SEVEN SINS ✸ (soirée Métropolis, groupe 4)

Devant le miroir de la salle de bains, j’appliquai une dernière touche de parfum boisé soutenu avec un fond de cuir, puis reculai de quelques pas pour admirer ma tenue du soir. Quelque chose de chic et d’élégant qui se pliera à merveille aux exigences de la soirée donnée à Metropolis. N’étant pas particulièrement friand de ce genre d’étalage de richesse ou de glamour aux yeux affamés d’un public à l’affût du moindre geste des grands de ce monde, j’avais misé sur un complet avec nœud papillon. Rien d’extravagant, mais quelque chose dans le thème tout de même. Par ailleurs, j’avais dû multiplier les séances de sport ces derniers temps, et c’est la seule chose dans laquelle j’arrivais encore à rentrer : d’une morphologie normalement fine, j’avais développé un appétit insatiable depuis quelques jours, et le sport à outrance était la seule solution que j’avais trouvé pour compenser avec cet apport calorique complètement ingérable. A se demander si je n’avais pas des envies de femme enceinte. Une notification sur mon téléphone m’annonça que mon Uber m’attendait en bas de l’immeuble. Un dernier réajustement du nœud, et en route, mauvaise troupe.
Enfin arrivé, je remarquai déjà que les journalistes faisaient crépiter leurs flashs dans tous les sens, guettant le gratin de la société, ou les invités insolites qui étaient attendus. Discret, je montrai mon badge à l’un des responsables de la sécurité, en le gratifiant d’un sourire aimable, puis je me fondis dans la foule en franchissant rapidement le tapis rouge. Allez, plus que quelques mètres à faire, et tu seras tranquille, Josh’. La ligne d’arrivée est au bout, et… « Ooooh, Monsieur, venez par ici, c’est pour le Daily Planet ! » Enfer et damnation, j’ai failli réussir. Je contiens un soupir d’exaspération et m’en vais gentiment vers la journaliste qui accoure avec son caméraman. « Bonsoir, vous êtes… - Je suis le docteur Leroy. – Ah, docteur ! Cette soirée est donc toute trouvée, pour vous, en soutien à la reconstruction de notre monde suite aux évènements terribles qui l’ont secoué. Avez-vous eu de nombreuses victimes à traiter en urgence ? – En réalité, je suis psychologue, ma tâche a donc été davantage centrée sur… vous… excusez-moi, vous avez un parfum… » Sucré. Doux. La journaliste, surprise quoique flattée, fronça un peu les sourcils sans se défaire de son sourire. « Merci, mais c’est seulement un… - Non, non, c’est… Veuillez m’excuser, je… On m’attend. » balbutiai-je avec le regard fixé au loin. Je contournai la jeune femme, qui resta aussi coi que son collègue, et fonçai droit sur ma cible en écartant la foule tel Moïse fendant la Mer rouge en deux. L’objectif. « Mais c’est quoi ce buffet de diiiingue… » soufflais-je avec les yeux d’un gamin pour qui on aurait exclusivement avancé la date de Noël. Du foie gras, des gambas, des verrines, de la truffe, du saumon fumé… et là, je ne parle même pas encore du sucré. Ni même des boissons qui pétillaient dans de somptueuses coupes. Sans perdre davantage de temps, je commençai à engloutir les hors d’œuvre avec l’appétit d’un Shrek mis à la diète depuis trois mois. « Vous devriez echayer cheux-là, ch’est à che taper les feches par terre. » lançais-je la bouche pleine à une dame qui me regardait me jeter sur le buffet comme la misère sur le monde.
