La gamine est devant sa série, les yeux plus brillant qu'une constellation. C'est LE moment. Celui où l'on va savoir si les sentiments de Calvin penchent d'avantage pour Chloe la délurée ou pour Michelle la prude. Plot twist de folie au pays du cis blanc hétéro. Mais rien d'original que ce dilemme antédiluvien, entre la maman et la catin. Megan connait son camp. C'est sans honte qu'elle avoue se laisser influencer par ce genre de soupe télévisuelle. Elle en tire une partie de sa personnalité. Sa légère timidité, sa politesse bien ancrée, sa douceur sucrée. Son goût pour les chignons serrés et les robes à fleur, aussi. Cuillère emplie de glace suspendue dans l'espace, le temps s'arrête. La bouche est ouverte mais elle ne fait même pas l'effort de la viser, trop vissée à la télé. Enfin, le moment qu'elle attend, son coeur en raterait quelques battements, Calvin approche de Michelle doucement et...
Flash spécial : Interruption des programmes suite à l’assassinat du président.
Nooooooooooon. Tristesse. Désespoir. Son monde s'écroule. Elle qui ne connait rien à la simplicité de regarder ses programmes préférés en replay. Elle n'y croit pas. Pas à la mort du président, c'est tellement secondaire. Mais qu'on ose couper l'épisode quand il pousse la tension à son paroxysme. Les humains sont cruels. Elle enfourne la cuillère dans sa bouche et heureusement, le froid ne gèle pas totalement ses fonctions cognitives. Soudain, quand les deux journalistes font leur apparitions, elle commence à capter l'information. Président. Meurtre. Méta-humain. Elle doit prévenir les autres. Appel télépathique à ceux qui veulent encore la laisser faire, les autres se débrouilleront sans elle. Elle pressent que l'Histoire vient de prendre un tournant.
*****
Des manifestations ont lieu aux quatre coins du pays, dans les plus grandes villes. Nous attendons le rassemblement le plus massif devant la maison blanche, ce soir à 5h. Les dispositifs de sécurité ont été renforcés.
Manifestations... Elle se souvient avoir eu un cours là dessus, comment certaines d'entre elles avaient marqué leur époque. Qu'elles soient sanglantes ou exécutées avec le plus profond pacifisme. Elle se souvient de Gandhi et d'une histoire de sel qui avait posé les prémices de la libération de l'Inde du colonialisme, sans violence aucune, ça l'avait beaucoup impressionnée. La martienne n'a jamais participé à l'une d'elle. ça n'existe ni sur sur sa planète, ni sur Tamaran. C'est une curiosité terrienne, une activité typiquement locale, à laquelle elle a furieusement envie de participer. Elle proposerait bien à l'un de ses coéquipiers de l'accompagner. Pas totalement inconsciente du danger d'esprits échauffés par un sentiment d'injustice, par une peur qui rôde et gronde, tapie dans l'ombre. Mais ils sont tous trop occupés à tirer la tronche. Elle s'en fout, elle va aller étudier son peuple d'adoption, Megan l'anthropologue.
Elle est vite prise en tenaille par l'effet de foule à laquelle elle n'est pas capable de donner un nombre. Il y a du monde. BEAUCOUP. Pour effectuer cette marche jusqu'à la maison blanche. Mais tout se passe dans le calme. Les gens sont presque souriants. Ils tiennent des pancartes colorées qui lui plaisent mais dont elle ne peut lire les revendications. Jusqu'à ce qu'on lui tende l'une d'entre elle. Megan est sous couverture. Pour pouvoir observer au dessus de la foule compacte, elle est plus grande que la normale, avoisinant le mètre quatre vingt et sa chevelure rousse à laissé place à l’ébène. Le vieux qui fatigue avec ses bras en l'air pense sûrement que de la hauteur de la martienne, son message aura plus de chance de passer. C'est une bonne idée, puis elle a à coeur de participer, même modestement. Elle retourne le carton porteur de sa réclamation : Aliens go home.
