Murmurs in the deep [PV Analia Jones & Tefé Holland]

Murmurs in the deep

Des mois de torture avaient presque eut raison de lui, être le prisonnier de son corps n'était plus étranger à Klaus depuis qu'Amanda Waller avait fait implanté un explosif dans sa nuque, mais c'était incomparable dans le fond à sa situation actuelle. Même son esprit était la proie désormais d'un ennemi qui avait le contrôle total sur lui, alternant depuis son réveil entre périodes de conscience et de total abandon au Rythm, le parlement du métal avait fait de l'ancien agent et création d'ARGUS ramené d'entre les morts par la technologie leur chose. Un tueur obédient à une cause dont il ne comprenait rien, d'objectifs sans aucun sens en apparence, laissant dans le monde une trace écarlate, le sang des vaisseaux potentiels ou actuels des autres parlements avait rougi sa lame, teinté son armure, à de multiples reprises. Et si certains avaient survécus, tous savaient désormais que le Rythm était en guerre ouverte, selon un agenda calculé et recalculé des milliards de fois à chaque seconde qui s'écoulait, en l'espace de ces quelques mois, le Rythm avait imposé sa présence aux autres, encore inconscient que sa soif de pouvoir trouverait bientôt sa fin d'une manière inatendue. Machine Queen était la réelle dirigeante de ces esprits composés de zéros et de uns, avatar rejetée du Green, son esprit avait été le premier à empoisonner la froide logique du parlement tout en lui donnant les outils nécessaire à la volonté d'entrer en guerre. Klaus avait semblé un outil parfait une fois la volonté du parlement faite, comme une ultime offrande du monde des humains qui leur avait donné la vie, la carcasse métallique de N1 était devenu l'épée venant frapper leurs ennemis, où qu'ils se trouvent. Seule la confusion du cyborg permettait encore au Rythm de maintenir son contrôle, mais rien n'était plus pareil depuis que le destin l'avait mis sur la route de sa sœur.

Analia et Klaus avaient toujours eut des rapports compliqués, il avait toujours adoré sa cadette, au delà de la raison et sans doute d'une manière qui aurait put sembler étrange à la plupart des gens, un amour aveugle et passionné qui avait souvent été toxique pour leur petit groupe d'enfant cuve. N2 était son acolyte, N4 était son rêve, le rêve d'un monde meilleur, mais bien sûr ses sentiments l'avait rendu aveugle, cruel parfois, il avait fait bien des erreurs au nom de ce qu'il avait pensé être des sentiments positifs. C'était Tefé qui lui avait ouvert les yeux, qui lui avait fait comprendre que ressentir quelque chose de fort pour quelqu'un d'autre ne voulait pas dire qu'on l'aimait, ou pas de la bonne manière, l'enfant de Swamp Thing avait hanté ses pensées des années durant, mais il avait finis par comprendre qu'il aimait surtout l'idéal qu'elle représentait, et qu'on ne pouvait aimer un idéal, on ne pouvait aimer que des gens, et aimer des gens c'était vouloir le meilleur pour eux, pas pour les objectifs qu'ils pouvaient servir. Cette révélation lui avait coûté la vie, mais elle ne l'avait jamais vraiment quitté, même quand ce qu'il restait de son corps avait été transféré dans un carcasse de métal, que la vie avait de nouveau agité ses synapses. Et ça c'était une choses que rien ne pouvait détruire, que rien ne pouvait effacer, quelque soit les souvenirs qu'il avait perdu, N1 aurait toujours un amour sans limite pour les siens, un réflexe animal en lui de les protéger. Il avait retenu sa main contre Tefé et contre Analia, avait refusé leur mort, il avait aussi épargné d'autres êtres, mais ça c'était une autre histoire, les fragments de bonté qui l'habitait, de celui qu'il aurait voulu être avaient joués une part importante. N1 ne serait jamais cette personne, le héros qu'il avait toujours voulu être, celui qu'on lui avait décrit dans son enfance, le pourfendeur de ce qui était mauvais, mais quelqu'un lui avait déjà dit qu'il pouvait être son propre héros et tuer ses oppresseurs, ça non plu il ne l'avait pas oublié, donc il se battait, s'accrochait à tout ce qui avait du sens.

Une alarme de proximité, les courants du Clear autour de la base sous-marine ou se terrait le parlement se teintaient d'autres couleurs, car même au fond de la fosse des Mariannes, la vie animale et végétale as trouvé son chemin, dans les ténèbres les plus sombres ou ne s'échouent normalement que les carcasses broyées par la pression de ce qu'il y as au dessus, les autres courants d'énergie ont une prise. Le Rythm sent son ennemi un peu trop tard, car Analia et Tefé sont déjà là, la moindre brèche dans la coque balayerait les lieux et ses occupants en un instant, il est donc impensable de porter atteinte aux visiteurs en les exposant aux incroyables pressions qui règne, dans une chambre isolée, un courant électrique redonne vie au cyborg, l'être de métal, l'épée du Rythm, s'éveille. C'est cependant un visage que Tefé as déjà vu qui apparaît, non plus composé d'arcs électriques, mais apparaissant dans toute sa magnificence sous une forme d'hologramme, Machine Queen, celle qui as défié et blessé Swamp Thing observe sa fille avec dédain.

