THE TRENCH ✸ (mini intrigue, morro bay)

Assise à côté de Rick Flag dans l'un des hélicoptères de transport d'A.R.G.U.S, Rosie lui rend la tablette qu'il lui avait tendue, le profil des créatures de la Fosse toujours affiché. La jeune sorcière grimace, mais cela n'a rien à voir avec les choses venues des profondeurs qu'ils s'apprêtent à affronter par centaines. « Tu sais... J'ai été en enfer deux fois, et j'en suis revenue deux fois... Mais ça... Non, vraiment, je n'étais pas prête pour ça. » En face d'elle sont assis plusieurs membres du Suicide Squad. Deadshot et Killer Frost, admettons. Mais King Shark et Captain Boomerang... Non, vraiment, elle préfère encore les gros poissons aux dents acérées. Au moins, ils ne lui donnent pas encore envie de vomir ou de prendre la fuite le plus vite possible. Le requin lui adresse ce qui ressemble à un simulacre de sourire, et Rosie s'entend prononcer un nope plein d'assurance avant de défaire son harnais de sécurité. « Qu'est-ce que tu fais ? » « Je saute de cet hélicoptère. Je vous ferai un compte rendu de la situation sur place avant que vous n'atterrissiez, et je vais essayer de localiser Ocean Master. » Rick ricane en secouant la tête – il n'est pas dupe. « Comme tu voudras. » Le chef d'équipe se lève et va demander aux pilotes d'ouvrir la rampe d'accès de l'appareil pour que Rosie puisse s'échapper par la voie des airs, littéralement. Après avoir adressé un sourire à Rick en guise de remerciements, elle saute de l'appareil en plein vol et utilise immédiatement ses pouvoirs pour foncer jusqu'à Morro Bay, illuminant le ciel sur son passage comme une étoile filante. Elle descend et survole l'océan, il n'y a que les rayons de la lune pour éclairer l'eau, mais elle distingue clairement la masse de créatures qui y grouille et nage à toute vitesse vers la plage. « Herregud... » « Traduction, Rosewood ? » Rosie secoue la tête. « Désolée, Rick... Il y en a des centaines, ces choses sont tellement nombreuses... Je vais essayer de freiner leur course, mais je ne promets rien. » « Est-ce qu'elles ont un objectif ? » Rosie fronce les sourcils avant de projeter son esprit vers celui des créatures pour essayer de lire leurs pensées. Elle a l'impression d'être envahie par un millier de voix qui répéteraient la même chose en chœur, c'est trop oppressant alors elle s'empresse de mettre un terme à cet échange télépathique. « Un objectif, je ne sais pas... Mais une obsession, c'est certain. Ces créatures pensent toute la même chose, comme un essaim d'insectes... Leur esprit possède à peine une conscience, mais elles répètent toutes la même chose : manger. » Elle n'a pas été capable de déterminer pourquoi elles sont venues d'aussi loin pour se nourrir, ni qui les a envoyées. Leur faim est telle qu'elle les obsède et occupe toutes leurs pensées. Sans perdre une seconde, Rosie fonce vers la plage où les créatures fourmillent déjà par dizaines – elle n'ose espérer le carnage si elles étaient sorties de l'eau en plein jour. Toujours est-il qu'elle distingue déjà des victimes, et leur nombre augmentera au fur et à mesure que les monstres marins avanceront dans le centre ville. Prête à déployer un champ de force pour se protéger et réfléchir à un plan d'attaque, elle se pose et le sable sous ses pieds cristallise et se transforme en verre – elle oublie trop souvent à quel point sa température corporelle augmente quand elle utilise sa magie, toujours plus forte depuis l'Islande. La lumière vive émise par son bouclier semble faire fuir les créatures les plus proches, mais avant que Rosie n'ait pu comprendre pourquoi, une silhouette particulière attire son attention. « Rick ? J'ai localisé Ocean Master. » Ou plutôt, Orm Marius et son trident. Sans son armure, il est moins terrifiant, mais pas moins impressionnant. Sur ses gardes, Rosie resserre son bouclier et se rapproche de quelques pas de l'Atlante. Elle sonde son esprit, et ce qu'elle y découvre la laisse momentanément sans voix. « Ce n'est pas vous... » Elle le fixe, les yeux écarquillés. « Ce n'est pas vous qui êtes responsable de cette attaque... Oh, bon sang. » Rosie sait qu'il n'y a pas de temps à perdre, des vies sont en danger. Mais elle ne peut pas laisser A.R.G.U.S s'en prendre à Ocean Master s'il n'y est pour rien dans cette histoire, surtout en ayant une idée du sort qu'Amanda Waller lui réserve. « Rick ? Ocean Master n'est pas responsable, c'était un leurre ! » « Comment est-ce que tu le sais ? » « Je peux lire dans les esprits ! Ce n'est pas lui, il est innocent ! » « Ce type est tout sauf innocent, Rosewood. Des milliers de gens sont morts par sa faute. Même s'il n'y est pour rien danscette attaque, ça ne change pas ce qu'il a fait. Bordel, il voulait tous nous noyer ! » « … Peut-être qu'on le méritait un peu, non ? » Elle grimace. Elle ne sait pas si ce sont ses propres pensées ou des parasites gardées de sa visite dans l'esprit de l'Atlante. « Tu es là pour sauver des vies, Rosewood. Fais ton travail et laisse nous faire le nôtre. » « Bien reçu... » Rosie coupe son oreillette. Juste une minute, pour que Rick n'entende plus rien. Oh par tous les dieux, Lucian va me tuer. « Orm Marius. Le gouvernement américain vous pense responsable de cette attaque. Amanda Waller a envoyé le Suicide Squad pour vous capturer et vous ramener à Belle-Rêve. Elle veut faire de vous l'un de ses nouveaux pions. À votre place, je disparaîtrais. Vite. » Elle remet son oreillette. Prétend – non, ment ouvertement à Rick en lui affirmant avoir été trop distraite par les créatures pour lui répondre. Puis elle se détourne du prince – à moins qu'il ne soit toujours roi ? Elle ne comprend pas grand chose à la politique atlante – pour se concentrer sur les assaillants. « Rosie, à toi de jouer... » Elle prend une profonde inspiration avant de puiser au plus profond d'elle-même pour atteindre la puissance d'un dieu plus vieux que Poséidon en personne – Aegir, dieu et ancien roi des mers. Elle tend les mains devant elle et ses paumes brillent d'une lueur bleuté qui se propage à tout son corps. Ses talons s'enfoncent dans le sable, et elle repousse l'eau. Elle lutte contre l'océan pour le faire reculer, pour empêcher les créatures de la Fosse de continuer à en surgir. Au dessus de Morro Bay, les nuages s'agglutinent et le tonnerre gronde. Elle aurait dû s'en douter. Rán, déesse des tempêtes, n'est jamais loin quand la puissance de son époux se déchaîne. Finalement, ce n'est peut-être pas si mal d'avoir la puissance de tout un panthéon à sa disposition.

*Herregud = Oh mon dieu.

