Conflit d'intérets ● Jason (FLASHBACK)

Artemis & Jason

A new beginning.

L'adrénaline. Tu la sens courir dans tes veines, un besoin aussi vital que de l'essence dans un moteur. Depuis que tu es rentré à Gotham, t'as l'impression que le monde bascule dans une ère de destruction. Avant, vous n'aviez qu'à vous soucier des petits criminels de bas étages, au pire, de la galerie des psychopathes de Gotham. Mais depuis la tentative d'invasion de Darkseid, les menaces se font de plus en plus grandes et dangereuses. Des aliens, des êtres venus d'un autre univers, et même des dieux. Tous veulent vous anéantir, et ce qui était presque devenu une promenade de santé, s'est transformé en véritable challenge quotidien. Il ne suffit plus de quelques mâchoires brisées ou de balles bien placées pour venir à bout de tes adversaires. Maintenant, le travail d'équipe est obligatoire. Il faut s'unir pour avoir une chance de vaincre. Et pour toi, l'homme solitaire qui a toujours préféré patrouiller seul, c'est déroutant. Tu ne peux plus prendre seul tes décisions. Tu ne peux plus foncer tête baissée. Tu ne peux plus prendre des risques inconsidérés. Sous peine d'entrainer des dommages collatéraux irréparables et d'entrainer des innocents dans ta chute – sans même parler des deux femmes qui t'attendent à la maison. Est-ce que tu te sens prêt à évoluer vers une façon de faire plus coopérative ? Oui, peut-être. Même si tu n'as pas vraiment le choix, tu rechignes moins à l'idée d'avoir des partenaires pour t'épauler. Parce que les choses ont changées. Ton quotidien n'est plus rythmé d'enquêtes et de meurtres, mais de couches et de biberons. Un changement radical qui t'empêche d'être aussi efficace qu'auparavant. Si ce soir tu peux patrouiller comme au bon vieux temps, c'est parce que tu as quitté Themyscira quelques jours, pour t'assurer que ta ville ne sombre pas dans le chaos en ton absence. Sur l'île paradisiaque, il y a ta femme et ta fille. Mais il y a aussi la menace Graal, contre laquelle tu as choisi de lutter aux côtés des Amazones. En soit, David contre Goliath. Alors ces nuits que tu t'accordes ici, elles sont salvatrices. Tu reprends le dessus, tu ne te contentes pas d'essayer d'être utile. Dans la nuit qui t'englobe, tu te sens dans ton élément, et tu sais que tu vas pouvoir faire la différence. Alors cette adrénaline, tu l'enlaces, tu la laisses t'embraser. C'est une douce caresse du passé.

Sean Ashby. Ancien flic ripoux du GCPD reconvertit en trafiquant. Mais pas n'importe quel trafic, l'un des pires qui soit dans cette ville gangrénée par le crime. Ashby s'est spécialisé dans la revente d'êtres humains, ni plus ni moins. Que ce soit des migrants pour la revente d'organes, des femmes pour les réseaux de prostitution, ou des enfants pour alimenter le dark net, cet homme n'a aucune limite à l'immoralité. Voilà bien longtemps que tu traques ses agissements, attendant le bon moment pour lui mettre la main dessus. Il est prudent, diagnostiqué paranoïaque, et rares sont les fois où il vient traiter lui-même avec ses clients. Ce soir, tu sais qu'il sera dans un vieux hangar abandonné sur les docks. La transaction va être rapide, ta fenêtre d'ouverture très courte. Alors caché dans l'obscurité, tu observes d'un point stratégique les allers et venus des criminels, attendant le bon moment pour agir. Ashby se fait attendre, mais tu sais qu'il viendra. Son client est un gros morceau de l'Europe de l'est, à la recherche de chair fraiche pour étendre son empire nauséabond. Il lui faut de la marchandise. En l'occurence, des hommes, des femmes et des enfants. Où sont-ils ? Probablement pas loin d'ici, gardés par les hommes de main d'Ashby. Mais chaque chose en son temps, d'abord, tu vas éliminer tous ceux qui se trouvent dans ce hangar. La silhouette de ta cible se dessine parmi les ombres. Il pénètre dans ce qui va devenir son cercueil. Que la fête commence.

Tout va très vite. Ton entrée est fracassante, laissant les trafiquants abasourdis alors que tes balles pleuvent dans le bâtiment. Tu en tues trois grâce à la surprise. Leurs corps désarticulés s'écrasent sur le sol, dans une mare de leur propre sang. T'es en colère. L'adrénaline fait son effet. Ces hommes méritent tous de mourir. Mais tu n'as malheureusement pas le temps d'étirer leur souffrance. Derrière des éléments de décor, tu te mets à couvert, attendant le moment parfait pour éliminer les tireurs. Très vite, il ne reste plus que celui qui t'intéresse. Ashby, une balle dans la jambe, rampant comme le vulgaire insecte qu'il est. « Je veux les noms de tes clients, et les adresses de tes entrepôts. » Tu dis entrepôts, mais c'est un nom bien trop générique pour des lieux qui cachent des êtres humains destinés à un sort atroce. De ta semelle, tu écrases sa cuisse blessée, où tu peux encore voir la balle infiltrée dans la chair. Il hurle, tu appuies plus fort. « T'as cinq secondes. » Ta botte brise ses doigts qui trainent sur le sol. « Cinq. » Tu attrapes le col de son pull pour casser quelques unes de ses dents avec ton poing. « Quatre. » Cette fois c'est ton masque rouge qui vient rencontrer brutalement son front. « Trois. » « JE TE DIRAIS RIEN ! TU PEUX CREVER ! » L'ultime balle se loge dans sa tête. Ashby est mort, et il entraine avec lui de précieuses informations. Tant pis, tu mettras plus de temps que prévu, mais tu finiras par trouver ce qui t'intéresse. Ta patience venait d'atteindre ses limites.