-Vous.

Elle se tourne vers Analia qui peut voir un regard incandescent la transpercer de part en part, la haine de la choisie du parlement est grande envers cele qui est le plus grand danger de la priver de son esclave et assassin.

-Minables insectes, vous avez déjà perdues, il est trop tard.

L'hologramme la formant se désagrège sur ces mots, une porte s'ouvre pour révéler une forme que les deux jeunes filles connaissent désormais bien, celle d'un cyborg armé d'une longue épée courbée. Le métal frappe le métal lorsqu'il avance d'une pas, puis un deuxième, une autre porte s'ouvre, en une deuxième forme apparaît, puis une autre, et encore une autre. Déçus par leur agent, le Rythm as tenté de le copier, après tout, c'était l'objectif d'ARGUS à l'origine. Sans un mot, leurs corps métalliques s'agitent et se jettent sur les intrus.

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Bouge-pas Grand-fère, on arrive pour te sauver

On en avait chié pour arriver ici, mais autant dire que là j’étais prête à éclater des gueules et repeindre tout de rouge et de ce qui composé Rythm ou je sais plus quel nom de merde avec la saloperie qui contrôlait mon frère. Je frémissais de colère. Bon… au fin fond de la fosse la plus profonde du monde, j’allais quand même devoir faire très attention. Je me mordis les joues avec attention en respirant profondément.

« Ça va saigner Téfé. T’es prête ? »

On en avait chié, mais on en était là et on était prête à poutrer des gueules, Je fis rouler mes épaules avant de rajuster soigneusement mon équipement. J’avais enfilé une tenue militaire, si bien que je rajustais mes gants autour de mes doigts. J’avais quelques armes sur moi, mais mon pouvoir était ce que j’avais mieux en arme. Je souris un peu avant de me masser la nuque et de poser une main sur l’épaule de Téfé.

« On y va ? »

On finit par entrer et visiblement… on était attendu. Très bien, c’était parti on allait pouvoir s’amuser un peu. Je fis craquer ma nuque à sa remarque.

« L’insecte c’est toi. Et nous on est l’insecticide, et on vient faire le ménage. »

Elle allait s’amuser un peu avec nous. Je regardais avec attention autour de nous les nouveaux pantins de Rythm. Tout ira bien, j’eus un sourire amusé. Froidement amusé. Elle avait osé copier mon frère… Et ça c’était légèrement agaçant après tout.

« OK. C’était déjà personnel. Là ça devient, génétique. »

Fis-je colérique. Je fis à nouveau craquer ma nuque en me mettant dos à dos avec Téfé.

« Deux chacune. Ça te va ? Disons que c’est l’échauffement. »

C’était pas comme-ci on avait le choix après tout. Mais en tout cas, j’allais pouvoir m’amuser un peu. Je me décollai de Téfé et m’approchai des deux premiers avant d’esquiver tranquillement les premières attaques, échauffement. Ils n’avaient pas la force de mon frère. Ce n’était que des pâles copies. N’était pas ARGUS qui voulait pour réussir des copies, j’avais l’impression d’avoir des marionnettes dont les fils étaient en partie coupés. L’espace restreint m’obligeait à ne pas user de tous mes pouvoirs, de unes, et de deux… Je ne savais pas trop. Mais pour l’instant il fallait s’économiser surtout en réalité. Je ne savais pas trop ce qu’elle nous réservait encore un peu !

La lame que je retirais des mains de ce clone finit par lui trancher proprement la tête. C’était… relativement étrange… De tuer en quelque sorte son propre frère. Sauf que N1 était beaucoup plus vif, de une, et de deux, il n’attaquait pas comme ça. Et de trois, je ne savais pas. Est-ce qu’il m’attaquerait ? On dira que oui. Mais en tout cas, pour l’instant ce n’était pas très impressionnant. On aurait dit… des poupées de glaise et j’attrapais la seconde lame quand le second corps tomba au sol. Je fis tourner les lames dans mes mains avant de me tourner vers Téfé, prête à l’aider si elle avait besoin d’aide. En tout cas… l’insecticide était plus efficace que ce qu’elle nous avait envoyé. Une fois les quatre clones morts je regardais mon alliée et amie avec un sourire :

« Ça va ? Aucun problème ? »

J’avais de quoi soigner et deux ou trois piqûres d’adrénaline. Savait-on jamais… Dans quel état j’allais retrouver mon frère.

