ferais des recherches sur les trans. On verra ce que je peux trouver. » Sanders n'était pas tracassé. Aussi déterminé qu'il était. Rien ne pourrait l'arrêter. A part ce bon vieux Thanatos bien entendu. Ce qui n'était pas au programme. Ils se retrouveraient un jour. Mais plus tard, bien plus tard, une fois que la famille serait rassemblée. « Tout ce que vous me dites ce sera déjà beaucoup vous savez Etta. Alors ne vous en faites vraiment pas. »
Plutôt content d'avoir de quoi chercher. Même si cela annonçait des heures d'espionnage informatique. Sans doute Byrd serait prévenue. Une petite sécurité. Il ne le ferait pas dans le vide. Un objectif en ligne de mir. Toujours mieux que ce vide intersidéral.
_ « Peu de chances... Il vous a dit son de famille ? » Isabel n'avait peut-être pas donné le sien. Ce qui aurait été logique. « Pearl vous dites... Hum. Je note, peut-être une autre fille qu'il recherche. »
Les jumeaux, en commun accord, avaient pris le nom de jeune-fille de leur mère. Un changement à la majorité. Dont les motivations étaient très claires pour eux. Partagées par leurs parents qui plus est. Rien à voir avec le titre. La particule. Ian était fils d'un noble et d'une bourgeoise. Il en était fier. Une part de lui revendiquait cet alliage sociétal. Cependant, ce patronyme était attaché à beaucoup trop d'histoires. Alors pour le protéger, les héritiers le cachaient.
_ « Je veux bien oui. Merci. » Rétorquait-il tranquillement. Prenant le temps de marquer une phrase un peu plus longue dans le carnet. Il tournait ensuite la page.
Ses yeux gris-bleus se redressaient tout à coup.
_ « Des photos. D'accord. Elle a dit quel genre de photos ? Les avez-vous vues ? » Faisant échos aux clichés.
Les fameux, ceux qui le mettait si mal à l'aise. Qu'il avait eu peine à définir pour Byrd. L'aspect malsain qui se dégageait de ces quelques photographies était dérangeant. En tant que frère. En tant qu'homme. Ian n'aimait pas ce que cela représentait.
_ « Je vais entrer en contact avec lui. » Si quelqu'un d'autre recherchait sa sœur, Ian voulait le rencontrer. Il souriait à la dame assise face à lui. En à peine un quart d'heure elle venait de faire progresser l'enquête plus que les six derniers mois rassemblés. « On verra bien ce qu'il en ressort. Mais, c'est déjà positif. Elle n'était pas complètement isolée. »
Rassuré par cette pensée Junior posait une main sur la tasse encore chaude. Il caressait la matière doucement. Avant de saisir la hanse pour une gorgée réconfortante.
_ « Vous Etta, vous en pensez quoi ? » Bien que les filles ne se soient pas côtoyées pendant très longtemps Mrs Candy avait forcément une opinion. Sanders voulait la connaître. Avoir différents point de vues était un plus.
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