Artemis & Jason

A new beginning.

S'il s'agissait là d'une soirée ordinaire, tu rentrerais chez toi après une mission durement accomplie, tu prendrais une douche, et tu te glisserais dans les draps auprès de ta femme sans avoir déposé avant un bisou sur le front de ta fille. Mais ce soir n'est pas une soirée ordinaire. Quelqu'un se cachait parmi les ombres, comme un prédateur qui attend le bon moment pour bondir sur sa proie. L'inconnue se laisse tomber derrière-toi, alors que tu braques aussitôt ton arme sur elle. Ton compteur de méfiance vient d'exploser. Sa taille est imposante. Terriblement imposante. Son allure est celle d'une guerrière, et tu lis dans son regard que tu viens de la contrarier. Eliminer tout un groupe de criminels armés, pas de problème. Mais faire face à une femme dont tu ignores tout, qui semble très fâchée contre toi, et qui en plus a l'air d'avoir la force nécessaire pour briser ton crane entre ses doigts, c'est bien plus que tu ne peux le gérer. « Désolé, mais il m'a énervé. » Tu hausses les épaules, avec cet air nonchalant et désinvolte qui te colle à la peau. L'attitude contraire de celle que tu devrais adopter pour te sortir de ce nouveau pétrin. Mais c'est plus fort que toi, t'as horreur qu'on dise ce que tu es censé faire. Bruce, Dick, tous ont cherché à t'imposer leur façon de faire, avec le résultat qu'on connait. Toi, tu fais une différence. Tu détruis des cellules, tu démantèles des réseaux, tu exécutes les monstres qui se cachent dans le noir, guettant déjà leur prochaine victime. Oui, tu as tué cet homme, manquant l'occasion d'avoir plus d'informations, mais tu ne dormiras pas moins bien ce soir. Quelque part, tu sais qu'elle n'a pourtant pas tort. Même le plus coriace des hommes finit par craquer sous la torture. C'est humain, ce n'est plus la raison qui prend le dessus, mais l'instinct de survie. Et avec un peu de patience, Ashby aurait fini par craquer et répondre à tes questions. Seulement voilà, cette patience, tu ne l'as pas.

Qui est-elle ? Derrière le masque rouge, tu détailles ton adversaire. Des femmes aussi féroces, tu en connais très peu, et elles se trouvent toutes sur une île paradisiaque loin d'ici. Diana est la seule à avoir quitté Themyscira. Enfin, presque. Tu te souviens de quelques histoires qu'elle t'a raconté sur sa tante, Antiope, partie former sa propre tribu. Mais quelles sont les chances pour que tu tombes nez à nez avec une Amazone ? Peu, très peu, surtout à Gotham City. Tu recules quand elle s'approche de toi, peu désireux de la voir exécuter les menaces que tu lis dans ses iris foudroyantes. Tu viens de contrarier ses plans, et la demoiselle a l'air de mal vivre les contrariétés. « Ashby était une pourriture, j'ai rendu service à l'humanité, tu devrais plutôt me remercier. » Elle ne voit pas le sourire arrogant et provocateur qui s'affiche sur tes lèvres, mais nul doute qu'elle le devinera dans le son de ta voix. Vous êtes dans le même bateau, non ? Elle le voulait, tu le voulais, ce qui fait de vous deux personnes du même côté de la barrière. T'as peut-être tué sa cible, mais il est toujours possible de vous arranger, pas vrai ? La négociation est en tout cas la seule solution envisageable. L'affronter serait une grossière erreur, tu ne fais pas le poids, t'en as parfaitement conscience. Elle te mettrait au sol avant même que tu ne bouges le petit doigt. Et pour avoir déjà subit la colère d'une Kryptonienne, tu n'as aucune envie de réitérer l'expérience d'une femme qui t'as dans le collimateur.

En guise de drapeau blanc, tu baisses ton arme. C'est ta façon de lui montrer que tu n'as aucune envie d'en venir à la violence – ou de prendre la dérouillée de ta vie. « Ashby est venu vendre sa marchandise, ce qui signifie qu'elle est forcément pas loin d'ici. » Tu as horreur de dire marchandise alors que tu parles de trafic d'êtres humains, mais ce sont les termes utilisés par toutes ces pourritures. Pour connaître un peu le milieu, à force de t'y infiltrer pour obtenir des informations, tu sais que ces hommes étaient là pour une raison bien précise : évaluer et acheter. Et pour le faire, il faut forcément voir les produits proposés. « Si tu es là pour sauver ces gens, alors toi et moi on veut la même chose. » Ce n'est pas ainsi que tu imaginais la suite des événements, mais tu crains de ne pas avoir le choix. Si pour apaiser sa colère tu dois faire équipe avec elle, tu le feras. Et puis, en plus d'être utile, ce sera l'occasion pour toi d'évaluer ses capacités. « Les bateaux du port, on devrait commencer par là. » Tu n'as pas fait une reconnaissance complète des lieux, mais t'es presque certain que ce doberman devrait t'épargner cette peine.

