Batman? No Batwoman -Katherine Kane

Un combi arrivant à toute allure, la porte s’ouvrant. Notre mère se plaçant devant nous apportant sa protection. Ma sœur et moi tremblant de peur quand on nous forçait à monter dans ce véhicule recherchant le réconfort de notre mère. L’angoisse prenant chacun de nos membres chaque recoin de notre esprit, nous paralysant sur place, les yeux écarquillés, trop jeune pour comprendre. Nous n’avions rien fait, nous étions de simples enfants ignorants encore la cruauté de ce monde, ne connaissant pas la noirceur de l’homme. Nous ne voulions qu’une chose, pouvoir retourner à nos jeux insouciants, pouvoir encore écouter une fois les histoires que notre mère nous contait pour nous endormir. C’était tout ce que nous demandions, retourné à cette vie simple.

Mais les choses ne se passent pas comme on le désire, la vie est beaucoup plus brutale qu’on se l’imaginait ma sœur et moi. Un coup de feu retentit, nous faisant sursauter, le sang coula doucement du corps de notre mère qui était allongée, le visage caché par une cagoule. Elizabeth, secouant notre mère, lui demandant de se réveiller, moi qui étais restée figé sur place, regarde ce liquide rouge se rependre, ne sachant pas détacher mon regard de celui-ci. Un autre coup de feu, un bruit d’un corps qui tombe, mon esprit refusant d’accepter cette réalité qui frappait à ma porte. À nouveau, le sang coulant, se mélangeant à celui de ma mère. Les larmes coulant sur mes joues sans comprendre pourquoi, une sensation de froid se faisant sentir sur ma tempe, entendant un cliquetis. Mes yeux ne quittant pas ma jumelle, encagoulée elle aussi, et ma mère, mon cœur se serrant dans une atroce souffrance, la peur prenant possession de tout mon corps, sentant déjà ce vide qu’elles laissaient en moi, ce besoin de retrouver les bras protecteurs de ma mère. Mon âme appelant désespérément celle qui m’avait donné le jour et celle qui avait partagé mon monde de mes lèvres tremblantes. Mes pieds trempant désormais dans ce liquide vermillon qui, étrangement était encore chaud. Et soudain, mon corps se réveilla, raclant de mes mains le sol pour ramener tout ce sang dans le corps de ma mère et ma sœur. Un geste désespéré, d’une enfant refusant de croire ce qu’elle avait sous les yeux, sous les rires de nos bourreaux. Leur visage s’imprimant dans mon esprit, alors que je ne les voyais pas, m’imaginant petit à petit ce teint blanchâtre remplacer cette couleur rosée qu’elles avaient habituellement. Un nouveau cliquetis se fit entendre, une dernière parole me promettant que j’allais bientôt les retrouver. Un grand bruit de fracas, des coups de feu. Et me voilà me réveillant en sursaut dans mon lit, quelques gouttes de sueur coulant le long de mes tempes, de mon front ainsi que de mes joues, la respiration haletante. Sentant ce vide que j’avais alors cru s’être volatilisé avec le temps.

Je me passais la main sur le visage, essayant de reprendre mes esprits, chassant cette peine que refaisait surface, ce manque qui était si cruel, cette peur qui s’était tapie dans l’ombre et qui plusieurs soirs venaient me hanter à nouveau. Je sortais de mon lit, allais prendre un verre d’eau prenant une grande inspiration, fermant les yeux quelques instants, revoyant encore une fois la vie quittant leur corps petit à petit, essayant d’éloigner cette image de mon esprit.
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Ses lèvres, sur les miennes, je profitais de la douceur de sa peau, de la chaleur de son corps. J’aimais frissonner à chaque sourire qu’elle posait sur moi, aimais sentir son regard se poser sur chaque parcelle de mon corps. Elle comblait cette solitude que je ressentais depuis ce jour, me donnait cette impression que je n’étais plus seule. Je n’avais su trouver comment faire disparaître cette sensation, n’avait su comment faire pour ne plus sentir ce trou béant qu’elles avaient laissé avec leur disparition. Et dans les bras de Sophie, l’espace d’un instant, d’un baiser, d’un moment de plaisir avec elle, il se comblait, me faisant oublier cette douleur que je ressentais encore à ce moment. Mais toute bonne chose une fin.

Je me retrouvais dans ce bureau austère, dans cette position qui se voulait respectueuse envers mon supérieur. Je l’entendis soupirer une première fois, appuyant sa tête sur sa main, m’expliquant les faits et le règlement. Un pincement au cœur, en l’entendant parler de la nature de mon orientation, un regret pointant le bout de son nez, un sentiment d’injustice et une expression qui essayait tant bien que mal de cacher cet air outré. Je l’entendais dire les mots ‘interdit’, ‘renvoi’, ‘inacceptable’. Je serrais les dents au fur et à mesure que les mots défilèrent. Les sourcils se froncèrent aux dernières paroles de mon commandant, me demandant de nier le fait. « Il suffit de me dire que vous n'entretenez pas de relation avec une autre femme, Kane.» mais comment pouvais-je nier cela, aimer une femme n’était pas une honte, aimer tout simplement n’avait rien de honteux. Et à ce moment, la colère montait en moi, une rage et une incompréhension « Je suis désolé monsieur. Mais vos informations sur mon orientation sont vraies. »

Ce fut la fin d’une voie que j’avais choisie, la fin d’une vie que j’avais voulue, même si cela était pour plaire à mon père. Je tombais dans un chemin sombre et sans fin, me plongeant dans l’incertitude, ne sachant plus où je devais poser pieds. Je revenais chez mon père, plongeais dans les fêtes, et dans l’alcool. Je me retrouvais perdue, essayais de reprendre pied tant bien que mal, goutant par la même occasion au plaisir de la haute société. Et un soir, je la rencontrais, un peu éméchée au volant de ma voiture, croyant que j’allais être arrêtée, mais ce ne fut pas le cas, l’officier Renée Montoya, me donna une simple amende, un sourire échangé, quelques paroles. Un rendez-vous donné et une nouvelle relation commença avec toutes ces appréhensions, ces frissons, ces sourires nerveux. Tout n’était pas idyllique, il y eut des disputes, de la colère, de la rancœur et un jour une séparation et encore une fois, je me sentais perdue.