Soudain, entre un toast au guacamole et une gorgée de champagne, une main féminine et délicate se posa sur la mienne pour… glisser lascivement… et… « Je rêve où vous me… » Non, non, je ne rêve pas : elle me vole mon petit four. Cependant, la colère se dissipe lorsque je croise son regard et que mon imagination se figure rapidement un tout autre scénario. Hébété, je reste muet et la regarde s’éloigner. Il me fallut quelques secondes pour réagir et la suivre. Une fois près d’elle, je l’attrape doucement par le poignet et lui sers un sourire charmeur agrémenté d’un regard aussi brûlant qu’un volcan au bord de l’éruption. Puis, sans un mot, mes mains glissent sur sa nuque et mes lèvres se joignent aux siennes avec une passion vorace, sauvage, sensuelle. Une trentaine de secondes enflammées s’écoulent, avant que je ne relâche cette étreinte fugace, pour ensuite murmurer au creux de son oreille. « Tu avais encore quelques miettes au coin des lèvres… » Quoi ? C’est vrai, en plus. Je la gratifiai d’un clin d’œil à nouveau et reculai doucement au milieu de la foule, avec le sourire d’un allumeur. La soirée promettait d’être décidément placée sous le signe de la gourmandise…

Outre ce côté rat de bibliothèque assumé qui fait, à mon sens, tout mon charme au sein d’A.R.G.U.S. au milieu d’un bataillon de muscles aux ordres de Waller, je n’ai jamais été le dernier à faire la fête pour oublier tous les tracas du quotidien, céder à des pulsions plus primitives à condition qu’elles soient partagées… et ce n’était pas l’omniprésence de la haute société ou des médias qui semblait pouvoir réfréner ces envies ce soir. A mesure que je m’éloignais de cette ravissante jeune femme brune au charme tout à fait animal, je sentais mes battements de cœur s’estomper, comme si le sang pompé pour faire battre mes fantasmes soudains retrouvait un débit à peu près normal. D’ailleurs, je décidai de tourner le dos à l’inconnue et presque automatiquement, la brume qui avait enveloppé mes sens se dissipa. Je clignai plusieurs fois des yeux, comme pour essayer de reprendre mes esprits et comprendre ce qui venait de se passer, mais une fois encore, ce fut mon odorat qui, traître, en décida tout autrement : un plateau de charcuteries passa juste sous mon nez, et ce fut à peu près tout ce que j’eus besoin de savoir. A la manière d’un chien de chasse, je suivis le serveur avec une avidité assez inquiétante pour un œil extérieur. Jambon sec, tu m’as manqué. C’est du Bayonne, non ? Ou du jambon de Parme, peut-être. Il faudrait le goûter plusieurs fois pour être vraiment sûr. « Oh, encore toi… » soufflais-je en faisant un tour sur moi-même, distrait par une main devenue presque familière qui s’emparait de la mienne. Je décochais un sourire charmé à cette somptueuse femme à l’appétit décidément aussi vorace qu’on puisse l’imaginer, mais bientôt, une contrariété fit son apparition dans un coin de ma tête. « Oui, mais j’ai faim, tu s… » Je m’interrompis à nouveau en écoutant ses paroles suaves, hypnotisé par le son de sa voix, par ses caresses lascives qui invitaient toute forme de volonté en moi à se taire, et par la vue d’un homme blond massif qui embrassait sans vergogne chaque centimètre carré de peau qui s’offrait à lui. Après avoir dégluti, je m’abandonnais à mon tour à un voyeurisme à peine dissimulé, jusqu’à ce que mon regard happe celui de cet inconnu à la carrure hors du commun. Et je ne pus m’empêcher de lui adresser un sourire en coin, enflammé par un désir maintes fois provoqué par la demoiselle dans mon dos. Bisexuel assumé, je devais bien admettre que ce gaillard pourrait aussi satisfaire une autre forme de gourmandise qui semblait me coller à la peau depuis que cette brune infernale m’avait mis le grappin dessus.

Je sortis alors de cette bulle érotique d’où j’étais prisonnier, réalisant que les mains expertes qui caressaient mon corps s’étaient évaporées. Et automatiquement, mes yeux retrouvèrent le buffet. Mon buffet chéri. Les mains plongées dans les victuailles salées ou sucrées sans distinction, je mangeais sans discontinuer, oubliant presque tout ce qui venait pourtant de se produire… jusqu’à ce que la voix mélodieuse de cette inconnue se fasse entendre à nouveau. Et là, je bloquai. Totalement. J’en oubliai presque de manger, alors que j’étais en train de me goinfrer d’un gâteau au chocolat et à la crème à plusieurs étages. Elle venait de faire une suggestion qui m’apparut comme l’idée la plus brillante de tous les temps. Je tournai vers elle un regard grave, profond. Intense. « C’est sérieux, cette idée de tirer la nappe pour embarquer la nourriture ? Parce que j’y pense depuis tout à l’heure, en fait, mais bon… » murmurai-je à voix basse, avec un air de complice en devenir. Je remarquai alors la ravissante jeune femme qui se trouvait à côté de l’autre ravissante jeune femme de la soirée, et lui adressai un sourire éclatant. Eclatant de chocolat, alors le peu de bonnes manières qu’il me restait, je l’utilisais pour prendre une serviette et m’essuyer la bouche après l’avoir rincée au champagne. Oui, gourmandise, encore.
« Bonsoir, Kory. Moi c’est J… » Pas le temps de finir que les lèvres de la jolie brune dévorèrent les miennes à nouveau, me délivrant un goût de chocolat enivrant qui me fit fermer les yeux. Mes mains serrèrent sa taille fine avec passion, jusqu’à ce que nous nous séparions. « … Joshua. » soufflais-je, le regard brûlant. D’ailleurs, mes pouvoirs s’éveillèrent doucement, créant une bulle de chaleur tout autour de nous. Incontrôlable. Et la gourmandise prit le pas à nouveau, lorsque mes yeux s’attardèrent sur les lèvres pulpeuses de la nouvelle venue : je vins les cueillir d’un baiser fugace et hardi. Quitte à me prendre la gifle la plus méritée de la création. Et par-dessus son épaule, j’adressais le même regard au grand blond baraqué, d'un signe de tête en sa direction. Pourquoi ? Parce que des flashs d’orgie romaine, mêlant débauche et nourriture à foison, assénèrent mon imagination qui rêvait de voir la crème chantilly que j’étalais de mon pouce sur les lèvres de la brune féline couler sur nos corps entrelacés… « Et toi ? » demandais-je à la première, tandis que ma main libre glissait sans innocence sur le bras de Kory.

