We need to talk about Kevin || Analia

We need to talk about Kevin

Plantée au pied de l’immeuble dont Analia lui avait donné l’adresse, Tefé comptait pour la troisième fois le nombre d’étages, le bec ouvert. Comme elle ne connait rien à Metropolis, elle ne s’était pas méfiée, ne s’attendant à rien de particulier, et surtout pas à ça. Comment est-ce qu’une étudiante fugitive pouvait bien habiter dans une résidence pareille ? L’immeuble était de toute évidence luxueux, les gens qui en sortaient et qui y entraient avaient tous l’air de revenir d’un shooting de Vogue et la vue depuis l’appartement d’Analia devait être assez extraordinaire. Tefé n’était pas très fan des endroits en hauteur, elle n’avait pas le vertige, mais plus elle s’éloignait de la terre et moins elle était à l’aise. Cela dit, en ville, de toute façon, avec tout ce bitume sous les pieds, elle ressentait à peine le Green, alors ça ne la changerait pas beaucoup. Bon, et maintenant quoi, elle sonnait à l’interphone ? Est-ce qu’il y avait un interphone ? En tout cas il y avait une loge avec un gardien, qui ressemblait à un accueil d’hôtel en vérité. Tefé savait déjà que si elle allait demander on aide à ce type, elle ne ferait pas illusion : son jean était déchiré, ses boots militaires à bouts ferrés avaient connu des jours meilleurs et sur son tee-shirt noir était écrit en lettres dégoulinantes, summum du bon goût : Ass up face down…, et encire, heureusement que ses cheveux cachait le reste de la phrase dans son dos. Bref, la grande classe.

Elle avait compté s’incruster par la fenêtre en arrivant, mais de toute évidence, ce n’était pas possible ici. Elle dégaina son téléphone portable et envoya un message pour prévenir qu’elle était là, plantée devant la porte. Laquelle s’ouvrit aussitôt, et Tefé en resta bouche bée, alors que ce n’était qu’une putain de porte, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. Elle traversa le hall le menton levé, sans un regard pour le type de la sécurité, qui en réalité ne la regarda pas non plus, parce que ce n’était pas non plus le Marriott, juste un bel immeuble, mais c’était la première fois que Tefé rentrait dans un bel immeuble, voilà. Toutes ses connaissances qui étaient propriétaires étaient soit des alcooliques qui vivaient dans une maison magique, soit ses parents, qui vivaient dans une cabane dans le marais, littéralement. Elle prit l’ascenseur, toqua à la porte, et quand Analia la salua, elle la salua en retour. « Je m’attendais pas du tout à ça. Il faut que tu m’expliques comment tu arrives à louer un truc pareil, à moins qu’en fuyant ARGUS, tu sois partie avec leurs sous. » Ah, ça ce serait drôle – et bien fait pour leur gueule. Elle entra dans l’appartement en s’attendant à moitié à voir Conner vautré sur le canapé la main dans le jogging et une bière dans l’autre, même si Analia lui avait promis qu’il n’était pas là, et qu’en plus, elle doutait qu’il soit du genre à boire de la bière, à porter des jogging, et même à se vautrer, dans un canapé ou ailleurs. Tefé s’amusait comme une dingue, en vérité, et elle en avait presque oublié – du moins elle faisait tout pour – la raison de sa visite, et la discussion qu’Analia et elle allaient devoir avoir.

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Heureusement que les cours étaient finis au vu du nombre de fois où je me réveillais en hurlant dans mon lit et le nombre d'heures que j'avais d'insomnie... Je devais changer les draps tous les jours au vu de la quantité de sueur que mes cauchemars m'imposaient... Revoir mon frère m'avait fait remonter tout ce que j'essayais d'oublier... La violence d'ARGUS et tout ce qui en découlait irrémédiablement. Autant dire que j'avais fréquenté plus qu'avant la base d'entraînement de mon cher papa N1... Bordel, ironie de merde, j'en plissai les lèvres. Heureusement que Téfé venait bientôt où j'allais virer dingue... Je regardais l'épais bandage autour de mon bras un instant avant de le défaire pour le brûler soigneusement. J'avais tellement forcé avec ma manipulations des ondes qu'elles avaient entaillé mon bras jusqu'à l'os. Ça faisait légèrement mal... Bordel même ma notion de douleur physique était foutue. Je frappai de toutes mes forces le mur d'un bon coup de poing et je sentis surtout mes os se briser. Moi ? Fleur de peau ? Essayez de gérer cette situation en étant hypersensible, on reparlera après. Je secouais ma main avant de regarder autour de moi, mon appartement me ressemblait un peu plus, avec beaucoup de plantes, des décorations plus colorés, un nécessaire de chat plus que gâté, j'avais récupéré celui de mon frère à la SPA et je le câlinais et papouillais beaucoup trop. Mais il m'avait manque. Je me penchais pour l'attraper alors qu'il se frottait contre moi.

" Pardon Sera Griffouille pour le bruit... On va avoir une invitée, elle s'appelle Téfé. C'est une copine à N1 et moi, tu seras sage ? "

Ronronnement. Je prenais ça pour un oui. Entre les plantes, les quelques décorations mignonnes, mais surtout des grandes photographies de la Nouvelle-Zélande, ou des posters de film du Seigneur des Anneaux... Je finissais par me sentir pas trop mal ici... Sans compter la cuisine qui j'avais équipé pour la pâtisserie et des tapis moelleux et de couleur plus pastel que j'avais mis un peu partout. Au cas où j'avais préparé la chambre d'amis pour Téfé, j'avais mis des plantes et fait le lit. Je pris mon téléphone et souris vaguement avant d'ouvrir la porte en bas, regardant un peu la ville, le chat toujours dans mes bras. Je connaissais chaque sortie de secours par coeur. Tout comme le système d'alarme. Ser Griffouille quitta mes bras pour le canapé.