Pourtant, elle n’avait pas tort, je n’avais aucune ambition, me laissait vivre par cette nouvelle richesse que mon père avait acquise. Je passais mon temps à boire, à faire la fête, me faisait connaître que pour ce genre de fait. Ma vie ne se résumait qu’à cela, et rien d’autre, me laissant dans une profonde solitude, mes nuits, je me réveillais hantée par ces corps allongés, avec une cagoule sur le visage, le sang coulant, me refaisant vivre cette torture qu’étaient leurs morts.

Alors je ne trouvais que réconfort dans ce liquide brûlant ma gorge, ce liquide qui me faisait sentir hors de ce monde, hors du temps. Puis ce jour arriva, ou enfin ma route s’éclaira, ou ma voie ne formait qu’une ligne droite claire et sans ombres. Un jour où un homme voulu m’agresser, un jour où l’alcool avait été ma solution. Il apparut, dans la nuit, me sauva et mon regard ne pouvait se détourner. Il m’offrit la solution, la voie que je devais suivre, un but à poursuivre. Elle se dessinait au fur à mesure où Batman s’éloigna, après m’être apparu pour me sauver.

Alors, cette cause devenait mienne, m’engageant dans cette voie, parcourant la nuit en quête de justice à rendre, d’aide à apporter, défiant le danger sans me soucier de moi-même. Cela était le chemin que je devais prendre, la voie qui était la mienne. Je sortais la nuit, la fit mienne, jusqu’au moment où mon père découvrit la vérité.

Je partis sous ses recommandations, suivi cet entraînement qu’il m’avait imposé, je fus éloignée de ma ville et de mes ambitions pendant deux ans. J’appris à me battre, à recevoir les coups. On m’enseigna à faire fi de mon corps meurtri, à mettre mes états d’âme de côté, ou encore suivre une piste et me fier à mon intuition. Je pris le temps d’assimiler tout ce qu’on m’enseigna toute cette connaissance qui plus tard devait me servir. Je voyageais aux 4 coins du monde, rencontrait toute sorte de personnes pour revenir 2 ans plus tard, fin prête à commencer mon œuvre, poursuivre ma voie sous le masque. Dans les rues de Gotham, on commençait à parler d’une femme chauve-souris, de Batwoman. Prenant possession petit à petit des rues de Gotham, restant un loup solitaire, malgré ma ressemblance avec Batman. Il est celui qui m’a ouvert les yeux, celui qui m’a montré la voie, mais je préfère travailler seule, ou rarement avec lui et ses compères.

Et vient ce jour, ou le monde fut acculé, où nous étions devenue soudainement la seule solution qui était possible. Un monde où nos dirigeants ne purent faire face à la menace qui planait au-dessus de l’humanité. Alors nous l’avons repoussé, nous qu’on appelait des héros, nous avons repoussé la peur et les ténèbres que Darkside avait amenées avec lui. Certains pensent que si nous n’avions pas existé, ceux qu’ils appellent des méchants n’auraient pas existé. Je pense qu’ils auraient été là même si des gens comme nous n’avaient pas pris les armes. Là où la loi ne peut rien, nous sommes là pour repousser les ténèbres, nous sommes la dernière ligne qui leur fait barrage, celle qui les repousse à chaque fois qu’ils veulent la franchir. Comme certains disent la lumière, attirent les ténèbres. Mais c’est la lumière qui porte l’espoir, et si elle s’est éteinte qui leur apportera l’espoir ?

Mais les choses ne s’arrêtaient pas là, certaine chose qui me font craindre le pire sont survenues. Il eut Gotham, ma chère Gotham City, une ville où même si la cruauté et la noirceur sont toujours présentes reste ma ville, cette ville que je protégeais depuis que j’ai enfilé ce masque. Des dieux sont venus s’en prendre à cette ville, à détruire ce pourquoi et pour qui nous nous battions. Me laissant quelque part un sentiment d’impuissance face à leur force destructrice. Comme ne pas avoir ce sentiment, après avoir vue des centaines de personne mourir, sans que vous ne puissiez faire quelques choses, sauf donner tout ce que vous pouviez. Comment ne pas perdre foi dans vos actions quand vous voyez la douleur, chaque regard qui voyait un immeuble s’effondrer. Ce que nous avons entreprit n’est peut-être pas suffisant, peut-être que nous devons faire encore plus. Je n’abandonnerai pas le combat que j’ai entrepris, ne laisserait pas les gens de Gotham sur le carreau, je ferais toujours de mon mieux pour eux.

Que Lex Luthor devienne président, cela ne changera rien je lutterai contre les noirceurs de ce monde, même si je dois m’en prendre au futur président. Cela n’a pas d’importance, tout ce qui compte c’est la justice, le fait que les gens ont droit de se sentir en sécurité dans ce monde et ce malgré qui est derrière ces noirceurs. Si la candidature de Lex Luthor est une bonne chose… Non, je ne pense pas ce que cela soit une bonne chose et je crains malgré tout que ce que nous faisions deviennent de plus en plus compliqué pour nous.

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