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Tag poison sur gods among us Xf9xSujet: who wants to live forever anyway || John
Tefé Holland

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Rechercher dans: les rps terminés   Tag poison sur gods among us EmptySujet: who wants to live forever anyway || John    Tag poison sur gods among us EmptyLun 30 Déc - 21:57
who wants to live forever anyway

Elle flottait, du moins c’était l’impression qu’elle avait, et si elle s’était totalement coupée de la réalité, elle aurait peut-être pu se croire revenue dans le Blue, parce que la sensation anesthésiante était sensiblement la même. À condition de se mettre de sacrées œillères, évidemment. Elle flottait, mais pas dans l’eau. Elle savait qu’elle se trouvait dans cet entre-deux, cette infime frontière entre le Green et le monde des hommes, qu’elle traversait d’ordinaire en un clin d’œil, quand c’était elle qui en décidait ainsi. Mais elle ne décidait plus de grand-chose, désormais. Elle sentait encore son corps enraciné dans la forêt de Hyde Park, qui changeait et changeait et changeait, florissait et creusait et se transformait sous l’influence du Green et de son avatar caché quelque part non loin. Mais sa conscience était ici, dans ce fleuve de vie étrange. Chez elle, il était riche, bouillonnant, le creuset de la nature d’où sans cesse jaillissaient bourgeons et racines en un cycle de vie incessant. Ici, c’était un filet d’essence végétale rachitique et malade et si elle avait eu des mains, là, tout de suite, elle les aurait plaquées sur sa bouche pour ne pas vomir, puis sur ses yeux pour ne pas pleurer de tristesse. Que t’ont-ils fait, oh, que t’ont-ils fait ? Mais elle savait bien ce que le Green avait subi sur cette Terre. Elle n’avait pas besoin d’une démonstration. Pas besoin de sentir la conscience collective du Green se fracasser encore et encore contre son esprit comme une vague sur la plage. Tu vois ? Tu vois comme ils nous tuent ? Tu comprends ? Tu comprends comme nous mourons ? Et elle sentait leur désespoir, leur haine, et la culpabilité aussi parce qu’elle avait promis, elle avait promis de les choisir eux, et au final elle n’avait jamais eu le courage de prendre complètement et irrémédiablement leur parti contre les hommes. Elle eut l’impression de se débattre, de leur hurler de la laisser partir. Mais c’était comme si elle était revenue à ce moment de sa vie, tout au début, quand elle n’était que Sprout, la petite essence végétale qui flottait dans le grand tout. Et de nouveau elle distinguait des silhouettes floues et gigantesques se pencher sur elle, la pointer du doigt, décider de son sort. Tu prendras vie. Voilà à l’époque ce qui avait été décidé pour elle, arrachée du ventre chaud et doux de la Nature elle-même. Cette fois, c’était autre chose. Ils la voulaient parce qu’ils n’étaient plus que quelques-uns. Ils ne réfléchissaient plus vraiment comme les êtres doués de conscience, bonne ou mauvaise, qu’elle avait connus sur sa Terre. Ils n’étaient plus que l’ombre d’eux-mêmes. Ici, le Parlement des Arbres était malade, renvoyé à un état primitif, guidé par son seul instinct de survie. Elle n’était qu’un brin d’herbe de plus pour eux, mais c’était déjà ça de pris.

