Identity crisis [PV Zatana Zatarra]

Identity crisis

6H30, le réveil est la première victime de la matinée et Billy écrase simplement le bouton d'activation, non pas d'une caresse, mais d'un poing ferme et décidé qui termine de réveiller Freddy, son camarade de chambrée et frère d'une autre mère, son meilleur ami au monde, ce dernier tente de faire sortir une blague de sa bouche sans doute encore un peu fatiguée et seul une suite de borborygmes trouve son chemin, avec un rire moqueur, Billy lui envoie un rire moqueur en se précipitant vers la salle de bain, peu désireux de passer après tout le monde, Darla est déjà debout, une serviette sur les épaules, leur regards se croisent et leurs yeux fatigués se plissent dans un air clair de défi, Billy est cependant plus vif à atteindre l'escalier, et plus agile, en descendant la rampe, dépassant avec une petite pique sa sœur qui manque de se prendre les pieds dans ses pantoufles en le voyant lui piquer honteusement la première place. Une matinée normale chez les Vazquez, enfin, presque, car le son inhabituel de la télévision résonnait déjà, sans pour autant résonner d'un des jeux de Eugène, il était trop tôt pour ça, jamais son sympathique frangin gamer ne braverait l'interdit horaire, c'était la voix du présentateur de Metro City News, Billy entendait aussi la voix de Victor qui répétait des jurons, le téléphone fixe était débranché, tous leurs portables éteints dans un panier sur la table du salon, Rosa, dont il ne voyait que le côté du visage, observait avec mutisme quelque chose dehors, entre les rideaux fermés, c'est là que Billy nota enfin un bruit, mais pas celui de la ville, pas vraiment, il s'approcha d'un des rideaux avec appréhension, il savait ce qui se cachait, mais il voulait le voir. Sa main saisit un des tissus qu'il écarta avec précaution, derrière la vitre, une horde de journalistes tenus en respects par un cordon de police, des badauds et des curieux, des pancartes avec tout un tas de slogans. Sa plus grande crainte se réalisaient, il laissa échapper un petit cri et sentit le tissu être tiré, il tourna la tête pour voir de l'inquiétude dans le visage de Rosa, qui lui posa immédiatement la question qu'il avait craint d'entendre, que chacun d'entre eux avait évité d'entendre à nouveau posée sous ce toit.

Il... ILS étaient Shazam, principalement lui, il avait trompé leur vigilance à de nombreuses reprises, eux avaient refusés de recoller les morceaux tant tout celà semblait irréel. Sauf que ça ne l'était plus, des avocats, la police, les journalistes, une horde de personnes avait harcelés d'abord leur parents adoptifs pris par surprise et ensuite sur le pied de guerre pour protéger leur famille de tout ça. Et pour ça il ne pouvait que leur en être reconnaissant, comme à chaque fois, ils faisaient ce qu'il fallait, ils agissaient bien, et encore une fois il allait les décevoir. L'agitation avait vite gagnée la maisonnée et même leur école semblait être sous état de siège. C'était un catastrophe absolue, hier il dévissait la tête d'un des robots géants de Toyman à Atlanta, aujourd'hui tout le monde savait. Tout le monde... Qui savait ce que les ennemis terrestres qu'il avait, ou que les autres avaient, n'allait pas être attirés par ses proches. Mary tentait de rester forte, mais il se sentait responsable, incapable de faire quoi que ce soit d'autre après plusieurs minutes de mutisme absolu de prononcer un seul mot.

Un éclair perça les cieux et la vitre du buffet, la foule pouvait le voir, comme elle pouvait désormais voir le champion de la magie sortir de la maison des Vazquez, le courage d'Achilles apaisait son souffle et son visage semblait serein, mais même la sagesse de Salomon ne pouvait lui expliquer comment sa vie avait été brisée. Cette forme ne pleurait pas, pouvait enfouir ce qu'il ressentait vraiment, le tenir concentré sur l'objectif, mais elle ne pouvait plus le protéger du regard du monde, de la curiosité des gens. Il serait désormais traqué tel un animal, vu avec crainte ou curiosité par les autres, plus jamais il n'aurait une vie normale, cette nuit il avait tout perdu, jusqu'à son avenir, il songeât à quel point il serait aisé de se venger sur ces gens, leur faire un peu peur, quelques éclairs, une grosse voix, ce serait tellement facile, mais il n'était pas comme ça. Son regard balaya la foule et il croisa quelques regards familiers, des voisins, d'autres élèves. Son regard se tourna vers le ciel et il entendit Mary l'appeler avant que la vitesse de Mercure ne le fasse fuir loin de tout ça. Il ne voulait pas affronter la réalité, il voulait la fuir, partir de loin, il fendait les airs sans objectif depuis une heure quand il passât la première porte qu'il put générer, le roc, puis la salle des portes. Il erra d'un monde à l'autre, absorbé par le fait d'essayer d'enregistrer tout ça, le choc était encore immense, il se sentait perdu, en passant une énième fois par le roc, il se stoppa prêt du miroir qui lui permettait de contacter Zatanna, la magie du roc lui permit de la localiser dans une dimension de poche : l'Oblivion Bar. Sa main se posa sur la porte y menant et il poussa avec délicatesse.

L'odeur d'alcool l'accueilli et il ne put s'empêcher de retrousser son nez agressé par l'odeur. Il ne venait jamais ici , mais il connaissait instinctivement la plupart des résidents actuels grâce à la sagesse de Salomon, un serviteur du paradis et un serviteur des enfers jouaient aux échecs dans un coin, quelques golems semblaient converser avec des élémentaires et le pouvoir magique général qui imprégnait la pièce aurait put déchiqueter à lui seul le tissu du réel sur terre, mais la trame de cet endroit était d'une solidité à toute épreuve, la magie qui avait créée les lieux étaient d'une incroyable puissance. Il nota le regard inquisiteur de Bobo, Detective Chimp, le maître des lieux, qui signifia sa présence à celle qu'il était venue voir. Zatannan la vitesse de Mercure le transporta à ses côtés.

-Ils savent Zee, ils savent, ils sont devant chez moi, les Vazquez savent, tous le monde sait.

Un flux bref mais très rapide de parole, il paniquait.

-On fait quoi? T'était dans la ligue avant, moi je fait jamais gaffe, c'est quoi le plan?

A l'instant T, elle était sans doute son seul point de repère fixe.

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« Quel chaos, Bobo… Quel chaos… » Zee leva des yeux suppliants vers Chimp, derrière le comptoir aujourd’hui, qui lui renvoya un regard mort et se contenta de lui servir un deuxième scotch. Il n’avait pas besoin de lui dire ce qu’il en pensait, elle savait déjà ce qu’il en pensait, même si elle ne pensait pas comme lui. Le monde a toujours été fou, Zatanna. Le chaos a toujours été présent, Zatanna. Tout ça ne change rien, Zatanna. On fera comme on a toujours fait, Zatanna. C’était facile, pour lui. Et même pour elle. Elle, elle n’avait jamais eu personne à protéger dans sa vie alors elle n’avait jamais eu besoin de conserver son anonymat. Pas de parents, pas de mari, pas d’enfants ou même d’amis sur lesquels elle devait veiller par cet acte simple et pourtant lourd de sens : cacher son visage. Dissimuler son nom. Refuser d’être jetée en pâture au monde. Elle avait toujours été un personnage public et en toute logique, la célébrité liée à son statut de magicienne superstar ou celle liée à son travail de prétendue super-héroïne n’étaient pas la même chose, mais les conséquences étaient les mêmes. Elle recevait les mêmes insultes, les mêmes suppliques et les mêmes félicitations. Mais pour d’autres, c’était plus qu’un style de vie, c’était une nécessité absolue. L’anonymat comme oxygène. Et ce qu’elle avait découvert dans la presse, et qui passait en boucle dans tous les journaux télévisés, sur les réseaux sociaux et dans la presse écrite, avait de quoi faire frémir. Elle pensait à Barry. Est-ce que tout irait bien à son travail ? Avait-il encore seulement un travail ? Et Iris, comment allait-elle, avait-elle pu ne serait-ce que sortir de chez elle, pourrait-elle encore vivre comme l’humaine qu’elle était, qu’elle avait toujours été, une vie normale à laquelle tout le monde aspirait ? Au moins Bruce était-il mort avant d’avoir vécu ce moment, encore que, elle en était sûre, il aurait eu une solution toute trouvée. Il avait toujours solution à tout. Mais s’il y en avait un pour lequel elle s’inquiétait à s’en rendre malade, c’était Billy, parce que Billy était un enfant, qu’il vivait entouré d’enfants, sous la garde d’un couple dont la seule « anormalité » était sa gentillesse et son empathie.

