i am not your master, and you bow to no one | black adam

Le soleil couchant embrase l’horizon cramoisi, Osiris touchant du bout des doigts les terres prospères et paisibles du Kahndaq comme le temps d’une bénédiction bienveillante. Perché sur le grand balcon du palais dominant la place principale de Shiruti, Teth-Adam, drapé de noir et d’or, l’éclair de Shazam frappé sur le torse, contemple sa ville, son œuvre, son royaume, d’un œil inhabituellement apaisé. Le Roi-Tonnerre, ce soir, communie avec les dieux, sans qu’aucun conflit ne vienne perturber la paix fragile du moment. Aucun conflit… ou presque.  « Pardonne mon intrusion, ô Teth-Adam… » Teth s’arrache à sa contemplation et pivote sur ses talons pour faire face à la chef de la police kahndaqi, qui s’approche et s’incline respectueusement. D’un geste de la main, il lui intime de se redresser. « Tu sais bien qu’il n’y a pas d’intrusion quand il s’agit des affaires de notre pays, Ana. Que se passe-t-il ? » « Notre police des frontières me signale une approche suspecte au nord. Deux chars d’assaut et d’une trentaine d’hommes armés. J’ai pensé que tu voudrais être informé. » « Tu as eu raison. Je m’en vais m’occuper d’eux moi-même, dis à tes hommes de ne pas engager le combat. » D’un hochement de tête, Ana confirme ses instructions ; et d’un bond leste, Teth-Adam prend son envol, filant à toute allure dans l’espace aérien du Kahndaq à la rencontre des indésirables. Aucune intrusion ne serait tolérée sur son sol à ce jour – ni maintenant, ni jamais.

Le Kahndaq avait trop souffert par le passé pour qu’il le permette à nouveau.

Il n’avait pas été là, des millénaires plus tôt, lorsque son pays natal avait été ravagé une première fois. Parents assassinés, enfance volée, à lui et sa soeur, par de nouveaux maîtres qui font de leurs frêles silhouettes des bêtes de labeur, des esclaves que l'on use jusqu'à la corde et qu'on jettera quand ils auront rempli leur office. Adam grandi enchaîné, asservi, entre le Kahndaq et l'Egypte, selon le bon vouloir de ses maîtres, il subit les coups de fouet et les privations, qui s'inscrivent dans sa chair et dans son âme comme autant de déclarations de guerre nourrissant sa rage et son impuissance face à l'injustice. Fut-ce Amon en personne qui chuchota son nom à l’oreille du sorcier Shazam ? Teth-Adam ne l’a jamais su : mais c’est en plein désespoir que le sorcier décide de faire de Teth-Adam, l'esclave assoiffé de justice, son nouveau champion de l’humanité, l’avatar des dieux parmi les Hommes, protecteur de la Terre. Un office difficile et exigeant, mais que Teth-Adam accepte : pour l’Egypte, pour le Kahndaq, pour les dieux. Un office qui lui permet de se libérer de ses chaînes, et de recommencer une autre vie, ailleurs, en Egypte, dans les palais des pharaons dont il devient haut-prêtre d'Amon et conseiller - sous le regard bienveillant des dieux, libéré de l'esclavage, Adam accomplit patiemment sa tâche, champion magnanime, sage, profondément dévoué aux Hommes et à la magie qu'il a juré de servir toute son immortalité. Office qui le tient éloigné de ses terres d’origine, et surtout de sa famille : de son épouse, Shiruta, et de ses deux fils, Gon et Hurut. Pendant de longues années, Teth-Adam se fait le serviteur dévoué du pharaon Ramsès II, l’aide à bâtir une Egypte en paix, au comble de la prospérité, une Egypte au sommet de sa puissance et dont le souvenir nostalgique hanterait encore les livres d’histoire et ferait rêver les historiens des millénaires plus tard. Pendant des années, il sacrifie tout pour son pharaon, pour défendre l’humanité contre les plus terribles des menaces de ce monde et des autres, aux côtés d’immenses magiciens et des dieux.

Et un jour, Teth-Adam est forcé de réalisé que la plus grande menace de l’humanité ne vient pas de l’extérieur : elle la ronge de l’intérieur.

