Where did the sun go ? Second girl to the right and straight on 'til Solstice ☀ Kiran

[raclement de gorge] " Namaste ! Bonjour tout le monde. Ici Kiran Singh, en direct de notre base top secrète... Pourquoi ce rire ? ...Oui, je ais que c'est juste un hôtel de bas étage Cass', mais puisqu'il faut un passe VIP ou être un Robin pour entrer à Mount Justice, nous sommes ici ! En compagnie de la charmante, brillante et talentueuse, et très très blonde, Cassandra Sandsmark, qui veille à ce que cette machine fonctionne pendant que je parle. Hey, Cassie, ça enregistre bien ? Shukriyaa.

Alors, j'ai décidé de faire cet enregistrement, dans le cas ou je n'ai pas l'occasion de vous le dire en face. J'imagine que comme ma meilleure amie ici présente, vous levez les yeux au ciel et commencez à vous inquiéter de m'entendre parler d'une manière si inhabituelle : ou sont les arc en ciel et les licornes en tutus ? Je vous rassure, je ne souffre pas de maladie incurable ni n'ai aucune intention de mourir au combat tel le grand Tom Cruise.... euh, Achilles, pardon. [éclat de rire à deux voix] On auraient pas du regarder ce film, je parle comme une groupie plutôt qu'une archéologue maintenant ! Non, moi je préfère autant  vivre que marquer à jamais les mémoires. Ou, encore mieux, les deux à la fois. Ca y est.... j'ai perdu le fil, ou en étais-je....? Ah oui, testament ! Ceci n'en est pas un, je vous rassure... Quoique, on pourrait l'appeler un testament de vie. Pas une mémoire, ou un journal, ou un délire entre deux amies, mais un testament de vie. C'est plus poétique, vous ne trouvez pas ?

Voici la grande question que vous devriez vous poser : que se serait-il passé si Sydney Fox avait rencontré Indiana Jones ? J'ai eu le droit à cette blague là tellement de fois que j'en ai perdu le compte. La réponse : "Kiran Singh".
C'est à ce moment là que vous êtes censés rire. Mais attention, je n'accepterais pas que vous arrêtiez. Ou seulement si c'est pour que le rire soit remplacé par un sourire. Vous savez, sourire, c'est excellent pour la santé, et le karma. Il ne faut pas plaisanter avec. Cassy, attention, je te surveille ! Bien. Souriez, que vous soyez filmé ou non. Que vous soyez heureux ou non. Souriez et la vie vous sourira en retour, c'est une jolie philosophie non ? Pas que cela doive vous empêcher de pleurer. Pleurer c'est très bien aussi, je pleure tout le temps, ce n'est pas forcément très glamour mais c'est bien mieux que de tout garder à l'intérieur. Je suis certaine que même Superman pleure, alors pas de honte à avoir. [petit raclement de gorge] Ou en étais-je ? "


Pour Kiran, ses parents n'ont toujours été que Rani et Vijay Singh, papa et maman, pita et ma. Et ce n'est que bien des années après sa naissance qu'elle s'est curieusement penchée sur les séries cultes auxquelles ses amis américains s'amusaient à faire référence. (une expérience très amusante, vraiment. Si seulement la vraie vie d'archéologues était aussi trépidante ! Des aventures pareilles, ça n'arrive que très occasionnellement, même pour des âmes aussi aventureuses que celles des Singh. C'est un peu moins rare lorsqu'on rejoint le monde des super-héros, par contre.)

La vie n'était pas un long fleuve tranquille. L'expression en elle même faisait sourire Kiran, bien qu'il en faille déjà peu pour la faire sourire. Parce qu'un fleuve, par définition, n'était pas calme, mais fait de tournants, d'affluents, de deltas, et son courant savait toujours surprendre et couler même les plus prudents... Alors à quoi bon être prudent ? Il fallait se jeter à l'eau, et apprendre à nager en chemin.