Artemis & Jason

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Gotham fait partie de toi. Tu la connais comme ta poche. Tu as arpenté toutes ses rues pendant des années, à la recherche d'endroits où passer des nuits un peu moins glaciale. Dans quel bar se trouve les plus gros balourds, dans quel diner espérer récupérer quelques restes chauds, quel quartier est emprunt de quel trafic. Tu sais tout. Et si Batman prétend être le prince de Gotham, il se trompe. Le prince, c'est toi. Dans son luxueux manoir, il n'a pas vécu ce que tu as vécu pendant des années, l'expérience la plus brut qui soit. Il n'a pas eu ton regard sur la vie nocturne de la ville. La vraie. Quand il pourchassait les criminels, toi, tu te mêlais à eux. Tu les provoquais pour distraire tes soirées, avant de courir chez le Docteur Thompkins pour te faire rafistoler. Un gamin paumé, qui a si souvent flirté avec la délinquance. Si Bruce portait ton masque, s'il avait vu à travers ton regard, il comprendrait pourquoi il est préférable d'exterminer la vermine des bas-fonds. Ce mal qui gangrène la ville ne se stoppe pas derrière des barreaux ou des salles capitonnées. Elle s'exécute, froidement, sans pitié. Un homme emprisonné ne met fin à aucun massacre, c'est simplement repousser une inévitable échéance. Ils sortent tous. Tous, finissent par trouver les failles du système. Corruption, pot-de-vin, tout peut s'acheter, surtout la liberté. Et combien de dommages collatéraux ? Combien de victimes sur le fil du rasoir ? Leur laisser la vie, c'est en condamner d'autres. Des vies innocentes. Alors peut-être que tu as contré les plans de cette inconnue en tuant Ashby, mais aussi impressionnante et menaçante soit-elle, si c'était à refaire, tu lui exploserais encore le crane. Parce que tu ne laisseras plus aucune pourriture empoigner les habitants de cette ville de leurs griffes acérées. Si Batman refuse de se salir les mains, les tiennes, elles, sont pleines de sang coagulé.

Bingo. Elle a mordu à l'hameçon. L'adage dit vrai, l'ennemi de mon ennemi est mon ami. Tu ne sais rien d'elle, mais vous avez un intérêt commun, et c'est suffisant pour que vous parveniez à trouver une entendre cordiale. Ou plutôt, pour que tu évites de finir en tartare de viande. La puissance qui se dégage d'elle, tu n'as aucune envie d'y faire face. « Je retombe toujours sur mes pattes. » Elle ne voit pas le sourire, pourtant il est grand. Eclair d'arrogance après t'être tiré d'une situation périlleuse. Comme à chaque fois. Un jour, la chance finira par tourner, mais pas ce soir. Si Diana te voyait, elle arborerait ce regard mi-blasé mi-exaspéré qui t'est si souvent adressé. Mais trêve de bavardages, vous avez beaucoup à faire si vous voulez avoir une chance de sauver ces gens. Tu rejoins ta partenaire, visiblement très pressée. La nuit est noire, l'heure très avancée. Tout est calme. Et c'est peut-être là votre avantage. Ils ignorent encore que leur patron vient de se faire descendre. Mais d'ici quelques minutes, ils commenceront à avoir des doutes sur le déroulement de la transaction, et plusieurs hommes seront envoyés en repérage. Votre fenêtre d'ouverture pour agir est très courte. Si vous voulez les prendre par surprise, avant qu'ils ne se cachent et se dispersent, c'est maintenant ou jamais. Au diable la reconnaissance des lieux ! « On fonce dans le tas. Ils vont bientôt commencer à se douter que quelque chose a mal tourné dans le hangar. Il faut qu'on les prenne par surprise avant qu'il ne soit trop tard. » L'improvisation, élément indissociable des patrouilles nocturnes. Même en planifiant tout de a à z, il y a toujours des imprévus qui viennent mettre à mal le plus parfait des plan théorique. Alors à quoi bon ?

En adoptant cette stratégie, tu viens de lui donner raison. Oui, tu es un impétueux à tendance tête brûlée, mais tu ne t'en es jamais caché. « Tu me couvres. » Un ordre ? Peut-être, un peu. Et tu ne lui accorde aucune seconde pour râler, préférant largement te laisser tomber au devant du premier conteneur que d'entendre l'inconnue remettre en doute ta technique infaillible. Les hommes sont assoupis, pas du tout alerte, et c'est avec plaisir que tu vas faire grimper en flèche leur taux d'adrénaline. Les premières balles commencent à pleuvoir, tuant sur le coup les plus lents, réveillant les plus rapides. Tu ignores combien ils sont, mais pour connaître les techniques de chaque clan de Gotham, t'es prêt à parier qu'il n'y aucune armée ici. Ce sont simplement des hommes de main, là au cas où les choses tourneraient mal, tout en était persuadé avoir le contrôle sur la situation. En gros, à l'image d'une pancarte 'attention chien méchant' pour caniche. Où est ta partenaire ? Dans la confusion, tu ne parviens plus à retrouver sa silhouette. Quand les sbires commencent à répliquer, tu trouves refuge là où tu peux, attendant que leurs chargeurs bêtement gâchés se vident tranquillement. Peut-être que tu as surestimé ses capacités ? Et si elle n'était pas aussi redoutable qu'elle en donnait l'impression ? Parce que là, t'as pas franchement l'impression qu'elle te couvre. Est-ce qu'elle serait aussi du genre à n'en faire qu'à sa tête ? Si c'est le cas, votre alliance risque de devenir compliquée.