Elle sentit les portes de L’Oblivion Bar s’ouvrir, rien d’anormal, puis sentit une énergie familière et en levant les yeux, elle capta le regard grognon de Bobo. Puis il y eut un violent courant d’air qui rabattit ses longs cheveux sur son visage et soudain, elle regardait Billy, enfin Captain Marvel. Alors que les paroles lui échappaient comme l’eau d’un fleuve ayant brisé une digue, elle le regarda, cherchant en lui la trace de l’enfant qu’il était, mais ce n’était pas la première fois et elle en arrivait toujours à la même conclusion : il n’y avait rien d’enfantin chez lui quand il affichait cette forme, si ce n’était son regard, et plus que jamais en cette seconde. Il avait l’air paniquée, mais elle, qui se rongeait les sangs vingt secondes plus tôt, sentit le soulagement l’envahir, un soulagement à très court terme évidemment, juste celui de le voir là, de l’avoir sous les yeux, sous la main. Si elle ne répondit pas tout de suite, ce n’était pas seulement parce que, très sincèrement, elle n’avait pas de réponses à ses interrogations paniquées, c’était aussi parce qu’elle prit le temps de le serrer contre elle de toutes ses forces. « Billy… » Eh oui, Billy. Ironiquement, maintenant, elle aurait pu cesser de se faire violence et l’appeler par son alias, mais même maintenant, elle avait du mal. De la main, elle le poussa sur le tabouret à côté du sien et commanda un Coca pour lui à Bobo, qui leva les yeux au ciel mais s’exécuta une fois qu’elle l’eut fusillé du regard. Puis elle se tourna vers Billy. Lui qui avait pourtant l’arme ultime en terme de déguisement, lui qui pouvait aller et venir sous une apparence qui n’était pas la sienne sans craindre d’être reconnu – oui, même lui n’avait pas échappé à la malfaisance du Peuple, et à celle des médias aussi. « Calme-toi. D’abord, calme-toi. » Oui, certes, et ensuite ? Elle inspira à fond.

« Je suis désolée... Les choses vont changer pour toi et ta famille à présent. Mais vous finirez par vous y faire, et les gens aussi. Il n'y a pas d'autre choix. » Il y aurait d’autres catastrophes, d’autres scandales à se mettre sous la dent et le temps ferait le reste. L’identité de Billy avait été à moitié dissimulée parce qu’il avait été mineur, alors peut-être qu’en changeant de ville, de lycée, au moins pourrait-il retrouver une vie à peu près normale à l’extérieur. Mais bien sûr, pour lui, ce qui ne pouvait pas être changé, c’était ce qui se passerait dans son cercle familial. Et puis, c’était le pire moment en vérité pour se voir ainsi sorti du placard, mais c’était lié au Peuple, après tout. Quand le père de Zee se baladait avec sa propre petite bande de super-héros, à visage découvert, les gens s’en fichaient. Mais il n’y avait pas de Peuple, pas de peur, pas de haine, ou du moins pas autant qu’aujourd’hui et certainement pas sous la même forme. « Pour le moment, le plus urgent, c’est de vous protéger tous. Billy, je peux mettre ta famille à l’abri si besoin, les loger n’importe où dans ce pays, juste le temps que vous parliez un peu de tout ça, tu le sais n’est-ce pas ? Et ma maison t’est toujours ouverte. » Oh, elle savait bien qu’à la place des parents de Billy, la dernière chose dont elle aurait voulu entendre parler, c’était d’une étrangère leur proposant de les déraciner de leur maison, surtout si l’étrangère en question était au courant pour Billy et l’avait laissé se battre à ses côtés. Elle posa la main sur la joue tout sauf enfantine. « Oh, Billy, essaye d’oublier quelques minutes le reste du monde. Tu as parlé à Rosa et à Victor ? » . Elle n’était pas mère, mais elle pouvait imaginer ce que devait ressentir les parents adoptifs de Billy à l’heure actuelle, parce qu’elle avait elle-même ressenti la même chose quand il lui avait dévoilé sa véritable identité. Qu’il le veuille ou pas, elle avait été pétrifiée par l’angoisse et la peur pour lui, et la colère contre elle-même à l’idée qu’elle ne pouvait rien faire pour l’empêcher de mener ses propres batailles. Et si tout le reste pouvait bien être brisé et balayé par la vindicte populaire, la relation entre Billy et ses parents était ce qui comptait le plus, aux yeux de la magicienne, et aussi ce qui était le plus à risque dans toute cette affaire.

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Il ne savait pas si se calmer était seulement possible, la vérité c'est qu'il ne s'était jamais senti aussi perdu et impuissant depuis la mort de ses parents, même ses pouvoirs divins étaient d'une incroyable puissance, ils ne pouvaient pas le sauver de la situation. Que pouvaient la force d'Hercule sur un ennemi qu'ils ne pouvaient pas combattre, tous le savoir magique et cosmique de l'univers si il ne pouvait pas trouver un plan contre des feuilles de papier? Le courage d'achilles ne pouvait pas le protéger de l'horreur de sa situation non plus, il était seul face à un défi auquel même le vieux magicien n'aurait pas put penser. Shazam était un être incroyable, mais Billy n'était qu'un gamin dont le monde venait de s'écrouler, au delà de ce simple fait, il avait du mal à digérer le simple fait que tous ces problèmes leurs tombent dessus, à lui et à sa famille, alors qu'ils avaient toujours tentés de faire le bien, d'aider les autres, chacun à son niveau, et aujourd'hui ils tentaient de s'en prendre à eux. C'était à s'en faire retourner les tripes, il y as quelques mois, ils risquaient leurs vies pour sauver les mêmes gens qui envahissaient le devant de sa maison. Il voulait comprendre, il voulait savoir pourquoi le ciel leur tombait sur la tête et ce que Zatanna avait à lui dire n'avait rien de rassurant, cela n'avait rien de ce qu'il souhaitait entendre, au fond de lui il avait voulu que quelque part dans sa grande ceinture, Batman ait le gadget pour leur sauver les miches, que quelqu'un dans les habitués de ce bar avait de quoi arranger cosmiquement ça, ignorant la sagesse de Solomon lui indiquant que le coup pour un telle chose serait immense.

Mais tout ce que la magicienne pouvait lui offrir était les faits, une vérité aussi froide qu'une lame pressée contre son flanc, le danger était désormais partout pour lui. Qu'est-ce qui empêcherait un malade quelconque d'attenter à leur vie à présent? Etaient-ils en sécurité quelque part? Que valait la protection des moyens de Zatanna quand des psychopathes comme Brother Blood, des désastres ambulants comme Atomic Skull ou des salauds payés par Lexcorp pouvaient le retrouver lui et sa famille? Lui même ne savait pas si il pouvait protéger les siens, il ne savait pas si il pouvait mettre à l'abri les quelques personnes les plus précieuses à ses yeux et ça le dévorait de l'intérieur. Il n'était pas idiot, même en partant s'isoler au fin fond du monde, ils seraient à jamais des cibles potentielles, le peuple avait mis une cible dans son dos et dans celui de ses proches. Si pour la magicienne tout ça était habituel, commun, pour un adolescent, c'était catastrophique, il ne pourrait jamais aller à l'université, changer d'identité était inutile au vu de la portée de l'évènement, de son rayonnement médiatique, il était coincé, car il ne pouvait demander de l'aide à personne. Le contact de la main de la magicienne le ramenait un peu à la réalité, mais il lui semblait impossible pour le moment d'oublier, de simplement mettre ça de côté, il planta son regard dans le verre de soda servit par Bobo qu'il remercia avec un air un peu absent. Il avait l'impression qu'on lui avait tout volé et affronter le regard des autres, voir la peine dans celui de Zatanna ou bien la pitié dans celui de Detective Chimp, c'était un peu trop difficile pour le moment.

-Pas vraiment, ils savent, pour moi et pour les autres, même Freddy avait pas de quoi expliquer ça. Ils ont des preuves, plus de photos que Waller elle-même j'en suis sûr.

Et de meilleure qualité aussi, ils les avaient tous traqués avec minutie, les moyens déployés étaient gargantuesques et posaient des questions sur l'influence de ces types. Sur leurs connections réelles.

-Rosa et Victor disent qu'ils vont trouver une solution, ils disent qu'on doit tenir bon, mais je sait qu'ils sont aussi perdus que nous.

Il n'était peut-être pas le plus mature, mais il n'avait pas de l'air à la place du cerveau, il savait que sa famille d'accueil n'avait pas les moyens de faire face à tout ça, que maintenant que la boîte de pandore était ouverte la vie allait devenir sacrément merdique. Son regard suivait les glaçons dans son verre qu'il tenait entre ses mains.

-C'est pas quelque chose que je peux ignorer Zee, je veux dire... tu aurais dut les voir devant la maison... c'est terminé. Le peuple m'a retiré ma vie et y'a pas de plan. On peut plus se cacher, nulle-part.

Là tout de suite, il avait envie de fracasser ce verre sur le mur d'en face, mais Bobo n'aurait pas apprécié.

