Wild wild lands [PV Teth Adam]

Wild wild lands

Coast City ravagée, des milliers de morts suite à la chute du vaisseau de Brainiac, dans le sillon de cette catastrophe, les choses s'étaient envenimées car un nouveau pouvoir était apparu, décidé à mener la vie dure aux meta-humains, chaque jour le monde devenait un peu plus sombre. Difficile de rester positif au milieu de tout ça, mais Billy avait décidé de ne pas perdre espoir, dans un monde qui semblait à chaque fois un peu plus au bord de la crise mondiale, il voulait croire que tout pouvait s'améliorer comme Superman le lui avait dit, Black Adam avait lancé toute sa force contre Brainiac après tout, il les avait aidé, il avait finit par comprendre qu'il devait sans doute lui laisser sa chance, une vraie chance. Plus il avait du temps pour y penser, plus la prophétie des septs gardiens le tirailler, si Teth avait changé de panthéon protecteur, c'était bel et bien la magie du sorcier qui l'imprégnait dans chaque fibre de son être, il avait longtemps cherché la réponse, mais même les livres les plus anciens et les plus obscurs ne lui apprenait rien. Le vieux sorcier avait emporté bien des secrets dans sa tombe, quand il regardait son bâton exposé sur un présentoir dans la salle des gardiens, là ou les 7 trônes attendaient leurs champions, le Roc avait toujours été un lieu de garnison, destiné à protéger 7 mondes, un lieu de jonction pour que 7 champions s'allient dans un but commun, il n'avait jamais trouvé ce 7éme membre, si chacun de ses frère et sœur avait une place, ils n'étaient que 6, il avait espéré au fond de lui que Zatanna soit la dernière pièce du puzzle, mais le siège l'avait rejetée, elle était un conduit potentiel, mais sûrement pas un gardien, son âme rejetait en partie cette forme de magie pour une raison ou une autre. Adam s'imposait de plus en plus comme le candidat manquant, l'idée était de plus en plus évidente pour lui. Tous étaient unis pas un serment envers le sorcier, l'acceptation d'une tâche, des objectifs communs, Billy était forcé de reconnaître ce simple fait.

Mais pardonner Adam était loin d'être évident pour lui, si il ne voyait plus en lui le tueur de ses parents, seulement un produit presque involontaire de ce sacrifice, il savait qu'au fond de la forme musclée, sous la magie, un criminel se cachait, le vrai responsable, un sort peu enviable car il était prisonnier d'un autre homme, écrasé par la volonté infinie de son ancêtre qui avait pris le volant. Sa némésis d'hier et allié presque improbable d'aujourd'hui était un symbole de tout ce qu'il avait perdu à jamais, de ce qu'aucune puissance bénéfique sur terre ne pourrait lui ramener. Un deuil rendu difficile par le fait qu'il était le seul à vouloir donner sa chance au champion noir. Mary et lui s'étaient disputés à ce sujet et Freddy passait son temps à lui dire d'être prudent, les autres se souvenaient de leurs rares escarmouches avec lui, les cicatrices étaient réelles, le précédent lourd, mais là encore Billy voulait croire que cela allait s'arranger, il voulait croire qu'il pouvait enfin pardonner à Adam son rôle dans la mort de ses parents, qu'il pouvait accorder sa confiance à celui qui était son opposé naturel, que quelque part, l'équilibre pouvait naître. C'était la prophétie qui commandait ainsi après tout non? Il avait convenu de laisser Adam continuer de reprendre pied dans le roc. Un sujet sensible car c'était un tabou important que d'annuler les sorts du vieux sorcier, le Shazam originel, mais Billy était déterminé à tester sa théorie, à faire un pas dans l'inconnu, à prendre le risque. Après tout, si ça tournait mal, il n'aurait qu'à en assumer les conséquences et tout faire pour régler les dégâts. La dernière fois c'était la salle des portes et tout ce qui pouvait contenir un artefact, aujourd'hui il avait décidé de lui redonner accès à l'intégralité du Roc, du premier au dernier niveau. Après tout, si il voulait un septième gardien, il devrait lui donner les mêmes droits que les autres, tous étaient égaux ici. Ce que la voix lui avait dit au Duat lui revenait en mémoire "Que vaut le pouvoir, si on ne peut pas le partager?".