On toqua et j'ouvris après juste une petite vérification par l'interphone à vidéo. Ma copine ! Je lui ouvris la porte avec un sourire, la saluant, heureuse de la voir. Merde, niveau look on était... Presque synchro, t-shirt trop grand pour moi du groupe Sabaton, avec un jean informe noir et... Bon OK j'avais craqué sur des chaussons licornes... Mais ils avaient une crinière arc-en-ciel ! Bref. Détail ! Comment ? Oh... Je fermais la porte derrière elle, scannant machinalement l'endroit.

" Oh... J'aurais aimé je toucherais jamais de salaire sur mes années de service. Non, j'ai des gènes d'Oliver Queen. Il l'a sut et a voulu que... Sa... Fille ? En quelque sorte ? Soit bien logée. Et surtout protégée. Tu peux compter en tout dix huit sorties d'urgence dans tout l'appartement. Certaines prévues. Certaines que tu peux improviser si les prévues sont bloquées. Il a pas très envie, presque autant que moi, que j'y retourne. Mais rentre je t'en pris. Tu veux boire quelque chose ? Tu feras gaffe y a un fauve sur le canapé. "

J'avais besoin de m'occuper les mains et je me dirigeais vers la cuisine pour prendre, non pas un bouquet de fleur... Quoi que de loin ça aurait put y ressembler, mais un plateau de cupcake aux goûts multiples avec des glaçages soigneusement pochés de crème pour former des fleurs. Recette maison, beaucoup moins sucrée que ce qu'on pouvait trouver sur le marché et avec beaucoup plus de fruits et de produits naturels. Je pris aussi de l'eau pour moi et ce que Téfé voulait boire. Je posais le tout sur la table basse avant de passer une main dans mes cheveux qui recommençaient à être long.

" Je te présente Ser Griffouille, Ser Griffouille je vous présente Téfé. Je l'ai récupéré à la SPA. C'était... Une demande de mon frère. Je crois qu'il... Se plaît bien ici. "

La boule de poil roula sur le dos et s'étira longuement. Je souris un peu.

" Je t'ai préparé la chambre d'amis au besoin. "

Est-ce qu'on lui disait maintenant que les draps de lit c'était un truc qu'on m'avait donné en plus ? C'était à dire un set de draps My Little Pony ? Nan. Je crois qu'on allait rien dire ! Je la laisserais découvrir si elle restait.

We need to talk about Kevin

C’était bizarre, oui, oui. Tefé n’avait pas du tout l’habitude « d’aller chez une amie ». Déjà, elle avait peu d’amis, et elle allait encore moins chez eux, et quand elle y allait, c’était plus pour squatter par terre en l’absence dudit ami, mais elle pouvait compter sur les doigts d’une main les fois où quelqu’un lui avait ouvert la porte comme ça, l’avait invitée à entrer, à faire le tour du proprio et tout ça. Tefé toisa Analia de la tête au pied et hocha la tête avec un demi-sourire. « Chouettes, les pantoufles. » C’était carrément le détail qui tue avec le reste de sa tenue que Tefé aurait totalement pu porter. Elle entra dans l’appartement en écoutant les explications d’Analia. Oliver Queen, Oliver Queen… Ce nom lui disait bien un truc, mais Tefé avait du mal à retenir les informations qui ne la concernaient pas personnellement. Et puis elle était moins intéressée par le nom de ce type que par le fait qu’il y ait un type. Parce que, Tefé aussi avait un type. Les gènes d’un mec qu’elle n’appelait pas papa, un type qu’elle ne savait toujours pas comment considérer. Elle savait que le jour viendrait où elles aborderaient le sujet des pères, avec Analia. Elles avaient trop en commun pour ne pas en parler. Mais d’abord, les priorités. Tefé goûta avec bonheur la sensation humide et terreuse de la chlorophylle sur sa langue et entendit aussi clairement que les cloches d’une église le chant des plantes qui l’accueillaient dans la pièce. Et puis, il y avait un chat. Elle se précipita sur lui et l’observa sans le toucher – elle avait trop de respect. Elle l’entendit aussi clairement que s’il lui avait parlé. T’approche pas plus. Tu pues. Cela la fit sourire, parce qu’elle savait que la bête sentait l’odeur de son chien, Mercury, sur elle. Les chats communiquaient rarement avec elle et quand ils prenaient la peine de le faire, c’était toujours par monosyllabes complètement désintéressées, comme pour se débarrasser d’un truc chiant. Jusqu’à présent, les plus longues conversations qu’elle avait eues avec un animal, ça avait été avec la poule de Layla.

Tefé se laissa tomber sur le canapé et en voyant arriver le plat de cupcakes, elle ne put pas s’en empêcher : sa main jaillit et elle s’en saisit d’un qu’elle enfourna dans sa bouche juste au cas improbable où quelqu’un ou quelque chose l’empêcherait de manger dans la minute qui suivrait. Chaque repas était peut-être le dernier, après tout. Elle mâchonna en silence pendant quelques secondes. Elle avait une chambre d’amis. En plus des cupcakes, des plantes, d’un toit sur la tête et d’un sourire sur le pas de la porte. Elle commençait à se sentir intimidée. Elle ne pensa pas à complimenter Analia pour ses cupcakes, mais elle en prit deux autres, un dans chaque main, pour leur faire un sort, ce qui en disait long. « Merci Analia. On m’a jamais reçue aussi bien, ça fait bizarre. T’es vachement… adulte. » Oui, voilà, c’était ça qu’elle ressentait, Tefé : elle se sentait comme une gosse face à une adulte. Mais c’était qu’elle savait, à présent, que sous ses airs enfantins, Analia avait déjà vécu l’équivalent de mille vies. Ça se voyait dans son regard, et probablement dans sa façon de vivre sa vie désormais. Et aussi un peu sur sa tête, là tout de suite. « C’est à cause de lui que tu es dans cet état ? » « Lui », c’était N°1, qu’elle venait d’évoquer en parlant du chat. Sa propre rencontre avec N°1 2.0 lui revint en mémoire. « Est-ce que tu l’as vu ? » Elle était prudente. Elle savait qu’Analia avait des choses à lui dire, mais c’était tout. S’étaient-ils croisés ? Tefé avait du mal à imaginer des retrouvailles paisibles, entre eux, bizarrement.