Son nom était Ahk-Ton. Prêtre égyptien corrompu par le pouvoir d’un artefact mystique, l’Orbe de Râ, il envahit, esclavagise, pille, détruit tout ce qui se dresse sur son passage. Le Kahndaq compte au nombre de ses tragiques victimes : et Teth-Adam, élu des dieux, protecteur de l’humanité, arrive trop tard pour sauver son peuple décimé, sa femme, ses fils. Sinestro devait dire un jour que pour avoir marché au milieu d’innombrables cauchemars, il avait rarement entendu quelque chose de plus glaçant que le cri de Black Adam : des millénaires plus tôt, c’était Teth-Adam qui criait, seul au milieu d’un pays ravagé, un peuple massacré, une famille fauchée dans la barbarie la plus complète. Impuissant, abandonné, meurtri au plus profond de son âme, lui qu’on disait béni des dieux. Ayant échoué à rattraper et arrêter Ahk-Ton, Teth-Adam enterre sa famille lui-même, et retourne aux côtés de Ramsès. Quelque chose en lui brisé pour les millénaires à venir, le serment de la vengeance scellé jusque dans les confins le plus secrets de son âme.

Teth-Adam sert fidèlement son pharaon tout au long de son long règne, et est même à ses côtés lorsque le plus grand monarque d’Egypte, devenu fragile vieillard, pousse son dernier soupir et suit Anubis dans le fleuve des morts. Délivré de son serment à Ramsès, Teth-Adam a enfin l’occasion d’exercer sa vengeance : il retrouve Ahk-Ton et, après une lutte sans merci, parvient enfin à défaire et tuer le prêtre responsable de la mort de sa famille, de son peuple, de son pays laissé aux griffes d’un autre pharaon infiniment moins honorable que Ramsès. Se refusant à abandonner une nouvelle fois son peuple, Teth-Adam n’hésite pas un instant, et s’en retourne enfin au Kahndaq, fils prodigue et libérateur qui, à lui seul, soutenu par les dieux, renverse les usurpateurs et s’assure de leur faire subir à tous le même supplice qu’ils ont infligé aux siens des années plus tôt. L’exécution est sanglante, mais ô combien méritée. Et Teth-Adam, porté en héros par les siens, prend sa juste place comme nouveau dirigeant du Kahndaq. Un pharaon sévère, strict, implacable, mais juste, dévoué, et prêt à toutes les folies pour que jamais ne se reproduise le malheur qui a déjà frappé son peuple.


Deux chars d’assauts et une trentaine d’hommes armés jusqu’aux dents – les sources d’Ana étaient fiables, comme à leur habitude. Sans prendre la peine de ralentir, et soucieux de ménager son effet, Black Adam atterrit devant les envahisseurs en soulevant le sable du désert autour de lui, le grondement du tonnerre déchirant le ciel avec l’éclair sur son passage. Le champion du Kahndaq se redresse dévisage un à un les hommes pris de court qui braquent leurs pitoyables armes sur lui, distingue à travers les étincelles d’électricité qui s’échappent encore de tout son être que les têtes des tanks bougent pour se fixer sur lui. Des hommes, là-dedans, sans doute le doigt sur la gâchette, prêts à décharger leurs missiles sur lui sans sommation.