Assis dans la cuisine, tu portes à ta bouche la première cuillerée de soupe, le regard à la fois curieux et sceptique. Les humains mangent de drôle de choses, à commencer par ce machin qui ressemble fortement à de l'eau, mais au goût prononcé de plusieurs légumes. Ceux récupérés fraichement ce matin du jardin de Layla, qui non loin de toi, attend ta réaction. Tu savoures quelques secondes ces nouveaux aliments, puis avale, plutôt conquis, et libère ton hôte d'un suspense insoutenable. « C'est pas trop mauvais. » Un avis, qui, quand il s'agit de toi, et notamment tout ce qui concerne la surface, est une belle victoire. Tu lui souris, avant de poursuivre ton repas dans le calme et la chaleur d'un foyer retrouvé. Vous êtes encore maladroits l'un envers l'autre, et comment ne pas l'être dans une situation aussi inédite, mais tu commences doucement mais sûrement à trouver quelques marques. Quant à elle, parfois, tu sais qu'elle se questionne sur sa prise de décision. Héberger un Atlante est une lourde responsabilité, en plus de ne pas être de tout repos. Mais quand l'Atlante en question est l'ancien roi d'Atlantis et un fugitif, c'est d'autant plus compliqué et délicat. C'est pourquoi tu l'en remercies, même si tu n'es pas encore parvenu à clairement le lui dire. Alors que tu t'apprêtes à en prendre une nouvelle cuillerée, tu t'arrêtes soudainement, laissant le couvert maintenu entre tes doigts bloqué avant qu'il n'arrive jusqu'à tes lèvres. Quelque chose ne va pas. Tu entends des premiers cris au loin, ainsi que l'agitation de l'eau au bord de plage. « Y a un truc louche dehors. » Tu repousses ton bol de soupe et attrape ton trident posé contre le mur près de la porte. Tu n'as pas le temps d'enfiler ta tenue d'Ocean Master, alors c'est vêtu d'un jean, d'un pull noir à capuche – au logo Sea Shepherd frappé dans le dos – et de baskets que tu rejoins le bord de mer. Merci aux camarades de Layla de t'avoir prêté quelques vêtements de surfaciens, en attendant d'aller acheter les tiens – corvée qui te donne déjà des frissons d'horreur. Tu fais de ton mieux pour ne pas semer Layla avec tes grandes jambées, mais plus vous vous rapprochez, plus tu crains de connaître l'origine du problèmes. Des trenchers. Tu reconnaitrais leur cri parmi des milliers. Ces créatures des abysses qui n'auront de répit qu'après avoir dévoré tout ce qu'ils trouveront sur leur passage. Mais que font-ils ici ? La fosse est à des milliers de kilomètres de Morro Bay. Sans parler de cette coïncidence qui n'en est pas clairement pas une. Quelqu'un sait que tu es là, et ce quelqu'un te les a envoyé. « Ce sont des trenchers, des créatures de la fosse dévoreurs de chair. Un conseil, reste loin de leurs dents acérés. » Tu n'es pas ravi d'entrainer Layla dans ce bordel, mais tu penses déjà assez la connaître pour savoir qu'elle ne bougera pas d'un poil. Pas tant qu'il y aura des gens à sauver. Et pour une fois, et bien, c'est ce que tu comptes faire toi aussi. « Ils craignent la lumière. Mais on ne tiendra pas comme ça jusqu'au lever du soleil. » Les trenchers sortent de l'eau comme une nuée d'insectes cannibales. Tu embroches ceux sur ta route avec grande satisfaction, mais il va vous falloir de l'aide si vous voulez une chance de sauver cette ville. Seul, tu n'arriveras à rien. Tu observes la jeune humaine qui approche de toi, et fronces les sourcils à sa remarque. Bien évidemment que c'est pas toi le responsable. Mais tu comprends l'autre partie du plan des coupables, te faire accuser de la catastrophe. Pris de colère, tu serres fermement ton trident dans tes mains. « Et bien qu'ils viennent. Qu'elle m'envoie ses sbires, ça fait longtemps que j'attends de pouvoir me défouler. » Tu fais tourner ton trident entre les doigts, déjà maculé de sang, et le sourire du guerrier déterminé aux lèvres. Cette Suicide Squad, est-ce que tu es censé t'en inquiéter ? Encore faudrait-il qu'ils arrivent jusqu'à toi, et percent cette marée de trenchers qui fuse droit devant. « Je n'ai jamais fui un combat mademoiselle, et ce n'est pas aujourd'hui que je vais commencer. » Tu as entendu son avertissement, ainsi que l'échange avec son supérieur, et contrairement à la majorité de la population planétaire, elle ne semble pas te haïr viscéralement. De quoi gagner ton minimum sympathie. Tu ignores qui elle est, mais une force magique se dégage abondamment d'elle. Ce qui ajoute ta curiosité à ta sympathie. Une tempête approche. C'est l'occasion parfaite pour faire appel à la foudre. Les pointes du trident vers le ciel, tu ordonnes à l'orage de t'offrir un peu de sa puissance. « C'est chez moi ici, saloperies. » Tu plantes alors violemment le trident dans le sable, et abats la foudre sur une partie des trenchers. Tu contrôles l'élément pour faire en sorte qu'il les frappe à la tête, évitant ainsi de provoquer des dommages collatéraux. Beaucoup sont foudroyés sur place et s'écroulent, d'autres sont aveuglés par la lumière. Mais ce ne sera pas suffisant. Ce n'était qu'une vague parmi une centaine d'autres à suivre. « Ils sont beaucoup trop nombreux. » Et vous n'êtes pas assez pour en venir à bout.

AVENGEDINCHAINS

Plus de marche arrière possible. Dès l’instant où elle avait accepté une invitation à l’ambassade atlante, dès l’instant où elle avait accepté de laisser Orm Marius franchir le pas de sa porte, elle avait mis le pied dans un monde qui la dépassait complètement ; peu importaient ses prétendues réserves, ses prétendues hésitations, qui n’étaient au fond que des excuses pendant que sa conscience rattrapait ce que son instinct avait déjà décidé. Mais à nul instant ne l’avait-elle plus pleinement réalisé que celui où Orm avait attrapé son trident pour sortir en trombe de la maison, où elle lui avait emboîté le pas en attrapant la première arme qui lui était tombée sous la main (un pied de biche, en l’occurrence), et où ils étaient tombés nez à nez avec le désastre qu’ils avaient involontairement amené sur la paisible petite ville voisine de Coast City. Momentanément frappés d’horreur, l’un plus que l’autre, sans doute, puisqu’il savait à quoi il avait affaire. Parfois, contrairement à ce que promettaient les films d’horreur, une abomination ne prenait vraiment tout son sens que lorsqu’on connaissait ses véritables dangers.

Ce n’est que lorsqu’Orm prit la parole qu’elle réalisa qu’elle en avait eu le souffle coupé – et son regard fixé sur ces créatures du diable se reporta sur lui, interdite. « … trenchers. Merci du conseil. » répéta-t-elle, l’information aussitôt cataloguée dans son esprit en état d’urgence. « Ils sont des centaines. » ajouta-t-elle plus pour elle-même que pour lui – lui qui avançait déjà dans la masse, trident toutes pointes dehors, esquissant les pas d’une danse martiale dont elle ignorait tout mais dans laquelle elle devinait sans mal le poids d’une tradition ancestrale dont l’efficacité n’était plus à prouver.

La mer et le ciel grondaient de concert, annonciatrices d’un cataclysme dont elle n’était pour l’heure que le témoin impuissant, et soudain une lumière déchira l’air et arracha des cris stridents aux créatures sorties de l’eau. Layla porta la main devant son visage pour filtrer la blancheur aveuglante de la source qui approchait d’eux – et c’est une nouvelle fois estomaquée que Layla assista à l’arrivée de la nouvelle venue, auréolée d’une énergie qui lui échappait complètement, et à la conversation qui s’ensuivit. Pauvre petite fille sans armure et sans épée qui réalisait qu’elle venait de débarquer dans un combat où dieux et titans jouaient au coude-à-coude  et dans lequel elle n’avait pratiquement aucune chance de survie.

Néanmoins, la mention de la sorcière (était-elle une sorcière ? Une déesse ? Une superhéroïne ?) du gouvernement américain et de la tristement célèbre Amanda Waller la ramenèrent à une réalité plus tangible, plus familière. Sa mâchoire se crispa, ses phalanges blanchirent autour de son pied de biche. Elle ne pipa mot, peu désireuse d’interrompre cette conversation de géants, mais savait déjà que le renfort qu’ils recevraient sous la forme de l’armée et pire finirait par se retourner contre celui-là même qui avait été le premier à réaliser qu’un danger rôdait sous la surface. Et il n’y avait rien qu’elle puisse y faire.

Soudain la tempête gronda plus fort, rugit au-dessus de leur tête en parfaite harmonie avec la mer qui reculait, et c’est de justesse qu’elle se baissa au moment même où la foudre s’abattit autour d’eux avec toute la rage d’Atlantis. Les créatures tombèrent – le champ était presque libre. Et revigorée par la démonstration de puissance d’Orm, elle s’arracha à son état de stupeur, alors que pas si loin, Morro Bay poussait déjà des cris d’horreur et d’agonie. « De la lumière, hein ? » siffla-t-elle, avisant un poste de surveillance sur piloris à peine un peu plus loin. Profitant de l’ouverture offerte par la foudre d’Orm et de son trident, elle s’élança à toutes jambes vers la construction en bois et ne vit qu’un seul trencher chercher à lui mettre des bâtons dans les roues – mue par un réflexe rageur, elle lui décocha un coup de pied de biche à la tête qui laissa son arme improvisée plantée dans son crâne, et poursuivit sa course. Elle gravit les marches quatre à quatre et se jeta sur le poste de commande, fit jouer quelques boutons, et enfin gagna contrôle du puissant projecteur fixé sur le toit. « Je vais vous en donner, de la lumière. » D’un seul coup, le faisceau lumineux survolté scinda l’air et la masse de créatures en deux, de nouveaux cris stridents faisant écho à son succès ; et sans perdre de temps, elle programma le faisceau de façon à créer une brèche entre leur position et celle des renforts qu’elle devinait sur la plage un peu plus loin. Mais Layla ne prit pas le temps de savourer son succès : de sous la table de travail, elle tira un carton dont elle sortit un brassard de garde-côte, une lampe-torche, et un talkie-walkie sur lequel grésillaient déjà les voix de ses collègues déroutés. « Appel à toutes les stations, ici Cook au poste deux. » énonça-t-elle clairement dans l’appareil. « Ces créatures viennent des profondeurs, ils craignent la lumière : activez tous les projecteurs de la plage, et dites à la municipalité de faire chauffer tous les éclairages de la ville pour les tenir loin de la population. » Elle quitta le poste, dégringola les marches pour regagner la plage, récupérer son fichu pied-de-biche, et chercha Orm du regard tout en s’éloignant. Elle ne serait qu’un poids à traîner dans ses pattes en plein combat. Sa contribution serait ailleurs. « Je vous rejoins au poste de commande principal. Il faut qu’on évacue, tout de suite. » ajouta-t-elle dans le talkie – tout autant à l’adresse des autres garde-côtes qu’à celle d’un roi en exil déjà reparti en guerre parce que le monde refusait de l’oublier.