Il connaissait la réponse, il espérait que Adam aussi pourrait apprendre cette leçon, lui qui lui en avait déjà tant appris sur leurs pouvoirs. Il n'avait pas arrêté de le voir après tout, si il évitait de reproduire leur accrochage récent au dessus du Kahndaq, un évènement définitivement ancré dans un passé qu'il ne souhaitait pas revivre, il le voyait de temps à autre au Roc et il lui avait donc fait part d'une idée qu'il avait eut. Les septs royaumes étaient reliés à la forteresse par un système de tramway, un système désactivé depuis que lui et les autres avaient eut quelques mauvaises expériences là-bas. Si maintenant un tigre magique traînait dans leur sous-sol, il estimait qu'il était de leur devoir de renouer des liens entre le roc et les autres mondes trop longtemps négligés, de réaffirmer la protection des gardiens. Et le premier monde qu'il voulait justement voir était les wildlands, faire un peu d'observation avant de décider d'une course d'action? Tawny lui avait donné quelques informations sur ce monde, sorte de Zootopia à la sauce Orwell, un endroit ou tous les animaux sont égaux, mais certains plus que les autres. Debout dans la salle du tramway, observant ce qui ressemblait à une antiquité en terme de transport commun, il attendait celui qui l'accompagnerait dans cette mission : Black Adam.

Codage par Libella sur Graphiorum réarrangé pour usage personnel

Le Roc de l’Eternité. Depuis combien de temps Adam n’avait-il pu en franchir les portails en toute liberté ? La chute remontait déjà à plusieurs millénaires, et le Roc avait été tout à tour prison, ennemi, lieu de transit, lieu de questionnements ; et aujourd’hui, peut-être, lieu de renouveau. Après toutes ces années de guerre et de conflit opposant les deux champions du Sorcier, Billy avait consenti à rétablir ses droits en ces lieux, à lever les sceaux et sortilèges qui lui en barraient jusque-là l’accès. Un véritable défi à l’adresse de Shazam lui-même, quelque part, et une ironie qui n’était pas sans déplaire à Black Adam ; mais surtout, une prise de risque incommensurable pour le jeune Batson, qui continuait de le surprendre alors même qu’il avançait dans le Roc, s’attendant presque à se faire bondir dessus par un piège ou un autre après que Billy ait changé d’avis. Mais non – aucune résistance magique ne s’oppose à sa présence. Mieux encore, il lui semblait que l’énergie magique de lieux se mêlait à la sienne, la reconnaissait ; la foudre appelant à la foudre, le Roc appelant à son ancien protecteur sans chercher à faire la distinction avec le nouveau. La rivalité n’existait que parce qu’ils avaient tenu à se placer en opposition l’un avec l’autre, parce que les machinations du Sorcier et la rancœur dévorante d’Adam les avaient poussés de concert dans cette voie. Le Roc, la magie, eux, n’avaient que faire de leurs querelles passées, présentes, ou futures.

Les entrées au Roc de l’Eternité étaient nombreuses, quand bien même toutes admirablement gardées – celle du tramway était sans doute celle avec laquelle Adam était le moins familier. C’est donc avec une pointe de curiosité mâtinée de scepticisme (la modernité s’était donc frayée un chemin jusqu’ici) qu’il se posa dans la station, ou dans le simulacre de station, faisant quelques pas en observant son nouvel environnement et non sans sentir le regard de Billy posé sur lui. « Cet endroit a bien changé, depuis mon temps. » commenta-t-il sobrement – avec l’enthousiasme que Billy, désormais, lui connaissait bien. C’est-à-dire quasi-inexistant. De quoi Freddy Freeman l’avait-il qualifié, déjà ? Ah oui – vieux rabat-joie. Adam se désintéressa du décor pour reporter son regard sombre et ombrageux sur Billy. Son rival – avec qui, pourtant, les relations n’avaient jamais aussi au beau fixe, c’est-à-dire qu’ils arrivaient à se tenir dans la même pièce sans échanger de volées de coups ou d’insultes. Mieux que ça, si Billy savait se montrer observateur, il n’aurait aucune difficulté à déceler la pointe de reconnaissance dans les yeux de son prédécesseur ; une sérénité qui remplaçait l’hostilité qui l’avait longtemps rongé, et à laquelle il voulait bien, désormais, tenter de renoncer. « Quel plaisir de constater que tes frères et sœurs n’ont pas encore ravagé le Roc. Peut-être y a-t-il finalement de l’espoir pour vous tous. » Sans doute Adam avait-il encore du travail dans le domaine de l’humour, mais si Salomon valait Zehuti, il n’aurait aucun mal à souffler à son champion qu’il fallait peut-être imputer ce trait d’esprit à la maladresse d’un homme qui avait perdu l’habitude de ne pas se trouver en présence d’ennemis.

