Welcome to my home

Green Arrow revenait de mission. Une mission périlleuse comme à son habitude. Il en était venu par stopper une vente de Vertigo dans sa ville. Mais sans aucune trace du Comte, c'était déjà bien plus compliqué de parvenir à supprimer cette satanée drogue une bonne fois pour toute. Si Oliver était parvenu à mettre le Comte sur la touche durant un certain temps, ça n'avait visiblement pas suffit à mettre un terme définitif à son règne. Le revoilà et plus toqué que jamais. Le justicier à la capuche commençait par regretter de ne pas lui avoir envoyé une flèche en plein cœur lorsqu'il en avait eu la possibilité. Il fut un temps où il ne serait pas passé par quatre chemins avant de l'envoyer tout droit dans sa tombe. A son retour de l'île, Oliver Queen était différent. Bien plus déterminé à éradiquer le crime d'une façon on ne peut plus musclé. C'est ses amis qui ont tout fait pour lui faire voir la justice de leur point de vue. Qu'est-ce qu'il peut leur en vouloir pour ça. Tout comme il s'en veut de s'être plié à leur volonté, plutôt que de continuer sur sa lancée. S'il venait à remettre la main sur ce guignol de Vertigo, il va s'en dire, qu'il ne lui laissera aucune autre chance de rédemption.

Lorsqu'il était passé par le sous-sol du Verdant, Félicity l'attendait pour tenter de lui remonter le moral. Mais la blondinette est si maladroite parfois, qu'elle faisait souvent pire que mieux, quand elle ne s'emmêlait pas dans des phrases à double-sens sans s'en rendre compte avant de les prononcer. Diggle n'était pas là, une affaire urgente apparemment. Ce n'était pas plus mal, parce qu'Oliver n'avait pas vraiment envie qu'on lui fasse la morale aujourd'hui. Il a dépassé l'âge d'être recadré à chaque dérapage imminent. Ce n'est plus un gosse, même s'il en a parfois l'attitude. Au moins, si la nuit s'était avérée un échec, au fond de lui pas réellement dans l'acte, il n'y avait pas eu de débordement à la boite. Ce qui le rassurait. Ses amis étaient capables de tout gérer sans avoir besoin de lui.

Tombant le costume de justicier, pour entrer dans un jean's, revêtir un tee-shirt à manches longues, ainsi que son blouson en cuir, il quitta le sous-sol du Verdant bien après le départ de Félicity. Son casque à la main, Oliver récupéra sa moto, restée sur l'arrière du parking, rentrant enfin chez lui. Il ne savait pas si c'était la fatigue de sa troisième nuit blanche ou bien les courbatures ressenties à cause des nombreux entraînements, mais aussi des combats pour stopper les criminels, toutefois il avait l'impression d'être dans le gaz. Le chemin lui semblait si long. Aussi, il n'y a rien d'étonnant car même si son adresse est située à Star City, son manoir se trouve en fait trente kilomètres après le panneau annonçant la sortie de la ville. Il s'est toujours demandé pourquoi ses parents avaient fait construire aussi loin. Mais heureusement, le froid le maintenait réveillé. Et à son arrivée, il ne sentait même plus ses cuisses, s'étant évidemment pris une bonne saucée en chemin. Laissant sa moto, ainsi que son casque dans l'un des nombreux garages du manoir, Oliver rentra enfin dans l'entrée de sa gigantesque demeure, un air surpris glissant sur ses traits en voyant des bagages près de la porte.