Il fallait s'y faire. A tout ça. Au fait de reprendre pied en ayant parfaitement conscience de ce qui s'était passé dans cette réalité alternative, de comment cela avait fini, et de ce que l'on avait fait. D'une certaine façon, oui, Kory avait connu bien pire, d'autant plus que finalement, tout ceci ne pouvait pas être considéré comme réel, n'est-ce pas ? Mais on ne se départit pas si aisément que ça de ses propres actions quand elles ont des conséquences si colossales et si monstrueuses. Mais elle devait garder le cap, et c'était ce qu'elle faisait. Il en allait de sa responsabilité, en tant que Leader des Teen Titans. Certains de ses coéquipiers n'étaient absolument pas dans le même cas de figure qu'elle, et il était inimaginable de les abandonner à leur sort, comme certains n'hésitent pas à abandonner leur vieille mamie sur le bord de la voie rapide. Il y avait Dick, aussi. Le pauvre n'était pas encore totalement retombé sur ses pattes, et on pouvait parfaitement comprendre la difficulté de la situation. Après tout, dans l'autre réalité, celle-là même dont il avait démasqué si rapidement la facticité, il avait perdu la vie, pour seulement rouvrir les yeux sur un spectacle bien plus que désarçonnant et désappointant. Car, après tout, la plus grande donnée qu'il fallait gérer, ces dernières semaines, c'était la présence de Mar'i parmi eux, dans cette réalité là, la bonne. Mar'i, qui n'avait aucune vraie existence de ce côté là de la barrière des univers parallèles. Pour ainsi dire, Kory et Dick en étaient encore à un peu patauger, comme à leur habitude, concernant ce qui les unissait réellement, et voilà que Mar'i était là ... Alors sans doute la Tamaraneanne se mettait-elle un peu de côté. Sans doute oubliait-elle ses propres tourments et ses propres turpitudes pour endosser ses responsabilités et tenir la baraque. C'était ainsi que disaient les humains, non ? Et ce même si, fort heureusement, la Tour ne menaçait pas encore réellement de s'écrouler de nouveau, partiellement ou en totalité. Fort heureusement également, la jeune femme n'était pas seule, et recevoir des visites telles que celle de M'gann, cela faisait plus que du bien.

Seulement quand les jours plus ensoleillés pointent le bout de leur nez, visiblement, l'équilibre cosmique n'est pas trop partant pour que cela perdure sans contrepartie, visiblement ... Et quand le devoir appelle, on ne peut pas y déroger. Et ce même si on a promis à sa fille de regarder un Disney à la télévision avec elle, et qu'on est même parvenue pour ça à convaincre Garfield de lâcher la télécommande. Les marshmallow plongés dans le chocolat chaud fondu, ça devrait donc attendre. Même si c'était avec un gros pincement au coeur que Koriand'r dût décoller, car il y avait Mar'i. Mar'i qui n'était pas une tête vide, et qui avait de la suite derrière les idées. Mar'i qui n'était encore qu'une enfant et qui devait à tout prix être épargnée. L'instinct maternel et tout ce qui s'en suit, ça ne tarde pas trop à vous sauter à la gorge, que la situation soit normale ou pas. En tout cas, il en était ainsi pour Koriand'r, qui arriva donc sur les lieux des exactions avec sans tout un regain de colère. C'était une bonne chose quand, comme elle, en tant que Tamaraneanne, on est guidé par ses émotions, et que celles-ci constituent le fuel qui contribue à vous faire avancer et à vous rendre encore plus redoutable. Les choses sérieuses semblaient en tout cas avoir déjà commencé, ce qui, là non plus, n'était pas une mauvaise chose. Savoir qu'on allait batailler aux côtés de personnes n'ayant pas les deux pieds dans le même sabot, c'était profitable. Et, oui, dernièrement et encore plus que d'habitude, Kory se plongeait dans la lecture d'ouvrages consacrés aux locutions, proverbes et autres tournures de phrases typiquement humaines. C'était que, maintenant, elle devait aussi contribuer à y initier sa fille ... En tout cas, ce n'était pas parce qu'elle ignorait ce qu'étaient réellement ces choses qu'elle en avait peur ou qu'elle craignait le combat, loin de là. A proprement parler, elles n'étaient pas si hideuses que ça. Pour avoir vu de près, et de trop près, même, les Citadeliens et les Psions, Koriand'r pouvait parfaitement attester qu'il y avait pire que ces créatures surgies des eaux ! De toute façon, on ne lui demandait pas de se prononcer sur leur apparence, mais plutôt de contribuer à leur rentrer dedans, n'est-ce pas ?

Visiblement, M'gann, déjà sur place, n'a pas l'air de trop peinée à se débrouiller. Les autres ... Les autres, Kory ne se souvient pas de les avoir déjà vus, et de toute façon, si tel était pourtant déjà le cas, il fait nuit, et aucun n'est équipé d'une lampe frontale. Et puis, où est l'importance de les connaître ou pas, si ce n'est de savoir ce dont ils sont capables ? Alors qu'elle fait du surplace, ses cheveux continuent à crépiter, ce qui ne semble pas très engageant pour les créatures qu'ils affrontent, même si elle en voit plusieurs bondir en sa direction, avant de finalement se raviser. Sans doute y a-t-il des proies plus faciles pour eux, bien qu'elle ne doute pas qu'elle demeure dans leur collimateur, malgré tout. Alors elle en profite pour aller en appui d'une jeune femme blonde, armée d'une batte, et qui ne semble pas parvenir du premier coup à se débarrasser de son assaillant. D'un geste de la main, Koriand'r envoie alors une starbolt en direction de la créature, qui cesse alors de gesticuler comme un insecte partiellement écrasé. En rebondissant, la starbolt fauche deux créatures qui s'approchaient d'un peu trop près, bien que la jeune femme ne puisse jurer qu'elles aussi sont désormais hors d'état de nuire. Après tout, il ne s'agissait que d'une petite déflagration, loin de ce dont elle est capable. Ce serait plus facile qu'on ne le penserait, pour elle, que de récidiver et de ... Fermant les yeux un instant, elle voit ressurgir de sombres souvenirs quelque peu effrayants, qu'elle préfère chasser d'un revers de main virtuel, alors qu'elle préfère finalement s'adresser à la jolie blonde, plus apaisée. « Maintenant si. » Se rapprochant d'elle sans se poser, laissant alors sa longue chevelure crépiter et sa vraie physionomie être révélée, elle adresse alors un rapide mais sincère sourire à la jeune terrienne. « Bonjour. Besoin d'un coup de main ? » Deux futures starbolts se forment déjà dans chacune de ses mains, justement, et la Tamaraneanne se montre donc déjà prête à un futur assaut.

Les créatures sont beaucoup trop nombreuses. Elles grouillent sur le sable comme des fourmis agitées après qu'on ait donné un coup de pied dans leur fourmilière, au détail près qu'elles sont beaucoup plus agressives et voraces. Bien vite, Rosie relâche ses efforts et libère l'océan de son emprise ; essayer de repousser l'eau ne sert à rien, les créatures continuent à en sortir par dizaines et malheureusement pour eux, elles semblent aussi à l'aise sur terre que sous la surface. Toujours plus nombreuses, quand l'une d'entre elle est tuée ce sont deux ou trois de ses congénères qui la remplacent, comme les hydres des mythes. Et même avec les faisceaux de lumière qui apparaissent un peu partout, elles ne ralentissent pas. Pour vaincre cette menace venue des profondeurs, la force brute et toute la bonne volonté du monde ne suffiront pas. Rosie a l'impression que la petite ville est devenue un lieu de réunion inattendu : A.R.G.U.S et sa Suicide Squad, Teen Titans, Young Justice, Atlantes... C'est peut-être un peu trop d'un coup pour Morro Bay. « Rick ? Je sais que la priorité de ton équipe est d'appréhender Ocean Master, mais il risque d'y avoir des dizaines de morts si on n'utilise pas toutes nos ressources pour empêcher ces choses immondes d'envahir la ville ! » « Qu'est-ce que tu suggères, Rosewood ? » « Déploie le Squad pour protéger la population. Je suis sûre que Deadshot serait plus utile sur un toit à abattre ces monstres plutôt qu'à tenter de percer la peau d'un Atlante ! » Plusieurs secondes s'écoulent, et Rosie craint que Rick ne préfère rester concentré sur l'objectif de son équipe à tout prix, comme Waller lui a certainement demandé de le faire. Mais contrairement à leur directrice, il n'est pas sans cœur et il ordonne à son équipe de protéger les civils avec le reste de leurs agents. Soulagée, la jeune sorcière laisse échapper un soupir avant de se concentrer à nouveau sur sa tâche. Et quand elle voit Ocean Master utiliser la tempête qu'elle a involontairement créée pour invoquer la foudre et l'abattre sur les créatures, une idée germe dans son esprit. Une idée potentiellement très mauvaise, à laquelle Lucian aurait opposé un NON catégorique. Mais en son absence et devant l'urgence de la situation, Rosie se doit d'improviser. Elle est peut-être la seule à savoir avec certitude que le roi déchu est de leur côté – bon gré mal gré – alors autant exploiter cet avantage à son maximum. Dans son esprit, Aegir recule et Rán prend le dessus sur son époux. Les pouvoirs de la déesse sont plus sauvages, plus brutaux, à l'image de la tempête qui a éclaté. Priant pour ne pas faire une énorme erreur, Rosie fait appel à la foudre et frappe le trident d'Ocean Master pour gonfler ses capacités et augmenter sa puissance. Elle se pose à côté de l'Atlante, affichant un air plus sérieux que jamais. « Ne me le faites pas regretter. » Sourcils froncés, elle se retient de sonder une fois de plus son esprit pour savoir ce qu'il pense, incapable de déchiffrer son expression. Elle finit par se raviser et reprend son envol, pour retourner affronter les créatures. Rosie est plus que jamais ravie de savoir voler, au sol en compagnie de ces monstres elle aurait sans doute eu du mal à ne pas paniquer. Oui, même après avoir traversé les enfers deux fois. À défaut de pouvoir empêcher l'invasion de la plage, elle peut peut-être la ralentir... Là où les horribles bestioles sont le plus concentrées, elle crée un vortex qui tourbillonne de plus en plus vite, au risque de se transformer en trombe d'eau – il ne manquerait plus que ça, que les créatures de la Fosse se mettent à tomber du ciel par sa faute ! Tant pis pour les bonnes manières, elle s'adresse à l'Atlante par télépathie. « Votre Altesse, si vous voulez bien utiliser votre trident... Maintenant, par exemple !! » Rosie sait qu'elle ne pourra pas retenir toute cette eau bien longtemps. Elle a beau ne plus limiter sa magie autant qu'elle le faisait par le passé, toute cette puissance qu'elle découvre peu à peu et encore difficile à contrôler. « Il y a quelque chose d'autre dans l'eau... Quelque chose de vivant... Et c'est gros, très gros ! » Quoi encore ? N'ont-ils pas suffisamment de menaces à gérer ? Instinctivement, elle essaie de toucher l'esprit de ce nouvel arrivant, espérant naïvement qu'il s'agit d'un allié inespéré dans cette lutte. Mais ses pensées sont exactement les mêmes que celles de toutes les autres créatures, à un détail près. À un mot près : reine. « Ils ont une reine... ILS ONT UNE REINE ! » Rosie comprend trop tard. Comme des insectes, les créatures de la Fosse se déplacent en essaim... Et ils ont une reine. Une reine qui s'apprête à faire son entrée sur le devant de la scène, plus affamée que tous ses sujets réunis. Elle hurle à tous ceux qui se trouvent sur la plage ou dans les parages de s'éloigner le plus vite possible, afin de ne pas offrir un magnifique banquet au monstre marin. Et elle se retient de demander à Ocean Master si par miracle, il ne communiquerait pas avec la faune marine, lui aussi. Ce serait trop beau.