Son fleuve à elle avait toujours été illuminé par un beau soleil et entouré de rives sur lesquelles se réfugier si besoin. Elle avait eu une vie heureuse, heureuse et pleine de rebondissements.  Bébé, ses parents l'avaient laissée aux soins de ses grands-parents en Inde, pour qu'elle bénéficie plus ou moins d'une enfance normale pendant qu'ils parcouraient le monde pour leurs recherches et conférences à l'étranger. Ce n'est que plus tard, vers ses sept ans, qu'ils commencèrent à l'emmener avec eux. Elle était la plus heureuse des filles alors, elle qui rêvait de découvrir ce monde immense et de ne plus avoir à attendre pendant des semaines, parfois des mois, que ses parents reviennent la voir. Et quel monde ! Tant de choses à découvrir, de mystères à déterrer. Elle n'avait jamais bénéficié d'une éducation "normale", sa mère ne lui lisait pas des comptes au coucher, mais des thèses archéologiques, les récits de ses découvertes ou l'histoire de l'humanité... Elle n'avait pas d'école, seulement ses parents, sa propre curiosité, et des cours en correspondance. Mais jamais elle ne côtoyait d'enfants de son âge, et elle le vivait très bien.
Grandir dans un environnement aussi inhabituel avait certainement forgé son caractère. Kiran s'était toujours sentie heureuse, même lors des coups durs, des cul de sac, des échecs. Elle n'aimait pas les échecs, évidemment, mais chacun d'entre eux l'aidaient à avancer. Si elle était restée bloquée sur le mystère entourant ses pouvoirs, elle n'en serait sûrement pas là aujourd'hui, mais à broyer du noir ou à se taper la tête contre les murs d'une des cellules de l'asile d'Arkham.
En effet, elle était née différente. C'était aussi simple, et aussi complexe que cela. Malgré les analyses, les recherches et suppositions, jamais ses parents n'avaient compris pourquoi ni comment. Mais ils avaient toujours tout fait pour la protéger de ceux qui pourraient essayer de profiter de cela, ou de l'enfermer dans un laboratoire d'ou elle ne ressortirait plus jamais. Sûrement étais-ce aussi la raison pour laquelle elle parcourait le monde avec eux : elle risquait bien moins d'attirer l'attention si elle était constamment en mouvement, jamais suffisamment longtemps au même endroit pour que ses surprenantes capacités, pas toujours contrôlées, puissent faire des vagues.

Stratégie pas toujours très efficace, notamment lors de ce chantier au Pérou ou tout une tribu l'avait surprise à utiliser ses pouvoirs. Une chance, qu'ils l'ait prise comme une divinité et pas comme une ennemie à abattre... Kiran n'aimait pas devoir mentir, elle savait seulement être elle-même, et ces pouvoirs, cette lumière, faisait partie d'elle. Elle n'en avait jamais eu peur, avant cet évènement. Elle avait alors commencé à réaliser qu'une responsabilité lui incombait, de par ces pouvoirs. Pas de sauver le monde et devenir une super héroïne, ça non -cette idée ne lui était jamais venue à l'esprit avant Cassandra. Mais de protéger les autres, oui. D'elle-même, notamment.