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Tefé n’était pas à l’aise, et ce n’était pas le visage géant et holographique ou l’apparition de plusieurs N°1 qui allaient l’aider à se sentir mieux. Elle avait commencer à se tendre à la seconde où elle avait compris où se terrait l’avatar du Rythm et ça ne lui avait pas plu du tout, parce que si le Rythm se planquait en plein dans le territoire du Clear alors qu’est-ce qu’il était advenu de l’avatar du Clear, et surtout de Layla, bordel de merde ? Elle n’avait pas pensé une seconde que ce nouveau N°1 puisse s’en prendre à son amie, tout simplement parce qu’elle ne pensait jamais aux autres et toujours qu’à sa gueule, mais maintenant elle se demandait ce qu’il s’était passé entre eux et pourquoi cette base sous-marine existait pépouze sans que cela semble chagriner le Clear. Même si Tefé savait que le parlement des Vagues était du genre chill et que ses motivations étaient parfois incompréhensibles et pouvaient paraître inacceptables. Quoi qu’il en soit, la meilleure façon pour Tefé d’obtenir des réponses, à présent, c’était de tabasser N°1 2.0 dans les règles jusqu’à ramener le vrai N°1, celui dont le souvenir l’avait accompagnée pendant des années, le seul qui pouvait prétendre être unique au monde comme elle et le seul qui l’avait comprise. Elle lui avait à peu près demandé de mourir, la dernière fois qu’ils s’étaient vus, et elle avait fini par s’avouer qu’elle était contente qu’il ait survécu mais bordel, pas dans cet état-là ! Elle était sûre qu’il aurait préféré mourir que devenir à nouveau un esclave, avec des chaînes encore plus lourdes qu’avant. Et du coup, Analia et elle étaient là pour l’aider, et/ou le buter, elle ne savait pas trop. Elle laisserait Analia prendre les décisions parce que tous les deux, apparemment, avaient des liens de famille, mais n’empêche. Tefé voulait des réponses. Et elle voulait que N°1 redevienne comme avant.

Elle avait demandé à son père de lui parler du Rythm avant de venir, histoire de savoir à quoi elle avait affaire, et elle avait à peu près capté de quoi il s’agissait, de même que la difficulté qu’elles auraient à se débarrasser de l’encombrante influence d’une entité qui était partout, tout le temps, jusque dan la poche des humains. En cela, le Rythm était un formidable adversaire et il n’y avait aucune chance qu’Analia et elle le vainquent, même tous les Parlements réunis ne pourraient jamais se débarrasser de cette force en l’état actuel des choses. Mais si déjà elles pouvaient lui arracher N°1, ce serait pas mal. Et sinon, il devrait mourir. Probablement qu’il serait d’accord. Même si Tefé ne raffolait pas de l’idée de se retrouver à nouveau toute seule dans ce monde fait de légions d’êtres similaires les uns aux autres. Elle se retrouva dos à dos avec Analia et esquissa un petit sourire sans joie. Elle ne refusait jamais de se battre mais ne raffolait pas de mettre sa vie en danger, il ne fallait pas déconner. Elle regarda approcher ses adversaires en frémissant, le souvenir de cette foutue lame mordant sa chair pâle encore bien vif dans son esprit. Quel dommage, vraiment, qu’elles n’aient pas traîné Conner à la remorque, c’était maintenant qu’elles avaient besoin de ses yeux lasers. Tefé esquiva les premiers coups, cherchant des points de contact avec le Green. Ici, si loin de la terre, ce n’était pas facile, et depuis le début, elle se sentait oppressée et coupée de sa source de vie primaire. Elle ne pourrait tirer du sol sous la base que de maigres ressources, mais heureusement, elle avait hérité d’autres talents de ses parents. Et puis, le Clear ne lui était pas hostile. Tirant sur un fil d’essence végétale qui passait par là, elle durcit tout son corps qui prit l’apparence lustrée du bois et para un coup d’épée, lequel mordit son bras mais sans effusion de sang. Ce sacrifice lui permit d’enfoncer ses doigts devenus des pointes de bois acérées dans le coup du pantin d’où aussitôt jaillirent des centaines de minuscules racines chargées de foutre le boxon dans tous ces circuits.