Repousser les créatures sur la plage est un bon début, mais ce ne sera pas suffisant. Vous vous fatiguerez bien avant qu'elles ne cessent de revenir par centaine. En continuant avec cette stratégie, vous n'aurez aucune chance de remporter cette bataille, et les habitants de Morro Bay ne vivront pas assez longtemps pour revoir la lumière du jour. Les dents serrés, tu réfléchis, tandis que d'autres héros venus de tu ne sais où viennent vous apporter leur aide. Il semblerait qu'ils aient tous été prévenus, bientôt cette plage sera embouteillée, et c'est là une perspective qui ne te réjouis guère. Au loin, tu vois Layla déclencher un projecteur afin de bloquer l'avancée des trenchers. A l'attention de qui voudra l'attendre, tu hurles dans la nuit noire et sanglante : « Que quelqu'un aille l'aider pour l'évacuation ! » Ce n'est pas ton monde, ce n'est pas ton peuple, mais ces choses qui attaquent appartiennent à ton univers, et par conséquent, deviennent ta responsabilité. Tu n'es pas idiot, tu sais pertinemment que tu seras le suspect numéro un dans ce fiasco, que ce soit à la surface ou à Atlantis. Et c'est un problème que tu géreras plus tard. Pour l'heure, vous avez une ruche d'hideuses saloperies à exterminer. Tu n'es plus roi, ce n'est pas ton rôle de gérer une catastrophe de cette ampleur, mais comment pourrais-tu rester les bras croisés ? Comment pourrais-tu les laisser te prendre ce que tu essayes de construire depuis deux jours ? Les responsables vont te le payer cher, très cher, pour avoir osé troubler ta nouvelle tranquillité. La jeune femme à tes côtés se rapproche, et ta première impression à son égard semble se renforcer. Elle détient une magie puissante, assez pour offrir à ton trident une force dévastatrice. Tu la remercies d'un hochement de tête, promettant silencieusement que tu en feras bon usage. Les questions à son sujet tu les gardes dans un coin de ton esprit, balayant une curiosité qui pourrait troubler ta concentration, mais tu ne manqueras pas de les poser en temps voulu. Surpris par une nouvelle facette de ses capacités, tu sursautes quand tu entends sa voix raisonner dans ta tête, et t'exécutes sans broncher à sa demande. La foudre, terrible et sans pitié, s'abat violemment sur les trenchers du tourbillon, laissant leurs corps retomber dans l'eau, et les vagues les ramener morts sur la plage. Mais encore une fois, aussi impressionnants soit vos pouvoirs combinés, ils ne suffiront pas à éradiquer le problème. Un problème qui porte désormais un nom. Une reine. Evidemment. Si la nouvelle sonne peu réjouissante à première vue, en vérité, c'est peut-être la clé de votre réussite. Il faut s'attaquer à la reine, pour que l’essaim soit désordonné et abandonne le combat. En tuant la reine, vous gagnez. « C'est notre cible prioritaire. » Tu abandonnes la plage et rejoins l'océan, directement au front. Pour éviter les dents acérés des trenchers, tu fuses sous l'eau et t'extirpe de la masse assez vite. La reine n'est pas loin. Mais seul, tu ne pourras pas lutter, alors tu fais appel à ton fidèle tylosaurus pour te venir en aide. Sur son dos, vous partez à la recherche du monstre. Difficile de la rater, elle est imposante, une créature sortie tout droit des abysses, et avec un seul but : dévorer. Tous les deux, vous vous approchez, trident et dents dehors, pour attaquer la reine avant qu'elle ne rejoigne le rivage. Tu griffes profondément sa chair, ton dinosaure plante ses crocs, la bête hurle. Elle cherche à se défendre, et vous prend en chasse. Prédateur redoutable, tu l'obliges à te suivre, l'éloignant le plus possible de la plage. Combien de temps la supercherie va tenir ? Tu l'ignores. Assez pour que quelqu'un puisse te venir en aide, espérons.

AVENGEDINCHAINS

Layla avala la distance en quelques foulées rapides, et se posta à côté de sa supérieure dans le poste de commande qui surplombait la plage, derrière les lignes des soldats d’ARGUS. Et pour la première fois, Layla put voir, dans toute son ampleur, l’étendue du désastre. « Holy shit. » souffla-t-elle. Sous ses yeux s’amoncelaient des vagues entières de créatures des profondeurs, repoussantes dans tout ce qu’elles incarnaient de brutalité et de cruauté gratuite, toutes dents et griffes dehors alors qu’elles se jetaient sans merci sur les soldats en première ligne et progressaient lentement, mais sûrement, vers pauvres locaux qui avaient décidé de rentrer tard, ou fuyaient vers la ville illuminée. Sur la portion de la plage dont elle était venue, elle devinait confusément les silhouettes de nouveaux êtres apparus de nulle part – une femme embrasée comme un soleil, une autre qui projetait de la lumière… et aucun d’entre eux qui ne regardait de leur côté alors que les trenchers prenaient inévitablement le dessus sur les agents déployés par Waller, les massacraient sauvagement en progressant vers la ville. Même Orm avait disparu de son champ de vision après avoir plongé sous l’eau – pour fuir ? Elle savait qu’il n’avait rien d’un lâche, mais deux jours avaient suffi pour qu’elle mesure son mépris pour la surface. Comment aurait-elle pu le blâmer, après tout ce que la surface avait fait aux océans, à son peuple, sans doute ? Ou bien était-il parti combattre le mal à la racine, sous l’eau ? Le chaos était complet, et elle était prise dans l’ouragan.

Et au milieu de tout ça, la conscience aigüe, comme une aiguille chauffée au fer blanc piquant dans son crâne, qu’elle y était peut-être pour quelque chose.

« On a les véhicules de police et des pompiers ? Quelqu’un a demandé aux flics de réquisitionner les bus des transports publics ? » « C’est en cours. Couvre ce secteur, tu veux bien ? Je vais essayer de trouver les autres. »

Abandonnée avec ses consignes, Layla regarda sa chef s’éloigner, en méditant sur la catastrophe de la situation. ARGUS était débordée, une troupe de méta-humains était apparue de nulle part, Orm était accusé d’avoir orchestré cette invasion, la police avait l’air aussi perdue qu’eux, et les garde-côtes chargés de l’évacuation étaient, dans la grande majorité, des civils. Morro Bay était une petite ville si tranquille, le personnel réserviste militaire était basé ailleurs, à Coast City ou San Francisco. Et le personnel réserviste civil, et bien… ils étaient là. Ils faisaient de leur mieux, ces professeurs de natation, ces pompiers volontaires, ces secouristes de la Croix-Rouge, ces coachs sportifs qui avaient été formés à quelques urgences mais rien, absolument rien de cette ampleur.

Dans quoi son imprudence et celle d’Orm les avait-elle embarqués ?

« Fait chier. » jura-t-elle sous sa barbe – mais bien vite, son attention fut attirée par le son reconnaissable entre mille de détonations de grenades. Elle fit volteface et réalisa que le bruit venait d’un motel contre lequel se pressaient de plus en plus de créatures. Merde. Des gens devaient être coincés là-dedans : sans plus hésiter, Layla attrapa un officier de police qui l’informa de l’arrivée imminente d’un van blindé pour l’évacuation. Les prisonniers du motel n’auraient pas d’autre chance : en quelques mots succincts, elle lui expliqua ses soupçons, et un court instant plus tard, elle se joignait à l’escouade policière qui contourna le motel pour en approcher la porte arrière, pas encore prise d’assaut par les trenchers, mais barricadée. Parfait. Layla raffermit sa prise sur son pied de biche, et avec l’aide d’un des policiers qui l’escortaient, fit sauter la porte de ses gonds, ouvrant une brèche et une issue aux civils coincés à l’intérieur. Dans l’établissement, les cris de panique se mêlaient à ceux des trenchers alors que de brusques éclats lumineux accompagnés de sourdes détonations lui confirmèrent que quelqu’un, là-dedans, repoussait l’assaut avec des grenades. C’était leur chance.