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Aller à l’école, aller bosser, faire ses courses, aller au cinéma, juste sortir de chez soi et vivre, c’étaient autant de choses évidentes et qui paraissaient acquises, particulièrement pour un jeune adolescent, qu’on finissait par oublier ce que cela pouvait faire, de se voir tout cela arracher. Un bombardement ou la révélation de son identité au monde, c’était la même chose, pour lui, et elle était d’autant plus anxieuse pour lui qu’il était jeune, et qu’il avait une famille, particulièrement composée d’enfants. Elle pouvait constater son angoisse absolue en cette seconde et savait qu’elle ne pouvait rien lui offrir d’autre que du réconfort. Oh, en vérité, elle avait vite cessé de penser aux solutions drastiques à ce problème qui touchait beaucoup de ses amis. En y mettant du sien, elle pouvait certainement faire faire trois petits tours en arrière à la Terre, remonter le temps et se débrouiller pour empêcher que ce cataclysme de relations publiques n’arrive. Sauf que s’il y avait bien une magie à laquelle elle refusait de s’abandonner c’était bien celle-là, et d’ailleurs tout le monde se souvenait encore clairement de ce qui était arrivé la dernière fois qu’une andouille avait tripoté la ligne du temps. Elle se retrouvait de nouveau confrontée à ce bon vieux démon : avoir la capacité de faire quelque chose mais devoir décider de ne pas le faire, parce que mieux valait quelques enfants affolés et potentiellement visés par tous les criminels de la galaxie que l’humanité toute entière confrontée à un détraquement de la timeline – le genre de décision qui lui donnait la nausée mais qu’elle s’était promis de prendre un peu plus au lieu de vouloir sauver tout le monde pour au final ne sauver personne. Elle écouta ce que Billy avait à lui dire et songea de nouveau à ses parents, qui allaient se retrouver, eux, confrontés à un autre genre de mur inamovible. La volonté absolue de protéger leurs enfants sans en avoir la capacité. Où qu’ils aillent, Billy aurait toujours la même tête, au final, même s’ils changeaient de noms, de papiers et de pays.

Mais au moins, ils n’avaient pas jeté le fils à problèmes dehors. C’était déjà ça. D’après ce que Billy lui avait raconté à propos de Rosa et Victor, elle savait qu’ils n’auraient jamais fait ça, mais elle savait aussi que ça allait probablement arriver à d’autres. D’ailleurs, la décision la plus évidente pour Billy aurait probablement été de quitter sa famille sur-le-champ. Là encore, en tout cynisme, et de son point de vue d’adulte. Elle ne pouvait pas lâcher la grande main de Shazam, et sa détresse et sa situation étaient d’autant plus déchirantes alors qu’il affichait cette apparence d’adulte super-héroïque censé être à l’épreuve de tout – sauf de la peur et de la haine des gens. Elle inspira à fond, serrant à nouveau la main de Billy dans les siennes. « Vous pouvez toujours vous cacher. Je ne pense pas que ce soit la solution à long terme, mais ta famille et toi avez besoin de vous mettre à l’abri pour le moment, et il y a un endroit sur cette Terre où vous serez protégés. » Elle le regarda quelques secondes pour voir s’il voyait où elle voulait en venir, mais c’était tellement fou, tellement absurde, qu’il aurait mieux valu que ça ne lui vienne pas à l’idée, à lui. « Le Kahndaq t’ouvrirait ses portes. » Bon, à lui, elle ne parierait pas la vie de ses lapins dessus. Mais à sa famille, c’était plus probable. Oh, elle avait conscience de ce qu’elle lui disait, et une semaine auparavant encore même elle se serait fait rire avec cette seule idée, mais le monde venait de se retourner sur son axe, et il n’était plus temps de se mettre des limites – même du genre antagonisme trouvant sa source plusieurs milliers d’années auparavant. Elle était positivement certaine de pouvoir forcer le grand vizir à céder. En plus, Teth lui en devait une. Ainsi qu’à Billy, de toute façon. Elle les avait vus travailler ensemble tous les deux et elle savait, bien avant eux, qu’ils pouvaient non seulement exister ensemble en même temps sur la même planète, mais en plus, se compléter.

« Juste le temps de vous poser un peu, et de réfléchir à une solution à long terme. » Elle lui en demandait beaucoup, c’était sûr. Surtout maintenant, alors qu’il n’avait pas vraiment la tête à réfléchir à des solutions impossibles tout droit sorties des fesses métaphoriques de la Justice League Dark – elle-même n’aurait jamais eu ce genre d’idées tordues si elle n’avait pas fréquenté un peu trop régulièrement les imbéciles magiques de sa troupe. Quant à une solution à long terme, ah, la bonne blague. Elle ne remonterait pas le temps, même pour ses amis, et la seule autre chose à laquelle elle pouvait penser, elle la devait à son père et aux centaines de spectacles qu’elle-même avait donnés sur scène, ses bons vieux spectacles d’illusionnisme à l’ancienne, le genre de tour qui ne fonctionnaient que parce que les gens acceptaient de se faire berner au profit d’un peu d’amusement, la fameuse suspension d’incrédulité qui marchait d’autant plus quand les gens étaient nombreux. « Sinon, très concrètement, tout ce que je peux t’offrir, c’est de passer devant toutes les télés du monde à deux endroits en même temps sous tes deux apparences différentes. » Elle lui fit un pauvre sourire. C’était là le genre de solution qu’il voulait entendre, elle le savait. En cette seconde, il préférait probablement imaginer revenir à là où en était sa vie quelques jours plus tôt qu’imaginer vivre le jour d’après. Et si ça devait ne marcher qu’une fois, ça marcherait peut-être pour lui. Clark Kent était foutu, lui ; pareil pour Barry. Tout le monde allait les regarder en se disant que bon sang, mais c’est évident ! Billy avait ce truc un peu étrange de passer d’un enfant à un adulte et peut-être que cela suffirait à faire avaler n’importe quelle couleuvre au grand public, à défaut de convaincre ceux qui ne voulaient pas être convaincus, du genre le Peuple. Sinon, la seule chose qu’elle pouvait faire pour lui, pour eux, c’était de les embarquer dans une autre dimension, une sympa, et elle en connaissait, et les garder à jamais dans cette bulle protégée et coupée du monde, mais si c’était une solution efficace, elle n’en restait pas moins dénuée de sens et absurde.

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Billy s'en voulait presque d'être le seul dans ce lieu à paniquer, beaucoup des gens ici n'avaient aucune chance d'anonymat sur terre, Simiel et Galdrubael, les joueurs d'échecs célestes qui s'affrontaient dans un coin auraient put distordre la réalité de ce plan d'existence par leur simple présence. Ce bar était différent, sa trame était plus solide, la magie qui l'avait créé étaient d'une puissance rare, le genre de magie qui pouvait consommer ses utilisateurs ou naître du pur hasard cosmique absurde du multivers. Billy côtoyait ce genre de chose délirantes tous les premiers samedis du mois et pourtant il tremblait à la simple pensée de tout ce qu'il perdait, de cette vie normale qui venait de s'effacer sous ses pieds. C'était une événement de nature apocalyptique dans sa vie, et il n'avait suffit que de quelques heures pour que tout s'écroule. Une petite vie bien rangée et organisée qui s'effondre, comme si arrêter des désastres cosmiques sur une base régulière ne suffisait pas à se prémunir de la méchanceté et de la cruauté de ceux prêts à tout pour s'en prendre à ceux qu'ils considéraient comme leurs bourreaux.

L'opinion publique, l'opportunisme, la douleur nationale des catastrophes à répétition, la méchanceté pure et dure, le voyeurisme, le pire de l'humanité ressortait en ce moment, mais pourtant Zatanna continuait de chercher une issue. Il l'avait admiré bien avant de savoir qui elle était vraiment, bien avant de la voir affronter des horreurs venues du fin fond des âges, bien avant de penser qu'elle serait apte à devenir un champion. Même savoir qu'elle e serait jamais une des leurs n'avait rien entamé du respect qu'il lui portait, pourtant, ses solutions ne seraient que des coups d'épée dans l'eau, il ne l'a détestait pas pour ça, il ne pensait pas moins d'elle, mais il constatait que même elle ne pouvait rien pour lui, et ça l'achevait un peu. Savoir que toute sa bonne volonté, tout l'amour qu'elle portait à sa famille, que tout ça était inutile était une pensée difficile, peut-être était-il trop jeune pour faire face à ça, ou trop jeune pour se voiler la face plus longtemps sur le fait que les choses n'auraient jamais durées, que quelqu'un aurait fait une erreur, dit quelque chose.