Y'a comme un truc qui reste coincé au travers de sa trachée. Elle se retourne lentement, et comprend après une observation minutieuse et à coup de "Make human american great again" et autres slogans, qu'elle est en plein milieu d'une manifestation anti-méta. La martienne grisée en perd ses couleurs. C'est le moment que choisit la marche pour s'arrêter. Ils sont face à la maison blanche. Enfin... Elle en est assez loin puisqu'elle est en fin de cortège et elle entend, merci l’ouïe fine, que ça s'agite à l'avant, que la résistance attendait patiemment la confrontation. Elle se fout de griller sa couverture puisque son physique est créé de toute pièce, elle se rend intangible, et use d'invisibilité pour traverser la foule. Ce qu'elle voit la rassure. Juste des opinions qui s'expriment avec un peu trop d'intonations, de la part de la présidente de la ligue pour la défense des MHEAEP (Méta-Humains Et Autres Êtres Particuliers). Il est d'autorité publique qu'elle couche avec l'un d'eux et qu'elle est prête à les défendre bec et ongles. Megan reste là un moment, juste au cas où, mais il y a de nombreux policiers, des hélicos qui volent au dessus de sa tête et surtout, les caméras des journalistes braqués sur l'endroit. Le même où un méta humain pyrokinésiste met le feu aux poudres.
MAIS C'EST QUOI CE KARMA ? Il ne pouvait pas faire de la glace ? Faut absolument que ce soit totalement spectaculaire ? Et qu'elle se retrouve sérieusement handicapée ? Miss Martian se révèle, peau verte et jupette, en s'élevant dans les airs. L'attention est sur elle pour un moment. Puis repasse au gamin au milieu de la foule dont les mains s'enflamment. Perte de contrôle sur un pouvoir récemment acquis ? Boosté par la colère de ne jamais trouver une place dans cette société qui le rejette ? Ou consciemment augmenté par un produit stupéfiant ? Elle laisse les inspecteurs ou journalistes zélés répondre à cette question, son job, c'est de limiter les dégâts et que le terrain ne finisse en champ de bataille.
Et soudain, surgissant du ciel comme une comète d'émeraude, Green Lantern. Pulsations cardiaques qui tentent d'établir un nouveau record et envoient des décharges électriques dans son cerveau. Elle lui court après depuis deux ans ! DEUX ANS. Et il est là, à un mètre d'elle. Dans d'autres circonstances, elle serait déjà dans ses bras, tellement heureuse de retrouver celui qui a bouleversé son destin mais la situation est trop urgente.
« Green Lantern !! Tu veux bien m'aider ? Je suis sensible au feu. Je m'occupe des civils et policiers ? Je suis à l'épreuve des balles, je doute que ce soit son cas. »
Qu'elle dit en désignant le méta pris à partie par la foule bien décidée à en découdre et exprimer son ras le bol de voir ses rues infectées de ces autres aux pouvoirs que trop puissants. Bonjour l'ambiance des retrouvailles qu'elle attend depuis si longtemps.
La réunion de la Ligue lui trottait encore dans la tête. Parfois il avait l’impression qu’ils en rajoutaient un peu ou se montraient trop prudent sur certains points. D’un autre côté, Hal avait été très longtemps absent et il ne pouvait juger objectivement de la situation actuelle. Certes l’évènement était de taille. Nul doute que les sensibilités seraient exacerbées, et que des réactions étaient prévisibles de la part de certains. Le sujet serait l’occasion de relancer de vieux débats, et de vieilles rancœurs. Le Green Lantern se montrait probablement trop optimiste, et en oubliait parfois que si sur les autres planètes, l’existence d’autres peuples et d’autres races était une chose naturelle et acquise… La Terre était encore un enfant faisant ses premiers dans ce domaine, même lui parfois avait des réactions encore un peu étrange. Pour le moment, il se contentait de survoler les différentes manifestations à travers le pays pour s’informer principalement. Ce n’était pas réellement une surveillance, mais une envie de sa part de voir la situation de ses propres yeux. Les slogans et pancartes le dépitaient profondément, tant c’était d’une étroitesse d’esprit. Et pourtant, Hal ne pouvait s’empêcher de s’interroger sur ses propres réactions, si il n’était pas devenu un Green Lantern presque cinq ans auparavant. C’était difficile de deviner ou même de supposer maintenant qu’il possédait toutes ces connaissances et qu’il avait vécu toutes ses expériences.