Pour peu, il se serait laissé aller à avouer à voix haute qu’il était déçu qu’ils ne soient pas plus nombreux. « Vous transgressez sur le territoire du Kahndaq. J’espère que vous avez une bonne raison. » déclara-t-il, les bras croisés sur son torse massif sur lequel l’éclair du sorcier vibrait encore d’électricité. Il les entend déglutir – tétanisés qu’ils étaient, les voilà incapables de trouver quoi répondre au maître des lieux. Black Adam les toise, attend. Enfin, l’un d’entre eux – le chef, il suppose, le plus gradé – trouve le courage de prendre la parole. Adam accepte de lui reconnaître cette bravoure. Et de peut-être en tenir compte lorsque viendrait le moment de le tuer. « Black Adam, nous ne cherchons pas querelle avec le Kahndaq… » « Vous arrivez avec des chars et des armes, sans déclaration préalable, mais vous ne cherchez pas querelle ? » demande Adam en haussant un sourcil. « Que cherchez-vous alors ? » « Un méta-humain, responsable de nombreux morts en Syrie. Ses victimes se comptent par centaines, et nos rapports indiquent qu’il aurait fui vers le Kahndaq – Sandstorm est son nom. Il est une menace chez vous, il le sera inévitablement pour votre peuple aussi ! » « Sandstorm. » répète Black Adam, une expression songeuse sur le visage. Plusieurs lourdes secondes de silence s’écoulent, la sueur perlant au front des soldats syriens sans qu’ils ne puissent dire eux-mêmes si elle était due à la chaleur caractéristique du désert, ou à la présence de l’imprévisible et impitoyable dieu-roi devant eux. « Je me souviens. Je puis vous confirmer que Sandstorm est bien arrivé au Kahndaq, et qu’il y a été accepté avec le statut de réfugié. » « Black Adam, Sandstorm est recherché en Syrie, son pays natal, pour des crimes de la plus haute grav… » « Vous avez été incapables de l’attraper avant qu’il ne passe la frontière, ça n’est pas mon problème. Et il n’est plus le vôtre. S’il perpétue la moindre infraction au sein de mon pays, soyez assuré qu’il en subira les conséquences de la façon la plus expéditive qui soit – et qu’il paiera aussi pour les crimes commis en Syrie. Maintenant, je vous demande de retourner de votre côté de la frontière. Je ne demanderai pas deux fois. » « Black Adam, sauf votre respect nous… »

Emporté par son élan, le malheureux chef d’escouade n’a même pas le temps de voir ou de sentir la large main de Black Adam lui attraper la tête, ni d’entendre la déflagration électrique qui lui fait exploser la boîte crânienne, teintant le sable ocre du désert d’un rouge sombre tirant sur le brun. Le corps sans tête et sans vue du soldat s’écrase lourdement dans le sable, et pris de panique, le reste des hommes ouvre le feu sur Black Adam… qui a déjà disparu. Une ombre de dessine au-dessus d’eux, et ils lèvent la tête.

N’ont que le temps de crier d’horreur avant que le souverain du Kahndaq ne les écrase avec leur propre char.

Pathétique.

Pendant des siècles, Teth-Adam règne d’une main de fer sur le Kahndaq en pleine reconstruction. Sa loi est stricte, mais nécessaire, et peu à peu le pays se reconstruit sur ses cendres. Le Kahndaq se repeuple, les récoltes renaissent, l’espoir se lève à nouveau, et la légende du dieu-roi libérateur du Kahndaq se construit autour de celui qui soulève des montagnes pour son peuple et frappe ses ennemis de la fureur de l’éclair divin. Adoré autant qu’il est craint par son peuple, Teth-Adam aspire à un Kahndaq au summum de sa gloire, à l’image de l’Egypte de Ramsès II, plus fort, plus prospère encore. Mais ses méthodes impitoyables, sa brutalité lui attirent l’ire du reste du Moyen-Orient, isolent son royaume du reste du monde, font de lui un tyran dans un océan de peur et de ressentiment. Le sorcier Shazam ne reconnaît plus son héros d’antan, autrefois auréolé de gloire, aujourd’hui teinté par la terreur qu’il inspire. La sentence est sans appel : il est temps de reprendre à Adam ses dons divins.

Et le sorcier s’aperçoit, bien trop tard, qu’il y a longtemps que son champion lui a échappé.

Une démone du nom de Blaze, le dieu Seth, un marché conclu dans le dos du vieux magicien, peut-être aussi dans le dos de son champion lui-même, et voilà que Teth-Adam ne dépend plus du sorcier, trouve la source de ses pouvoirs ailleurs, dans six nouveaux dieux, tous issues du panthéon égyptien. Six dieux protecteurs, six dieux volontaires qui ont élu Teth-Adam comme leur champion à eux. Le mot magique existe encore, fonctionne encore, mais le sorcier n’a plus la moindre influence sur son champion renégat. Alors, le sorcier se tourne vers son dernier recours, le repli du désespoir et l’aveu de son propre échec : après l’avoir confronté, il piège les pouvoirs de son ancien disciple et son âme dans une amulette en forme de scarabée, et enferme l’amulette dans le tombeau même de Ramsès II, ce pharaon à qui Adam a tant dédié, dont il a mené et remporté les guerres, ce pharaon qui, à partir de cet instant, devrait veiller sur le champion déchu pour l’éternité. Teth-Adam, le puissant Adam, n’est plus : c’est Khem-Adam, la noirceur de la rage et de la corruption, que le sorcier piège pour les siècles, les millénaires à venir.