« Tu as l’air de bien te porter. » commenta-t-il, presque surpris – avant d’ajouter, comme pris en flagrant délit de souci d’autrui : « Après ce qu’il s’est passé à Central City et à Coast City, je ne m’attendais pas à ce que tu reprennes du service de sitôt. » C’était vrai. Billy restait un adolescent ; mais un adolescent plus persévérant qu’il ne l’avait pensé, visiblement. Quant à lui, il n’avait évidemment pas pris de vacances – la protection du Kahndaq restait son unique priorité, et la crise qui régnait en maître depuis ne lui laissait guère le temps de vaquer à d’autres occupations. Seuls Billy et le Roc avaient été motivations assez puissantes pour l’arracher temporairement à son royaume. « Ton message mentionnait les Wildlands. Tu as donc l’intention d’explorer les Sept Royaumes ? » demanda-t-il, curieux, et pour une fois, sans jugement ni reproche dans la voix. Les événements récents avaient réellement bousculé leurs habitudes – et les repères de l’ancien champion. Visiblement, ils avaient peut-être bousculé ceux de Billy aussi. Leur dernière rencontre seul à seul ne lui avait pas laissé un goût de réussite dans la bouche ; et avait prouvé que le fantôme de Theo Adam, aussi distant soit-il, savait se faire encore bien présent. Endormi, écrasé par la personnalité et le pouvoir de son ancêtre… mais toujours là, endormi sous la roche, et l’influence encore palpitante pour le garçon à qui il avait tout arraché.



 

AVENGEDINCHAINS

Wild wild lands

La figure imposante de celui qui était son ennemi naturel portait avec lui cette aura si particulière, cette aura de puissance, de confiance, d'autorité. Dès leur première rencontre, avant même qu'il n'échangent leurs premiers coups des années auparavant, Billy avait toujours sut une chose sur Adam, c'était qu'il était une personne impressionnante, une présence qui n'était qu'à moitié due à l'énergie divine qui alimentait de pouvoir son corps. Deux faces de la même pièces, deux personnes si opposées que l'univers semblait vouloir faire d'eux des ennemis, mais Billy avait appris que le mal absolu n'avait pas le visage de son opposé, qu'il n'était pas seulement lumière et qu'Adam n'était pas seulement ténèbres.

Quand il le regardait aujourd'hui, répondant à son appel comme si ils ne s'étaient jamais opposés, il avait espoir dans ce que Superman lui avait dit, mais il n'oubliait pas que Adam était aussi un homme capable d'une grande cruauté, qu'il devait le sauver, le sauver de lui-même et du cycle de destruction dans lequel il s'empêtrait. Billy ne ressentait plus de colère envers cet ancien adversaire, il ressentait à la place une grande compassion, l'envie de le ramener vers un chemin plus juste, et si aujourd'hui ce n'était pas le but, il se devait de continuer à l'accueillir à bras ouverts pour l'instant. Le dirigeant du Kahndaq observa les lieux avec un certain scepticisme, il était vrai que cet endroit avait vu le jour bien après son époque, il avait surtout eut une autre apparence, bien d'autres apparences, si la salle des portes était l'accès vers des dimensions aux possibilités infinies, cet endroit avait pour vocation à l'origine d'être un lieu de passage entre les mondes, l'accès des Deadlands qu'ils avaient visités la dernière foi ainsi que de cinq autres royaumes majeurs étaient sensés amener les champions à opérer plus efficacement dans leur défense. Billy avait ouvert tous les accès sauf un, protégé par un sceau si puissant qu'il préférait attendre la fin de cette expédition pour en demander plus à Adam.