Artemis & Jason

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Bon. Ta démonstration, tu l'as eue. A quelques éphémères occasions tu as partagé tes rondes nocturnes, de Red Robin à Nightwing, en passant par Rose Wilson. Mais jamais, jamais tu n'avais croisé une femme avec autant de facilité à mettre hors d'état de nuire un sbire lourdement armé. Enfin, presque. Il y a Diana. Mais Diana a toujours été une exception. Une Amazone doublée d'une déesse, redoutable et inarrêtable. Ce que tu viens de voir ce soir s'y apparente pourtant beaucoup. Et même si tu sais qu'il est préférable de rester concentrer entièrement sur ta mission, tu ne parviens pas à occulter la nature de ta partenaire d'un soir. Tu as beaucoup de questions à lui poser. Qui est-elle, d'où vient-elle, et que cherche t-elle exactement dans ce bateau ? Pourquoi tout te semble terriblement personnel dans sa façon de se frayer un chemin jusqu'au cœur d'acier ? « Là d'où je viens, hein. » Voilà qui te donne déjà un indice, et tu ne masques pas – ironiquement – l'intérêt que tu lui portes. Sa force. Son agilité. Sa vitesse. Et... et cette taille impressionnante ! De haut en bas, tu l'observes sans vergogne, à la fois intrigué et médusé par cette rencontre. Pourtant, et ce malgré la curiosité qui te tenaille, tu ravales les questions qui te brûlent la langue, et t'avances vers l'entrée du bateau. Il y a quelque chose qui cloche. Si il y avait encore des hommes à l'intérieur, ils seraient déjà là. Impossible que le grabuge que vous venait de faire passe inaperçu. Même des kilomètres à la ronde ils ont dû vous entendre. Alors où est le comité d'accueil ? Pourquoi vous êtes deux sur le pont d'un navire censé contenir une précieuse cargaison ? L'assurance que tu avais tout à l'heure disparaît peu à peu. Tu n'appellerais pas ça un don puisque cela se rapproche plus à un instinct, mais quand quelque chose ne tourne pas rond, généralement, tu le sens. Sûrement tes années d'expérience à te mettre dans le pétrin. Et là, ce que tu sens, ça ne te plait pas du tout.

Tu avances prudemment, répondant ainsi à la question de ta camarade – dont tu ignores encore le nom. Arme en main, tu t'engouffres dans l'obscurité du bateau, descendant une à une les marches qui vous mènent jusqu'aux entrailles. Tu n'entends rien. Aucune voix. Aucun cri. Rien d'autres que les échos des machines internes en plein travail. « Quelque chose ne va pas. » Est-ce un piège ? Si une bombe se trouve à l'intérieur il t'est impossible de le savoir. Le navire est beaucoup trop grand, tu ne saurais même pas où commencer les investigations. Mais tu doutes que ce soit le cas, ça ne colle pas. Vous arpentez les recoins, visitez les cabines, mais rien. Ce qui est d'autant plus inquiétant, c'est qu'il n'y a aucun signe de vie dans ce bateau. Pas de balles, pas de mégots de cigarettes, pas de vêtements qui trainent, rien. Et encore moins le signe d'un groupe d'êtres humains enfermé contre son gré. Après quelques minutes de recherches, il faut te rentre à l'évidence. « C'est un leurre. » Ashby n'était visiblement pas aussi stupide que vous le pensiez. La marchandise était là, oui, mais elle a filé depuis longtemps. Sans doute était-il en contact avec un lieutenant, et qu'au moment du carnage, votre chance de retrouver le cargo s'est envolée. A la mort de son patron, l'homme a mis les voiles. « Ils n'ont jamais été ici. » C'est un échec. Cette mission est un échec. Et toi, et bien, tu es prêt à subir la colère de ta partenaire. C'est toi qui a merdé. T'as laissé tes émotions prendre le dessus, comme à chaque fois. Tu n'as pas été méthodique, la rage a guidé tes poings, et tu as liquidé une source précieuse d'informations. Leur sort, c'est toi qui l'a scellé.

Tu frappes sur un tuyau, le premier que tu trouves sur ta trajectoire, pour évacuer cette colère à l'encontre de toi-même. Parfois, ça t'aide à réfléchir. Et réfléchir, il le faut. Tu ne vas pas simplement baisser les bras. Et s'il n'était pas encore trop tard ? Vous avez encore une chance. Une dernière petite chance. « Ce bateau, il est en état de marche. On peut peut-être les suivre à la trace. A cette heure, ils ne vont pas passer inaperçu. » Peu de chance que le port de Gotham soit embouteillé aussi tard dans la nuit. Leur bateau devrait apparaître rapidement sur le sonar. Le problème, et bien, c'est que tu n'es pas certain de savoir manoeuvrer ce truc. Tes multiples formations t'ont amenées à contrôler un bon nombre de véhicules, mais les bateaux ne sont pas franchement ta spécialité. Qu'importe. Tout se tente. Direction le poste de navigation. « Dis-moi, est-ce que par hasard, tu as des connaissances nautiques qui pourraient nous être utiles ? Parce que là je t'avoue que je ne suis pas très sûr de moi. » Pour la première fois depuis la soirée, tu admets ouvertement être un peu dépassé. Alors un peu d'aide serait la bienvenu. Ou même un peu de soutien, à ce stade, tu prends ce qu'on te donne.