Les bulles de son soda dansaient dans son verre, presque hypnotisantes, cette situation avait des relents de souvenirs qu'il aurait préféré voir enfouis au plus profond de sa psyché d'adolescent plein de vie et de joie. Mais comme quand il avait tenté de s'en prendre à Adam au Kanhdaq, certaines blessures ne se fermaient jamais vraiment, il était à nouveau isolé et il allait tout perdre, comme si le destin n'avait que ça à faire que de lui mettre des coups de pieds dans les côtes, comme si l'injustice qu'il avait déjà subie que de grandir sans l'amour de ses parents n'était pas suffisant, comme si avoir été privé d'une première vie normale n'avait pas été suffisant. Et le pire? Même ça il ne pouvait s'empêcher de s'en blâmer, le vieux sorcier avait bien failli ne pas le choisir, il avait insisté, il avait presque voulu ça, alors dans le fond n'avait-il pas que lui à blâmer? Il se le disait parfois, qu'il était un peu l'architecte de sa propre destruction, faire le bon choix n'était pas forcément tout bénéfique, le monde s'arrangeait toujours pour tout compliquer.

-Merci, mais ce sera pas utile, je suis sortit comme ça de la maison.

Il eut un petit rire.

-C'est drôle quand on y pense, y'a une semaine j'avait encore peur que les Vazquez apprennent que Darla leur cachait un tigre magique anthropomorphe avec notre aide.

Tawny, ce pauvre rescapé des Wildlands allait se retrouver encore une fois à changer de demeure, difficile d'oublier ce genre de responsabilités aussi. Il prit quelques gorgées de soda avant de reprendre son observation pensive de ce dernier.

-Le Kahndaq hein?

Du sable à perte de vue et son ancien ennemi comme protecteur, était-il prêt à faire preuve d'une telle confiance?  Adam avait changé, en tout cas il le pensait, ou voyait que le champion déchu le souhaitait. Mais sa famille était peut-être un peu trop importante à mettre en danger, déraciner ses parents adoptifs, qu'allaient en penser les autres? Freddy serait sans doute contre, lui ne voulait pas y croire, mais avaient-ils le choix?

-Je pensait pas un jour l'envisager, que ça devienne un des endroits les plus sûrs sur terre. Mais tu as raison, je... je dois l'envisager.

Il croisa son regard, affichant un maigre sourire. Avait-il seulement un jour payé l'immense dette qu'il devait à la magicienne? Pourrait-il seulement? Elle avait tant donné pour lui et sa famille, il avait sans doute la mauvaise habitude de prendre tout ça pour acquis, il prenait sans doute trop de choses pour acquises dans sa vie. Il enlaça Zatanna spontanément dans ses gigantesques bras.

-Merci Zee... merci d'être là et de comprendre, je sait pas ce que je ferait sans toi là tout de suite. T'es la seule qui peut comprendre ici.

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Elle le voyait bien, que ses mots ne l’atteignaient pas, et en même temps, pouvait-elle l’en blâmer ? En cette seconde, il devait avoir l’impression que sa vie était finie, même si elle ne l’était pas. Entièrement retournée, mise à sac, transformée, oui, mais rien n’était fini. Pourtant, lui ne pouvait pas voir les choses ainsi, et elle ne pouvait qu’imaginer les pensées qui lui traversaient l’esprit. Il était jeune, trop jeune pour être confronté à ça, déjà trop jeune pour jouer les héros, de toute façon. Il ne pouvait pas encore penser à l’après, et elle ne pouvait pas l’y forcer. Encore une fois, elle considéra la possibilité, l’effleura en pensée : lancer un sort, un sort gigantesque, faire tourner la planète à l’envers jusqu’au jour où tout avait été révélé, ou bien effacer ces informations des esprits des milliards d’êtres humains… En était-elle seulement capable ? Machinalement, elle prétendrait que non, mais en vérité, elle en était probablement capable, elle était même capable de pire que ça. Pire, parce que c’était bien de ce genre de magie qu’il s’agissait : interdite par son anormalité, phénoménale de perversité. Non, elle ne pouvait pas. Elle aurait pu, mais elle ne pouvait pas. Cette situation-là, elle la connaissait par cœur, et c’était ce genre de petits coups de pieu dans le cœur qui l’avait poussée à commettre le pire, alors si elle ne pouvait rien faire, et si elle ne pouvait pas s’autoriser à s’auto-apitoyer sur son sort à cause de son impuissance, que restait-il à faire ? Attendre, attendre et voir. Chacun de leur côté, elle le savait, les autres réfléchissait à des solutions de secours, et des plans B faiblards, mais-mieux-que-rien, et cela ferait le job, il le faudrait bien, puisqu’il fallait bien continuer à vivre. Il faudrait simplement vivre différemment, et c’était ça le plus terrifiant. Savoir que sa vie ne serait plus jamais la même. Elle avait déjà fait l’expérience de cette sensation. Elle avait encore dans la tête les visages des gens que Nebiros avait tués avec ses mains à elle, avec sa magie à elle, cette même magie faite pour illuminer les visages des enfants, alors non, plus rien n’était pareil désormais.

Elle tendit la main pour effleurer la joue carrée de ce grand bonhomme au cœur d’enfant. Il était si désespéré, et il devait avoir si peur, et se sentir si impuissant… Elle n’eut pas le cœur à lui dire que la situation pouvait toujours empirer, on ne savait jamais. Tout était possible. Elle en était même à lui conseiller de demander l’asile à Teth Adam, c’était pour dire. Même si en ce qui la concernait, il n’y avait aucun doute que l’autre grand dadais se laisserait attendrir. Et s’il refusait, il suffisait de demander à Adriana. Elle se laissa engloutir dans l’étreinte de Billy et laissa échapper un petit rire. « Je suis sûre de ne pas être la seule à pouvoir te comprendre, Billy. Tu es bien entouré. Une famille comme la tienne, ça ne s’invente pas, et vous devez rester ensemble. » C’était important, après tout. Sa famille à elle se trouvait là, dans ce bar – derrière le comptoir, Bobo en train de la regarder d’un air sombre tout en frottant des verres déjà propres ; Asa, qui arnaquait tranquillement Rory aux cartes dans un coin sombre – ou en vadrouille. Mais où qu’ils soient, et même sans leur consentement, elle les considérait comme sa famille, à défaut d’avoir encore la sienne. « Tu auras toujours quelque part où te réfugier tant qu’ils seront là. Ou tant que je serai en vie. Je serai toujours là pour toi, Billy. » Elle le serra contre elle, même si elle ne savait pas si ses petits bras pouvaient ajouter quoi que ce soit à leur embrassade tellement il était grand et costaud. Il devait y avoir une ironie divine à cette apparence, au fait qu’un adolescent ait été choisi pour incarner le champion. Elle en voudrait toujours un peu au vieux gâteux qui lui avait tendu son bâton.

« Pourquoi est-ce que tu gardes cette apparence ? Tu sais, ici, il y a des chances que tout le monde était déjà au courant avant même que ça ne devienne public… La majorité des clients de ce bar sont des êtres aussi mystérieux qu’extraordinaires. » Mais peut-être que ça le rassurait, de garder des traits adultes. Elle s’écarta de lui pour le regarder avec intensité, comme pour voir à travers lui. « Je sais que tu ne peux pas y croire, mais à défaut, tu peux essayer de me faire confiance. D’une façon ou d’une autre, tu surmonteras ça. Ne serait-ce que parce que le devoir va finir par te rappeler à lui. Et que te connaissant, tu feras quand même ce que tu dois faire, malgré la situation actuelle. » Même s’il avait l’air de vouloir disparaître dans un trou de souris aujourd’hui, même s’il semblait en état de choc, elle était sûre qu’il répondrait présent le moment venu. Par-delà les angoisses et en dépit des regards scrutateurs des autres, il serait là. Cela la fit rire de nouveau, même si cette fois, c’était avec un peu de tristesse. « Toi aussi, tu es là pour les autres. Ne laisse personne te dire le contraire sous prétexte que tu es si jeune. Pas même Clark Kent et Bruce Wayne. » Et bim, où qu’ils soient ces deux-là, c’était cadeau. Parce qu’elle pouvait tout à fait imaginer leur gueule quand ils avaient appris, pour Billy, même si connaissance Bruce, il était déjà au courant et était probablement juste déçu d’avoir perdu un moyen de faire pression sur Billy « en cas de besoin ». Et si elle avait voulu dire « un enfant » à la place de « si jeune », elle s’était retenue, simplement parce que, peut-être, surtout à cause de cette histoire, il fallait qu’elle accepte que Billy avait grandi, et allait grandir, et que malgré la détresse qu’il ressentait aujourd’hui, il allait être forcé de grandir encore plus qu’avant. Cela allait  à l’encontre de tous ses instincts, à Zee, mais ainsi allait la vie.