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Gosh in the shell

Klaus

J’eus un sourire quand elle me parla de mes pantoufles. Ouais. Elles étaient géniales, je n’admettais aucune critique dessus. Je haussais légèrement les épaules :

« Si tu veux je te passerais l’adresse d’où je les ai acheté. Il y en a des tas de sympa. »

J’avais craqué sur les licornes. Je la laissais entrer et s’installer en lui disant presque de faire comme chez elle. Et lui donner sûrement beaucoup trop d’information à la fois. Analia, Analia, on va se calmer un peu. Bon, visiblement, elle aimait l’ambiance et les plantes. C’était bien… Moi aussi j’aimais mes plantes et mon Ser Grifouille qui ne semblait pas du tout aimer Téfé, mais il semblait surtout être trop paresseux pour bouger tranquillement du canapé. Je m’approchais de lui pour le câliner un peu, surtout lui gratouiller derrière les oreilles.

« T’aimes ça mon chat les gratouilles ? »

Je lui embrassais le front entre les oreilles avant qu’il ne roule sur le dos pour me montrer le ventre. Gentil chat. J’avais posé le plateau de cupcake devant Téfé qui se jeta dessus. J’eus un sourire en la voyant dévorer. Elle avait l’air d’aimer en tout cas ce qu’elle mangeait. Je plissais légèrement les yeux à sa remarque. Je haussais les épaules.

« C’est facile d’être adulte quand tu n’as jamais été enfant. »

Non, vraiment, je ne me souvenais pas d’une enfance classique. On m’avait toujours traité et fait travailler comme une adulte. État ? Quel état ? Les cernes, l’air d’être malade, j’avais effectivement passé une nuit entière à vomir d’angoisse, et tout un tas de chose. J’inclinai la tête, oui, c’était à cause de lui. Je plongeais les mains dans le poil de mon chaton d’amour.

« Ouais… C’était… assez difficile à vivre tu sais ? »

Je passais une main dans mes cheveux et Ser Grifouille se colla à moi en ronronnant de toutes ses forces.

« Oui Ser Grifouille, je suis là. Oui je l’ai vu. Il y a quelque jour… Dans une ruelle à City Center, il m’a reconnu et il s’est approché de moi. C’est après qu’on ai foutu mon nom dans les journaux. Je sais que c’était lui : il a sortit des souvenirs ou des détails que lui seul peut connaître. Il se débattait contre la chose qui le contrôlait. Je l’ai prit dans mes bras ! Il m’a demandé de te trouver. Et Garreth Paeker… et Layla Cook… Il m’a demandé de l’aide ! »

J’enfouis mon visage dans la fourrure du chat en inspirant son odeur pour retenir mes larmes.

« Il souffrait tellement… Je te promets Téfé… c’était horrible… »

Je détournai les yeux pour ne pas regarder les cupcake. Ils me donnaient envie de vomir. Je regardais à nouveau Ser Grifouille.

« T’as compris qu’on parlait de ton maître ? Hein boule de poil ? C’était nul la fourrière, t’es mieux avec moi ? »

Comme-ci il pouvait me répondre… Je levai les yeux vers Téfé.

« Pardon, je parle toujours avec Ser Grifouille. C’est peut-être con… Mais j’aime bien quand même… Il est rassurant mon chevalier à poil je trouve. Il dort avec moi. »

Tout le temps. Et j’aimais bien l’avoir contre moi.

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Heh. Elle ne pouvait pas vraiment opposer quoi que ce soit à la réponse claire et sans détour d’Analia. Tefé, paradoxalement, avait eu la plus merveilleuse des enfances, jusqu’à ce que le Parlement des Arbres ne lui lave le cerveau et l’encourage à trucider des humains dès qu’elle le pouvait. Mais de sa naissance à ses huit ans, elle avait grandi à l’abri des humains, seule avec ses deux parents adorés, dans son marais, pieds nus et sans aucune règle ou convention sociale à ingérer, entourée de ses amis les bêtes et la végétation. Un vrai scénario de Disney. Sauf que bien sûr, cela avait fait d’elle une adulte totalement inadaptée, mais elle n’aurait échangé ses souvenirs d’enfance pour rien au monde. Enfant sauvage, adulte ratée, mais l’avantage, c’est qu’elle s’en fichait. Elle avait gardé de tout ça un rejet fort de l’autorité et une bougeotte contre laquelle elle ne pouvait pas lutter et qui faisait qu’elle n’avait pas de toit sur la tête et aucun ami à accueillir chez elle. Elle n’avait pas de chez elle, elle avait simplement, ici et là, quelques « chez les autres », et ça lui convenait très bien comme ça. Elle observa le manège du chat du coin de l’œil et songea avec émotion à Mercury, qui était elle ne savait où. Comme elle, son chien n’avait ni dieu ni maître, et lui faussait souvent compagnie, mais ils se retrouvaient toujours, tous les deux – les dons de Tefé aidant, évidemment.