Artemis & Jason

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Bien. Bon. Voilà qui vous fait un point commun : vous n'êtes pas des as du pilotage de bateau. Compétence qui aurait pu vous être grandement utile pour rattraper l'avance du cargo. Les mains sur les commandes, tu actives déjà celle qui fait remonter l'encre pour envisager de commencer par sortir du port. Pour le reste, tu crains que ce ne soit plus compliqué que la théorie que tu as lu dans quelques bouquins au cours de ton apprentissage chez la Ligue des Assassins. Tu n'as jamais trouvé ça utile d'apprendre tout et n'importe quoi, sale garnement persuadé que toute connaissance n'était pas bonne à prendre. Maintenant, tu dois avouer que tu regrettes. Finalement, un jour ou l'autre, tout finit par servir. Mais pour ta défense, à l'époque tu ignorais que tu allais vivre une vie éternelle – merci beau-papa. Si un jour l'occasion se représente, tu n'hésiteras plus à gober toutes informations concernant l'art de manoeuvrer un deltaplane ou les différences entre tous les champignons de la planète. Qui sait, peut-être qu'un jour il te faudra tuer un ennemi rapidement, avec pour seule arme un calice de la mort. D'un signe de tête, ta partenaire te fait comprendre de la suivre. Tu sors alors ton flingue de ta ceinture, et approche d'un pas prudent jusqu'à la porte qu'elle t'a désignée. D'une facilité déconcertante, elle la fait lourdement tomber, pour laisser apparaître un homme que vous n'aviez encore pas encore trouvé lors de votre repérage. Mais lui, contrairement à tous les autres, ne semble pas être là de son plein gré. Pire, il se cache de vous, par crainte que vous soyez du même acabit que ses employeurs – ou tortionnaires. Les menaces ici, ce n'est pas vous. Tu ne comptes plus le nombre de fois où les gens que tu essayais de sauver t'ont pris pour le méchant de l'histoire. Certes, le masque rouge n'est pas super accueillant et n'incite pas à la confiance, mais quand même, ils voient bien que t'es pas celui qui a essayé de leur tirer dessus.

Mais tu l'admets, la jeune femme fort mystérieuse n'est pas du genre à faire dans la dentelle, et à la place du pauvre homme, tu ne te sentirais pas beaucoup plus serein. Dans sa façon de s'y prendre, dans cette colère qui se dégage d'elle, tu te reconnais. Il y a chez elle des facettes qui font écho aux tiennes. Votre brutalité, votre manque de patience, et votre envie de mettre la main sur les vermines de Gotham. Ce qui t'échappe encore, c'est sa raison de partir à la poursuite du cargo. Elle les veut tout autant que toi, ça, tu l'as bien compris. Mais pourquoi ? Il y a beaucoup de points communs entre vous, mais il y a aussi une grosse différence : tu sens que tout ceci est personnel. Que son intérêt n'est pas le bien de cette ville. Ici ou ailleurs, elle a été guidée par un but bien précis, qui a amené vos chemin à se croiser par la force des choses. Quand tu réalises l'efficacité redoutable avec laquelle elle a trouvé un pilote, tu hoches la tête en guise de remerciement. Voilà qui devrait vous éviter de foncer dans le premier obstacle croisé. « Et bien, je compte l'obliger à rattraper le cargo qui nous intéresse. » Vous retournez tous les trois dans la salle de commandes, où tu invites plus ou moins gentiment votre nouvel ami à s'installer au poste. Tu ignores s'il s'agit du capitaine du bateau ou d'un sbire lambda avec des leçons de navigation au compteur, tout ce qui t'intéresse, c'est de rattraper le plus rapidement possible les esclaves d'Ashby. « Il y a environ vingt minutes, un cargo a quitté le port. Nous aimerions que vous retrouviez sa trace. Très vite. » L'homme est fébrile, ses mains tremblent quand il actionne le démarrage des moteurs et accélère doucement pour enfin quitter votre emplacement initial. Il est pas très causant, ni très rassuré en votre présence, mais au moins il comprend rapidement ce que tu veux.

A côté de lui, surveillant ses moindres faits et gestes, tu jettes souvent un coup d'oeil au radar, espérant votre un petit point vert s'afficher sur l'écran. Pour l'instant, rien à signaler, mais tu ne désespères pas. « Plus vite. » Après un long soupire d’impatience, c'est maintenant vers la guerrière que tu portes ton attention. A nouveau, tu prends le temps de la détailler longuement, cherchant à percer le mystère de ses origines. « Amazone, pas vrai ? » Ceci est plus une demande de confirmation qu'une véritable question. Pour en côtoyer une quotidiennement, t'es presque certain de ton coup. Elle est agile, rapide, et terriblement forte. Qui d'autres qu'une Amazone pourrait être aussi efficace ? Les bras croisés, nonchalant, et sourire caché derrière le masque du Red Hood, tu prends le risque de briser le silence pour essayer d'en apprendre un peu plus sur elle. Après tout, si vous devez faire équipe ce soir, autant savoir avec qui tu te bats, et à qui tu confieras peut-être ta sûreté. « Comment tu t'appelles ? » Les Amazones n'ont pas pour habitude de faire usage de pseudonyme, mais qui sait, celle-ci semble échapper à plusieurs règles. « Je sais que t'es pas très bavarde, mais on a un peu de temps à tuer. » Est-ce que tu es en train de l'agacer ? T'as conscience que ta désinvolture contraste lourdement avec sa froideur, mais c'est plus fort que toi, t'as été piqué au vif de ta curiosité à l'instant même où tu as croisé son regard.