Si Billy avait raison, et la sagesse de Salomon ne l'avait jamais trompé, derrière cette dernière porte se trouvait les darklands, chaque trône correspondait à un royaume, Billy semblait lié à la terre sans grand étonnement, connaissant ses frères et sœurs, il avait quelques idées sur qui serait le gardien de quoi, si Adam était bien le dernier, il savait ce que cela voulait dire. Mais ils auraient le temps d'en parler, pour l'instant, Adam se contentait de prendre la température, avec son talent d'orateur habituel qui lui tira cette fois-ci un sourire, le champion déchu et lui étaient des personnes très différentes, mais ils partageaient leur désir de continuer le travail du sorcier, voir même celui de faire mieux.

-Freddy adore toucher à tout, mais Mary m'aide beaucoup.

Il perçu sa gêne quand il commenta le fait qu'il avait repris du service, mais il n'en fit pas cas, il avait du mal à imaginer ce que c'était pour cet homme qui avait défié les dieux et atteint des sommets rarement atteints, vu les siècles passer, vécus des choses qu'aucune âme ne devrait contempler, oui il avait du mal à imaginer ce qui pouvait passer dans la tête d'Adam. Mais il savait qu'il voulait bien faire, il ne serait jamais un nounours plein de gélatine, mais il faisait de son mieux.

-Pas le choix, j'ai trop longtemps reporté certaines choses. Les mondes magiques, le septième gardien, mes devoirs de mathématique.

Il eut un petit rire, il préférait que l'atmosphère soit un peu détendue, les wildlands n'avaient pas vus de présence extérieure depuis des temps immémoriaux, qui savait à quel point ce serait serré une fois sur place.Il devait tout lui dire avant d'y aller ceci dit, si il ne voulait pas que l'ambiance soit pesante, il voulait que la confiance règne entre eux, ils en auraient besoin.

-Je veux rouvrir les mondes, le Roc n'est pas utilisé à son plein potentiel, nous ne sommes pas utilisés à notre plein potentiel. Quand il a donné son dernier souffle, le vieux sorcier ne m'a pas donné que les pouvoirs, il m'a donné sa place, celle du leader du conseil des sept. Sept gardiens pour sept mondes. C'est là que nous devons concentrer nos efforts le Rox est un bastion ainsi qu'un lieu de haut conseil, je pense que nous devons renouer avec les mondes.

Il eut un petit sourire.

-Le vieux sorcier avait peur, mais nous n'avons pas besoin de faire comme lui, je pense que nous pouvons rétablir le passage.

Codage par Libella sur Graphiorum réarrangé pour usage personnel

Détendre l’atmosphère, vaste entreprise entre deux rivaux que les circonstances, et l’orgueil démesuré de l’un d’entre eux, avaient mis en opposition dès le début – jusqu’à tenter de le tuer sans sommation. S’il devait être parfaitement honnête, Adam admettrait même qu’il préfèrerait presque que Billy ne reparte à l’offensive, lui retire sa confiance toute relative, ne s’en retourne au bon vieux langage des poings et des démonstrations de pouvoir jusqu’à ce que mort s’ensuive, ou presque. Des dizaines de siècles de rancune et de désespoir cristallisés dans sa haine envers un seul adolescent, un seul enfant – et le voilà, finalement, face à lui, à chercher à se défaire de ce tumulte qui s’était fait seconde nature, auquel il s’était raccroché comme il s’était raccroché à son royaume. Une constante, quelque chose de tangible, permanent, inamovible ; qu’au final il se doit de laisser glisser entre ses doigts, pour se rattraper à quoi ? Adam n’en sait rien encore. Peut-être est-il là, le conflit, l’épreuve d’Hercule pour un être millénaire supposé immuable, à qui l’on demande pourtant de changer avec les temps et avec le monde qui ne correspond plus à celui qu’il a connu. Les hommes ont évolué, Adam, lui avait un jour dit Isis, les rues nocturnes de Shiruta en contrebas de leurs yeux divins. Il est temps pour toi de t’assouplir aussi. Et l’assouplissement commence ici, au cœur du Roc de l’Eternité, dont il était un jour supposé garder les secrets seul ; aujourd’hui, avec un autre champion et sa famille.