Moi, moi, moi. ronronnait l’animal en direction d’Analia, et Tefé sourit en coin. Elle se concentra sur la conversation, puisque c’était bien ça la raison première pour laquelle elles s’étaient retrouvées toutes les deux. Visiblement, N°1 avait déjà un peu changé quand il avait croisé Analia – il avait été capable de lui parler, et surtout il avait l’air de savoir qui il était, et qui était sa sœur. La mention de Gareth et Layla lui glaça le sang, en revanche, et elle serra les poings. Ben merde, elle aurait dû les prévenir, elle aurait dû les appeler, elle aurait dû se douter que le Rythm allait s’en prendre à eux. Elle repoussa les pensées parasites et se concentra sur Ser Grifouille le temps de se calmer. « C’est pas con. Il sait très bien ce que tu lui dis. Il ne se passionne pas forcément pour tes ennuis mais tu ne parles pas dans le vent quand tu fais ça. » Elle enroula distraitement une mèche de ses cheveux autour de ses doigts. Elle l’aurait su, si Layla était morte. Elle l’aurait su, elle en était sûre. Et son père savait toujours où son amie était, et Tefé ne pouvait pas imaginer qu’il ait laissé Layla se faire trucider. Sauf s’il n’avait pas encore retrouvé la forme après son combat contre N°1… Ugh ! Et quant à Gareth… Gareth, elle ne savait pas. Elle ne savait rien de lui et soudain, cela l’emmerdait prodigieusement, mais elle ne pouvait pas imaginer qu’il se soit laissé tuer, c’était lui qui tuait les autres.

« Quand je l’ai croisé, ton frère, il m’a attaquée. Mais ce n’était plus vraiment lui. Il était contrôlé par une entité dont je n’avais jamais entendu parler. Il m’aurait tuée si mon père n’était pas intervenu. » Et il aurait tué Swamp Thing si ce dernier n’était pas virtuellement intuable… Et ça, ça en disait long sur la puissance de ce nouveau N°1. « Quand je lui ai dit ton nom il a semblé réagir un peu mais la dernière fois que je l’ai vu il semblait toujours sous l’influence du Rythm. Mais si tu me dis qu’il t’a parlée, alors peut-être qu’il a repris un peu le contrôle ? » Ouais, enfin sauf qu’Analia portait sur son visage et son corps les conséquences de sa rencontre avec son frère… « Est-ce que… Il t’a dit quelque chose d’autre à propos de Layla et Gareth ? » C’était égoïste, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. Elle se frotta le menton avant de soupirer, la tête baissée. Quel bordel que cette histoire. Et quelle ordure que le Rythm pour ne pas avoir laissé N°1 mourir en paix, pour s’être emparé de son corps martyrisé et pour lui faire subir exactement ce à quoi il avait tenté d’échapper. « Vous vous êtes battus ? Tu sais où il est ? Il reste encore un peu de lui là-dedans, c’est clair que c’est horrible, mais ça veut dire qu’il peut encore revenir. Moi aussi j’ai été contrôlée par une entité de ce genre il y a longtemps et je m’en suis sortie. » Oui, enfin, la méthode avait été atroce et elle doutait que Constantine puisse faire avec N°1 ce qu’il avait avec elle. Mais N°1 avait Analia, lui. Il n’était pas seul.

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Klaus

Je devais vraiment être dans un état mental et physique pitoyable. Colère, frustration, angoisse… Non, mais tout allait bien dans ma vie. Heureusement que j’avais Ser Grifouille et les copains pour tenir plus ou moins le rythme. Mais au moins je pouvais me confier à Téfé un peu. On semblait bien se comprendre ! C’était… pas trop mal. Et surtout N1 nous liait encore plus ! Enfin… j’aurais quand même préféré qu’on soit lié à N1 par autre chose que le fait de tenter de le sauver… Mais bon… si on était dans un roman à l‘eau de rose ça se saurait quand même fait, non ? Enfin, c’était pas le moment de construire un monde avec des « si » J’expliquais tout ce qu’il s’était passé. Et visiblement elle me trouvait pas stupide de parler à Ser Grifouille.

Que je serrais contre moi, enfouissant mon visage dans sa fourrure en écoutant Téfé raconter que mon frère l’avait attaquer… La pauvre… La réaction… pas étonnant qu’il m’ait… traqué ? En quelque sorte après avoir entendu mon nom. À quel point pouvais-je le faire revenir, ce genre de chose ? Aucune idée, mais il semblait mieux réagir quand j’étais là. Je plissais les yeux à sa question.

« Peut-être… Pas grand-chose, il a parlé d’une fosse qu’il fallait y détruire Rythme je crois… Mais en soit rien d’autre directement sur eux. Tu les connais ? »

Visiblement. Est-ce que c’était une pointe de jalousie que je pouvais entendre dans sa voix ? Sans aucun doute. Nouvelle avalanche de question… Je plissais légèrement les yeux, presque pensive.

« Pas… vraiment battu… Il luttait pour ne pas le faire justement, j’ai essayé de l’isoler pour qu’il n’attaque rien ni personne, mais je suis pas sûre que cela ait vraiment marché. Si toi tu t’en es sortie, il devrait réussir, non ? »

Je savais plus trop où j’en étais de ce côté là. Je me frottais le visage.

« En soit, est-ce que tu sais les connais ces gens ? Est-ce que tu peux les contacter d’une manière ou d’une autre ? Si on doit partir en groupe pour sauver mon frère… il va falloir s’organiser. »

Et potentiellement trouver un autre QG que mon appartement… Parce que trop de visites c’était pas bon pour mon anonymat et ma discrétion légendaire. Légendaire ouais, Ana, on avait dit qu’avec ton pouvoir c’était mort la discrétion. Je me mordis légèrement les joues avant de siffler mon verre d’eau pour regarder mon alliée.

« Je suis perdue sur ce que je dois faire, comment, avec qui… J’ai… l’impression de plus rien contrôler du tout, d’être juste… inutile et de pas pouvoir aider celui qui m’a sauvé… »

C’était compliqué d’exprimer ce que j’avais en tête… Et sur le cœur, peut-être qu’elle arriverait mieux à me comprendre que moi-même ? Je ne savais pas vraiment. Je serrais encore mon pauvre chat contre moi. J’avais peur d’être inutile et d’être un poids. Ce que j’avais clairement l’impression d’être actuellement. Juste… une putain de figurante !