« C'était aujourd'hui qu'il arrivait ? »

Raisa le regardait avec un air interloqué. Comment avait-il pu seulement oublier l'arrivée de son invité ? Et la façon qu'elle avait de le reluquer, laisser croire à Oliver qu'elle pensait qu'il s'était encore pris une cuite à ne plus en tenir debout, comme par le passé, bien avant sa disparition suite au naufrage de son yacht. Elle lui suggéra de se dépêcher de prendre une douche pour tenter de se réveiller un minimum, le temps que Connor et William soient dans le parc privé avec leur invité. Et de son côté, elle lui prépara du café. Ollie ne se le fit pas dire deux fois. Il profita de l'eau bien chaude, qui glissait le long de son corps, réalisant qu'il y avait plus d'un bagage dans l'entrée et que tout ne pouvait appartenir à un gamin. Il devait voyager accompagné. L'espace d'un instant, il envisagea le fait que c'était peut-être Bruce qui accompagnait son fils pendant ces quelques jours. Ce qui lui ferait de la compagnie, surtout qu'au moins, avec Wayne, Ollie pouvait être lui-même. Il ne doit pas exister meilleur type pour comprendre ce qu'il traverse. Alors en redescend, une fois correctement vêtu, même s'il laissera le costume cravate au placard ne se rendant pas au bureau ce jour, il se rendit directement dans la cuisine.

« Merci Raisa. Dit-il en saisissant un mug de café bien chaud. Est-ce que Bruce est du voyage ? »

La négation dans le geste de la tête de la femme qui l'a en partie élevée, effaça directement tout soupçon de sourire chez Queen. Si ça n'avait pas été ça, ça aurait été le chien en train de lui sauter sur le pantalon.

« Mais qui est l'idiot qui a acheté un chien ? »

Un bruit derrière lui, lui annonça l'arrivée d'une autre personne dans la pièce.

Diggle : « C'est toi Oliver. »

Il fallait toujours qu'il arrive à point nommé pour le tacler, mais ça faisait du bien de le savoir pas trop loin. Niveau bobard pour filer en douce, Dig' est bien plus créatif que peut l'être Ollie.

Son regard n'avait pas quitté le petit hublot de l'avion dans lequel il se trouvait. Plus bas, lorsque l'appareil avait décollé, Damian avait aperçu une silhouette plus que familière. Son père était resté en retrait, regardant simplement le fils prendre son envol. Le cœur serré, l'enfant aurait aimé pouvoir lui dire au revoir, de façon tout à fait normale, du moins plus conventionnelle. Mais il semblerait que père et fils ne soient pas encore capables d'agir ainsi l'un envers l'autre. C'est difficile. C'est étrange et nouveau à la fois. Peut-être aussi effrayant par moment. Se battre même contre des personnes faisant le double de sa taille, n'était pas quelque chose qui le dérangeait. Ça ne lui faisait pas peur non plus. Jamais aucune crainte que de partir au combat. Il est né pour ce genre de vie, il a été élevé pour être un guerrier. Mais, parler avec son père, ça c'était une toute autre histoire. Incapable de lui dire ce qu'il avait réellement sur le cœur, Damian sentait déjà les regrets naître en son âme, alors que la ville de Gotham City était en-dessous de lui. Selina l'accompagnait pour ce petit séjour improvisé, se trouvant également dans l'avion. Il aurait tellement voulu que ça soit Bruce qui soit à ses côtés sur le siège voisin. Mais craignant que son père refuse de venir avec lui, l'adolescent n'avait pas même osé poser la question. Peut-être que c'était ce qu'il attendait lui aussi ? Ne se sentant pas assez important pour Batman, Damian avait choisi la solution de facilité : enterrer la question au fond de lui, plutôt que d'essuyer un refus. Malgré les apparences, il y a bien quelque chose qui lui fait peur au point de ne pas trouver les mots, c'est discuter avec son père. Deux caractères aussi buté ne peuvent pas parvenir à trouver un moyen d'apaiser les tensions en un claquement de doigts. Le gamin est trop petit pour être en mesure de mettre de l'eau dans son vin. Et l'occasion ne s'est pas réellement présentée. Existe-t-il seulement une bonne occasion de le faire ? Un instant idéal ? Devenant pessimiste, il ne le pense pas.