Et tout comme elle l’avait ressenti avec Layla, elle se laissa aller là aussi à la facilité que cela représentait de se laisser faire. De lâcher prise, de s’abandonner, de laisser les autres décider pour elle, comme d’habitude. Plus besoin de chercher son chemin, plus besoin de faire un choix. « Stop ! » Même si elle savait qu’elle détestait cela, objectivement, que son indépendance était ce qui comptait le plus pour elle. « … vous allez m’écouter, oui ?! » Les murmures se firent plus forts, la pression sur son essence plus lourde, mais cela ne l’empêchait pas d’entendre la voix de John à travers le brouillard. Qu’est-ce qu’il racontait encore, cet idiot ? Mais tu es à nous. Et nous sommes à toi. Mais je l'entends... J'entends sa voix... Pourquoi est-ce qu’il n’en avait pas profité pour s’en aller ? Il l’avait su avant elle, que Swamp Thing n’était pas là. Il le savait depuis le début, et elle ne comprenait même pas pourquoi il l’avait suivie dans la forêt. C’est un humain. C’est du poison. Mais ce n’était pas n’importe quel homme. C’était sa malédiction, le responsable de sa terrible indécision, de ses questionnements permanents ; c’était un humain, alors cela faisait d’elle une humaine aussi, au moins un peu. Je suis à lui, aussi. Ce n’était pas un choix du cœur ou un choix de la raison, cela le Green ne pouvait de toute façon pas le comprendre, et ne lui laissait même pas le choix en vérité. Mais, la question de l’appartenance par la nature même, ça oui, il aurait dû pouvoir l’appréhender. Sur son monde, c’était pour cette raison qu’elle avait plus ou moins la paix, parce que sa nature était unique. Ici, il fallait qu’il le sache. J’ai son sang, je lui dois ma chair, ma voix, la possibilité de marcher sur terre. Je suis autant à lui qu’à vous. Et je veux marcher, moi. Je ne veux pas prendre racine, pas encore ! Son cri du cœur se heurtait à l’incompréhension totale de l’avatar tapi dans l’ombre. Mais elle s’en fichait. Là-bas, elle entendait encore la voix du type le plus stupide de la planète, vu qu’il n’y en avait probablement qu’un seul qui aurait accepté un tel marché, et même que c’était probablement pour ça que Swamp Thing était allé le trouver, lui. Une chance sur sept milliards pour elle d’avoir droit à la vie, et ça avait fonctionné, son sauveur et son fléau tout à la fois – la définition de la vie, dans un sens.

Elle sentait son corps retrouver ses contours, ses bras et ses jambes durcir, toute sa chair prendre la consistance du bois, et après tout c’était ce qu’elle était en cette seconde, s’arrachant du Green pour retourner dans sa carcasse de bois qui n’avait plus vraiment de forme humaine, elle s’en doutait, même si elle ne pouvait pas se voir, et John était là, qui n’avait pas fui, mais c’était probablement parce qu’il ne pouvait pas, tout cassé comme il était. Oui, c’était ça. Elle s’accrochait à ses mots, avec l’envie de le secouer et de le traiter d’idiot à chaque propos qu’il prononçait. Il défiait le Parlement des Arbres avec ses belles paroles, il mentait comme un arracheur de dents, c’était tout ce qu’il pouvait faire. Elle sentit de nouveau le Green la saisir, de nouveau la panique l’envahir, mais c’était autre chose, c’était comme s’il la goûtait, en quelque sorte, et elle put presque le visualiser en train de cracher par terre. Ouais, je suis dégueue, j’ai du sang dégueu dans les veines, si tu ne veux pas de lui, tu ne veux pas de moi non plus ! Mais ça marchait, non ? Elle sentait l’emprise se défaire petit à petit, sentit son énergie lui revenir et sa volonté lui être rendue, et elle perça d’un coup la carapace de bois à forme à peine humaine qui la retenait désormais prisonnière, déchira l’écorce, s’arracha aux branches et aux racines, nue comme un ver comme au jour de sa naissance. Voilà qu’elle revenait à la vie sous forme humaine une seconde fois grâce à John Constantine. Elle se traîna au sol, sentit la souillure de la magie écœurante dont il avait dû user encore une fois, comme des petits vers grouillant sur sa peau, et entreprit aussitôt de se créer une simple robe courte d’herbe tressée. Elle se releva et tituba jusqu’à John avant de se laisser tomber à genoux à ses pieds, le regard braqué sur celui des élémentaires qui avait osé s’approcher de lui. Elle avait capté un bout de la promesse que son père avait fait au Green, et doutait qu’il puisse la tenir. « John… Je t'ai entendu. Mais arrête. Tu vas t’attirer des ennuis. » Oh, il savait ce qu'il faisait, non ? En tout cas c'était ainsi que les gens dans sa vie étaient censés se comporter : comme des gens raisonnables. Inquiète, elle ? Ou simplement désireuse de ne pas se retrouver seule à nouveau alors qu’elle venait de le trouver. Et puis il l’avait sauvée. Et pour une fois, elle s’en fichait, de ses mensonges. Vous êtes… souillés… Pourquoi… Pourquoi… Nous ne comprenons pas… Ouais, eh bien, Tefé non plus ne comprenait pas, après vingt-quatre ans de vie, enfin, à peu près, et elle était à peu près certaine que John non plus, depuis le temps qu’elle le saoulait pour avoir des réponses qu’il disait ne pas avoir. L’élémentaire tendit une branche qui vint s’enrouler autour de son poignet, non sans faire un détour presque amusant pour éviter de s’approcher de John, définitivement pestiféré pour eux. Tefé laissa la branche caresser la paume de sa main, y creuser un sillon sanglant à la couleur bien humaine puis se retirer dans un soupir incrédule et furieux.