Elle avait treize ans, lorsque son petit fleuve pas toujours si tranquille en avait rejoint un autre, encore plus tumultueux. La conférence archéologique de Londres lui avait permis de rencontrer Cassandra, la fille d'une collègue et amie de longue date de ses parents que Kiran avait déjà croisé à plusieurs reprises, Helena Sandsmark. Elle adorait déjà Helena, mais avec Cassandra, ce fut un véritable coup de foudre amical. Ses interactions avec les jeunes de son âge avaient été aussi rares que maladroites -bizarrement, ils étaient rarement intéressés par l'akkadien ou l'histoire de la fondation des pyramides- mais Cassie semblait l'exception à la règle.
Pourtant tout avait été perturbé par l'attaque d'une certaie Lady Zand, bien décidée à s'emparer d'artefacts anciens exposés lors de la conférence... Et Cassie, "simple humaine", qui s'était bravement élevée contre la criminelle, et Kiran, qui avait instinctivement utilisé ses pouvoirs comme jamais auparavant pour rejoindre le combat et sauver sa nouvelle amie. Ce combat avait été épique, du moins, dans l'esprit de Kiran. C'était une révélation, aussi.
Elle s'était faite sa première amie, sa première ennemi, et son premier acte officiel en tant que Solstice... Nom qu'elle avait trouvé au cours de la rencontre, qui s'était imposé à elle comme idéal. Et même si elles avaient perdues, si Lady Zand s'était échappée -heureusement, sans les artefacts- Kiran était satisfaite. Ce n'était ni une victoire, ni un échec, mais une découverte et une avancée fondamentale. Ainsi que le ciment d'une nouvelle amitié plus forte que toutes.

Elle du ensuite repartir avec ses parents, et dire au revoir à Cassandra. Mais les années qui suivirent, elles gardèrent contact le plus possible, à distance ou lors de rencontres autour de l'archéologie ; Kiran n'ayant de cesse que d'encourager sa meilleure amie dans la voie de justicière masquée qu'elle s'était choisie en secret. Même si c'était follement dangereux, cela la rendait heureuse, et c'était ce qui importait. Même si, de son côté, elle n'en faisait rien, continuant sa vie normalement mais en donnant des coups de main à ceux qui en avaient besoin et qui croisaient son chemin. Elle ne cherchait pas à être un héros, mais ne pouvait absolument pas tourner le dos à qui avait besoin d'aide !

Jusqu'au jour ou ceux qui eurent besoin d'aide furent ses propres parents. Ils travaillaient tous ensembles avec l'assistance de Kiran sur des fouilles au Pakistan, accompagnés de Helena et d'ouvriers, pour la plupart locaux. Rapidement, les ouvriers s'enfuirent à la suite de plusieurs découvertes d'artefacts qu'ils disaient maudits et maléfiques. Evidemment, cela n'empêcha pas les Singh ni Helena de continuer, au contraire, ils avaient mis la main sur quelque chose d'incroyable, d'unique qu'ils étaient incapables de dater... C'était contre tous leurs principes que d'écouter la superstition locale et abandonner. Mais un matin, Helena et Kiran se retrouvèrent seules. Ses parents avaient disparus au milieu de la nuit, sans laisser de traces. Alors que Kiran passa des jours à les chercher sans baisser les bras, malgré la peur qui lui nouait le ventre à chaque pas, Helena décida d'appeler à l'aide les Teen Titans, une équipe de super-héros venus tous droits des Etats-Unis...
...Nouvelle rencontre fatidique entre la jeune indienne solaire et les super-héros. Bien qu'ils se méfièrent d'elle dans un premier temps, elle insista pour participer aux recherches. Il s'agissait de ses parents, qu'il fallait sauver, et elle n'avait pas peur.... Même s'ils se retrouvèrent face à un démon désireux de dominer le monde (c'était assez triste, en fait, mais Kiran n'était pas surprise : ils voulaient toujours dominer le monde) qui mis à mal tous les Teen Titans les uns après les autres.

Le combat fut rude mais il n'était pas dans la nature de Kiran de perdre espoir. Autant dire qu'elle surpris par les Titans en continuant à se battre à leurs côtés même après que ses parents furent mis à l'abris, même après que tous soient tombés. Et puis, tout finit par bien finir, comme dans un de ces contes pour enfant qu'elle n'avait jamais entendu. Le démon, vaincu, et une invitation à rejoindre le groupe faite par leur leader., Red Robin. Malgré toute son imagination, Kiran n'avait jamais prévu qu'un tel scénario lui arriverait. Mais pourquoi pas ? Si c'était ce que la vie lui proposait, alors elle n'avait qu'à aller en son sens et voir ce que cela donnerait.