C’était bizarrement plus facile que quand elle avait affronté N°1, comme quoi l’original était toujours meilleur, c’était comme les films. Elle roula à terre pour éviter de se faire décapiter par le deuxième pantin, trébucha sur le premier qui se déplaçait par à-coups, apparemment dérangé par les racines qui se tortillaient entre ses circuits, et donna un coup de poing puissant dans la tête de son ennemi, qui bougea à peine. Ah ! Fichue boîte de conserve ! Elle arracha son épée au premier pantin et fut déçue de constater qu’entre ses mains, la lame semblait comme morte, réduite à un bout de métal, mais ça suffirait. Agile, elle dansa un moment avec son ennemi jusqu’à trouver une ouverture, en enfonça la lame dans la jointure entre son bras et son épaule, ce qui ne fit qu’à peine le ralentir. Il lui arracha la lame des mains d’un geste et l’autre jaillit pour se saisir de sa gorge et serrer. Tefé laissa échapper un cri de douleur silencieux et se demanda vaguement si elle allait mourir la nuque brisée ou étouffée d’abord, puis ses yeux luisirent d’un éclat rougeâtre et elle ouvrit grand la bouche. D’entre ses lèvres s’échappèrent des centaines et des centaines de minuscules fourmis appelées par le biais du Green et du Red conjugués. C’était probablement dégueu à regarder, mais cette armée de minuscules soldats qui partit à l’assaut des circuits du pantin suffit à ce que ce dernier relâche sa prise. Tefé tituba en arrière et se cogna contre Analia, qui de son côté en avait terminé. « Ça va… » croassa-t-elle, une main sur la gorge, tout en regardant ses deux ennemis se tordre dans tous les sens, tous les deux soumis à une attaque interne contre laquelle ils ne pouvaient rien faire. C’était presque pitoyable. Et elle n’avait pas envie de faire subir ça à N°1. Même s’il avait attaqué et blessé Swamp Thing, ce qui d’ordinaire à ses yeux était passible de mort. Elle jeta un regard presque malheureux aux portes derrière lesquels le type qu’elles étaient venues sauver/tuer se trouvait peut-être. « J’espère que cette vieille peau en fer-blanc n’en a pas deux mille autres comme ça cachés dans ses couloirs. » Elle chercha des yeux le visage en hologramme de tout à l’heure. « Viens te battre en personne, garce ! Mon père m’a dit que toi, on pouvait te trucider sans hésiter ! » Le Green n’avait que faire d’une fausse entité comme le Rythm, née des fantasmes technologiques des humains. « Et toi N°1, tu te caches ? T’as honte de ne pas avoir tenu tes promesses, je parie ! Menteur ! MENTEUR ! » Il y avait presque du désespoir dans sa voix parce que oui, il lui avait menti, en quelque sorte, et ça la désespérait.

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Machine Queen observait d'un air distrait le combat entre les deux jeunes filles et ses créations, elles n'espérait pas vraiment gagner, juste avait-elle espéré les impressionner suffisament pour leur faire tourner les talons. La vérité et qu'il ne restait pas grand chose de celui qu'elles avaient un jour eut comme frère ou ami. Analia avait renforcé sa volonté, mais un mortel n'était rien face aux puissances mystiques qu'elle représentait. Bientôt il ne serait qu'une coquille vide et écorchée, obéissante. Elle n'avait pas menti, il était trop tard et bientôt N1 reprendrait son œuvre de guerre avec quelques renforts pour plus d'efficacité, des usines tout autour du monde s'étaient déjà retournées contre leurs propriétaires pour commencer leur production, ces deux là n'était que des tests faits avec les maigres moyens de cette base un jour prévue pour habiter la vie. En vérité, elles l'avait aidée à débarrasser les ordures, les tuer était si facile, à une telle profondeur il aurait été facile de remplir le SAS d'eau ainsi que tout endroit qu'elles auraient visitée, de laisser des courants à haut voltage parcourir cette eau glacée et salée. Oui, les tuer aurait été facile, mais la parlement voulait une vraie victoire après des mois de guérilla et de chaos organisé par leurs soins. Ils devaient vaincre Tefé, Analia était par contre un danger en l'état, il fallait les séparer rapidement. Des Terras de donnés furent traités en un instant en un plan décidé à l'unanimité par le parlement. Quelque part dans les profondeurs de la station, un corps de métal et de chair s'active et le doux bruit d'un moteur à fusion froide emplit l'air comme un ronronnement de panthère.

N1 ressent son corps activé, confus et épuisé d'avoir dut résister mentalement aux assauts du parlement du Rythm, il sent la voix et la vision de Tefé saturer ses sens comme un électrochoc. Seulement l'ombre de lui-même, il perçoit avec douleur l'agression de ses maîtres. Menteur! MENTEUR! Les mots accusateurs provoquent un larsen jusque dans son esprit, agitant sa réponse instinctive, ce qui avait un jour été géré par son cerveau reptilien et désormais greffé à une matrice  injectant un cocktail de stimulants de combat. Une aiguille se plante dans la nuque du cyborg et injecte un cocktail supplémentaire afin de renforcer la suggestion. Si Klaus avait eut le contrôle de son corps, il aurait hurlé de douleur et de rage mêlée. MENTEUR! Les systèmes sont activés et les liens se relâchent pour alisser le cyborg agir. Une main se ferme sur la poignée de de son arme et une autre frappe sur le masque à plusieurs reprise, tentant d'arracher la protection de métal par la force brute alors que les yeux de Tefé semblent percer son âme. MENTEUR! TE TRUCIDER! La lame quitte son fourreau et rugit dans les airs, N1 bondit en avant, traversant la distance à toute vitesse.

Analia et Tefé de leur côté semblent pouvoir avancer sans plus aucun mal dans les couloirs, les portes s'ouvrant même avec respect sur leur passage. Le silence brisé seulement par leur doux chuintement et par les pas des deux jeunes filles qui errent d'abord à ce qui ressemble à des bureaux de recherche, des outils scientifiques, des imprimantes 3D, des technologies qui auraient permis à un petit groupe de travailler avec une grande efficacité. La rouquine ne semble rien ressentir à l'aide de ses ondes, mais Tefé entends quelque chose, un cri silencieux, la souffrance du Green, comme un hurlement étouffé par un vacarme métallique. Elle ne tarde pas à en découvrir la cause dans une serre. Des plantes emplissant la salle, des fruits, des légumes, un petit paradis certes organisé et qui n'a rien de la beauté habituelle du Green, mais enfin sa trace, sauf que Tefé sent immédiatement que quelque chose cloche. Le Green est parasité, des milliers de minuscules organismes forçant le Green à l'ordre à la conformité, Tefé comprends enfin que les tomates ont la même forme, que les plants sont en réalité tous identiques, pareil pour les salades, les pommiers, l'horreur de ses semblables à seulement le temps de la percuter qu'un hurlement dans son dos retentit. Analia et agrippée par les pieds, traînées dans une autre salle qui se scelle immédiatement. Elle est désormais seule, et le silence et désormais brisé par un autre bruit, un ronronement. N1 est là, se tenant de l'autre côté de la serre des horreurs.