Chaque survol lui montrait des manifestations tantôt animée et tantôt calme. Quelques débordements mais rien de significatif heureusement. Une fois son petit tour terminé, il comptait bien rentrer chez lui et se reposer un peu. Retrouver le calme de sa demeure après autant de temps dans l’espace à veiller sur la sécurité de son secteur. Cela était devenu une petite routine pour le terrien maintenant. Pour clôturer son petit survol, Hal prit la direction de la capitale. Les manifestants étaient arrivés devant les portes de la maison blanche à son arrivée. Tout lui sembla plutôt pacifique à mesure qu’il remontait la colonne des manifestants, jusqu’à ce qu’on l’interpelle. Une personne à quelques mètres de lui survolant la scène de carnage. Un méta-humain pyrokinésiste. Il avait bien choisi son moment pour faire son apparition. Autant dire que le débat fut de plus en plus animé entre les défenseurs des méta-humains et les autres. Le regard du Lantern s’attarda sur la jeune femme. Elle lui rappelait vaguement quelque chose, mais son attention fut attirée par la petite jupette. Elle ne devait pas avoir peur de se montrer. Un hochement de tête accueillit sa première question, et Hal se mit à parler en même temps que la jeune martienne.
_ « On se connait non… j’ai l’impression qu’on s’est déjà rencontré. » La fin de sa phrase attira l’attention du Lantern, qui reprit. « Ah le méta-humain. Oui oui on fait comme ça. »
Son esprit se focalisa sur le méta-humain, prêt à se faire lyncher par la foule haineuse. Le premier geste du Lantern fut de créer deux immenses extincteurs pour éteindre les flammes du pauvre malheureux. Il profita de cette occasion pour arroser un peu la foule trop proche. Un moyen de les éloigner sans apparaître comme un défenseur du méta-humain.
_ « Désolé… Pas facile à manier ces bestiaux-là »
De simples excuses prononcées sur un ton faussement honnête. Certains reculèrent et laissèrent le Green Lantern agir, tandis que d’autres donnaient l’impression d’avoir compris son manège. Heureusement la popularité du policier galactique était plutôt grande parmi la population. Toujours dans les airs, pour attirer les flammes dans une direction moins dangereuse, Hal tenta de prendre contact avec le méta-humain pour calmer la situation de manière pacifique.
_ « Salut mon gars. C’est un temps magnifique pour un barbecue, mais c’est peut-être pas le lieu le plus approprié. En plus t’as oublié les hamburgers et les saucisses. Si tu te calmais qu’on aille faire des courses. »
Green Lantern tenta de s’approcher doucement, mais son mouvement capta l’attention du méta-humain. Des flammes jaillirent dans la direction de Hal, et ce dernier évita le premier jet sans difficulté. Un second suivit rapidement, qu’il esquiva aussi. Ces deux attaques, ou défenses probablement, s’évanouirent dans l’air. La troisième passa plus près du sol, maintenant qu’il avait dû se rapprocher de la surface pour esquiver les deux premières salves. Le Lantern esquiva ce dernier jet… Et il eut juste le temps de réagir pour protéger la jeune martienne. Les flammes se dirigeaient vers elle quand une sorte de grosse soufflerie reliée à un tuyau apparut devant elle. Les hélices happèrent les flammes et le tuyau les recracha vers le ciel. Hal installa plusieurs autres appareils du même type autour du méta-humain… Toutes ces constructions vertes semblaient l’avoir calmer pour quelques secondes. Le Green Lantern en profita pour s’approcher de Megan.
_ « Par hasard tu sais pas parler le feu ou un truc dans le genre… voir mieux lire dans les esprits ? » Il lui sourit légèrement et continua. « J’aimerais bien le stopper calmement et le calmer. Mais à ce rythme-là je vais devoir utiliser la manière forte. »
Le méta-humain sembla perdre à nouveau le contrôle de son pouvoir, et les appareils du Green Lantern accomplirent leur fonction parfaitement bien. D’ailleurs les flammes ressortaient dans une sorte de mini explosion, ressemblant aux explosions annonçant l’arrivée d’une star sur une scène. Il ne manquait plus que le son, pour le spectacle son et lumière. Une image probablement inappropriée, mais qui avait le mérite de rendre ses créations plus solide grâce à une meilleure visualisation. Hal doutait que mouiller le méta-humain soit une bonne idée pour le calmer, et il avait envie de gérer cette situation calmement autant pour la foule que le pauvre bougre.