Laissant derrière son escouade pour créer un cordon de sécurité pour les fuyards, elle entra accompagnée de son lieutenant de police, qui avait l’arme au poing et progressait vite, pour enfin arriver en vue du lobby où tout le monde se terrait et où un seul, entre tous, se battait comme un beau diable face à leurs créatures venues des fosses. Un spectacle imprenable, face auquel Layla fronça les sourcils au moment même où le lieutenant, perplexe, laissait tomber sa mâchoire. « … c’est moi ou ce type est en train de les repousser avec des boomerangs ? » « On s’extasiera plus tard – tout le monde dehors, maintenant ! »

Sur son ordre impératif, les réfugiés commencèrent à sortir par l’arrière, discrètement, un par un, certains se tenant la main comme si leur vie ne se raccrochait qu’à ce fil. Méthodiquement, Layla les comptait, les faisaient passer vers l’extérieur où le van venait de se garer pour les accueillir et les emmener le plus loin possible du massacre.
Elle ne savait pas si elle était coupable de ce qui était en train de se passer, mais il ne faisait aucun doute qu’elle était en partie responsable. Elle n’avait donc plus qu’à se mettre au boulot.

« Lieutenant, on va avoir besoin de renforts, il ne va jamais tenir tout seul ! Hé, boomerang ! » appela-t-elle alors que son équipier envoyait quelqu’un chercher du renfort, chers ARGUS, chez les méta-humains, n’importe qui. « On a presque évacué le motel, on a besoin que tu tiennes encore deux minutes ! Tiens bon ! » Deux minutes pour charger tout le monde et décamper.

Parfois, les gens pensaient qu'elle n'avait rien dans la tête, qu'elle ne réfléchissait pas. Ils étaient évidemment dans l'erreur la plus totale, mais la principale intéressée n'avait pas de temps à consacrer à ces individus là. D'une certaine manière, ils faisaient eux-même le grand ménage et s'excluaient sans même le savoir de la liste des gens qu'elle était prête à fréquenter. Mais de toute façon, Kory était loin de ce genre de considération. Elle avait de l'orgueil et de l'amour propre, certes, mais n'était en rien quelqu'un qui savait ce que c'était que de se vexer ou de prendre la mouche. Pour ainsi dire, c'était bien là deux sentiments parmi tant d'autres qui étaient bien trop humaines et terriennes pour la toucher ou l'altérer d'une quelconque façon que ce soit. Pour ainsi dire, elle était à des années lumières de là. L'essentiel était en tout cas qu'elle ne devait en rien sa place de Leader des Teen Titans à sa plastique. Elle n'avait jamais eu la moindre relation charnelle avec Tim', pas plus qu'avec l'un des pontes de la Justice League. Ce qui ne l'empêchait en rien de se donner à fond à chacune de ses sorties, et ce dès qu'il fallait intervenir, prêter main forte ou agir de son propre chef à une menace subite et imprévue. Elle ne faisait pas ça pour la gloire ou pour faire la une des journaux. Elle faisait ça parce que c'était la chose à faire, et parce qu'elle pouvait agir. Très jeune, elle avait parfaitement compris que quand on a des capacités telles que les siennes, si l'on intervient pas face à une menace, peu importe l'issue, quoi qu'il sera arrivé, ce sera de votre faute. Et la culpabilité ne lui plaisait pas. C'était donc sans arrière pensée déplacée qu'elle était venue au secours de Tracy. Et cela ne lui avait coûté aucun réel effort que d'envoyer au tapis ces trois premiers trenchers.

Elle n'avait pas mis la pleine puissance, et ce n'était qu'une pichnette, rien de plus. Et fort heureusement, car ramené à la situation entière, elle ne venait de rien faire du tout, car des milliers d'autres engeances marines continuaient de grouiller un peu partout. Vues d'en haut, on aurait pu croire à un essaim d'abeilles, sauf que ce serait faire injure aux hyménoptères que des comparer à ces choses là ! Il fallait donc retourner au charbon, comme disent les Terriens, et cela tombait bien, parce que cela semblait aussi être dans les plans de la jolie blonde ! Kory ne la connaissait pas du tout, mais si elle se battait contre les trenchers, et qu'elle n'était donc pas de leur côté, alors il n'y avait aucune question à se poser sur l'instant. La solution était claire : il fallait se serrer les coudes et se battre côte à côte avec elle, ce qu'elle fit, sans se faire prier. Sa chevelure crépita alors d'autant plus, là où son regard se focalisa sur la tâche à accomplir. Tout son corps se mettait en mode guerrière, alors qu'elle devait tout de même batailler pour garder enfermé dans un coin de sa tête la relative inquiétude qui la tiraillait, et ces souvenirs de cette réalité parallèle qui risquerait bien trop de la mettre sur la retenue si elle s'en laissait submerger. Alors ce fut comme jouer au bowling, si on devait fixer une comparaison toute terrienne. Aidée par les prouesses de sa partenaire de l'instant, Kory envoyait au tapis tous les trenchers qui se retrouvaient figés. Et l'odeur de brûler qui se dégageait aurait pu la faire tourner de l’œil si elle n'avait pas l'estomac et les nerfs aussi bien accrochés que les siens. Mais pour un qui tombait, c'était comme si deux réapparaissaient. « Par X'hal, c'est sans fin ?! » Fermant les yeux un instant, elle se résolut à augmenter la puissance de ses rafales, clairsemant alors grandement les rangs grouillant qui se trouvaient près d'elle, et le payant d'un étourdissement la poussant à atterrir plus vite que prévu. Les bêbêtes épargnées furent cependant sujettes au gros désagrément de la luminosité, protestant alors sans vergogne de ces cris si désagréables à l'oreille. « Oooh, non seulement elles sont laides, mais elles me feraient presque saigner les oreilles ! » Cherchant des yeux M'gann, elle l'aperçoit à distance, et si elle meurt d'envie de la rejoindre, elle ne peut abandonner la jolie blonde. Un flanc entier de trenchers a été décimé, certes, mais les engeances marines sont encore très nombreuses. Alors elle recommence ses assauts, renouant avec la mesure des débuts.

Le pire... C'est quand le pire se met à empirer. Rosie se doutait que repousser cette invasion de créatures aquatiques ne serait pas une partie de plaisir, mais elle ne s'attendait pas à voir surgir la reine de la ruche des profondeurs. Après tout, aucune mission ne s'est jamais déroulée sans imprévus, pourquoi celle-ci serait-elle différente ? D'abord horrifiée, Rosie réalise qu'il s'agit peut-être d'une véritable aubaine pour eux. Les créatures semblent toutes être liées par un lien télépathique et guidés par leur reine. Réussir à se débarrasser d'elle, c'est peut-être réussir à se débarrasser de toute la colonie. Rosie a presque le réflexe de retenir Orm avant qu'il ne se jette littéralement à l'eau mais elle se ravise, il sait sans doute beaucoup mieux qu'elle quoi faire. En attendant, il reste encore des dizaines et des dizaines de créatures sur la plage. Son alliance improvisée avec l'Atlante a fait des dégâts, des cadavres carbonisés par la foudre flottent et s'échouent sur le sable. Cela ne sera pas suffisant, alors elle repart à l'attaque elle aussi. Rosie manque de perdre le contrôle de ses pouvoirs quand une voix inconnue résonne dans son esprit, elle ne s'attendait pas à croiser une seconde télépathe. « Toutes mes excuses... Megan, c'est ça ? Si je dois de nouveau émettre de la chaleur, je vous préviendrai. » Autant dire qu'étant donnée la gravité de la situation, elle risque d'y être vite obligée. Son attention se tourne vers les commerces en bordure de plage, où les créatures se sont précipitées après avoir remarqué la présence de nombreux êtres humains à l'intérieur – tous des repas potentiels. Quelqu'un l'interpelle et lui désigne un petit motel qui menace d'être complètement submergé et les gens qui s'y trouvent, massacrés sans pitié. Rosie file à toute vitesse vers l'immeuble, déjà éventré par la horde affamée, envoyant des décharges d'énergie magique pour pulvériser les horreurs qui l'empêchent d'entrer à l'intérieur. Une fois dans le hall d'entrée du motel, elle déploie un bouclier pour empêcher les autres d'entrer, permettre aux derniers touristes pris au piège de s'échapper et offrir quelques secondes de répit à la seule personne assez folle pour ne pas prendre la fuite – Captain Boomerang, évidemment. « Ça va aller ? » Question stupide. Ils sont tous condamnés à faire des cauchemars pendant des semaines, et en ce qui la concerne elle doute vouloir un jour remettre les pieds dans l'océan. Agacée par la masse de créatures agglutinées contre son champ de force, Rosie transforme la magie protectrice qui l'alimente en énergie pure. « Baissez-vous ! » George, la jeune femme rousse non loin de là et quiconque se trouvant à proximité. Boom, l'explosion est aussi bruyante que destructrice, leurs assaillants sont pulvérisés et retombent en morceaux peu appétissant sur la plage, dont les charognards se repaîtront avec plaisir plus tard. Dans le motel brusquement silencieux, Rosie soupire longuement. Puis d'un geste las, elle désigne une peluche poussiéreuse abandonnée au pied d'un canapé. « N'oublie pas ta licorne... » Malgré la fatigue, Rosie ressort rapidement de l'établissement en ruines. Elle laisse échapper un hurlement de frustration, quoi qu'ils fassent les créatures continuent à surgir de l'eau en un flot ininterrompu, la tâche est aussi ardue et vaine que celle de Sisyphe et son rocher. « Bien... Aux grands maux, les grands moyens. » Lucian lui a dit d'avoir confiance en elle et de ne pas craindre la magie qui coule dans ses veines. Cette puissance lui appartient, seuls ses doutes et ses peurs l'empêchent de la maîtriser correctement. Trop de vies sont en jeu pour qu'elle se permette d'avoir peur. « Megan, attention, je vais émettre beaucoup de lumière et de chaleur très bientôt. » Comme promis, Rosie prévient la jeune martienne afin que cette dernière ait le temps de se mettre à l'abri. Puis elle s'élance dans le ciel et au fur et à mesure qu'elle s'élève, elle se met à briller de plus en plus fort. Au point de ressembler à une boule de feu, à un soleil miniature qui éclaire toute la baie. Rosie ignore combien de temps elle parviendra à rester ainsi, littéralement illuminée de l'intérieur par Sól, la déesse du soleil. Tout ce qu'elle espère, c'est que ce soit suffisant pour inciter les créatures à faire demi-tour. Quant à leur reine... Eh bien, un problème à la fois, elle ne peut pas diviser son attention. Il serait fort dommage que l'étoile se transforme en supernova destructrice.