C'était un beau jour. Pas un nuage à l'horizon, le soleil brillant de mille feux comme un  roi au dessus de leurs têtes. C'était un beau jour. Ses parents et Helena étaient saufs, elle s'était peut-être fait tout un groupe d'amis extraordinaires, et avait accompli quelque chose de bien avec ses pouvoirs. Kiran ne peut se retenir d'exprimer à haute voix sa pensée soudaine : "Le soleil, c'est comme un ballon géant gonflé de joie !!!!" Un silence confus suit sa déclaration soudaine. "Quoi ? Je sens le jugement dans ton regard. ?" "Je ne te juge pas, Kiran." "Pourtant je sens ton regard de juge." Elle contient à peine le rire taquin dans sa voix. "Tu compare le soleil à un ballon rempli d'hélium." Kiran éclate de rire. "Eh bien, le mot "helios" doit bien venir de quelque part !" "Tu n'es vraiment pas croyable, ma petite."

Elles reprennent ensuite leur séance de détente... bronzette... méditation... philosophie... sous le soleil du Pakistan. C'était magnifique et Kiran aurait pu passer la journée entière à l'observer. Presque autant de temps qu'à faire des recherches sur le prochain site archéologique qu'elle allait fouiller. Ou sur les mystères nouvellement déterrés du démon Tataka et de l'âge de bronze indien. Le nom de ses parents allait encore être joint à une découverte fabuleuse. Cette expérience avait été incroyablement instructive, sur tous les plans. Même si elle avait pour la toute première fois de sa vie cru les perdre. Elle avait eu si peur , mais ne le réalisait qu'après coup.

"Les plantes meurent sans soleil. Les gens aussi." "Je te croyais optimiste ? Et, non, c'est plutôt les gens qui meurent à cause du soleil." "C'est optimiste, justement, je te montre les bienfaits de la lumière solaire ! C'est scientifiquement prouvé, en hiver, quand il fait nuit, froid, que notre magnifique balle flottante de bonheur se cache timidement derrière son châle gris ; les gens dépriment, vont mal, se tuent même...! Nous avons besoin du soleil. De la lumière. C'est vital !" Elle lève sa main couverte de breloques colorées et d'un anneau en or, main qui s'illumine aussitôt d'une chaleureuse lumière dorée. "Et tous ceux qui attrapent un cancer de la peau à cause de coups de soleils ?" "Tu ne m'en fera pas démordre. Le soleil, c'est la vie. Ce n'est pas toujours beau, ni idéal. Ça à ses inconvénients. Mais c'est la vie." "Alors chaque nuit, on meurt ? C'est cela, ta définition du soleil ?" Elle plisse les yeux et tend ses jambes vers le ciel, pensive. Elle garde le silence un moment en s'étirant pour chasser sa bougeotte. "Tu as raison, mon raisonnement est réducteur. Le soleil ne fait pas tout. Mais ça fait du bien. Ça donne de l'espoir et de la joie, ce dont nous avons bien besoin. Pourtant, nous survivons à chaque nuit, sans soleil. Ce qui veut dire, que le bonheur, l'espoir, viennent de nous. De notre cœur, de notre esprit, et pas de ce superbe ballon d'hélium géant qu'on se fait une joie de revoir chaque matin." Elle tourne la tête et flashe son grand sourire rayonnant de signature à sa voisine.