Elle demande, par politesse, parce que c’est le rôle qu’elle a choisi de jouer mais elle n’acceptera pas qu’il se défile, qu’il la laisse là, seule face à ses responsabilités, bien obligée de faire ses preuves, de savoir si elle est digne de cette équipe à laquelle on l’a assignée et qui brille à cet instant par son absence. Combattre à nouveau à côté de la lanterne est un espoir qui commençait doucement à s’amenuiser. Pourtant, elle a fatigué son oncle, à lui poser la sempiternelle question pour connaître la date de son retour sur Terre. Le départ est plus facile à marquer dans la chronologie, la corporation pouvant l’amener à quitter sa planète natale des semaines, des mois, des années durant. Si bien qu’un autre a été nommé pour le suppléer. L’information l’a laissée pantoise, quand son oncle la lui a révélée. Elle s’imagine que leurs courbes sont devenues parallèles et inaptes à se croiser. Jusqu’à être au bon endroit, au bon moment. Enfin, les circonstances auraient pu être meilleures, mais la martienne préfère se concentrer sur le positif. Ils sont réunis et c’est tout ce qui compte. L'héroïne se vexe presque, quand il la coupe dans son allocution, qu’il ne la reconnait pas dans l’immédiat alors qu'elle, a été incapable de l'oublier. Puis elle se souvient qu’à l’époque, sa peau tirait plus sur la couleur de l’or que celle du Jade, qu’elle a changé d’apparence comme on change de chemise et que s’il pense la connaître, c’est uniquement parce que ce serait un drôle de hasard, de voir une autre martienne dans les airs, quand cette race est censé être éteinte.
« Tamaran. Rébellion contre la citadelle. On était dans le même camp. »
Les mots sont hachés, ce n’est pas des souvenirs très heureux qui remontent à la surface quand elle évoque son passage sur le système Véga. L’arrestation et l’exécution massive de ce peuple qu’elle n’a su totalement protéger. La disparition de Koriand’r. Son errance sur diverses planètes pour la retrouver, jusqu’à retourner, grisée, à son point de départ. Et Green Lantern, comme un souffle d’optimisme dans ce quotidien aussi morne que sombre. Il lui a donné l’espoir d’une vie meilleure et si elle l’a aujourd’hui, elle le lui doit en grande partie. Forcément, elle ressent pour lui un attachement inconditionnel et lui partagerait bien son expérience, sa progression depuis qu’ils ont été séparés et son admiration sans faille, mais ils sont loin du salon de thés et de la conversation anodine. Ça s’agite sous leurs pieds et la situation peut rapidement dégénérer. Il semble s’en rendre compte et son attention dévie de ses cuisses jusqu'à l'incriminé.
Elle le regarde faire, elle a toujours été impressionnée par sa façon de manier la bague, par son imagination débordante et qui semble sans limite. Elle aurait aimé avoir eu le temps d'étudier ça lors de leur première rencontre. De lui poser un millier de questions sur cet univers si vaste qui semble n'avoir pour lui aucun secret. Maintenant qu'elle le tient, elle ne risque pas de le laisser filer. La martienne place sa main en direction du Méta et déclenche un bouclier autour de lui grâce à sa télékinésie. Son pouvoir est faible mais il permet de l'isoler, de créer un cercle d'un mètre de tranquillité. Il est déjà agité, la foule qui se presse ne doit pas l'aider à déstresser. Elle hésite à entrer dans sa tête, sa télépathie et l'usage qu'elle en fait est devenu source de discorde au sein de la Young Justice. La martienne est perdue, ne sait plus ce qui est juste et ce qui dépasse le code moral qu'elle doit adopter. Les doutes s'évanouissent quand le pyromane se met à attaquer Green Lantern, alors la Miss intergalactique se concentre sur son esprit, l'isole, le pénètre.
Pensées confuses et désordonnées, tout n'est que chaos au dedans. Elle essaie de rassembler les pièces d'un immense puzzle qui s'entrechoquent sans aucune logique. La migraine se colle à sa boîte crânienne, elle doit sortir de là, pour sa propre sécurité. Elle revient à elle juste à temps pour admirer la création du justicier qui l'empêche d'être blessée.