Pourtant, c’est une oreille attentive, qu’Adam prête à Billy, une fois de plus ; habitude nouvelle qui s’ancre un peu plus à chaque rencontre, l’antique champion se forçant à enterrer ses élans d’impatience et des préjugés qu’il sait trop ancrés dans son exigence – Billy n’est plus un enfant, n’est plus qu’un simple enfant. Plusieurs années avaient passé, Billy avait mûri ; mais Adam aussi, cherchant à se débarrasser de ses œillères, surpris, le premier, d’entendre enfin la voix de Salomon dans les paroles de son rival. Enfin, non parce qu’elle n’était pas là avant : enfin, parce qu’il n’avait pas réellement pris la peine de l’entendre jusqu’ici. Et pourtant, même avec la sagesse de Salomon filtrant dans les paroles de Billy, sa proposition lui arrache, inévitablement, un haussement de sourcil perplexe. « Rouvrir les mondes ? » répète-t-il, sa voix grondante et orageuse trahissant son étonnement. De toutes les idées que Billy pouvait avoir pour faire ses premiers pas comme gardien du Roc – évidemment qu’il choisissait la plus périlleuse. Adam se force à retenir un soupir, à se souvenir de ce que certains à cette époque moderne appellent bonnes résolutions. Souplesse, Adam. Se tenir ferré dans ses tendances conservatrices n’avait rien donné au Kahndaq – sans doute se doit-il de tenter de s’en défaire avec les affaires du Roc aussi. Mais par les dieux, que Billy frappait fort, pour cette première épreuve. « Billy, tu sais à quel point j’honnis le Sorcier, mais toutes ses décisions n’ont pas été mauvaises. Les Sept Royaumes ont été scellés pour une raison. »

Pivotant dans un mouvement de cape, Adam tend les mains devant lui, laisse le pouvoir d’Aton crépiter de la paume de ses mains jusqu’au bout de ses doigts, et murmure : « Aton-zkrayat. » Aussitôt, des étincelles s’échappent en cascade de ses mains, s’écoulent sur le sol pierreux du roc et s’élèvent à nouveau en vague dorée entre les deux champions, se sculptent, se raffinent, pour dessiner sept globes flottant dans les airs – chacun contenant en lui images de poudre d’or, cristallisant les souvenirs d’Adam de chaque royaume. « Tu es déjà familier de la Terre et des Darklands. Tu as vu à quel point ces contrées sont dangereuses. Les Monsterlands, les Wozenderlands, les Wildlands ne le sont pas moins – même les Funlands et les Gamelands, malgré leurs noms, regorgent de périls. Rouvrir leurs portes, c’est faire sauter un verrou de sécurité qui a jusqu’ici protégé les royaumes les uns des autres. Y compris la Terre. » Adam laisse ses invocations flotter encore quelques instants, puis, avec une délicatesse inattendue de sa part, referme les poings, et les fait disparaître, pour reposer les yeux sur Billy. « Si réellement tu souhaites les explorer par toi-même et rétablir le dialogue avec eux, je ne m’y opposerai pas. C’est à toi que revient la gouvernance du Roc, aujourd’hui. Je t’accompagnerai si tu le désires, mais je pense de mon devoir de t’avertir des dangers que tu encoures. » Régal et martial, Black Adam noue ses mains dans son dos. « La population des Wildlands a exterminé tout humain qui vivait en ses contrées il y a bien longtemps de ça. Nous ne serons pas les bienvenus. » Fait-il remarquer, comme s’il s’agissait d’un inconvénient mineur – même Zehuti n’était jamais parvenu à dompter son orgueil. « Es-tu toujours certain de vouloir t’y rendre ? » Y avait-il une pointe de défi, dans la voix de l’ancien champion ? Peut-être. Après tout, quelle meilleure occasion pour observer Billy non pas en tant qu’ennemi, ni même défenseur de l’humanité ; mais en gardien de la magie, et supposément digne successeur ?