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Elle ne savait pas s’il fallait trouver ça rassurant ou pas mais Analia ne semblait pas en savoir plus qu’elle, qui elle-même ne savait rien, en gros. Cela dit il y avait au moins une question à laquelle elle pouvait répondre au moins un peu. « S’il a attaqué Layla et Gareth, je pense qu’on peut affirmer sans trop se tromper que le Rythm en veut aux entités de la nature. Comment dire… Je ne sais jamais à quel point les humains en ont conscience ou pas alors je me sens un peu conne de raconter ça, mais la nature sous toutes ses formes, tout ce qui est vivant et n’est pas humain, est dotée d’une conscience. C’est une conscience collective, c’est difficile à appréhender si on n’est pas sous acides, mais disons en gros que plusieurs entités servent de conscience collective aux mondes végétal, animal, à l’eau, à la chair, même à la pourriture, aux champignons, à tout ce qui meurt et ce qui vit. » Ouais, elle avait l’impression d’expliquer le Père Noël à un adulte, elle était un peu dans le malaise, mais ensuite elle se souvint d’à qui elle s’adressait : Analia n’était pas seulement une étudiante. Elle était beaucoup plus que ça, et elle venait d’un univers tout aussi bizarre que celui de Tefé, voire même plus bizarre, puisque Tefé, au moins, elle parlait de choses naturelles présentes sur cette planète depuis toujours et pas d’expériences cheloues et contre-nature. « Enfin bref, moi je suis née de la conscience du monde végétal, et Gareth a des liens avec elle aussi, et Layla est liée au royaume des mers, des océans, des rivières et tout ce que cette planète compte de flotte et le Rythm, eh bien… Je dirais que c’est la même chose, mais pour ce qui concerne la technologie, à voir ce qu’est devenu ton frère. Et je ne pensais pas que c’était possible, un truc pareil. Normalement, il s’agit du monde de la nature et pas de l’acier et des composants électroniques. Aucun idée d’où sort le Rythm mais ça m’étonnerait pas que ce soit une création humaine, tiens. »

Sauf qu’en fait, elle n’en savait rien, eh. Elle réfléchit aux paroles d’Analia, à comment, visiblement, il restait encore un peu de l’ancien N°1 dans le nouveau N°1. C’était bon signe, quoi qu’il en soit. Tant qu’il restait un atome de celui qu’il avait été, il pouvait encore revenir. «Ces entités, elles sont très puissantes, elles peuvent imposer à leurs enfants leur volonté. L’entité des végétaux, le Green, m’a forcée à faire des trucs quand j’étais petite, ma conscience était totalement effacée, et je pense que c’est ce qui arrive à N°1. Mais moi, j’étais enfant et je n’avais aucun moyen de me défendre, alors que lui, il a l’air encore un peu là. Il t’a reconnue. Il a réagi à ta présence. C’est mon père biologique qui m’a sauvée à l’époque, et je crois que cette fois, c’est toi qui peux sauver N°1. Mais ça va peut-être demander de le… » Elle mima un acte de violence, sans aucune pitié. Oui parce que déjà, il allait falloir lui mettre la main dessus. Elle soupira. « Moi non plus je sais pas trop quoi faire. Si ce n’est, pour le moment, lui mettre la main dessus. Tu n’as aucun moyen de savoir où il est, j’imagine ? » Ah, et puis dans ses pouvoirs, elle n’avait aucun moyen d’entrer dans l’esprit de son frère, aussi ? Ce serait bien pratique. Constantine avait utilisé la magie noire sur elle, ce qui avait marché uniquement parce qu’elle était sa fille et qu’elle avait son sang dans les veines, sinon elle aurait probablement fini en enfer à cause de lui. L’autre solution, c’était de trouver le QG du Rythm, là où il cachait sa carte-mère ou elle ne savait pas quoi, mais ça, c’était impossible. Non, elle était sûre que la meilleure chance de N°1, c’était sa sœur, à la fois pour le contenir, et aussi pour le ramener. « Si on le trouvait, on pourrait le neutraliser, et ensuite, euh… improviser. » Et si ça, c’était pas un plan génial…

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Klaus

J’écoutai sagement en croisant les jambes sans rien dire. Je comprenais parfaitement l’idée, des entités naturelles surpuissantes qui étaient formées par la conscience collective. OK pas de soucis et je disais cela sans ironie aucune. J’étais une fille née de la technologie, naturelle à environ zéro pour cent. Alors… je voulais bien croire qu’il y avait une conscience naturelle qui se décomposait en chaque environnement. Pas de l’acier… J’eus un sourire triste.

« Tu parles de la fille maîtrisant les ondes de tout type. Électronique ou non. D’ailleurs j’ai de la chance à ce que Rythm ne soit pas venue me voir… Mais j’imagine qu’à force de perfectionner la technologie on a cré quelque chose ressemblant à quelque chose de naturel, comme un écosystème. »

D’ailleurs si Rythm essayait de corrompre mon esprit, est-ce que je pourrais réussir à la bloquer ? Est-ce que je pourrais résister ? Je n’en savais rien. Je l’écoutais à nouveau en plissant légèrement les yeux sans rien dire. Imposer quelque chose… Elle allait se trouver face à un gros problème. Lequel : on n’imposait rien à la personne qui m’avait libéré. Les verres tintèrent légèrement derrière moi. Les ondes… Elles répondaient à ma colère et c’était bien souvent les ondes de chocs dans ce cas. Elle avait été une marionnette de son propre père… Moi qui sortirais mon frère de là, hein ? J’en doutais… Savoir où il était ? Je secouais la tête.

« J’aimerais… J’aimerais réussir à le localiser, mais je ne peux pas m’infiltrer dans des réseaux informatiques comme ça… Enfin… je maîtrise les ondes électromagnétiques et les plus fines, mais je ne peux pas fouiller tout internet et tous les endroits du web comme ça. Et on va improviser. Mon frère peut me frapper, il ne réussira pas à me tuer, il faudrait me blesser particulièrement gravement. Et je vais apprendre à Rythm ce qu’est dominer des ondes. »

J’offris un sourire avant de me redresser un peu et de regarder le plafond.