Nous mourons ! « Je sais… Je suis désolée… Mais ce n’est pas nous qui vous tuons. Nous, on est… On est juste… » Elle leva les yeux sur John. Ils étaient quoi, au juste ? Jamais elle n’avait verbalisé ça ainsi, « nous », lui et elle comme un ensemble. Et comme d’habitude, elle ne trouva pas de réponse et ne termina pas sa phrase. Mais la pression se faisait moindre. La méfiance et le dégoût étaient toujours là, mais il y avait désormais tant de fatalisme, tant de désespoir, que c’était comme si la menace leur prenait trop de force. Et elle les sentit pousser sans douceur dans son esprit des impressions, des sensations, des bruits, des couleurs, des images, des clichés de vie tels que la nature voyait les hommes se comporter en hommes. Et elle sentit les assauts de leurs machines, le poids de leurs pas sur la terre humide ainsi dégagée, le nombre de leurs corps se multiplier, les fumées de leurs cheminées s’étendre et se mélanger au ciel et à la mer, et le poison de tout ce qui constituait leurs possessions se distiller dans la terre, et le bitume de leurs villes se dérouler et étouffer les pousses et les insectes, et le métal et le verre dévorer le bois, et la violence, ensuite, et la guerre, et le sang et la cendre gorger l’humus et drainant la vie déjà fragile des végétaux et des petits animaux, et les visages grimaçants des Amazones et des Atlantes piétinant la terre douce, et leurs cadavres laissés là à pourrir au soleil, et les arbres devenus leurs lances et leurs armures, et l’eau devenue leur poubelle, et sourds, sourds ils étaient restés aux hurlements pourtant assourdissants de celle qui les nourrissait, les habillait, leur faisait un toit sur la tête encore et encore jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien, presque plus rien, et Tefé avait les mains plaquées sur les oreilles et les yeux fermés, et elle savait que John aussi voyait et entendait et ressentait tout cela, et puis soudain, la RAGE, la HAINE, et la nature qui se retourne contre les hommes. Dernier petit bout de Green, dernière preuve d’une vie bien plus ancienne que les humains, plus ancienne que les Amazones même ; Hyde Park, dernier bastion rendu violent, rendu sans pitié, rendu fou, tout simplement. Vous comprenez ? Vous comprenez ? Elle sentait maintenant la folie chez cet avatar qui enfin, s’approchait.