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Il se sentait presque un peu ridicule après avoir entendu ce qui était assez évident dit par Zatanna, il entendit même Galdrubael se fendre d'un petit rire mesquin. Dire que sa forme de champion boostait une confiance en lui d'habitude débordante était un doux euphémisme, difficile d'oublier qu'on est un simple adolescent quand d'un seul mot on pouvait devenir une personne capable de soulever des immeubles et d'invoquer la foudre divine. Une personne qui aurait sans doute dut mieux protéger son identité aussi, le démon des cercles inférieurs de l'enfer pouvait rire tout son saoul, la situation prêtait à rire, il avait été terriblement orgueilleux de penser que son petit tour de super héros allait marcher longtemps, quelqu'un allait finir par le voir, il aurait finit par faire une erreur. Zatanna avait raison, elle avait toujours raison après tout, mais c'était difficile à avaler cette fois, il ne suffisait pas de taper très fort dessus ou de l'électrocuter jusqu'à ce qu'il grille pour faire disparaître ses problèmes, non pas que l'idée de casser quelques camions de journalistes ne lui ait pas, brièvement, traversé l'esprit. Le titan sembla s'affaisser0 sur lui même en se prenant la tête entre les mains, accoudé sur le comptoir de l'Oblivion sous le regard compatissant de Bobo.

-Shazam!

Presque un cri de frustration entre ses dent serrées, plus que sa situation, il se rend compte que tout ça surtout fait du  mal à son ego, il se pensait intouchable, il pensait que le monde n'aurait jamais à savoir qui il était, il savait depuis longtemps que certains secrets ne devaient pas être dévoilés, cela prenait des gens sacrément exceptionnel pour leur donner le droit de partager vos secrets, Shazam avait été un double bien pratique, Clark avait sans doute très bien joué sa double vie, mais lui aurait fait beaucoup plus de bourdes à sa place, il ne l'était plus totalement, mais restait encore un enfant après tout, l'enveloppe de Shazam était un cocon rassurant dont il n'avait pas besoin, pas ici en tout cas. Dans cette situation la magicienne était sans doute un de ses rares soutiens, dans ce bar le seul. L'éclair fendit l'espace de la dimension de poche en passant directement par la porte, zigzaguant entre plusieurs tables en déclenchant quelques éclats de stupeur. La fumée l'entoura et révéla vite l'adolescent, Billy Batson, ses sourcils froncés, le menton appuyé sur les paumes, l'air visiblement mécontent alors qu'il observait avec une intensité toujours absolue son verre de coca qu'il agrippa avec un petit bruit de frustration pour le vider en partie.

-Je te fait déjà confiance Zee, c'est... c'est juste que c'est beaucoup d'un seul coup. J'aimait bien être juste un super héros aux yeux des gens, un être magique, pas... ça.

Bien sûr qu'il continuerait d'en être un, mais ce ne serait pas pareil désormais, il serait vu comme un enfant, sa vie serait scrutée, plus de vie privée, plus de tranquilité, enfin, sauf au Kahndaq... bien sûr. Mais son sens du devoir, son envie d'enfin apporter aux mondes l'harmonie et d'accomplir la mission que le vieux sorcier lui as confié, il n'a pas le droit de reculer, tout ce pouvoir lui as été confié, il ne peux pas le laisser au placard, tourner le dos.

-Billy Batson aurait peut-être dut rester Billy Batson. Mais je ne compte pas me terrer au roc, y'a pas le wifi ou la 4G dans ce truc.

Il rit de sa propre blague avant de pianoter devant lui sur le comptoir.

-Le Big 3 était déjà au courant, donc c'est ça que je perdrait pas. Même si ils risquent d'avoir des comptes à rendre, j'espère que je vais pas leur causer trop de problèmes. Mais je m'en fait pas pour eux, surtout pas pour monsieur Wayne et monsieur Kent.

Dire leur noms lui faisait un drôle d'effet, Batman et Superman ça sonnait quand même mieux.

-Ca par contre je m'y ferait pas, tu trouves pas ça bizarre, de connaître leurs noms? Par contre être Bruce Wayne ET Batman, j'avoue que c'est la classe. Même si... enfin... tu vois.

Le leur était mort, remplacé par ce nouveau Batman, lui n'avait rien vu venir en ce qui concernait l'identité secrète par contre.

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Elle ne s’y ferait jamais, à cette sensation, quand elle se tenait à proximité du champion alors qu’il passait d’une forme à l’autre : cette explosion de magie pure et ancienne, vieille comme le monde, plus vieille que les hommes eux-mêmes, et qui faisait bouillir son sang et picoter sa peau. Comme une invitation de puissance à elle-même faire éclater sa propre magie au grand jour, et elle dut se retenir de le faire, tout comme probablement la plupart des clients du bar. Aussi blasés soient-ils, ils tournèrent bien un regard défiant quoiqu’un peu admiratif dans leur direction. Personne ne ressentait de menace, mais la curiosité était là, forcément. Quand elle assistait à ce miracle, quand elle ressentait physiquement la magie de Captain Marvel s’entrechoquer avec la sienne, quand elle se souvenait de ce qu’elle avait ressenti quand elle avait elle-même revêtu pour quelque temps la magie du vieux sorcier, elle se disait qu’il n’y avait probablement pas d’être plus puissant que lui sur cette planète. Elle avait la conviction que Teth serait d’accord avec lui s’il avait pu l’admettre. Elle avait même la conviction que Billy aurait pu s’opposer à Superman et en sortir vainqueur. Peut-être qu’en termes de puissance, ils étaient équivalents, mais elle savait que Billy avait quelque chose en plus – il était Billy. Elle regarda l’adolescent qui venait d’apparaître devant elle, assis au bar, l’air soucieux, de manière presque comique vu son âge, et eut l’impression, comme cela lui arrivait parfois, d’avoir soudain un accès de prescience. Billy serait encore là après eux. C’est lui qui devrait guider ceux d’après. Il y aurait un après pour lui et elle avait confiance en cet après parce que c’est lui qui en serait responsable.

Elle tendit la main et la glissa dans les cheveux noirs de l’adolescent pour les repousser en arrière alors qu’il baissait le nez vers son verre de Coca, en un geste aussi maternel que possible compte tenu du fait qu’elle n’avait pas d’enfant. « “Ça”, c’est toujours toi, Billy. Toute cette histoire va te forcer à faire beaucoup de changements dans ta vie, mais ça ne change pas qui tu es, toi. Le reste du monde va te regarder autrement, mais tu seras toujours le meilleur de toi-même. Un cœur valeureux et une détermination sans faille. » Il en avait franchi, déjà des obstacles, il avait été confronté à bon nombre de chants de sirènes qui auraient pu le faire dévier du chemin qu’il avait décidé d’emprunter – la colère, la vengeance, l’injustice… Malgré ses belles paroles, elle espérait de tout son cœur qu’il saurait surmonter cette épreuve-là également. Et s’il ne le pouvait pas, eh bien elle aurait voulu qu’il ne soit alors que Billy et rien que Billy, mais elle savait trop bien qu’abandonner n’était pas si facile, même quand on le voulait. Tous, ils étaient prisonniers de ce qu’ils représentaient, et prisonniers de leurs propres attentes, de ces dons qu’ils possédaient et qui les forçaient à être des héros même quand ils n’en avaient pas envie ou avaient perdu le sens qu’ils donnaient à cela. Billy était cent fois trop jeune pour être blasé, mais il était aussi trop jeune pour subir une telle pression, et particulièrement telle qu’il la vivait en ce moment même. Elle sourit alors que les mots qui franchissaient ses lèvres lui rappelaient quelque peu le Billy d’avant. Oui, c’était cela le plus triste, il y aurait probablement désormais un Billy d’avant et un Billy d’après. Mais il appelait les deux autres « monsieur »… Elle ne pouvait pas ne pas sourire. Elle était sûre que ça flattait un peu Bruce. Elle agita vaguement la main. « Ne t’inquiète pas pour eux. Ils savaient que tu étais un enfant et ils étaient quand même bien contents d’avoir ton aide, c’est à eux maintenant d’assumer leur décision. Et puis, ce genre de scandale, c’était un mardi matin ordinaire pour Bruce. » Bon okay, pas tout à fait ordinaire, mais sa team de relations publiques devaient déjà avoir adapté leur communiqué habituel pour quand il se faisait photographier au bras d’un mannequin différent tous les soirs de la semaine à la situation actuelle. Même si Bruce 2.0 n’avait pas tout à fait les mêmes habitudes.

Elle reporta son attention sur son propre verre, que Bobo avait discrètement re-rempli alors qu’elle avait les yeux tournés. En bonne adulte saine d’esprit, elle pensait le moins possible à la mort de Bruce pour ne pas devoir s’y confronter. Elle appuya son menton dans sa main, pensive. « Dans un monde idéal, ce serait une bonne chose. Ce serait l’occasion de rappeler à tous que nous ne sommes pas différents d’eux. Humains ou pas. Que nous aussi on a des vies, on fait des erreurs, et on en paye parfois le prix… » Et ils en mouraient alors. Mais ils n’étaient pas dans un monde idéal et le commun des mortels n’en avait rien à faire, qu’ils soient des êtres faillibles et sensibles et fatigués parfois. Elle, elle n’avait pas contacté la Justice League. Elle n’avait pas appelé Diana et Clark. Elle ne savait pas comment ils se sentaient, sans Bruce, et pire encore, avec ce Bruce de substitution. Elle essayait de faire son deuil dans son coin, même si elle avait fini par en parler avec Dick, parce que tous les deux connaissaient Bruce depuis leur plus jeune âge. Elle finit par sourire difficilement. « Il aurait haussé un sourcil en lisant la presse. Il savait probablement que ça arriverait un jour. Même si je pense que de nous tous, c’est lui que ça aurait agacé le plus. » Le combat de Bruce, comme son choix d’avatar, son but inatteignable, tout cela lui étaient personnel, depuis le tout début. Il y avait toujours eu chez lui un peu d’égoïsme. « Tu es retourné voir les autres membres de la Ligue depuis ce grand déballage, Billy ? Tu vas rester auprès d’eux, n’est-ce pas ? » C’était le regard des autres sur lui, qui pouvaient changer. Mais pas lui. Il n’avait aucune raison d’avoir honte ou de se cacher. Mais elle ne savait pas comment les autres allaient réagir vis-à-vis de lui.