« L’improvisation c’est que je maîtrise le mieux, tu sais ? Quand j’étais de service à ARGUS et qu’on m’envoyait parfois sur des missions, à chaque fois il m’arrivait une couille et le plan tombait à l’eau… Je compte pas le nombre de mandales que je me suis prise parce que je respectais pas leur plan… Après y a eut la camisole, le collier à choc et les drogues. Là aussi ils ont été surpris quand brusquement j’ai retourné mon pouvoir contre eux. »

Ça avait fait du dégât. Est-ce que j’en étais fière ? Pas vraiment. Mais est-ce que j’aurais fini par céder au collier à chocs ? Oui. Oui parce que ça faisait horriblement mal. Juste assez pour me faire hurler de douleur, pas assez pour me blesser gravement. Et au pire mon pouvoir de régénération était là pour me, et leur, sauver la mise. Trois verres derrières moi explosèrent et je soupirais.

« Pardon, ça c’est ma faute. Quand je suis trop énervée ou quoi… Les ondes de choc réagissent beaucoup plus fort que les autres. Depuis que j’ai quitté ARGUS, mon pouvoir s’affine de plus en plus. Je me dis que je pourrais contrôler les ondes d’un cerveau un jour… »

J’eus un sourire avant de prendre une balayette pour nettoyer le bazar que j’avais mis.

« La question maintenant… c’est est-ce qu’on a un moyen de les contacter pour monter une équipe pour aller frapper Rythm dans la bouche et lui faire comprendre qu’elle a plus intérêt à se montrer tant qu’on est là ? On est toutes des filles où il y a un mec dans le lot ? »

Histoire qu’on se marre.

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We need to talk about Kevin

Ce que disait Analia avait du sens. Même si c’était un peu tordu et malsain, à l’image de l’humanité qui était à l’origine de cette technologie et de toutes les dérives qui allaient avec. En quelque sorte, Analia en était une, de dérive. N°1 aussi. Ce n’était pas leur faute, et maintenant qu’ils étaient dans ce monde, ils avaient autant le droit d’y rester que n’importe qui. Malgré tout, c’était encore une preuve que les humains ne savaient pas s’imposaient de limites. Dans la nature, l’apparition d’une créature inadaptée à la survie ou à son milieu disparaissait rapidement. La nature faisait parfois des choses étranges, donnait parfois naissance à des monstres, mais elle reposait sur un équilibre pragmatique et, oui, sans pitié, et les choses dénaturées ne restaient pas longtemps dans le coin. La nature était nombreuse dans ses formes, quasi infinie, mais elle était aussi stricte et subjective. Alors que le Rythm… Tefé n’avait aucune idée de ce que c’était. Elle ne pouvait faire que des suppositions. Mais elle était presque sûre que Swamp Thing savait, lui. Peut-être aurait-elle dû aller lui poser la question. Cela dit, il n’était jamais certain qu’il ait envie de répondre.

En attendant, les paroles d’Analia étaient plutôt rassurantes. Tefé lui rendit son sourire. « Il faut faire le test, tu n’as pas vraiment le choix je pense. Peut-être que tu seras capable d’outrepasser la volonté du Rythm et de ramener ton frère. Si tu n’as pas été vidée, peut-être que c’est parce que le Rythm se méfie de toi. » C’était voir le verre à moitié plein, mais ça faisait sens. Il y avait chez Analia un refus de plier, une opposition catégorique à toute décision ne venant pas d’elle-même, que Tefé n’avait pas discerné chez N°1, lequel, même quand, à la fin, avait recouvré sa liberté, ne semblait pas savoir qu’en faire. Alors peut-être qu’Analia n’était pas du tout l’esclave idéal pour le Rythm, et ça, ce serait une bonne nouvelle. Elle grimaça un peu quand même en écoutant la suite de son discours, et sursauta quand les verres éclatèrent. « Faudra quand même que tu fasses attention à toi un minimum, si tu veux aider ton frère. Et puis tu crois que le moment venu tu pourras t’en prendre à lui si nécessaire ? Ce genre de volonté que le Rythm lui impose… C’est vraiment pas facile d’y échapper. Et ça va faire mal, dans tous les sens du terme. » Elle disait ça au cas où, mais elle sentait qu’Analia n’était pas du genre à se dégonfler. Il fallait la voir ramasser tranquillement les débris des verres comme si de rien n’était, comme si, même à travers ce petit signe de manque de contrôle, en réalité, elle savait parfaitement qui elle était et ce qu’elle faisait. « Je crois que tu en seras capable. En vérité j’y connais rien à la technologie, c’est vraiment ma faiblesse. Mais je crois que toi, tu pourrais foutre un coup de pied dans les circuits bien structurés du Rythm. »

Elle réfléchit à la question d’Analia, mais pas trop longtemps. « Je pense que Gareth sera introuvable, et puis c’est pas quelqu’un d’assez philanthrope pour s’attaquer à un truc comme ça. » En fait, c'était carrément un tueur en série, mais ça, c'était du détail. « Je peux essayer d’attirer leur attention mais si Layla est au fond des mers, elle ne m’entendra pas non plus. On peut déjà se mettre au boulot toi et moi. » Parce que oui, Tefé avait décidé qu’elle aiderait Analia. Pas tant N°1, qu’Analia, en fait, qui l’avait conquise. Parce qu’avec N°1, en fait, et avec le Rythm, elle avait des comptes à régler.

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Gosh in the shell

Klaus

Nous avions été esclaves si longtemps… que rien que de penser qu’une… je ne pouvais même pas dire personne !, mais cette chose jouait avec mon frère comme avec une marionnette me rendait dingue. N2 avait disparu. Et N3 ? J’imaginais que lui ne voulait pas quitter ARGUS ? Peut-être que c’était ça ? Il faudrait aussi que je retrouve N2. Vraiment. Avant N1 ? On verrait au fil de mes pérégrinations et de mes décisions. Que devenait ce frère ? On m’avait dit qu’il était parti… Mais où ? Lui aussi il fallait que je le retrouve, que je reconstruise ma famille dysfonctionnelle pour la rendre fonctionnelle. C’était aussi ça être une sœur… veillée à sa famille. Et pas parce que j’étais une fille, mais juste parce que je faisais partie d’une famille. Je plissais légèrement le nez à sa remarque. Faire le test… Je hochais la tête.