Il essuya un soupire, alors que la ville n'était plus en vue, ni même son père du coup. Sans réellement chercher à se le remémorer, Damian ne pouvait pas s'empêcher de repenser au moment où il a annoncé à Bruce, qu'il partait pour Star City. Il y avait eu un blanc, puis comme une déglutition difficile. A cet instant, le gamin aurait voulu que son père lui impose sa présence. Mais il ne l'avait pas fait, peut-être ne l'avait-il simplement pas osé ? L'adolescent crevait alors d'envie de lui dire de venir avec lui. De ne pas lui laisser le choix. De lui poser un ultimatum même s'il le faut. Quelque chose qui aurait pu être « si tu tiens vraiment à ce qu'on soit proche, prouve-moi que tu tiens à moi et accompagne-moi pour ces quelques jours ». Mais les mots étaient morts dans le fond de sa gorge, avant même que ses lèvres ne les autorisent à sortir de sa bouche. Il aurait dû le prendre au culot et peut-être qu'il aurait eu une bonne surprise.

Faisant mine de dormir pour ne pas avoir à faire la conversation à son accompagnatrice, le petit assassin faisait en sorte de se concentrer sur quelque chose d'autre. Le temps paraissait si long. Ne pouvant se servir de son téléphone, il se demandait s'il aurait déjà des textos de son père, une fois qu'il le rallumera en arrivant à Star City. Et si Damian venait par l'appeler dés que l'avion se serait posé au sol, passerait-il pour le fils qui supporte très mal l'éloignement ? Donnerait-il l'impression d'être incapable de couper le cordon imaginaire qui le relit à son père, alors qu'il n'a eu aucun mal à oublier sa mère ?

Après quelques heures, l'appareil fut posé. Diggle les attendait pour les emmener au manoir Queen. Toujours silencieux, le petit Wayne s'était installé à l'arrière, sa valise dans le coffre de la voiture. Son regard à nouveau collé à la fenêtre, le paysage inconnu défilant sous ses yeux. Ils ne tardèrent pas à arriver à destination. Un immense manoir se situant après une allée aussi longue qu'une avenue pratiquement, prouvant la folie des grandeurs des parents d'Oliver Queen. Aucun jugement, une simple constatation, puisque apparemment, les grands-parents paternels de Damian étaient tout aussi portés sur le fric, il n'y a qu'à regarder le manoir Wayne pour s'en rendre compte.

L'adolescent ne s'était pas attendu à une telle entrée en matière, à peine sorti de la voiture. Un chiot lui sauta dessus, poursuivi par William qui semblait vouloir le passer au bain. Et Connor sur l'arrière qui s'empressa de les accueillir, en les entraînant avec lui dans le parc. De toute façon, prendre l'air ne lui ferait pas de mal. Le voyage fut très long et se sentir à nouveau enfermé, pouvait bien attendre un peu.

« J'espère que tu aimes les chiens. »

Fut la première parole que Damian adressait à Selina depuis le départ de Gotham. Non qu'il lui fasse la gueule, mais il n'est pas connu pour être bavard. Enfin, ce n'est pas le fils de Bruce pour rien. Il est même encore plus taciturne que son père peut l'être, c'est pour dire. Mais vivant avec lui depuis quelques temps maintenant, la jeune femme ne doit pas être surprise qu'il ait été aussi silencieux, en quittant la ville de Batman.  D'autant qu'il fallait lui laisser le temps de digérer la séparation d'avec son père. Entrant enfin dans le manoir, Damian se retrouva vite en face du plus célèbre de tous les justiciers de Star City, entendant par la même occasion sa question à propos de Bruce. La déception s'installa peu à peu sur les traits de l'adolescent, il eut énormément de mal à le dissimuler, ce qui n'est pas dans ses habitudes.

« Bonjour monsieur Queen... Mon père n'est pas du voyage, il était occupé sur Gotham. »

Heureusement, la suite avec la bâche de Diggle envers son patron, ne pouvait que détendre quelque peu l'atmosphère. Il avait l'impression de se retrouver à la maison avec Alfred qui n'a pas son pareil pour clasher Bruce, même si gentiment.