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Billy ne se rendait sans doute pas vraiment compte de sa chance, celle d'être aussi bien entouré, celle d'avoir les Vazquez, Zatanna, Superman et bien d'autres. Tout ces gens qui peuplaient son existence, qui le guidait, qui le soutenait, tous étaient sa réelle force, sa raison principale de continuer de se battre, même quand ça devenait dur, que ses pouvoirs divins n'étaient pas suffisants et qu'il doutait, il trouvait toujours la force de continuer, par ce qu'il voulait les protéger, par ce qu'il aimait ces gens, et c'était cet amour profond pour les siens qui le gardait sur le droit chemin. Il repensait souvent aux mots du magicien accusant son cœur de ne pas être pur, des mots qu'il avait moqué à l'époque, et qu'il craignait désormais, non pas de peur de perdre ses pouvoirs, mais de peur de devenir ce qu'il avait juré de combattre. Dans le fond, il était simplement un gamin, un ado pas toujours sûr de lui, faillible, plein de doutes, il était facile de glisser, de se laisser dépasser par la situation, mais Zatanna avait le don de parler à son cœur, d'apaiser son âme, et ce bien avant qu'il ne devienne un héros, avant qu'il ne reçoive ses pouvoirs. La magie avait quelque chose de rassurant, la croyance à l'époque dans une force surnaturelle capable de faire des miracles émerveillait ses yeux d'enfant à chaque spectacle. Pour lesquels il avait longtemps fait le mur avant d'être l'invité privilégié de la magicienne. Puis il avait découvert que tout cela était véritablement vrai, était devenu un héros. Il eut un petit rire quand elle parla de leur Bruce, le grincheux originel.

-Il aurait détesté, il adore ses petits secrets. J'ai jamais trouvé l'entrée de la batcave.

Difficile de lever les yeux de son verre cependant, sauf pour croiser le regard de Zatanna, un regard plein de chaleur et de sympathie pour lui, il avait beau se sentir misérable, ça faisait du bien et il regrettait d'avoir ainsi fuit le domicile un peu plus tôt, d'avoir presque rejeté les autres, tout ça pour en arriver au même résultat, les soupçons confirmés en moins. Mais il était trop tard pour s'en lamenter désormais, Zatanna avait raison, il devait aller de l'avant, il n'avait pas le loisir de se lamenter sur son sort quand il avait encore tant à faire. Car au fond de lui, il était toujours le Billy Batson volontaire et désireux de faire le bien, cela n'avait pas encore changé, ce ne serait pas la première fois qu'il aurait mauvaise presse après tout, Bruce lui avait suffisamment rabattu les oreilles avec Diana sur la nécessité d'agir avec efficacité, de ne pas causer de dégâts inutiles, de maîtriser l'envie tentante de lâcher toute sa puissance par facilité. Non pas que Billy ais déjà faillit tuer quelqu'un, il avait rarement été dans des combats nécessitant ce niveau d'implication, mais ces derniers temps, les évènements semblaient le pousser de plus en plus loin dans ses retranchementys, le poussant à prendre des risques de plus en plus élevés.

-La tour as lancé un appel, Superman veut sans doute décider avec les autres de quoi faire...

Son ongle se mit à gratter nerveusement la surface de son verre.

-... Je veux pas arrêter Zat', la ligue c'est le truc le plus génial qu'il y ait dans ma vie, mais je pourrait pas rester à Metropolis, c'est trop dangereux pour nous maintenant et ce sera pas sans conséquence.

Ca le déchirait de prononcer ces mots. Il se rendait bien compte que le danger qui pesait sur sa famille était grand, et ça le terrifiait.

-Mais le Kahndaq... je sait pas... Adam et moi ça va mieux en ce moment... genre vraiment mieux, il est pas si mauvais quand il est pas dans son rôle de grand méchant chauve. Et puis Diana lui fait confiance, donc je suppose que ça me ferait pas virer du super club, mais je veux pas leur causer de problèmes, les gens vont avoir des choses à dire, ils ont toujours un truc à dire.

Le grattement se transforma en tapotage pensif.

-Je dois quand même protéger les autres, c'est moi le champion, c'est ma responsabilité, si je dois aller là-bas, je le ferait sans hésiter.

Son regard se planta dans celui de Zee, comme si la réponse allait s'affichait en lettres néons sur son visage. Son regard était cependant plein de détermination, comme à chaque fois qu'il parlait de ses proches en danger potentiel. Avant d'avoir ses pouvoirs, il avait toujours voulu les protéger, il avait pris bien des coups pour Freddy, et il en prendrait sans doute d'autres, mais il était préparé à encaisser.

-Je veux pas qu'il arrive du mal aux autres à cause de moi, toi, la ligue, ma famille, vous êtes tout ce que j'ai et je veux pas vous perdre.

Il retourna à son verre tentant de cacher à quel point prononcer tout ça était difficile. Zatanna et lui c'était en effet une longue histoire, et il savait quelle était une des rares personnes à qui il pouvait tout dire, sans filtre, c'était aussi pour ça qu'il l'adorait.

-Tu vois ce que je veux dire?

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Elle aurait pu rester des heures assise à côté de Billy à essayer de déchiffrer les expressions qui traversaient son visage alors que clairement, il était en pleine réflexion – même si ça aurait été un peu creepy. Elle avait l’habitude des enfants et des adolescents de par son métier et au gré de ses spectacles, et de ses quelques amis qui avaient eu le courage et la patience de se reproduire. Mais cet attachement, ce besoin de le protéger, quand bien même c’était lui qui souvent l’avait protégée elle, elle ne les ressentait que vis-à-vis de lui. Elle finit par sourire en l’entendant évoquer Bruce, et posa un doigt sur ses lèvres en prenant un air mystérieux. Elle, elle savait où se trouvait la batcave, et elle n’avait pas besoin d’y rentrer par la porte, qui plus est. Même si elle n’y était pas retournée depuis la mort de Bruce. Qui savait comment aurait réagi son doppelganger en la voyant apparaître dans sa mancave sans prévenir ? Et puis, elle n’en ressentait plus l’envie ni le besoin. Il n’y avait plus aucune raison pour elle de s’y rendre. Et puis elle était sûre que Billy serait déçu s’il y allait parce que ce n’était pas si cool que ça, de toute façon – en plus d’être très humide et glacial. À force d’adopter des mômes, Bruce avait appris à bien cacher ses gadgets les plus cools, qui étaient souvent aussi les plus dangereux, et Alfred s’occupait de planquer le reste. Elle considéra de nouveau Billy, cette fois avec respect, en plus d’affection. « Je t’admire tu sais. Moi, je n’ai pas su trouver ma place auprès d’eux, mais tu as raison quand tu dis que la Ligue est extraordinaire. Et tu y as toute ta place. Un jour, ce sera toi qui la guideras. » Ce n’était pas un vœu pieu, juste le cours normal des choses à venir.

Comme il considérait sérieusement d’aller au Kahndaq, Zee ne dit rien, laissant l’idée faire son chemin dans sa tête. Après tout, il était mieux placé que quiconque pour peser le pour et le contre. Il était en premier lieu concerné par tout ça, il connaissait l’histoire, toute l’histoire, il en faisait même partie, il en était le personnage principal. Cette décision-là, il n’y avait que lui qui pouvait la prendre, et en parler à Teth Adam. Zee était sûre que ce dernier l’aiderait d’une façon ou d’une autre. Ne serait-ce que par esprit de contradiction, et parce qu’il haïrait probablement bien plus ceux qui voulaient chasser Billy par leur intolérance et leur haine que Billy lui-même. Ce dont Zee était sûre, c’était que le Kahndaq était une terre d’accueil. Une terre rude où la vie était difficile pour qui n’y était pas né, certes. Mais c’était probablement mieux que de rester à la merci d’un groupe visiblement terroriste et dangereux. Et puis elle ne pouvait qu’acquiescer à ce qu’il disait : oui, c’était lui le champion. Il y avait des choses que lui seul pouvait faire, et pire encore, que lui seul devait faire. Elle tendit la main pour effleurer une mèche de ses cheveux en bataille. Comme elle aurait voulu apaiser ses craintes, et lui sortir un bon gros mensonge d’adulte du genre « tout ira bien ». Mais s’il y avait bien quelqu’un qui savait déjà, de façon bien trop tôt et bien trop rude, que la vie était parfois une garce, c’était lui. « Il faut que tu priorises, Billy. C’est un peu cynique, mais c’est la réalité, surtout en période de crise. Ne t’inquiète pas pour la Ligue ou pour moi, qui savons nous défendre. Pense d’abord à ceux qui ont besoin de toi. Et pense à toi. Tu as une longue route devant toi et tu risques de disparaître si tu tentes d’être partout à la fois. » Elle se détestait un peu de dire une chose pareille. Il y avait encore quelques années, elle n’aurait pas du tout été d’accord avec elle-même. Mais la corde avait fini par casser. On ne pouvait pas sauver tout le monde, et si on essayait, on ne sauvait personne. Alors, elle essayait de moins s’inquiéter pour ceux qui, elle le savait, étaient tout aussi capables qu’elle-même de se défendre. Enfin, sauf pour Billy, elle ne pourrait jamais ne pas s’inquiéter pour lui.