« À raison qu’elle se méfie… Au vu des nombreux tests que j’ai eu… un peu plus un peu moins. Surtout pour la bonne cause. »

Faire attention à moi… J’eus un sourire presque amusé à sa remarque. M’en prendre à lui… Je pris un tesson de verre plus grand que les autres et le regardais avec attention avant de me relever tenant le tesson entre mes doigts.

« J’ai déjà voulu tuer N1. Et c’était réciproque. Mais je serais m’imposer contre lui… puis prendre soin de moi et craindre la douleur. »

Mon sang coula légèrement quand je m’entaillais la paume avec le tesson… Et il s’arrêta presque immédiatement de couleur quand ma peau se recolla immédiatement toute seule. Je nettoyais le tesson avant de le jeter. Pas question de laisser la moindre trace de mon ADN dehors volontairement ! Et puis quoi encore. Je lui montrais ma paume avec un sourire.

« Tu vois ? Je suis solide ! Je guéris très vite. »

Je fis un large sourire sans rien rajouter avant de rire à sa remarque. Foutre un coup de pieds dans les circuits bien rangés de Rythm… Pas de soucis j’allais lui faire subir de ces trucs, elle n’était pas prête. Pas prête du tout. Mais elle allait découvrir le nom de Analia et vite comprendre que je ne plaisantais pas. Et que si tu touchais à mon frère, à mes frères, j’allais te détruire, méticuleusement. Gareth pas trouvable… On allait devoir se débrouiller sans lui… Ou du moins essayer de le contacter pour lui poser des questions.

« On va essayer de lui poser des questions au moins… S’il vient pas c’est pas grave, on trouvera peut-être quelqu’un d’autre. »

Est-ce que je lui proposais mon frère de cœur ? Connor, on allait avoir besoin de toi. Layla au fond des mers…

« Essayons quand même ça ne coûte rien, non ? Mais oui pour l’instant cherchons toutes les deux. Et au besoin je demanderais aussi de l’aide à Conner… si tu acceptes bien sûr. »

Je lui offris un petit sourire en finissant soigneusement de tout ranger.

« Tu veux dormir ici ce soir ? »

Savoir si je devais préparer ou non un repas pour deux.

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We need to talk about Kevin

Wololoooooo, il fallait voir la plaie d’Analia se refermer comme si de rien n’était. Tefé répondit au sourire de l’étudiante par exactement le même sourire. Elles étaient pareilles, toutes les deux. Tefé non plus n’avait pas peur de se faire mal, même si elle évitait toujours quand c’était possible parce qu’elle n’aimait pas ça non plus, fallait pas exagérer. Mais elle ne craignait pas de se salir quand il le fallait, et tout comme Analia, elle guérissait plus vite qu’un humain, tout simplement parce qu’elle n’était pas tout à fait humaine. En fait, à ses yeux, il fallait voir les choses dans l’autre sens : elle était plus faible que la plupart des élémentaires de la nature, et non pas plus forte que la plupart des humains. Elle guérissait moins vite et moins bien que la plupart des créatures de la nature, et non pas plus vite et mieux que les humains. Parce qu’elle n’était pas tout à fait élémentaire, parce qu’elle avait en elle ce qu’elle considérait comme une faiblesse et même une souillure : du sang humain. Probablement qu’un psy lui aurait dit que c’était à cause de son dégoût de ces caractéristiques humaines qu’elle avait une mauvaise relation avec sa mère. C’état la faute de cette dernière après tout, si elle avait cette apparence-là, si elle ressemblait si peu à son père adoré. Bref, Analia n’avait pas l’air effrayée le moins du monde à la perspective de devoir cogner sur son frère, comme si pour eux, c’était un mardi ordinaire, et Tefé hocha la tête de satisfaction.

Puis le nom de Conner déboula dans la conversation et elle remua un peu sur le canapé, gênée. En vérité elle n’avait rien contre le fait que Conner vienne les aider, n’importe qui aurait voulu que le fils un peu raté de Superman participe à la fiesta, parce que ça pouvait vouloir dire qu’il règlerait le problème tout seul pendant que Tefé n’aurait qu’à boire des tequilas sur le bord du terrain. C’est qu’il était fort et indestructible, Conner… sauf qu’il n’était pas immunisé contre la langue de serpent de Tefé, ce qui fait que la dernière fois qu’ils s’étaient croisées, elle lui avait du mal, pour de vrai, même si elle ne savait pas vraiment comment et pourquoi. Et si elle était encore un peu mal à l’aise avec cet épisode, elle se doutait que lui, et sa conscience aussi encombrante qu’un parpaing, devait s’en vouloir encore plus, vu qu’il avait failli la couper en deux avec son rayon laser super cool mais super pas pratique. « C’est un bon plan, si Conner peut nous aider. Je vois pas trop ce que ton frère pourra faire contre lui s’ils devaient se taper dessus. » Là encore, elle parlait un peu prudemment, mais Analia lui avait clairement fait comprendre que discuter de comment ils comptaient mettre une raclée à N°1 ne la dérangeait pas plus que ça, alors…

« Mais je sais pas s’il voudra venir si je suis là. On s’est disputés un peu la dernière fois qu’on s’est vus. » Même s’ils s’étaient quittés en bon terme, Tefé sentait bien qu’elle s’était approchée dangereusement de cette limite qu’elle aimait bien approcher. Tout en parlant, elle s’allongea sur le canapé, serrant un des coussins contre elle, répondant ainsi sans le dire à haute voix à la question d’Analia : un toit au-dessus de la tête cette nuit d’octobre ? Elle ne dirait pas non ! « Vous êtes copains, tous les deux ? Entre enfants-bocaux et tout ça ? » Okay, c’était hyper malpoli comme façon de le dire, mais c’était exactement ça que Tefé voulait dire. Analia et Conner avait un sacré point commun, et pas grand-monde sur terre qui puisse comprendre ce qu’ils avaient vécu, à part d’autres personnes comme eux, alors…