-Tefé...

Il se souvient d'elle, mais leurs rapports conflictuels n'aident pas à l'aiguiller, au fond de lui il ne veut pas lui faire de mal, mais il n'a pas vraiment le choix non? Elle veut le tuer. MENTEUR! Il est agité d'un spasme et recule de quelques pas.

-Non! JE SUIS PAS UN MENTEUR!

Elle est le danger, elle veut sa mort.

-C'EST MOI QUI VAIS TE TRUCIDER!

Il fend immédiatement l'espace entre les rangées de plantes et la lame rugit tentant de couper Tefé en deux, hurlant comme un dément, chacun de ses coups déchirant tout sur son passage, traçant dans le sol des sillons de fusion, sa vitesse de frappe augmentant peu à peu. Le moteur feu du couchant se mettant à hurler alors que plus d'énergie est produite.

-POURQUOI TU VEUX ME TUER HEIN?!

Une de ses mains quitte la poignée de l'arme pour se poser sur le sol et il fauche son ennemi aux jambes avec les siennes d'un mouvement plein d'agilité avant de s'accroupir et de la percuter pour l'envoyer sur le mur derrière elle. Sa lame se met d'estoc et il frappe et s'élançant de toute sa masse et sa vitesse en avant pour embrocher Tefé contre le mur derrière elle.

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Elle n’avait rien promis à Analia et même si elle lui avait promis quoi que ce soit, elle n’en avait rien à faire, de tenir ses promesses. Mais sachant cela, Tefé continuait d’avancer aux côtés de la jeune fille, mue par une détermination qui était même inattendue à ses propres yeux. Elle ne savait pas ce qui la poussait en avant. Peut-être qu’elle avait vraiment envie d’être là. L’objectif était moins clair. Sauver N°1 ou le tuer… Elle verrait le moment venu. Il n’y avait rien de mieux que les prises de décision dans l’urgence. Mais en attendant, les lieux semblaient étrangement calmes. Analia et elles débouchèrent dans une salle qui lui arracha aussitôt une grimace. Rien que la présence des ordinateurs, des écrans, des lumières, ces structures métalliques et électroniques qu’elle ne comprenait pas et pour lesquelles elle n’avait aucun intérêt, la mettaient mal à l’aise. Elle avait l’impression qu’un bourdonnement agaçant la traversait en permanence et émoussait ses sens. Malgré tout, elle ne put pas ne pas sentir le soupir d’agonie permanente qui la heurta comme une vague.

Là, dans une serre, se trouvait une aberration, le genre de création infernale dont les humains étaient capables de se rendre coupables, ou en l’occurrence, la création d’une création humaine. Tefa plaqua les mains sur la paroi de la serre, horrifiée. Oh non ! Qui vous a fait ça ? Il y avait du Green, là-dedans, elle le sentait bien, mais il y avait autre chose, une souillure qui les transformait, en faisait des choses contrenature et les faisait souffrir. Les forçait à ne pas être ce qu’elles étaient censées être. À lutter contre leur nature première. Elle entendait leur supplique étouffée, et oublia pendant une fraction de seconde ce pourquoi elle était là – pour qui. Puis soudain elle réalisa à quel point ces plantes et N°1 étaient semblables, en cette seconde. La colère balaya l’horreur et elle se retourna pour appeler Analia, mais à ce moment-là, celle-ci poussa un hurlement. Tefé se releva d’un bond et se rendit compte qu’elle était seule… Enfin presque. « Enfin tu te montres ! » Elle observa N°1, bien loin de ressentir la confiance qu’elle affichait. Il lui avait botté le cul la dernière fois qu’ils s’étaient battus. Elle n’avait survécu que grâce à l’intervention de son père. Mais ce qu’elle avait vu dans la serre changeait la donne, et ça tombait à point nommé en vérité. Il était clair que seule, elle ne pourrait pas le vaincre. Alors, cela ne lui laissait pas le choix. Elle n’était pas venue pour le tuer – elle n’en était pas capable. Il fallait qu’elle le sauve, ne serait-ce que pour se sauver elle-même.