Et pendant des siècles, Adam dort, relégué au rang de légende du Kahndaq, où les habitants attendent, patiemment, le retour de leur héros libérateur alors que se succèdent à nouveau les profiteurs, les monstres décidé à user et abuser de leurs privilèges. Le retour d’un leader choisi par les dieux, qui reviendrait un jour les sortir du joug de la terreur.

Les enfants de Teth-Adam étaient morts dans la primeur de l’enfance, mais son frère, lui, avait eu une progéniture, qui elle-même donne naissance à de nouveaux enfants, et la lignée se perpétue sur des années, jusqu’à l’époque moderne. Le dernier descendant d’Adam, Theo, est hélas bien loin de l’héroïsme de son ancêtre. Archéologue cupide, jaloux et ambitieux, il fait partie de l’expédition Sivana aux côtés de Clarence et Marilyn Batson pour découvrir quels autres trésors le temple de Ramsès II peut renfermer. C’est Batson qui découvre le sceau du sorcier sur le mur, Batson qui déchiffre le mot magique, ‘Shazam’ pour ouvrir la nouvelle antichambre laissée scellée pendant des siècles, jamais découverte par les pilleurs. Mais c’est Theo qui veut s’emparer du trésor, Theo qui veut s’approprier la gloire, et Theo, surtout, qui se laisse hypnotiser par l’amulette en forme de scarabée reposant dans le sarcophage. Envoûté, appelé par une force qui le dépasse et le pousse à tout, et surtout au pire, pour s’en emparer. Marilyn s’enfuit après une première attaque ratée sur son mari, et pendant son absence, Batson baisse la garde : le poignard de Theo se loge dans son dos juste avant que le tombeau ne s’écroule, le meurtrier s’enfuyant avec la moitié de l’amulette. L’autre moitié est entre les mains de Marilyn Batson : il la retrouve à leur hôtel, et l’assassine aussi, puis la nourrice témoin du meurtre. Une seule, ce jour-là, est épargnée par la folie de Theo : Mary Batson, petite Mary Batson, qui n’a rien vu, et demande à ‘oncle Theo’ où est passée sa nourrice. Remords soudains ? Mansuétude insoupçonnée ? Lâcheté ? Intervention, peut-être, de l’âme coincée dans l’amulette, qui refuse de donner dans la bassesse d’assassiner un enfant sans défense ? Toujours est-il que Theo épargne Mary, et disparaît dans la nature. Quelques temps plus tard, dévoré par la magie de l’amulette, il réussit à briser le sortilège : l’âme retrouve corps humain dans son descendant, s’approprie son indigne progéniture, une âme écrase l’autre, une personnalité prend le dessus. Theo Adam disparaît, et avec lui ses crimes, nécessaires pour libérer le héros maudit qui, enfin, reparaît : Teth Adam est de retour, et les dieux, dans les cieux, tonnent en chœur pour célébrer la résurrection de leur champion perdu.

Le retour triomphal de Teth-Adam est pourtant de courte durée. Sentant le danger approcher, le sorcier sort de son apathie et nomme un nouveau champion, dont le cœur et l’âme n’ont pas été entachées par la corruption dont Adam s’est rendu coupable : Billy Batson, le fils même des victimes de Theo. En l’apprenant, Black Adam se met en tête de retrouver ce nouveau champion et de le tuer, afin de se débarrasser de la concurrence et d’établir une bonne fois pour toutes sa supériorité en tant que champion de l’humanité. Mais Black Adam est défait face au nouveau champion, battu au terme d’une longue et ahurissante bataille. Humilié, furieux, Black Adam se tourne alors vers la seule chose qu’il lui reste, le moteur qui a guidé sa main dans le sang et dans le sable pendant des siècles : le Kahndaq. Il y fait son grand retour en 2015, accomplissant enfin la prophétie des temps anciens, et tout le pays acclame le retour de son héros alors qu’il pénètre le palais de Shiruta et massacre sans sommation le gouvernement en place. Asim Muhunnad, pharaon des temps modernes et usurpateur de trône, est renversé et tué sans l’ombre d’une hésitation. Black Adam reprend possession de son pays, adulé par les foules, enfin rentré chez lui. Auprès du tombeau de sa famille, dont le destin n’a jamais été, et ne sera jamais oublié, pour que plus jamais aucun kahndaqi n’ait à subir la douleur qu’ils ont trop longtemps endurée.