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Gosh in the shell

Klaus

C’était parfois étrange de se dire qu’entre nous on se mettait sur la gueule joyeusement et que cela ne me dérangeait nullement d’aller casser la gueule de mon frère. Surtout que c’était pour la bonne cause après tout ! Mais c’était autre chose ! J’avais pas forcément… l’envie ou la capacité pour l’instant, de raconter mon enfance et tout cela. Non, vraiment pas… Cela pouvait faire remonter tant de mauvais souvenir que j’avais pas spécialement envie de refaire des cauchemars alors que pour l’instant je dormais pas si mal après tout. Disons que je n’avais jamais trop bien dormis… alors un peu plus un peu moins. Mais disons que pour l’instant les cauchemars étaient moins récurant. On allait pas trop s’en plaindre.

Je haussais un sourcil à sa remarque avant de sourire un peu, amusée, les deux ensembles devaient donner un sacré cocktail explosif. Mais c’était amusant quand même de les imaginer ensembles. Ouais non… j’avais pas envie de gérer une explosion nucléaire après tout ! Les deux ensembles… Ce qu’ils pourraient faire… Qu’est-ce qu’ils avaient foutu ensembles pour vouloir se décoller mutuellement la tête l’un l’autre ? Je secouais la tête avec un petit sourire en coin.

« Je connais pas ses nouveaux pouvoirs ! Mais au pire je peux toujours tenter de booster son pouvoir avec mes ondes lumineuses ! »

Parce que le Connor il avait besoin de lumière pour que ses pouvoirs soient au top ! Et moi c’était ma spécialité les ondes lumineuses. Enfin, pas du tout. J’avais des dizaines de types d’ondes à maîtriser et dominer. Mais les ondes lumineuses… c’était l’une des plus basiques pour moi ! Comme sonore et ondes de choc. Le trio gagnant souvent ! Je plissai les yeux :

« Disputé ? Comme c’est étrange ! Toi qui à l’air si calme. »

Je la regardais rouler sur le dos avant d’attraper un oreiller et de poser une question bien particulière. Je soupirais un peu avant de finir de ranger mes affaires.

« Plus ou moins. C’était le vilain petit canard arrivé après nous, N1 pouvait pas le blairer parce que c’était un électron libre. Et qu’il était vachement… proche de moi. Et que ça lui plaisait pas. Comportement de grand-frère quoi… Ça c’était bien passé sinon. Et quand il s’est tiré en faisant un sacré bordel il a voulu que je vienne… J’ai pas eu le courage. Puis… on s’est retrouvés sur Terre IV, il m’a proposé de me sortir d’ARGUS, j’ai dit qu’il allait pas qu’il s’approche ! Et quand je me suis tirée d’ARGUS il a manqué de me tirer les oreilles parce que je lui avais rien dit ! Puis voilà… Il veille sur moi. Je vais faire à manger. »

Nouilles végétariennes. Ça ira très bien. Je finis de tout nettoyer le goûter avant de me mettre à cuisiner tranquillement.

« T’as la douche là-bas, et ta chambre est par là. Et si t’as besoin de fringues, cherche dans ma chambre. »

Je lui offris un sourire avant de finir de couper les légumes et de commencer à les faire cuire.

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We need to talk about Kevin

Tefé n'osa pas demander si par « nouveaux pouvoirs », Analia parlait des rayons laser que Conner pouvait faire jaillir de ses yeux. Cette seule pensée provoqua une démangeaison sur sa clavicule, la où une cicatrice témoignait encore de sa dernière petite virée avec le fils de Superman. Naaaaan, même pas en rêve elle aurait le courage de lui faire face à nouveau, pas avant dix ou quinze ans, en tout cas. Encore que si Analia était là, peut-être que ça se passerait bien. Surtout qu'ils avaient l'air proches. Ils avaient connu la séquestration ensemble, a priori, un peu comme Tefé elle-même, sauf que pour elle, ça n'avait duré que quelques jours, avant qu'elle profite d'une superbe opportunité pour se barrer. Elle ne savait pas alors qu'à l'époque, Analia n'était pas loin, et N°1 également. Le monde était petit, on le disait toujours. Elle écoutait la jeune femme et se grattait la joue en lisant tout naturelle entre les lignes. Ce n'était pas son point fort, à Tefé, de capter les sous-entendus, c'était pour ça qu'elle trouvait les conversations avec les humains extrêmement fatigantes. Est-ce qu'il fallait comprendre que Conner et Analia étaient, ou avaient été un couple ? Au fond elle s'en fichait et elle considérait que ça ne la regardait pas, en revanche l'idée d'un N°1 en mode grand-frère protecteur, ça, c'était autre chose.

« J'ai du mal à imaginer ton frère énervé pour une raison pareille. Ou énervé tout court, d'ailleurs. Enfin, avant. » Oui, parce que le N°1 2.0, la nouvelle version, était vachement énervée, pour le coup. Elle soupira d'aise en sachant qu'elle dormirait au chaud et le ventre plein ce soir. Et une douche ! Cela la changerait des étangs et des ruisseaux. Elle prit Analia au mot et fila sous la douche brûlante avant de lui piquer un tee-short et un jean et de revenir se vautrer sur le canapé. Analia cuisinait et ça commençait à sentir bon - elle était franchement plus mature que Tefé, qui n'avait jamais fait la cuisine de sa vie. L'élémentaire ferma les yeux et se laissa gagner par une léthargie rare chez elle, qui était sans cesse sur le qui-vive et laissait rarement tomber ses défenses. Eh bien, N°1 et le Rythm pouvait attendre encore quelque temps, non ? Juste le temps de profiter de cet instant de félicité.

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