Pourquoi risquer ta vie pour une espèce que tu méprises ? Pourquoi ne pas laisser simplement les trenchers terrasser Morro Bay ? Tu le sais, tu ne sortiras pas indemne de ce combat contre la reine. C'est ton propre sang qui va couler, pour pouvoir protéger des humains qui n'ont jamais eu que de l'irrespect pour tes océans. C'est insensé, à l'encontre de tes idées depuis des années, mais pourtant, t'as cette étrange sensation de faire le bon choix. Et voilà bien longtemps que ça ne t'était plus arrivé. Est-ce que tu te fourvoies ? Est-ce que tu vas regretter ta prise de position ? Peut-être. Mais c'est un risque que tu prends sans hésiter. Tu es venu trouver la tranquillité dans cette petite ville côtière, et on cherche à te la refuser. La reine à tes trousses n'est pas la plus grande menace que vous allez devoir affronter. L'intelligence derrière laquelle se cache ces montres affamés est sûrement pire, bien pire. Ils ont un point qu'il vous est facile d'exploiter, mais vous n'aurez probablement pas cette chance pour la seconde partie de la nuit, quand tu auras débusqué les coupables de leur tanière. Alors que la distance entre vous se réduit, tu vois un tir atteindre la bête. La Dérive. Voilà une aide qui va vous être précieuse. Tu te doutais qu'Atlantis était au courant de l'assaut, et tu es soulagé de constater que ce n'est pas toi qu'ils ont pour ordre d'attaquer. Pourtant, tu es le suspect parfait, celui à qui on a collé une cible dans le dos. L'ancien roi d'Atlantis, connu pour sa haine de l'espèce humain, échappé de Belle-Reve depuis des années. Combien vont prétendre que tu es le responsable ? Combien de morts vont-ils mettre sur ton dos ? Tu espères au moins que ta sœur t'accordera le bénéfice du doute. Te cacher derrière des monstres incontrôlables ce n'est pas franchement ton genre. Tu n'es pas un faible, tu n'es pas un lâche, et quand tu veux lancer une attaque, tu le fais de front, avec personne pour faire le boulot à ta place. « J'étais à court d'options, vois-tu. » La ville est pleine d'humains sans défense, ils n'ont aucune chance de s'en sortir tout seul. Et même si tu as vu plusieurs héros se joindre à vous, tu sais que ce ne sera pas suffisant. Pas quand la tête pensante de ce plan montrera le bout de son nez. « Mais je suis content de te voir. J'ai bien cru que vous n'arriveriez jamais. » Tu lui souris, l'air taquin, pendant que Murk tente de distraire la reine. Et en haut, au-dessus de l'eau, tu vois la lumière d'une précieuse alliée qui empêche les autres créatures d'arriver jusqu'à vous. Depuis quand n'as-tu pas travaillé en équipe ? Bien trop longtemps. Et tu avais presque oublié à quel point c'était jouissif. Au-delà de ta crainte, il y a aussi une part d'excitation dans le combat que tu mènes contre les trenchers. Ces dernières années manquaient cruellement d'action. Te battre aux côtés de Tula, comme au bon vieux temps ? Tu serais fou de refuser. Tu la suis, toujours sur le dos de ton tylosaurus, et t'approches de la reine pour essayer d'en venir à bout. Armée de ton trident, tu parviens à écorcher sa chair, accentuant sa rage à votre encontre. « Elle est dans son élément et elle nous domine. Il faut la rapprocher de la surface. » Là où quelques héros projettent de la lumière. Une lumière qui va la déstabiliser et qui vous permettra de reprendre le dessus. Tu prends la tête, tranchant les eaux pour quitter la noirceur des profondeurs. « Vous avez une idée de qui est responsable de tout ça ? Ils sont forcément près d'ici, pour pouvoir assister à leur œuvre. » Tu cries assez fort pour que Tula puisse t'entendre, la créature est à vos trousses et bien déterminée à vous dévorer. Mais alors que vous touchez presque au but, tu sens une soudaine brûlure à l'épaule qui te faire perdre l’équilibre et tomber de ta monture. Quelqu'un vient de te tirer dessus avec une arme assez puissante pour percer une peau atlante. C'est ce qu'on appelle le karma, ou une désastreuse coïncidence ?

AVENGEDINCHAINS

L’explosion soudaine de lumière et de chaleur l’aveugla méchamment, mais elle avait heureusement eu le bon réflexe de se jeter à terre avant que la jeune femme ne se transforme en soleil vivant – et c’est presque en pleine possession de ses moyens que Layla se redressa, contemplant, interdite, la scène lunaire qui s’offrait à ses yeux. Au moins le subterfuge avait-il l’air de marcher : de ces maudites créatures, il ne restait que des cadavres distordus de douleur, brûlés comme du charbon venu tout droit des enfers des abysses. Le motel était en sécurité pour le moment, et la méta-humaine illuminait le ciel de Morro Bay comme un véritable soleil de rechange, sous les yeux éberlués des civils et autres policiers qui, comme elle, n’avaient certainement pas été préparés à ça. Toujours armée de son pied de biche, Layla s’approcha du gouffre béant dans le mur du motel, non loin de son camarade improvisé lanceur de boomerangs.

Si elle était perdue face à ce déferlement de puissance de tous côtés, elle n’était visiblement pas la seule. Le problème étant qu’apparemment, ce type-là aurait dû faire partie des gens qui comprenaient ce qu’il se passait : de son propre aveu venu arrêter Ocean Master, cet hurluberlu devait bien faire partie d’une de ces super-équipes, non ? Elle lui jeta un regard courroucé, se retint juste à temps de lui aboyer au visage qu’Ocean Master n’avait rien à voir avec ce désastre, et regarda à nouveau au dehors. Malgré les efforts de la sorcière-soleil, les vagues de Trenchers continuaient d’arriver – ralenties, mais pas entièrement stoppées. Ses yeux s’égarèrent sur la mer, où son œil exercé remarquait des remous qui n’avaient pas grand-chose à voir avec les courants habituels de la baie. La bataille sous-marine devait toujours faire rage. Quelque part là-dessous, Orm affrontait la fameuse reine, tout seul – à moins qu’Atlantis ne soit arrivée à la rescousse ?

« Cook. » répondit-elle simplement à ses présentations, en regardant à peine la carte qu’il lui tendait, trop préoccupée par ce qu’il se passait au-dehors. Si même un type capable de repousser une vague de Trenchers à grands renforts de boomerangs n’avait aucune idée de ce qu’il se passait, comment eux, les civils, les forces armées venues en renfort, pouvaient-ils en avoir la moindre idée ? Encore une fois, tout reposait sur la bonne volonté et les talents de quelques méta-humains. Et Layla n’aurait su dire si c’était une bonne chose ou non.

« Tout ce que je sais, c’est qu’il faut empêcher ces choses d’entrer en ville. Si ça continue comme ça, l’armée va sortir les hélicoptères et les bombardiers pour se débarrasser de ces choses en transformant la plage en gruyère. » Et quiconque était resté derrière avec. « En attendant, il reste des gens à évacuer. Suis-moi ! » Layla attrapa le pauvre Captain Boomerang par la manche et l’entraîna derrière elle dans une course pour rallier les rangées de bus qui commençaient à s’aligner, certains remplis et en partance pour l’intérieur des terres, remplis de civils, d’autres qui se chargeaient aussi vite que possible. Des blessés, des gens qui pleuraient, d’autres qui écarquillaient les yeux sous le choc, d’autres qui appelaient leurs proches – c’était une vision véritablement apocalyptique qui s’offrait à eux. Un car gisait même là, abandonné, les portes arrachées et les créatures et de l’essence fuyant de son réservoir.

Et peu à peu, une idée germait dans la tête de la pauvre petite humaine qui se sentait comme David face à Goliath dans toute cette histoire.

« Captain Boomerang ? » marmonna-t-elle en plissant les yeux. Elle tourna la tête vers lui, et lui désigna le van abandonné d’un mouvement du menton. « Tout ce qu’on a à faire, c’est créer une diversion pour éloigner les Trenchers du point de ralliement, pas vrai ? Ca laisserait aux civils le temps de décamper… tu t’y connais en explosifs ? »

Après tout, quitte à être embarquée dans cette folie furieuse, autant y aller de tout son cœur. Et puis, autant que sa propre expérience avec des bombes en tout genre serve à quelque chose : pourquoi pas à faire sauter des monstres sous-marins venus s’aventurer un peu trop près de la surface ?