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Manque de chance – ou pas, selon son point de vue – tu es probablement l'homme qui connait le mieux les Amazones dans ce pays. Pour cause, tu en côtoie une tous les jours, et de la plus intime des façons. Tu sais comment elle se battent, tu as déjà détaillé leur carrure, et tu as fait face à leur caractère bien trempé. T'en es certain, cette femme appartient au peuple de Diana. Et la question intriguée qu'elle te pose ne fait que renforcer ta certitude déjà acquise. T'as tapé dans le mille. « Y a pas mieux renseigné que moi dans le coin. » Pour une fois, ce n'est pas de l'arrogance, mais une affirmation savamment pesée et que tu pourrais lui prouver si elle te le demandait. Tu as foulé leur île, tu as rencontre leur reine, et tu as fait la connaissance de bon nombre d'entre elles. Cependant, cette inconnue à la longue chevelure rousse, tu ne te souviens pas l'avoir déjà vue. Tu connais peut-être sa nature, mais son histoire, tu n'auras pas l'audace de prétendre la deviner. Ce n'est de toute façon pas ce que tu lui demandes. Tu ne cherches pas à entrer dans les méandres de son existence, c'est un choix que seule elle pourra faire, et le moment est pour le moins inopportun. Vous n'êtes pas là pour devenir des amis, mais pour une cause commune qui vous contraint à faire équipe. C'est juste que tu préfères en savoir un minimum sur la femme avec qui tu es sur le point d'aller te battre. « J'ai épousé une Amazone. » La fierté de coq d'avoir Diana dans ta vie prend presque le dessus sur ta prudence. Donner trop d'informations pourraient la conduire aisément jusqu'à toi si elle venait à faire quelques recherches sur ta mystérieuse personne. Rien dans les archives, puisque tu es toujours censé être mort, mais une Amazone marié à un homme, il n'en n'existe qu'une seule ici, et non des moindres. Finalement, le secret ne tiendra pas, et c'est une perte de temps que d'essayer de masquer ton identité. Alors tu rajoutes presque aussitôt : « Diana de Themyscira. Ou Wonder Woman. Comme tu préfères. » Elle ne voit pas le sourire qui étire tes lèvres derrière le masque, pourtant, il est victorieux.

Artemis. Artemis de Themyscira ? Ou d'autre chose ? Elle ne précise pas ce détail, volontairement ou non, ce qui t'incite à penser qu'elle appartient à un peuple que tu ne connais peut-être pas encore. Mais tu n'abuseras pas de cette première victoire, obtenir ce prénom est déjà un grand pas en avant avec cette grande guerrière taciturne. « Moi c'est Red Hood. » Nouveau sourire caché. Est-ce qu'elle entend dans le son de ta voix que tu t'amuses de la situation ? Tu lui donnerais bien ton prénom, mais tu ne tiens pas à offrir trop d'informations à la troisième personne de votre petite équipe improvisée. Bien qu'il ne soit pas du genre à chercher volontairement les ennuis, en témoigne ses mains tremblantes et cette façon qu'il a d'éviter tout contact visuel avec vous, c'est un risque que tu préfères minimiser. Provoquant et taquin, tu lui donnes une fausse tape amicale sur l'épaule, ce qui provoque chez ce pauvre bougre un haut sursaut. « Tu ne diras rien toi, pas vrai l'ami ? » Une menace à peine déguisée que tu appuies en enfonçant plus fermement tes doigts sur son épaule. Pas besoin d'aller plus loin, t'es persuadé qu'il fermera sa bouche sur tout ce qu'il vient d'entendre. Sinon, tu ne n'hésiteras pas à le retrouver pour lui foutre la frousse de sa vie.

Quand l'alarme retentit, tu jettes aussitôt un œil sur le radar. Effectivement, c'est bien ça, tu distingues la forme de l'autre bateau droit devant. Vous avez réussi à les rattraper. Tu acquiesces pour répondre à sa question, avant de te tourner vers l'homme : « Tu gardes le cap en t'approchant le plus possible. Maintenant. Et vite. » Parce que tu as déjà une idée derrière la tête. Une mauvaise idée, mais une idée quand même. Après avoir donné tes instructions au capitaine, tu invites Artemis à te rejoindre d'un signe de tête, déjà en marche pour rejoindre le pont du bateau. Dehors, l'air frais de la nuit se fait ressentir à travers ton costume, mais il y a cette adrénaline nourrie par l'excitation de la mission qui te garde constamment au chaud. « Hé Brienne ! Enfin, Artemis. » T'es persuadé qu'elle ne comprendra pas la référence, mais toi tu t'en amuses beaucoup. Et il faut l'avouer, la ressemblance est quand même troublante. « Balance-moi sur le bateau. » Oui, t'es très sérieux. Tu sais de quoi elle est capable. Et si elle peut parvenir d'un saut à rejoindre le cargo d'esclaves juste devant, toi, en revanche, tu n'as pas la patience d'attendre de t'en rapprocher. Alors c'est l'unique solution : elle te jette là-bas, puis elle te rejoint. « T'inquiète, je vais retomber sur mes pattes. » Bon, ça, t'en es pas vraiment certain, mais tu aviseras le moment venu.