"Celui qui réussira à faire tomber ton sourire et arrêter ton flot de joie liquide sera un héros à mes yeux. Parce qu'il aura réussi l'impossible."  rétorque la femme brune avec affection. "McDreamy est un héros alors." "....Qui ?" "Ben oui, je pleure à chaque épisode de Grey's Anatomy. Alors le docteur Sheperd , et tous les personnages de cette série, sont des héros, si on en croit ta définition." Le silence qui suit est coupé par un éclat de rire. "Tu viens de me citer Grey's Anatomy. Parmi toutes les connaissances culturelles et historiques incroyables que tu possède, tu choisis de me citer une série américaine. Et qui en plus, parle d'hôpitaux. Tu déteste les hôpitaux." "Oui mais tu vois, comme ça j'ai réussi à te faire rire. Alors ma référence, aussi ridicule soit-elle, vaut bien cette petite victoire." Elles échangent un sourire de connivence, puis reprennent chacun leur fil de pensée. Kiran réfléchissant a toutes ces séries américaines parfois ridicules qu'elle regardait depuis peu.

Après quelques minutes, un petit murmure se fait néanmoins entendre du côté de la jeune indienne. "Et puis, moi j'adore, Grey's Anatomy. Les histoires d'amour sont fabuleuses." "Sérieusement ?!"

Et quelques minutes plus tard. "Pourquoi tu as regardé ça ? Sincèrement." Kiran croise ses mains derrière sa tête et sourit au ciel. "Je suis douée avec les gens, tu sais ? Parler, communiquer, donner le sourire, être à l'écoute... J'arrive toujours tellement facilement à créer des liens. Mais les adolescents ? Je suis une adolescente, physiologiquement parlant. Quand tu regarde mon âge, mon acné, je suis une ado. Mais je n'ai pas grand chose en commun avec les adolescents de nos jours. Je n'ai jamais été à l'école, je n'ai jamais été en boîte de nuit, eu des petits copains, connu le grand frisson de la rébellion de la crise d'adolescence... Je ne connais pas vraiment les Etats-Unis autrement que par le biais de conférences archéologique, de toi et de Cassandra. Et ce n'est pas comme si vous étiez les personnes les plus communes du contient... Pas que j'aimerais changer pour plus ressembler aux autres. Juste... J'essaye de me mettre à jour, histoire d'avoir de quoi discuter avec eux. Qu'on deviennent amis plus facilement." "Tu es nerveuse." "Je le suis." Pas la peine d'essayer de mentir, elle en serait incapable. C'était un grand pas, qu'elle allait franchir. Un peu effrayant. Quitter le giron de ses parents, déménager, s'inscrire dans une Université -quoique elle songeait à continuer ses études par correspondance- rejoindre les Teen Titans... Elle était reconnaissance qu'ils l'ait invitée, heureuse même. Mais nerveuse, aussi. "Si cela peut te rassurer, je suis certaine que tu t'en sortira à merveille. Tu es bien devenue la meilleure amie de ma fille. Tu n'as pas besoin d'avoir les même goûts qu'eux. C'est ta différence qui te rendra unique, et bientôt ils ne pourront plus se passer de toi." "Merci, Madame Sandsmark. Ça me touche beaucoup." "Je te l'ai déjà dit, c'est Helena. Je t'en prie Kiran. Je serais toujours là pour toi. Et pas parce que tu as sauvé ma vie ou celle de ma fille, il y a toutes ces années." Kiran toussote et rougit, très gênée par les compliments soudains. Une reconnaissance peut-être méritée, mais ce n'était pas ce qu'elle recherchait. "Sans les Teen Titans, je n'aurais rien pu faire, pour toi ou mes parents... Et Cassie, je l'ai sauvée mais elle se serait sauvée toute seule, je le sais. Même sans ses pouvoirs, elle était tellement forte... Attend, ça veut dire que je peux t'appeler ma deuxième maman ? Je sais que Cassie ne sera pas jalouse." L'archéologue sourit et caresse les cheveux de la jeune indienne. "Tu vas très bien t'en sortir, avec les Teen Titans. Ils t'ont invitée à les rejoindre, parce qu'ils ont vu tout ton potentiel, ta générosité, le bien que tu feras avec eux." "Oui.... Je sais. Et je suis heureuse d'avoir dit oui. C'est excitant. Mais plutôt excitant comme lorsque je me tiens accrochée par un fil et un harnais de fortune à plusieurs kilomètres du sol, au dessus d'un puits qui peut mener à une découverte historique... ou à ma mort. C'est l'adrénaline. J'adore ça. Mais je reste nerveuse. Le changement ne m'a jamais fait peur, au contraire, pourtant !" Helena Sandsmark sourit tendrement. "Je t'écrirais une liste, de choses à voir, à faire, lorsque tu seras là-bas. Mais de toi à moi, tu n'en a pas besoin, Kiran. Tu t'en sortiras avec brio, comme toujours. Vois ce nouveau voyage comme une nouvelle aventure, une nouveau fouille pour découvrir des trésors cachés. Et je sais que Vijay et Rani pensent pareil que moi. Ils sont très fiers de toi." La méta-humaine lui rend son sourire. "C'est une nouvelle aventure. Avec de vrais héros ! Tu as raison, Helena, ça va être fantastique. J'espère juste... qu'ils m'accepteront comme je suis."


