Réunion de crise au Daily Planet. Pour la première fois depuis longtemps, Perry ne sait pas quel sujet mettre en première page – les possibilités sont trop nombreuses. L'attaque de revenants à Coast City ? Les extrémistes et terroristes méta-humains de Central City ? Les politiques douteuses du "Président Luthor" concernant tout citoyen non-humain ? La montée en puissance d'un nouveau dictateur au Qurac ? Il n'y a que Gotham et son Épouvantail qui ont été écartés immédiatement, puisque annoncer une nouvelle vagues de crimes à Gotham serait comme publier quelque chose du genre "
le feu, ça brûle".
« Les zombies de Coast City ? Les gens adorent les zombies. C'est tordu, mais c'est à la mode. Et puis, j'ai peur qu'en parlant du groupe qui se fait appeler Omniscient, nous ne ferions qu'attiser la haine des méta-humains, et ça ferait bien trop plaisir à Luthor de voir le Planet s'aligner sur son opinion. » S'il y a bien une chose que le Daily Planet n'a jamais fait, c'est donner du grain à moudre à Luthor et à ses admirateurs. Toute la presse à scandale du pays se charge déjà de le faire, et depuis l'élection du milliardaire à la tête du pays, l'intolérance est de nouveau populaire.
« Lane a raison, les zombies font vendre. On casera le chauve entre les mots-croisés et le sudoku, comme d'habitude. » Lois étouffe un rire. S'il y a bien une chose que Perry et elle ont en commun, c'est leur aversion pour Lex. Collée à la rédaction de la drôle d'attaque à Coast City, Lois récupère un café à la cafétéria du journal avant de retourner s'asseoir à son bureau. Mais rédiger l'article s'avère être un peu plus compliqué que prévu, elle doit quitter sa place plusieurs fois dans l'après-midi pour se précipiter aux toilettes. Rien de très glamour, mais même un peu de café, elle ne parvient pas à le garder dans l'estomac. Alors elle finit pas bâcler son article, songeant que de toute façon le titre "
Invasion de Zombies à Coast City" sera suffisamment racoleur pour vendre assez d'exemplaires du journal pour que Perry soit ravi.
Il n'est pas encore dix-sept heures quand Lois quitte le Planet. D'ordinaire, Clark doit lui rappeler qu'elle ne peut pas y passer sa vie, mais cette fois elle est même prête à partir avant lui. L'avantage qu'il y a à être la petite-amie de Superman, c'est qu'ils sont rentrés à leur appartement dix fois plus vite que s'ils avaient dû compter sur les transports en commun en plein milieu d'une Metropolis encore en travaux. À peine sont-ils rentrés que Lois abandonne son sac dans un coin du salon et se débarrasse de ses escarpins.
« Je vais aller prendre un bain, je ne me sens pas très bien. » Comme la veille. Et la veille de la veille. Et la semaine précédente. Cela commence à l'inquiéter, mais Lois Lane étant Lois Lane, elle n'énonce pas ses craintes à haute voix. Elle se dit que c'est passager, probablement rien de plus qu'un simple contrecoup post Syndicat. Ce ne serait pas la première fois... Lois disparaît dans la salle de bain, elle ouvre les robinets de la baignoire et retire ses vêtements. Mais avant d'entrer dans l'eau chaude, elle lève les yeux au ciel. Elle sort la tête de la salle de bain, un sourcil haussé.
« Tu comptes me rejoindre, ou tu vas rester planté dans le salon jusqu'au retour de Rao ? » Même complètement retournée, Lois est toujours capable de faire preuve d'humour. Ou de cynisme, cela dépend des jours et de son humeur. Mais avec Clark, impossible de montrer les griffes. Superman est le héros que la Terre connaît, mais Clark Kent est l'homme avec lequel elle vit. Et cet homme là est le genre dont n'importe quelle femme devrait rêver. Parfois, elle se demande même comment il fait pour la supporter, elle et ses caprices, elle et ses folies, elle et son sale caractère. On dit que les contraires s'attirent, et dans leur cas c'est la pure vérité. Elle n'en revient toujours pas d'avoir été aussi aveugle le concernant. Bien sûr que Clark Kent est Superman. Aucun autre homme n'aurait été digne de l'être.
Dans l'eau brûlante, et surtout dans les bras de Clark, elle se sent déjà mieux. Ce n'est pas encore la grande forme, mais il y a du progrès.
« Quand je pense que Luthor est Président... Je me demande si ce n'est pas ça qui me rend malade. » Même en sachant l'élection truquée, ça ne l'empêche pas d'avoir envie de hurler à chaque fois qu'elle voit son visage sur un écran ou du papier.
« Et dire que je pensais que rien ne pourrait être pire que Darkseid ou le Syndicat. Rappelle-moi de me taire, la prochaine fois. » Elle rit doucement, avant de soupirer. Le monde est devenu complètement fou... En devenant reporter, elle ne pensait pas un jour écrire autant d'articles sur des aliens, des dieux, des méta-humains, des super-héros... Et avouons-le, elle pensait encore moins tomber folle amoureuse d'un super-héros venu d'une autre planète. C'est difficile de considérer Clark comme un alien, mais c'est bien ce qu'il est. Et la grosse ironie dans l'histoire, c'est qu'il est plus humain que la plupart des gens qu'elle connaît.
« Dis-moi, honnêtement... Tu crois que je devrais aller voir un médecin ? » Elle se redresse un peu, pour pouvoir le regarder.
« Si quelque chose clochait chez moi, tu l'aurais vu ? Et tu me l'aurais dit, pas vrai ? »