N°1 n’était pas là pour discuter, ou peut-être que si ? Cette fois, elle pouvait identifier en lui cette même agonie qu’elle avait ressentie dans les plantes, au milieu desquelles elle reculait désormais en trébuchant pour éviter les coups de son adversaire. Elle se concentrait sur le Green, qu’elle ressentait plus que jamais ici, même s’il était difforme et souffreteux. Malgré tout, peu importaient les torts et les manipulations qu’on lui faisait subir, la nature reprenait toujours ses droits si on lui en laissait le temps et l’espace. Et puis, le Green était puissant, bien plus que le Rythm, cela, ça ne faisait aucun doute. Elle ouvrit les vannes entre le Green et elle, et se connecta directement aux plantes souillées, se contenant de servir de catalyseur entre le Green et elle. La puissance du Green se déversa dans la végétation, chassant la souillure, insufflant de la vie. Tefé avait à peine de quoi éviter les coups de N°1, encore moins riposter, mais petit à petit les plantes autour d’eux s’alliaient à elle, la soutenaient, elle le sentait. Encore un peu, encore un tout petit peu… Soudain il lui faucha les jambes et elle se sentit s’envoler, le souffle coupé sous l’effet du coup, puis du mur qu’elle heurta violemment. Elle n’eut même pas le temps de le voir arriver qu’il était déjà sur elle, la lame lui fonçant dessus. Le temps sembla ralentir. Derrière lui, dans son dos, des branches et des lianes jaillirent, se précipitant pour s’enrouler autour de son bras, celui qui tenait l’épée, alors que celle-ci allait s’enfoncer dans la chair de Tefé… Puis le temps reprit son cours normal ou plutôt tout sembla se figer. Un entremêlement complexe de branches et de lianes s’était enroulé autour du bras et de l’épaule de N°1, s’était insinué dans toutes les brèches possibles de sa carapace de métal, jusqu’à s’insérer entre ses doigts et autour de la garde de son épée, laquelle avait eu le temps de s’enfoncer de quelques centimètres dans sa poitrine, au niveau du cœur.

Un jour, Tefé avait demandé à a mère si elle aussi avait un cœur, des poumons et tous ces trucs qui rendaient les humains si dégoûtants et vulnérables, et quand Aby lui avait répondu que oui, l’enfant qu’elle était avait longuement pleuré, de rage et d’amertume. Cela dit, là tout de suite, ça faisait mal, mais elle n’était pas morte. Peut-être à un cheveu. Elle laissa échapper un gémissement et agrippa le poignet de N°1 des deux mains, comme si ça suffisait pour lui faire lâcher sa lame. « Héhé, je te tiens… » bredouilla-t-elle. En vérité, elle ne se souvenait pas avoir été aussi terrifiée de sa vie, principalement parce qu’elle ne voulait absolument pas mourir, bordel. Elle renifla en essayant de ne pas bouger parce qu’elle avait toujours du métal enfoncé dans la chair, mais au moins elle ne pensait pas à la douleur ni au sang ni au fait que si les plantes relâchaient leur étreinte ne serait-ce que d’un centimètre sur N°1, alors là oui, elle serait morte, et personne ne le saurait jamais, en plus, à part peut-être son père. Elle essaya de regarder N°1 dans les yeux, s’il en avait encore, et s’ils étaient toujours la prétendue fenêtre sur son âme – s’il en avait encore une. « Hey, N°1, Klaus ou je ne sais pas quoi… Je persiste à dire que t’es un menteur. T’avais dit que tu ne serais plus jamais l’esclave de qui que ce soit… » Elle resserra sa prise sur le poignet de son adversaire et ami, ses ongles s’enfonçant de toutes ses forces. « T’avais dit que tu préférais mourir… » Oh, mais elle aussi elle lui avait menti, en quelque sorte, en prétendant qu’il n’y avait que ce choix-là, être esclave ou mourir, parce qu’à l’époque elle était en colère et malheureuse et que le malheur des autres, eh bien, ça l’aidait. Petit à petit, comme elle l’avait fait avec les plantes, elle laissa le Green s’insinuer en N°1. Elle ne savait pas si ça servirait à quelque chose. Elle ne savait pas s’il était encore assez humain pour être touché par l’énergie purificatrice et créatrice du Green. Son père prétendait que les humains pouvait en ressentir la force, puisqu’ils étaient, eux aussi, ne leur en déplaise, des êtres de la nature. Entre ses doigts crispés autour de son bras, Tefé sentait le courant du Green venu de si loin et d’il y a si longtemps s’écouler dans tous les interstices de ce qui faisait de N°1 un être vivant, et pas une machine. « Je crois pas que je puisse te sauver. J’aurais peut-être dû essayer de le faire avant. Mais toi, tu pourrais… » Elle sentit un goût de sang dans sa bouche et baissa les yeux. Là où son sang coulait, sur le sol, des fleurs poussaient, de formes et de couleurs jamais vues, avant de faner aussitôt. Elle releva les yeux sur Klaus. « Tu pourrais peut-être essayer de te sauver toi-même. Parce que finalement, je crois qu’on avait tort tous les deux. Je crois que tu pourrais vivre et devenir quelqu’un de libre… » Et le flot du Green coulait, coulait, comme il le faisait toujours, sans interruption, sans heurts, les traversant tous, les purifiant tous.