Le plus difficile ? Ne plus être auprès de ses parents. Vivre dans un nouveau pays, elle l'avait fait des dizaine de fois. Mais être séparée d'eux, c'était le plus douloureuse. Pas que Kiran le montrait à qui que ce soit, tout ce qu'elle avait de doutes et de peurs était depuis toujours profondément enfoui sous les sourires et la joie de vivre. Mais s'adapter à leur absence était un vrai combat intérieur qu'elle devait mener en parallèle des vrais combats de tous les jours pour faire régner la justice et la paix.
La période d'adaptation fut longue, mais elle adorait déjà sa nouvelle équipe et ses membres ; malgré quelques difficultés comme ses pouvoirs nocifs pour Raven, et le fait qu'elle avait manqué de peu deux ou trois fois de mettre le feu à la tour des Titans.... Elle continuait ses études par correspondance en parallèle, ce qui lui laissait du temps pour s'entraîner à être une justicière potable à son tour. Elle nourrissait sa fièvre de découvertes et voyages avec des "stages" pratiques qui lui permettaient de continuer à être archéologue en devenir sur le terrain. Oui, elle avait accepté de rejoindre l'équipe, mais non, elle ne serait pas de ceux qui n'avaient plus de vie, plus d'autre horizon qu'un masque et un nom de scène. Et même lorsqu'elle était à l'étranger elle utiliser ses pouvoirs pour sauver des vies, elle avait moins peur de se montrer sous ce jour là.

L'invasion de Darkseid et ses sbires plongea le monde dans le chaos, et Solstice se battit de toutes ses forces aux côtés des Teen Titans et de la plus grande alliance d'armées au monde jamais formée dans toute l'histoire... Kiran espérait juste que cette solidarité perdurerait après la victoire. Car pas une seconde, malgré les morts et les dégâts, elle n’imagina qu'ils puissent perdre.
La reconstruction, déménager dans une autre ville, regarder Red Robin partir pour laisser à la place Kory comme leader de leur équipe... Tant de changements, un renouveau que Kiran acceptait avec le sourire et assez d'enthousiasme pour porter une nation. Un peu pouvait suffire pour améliorer la vie de ses colocataires et amis. Elle comptait soutenir autant que possible Kory dans son nouveau rôle et fêter cette belle victoire.