Les années qui suivent, Black Adam les dédie à reconstruire le Kahndaq une nouvelle fois, cette fois sans craindre de voir le sorcier contrevenir à ses plans. Il modèle le pays selon ses rêves de grandeur, le taille à même la pierre, l’élève en un royaume digne de son peuple où la servitude n’a pas sa place et où chacun peut vivre en paix, avec la certitude que tant que leur héros des dieux veille sur eux, rien ne peut plus leur arriver. Les kahndaqi, forgés par des siècles de maltraitances et de souffrances, ne connaissent que trop bien le prix de la paix, et soutiennent jusqu’au bout leur nouveau dirigeant. Très vite, le pays devient un modèle d’équilibre entre tradition et modernité, où le poids du passé se fait encore sentir mais où l’on en tire les conclusions qui s’imposent. Farouchement protecteurs les kahndaqi s’équipent d’une armée, d’une police secrète, et prêtent main-forte à leur dirigeant contre les menaces de l’extérieur. On y abhorre la trahison et l’injustice, les forts protègent les faibles, et l’on s’unit, sans protester, sous la poigne de fer du Roi-Tonnerre. Black Adam est là, lorsque frappent les paradémons de Darkseid, repousse aisément leurs attaques sur le Kahndaq et les renvoie manu militari du trou duquel ils avaient émergé. Black Adam est là aussi, lorsque le Syndicat du Crime frappe – et pour la première fois depuis son retour sur le trône, le dictateur consent à quitter ses frontières pour aller à la source du problème, luttant en marge des superhéros qu’il méprise mais, pour une fois, sans lutter contre eux.

Le Kahndaq est un pays isolé, à l’image de son dirigeant, mais pas sans alliés. Sachant ses chances de vaincre Captain Marvel minces tant que la Justice League est là pour veiller sur lui et lutter à ses côtés, Adam se voit invité à rejoindre son opposé : l’Injustice League, initiative née du cerveau de Lex Luthor, où Adam côtoie divinités, royauté, self-made men et criminels sans discrimination apparente. Des alliés étonnants, mais qui peuvent se montrer utiles et qu’Adam accepte avec prudence, pour le bien du Kahndaq et pour sa lutte personnelle contre son éternel rival. Une alliance de circonstances, mise à mal le jour où un speedster décide d’altérer la réalité. Mehen et Zehuti, en bons protecteurs, préservent sa mémoire et sa conscience, et Black Adam n’est pas dupe de ces changements de temporalités. Rien, revanche, n’aurait pu le préparer au choc du changement que le Bartpoint lui avait réservé : un fils épargné, un fils, Hurut, que dans cette réalité il était arrivé à temps pour sauver, un fils rendu immortel en partageant avec lui les pouvoirs du sorcier, un fils qui régnait avec lui sur le Kahndaq, non en successeur, mais en égal.

Un fils qui lui est reprit lorsque le monde retourne, inévitablement, à son état normal.


Les flammes s’élèvent dans le désert alors que la nuit couvre doucement la scène d’une chape bleutée. Au-dessus des corps démantelés et sanguinolents et des chars en feu, la silhouette de Black Adam se surélève, flotte au-dessus de son œuvre, contemple ce nouvel accomplissement sans joie, mais non sans satisfaction.

Rien ni personne ne viendrait troubler la paix de son paix. Il en avait fait le serment, et il ne le romprait qu’au jour de sa mort. A ses pieds, un survivant à l’agonie a le malheur de cracher du sang. Black Adam l’attrape par la gorge, le soulève sans effort au-dessus de lui, offert vers le ciel, offrande à ses dieux, à son peuple, à ses morts, l’électricité crépitant déjà du bout de ses doigts, sur l’éclair frappé sur sa poitrine, dans son être tout entier. Au-dessus d’eux, le ciel se charge, gronde, et enfin se déchire d’une formidable décharge de foudre quand tonne la voix de champion.

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