« Pff. J'ai eu chaud. Je t'en dois une. »
Elle surveille la progression des agents de police qui traversent la foule. Elle connaît leur facilité à user de leurs armes. Sans sommation. La colère gronde. Ce n'est pas la première fois qu'elle est confrontée à cette haine anti-méta. Elle a pris connaissance des événements qui se sont passés non loin d'ici, près de trois ans auparavant et de la critique facile de ces fléaux de la société. Les mêmes qui mettent leur vie de côté pour la passer à les protéger. C'est injuste, ça la blesse mais elle fera en sorte d'être la seule. Et de sauver tout le monde. Comme une vraie héroïne.
Quand le lantern lui demande si elle parle le feu, elle ne décèle pas le trait d'humour. Elle scanne rapidement son crâne et ce qu'il contient, se rassure sur le fait qu'il n'a pas de commotion cérébrale, ou qu'il est sur le point de faire un AVC.
* Je nous mets en liaison télépathique. Je ne peux pas discuter avec lui. Il est contrôlé par... quelque chose. Il faut l'éloigner, mon bouclier ne tiendra pas éternellement. Tu peux créer des sphères autour de ses mains ? Et en vider le dioxygène ? *
Une solution qui lui semble viable, seulement si le Méta ne peut se servir que de ses mains pour générer les flammes.
Le Green Lantern s’était préparé pour une simple observation afin de mieux jauger la situation. Il ne s’était pas préparé à quelconque intervention. Après tout, Hal imaginait difficilement une personne suffisamment folle pour se montrer et se révéler dans ses conditions. Un optimisme parfois idéaliste, mais il espérait toujours que les choses iraient pour le mieux. Malheureusement ses prévisions s’avérèrent fausses lorsqu’une demoiselle l’interpella. Une martienne. Un peuple éteint… Et pourtant il connaissait deux représentants de cette race. Son compagnon de la ligue, et une autre jeune femme qu’il avait croisé sur une autre planète. Dans un premier temps, le californien fut plus concentré sur son interlocutrice, son apparence et sa jupette plutôt que sur la scène sous ses pieds. Il avait l’impression de la connaître, mais pourtant ses traits ne lui étaient pas familiers du tout. La réponse vint rapidement, sous forme de plusieurs bouts de phrases. C’était donc bien elle. Il s’était demandé depuis leur dernière rencontre ce qu’elle était devenue. Hal n’insista guère pour le moment, et porta enfin son attention sur le méta-humain en train de se déchaîner. Il espérait avoir le temps de discuter avec M’gann plus tard, et en apprendre plus sur sa situation actuelle. Il aurait eu envie de se montrer plus expansif, et lui faire un grand sourire. Heureux de la savoir sur Terre et probablement en compagnie de J’onn.
Hal dut entrer rapidement dans le feu de l’action. Sa tentative pour détendre un peu le pauvre bougre, et surtout alléger l’atmosphère ambiante, tomba totalement à l’eau. Pour toute réponse, il ne reçut que des jets de flammes. Il dut même intervenir pour protéger sa jeune amie, connaissant leur faiblesse face au feu. Les avantages des connaissances de l’anneau. Malgré les années, le Green Lantern était toujours impressionné par les informations à sa disposition. Il prit la parole à l’attention de la rousse, et s’informa un peu mieux sur ses capacités. La réponse lui vint presque instinctivement en prononçant sa question. Autant l’anneau que ses souvenirs. Les martiens lisaient dans les esprits. Une bonne chose compte tenu des circonstances. Evidemment il n’avait aucune idée de la situation de la jeune femme, et des reproches faits à l’encontre de ce pouvoir par ses compagnons. La réponse de la martienne entraînèrent un froncement de sourcil de la part du Green Lantern. Certes l’esprit humain était un dédale compliqué de ce qu’il avait cru comprendre. Mais elle semblait sûr de son fait concernant le contrôle. Son expression s’adoucit très rapidement, tandis qu’elle continue de parler. C’est avec une désinvolture flagrante qu’il prend à son tour la parole.
_ « Rien de plus facile. Allons tu aurais pu tenter quelque chose de plus compliqué quand même. » Il lui sourit et lui fait un clin d’œil avant de se mettre en action. « Essaye de le raisonner. Je te couvre et te protège de lui… autant que d’eux. »
D’un mouvement de tête, Hal désigna la foule derrière eux. Des bulles vertes vinrent recouvrir les mains du méta, plus que de simples bulles, cela ressemblait à des ballons de plages avec des pipettes pour les gonfler. Sauf que cette fois, ces pipettes se mirent en action et expulsèrent les gaz inflammables de l’espace hermétique créer. Elles se refermèrent et disparurent pour ne laisser qu’une surface lisse. Un autre mouvement de tête donna le feu vert à sa jeune acolyte. Il se retourna vers la foule, et surtout les policiers qui approchaient à grand pas.