 

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Billy devait reconnaître que Adam savait faire son show quand il le souhaitait. Les orbes flottaient entre eux, crépitantes d'énergie, la sagesse de Salomon lui montrait la structure du sort qui avait donné forme à l'éclair divin, révélant milles images de mondes fabuleux, mais remplis de dangers. Adam avait sans doute raison, le vieux magicien et les membres du conseil n'avaient rien fait en vain, sceller les passages entre les mondes s'était progressivement imposé face aux appétits voraces de certains d'entre eux, mais l'abandon total était inacceptable pour lui, ces endroits attendaient des gardiens, des gardiens qui ne pourraient accomplir leur office qu'une fois qu'il pourraient passer la porte menant à leurs royaumes. Les autres avaient semblés parfois attirés par les immenses murs de magie pure qui scellaient certains endroits, un détail qu'il avait du mal à passer pour anodin. Il se perdit dans la contemplation des orbes, ne perdant pas une miette de ce que son prédécesseur avait à lui dire. Il aurait été plus que malvenu de couper Adam, ils semblaient tout deux prêts à faire des efforts, à mettre de côté le passé, alors il tempéra son empressement. Les éclairs s'évanouirent et il soutint un regard qu'il avait soutenu des dizaines de fois, une regard si différent à ses yeux désormais.

Le champion déchu prenait tout ça très au sérieux bien sûr, et s'assurait que tout cela poursuivait un but, difficile de lui en vouloir quand il voyait ce qui était pour lui plus qu'un enfant remettre en cause des milliers d'années d'interdit. La question qu'il posa à la fin de sa présentation était tel un ultimatum, le ton de voix caverneux résonna quelques instants dans l'immense sale et il sentait le poids de ce qu'il s'apprêtait à dire pour la suite, la gravité du choix qu'il faisait. Il se rappelait en cet instant que son rôle pouvait changer le cours des choses au delà de sauver des gens sur terre. En faisant une erreur, il pouvait tout aussi bien apporter la prochaine apocalypse, comme quand son manque de vigilance avait permis aux pêchés capitaux de sévir. Il ne détourna donc pas ses yeux de ceux d'Adam quand sa voix résonna à la suite de celle de son ancien ennemi.

-Oui, j'en suis certain. Je pense que nous ne devons pas abandonner par ce que ceux qui nous ont précédés ont trouvés ça trop difficile.

Il s'éleva un peu dans les airs et invoqua la foudre à son tour, faisant apparaître la terre, un globe tournoyant lentement, les frontières du Kahndaq se découpèrent distinctement sur le continent africain.

-Ton pays était en proie à des tyrans guerriers et sanguinaires qui exploitaient les richesses pour leur propre profit, bien avant ma naissance ou la tienne c'était une réalité. Tu as décidé d'y mettre un terme et je pense que tu avait raison.

Non pas qu'il cautionnait ses méthodes en tant que dirigeant, mais il faisait un meilleur travail que les précédents., les éclairs disparurent.

-Le Kahndaq, où la terre, ne sont malheureusement pas nos seuls devoirs. Je le répète, mais tourner le dos aux autres mondes était à mon avis une erreur.

Il s'éclaircit un peu la voix avant de continuer, comme de peur de mal prononcer un mot.

-Et puis... il y as aussi une prophétie.
-Le vieux sorcier avait peur, mais nous n'avons pas besoin de faire comme lui, je pense que nous pouvons rétablir le passage.

