Call of the Ocean ft. Mera | Flashback |

« Alerte à tous les citoyens d'Amnesty Bay. Un nouveau raz-de-marée serait présentement sur le point de frapper la côte. Il s'agit du deuxième en moins d'une semaine. » Aussitôt la menace annoncée, les prunelles de mes yeux prirent la direction du moniteur un peu plus loin. Le volume n'était pas très fort, mais une bourrasque de vent à l'extérieur avait fait son travail, réduisant l'ambiance au silence dans le petit bar. L'annonce qui venait d'être faite avait eu l'effet d'une chaudière d'eau froide dans l'établissement. En vitesse, les gens se dirigèrent vers la sortie, prenant rapidement conscience du nouveau danger qui se rapprochait des parois rocheuses de la côte Est des États-Unis. La dernière secousse n'était même pas vieille de sept jours et déjà, les citoyens d'Amnesty Bay devaient lever les fortifications pour éviter une autre catastrophe. Les dommages causés plus tôt dans la semaine s'estimaient à plusieurs centaines de milliers de dollars. Des maisons, des vies et des rêves démolis par la force des eaux. Une puissance rarement constatée par les habitants de la petite ville, et ce, malgré la proximité de l'océan. Une situation critique et alarmante qui semblait destinée à se répéter encore une fois. Le mutisme qui avait gagné la place lors de la déclaration avait finalement prit le bord et l'hystérie poussa les gens présents à courir dans tous les sens, comme des poules pas de tête, tout incertain de la bonne chose à faire face à la suite des choses. Amnesty Bay n'avait pas vécu de raz-de-marée depuis ma naissance, aucun en plus de trente ans et en voilà deux en moins d'une semaine. Cette réalité n'avait rien d'ordinaire, les experts s'entendaient pour le dire. Quelques-uns pointaient les changements climatiques, mais d'autres, préfèrent y voir un autre genre d'avertissements face à la bêtise humaine. Une vengeance à cause de la pollution des mers. Ridiculisées pendant des années, les théories du docteur Stephen Shin commençaient à devenir de plus en plus tendances, peut-être que mon apparition avait tranquillement ouvert les yeux aux plus sceptiques, facilitant ainsi les croyances de Shin quant à la mythique cité d'Atlantis. La vieille cité disparue, coulée dans les profondeurs de l'océan Atlantique. Écho de tant de merveilles pour plusieurs, mais aussi souvenirs de tant de souffrances dans mon cas. Une perte dure a avaler qui expliquait d'ailleurs ma présence dans l'endroit qui m'avait permis de partager tant de moment avec l'homme qui avait quitté le monde des vivants il y a de cela quelques années, mon père. Sa vie volée par les êtres provenant des profondeurs, par ceux qu'il décrivait lui-même comme étant une partie de mon peuple, une partie d'un héritage que j'enviais de moins en moins.

Décidé à protéger ceux qui vivaient présentement la même crise que moi, je m'imposai au milieu de la pièce, laissant derrière moi le doux nectar que j'avais soigneusement ingéré à la mémoire de mon paternel. « Je ne veux personne qui quitte cette place. Barricader les fenêtres et regroupez-vous au centre du bar. La tempête passera, mais aucune vie ne sera prise aujourd'hui. » Perdue comme des marins sans boussole, les citoyens présents dans le bar n'attendirent pas de nouvelles paroles pour se mettre au travail. Rapidement, les bruits extérieurs furent étouffés par l'épaisseur du bois qui recouvrait les fenêtres, puis la seule source de lumière était celles offertes par les ampoules fixées au plafond. J'avançai tranquillement vers la porte, tout en hochant la tête lorsque mon regard croisait celui d'une autre personne. Ils avaient fait ce que j'avais demandé, c'était maintenant à moi de voir ce que je pouvais faire pour eux. Perçu comme un héro, comme un protecteur, je savais sans même demander ce qu'ils attendaient de ma personne. Un sacrifice. Autant de mon être que de mes forces et présentement, ce sacrifice était bel et bien tout ce que j'avais en tête, surtout lorsque j'imaginais l'implication que le peuple Atlante pouvait avoir dans cette histoire. L'idée sombre d'un affrontement qui pourrait possiblement me coûter la vie, mais qui pourrait en même temps me libérer de tant de maux. Là où mon père me voyait régner comme un roi, moi, je me voyais les écraser comme de la vermine. Une rancœur bien trop profonde peu ceux qui m'avaient pris mes deux parents, voilà ce qui m'animait, ce qui me poussait a traverser cette porte qui venait de se refermer derrière moi.

Les vagues se brisaient contre la falaise alors que je m'approchais du mieux que je pouvais du rebord, n'ayant pour but que de freiner cette nouvelle offensive Atlante. La puissance des vents me forçait à incliner légèrement mon corps, tandis que je levai un bras vers l'avant, cherchant une façon de camoufler mon visage de la pluie qui s'abattait soudainement sur moi. À mon grand désarroi, tout semblait plus que normal, aucune silhouette se dessinait sous mes yeux, aucune attaque m'avait pris par surprise, qu'un amer goût de vengeance qui me roulait dans la bouche. Il n'y avait que moi et cette vague qui menait malgré elle des débris par centaines sur les rives sableuses de la baie. Une vision bien désolante de la pollution causée par l'espèce humaine qui me fit soupirer un bon coup. Mes yeux s'éteignirent, alors que mes poumons se remplirent d'air. Il n'y avait rien que je pouvais faire face à cette menace. Présent ou pas, elle allait frapper la côte et elle allait causer des dommages supplémentaires. Il me restait seulement a m'assurer que les pertes ne seraient que matériel, qu'aucune vie ne serait perdue aujourd'hui. La tête légèrement baissée, déçue de n'avoir pu faire craquer mes jointures contre le visage d'un Atlante, je rebroussai chemin lorsqu'un hurlement monstrueux freina ma démarche. Peu importe ce qui se trouvait dans mon dos et malgré le cri qui avait gagné mes oreilles, un rictus fit lentement son apparition sur le bas de mon visage. Cette envie de sang, ce sentiment de vengeance allaient donc être comblés au final. Confiant, je fis volte-face pour confronter l'être qui avait émis le gémissement, esquivant de peu l'attaque d'une des créatures qui venaient d'émerger de l'eau. Les monstres ne ressemblaient en rien à ce que je savais du peuple d'Atlantis. Un nouveau hurlement sembla sonner le début réel de l'assaut, alors que chacune des créatures fit un saut vers l'avant, me forçant à défendre plutôt qu'à attaquer. J’encaissai quelques baffes, avant d'en offrir à mon tour. Mon poing profondément ancré dans le corps d'un de mes adversaires, j'anticipais la force du coup qui venait vers moi. Une attaque tranchante qui n'arriva jamais, alors que la créature fut projetée plus loin par un courant d'eau provenu de nul part. Une chevelure d'un rouge éclatant attira alors mon regard, alors qu'une femme venait de se joindre à l'affrontement clairement débalancer dans le nombre. Sa maîtrise de l'eau ne laissait pas place à grand questionnement. Elle n'était pas une surfacienne, mais bien un être issu des profondeurs des océans. Pourquoi m'aidait-elle dans ce cas ? Son arrivée me permit de renverser légèrement la vapeur, avant que je me retrouve à proximité d'elle. « J'avais la situation sous contrôle, pas besoin d'une Atlante pour me défendre. »