Ironiquement, elle avait acquis ce biais un peu tordu à la dure, certes, mais aussi auprès de Teth et d’une conversation qu’ils avaient eu peu après leur retour de Terre IV. Paradoxalement, elle espérait que Billy soit encore trop jeune et pas assez blasé pour se faire avoir par ce discours de la facilité. En la matière, elle avait un profond respect pour Diana et Clark, qui continuaient d’être des lumières éblouissantes dans les ténèbres. Mais disons que maintenant, Zee avait appris à ne plus se comparer à eux, ce qui était stupide dès le départ, dans le genre combat perdu d’avance. Elle baissa les yeux sur l’adolescent, rêveuse. « Et si tu nous perds malgré tout… Ne te perds pas, toi. J’aimerais t’arracher une promesse ici et maintenant. Ne te laisse pas abattre par la douleur, ne te laisse pas atteindre par la colère ou le désir de vengeance. Ne te dis jamais que tout est perdu. Essaie toujours de voir au-delà de la cruauté de ce monde. Tu ne seras plus jamais seul et abandonné, Billy. Ça n’arrivera plus jamais. » Il était le champion, mais il était bien plus que ça. Il suffisait de le regarder évoluer dans sa vie de Billy Batson pour se rendre compte que sa famille, ses amis, ses collègues de travail, si on pouvait dire les choses ainsi, formaient désormais un monde bien tangible duquel la solitude était exclue. Raison de plus pour veiller sur eux tous. S’il ne fallait qu’une seule raison, qu’une seule motivation, c’était bien celle-là.

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Comme beaucoup d'adolescents, même ceux frappés par des tragédies tôt dans leur vie d'enfant, la pensée de la mort, de l'échec définitif, était assez rare dans l'esprit de Billy. Il avait tendance à se croire invincible, et virtuellement il l'était en grande partie, il fallait de sacrés adversaires pour le mettre en difficulté, car le criminel commun n'avait en réalité aucun espoir contre Shazam. Les pouvoirs des dieux n'étaient pas une plaisanterie et il devait apprendre chaque jour à les maîtriser si il ne voulait pas être dangereux pour les autres, sans des personnes comme Clark, Diana ou même Bruce pour le guider, il doutait de pouvoir être le chef de qui que ce soit. Mais c'était aussi la confiance de personnes comme eux, comme Zatanna et comme bien d'autres qui faisait de lui un bien meilleur héros.

Il comprenait que sa relation avec le grand public était un peu pareil, même si il n'avait jamais été un grand héros, souvent dans l'ombre de Superman ou confondu avec lui, comme si les éclairs et la vision laser c'était pareil sérieusement, le public l'avait souvent soutenu, il était un peu maladroit, mais plutôt attachant en général, ses détracteurs cependant n'avaient jamais eut autant de voix qu'en ce jour. Heureusement pour lui, dans ce bar tout ça n'avait aucune importance, il comprenait un peu ce que la Justice League Dark trouvait à l'endroit et pourquoi c'était devenu son QG, il avait d'ailleurs des propositions pour changer le nom, genre Magic League ou Wizards of the Coast, mais ça c'était déjà pris ils auraient des ennuis. Zatanna avait beau dire qu'elle n'en faisait plus partie, sa ligue à elle ne faisait que continuer le travail qu'elle avait déjà entamé sur place.

Zatanna n'était peut-être plus la femme qu'il avait connu enfant, il pouvait voir que les années avaient tout fait pour essayer de l'attirer dans les abysses, il n'avait bien sûr pas le quart de l'idée de la réalité des faits. La possession par le démon, Terre 4, et bien d'autres évènements lui aurait sans doute arrachés des bruits plus que crispés. Mais dans le fonds elle ne changerait jamais, elle faisait toujours passer les autres avant elle, au point de leur demander de se faire passer en premier, il admirait cette qualité, ce manque d'égoïsme profonds. Il avait du mal à ne pas se sentir privilégié à ses côtés, à ne pas se sentir comme la personne la plus importante de l'univers. C'était la le plus grand pouvoir de la magicienne pour lui, celui de venir en aide aux autres sans avoir à lancer de sorts ou en réécrivant la réalité, simplement avec des mots, elle ressemblait beaucoup à sa sœur Mary, dénuée de toute notion de réelle méchanceté.

-T'as raison Zat', même Superman peut pas être partout. Mais ça veut pas dire que je dois pas essayer.

Ce qu'elle évoqua ensuite était pour son esprit impensable, perdre tout le monde autour de lui n'était même pas une pensée qui pouvait le toucher actuellement. Les temps étaient difficiles, mais maintenant il avait espoir que tout irait mieux au final, qu'il resterait toujours quelqu'un, il ne pouvait sans doute pas raisonnablement promettre à la magicienne qu'il ne faillirait jamais. Mais il sentait l'importance qu'auraient de tels mots pour elle, et il sentait qu'il se devait d'essayer.

-Je te le promet.

Il posa ses mains sur celles de Zatanna et fixa son regard.

-Comme j'ai promis au vieux sorcier avant, je te promet que je donnerait toujours mon maximum, quoi qu'il arrive. Que même si je trébuche, je ne tomberais pas.

Il lui fit un sourire plein de sympathie.

-Ne serait-ce que pour te remercier de tout ce que tu fait pour nous tous.

Il se jeta presque sur elle pour un câlin, sa tête se déposant sur l'épaule de la magicienne.

-Je pense qu'on te remercie pas assez.

Ce qui était vrai, il doutait que Zatanna ait reçu le quart des remerciements qui lui était dus, elle avait mis sa vie en danger un nombre incalculable de fois, elle avait affronté ce que le monde avait de pire à proposer, alors une promesse à tenir, un câlin et un merci était sans doute le strict minimum. Il se décolla de la magicienne pour reprendre sa place.

-Et puis tu fait du babysitting à l'œil avec Constantine.

Il éclata de rire, un rire franc et sans équivoque, il l'aimait bien celui là, pour un anglais.

identity crisis

Elle s’en voulait un peu de lui arracher des promesses que, objectivement, il n’était pas certain de pouvoir tenir. Elle préférait ne même pas y penser, mais elle n’était naïve et ce n’était pas parce qu’il était jeune, parce qu’il était porté par une volonté encore dénuée de tout cynisme, bref, parce qu’il était lui, qu’il serait épargné par le danger. Elle lui demander de faire attention à lui, le forçait à le lui promettre, mais elle savait que viendrait peut-être un moment où il briserait cette promesse. Elle espérait un peu que ça compterait dans la balance le moment venu. Mais elle ne savait que trop bien à quel point, au cœur du danger, ils pouvaient, tous autant qu’ils étaient, réagir sans réfléchir, portés par leur émotions et pas leur raison, et se mettre en danger de manière inconsidérée. Cela allait avec le job. Et Billy n’échappait pas à ce fait. D’ailleurs, il y avait de la nuance dans ce qu’il lui répondit. Il ferait le maximum. Et c’était bien suffisant. Le maximum, ce n’était pas l’impossible, et à l’impossible nul n’était tenu – ah ah. Il fallait le dire vite. Elle dut résister de nouveau à l’envie de se saisir de lui et de le téléporter avec toute sa famille sur une île déserte le temps que le monde aille un peu mieux, pour qu’ils y soient en sécurité, mais autant les condamner à y passer toute leur vie. Il ne pouvait pas fuir. Et elle ne pouvait pas l’y obliger, même si elle en avait envie. Elle venait d’essayer de le convaincre d’affronter la réalité, alors elle aurait eu l’air d’une cinglée à changer d’avis juste parce que plus il lui promettait de prendre soin de lui et plus elle avait peur pour lui. Elle maudit de nouveau le vieux type qui avait donné ses pouvoirs à Billy, puisqu’il en parlait. Même si bien sûr, en réalité, son choix était parfait…