Artemis & Jason

A new beginning.

Petit mortel ? Te voilà presque vexé. Ne lui as-tu pas déjà prouvé plusieurs fois ce soir que tu n'étais pas n'importe qui ? Il ne s'agit pas d'ego, simplement le résultat d'années d'entrainement que tu aimerais voir estimées à leur juste valeur. Après un 'peuh' contrarié, tu laisses l'Amazone t'attraper et te transformer en fusée humaine. A une vitesses vertigineuse, t'as presque l'impression de voler, avant de t'écraser lourdement sur le bateau. L’atterrissage fait vibrer les muscles de tes cuisses, mais rien de bien méchant. Rapidement, ta camarade te rejoint, avec plus d'aisance, tu ne peux que l'admettre. « Au top ! » Vous voilà arrivés à destination, mais le plus gros de la mission reste encore à faire. Les esclaves sont quelque part dans le ventre du monstre d'acier, et ils ne seront rien de plus que des pions à sacrifier aux yeux de leurs bourreaux. Votre fenêtre d'action est mince, mais avec une Amazone dans ton équipe, vous avez quand même une bonne chance de réussite. En espérant éviter un maximum les dommages collatéraux. Après avoir éliminé le premier adversaire, tu sens la fébrilité d'Artemis, qui, tu l'as remarqué depuis le départ, porte cette mission très à cœur. Pourquoi ? Il y a t-il quelque chose de personnel là-dedans ? Forcément, puisqu'à ta connaissance, Diana est la seule Amazone de la planète à jouer les justicières. Il ne s'agit pas de faire le bien pour faire le bien. Ses intentions sont seulement la partie émergée de l’iceberg, et tu t'en contenteras pour l'instant. « Je suis prêt, on y va. » Armes aux poings, il est temps d'en finir une bonne fois pour toute.

A l'intérieur, tout va très vite. Rien d'assez impressionnant pour te déstabiliser. Bien au contraire. Aux côtés d'Artemis, t'es possédé par une nouvelle hargne, une témérité qui te ferait prendre des risques inconsidérés en temps normal, mais qui en sa compagnie, ne sont que des attaques plus précises et efficaces. Même si vous ne le dites pas ouvertement, vous couvrez les arrières de l'autre. Enfin, elle plus que toi, puisque protéger une Amazone est pour le moins relatif. Les balles fusent, sa hache fend les airs avant de se loger dans leur chair. Petit à petit, vous vous frayez un chemin jusqu'au sous-sol. Le plancher du bateau est déjà recouvert de flaques écarlates, les corps s'entassent tandis que d'autres tombent encore. Vous ne vous posez pas de questions, vous faites ce que vous avez à faire, sans vous soucier de la moralité de vos actions. Et bon sang, ce que c'est reposant. Tu n'entends pas la voix de Bruce ou de Barbara dans ton oreille, à essayer de te faire prendre une voie plus pacifiste. Pas de morale. Pas de conseils stériles. Artemis embrasse ta brutalité, parce qu'elle sait tout aussi bien que toi que c'est là le moyen le plus efficace d'en terminer. Ces hommes ont fait le choix de la criminalité, et maintenant ils doivent en payer les conséquences. A vous deux, vous êtes une faux qui s'abat sur eux, la Mort qui vient réclamer son dû.

Tu ne parlerais pas d'osmose, mais au moins d'une bonne entente. Plusieurs fois tu manques de te faire érafler par leurs 9mm, et plusieurs fois, elle bloque les balles de sa hache. Toi qui a toujours eu horreur de travailler en équipe, serais-tu en train de changer d'avis ? Possible. Au bout de plusieurs minutes de rixes sanglantes et intenses, le calme revient dans le bateau. Quelques hurlements de survivants raisonnent encore, mais bientôt, ils s'éteindront eux aussi. « On forme plutôt une bonne équipe, hein ? » Et elle, qu'en pense t-elle de votre duo choc ? Est-ce que ton enthousiasme est partagé ? Elle peut le constater de ses propres yeux, même si tout a difficilement commencé entre vous, vous êtes quand même parvenus à mettre un terme à l'agissement de cette bande organisée. « Bon, dernière étape. » Et peut-être, finalement, la plus difficile. Regarder la souffrance et la misère droit dans les yeux n'est jamais aisé. C'est pourtant ce que tu fais, quand une fois dans la cale, vous découvrez ces dizaines de cages à l'intérieur desquelles se trouvent femmes et enfants. Ce qu'ils ont subi, tu n'oses l'imaginer. Mais tu peux presque le deviner, à travers ce que tu lis dans leurs regards apeurés et traumatisés. « Tout va bien, on ne vous veut aucun mal. Nous sommes ici pour vous libérer. » Celles qui parlent votre langue traduisent pour celles qui ne la parlent pas. Le tableau est triste. Le tableau est terriblement douloureux. Mais malgré tout, la lumière de la lune trouve son chemin jusqu'à vous, et illumine d'espoir cette étendue d'obscurité.