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Murmurs in the deep

Tout le parlement tourna son attention vers le combat en cours, suspendant toute activité pendant que leur champion abattait enfin Tefé, la lame rugissant prête à en finir avec l'enfant de Swamp Thing, mais le Rythm avait sous-estime le Green, la capacité de ce dernier à endurer et à renaître. Ils avaient mal choisis le terrain de l'affrontement et Klaus en paya le prix quand sa lame s'arrêta en plein office, son bras envahit par une végétation dense et vengeresse, faisant grincer les joints de sa mécanique et mettant au supplice les pistons et servomoteurs qui l'aidait à se mouvoir. La vibrolame cessa son chant et seul le ronronnement du moteur à fusion froide sembla l'animer. Tout le poids de son corps de métal, tout son élan, tout fut perdu en cet instant et l'androïde se mit a grogner, sa mâchoire mécanique, ses servomoteurs d'expression et sa peau synthétique formant une grimace de pure frustration. N1, toujours confus, ne comptait pas en rester là, mais impossible de bouger désormais. Tefé le tenait effectivement, et comme un animal en cage, il entama de tenter de se débattre alors que le bois et la sève s'infiltraient dans son torse robotique, terminant de le rendre impuissant.

Tefé n'était pas Analia, mais Klaus et elle avaient partagés leurs âmes d'une certaine manière, lorsque son regard fixa le sien à travers le masque de métal qui dissimulait ses traits, il sentit un réflexe primaire en lui, son corps complet se figeât et la prise sur la lame se relâcha d'un iota. L'odeur des marais, le grognement des loups, le vent contre sa peau, la douleur, le bruit d'un crayon sur une page de papier. Il se revoit, il y as des années de ça, dessinant un regard bien plus agressif, mais emprunt d'une beauté indescriptible, les traits d'un visage qui est pour lui alors celui d'un être libre, de quelqu'un qu'il veut devenir. Il se l'était promis un soir, il le lui avait promis, qu'il serait aussi libre qu'elle, alors qu'est-ce qu'il faisait maintenant? Pourquoi était-il ici pour la tuer? Ca n'avait aucun sens, elle était son amie, ils avaient murmurés dans le vent des secrets et des promesses pour qu'elles les guide, pas pour répéter les mêmes erreurs, encore et encore.

-Mourir...

Le mot se répétait dans son esprit en boucle, faire face à sa propre mort restait un concept compliqué quand notre propre vie n'était qu'un enfer de souvenirs épars, mélangés et parfois contradictoires. Il était mort, mais il ne l'était plus, il devait tenir sa promesse, refuser d'être enchaîné, un frisson parcouru le cyberespace alors que le Rythm sentait son emprise s'affaiblir, Analia avait craqué une serrure que Tefé venait de forcer. L'énergie du Green enveloppa avec douceur ce qu'il restait de son corps humain, troublant tout ses système mécaniques les uns après les autres, masquant sa connexion au parlement du métal. Pour la première fois depuis des mois, Klaus n'entends plus la cacophonie incessante, ne sent plus son âme écrasée sous un poids indicible. Son premier souffle d'homme libre se fait aux confins de son esprit, alors qu'il sent le Green se connecter à lui comme avec Gareth, comme quand Tefé l'avait attaqué la première fois en faisant fondre son corps avec l'énergie du Red.

-Je suis mort.

Sa main lâcha la poignée de l'arme et son regard se posa sur celles de Tefé qui la serait avant de revenir à son regard. Sa main libre agrippa le masque de métal et tira d'un coup sec, envoyant l'objet s'écraser plus loin. Son visage, tout comme son corps, devenait une extension de lui-même, il pouvait comprendre chacun des éléments complexes qui le composait désormais, les servomoteurs, les pistons, le réacteur, les composants, tout lui semblait étrangement clair. Mais pas plus clair que le visage de Tefé, que sa voix, il ne pouvait pas pleurer, mais il l'aurait fait si il en avait été capable, submergé par ce qu'il venait de faire.

-J'aurais dut le rester.

De son vivant, il n'avait fait que du mal aux autres, et il recommençait, c'était un bien triste constat. Remettre les morceaux de sa personne en place n'était pas aussi douloureux que de se dire qu'à nouveau il avait échoué. Il était devenu un pantin à nouveau, un agent obéissant à une force supérieure.

-Ils m'ont ramené... ils ont recommencé...

Il revit son réveil, il ressentit la douleur, son corps fut pris d'un tremblement.

-Je veux être libre.

L'énergie du Green le transperça, il sentait l'odeur des fleurs au printemps, les pétales frotter sa peau avant d'être emportés par le vent, les brins d'herbe entre ses orteils et sous ses pieds, ce royaume auquel il n'appartenait pas mais qu'il avait toujours admiré l'accueillait, lui la création contre-nature, le déchet toxique. Les plantes qui enserraient son bras se mirent à bourgeonner et à fleurir avant de faner et de tomber au sol, puis de recommencer, la vie était un cycle, mort et renaissance. Sa mort n'avait jamais été une fatalité, le Green était en cet instant plus clair que tout les ordres de mission qu'il avait reçu dans sa vie et il demandait que l'être de métal qui avait été son ennemi fasse bon usage de sa deuxième chance. Les plantes desserrèrent leur étreinte, comme pour lui montrer leur acceptance.