Codage par Libella sur Graphiorum réarrangé pour usage personnel

Une erreur. Adam fronce les sourcils, fierté et égo ne manquant jamais d’être piqués par la franchise désarmante de Billy Batson (l’insolence, aurait-il dit il y a encore peu de temps – signe que même lui peut encore apprendre et faire preuve de clémence, non ?) ; mais pour une fois, peut-être la première depuis de nombreuses années, le champion ne rétorque pas. Si une part de lui s’évertue à penser que les royaumes devraient rester scellés, encouragé par la sagesse somme toute conservatrice de Zehuti, et par un pessimisme notoire qui n’est plus à prouver, Adam se laisse aller à laisser s’exprimer le nouveau champion. Nouveau champion, nouvelle mentalité, nouvelles idées. Autant de concepts qui, il y a peu encore, ne faisaient même pas partie du vocabulaire du champion déchu, ancré dans une tradition millénaire immuable où éternité et pérennité règnent en maître. Mais la pérennité n’a pas fonctionné, n’est-ce pas ? Le monde a changé, et la magie avec lui – l’humanité n’est plus ce qu’Adam a connu, et lui-même doit bien le reconnaître : dans ce nouveau monde, ses tactiques sont, peut-être, dépassées. Peut-être est-il temps de réellement s’écarter et laisser la place à celui que le Sorcier et les dieux ont désigné, non pour le remplacer, mais pour lui succéder. La nuance est peut-être subtile, et il y a encore un an, n’aurait pas compté à ses yeux. Aujourd’hui, Adam croit enfin en discerner la valeur.

Adam observe les images conjurées par Billy, puis baisse les yeux vers le sol, songeur. Rouvrir le passage vers les mondes magiques, explorer les Wildlands… Folies insensées. Risques inconsidérés. Mais devoir des gardiens du Roc de maintenir l’équilibre entre les Sept Royaumes. Et puis, l’autorité revient désormais à Billy : c’est lui que le Roc reconnaît en lieu de maître, c’est donc à lui que revient la décision finale. Adam laisse échapper un soupir et redresse la tête, posture fière et inflexible alors qu’il toise son ancien rival avec une pointe d’intérêt marqué dans ses yeux sombres. « Je te l’ai dit, Billy. La gouvernance du Roc te revient. Le choix te revient donc aussi. Considère-moi comme un accompagnateur et un guide doté de l’expérience qu’il te manque encore… » L’orgueil s’exprime, mais ne parvient guère à masquer l’étonnement sincère que ce ‘nous’ n’a de cesse de provoquer chez le prédécesseur. Allié, plutôt qu’ennemi. Même pas une position de neutralité ; décidément, Billy Batson et sa clémence n’auront guère de cesse de le surprendre. Et de l’encourager, peut-être, à l’élargir ses horizons plus qu’il ne s’en serait jamais cru capable.

« Et puis, si jamais ce plan devait tourner au désastre, j’aurai toujours la possibilité de te rappeler que je t’avais prévenu. » La cape de Black Adam claque dans son dos alors qu’il passe devant Billy – dissimulant le sourire en coin qu’il n’arrive à réprimer (peut-être, après tout, l’immaturité de Billy est-elle aussi contagieuse). D’un geste, il invite le champion à le suivre, et l’entraîne entre les hautes murailles du Roc de l’Eternité jusqu’à gagner une série de portes que tous deux ne connaissent maintenant que trop bien. « Je ne te demande pas une dernière fois si tu es décidé. Je sens que tu l’es. » Et, sans plus attendre, Black Adam effleure la poignée du bout des doigts, laisse la magie imbue dans sa paume l’en imprégner, et pousse la porte vers les redoutables Wildlands.

Pour peu, ils auraient pu se croire revenus sur Terre. Le paysage familier d’un parc urbain les avale sitôt la porte refermée derrière eux, rappelant nombre de villes américaines génériques au possible. Au loin, des voix se font entendre, passants et commerçants sans aucun doute – un monde étrangement miroir au leur, mais Adam comme Billy ne savent trop bien que où il y a magie, il y a aussi retournement de situation. « Reste sur tes gardes. Les Wildlands sont peuplés d’animaux hautement civilisés et intelligents, et… » Et Adam n’a pas le temps d’aller au bout de sa pensée : immédiatement, une voix criarde l’interrompt net. « Les mains en l’air !! Et pas un geste, sinon j’tire ! » Déjà ? Retenant un soupir, Adam s’efforce de contenir la foudre qui lui chatouille déjà les doigts, alors qu’il pivote lentement pour attraper, du coin de l’œil, quatre policiers en uniforme et armés jusqu’aux dents… quatre policiers qui ressemblent à s’y méprendre à des renards. « Berk. Des humains ? Sors les menottes, on les arrête, et on laisse les autorités les donner en pâture aux tigres. » Une fois de plus, Adam soupire. « … et ils vouent une haine farouche aux êtres humains. »


 

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