En sentant du vin venir m’arroser alors que mes yeux passaient des deux exquises créatures qui s’offraient à moi au buffet, je clignai des yeux en fronçant les sourcils. D’où est-ce que ça venait, ça ? Lorsque mon regard croisa celui du grand blond qui s’acharnait visiblement sur l’épaule offerte de Selina, je ne pus réprimer un léger sourire en coin. En d’autres circonstances, j’aurai probablement râlé en voyant le tissu de ma veste de costume ruiné par les taches de rouge, mais cette fois, mon esprit semblait totalement préoccupé par autre chose. Par les lèvres pleines des deux jeunes femmes à proximité. Par le corps musclé de cet homme dont j’ignorais le nom. Et surtout… surtout par cette quantité de mets fins qui attendait d’être dégustés sans commune mesure. C’est ainsi que je me désintéressais doucement de tout ce beau monde pour laisser ma main glisser lentement mais sûrement en direction d’un toast de foie gras sur pain d’épices, sans même entendre les paroles crues et directes que s’échangeaient les deux femmes. J’aurai sans doute rougi, autrement. Sans être prude pour autant, j’estimais avoir une certaine forme de pudeur qui m’interdisait de parler de ce genre de choses avec des étrangers, encore davantage sans prendre de pincettes comme elles semblaient le faire. Loin de ces mondanités pleines de vie, j’avais réussi à me décaler un peu du groupe chaud comme la braise pour me trouver le spot idéal afin de me rassasier à grands renforts de verrines, cette fois. Tartare de saumon et fromage frais, velouté de betteraves et jambon cru, caviar de courgettes et crème de parmesan… Rien n’effrayait mon palais noyé par une envie de consumer comme quelqu’un qui n’aurait pas mangé depuis des semaines entières.
Cependant, Selina sembla en avoir décidé autrement. Alors que je leur tournais le dos, le bruit d’une détonation – suivie de nombreuses autres – me fit sursauter et lâcher un verre de vin blanc. « Mais c’est quoi ce sketch ?! » lâchais-je avec le ton mécontent d’un épicurien dérangé en pleine séance de food porn. En me retournant, je vis une foule prise de panique par quelque chose que je n’arrivais pas à comprendre. Un simple bruit de pétard ferait-il donc si peur, maintenant ? Sourcils froncés, je vis alors Selina s’asseoir sur la table, impériale et autoproclamée cheftaine de ce pique-nique… au sens vraiment strict du terme. Pique. Nique. « Par contre, j’vous préviens, je suis très égoïste sur le sucré… » lâchais-je en levant mon index, comme pour prévenir mes camarades de fortune. Résolu comme une shopping-addict un jour de soldes, j’attrapai une nappe et tirai dessus pour m’en servir de ballotin et y jeter un maximum de victuailles… non sans jeter un regard jaloux à quiconque voudrait s’approcher d’un peu trop près. Lorsque le plein fut fait, je fis un nœud solide autour pour ensuite faire signe à mes coéquipiers de me suivre… J’attrapais d’ailleurs Kory par la main – galamment, tout de même – puis l’invita à rester à mes côtés pour que nous puissions nous frayer un chemin dans la foule agitée. Un peu plus loin, j’apercevais un coin tranquille et étonnamment près de la scène. Comme quoi, c’est au plus près de l’horizon des évènements qu’on s’attend le moins à trouver quelques parias armés de fourchettes et de dents aiguisées.
Couverts par le bruit de la scène et de la foule qui semblait enfin se calmer un peu, j’étalais la nappe au sol après avoir lâché la main de Kory, un sourire pendu aux lèvres. « Il te fallait un bout de nappe, il me semble, non ? Installe-toi comme les Romains, alors ! » dis-je en la gratifiant d’un regard à la fois amusé et coquin. Je retirai dans le même temps ma veste de costume, pour éviter de sentir le vin, puis je m’installais également sur la nappe, couché avec une jambe pliée et un air délicieusement décadent. « Chympa tes groches billes, Chelina… » lançais-je, la bouche pleine, à la jolie brune. Comment un tel matériel avait-il pu passer la sécurité ? En d’autres circonstances, j’aurais été inquiet, une fois de plus… mais cette fois, rien ne me semblait plus primordial que ce pique-nique improvisé. J’avalai ma bouchée et attrapai une tomate cerise. « Et toi, qu’es-ce qui t’amène ici, beau blond ? Tu t’appelles comment ? » demandais-je à l’homme qui nous avait suivi, en lui lançant la tomate pour qu’il la rattrape au vol. Non, je ne me cachais pas de le complimenter sur sa silhouette, ni de n’avoir aucune préférence entre les hommes et les femmes en règle générale. Et quelque chose me disait que l’ouverture d’esprit ne serait pas un problème chez ces dames… je glissais d’ailleurs un regard entendu sur la silhouette gracieuse de Selina, en lui faisant signe de venir près de moi. Mais pas trop près de la nourriture quand même. Faut pas abuser, non plus.