Tu laisses l'Amazone s'occuper d'ouvrir les cages avec sa force surhumaine, tandis que tu réfléchis à la suite des événements. Malheureusement, votre rôle s'arrête là. Ce n'est pas à vous de leur offrir un logement, ou de leur promettre une nouvelle vie. Alors avec ton téléphone, tu passes un appel anonyme au GCPD, pour qu'ils viennent les récupérer et leur donner des couvertures et de quoi manger pour cette nuit. « C'était personnel ? » Tandis que le capitaine du bateau vous ramène à quai, tu ne peux t'empêcher de poser cette ultime question à Artemis. Dans quelques minutes, il faudra vous séparer et reprendre de votre côté vos activités. Mais t'aimerais quand même comprendre comment vous êtes arrivés à faire équipe ce soir. Hasard, ou un peu plus que ça ?

Artemis & Jason

A new beginning.

C'est drôle, et triste, cette absence de totale satisfaction. Parce que tu sais que vous n'avez rien fait de plus que de couper une tête d'une Hydre. Votre intervention ne représente ni plus ni moins qu'une goutte d'eau dans l'océan. Et c'est peut-être ça, le plus difficile dans cette croisade, avoir l'impression de ne jamais faire assez. Même si vous venez de sauver ces jeunes filles, vous ne pourrez pas effacer les traumatismes, les souvenirs qui les hanteront une fois la nuit tombée, ou chaque fois que quelqu'un s'approchera un peu trop près d'elles. Vous avez agit, oui, mais pas assez vite. Il est déjà trop tard. Vous avez limité les dégâts mais vous ne les avais pas complètement effacés. Est-ce que t'es trop dur envers toi-même ? Est-ce que ta partenaire ressent la même frustration ? Ce soir aurait pu être pire, mais demain, il faudra recommencer. A chaque fois avec l'incertitude de la réussite. Avec la possibilité d'essuyer un échec. Toutes ces nuits, où finalement, tu plonges dans les abysses de ta ville, pour essayer d'en tirer le meilleur, sans même savoir s'il existe encore. Une symphonie lugubre sans fin, jouée par tous les criminels de Gotham, qui chaque jour, étendent un peu plus leur influence. « Ça s'arrête ici pour ce soir. » Rectification qui fait écho à ta morosité, lassé de ces missions qui se ressemblent toutes. Le seul élément inconnu de l'équation, c'est le nombre de vie que tu sauveras, ou que tu perdras.

Est-ce qu'Artemis appartient à ce monde ou à un autre ? Tu comprends maintenant, pourquoi l'Amazone est ici. Son chemin l'a menée jusqu'à cette ville gangrénée parce qu'elle y cherche quelqu'un. Mais tu te gardes bien de lui dire qu'ils sont rares, ceux qui réchappent à Gotham. Qu'une fois happé dans les ténèbres de la ville, il est difficile d'en sortir. Et c'est le triste constat d'un gamin qui a grandi en son sein, l'ayant vu sous toutes ses formes, et qui la connait presque mieux que personne. « Tu finiras par la trouver. » Mais dans quel état, là est la réelle question. A l'image de Diana, Artemis est écoeurée par le monde des hommes, et comment l'en blâmer. Mais là où tu parlerais de déception pour ta femme, pour l'Amazone aux longs cheveux roux, tu parlerais plutôt de répulsion. Une différence notoire, qui te pousse à te demander si tu la reverras un jour. Quand elle aura retrouvé celle qu'elle cherche, il y a très peu de chance qu'elle reste ici. « Ouais, t'es pas tombée dans la ville la plus touristique. Tu devrais aller faire un tour du côté de Métropolis un de ces jours, c'est moins crade et y a moins de vermine. » Parce qu'avoir Superman comme protecteur, ça calme tout de suite, faut dire. Tu ne te vexes pas de ses propos, pas le moins du monde. Après des années à faire ce boulot, tu serais bien incapable de lui donner tort. Avec une petite nuance, cependant. « Mais parfois, y a quand même du bon. » Parce qu'aussi bougon sois-tu, ce serait de mauvaise foi de lui affirmer le contraire. Et peut-être qu'un jour, elle parviendra elle aussi à entrevoir l'autre côté de la pièce.

La nuit est terminée, il est l'heure pour toi de rentrer. Et de laisser Artemis reprendre sa route. Mais est-ce qu'il s'agit là d'un adieu définitif ou d'un au revoir provisoire ? Semblant lire dans tes pensées, l'Amazone précède ton incertitude avant que tu ne parviennes à mettre un quelconque mot dessus. Et derrière le masque, tu souris. Cette décision, de toute évidence, n'appartient qu'à vous. « On se reverra. On trouvera ce que tu cherches. » Ce n'est pas une promesse que tu lui fais, mais une intention sincère de l'aider dans sa quête. Peut-être qu'elle sait ce qu'elle fait, mais ici, à Gotham, elle est comme un poisson hors de l'eau. Alors si tu peux lui servir de guide ou même de partenaire le temps de quelques nuits, tu le feras sans hésiter. On t'a que trop peu tendu la main quand tu en avais besoin pour que tu ne le fasses pas avec les autres. « Je traine souvent dans le quartier d'East End, si tu me cherches, tu devrais pouvoir me trouver. » Quand elle aura étudié ta proposition, si elle accepte de laisser qui que ce soit lui venir en aide. « A bientôt, Artemis. » Et après un dernier regard voilé sous le masque, tu retournes retrouver la paix auprès des tiens. Encore une nuit mouvementée, mais ce soir, avec l'espoir d'un renouveau.