Être une petite nature n'avait jamais été dans ses attributions. On ne l'avait pas élevée dans cette optique, et cela ne faisait de toute façon tout simplement pas partie de ses traits de caractère. Dans le même temps, elle avait vu pire, et elle avait vécu pire. A proprement parler, la situation n'était pas si catastrophique. Après tout, elle était encore en vie, personne ne la torturerait ni ne l'obligeait à se soumettre à d'horribles vilénies contre sa propre volonté, tout ça ... Mais dans le même temps, même si elle n'était pas directement menacée, il n'en demeurait pas moins que ce n'était pas non plus la situation la plus idéale qui soit. Ce qui ne l'empêchait en rien de faire de l'humour, mais seulement malgré elle. Kory disait toujours les choses telles qu'elles lui venaient, et il n'y avait donc aucune réelle volonté de sa part de tenter de dédramatiser les choses. Mais visiblement, cela ne semblait pas trop décontenancer ni même déconcentrer sa partenaire du moment, ce qui était une bonne chose. Il n'y a rien de pire que de semer la zizanie et le trouble dans son propre camp, et c'était encore pire quand cela était indépendant de votre réelle volonté. Alors elle continuait son office, inlassablement, bien qu'elle savait que cela n'était pas éternel. C'était qu'il faisait nuit, et que le soleil n'était pas encore prêt de poindre à l'horizon. Et puis, soudainement, comme en réponse à une prière à X'hal qu'elle n'avait même pas oralement formuler, à voix haute, il y eut cette lumière, diffuse, aveuglante, mais surtout réchauffante. Ce qui lui tira un très large sourire, réaction tout à fait hors de propos, sans doute, pour qui tomberait sur le tableau qu'elle offrait. Mais elle n'avait pas à s'excuser de ressentir les choses tel qu'elle le faisait, pas plus qu'elle n'avait à s'excuser d'être celle qu'elle était. Alors peut-être fut-elle l'une des seules, si ce n'est la seule, à aller en direction de cette flamboyance dans les cieux, plutôt que de s'en éloigner ou de s'en protéger. Elle n'avait pas réfléchi, et s'était élancée vers la boule lumineuse. Ou plutôt vers cette jeune femme, qui semblait savoir faire des miracles.

C'était comme plonger toute entière, et nue, qui plus est, dans l'océan le plus exaltant et le plus doux qui soit. La dernière fois qu'une telle sensation s'était emparée d'elle, elle avait mis le feu à ses habits, et sa vertu n'avait été protégée que parce que Kal-El n'était pas resté sans rien faire. Et ce alors même que cela aurait peu importé à Koriand'r ... Elle devait en profiter. Il le fallait. Bien que, brusquement, pour elle, c'était comme ressentir une boule d'angoisse lui entraver la gorge. Mais la tentation était si forte ... Ouvrir les vannes, laisser les choses se faire, sans obstructions, sans entraves, sans se poser de questions, ni même trop réfléchir. Tout irait bien, n'est-ce pas ? Elle n'était certes pas joyeuse, mais elle n'était pas non plus furieuse, pas comme la dernière fois. Tout irait bien, il lui suffisait de ne pas se focaliser sur ce qu'elle avait pu faire, dans cette autre réalité. Peut-être que, de loin, elle donna l'impression de réellement s'embraser, alors qu'elle laissait tout son corps répondre positivement à la charge énergétique qui venait la nimber. Et elle s'élança, à pleine vitesse, chargeant dans chacune de ses mains une très grande charge. Et il lui suffit de les joindre, brusquement, les laissant s'entrechoquer entre elles, pour que l'énergie de cette grande starbolt vienne ravager la côte, fauchant sur son passage tous les trenchers qui étaient là au mauvais endroit, au mauvais moment, dans un cri commun d'agonie et des relents de chairs carbonisées et d'eau salée s'évaporant sous la chaleur. Son propre cri de colère raisonna avec force et conviction dans la crique de la plage. Et puis, elle chercha du regard la jeune femme blonde auprès de laquelle elle se tenait quelques instants plus tôt, et qui, visiblement, se trouve en mauvaise posture. Filant vers elle, Kory ne prit même pas la peine d'atterrir avant de l'attraper au passage, non sans achever l'affreuse bestiole qui s'en prenait à elle, d'un coup de starbolt bien placé. Normalement, elle devrait ressentir de la fatigue, aux vues de ses exactions, mais elle est bien trop exaltée pour ça, ou alors cela a à voir avec la charge énergétique que la métahumaine continue de diffuser, là-haut, un peu plus loin, en hauteur. Tournant les yeux vers Tracy, alors qu'elles surplombaient toutes deux la scène, elle s'adressa finalement à elle. « Pour un peu, vous auriez vous aussi finie en barbecue ... C'est comme ça que vous dîtes, vous les humains, n'est-ce pas ? ... Je vous dépose oui ? » Oui, parce qu'elle n'allait tout de même pas la planter là, ni même la laisser à son sort !

Jouer l'étoile c'est bien beau, bien efficace, mais cela demande à Rosie de dépenser une énergie magique qui n'est hélas pas inépuisable. Ce n'est pas une solution sur le long terme, c'est simplement un moyen de faire gagner du temps aux troupes à terre. Si beaucoup de créatures font demi-tour et retournent dans l'océan, il y en a encore trop qui ne le font pas. Leur quête de nourriture les obsède plus que n'importe quoi d'autre, elles semblent à peine se soucier des brûlures causées par la lumière et la chaleur qui apparaissent sur leurs corps. Rosie est frustrée, en plus de se sentir impuissante et de plus en plus fatiguée. Elle tient le plus longtemps possible, mais elle est bientôt forcée de se rendre à l'évidence. À moins qu'elle n'utilise les pouvoirs de Sól pour déclencher un incendie qui ravagerait la côte sur plusieurs kilomètres pour tous les tuer, elle n'arrivera pas à arrêter le flot des monstres marins. Sans doute aurait-elle mieux fait de se concentrer sur leur reine dès le départ, elle est sans doute la solution à une partie de leurs problèmes si elle contrôle l'essaim télépathiquement. Rosie est confuse sans Lucian pour lui dire quoi faire, elle ne possède pas son esprit stratégique, ses décisions ne sont pas aussi efficaces qu'elles pourraient l'être si elle était capable de raisonner comme lui. La lumière qu'elle émet disparaît peu à peu et pendant une poignée de secondes elle lévite sur place, pour reprendre ses esprits. Sur la plage, la situation semble être sous contrôle pour le moment, alors elle se rapproche de l'eau pour localiser la reine des créatures et voir ce qu'elle peut faire pour prêter assistance à Ocean Master et à son... dinosaure... ? De mieux en mieux. Plus le temps passe, et plus Rosie est certaine de ne plus jamais vouloir remettre les pieds dans l'océan après cette mission. Un soupir de soulagement lui échappe quand elle aperçoit des vaisseaux de guerre atlantes près de la surface, leur aide sera la bienvenue pour lutter contre les envahisseurs venus des profondeurs. Mais le réconfort est de courte durée, elle écarquille les yeux quand elle suit le cheminement d'un tir et le voit frapper Ocean Master de plein fouet. L'attaque est bien trop précise pour n'être qu'un tir manqué, la reine de la Fosse est trop imposante pour être manquée ; et encore moins parce une technologie aussi développée que celle d'Atlantis. « Oh oh. » À en juger par les tirs échangés entre les vaisseaux atlantes, les individus qui les commandent ne sont pas tous du même côté. « Merveilleux. » Une invasion de créatures affamées, un champ de bataille pour une guerre civile, et une menace alpha au même endroit. Non, vraiment, la situation peut-elle continuer à empirer ? Afin d'éviter de créer un incident diplomatique en plus de tout cela, Rosie sonde très rapidement les occupants des bâtiments atlantes pour déterminer lesquels sont de leur côté, et lesquels sont venus jeter de l'huile sur le feu. Elle capte beaucoup trop de pensées d'un coup, assez pour déclencher une violente migraine. Elle grogne de douleur, incapable de réellement analyser les informations reçues mais en revanche en mesure d'attaquer le bon côté. Elle puise de nouveau dans les capacités d'Aegir pour faire naître une vague déferlante qu'elle guide de façon à ce qu'elle frappe les ennemis d'Atlantis – et du reste du monde, par la même occasions. L'attaque est plutôt efficace, les vaisseaux sont secoués et certains n'ont pas le temps de manoeuvrer pour éviter de heurter violemment leurs voisins. Évidemment, il en faudra bien davantage pour les mettre en réelle difficulté, mais Rosie espère ainsi offrir à Atlantis une ouverture pour une attaque plus franche. Elle ne peut hélas pas en avoir la certitude. Elle a utilisé beaucoup trop d'énergie trop vite, elle perd subitement connaissance sans avoir eu le temps de faire quoi que ce soit pour se préserver. Elle chute rapidement, tombe dans l'eau trouble où s'affrontent Atlantes et créatures de la Fosse. Rosie ne revient pas à elle malgré l'absence subite d'air et quand bien même cela aurait été le cas, elle aurait dû faire face à un autre problème : elle ne sait pas nager.