-Ou est N4?

Sa voix fut prise de panique.

-Le protocole Protheus.

N1 avait passé des mois au contact du Rythm, il savait tout de leurs plans, et surtout de celui cherchant à faire de toute vie organique une extension du Rythm, les nanorobots que Tefé avait purgés n'étaient que le début, tous seraient esclaves du parlement du métal si ils ne les arrêtaient pas.

-On doit les arrêter.

Un choc fit trembler la structure, Analia devait se battre quelque part dans la station.

Murmurs in the deep

« Mourir » n'était pas trop le mot qu'elle voulait entendre franchir ses lèvres. Ou alors, il parlait de lui. Oui, il devait parler de lui, forcément. Elle en tout cas, maintenant plus que jamais, elle était sûre d'une chose. Elle ne voulait pas mourir. Elle avait trop l'habitude d'être la plus forte - plus forte que les humains, et ça lui avait toujours suffit. Elle ne craignait ni les blessures ni la douleur, mais la mort, c'était une autre histoire. Peut-être était-ce dû à sa condition de demi-humaine, parce qu'elle savait que quand elle mourait, et elle mourait forcément, avant son père adoré, qui plus est, qui lui était probablement immunisé au temps, elle ne savait pas du tout ce qu'elle deviendrait. Elle aurait voulu que son corps pourrisse, nourrisse la terre, et que son âme retourne dans le grand tout du Green, sauf que son sang humain, sa foutue chaire humaine, son âme, faisaient que peut-être, peut-être était-ce un destin humain qui l'attendait. Peut-être que le Green ne voudrait pas d'elle, et qu'elle finirait comme les hommes - morte, disparue, inutile à jamais. Elle y pensait rarement, sauf quand elle avait ce genre de problème - une lame dans le corps. Et quand elle y pensait, ou quand elle avait de vrais ennuis, eh bien, il n'était pas rare que son père vienne à sa rescousse. Mais il ne viendrait pas aujourd'hui, il ne viendrait pas ici. Et soudain, voilà qu'elle réalisait que sa vie ne dépendait pas tant d'elle que de N°1.

Mais alors qu'elle commençait à perdre les pédale, il semblait que Klaus, lui, retrouvait quelque chose. Avant qu'il ne prononce les mots suivants, elle sentit comme une digue céder entre eux, comme un mur s'abattre de son côté. Comme si la végétation s'insinuait non seulement dans son corps, mais aussi dans son esprit, raz-de-marée végétal à l'assaut de sa conscience cybernétique. Par le biais du Green, qui connectait tous ses enfants, elle sentit soudain la conscience de Klaus, comme attirée, enveloppée, accueillie. Telle qu'elle l'avait connue avant. Elle esquissa un sourire. « Je crois que oui. T'es mort. Mais tu sais, pour les gens comme nous, ça veut pas dire grand-chose, finalement. » Leur vie était un cycle. Celle des humains un jour s'arrêtait, mais pas la leur. Ils feraient toujours partie d'un grand cycle, ils deviendraient autre chose. Elle était sûre que le Rythm ne donnerait pas cette opportunité-là à Klaus. Ou alors, pas de manière agréable. Et soudain, elle revit le visage de Klaus, et elle fut presque surprise de constater qu'il n'avait pas changé. C'était toujours lui. Différent, probablement, mais en ce qui la concernait, ça lui suffisait. Elle sentit Klaus se détendre, comme maître à nouveau de ses mouvements, et elle-même fut libérée de son étreinte et glissa lentement le long du mur jusqu'à se laisser tomber par terre, les jambes coupées, le visage levé vers lui. « Si tu veux être libre, alors sois libre. Après tout ce temps, j'ai le droit de changer ma réponse à ta question. Maintenant que t'es mort, tu peux être libre. » Comme une herbe folle, comme de la mauvaise herbe, comme elle, en somme.

Elle sentit la force du Green les balayer une dernière fois, leur affirmer qu'ils avaient leur place dans ce monde, au moins pour lui, à défaut d'avoir une place dans le monde des hommes. Puis elle vit la prise de conscience sur le visage de Klaus. Uh ? C'était quoi, ça, projet Protheus ? Ça sentait les ennuis - encore. « Tu parles d'Analia ? Y a un truc qui l'a entraînée à l'extérieur de cet endroit. Allez viens, on va la retrouver facilement. Tu connais l'ennemi, non ? Mieux que quiconque. » Il n'y avait rien de mieux que la vengeance. Enfin, sauver des gens, c'était pas mal, mais définitivement, la vengeance, c'était mieux. Elle se releva, la main sur sa blessure, qui déjà, sous l'influence du Green et du Red, commençait à se refermer, et se précipita hors de la salle. Un peu malheureuse de s'éloigner des végétaux, mais à ce stade, elle comptait sur Klaus pour faire sa part du boulot. Il avait probablement des comptes à régler.

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