Elle serra l’adolescent contre elle, rassurée momentanément par ce contact – il était là, il était bien vivant, et ses craintes à elle étaient de l’ordre de l’hypothétique, de l’intangible, quelque chose qui n’était pas arrivé. Elle rit doucement. « Tu n’as pas à me remercier. Si j’ai jamais fait quelque chose pour toi, c’est parce que tu fais partie de ma vie et que tu es très important pour moi. » Ces choses-là non plus, on ne les disait pas assez. Enfin, elle, elle les disait souvent et sans problème, elle n’avait aucun problème de fierté, rien qui l’empêchait d’exprimer tout haut ce qu’elle ressentait – elle savait que c’était une rareté chez les humains. Billy aussi exprimait facilement ce qu’il ressentait. Au moins, avec eux, pas de souci de communication. « Il t’aime bien, c’est pour ça, même s’il ne le dira jamais tout haut. » Enfin, il avait intérêt à bien aimer Billy. Elle ne lui laisserait pas le choix. Elle se recula sur sa chaise alors que la conclusion du garçon lui faisait penser à quelque chose. « Tu sais, je connais une autre cachette si jamais tu avais vraiment besoin de te mettre à l’abri de toute urgence. Mais c’est encore plus difficile à trouver que ce bar. » Et elle n’était pas sûre que ça plaise à John, en plus. D’ailleurs, il avait la capacité d’empêcher quiconque de pénétrer dans sa Maison, ce qu’il faisait – à sa connaissance, il n’avait pas laissé entrer grand-monde jusqu’à présent à part elle. Mais comment dire... Elle avait ses trucs pour le convaincre. Quel dommage qu’elle n’ait pas réussi à mettre la main sur la maison magique de Nick, ça aurait été bien utile.

Elle regarda ses mains, puis ôta ses bagues en argent avec résolution – elle en avait dix, une à chaque doigt. Oui, elle aimait les bagues. Elle referma les mains dessus et se concentra quelques secondes, insufflant la magie dans les bijoux. Ce n’était pas sa spécialité, mais c’était mieux que rien. Elle tendit les bagues à Billy. « Utilise-les pour toi ou pour quelqu’un autre. Ce n’est pas grand-chose mais si tu te retrouves dans une situation désespérée, ça te fera gagner quelques minutes. » Elle passa une des bagues à son doigt pour lui montrer l’effet du sort : elle ne sentit rien, mais en se regardant dans le miroir derrière le bar, elle constata que ses cheveux s’était légèrement raccourci, légèrement éclairci, ses yeux légèrement foncé, de même que sa peau. Le sort d’illusion était très simple, il modifiait simplement et très légèrement chaque élément physique vers ce qu’il pouvait avoir de plus banal, et cela suffisait à transformer une apparence – pas beaucoup, mais de manière si étrange qu’il était difficile de la reconnaître malgré tout. C’était elle sans être elle. Elle ôta la bague et la tendit à Billy. « Cela ne marchera qu’une ou deux fois. Après, tu pourras les vendre sur ebay en disant qu’elles m’appartenaient, il y a plein de photos de moi sur le Net avec ces bagues ! » Elle n’oubliait pas qu’ils s’étaient rencontrés parce qu’il était un fan, après tout.

Codage par Libella sur Graphiorum

Identity crisis

Zatanna était modeste et bienveillante comme à son habitude, elle avait toujours été un des rayons de soleil de son existence, il avait souffert de ne pas pouvoir lui dire qu'il avait été Shazam si longtemps qu'il était heureux d'avoir commis une erreur. La magicienne était sans doute le personne la plus importante de sa vie, une adulte qui était toujours là pour lui comme les Vazquez qui devaient sans doute être en plein évacuation avec les autres. Tawny! Ils allaient paniquer en voyant le Tigre anthropomorphe en costard c'était sûr. La pensée aurait put faire sourire en d'autres circonstances il pouvait accéder au roc d'éternité à volonté, il était l'être magique le plus puissant de la création grâce aux pouvoirs des dieux et c'était encore une fois la si mortelle Zatanna qui cherchait à lui sauver la peau, et réussissait, il entendait déjà le vrai Shazam, le barbu, maugréer dans ladite toison faciale, mais il pouvait aller se faire cuire un œuf, lui n'était pas là. La magicienne était un pilier de sa vie, il ne pouvait envisager un monde sans elle comme il ne pouvait imaginer un monde sans la Justice League ou sa famille. En vérité il n'avait pas finit ici par hasard, bon ok être servi par la fusion ultime entre Sherlock Holmes en un primate c'était la classe, il adorait Bobo et son côté bourru, ainsi que ses histoires, un genre de tonton râleur bienveillant. Deadman était cool lui aussi, mais son histoire de karma c'était de la torture, le pire deal de l'histoire, Constantine devait apprendre à faire des vannes moins sombres, mais c'était pas un mauvais bougre. Bon, il y avait aussi Etrigan, mais il était assez chill et cherchait pas à envahir la terre tous les premiers samedis du mois comme certains de ses potes, donc il le catégorisait dans les fréquentables.

-Bien sûr qu'il m'aime bien, je suis adorable.

Il eut un petit rire amusé, Constantine avait eut de mauvaises surprises en laissant traîner ses dix petits doigts roublards, il avait même forcé une sécurité ou deux, il avait de la ressource, Adam avait bien entendu tout vérifié et rien ne manquait, même pas le service à thé contenant une galaxie fragmentée, ce qui était le troisième plus grand sujet d'intrusion dans le Roc selon les relevés de la sécurité magique, le premier étant le bâton du sorcier et le deuxième les sept pêchés capitaux. Selon Billy il avait reçu une petite leçon, mais son opposition était remarquable.

-Si par cachette tu entends "maison volante interdimensionelle", et bien il as réussit à bloquer les portes, je peux briser un immeuble d'un simple coup de poing et il a fermé les portes! Il est rusé, mais je le comprends, il as un des plus beaux exemples de magie qui peut apparaître dans ce plan d'existence.

Il aimait bien Constantine.

Il observa un peu circonspect les bagues, mais compris rapidement leur usage, comme toujours Zatanna allait au delà de toute demande pour lui sauver la peau. Depuis longtemps elle veillait sur eux, sans attendre quoi que ce soit en retour, quelque part c'était un peu triste qu'il ne puisse pas lui rendre la pareille comme il le voulait, mais quelque part il sentait que ce n'était pas ce qu'elle obtenait de leur drôle de relation de famille recomposée élargie. La magicienne était tout simplement bienveillante. Il prit les bagues et les enfila dans ses poches, en conservant une qu'il fit jouer entre ses doigts, il avait enfermé suffisamment de policiers dans des boutiques de prêteurs sur gage pour savoir que les bijoux en eux même valaient une petite somme, des modèles distinctifs, il se sentait un peu honteux et se promit de ne les utiliser qu'en cas d'urgence vitale.

-T'es dingue si tu penses les voir sur le net, elles partent dans ma collection si on les utilise.

Et dans celle de Freddy, il n'aimait pas l'avouer mais il était aussi fan de longue date, il se contentait de dire que Billy l'avait entraîné dans le truc, mais c'était un gros mensonge!

-C'est le même sort que pour Starfire? Les éclairs de Zeux ça fait un peu limité, t'imagines les blagues que je pourrait faire en changeant de forme?

Il avait bel et bien retrouvé le moral, le gros de ses soucis balayés par cet échange à cœur ouvert, sans doute le meilleur superpouvoir de Zatanna.

-Mais promis on s'en servira qu'en cas d'urgence.

Il sentit le bipeur de la ligue qui l'appelait au devoir, bon ça faisait une heure qu'il le bernait en changeant de dimension mais quand même, 5 minutes c'était trop demandé?

-Ok! Ok! OK! SHAZAM!

L'éclair le transperça de nouveau, l'enveloppant de fumée qu'il dispersa, le courage d'Achilles lui fit bomber le torse naturellement et il sentit ses sens magiques revenir, Zatanna enrobée de cet amas épais de puissance qui ne la quittait jamais, elle aurait put envoyer les démon et l'ange aller se faire cuire un oeuf à 15 dimensions de là sans sourciller.

-Ils sont perdus sans moi, je vais demander une promotion Zat'!

Il plaisantait bien sûr, avoir une chaîne Youtube c'était une chose, mais alimenter son blog de fan de la Justice League c'en était une tout autre, il allait pas écrire qu'il était fan de lui c'était bizarre. Nan membre c'était cool, ah mais maintenant les gens allaient savoir que c'était lui qui le tenait... il se serait facepalm.

-Et viens nous voir au Kahndaq, si t'a un sort pour faire sourire les chauves j'ai une mission pour toi, au pire on ira se faire un resto.

Il s'éleva du siège avec un sourire visiblement amusé.

-Câlin d'au revoir! Esquive interdite!

Il la prit rapidement entre ses bras avec un petit rire amusé et enfantin avant de disparaître par la porte qu'il avait emprunté en arrivant, direction la tour de garde.