Tu as obtenu tes réponses rapidement, tandis que tu chutes de Scylla, l'épaule abimé par un tir d'arme atlante. Tu grognes à l'égard de toi-même, conscient de t'être montré stupide et imprudent. Tu te doutais qu'ils n'étaient pas loin, et qu'ils te prendraient pour cibler à la première occasion. Les trenchers ne sont qu'une diversion, le plus gros problème va seulement montrer le bout de son nez. Rattrapé par ta sœur, tu constates par toi-même l'étendu de ta blessure. C'est douloureux, mais rien qui ne t'empêchera de botter les fesses de ceux qui ont osé s'attaquer à Morro Bay. A mesure que les minutes passent, que le chaos s'éternise, ta colère se transforme en haine bouillonnante. Tu veux en finir vite, avant que la situation ne devienne ingérable. « Le Déluge. » Il semblerait que sa théorie soit la bonne. Leurs armes sont d'origines atlantes, ils vont causer des dégâts catastrophiques si personne ne les arrête. Et contrairement aux créatures des abysses, ils ne craignent rien, ni personne. Ce sont de redoutables guerriers, des hommes prêts à mourir pour leur cause. Des mercenaires. Des kamikazes. Tout ce qui leur importe, c'est la destruction, et écorcher l'image d'Atlantis. Tu n'es plus roi de la cité, mais tu ne laisseras personne s'attaquer de près ou de loin à ton peuple. « Non ! » Tu cries fort pour affirmer ta volonté. Hors de question que tu te mettes en lieu sûr. Ils vont bientôt regagner la plage, et ils leur faudra bien plus que des sources de lumière pour venir à bout de cette nouvelle menace. Depuis quand une petite blessure t'empêche de mener un combat ? Tu as été entrainé pour te battre jusqu'à ton dernier souffle. On t'a appris à ne jamais abandonner, à ne jamais te comporter comme un lâche. Hors de question que tu renies ce précepte aujourd'hui. « Je peux me battre. Il faut que je retourne sur la plage. » Pour être là quand ils arriveront. Pour prévenir les autres du danger. Trident toujours en main, tu retrouves tes esprits, et fais abstractions des élancements dans ton épaule. Le sang qui en découle est aussitôt dissous dans l'eau salé. D'un ordre mentale, tu envoies Scylla t'ouvrir le passage jusqu'à la plage. Plouf. Tu entends ce son bien distinct. L'un de vos alliés vient de tomber à l'eau, et bientôt ne sera plus qu'un repas pour les trenchers affamés. Le temps presse. « Tula, ramenez la reine à la surface, et demandez à ceux qui projettent de la lumière de vous aider. Une fois qu'elle sera assez affaiblie, tuez moi ce sale truc hideux. » Tu laisses la Dérive s'occuper de la reine, toi, tu vas récupérer la pauvre âme tombée à l'eau. A une vitesse foudroyante, grandement aidé par ton tylosaurus qui t'ouvre la voie, tu parviens à trouver l'humaine à bout de force. Tu reconnais celle qui t'est venue en aide tout à l'heure, la petite blonde pleine de magie. Et avec elle, Layla. Sans que ce ne soit réellement une surprise. Quelle inconscience de nager dans une eau infestée de créatures cannibales. Ces humains n'ont-ils aucun instinct de survie ? Tu les rejoins rapidement, et les attrapes toutes les deux pour les ramener jusqu'à la rive. Tu fends le courant, à une vitesse que tu n'espères pas trop gênante pour elles, et une fois que tes baskets foulent à nouveau la plage, tu les relâches sur le sable humide. « Cette petite humaine est puissante mais elle sait pas nager. » Elle est inconsciente, mais en te concentrant tu entends encore son cœur battre. Tout ira bien pour elle. Et tant mieux. Tu laisses le soin à Layla de faire ce qu'elle peut pour votre partenaire, tandis que ton regard est rivé vers l'océan. Ils sont là. Et le carnage va s'accentuer. « Les trenchers n'étaient qu'une diversion. Ceux qui arrivent sont équipés d'armes atlantes qui pourraient faire de très, très lourds dégâts. » A commencer par ton épaule, largement percée par le faisceau de l'une de ces armes. Alors sur les humains, les dégâts seraient irréparables. « Si tu veux courir, c'est maintenant ou jamais. » Mais elle ne le fera pas, n'est-ce pas ? Aucun de ces humains ne le fera. Est-ce là du courage que tu vois, ou de la stupidité ?

AVENGEDINCHAINS

The trench

Rosalie, Orm, Digger, Layla, Tula, Kory, Tracy, Megan & David

« Chef, euh... on a un truc sur le sonar. » Délaissant le périscope par lequel il était accaparé, Black Manta leva la tête, avant de s'approcher du poste de sonar et de l'homme qui avait les yeux rivés dessus, et qui n'était clairement pas rassuré à l'idée d'avoir un type de la trempe du pirate dans son dos. Tous les hommes qui se trouvaient sur le pont de son sous-marin étaient des durs à cuire, mais sa réputation le précédait et tout le monde savait qu'il n'était en aucun cas le genre d'homme qui laissait passer la moindre erreur « Un truc? » Il était clair que le mot truc était loin de le satisfaire et qu'il s'attendait à avoir bien plus d'explications dans l'instant « Si je me fie aux données déjà enregistrées, je crois que c'est eux. Mais c'est un véritable chaos. J'avais jamais vu ça. » « Moi si. Ne les perdez surtout pas. Je veux savoir ce qu'ils font. » L'ordre avait été lancé avec un calme presque effrayant, et même s'il n'avait rien rajouté, le mercenaire était parfaitement conscient de l'épée de Damoclès qui planait sur sa tête. Un échec et il finirait dans le premier tube à torpilles avant d'être balancé dans l'obscurité glaciale de l'océan. Il avait repéré plus tôt une petite flotte Atlante se diriger vers ce qui semblait être, si l'on se fiait à leur vitesse et leur trajectoire, la petite ville de Morro Bay et il avait décidé de les prendre en chasse à distance raisonnable, avant de profiter de la vitesse de son submersible par rapport aux imposants bâtiments de guerre pour les devancer. Il ne savait pas ce qu'ils pouvaient bien aller chercher là-bas, mais cela valait bien un coup d’œil. Et on pouvait clairement dire qu'il n'avait pas été déçu du voyage en constatant qu'une petite flotte d'Atlantes était aux prises avec ce qui semblait être la population de la Fosse au grand complet. Il se moquait bien de ce qui avait pu forcer ces saloperies à sortir de leur trou abyssal, mais David avait décidé de rester là, à se délecter du spectacle. Il ne faisait pas ça par simple amusement, mais en profitait pour étudier le tour que pouvait prendre la bataille, en attendant de saisir la moindre occasion de frapper au cœur des bâtiments ennemis dans un raid qui se voudrait aussi rapide que dévastateur. Mais l'arrivée de renforts qu'il savait pourtant en chemin n'était pas une bonne chose pour lui, parce que ça rendait une attaque bien plus périlleuse.
Alors que le mercenaire s’apprêtait à retourner à son poste d'observation, celui qui s'occupait du sonar se tourna à moitié avant de s'exclamer « Ils se tirent dessus! » Arrachant presque le pauvre homme de son siège, David regarda fixement l'écran. Même si ce genre de machines n'avaient pas été prévues pour ça à la base, le sonar passif arrivait malgré tout à capter les échos de ce qui semblait être l'affrontement entre deux factions de ces foutus bouffeurs de poissons. Ce qu'il avait cru être un problème se révélait être une véritable aubaine « Chargez les tubes un, deux, trois et préparez le quatre. Faites feu sur mon ordre. » « Les cibles? » « Les plus proches, ça fera l'affaire. » Les navires Atlantes étaient trop occupés à se tirer les uns sur les autres et à repousser les monstres des abysses pour pouvoir faire face à un assaut surprise. Il se foutait de savoir sur quelle faction il tirait, tant qu'il pouvait infliger des pertes à Atlantis il avait son compte. Attrapant son casque posé à sa place habituelle, David l'enfila et scella son armure, avant de grimper dans le seul tube qui n'était pas en train d'être chargé avec une torpille. Franchement pas la méthode la plus orthodoxe ou la plus sûre pour sortir d'un submersible, mais il l'avait déjà testée avec succès plus d'une fois et savait que c'était encore le meilleur moyen pour lui de s'approcher de la rive le plus rapidement possible. Et puis son armure était capable de résister à des assauts bien plus violents que ce qu'il pouvait subir là-dedans. Actionnant lui-même le tir du tube ou il se trouvait, le pirate partit comme une fusée, avant d'activer son propulseur dorsal alors que l'élan donné par son éjection s'estompait, et il ne tarda pas à se retrouver dans un véritable champ de bataille. Avisant sur le radar de son casque une paire de points bien plus gros que les autres, David se permit d'afficher un léger rictus en voyant apparaitre dans son champ de vision la créature qui servait de monture à Ocean Master. Alors c'était là qu'il se planquait lui. Voilà qui expliquait en partie tout ce foutoir et pourquoi toute la baie était devenue un vrai charnier « Feu à volonté! » Beugla-t-il à l'intention des hommes restés dans son submersible, et il vit les torpilles frapper plusieurs navires de plein fouet.
Mais l'autre point avait de quoi inquiéter même un type de la trempe de Black Manta. Il avait déjà vu une de ces saletés de Trenchers à plus d'une reprise, mais ça... c'était très clairement la cerise sur le gâteau. Dirigeant son regard vers l'énorme créature, l'arme la plus redoutable de l'armure du pirate ne mit que quelque secondes à charger, et le faisceau de plasma brûlant frappa la Reine de plein fouet, fauchant au passage plusieurs de ses congénères et l'un des Atlantes à qui elle filait le train et faisant fuir plusieurs autres créatures abyssales, effrayés par cette soudaine source de lumière et de chaleur. De quoi annoncer sa présence comme il se devait. Peu désireux de rester là maintenant qu'il était entré dans la bataille, David prit aussitôt la direction de la surface, lames au clair, tranchant dans tout ce qui pouvait passer à sa portée sans faire la moindre distinctions. Bondissant hors de l'eau, le pirate atterrit sur la plage avant d'abattre un petit groupe de créatures marines d'un tir de plasma qui les fit frire sur place, avant de décapiter sans ménagement un autre Trencher qui passait à portée, finissant par remarquer Orm à seulement quelques pas de lui, occupé avec deux femmes qui avaient tout d'humaines vivant les deux pieds sur le plancher des vaches « Majesté. » Se baissant pour esquiver un coup de griffes, David faucha le monstre d'un tir de plasma, avant de poignarder à plusieurs reprise un autre Trencher « Avant que tu n'essaye de m'embrocher, je suis pas responsable de ça. Et au fait, j'adore ta tenue. » De tout ce qu'il avait pu voir aujourd'hui, Ocean Master fringué comme un humain était probablement le plus étrange. Mais il ne s'en formalisa pas plus que ça, retournant à son massacre en sachant très bien que le plat de résistance n'allait pas tarder à fouler le sable de la plage.