Elle frémit, s’accrocha au bas du trenchcoat de John, les yeux fixés sur la cour arborée des élémentaires qui doucement s’écartaient pour le laisser passer. « C’est lui. C’est papa. » Oh, elle l’avait dit, elle n’avait pas pu s’empêcher de le dire, et elle s’en voulut d’être aussi stupide. Mais, jusqu’au dernier instant, elle ne pouvait s’empêcher d’espérer, et cela, elle le tenait définitivement de Swamp Thing. L’avatar se déploya devant eux, créature à peine humanoïde, nulle enveloppe humaine n’ayant forgé ses contours un jour, c’était évident. Amas de lianes, de branches, de fleurs, d’herbe sans cesse en mouvement, pure créature du Green, sans une goutte de sang dans les veines, pas de veines, d’ailleurs, rien, à peine l’ombre d’yeux comme deux abysses, et encore, seulement pour eux, puisqu’il leur fallait bien quelque chose à quoi se raccrocher pour comprendre ce qu’ils regardaient. Mais Tefé ne comprenait pas. Elle ne voulait pas comprendre. « Ce n’est pas lui. Ce n’est pas lui. Oh non. Non, non, non. » Elle regarda de nouveau John à la recherche d’une explication, même un de ses mensonges, ça lui conviendrait. Elle se releva en tremblant de rage. « Où est-il ? Où est mon père ?! » Son explosion de colère entièrement dirigée sur l’avatar du Green de Terre IV, elle s’avança d’un pas, les poings serrés. Elle n’avait plus peur. Fidèle à son ambivalence permanente, elle se sentait entièrement humaine désormais, à l’opposé de la créature qui leur faisait face. Laquelle ne bougea pas – mais n’essaya pas de les tuer non plus, ce qui était un progrès. Tefé sentait que l’avatar n’avait pas communiqué avec des humains depuis longtemps, alors même que c’était pour cette seule raison que le Green se dotait d’un avatar. Mais celui-ci s’était retiré dans son royaume pour lécher ses plaies et couper complètement le lien avec les hommes, et si Tefé pouvait parfaitement l’admettre, voire l’y encourager, elle sentait aussi chez cet avatar quelque chose d’horriblement familier. Et surtout, elle sentait la fureur et la violence chez lui. « Vous devez… partir. Vous… partez. Le sang… est un poison. Le poison est… une souffrance. » C’était à John qu’il s’adressait. Fugacement, elle se demanda si Swamp Thing aussi ressentait quelque chose en présence de l’exorciste à sang de démon.

Mais elle n’était pas prête à partir, elle. Pour savoir ce qu’était devenu son père, elle se plaçait dans la team #poison. Les poings serrés, campée pieds nus sur ses deux jambes, prête à attaquer, à mordre, à user de tous les dons que la nature lui avait donnés, ironiquement. « Je peux me le faire, John. On peut le faire parler. Toi tu peux lui arracher la vérité. » Les élémentaires sifflèrent dans l’ombre et l’herbe ondoya sous leurs pieds, prête à mordre. L’avatar posa son regard vide sur elle, puis le tourna de nouveau sur John, avisa les restes de la pâte verte avec laquelle Tefé avait tenté de soulager sa douleur et hocha doucement ce qui lui servait de tête. « Mon corps refermera… tes blessures. Pour que ton sang cesse… de nous empoisonner. Tu es différent, c’est vrai. Mais tu es poison… malgré tout. » Tefé s’entendit rire, dans une autre vie, sur un autre monde, « ahaha, personne ne veut de toi ! » mais ce n’était qu’un écho car en cette seconde, elle ne riait pas du tout, et si elle n’avait pas été aussi en colère, elle aurait même eu de la peine pour lui, parce que c’était vrai, qu’on aurait dit que personne et nulle part n’était fait pour ouvrir les bras à John Constantine.  Sauf qu’elle se faisait ignorer, maintenant. « Comme vous êtes venus… Vous repartirez. Ou bien je vous tue. Nous sommes condamnés. Vous pas encore… tout à fait. » Enfin, l’avatar la regardait, et elle baissa les yeux, incapable de soutenir son regard. « Il est bizarre, John, cet avatar. Où est mon père ? » Et le regard de l’avatar brilla de nouveau de colère, passa d’elle à John, puis revint sur elle, et elle dut se retenir de ne pas crier « non, l’autre, mon autre père ! » mais cela aurait été vraiment ridicule. Derrière l'avatar, les élémentaires ondulèrent de fureur au même rythme que leur champion, mais elle s'en fichait. Ce fil sur lequel ils se trouvaient tous, elle se fichait de le casser, et de faire basculer le Green dans la violence à nouveau, inconsciente qu'elle aussi avait une responsabilité, ne serait-ce qu'envers John, pour lui permettre de sortir de là vivant, lui qui avait déjà fait sa part en la sauvant, elle. Non, en cette seconde, elle se montrait aussi jeune et stupide que la gamine d'à peine vingt ans qu'elle était encore parfois.

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