Tandis que les invités commençaient tout juste à se remettre du chaos provoqué par les billes piégées de Selina, je prenais le temps de regarder le groupuscule qui s’était formé autour de ce pique-nique de fortune. Bien que je ne sois absolument pas snob, je me surpris à penser qu’en temps normal, je n’aurais peut-être jamais rejoint un ensemble de personnes aussi hétéroclite. D’une femme à l’allure féline qui semblait donner un tout autre sens au mot « allumeuse » à une autre tout aussi tentatrice, en passant par un mastodonte à la chevelure blonde et fumeur… Non, clairement, ce n’était pas le genre de compagnie à laquelle j’étais habitué en règle générale. Sourcils froncés, je me demandais d’ailleurs si c’était une bonne idée de rester ici, de joindre cette joyeuse bande. Peureux ? Non, mais j’avais pour coutume de respecter les règles… A l’instant où la pensée de m’en aller en toute simplicité me traversa l’esprit, je vis une tartelette aux fruits me passer sous le nez, entre les doigts de Selina, avant de finir sa course entre ses lèvres pulpeuses. « Eh ! » protestais-je, l’air étonné. Mais inutile de chercher à tergiverser, elle avait l’art et la manière de savoir clore le bec de quiconque : la voici en train de se déshabiller à la vue de tous, sans une seule once de pudeur. Je m’aperçus que j’étais bouche bée à l’instant où un moucheron qui passait par là heurta ma lèvre inférieure. Je tournais ensuite la tête vers Kory qui annonçait sans détour avoir été mannequin lingerie. Ceci après que Sergei ait gobé sa tomate cerise d’une manière relativement suggestive. Mais où suis-je, vraiment ? « Je… Joshua. Enchanté, Sergei. » marmonnais-je sur un ton absent, en secouant la tête pour essayer d’ingérer toutes ces informations aux inclinations aussi sexuelles que Selina plantée devant ce gamin là-bas, érigée en intouchable désir aux yeux de ce pauvre petit qui devait être à la fois tiraillé entre le fantasme et la peur de mal faire.

Ce furent les odeurs de nos victuailles qui me ramenèrent à ce qui était censé occuper toutes mes pensées : manger. Encore. Toujours plus. D’ailleurs, sans perdre plus de temps dans la contemplation, je me saisis d’un énième canapé pour le gober aussi rapidement que les cinq ou six qui suivirent. Fin gourmet ordinairement, je m’apercevais que ce soir, j’avais plutôt envie d’engloutir sans même avoir terminé ma bouchée, plutôt que de savourer chaque goût qui viendrait effleurer mon palais. « Vous avez essayé les… OH ! » Je me levais soudainement en apercevant au loin une pièce majeure du buffet : des mini burgers. De toutes sortes. Je me précipitais sur l’une des tables épargnées par le carnage de tout à l’heure, puis revenais avec les victuailles que je déposais avec le reste du butin. « Oh non, ils sont froids… » Une idée germa alors aussi vite que ce constat de refroidissement. Je jetais un coup d’œil rapide autour de nous, les yeux étaient rivés sur Selina, ce qui nous laissait à tous suffisamment d’intimité : après avoir placé quelques cailloux ensemble ici et là, ainsi qu’une grosse bûche qui servait de décor « récup’ » à l’une des tables non loin de là, je fis sortir une flamme de la paume de ma main. Discrète, mais suffisamment puissante pour enflammer la bûche en une fraction de seconde et chauffer les pierres pour baigner notre petit cercle privé dans une chaleur douce et réconfortante. « A table ! Eh, faut manger si tu veux pas avoir la tête qui tourne, avec tout cet alcool, Sergei… » Sans me faire prier, je plaçais les burgers près de la chaleur des flammes dorées qui dansaient au milieu de notre groupe, dévorant à nouveau sans partage. Et sans remarquer que les flammes montaient peut-être un peu trop haut des branches des arbres, ou des installations électriques de la scène voisine… Quand j’y pensais, pas sûr que la chaleur d’un feu soit la meilleure idée compte tenu des ardeurs de notre petite bande.