Surtout qu'un peu de sourires ne pouvait pas faire du mal, avec toutes les difficultés qu'ils rencontrèrent tous les années suivant la victoire contre Darkseid. Politique et opinion publique partagés, trop souvent haineux, attaques terroristes, ennemis plus remontés que jamais... Et, coup fatidique, l'arrivée du Syndicat du Crime. Kiran était à l'étranger pour des fouilles archéologiques lorsque eu lieu la première attaque. Elle était bien trop loin pour faire quoi que ce soit pour aider les habitants de Metropolis ni venir en aide aux différents héros acculés par leurs nouveaux Némésis surpuissants. Mais la disparition du soleil n'avait pas fait qu'affecter les Etats-Unis et elle n'eut pas le temps de se poser de question : les populations du continent ou elle était avaient besoin d'aide. Tsunamis et autres catastrophes naturelles auxquelles les pays les plus pauvres étaient encore moins préparés que les USA, sursaut de vandales profitant du malheur pour se remplir les poches... Elle ne pouvait pas rentrer sans rien faire.

Elle mit plusieurs semaines avant de revenir à Star City. Les Teen Titans avaient besoin d'elle, mais ils n'étaient pas seuls, contrairement aux habitants des autres pays qui n'avait pas de Ligue de Justice et autres équipes pour les protéger. Et Kiran avait voulu  s'assurer que ses parents étaient bien en sécurité avant de faire le chemin du retour. De plus, avec le chaos et l'obscurité dans lesquels le monde était plongé (encore une fois), voyager était devenu un vrai défi, même lorsque l'on peut voler... Voler en brillant comme le soleil lorsqu'il n'y a plus de soleil peut faire de vous une cible de tir parfaite.

Finalement de retour dans les rangs des Teen Titans, Kiran s'était attelée à la tâche qui leur incombait, tout en apportant le plus de soutien possible à ses camarades, le moral n'étant pas toujours au plus haut. Il y avait Kory, privée du soleil dont elle se nourrissait, pour laquelle Solstice utilisait le plus possible ses pouvoirs. Cassy, heureusement intacte après les combats, pour laquelle elle ne pouvait pas être aussi présente qu'elle le décidait. Et tous ces pauvres gens qui avaient besoin d'espoir plus encore que de soleil... Mais Kiran en était certaine, il reviendrait, et comme toutes les fois précédentes ils trouveraient tous un moyen d'améliorer les choses. C'était dans l'adversité que les actes de courage et de bonté transparaissent le plus. Et chaque pour chaque nuit qui tombait, un matin se levait. Qu'importe le temps qu'il lui fallait.


La salle commune des Teen Titans était pleine, mais l'ambiance n'était vraiment pas au rendez-vous. Malgré tout, le sourire de Solstice ne tremble pas lorsqu'elle entre dans la pièce. Elle se laisse tomber sur un pouf et sans attendre commence à parler sur un ton enjoué : "Oh allez, arrêtez de faire ces têtes ! Ce n'est pas la fin du monde. Pas encore. Vous savez, je me souviens d'une conversation que j'ai eu il y a quelques années. Si je dois la résumer ce serait : si on attendait le soleil pour espérer, pour vivre, jamais on ne survivrait jusqu'au matin. Or, nous sommes là. La nuit n'est pas plus terrible que le jour. C'est juste une question de temps. On va le sauver, notre soleil. Il faut voir ça comme.... je sais ! Un petit enfant lâche son ballon dans le ciel. Il s'envole, hors de portée, il pleure, mais rien de ce que peut lui dire sa mère ne suffit à calmer ses larmes ; car après tout le ballon est à jamais inatteignable. Mais voilà, un héros passe par là. Il récupère le ballon, le rend à l'enfant, obtient un beau sourire en récompense. Le ballon est sauvé. Le soleil, c'est notre ballon. Il est là-haut, il ne bouge pas, et nous allons le sauver. Alors souriez, et à bas le défaitisme ! C'est une belle nuit, et demain, ou après-demain, ou quel que soit le temps que cela prendra, ce sera un beau jour aussi." Elle embrasse la joue de Kory, la plus proche de son pouf, et se dirige avec énergie vers la sortie. "A moi de patrouiller. A plus tard ! Et pensez à mon histoire !" Et le courant d'air s'en alla vers d'autres horizons tout aussi sombres.