_ « On s’occupe de tout messieurs dames. Il vient simplement de subir un choc, et ne voulait blesser personne. D’ailleurs il me semble que c’est le cas pour le moment. » Toujours souriant, il prit la parole à l’attention des forces de l’ordre. « Si vous y tenez, on peut vous laisser le gérer tout seul. Après tout nous ne sommes pas vraiment dans notre juridiction. »
Les visages des policiers furent éloquents. Hal avait obtenu l’effet escompté par ces simples paroles. Ils se calmèrent et stoppèrent leur avancée. Certains étaient blêmes et observaient avec appréhension leur supérieur. Ce dernier fixa longuement le Green Lantern, qui lui rendit son regard avec cette expression de calme et de sérénité… en total opposition avec la situation et ses propres pensées. Finalement l’homme répondit en aboyant des ordres à ses hommes.
_ « Eloignez la foule. »
Les policiers semblèrent soulager, et se montrèrent plutôt zélés dans cette simple tâche. Le vide se fit rapidement autour du méta et des deux héros. Ils allaient pouvoir agir plus librement, et cette espace permettraient peut-être de calmer le pyromane. Ce dernier tentait d’utiliser ses pouvoirs… Hal pouvait sentir la tension à l’intérieur de ses créations. Une bonne idée de la part de M’gann. Cela lui revint d’un coup. Miss Martian. Il avait entendu ce nom sans faire le rapprochement… Si il ne devait pas rester concentré, il se serait bien frappé le front à cet instant.
_ « Comment ça avance Miss Martian ? » Il utilisa ce pseudonyme pour éviter de révéler une partie de son identité « Sois prudente, et n’hésites pas à demander mon aide. »
Hal ne savait pas vraiment ce qu’il pourrait faire dans ces circonstances, puisque cela se jouait par télépathie. Il sentit alors l’homme remuer, et des bulles autour de ses mains sortirent des cordes qui encerclèrent le méta l’obligeant à s’asseoir sur une chaise qui apparut sous lui en même temps. Cela faisait une drôle d’impression tout ce vert autour du pauvre bougre. Ce n’était pas délicat de la part du Green Lantern, mais il ne pouvait se permettre de prendre de risque avec la vie d’une autre personne.
Elle sourit devant sa réplique gorgée de ce flegme tapageur. Elle le reconnaît bien là. Cette désinvolture peut s’avérer agaçante, pour d’autres… Pour la rebelle, ça a surtout été un moyen de garder sa détermination et un semblant de moral alors qu’elle était proche de toucher le fond. Il a eu un tel impact sur elle, qu’elle se brûle les lèvres à garder encore tout ça secret. Impatiente créature, elle voudrait bien quitter les lieux prestement pour un décor plus chaleureux, plus propice à fêter leurs retrouvailles. Quoique, question chaleur, le méta fait le job. Son attention revient vers lui, le justicier de la league lui force la main pour qu’elle le raisonne, ou finisse par prendre l’ascendant sur son esprit. La télépathe grimace de malaise, tiraillée par trop de voies pour savoir laquelle emprunter. L’apprentie ne veut pas décevoir son aîné, elle qui recherche l’approbation dans son regard, ne supporterait pas d'y déceler le moindre reproche. Et la justicière refuse de n'être qu'une spectatrice, un élément du décor, arrivée la première sur les lieux, elle doit bien montrer que l'on peut compter sur le costume qu'elle porte. Puis y’a un peu de son égo qui entre dans le jeu. Elle voudrait épater la lanterne, qu’elle l’impressionne pour autre chose que son uniforme un peu trop révélateur, surtout quand on s’élance dans les airs. Pourtant, elle ne veut pas non plus mettre en danger sa cible, elle sait que son esprit confus va lui donner du fil à retordre et n'est pas certaine de l'état dans lequel elle va le laisser après son passage. Le temps presse, il faut agir. M'gann prend une décision. La mauvaise, toujours.
* J'ai besoin de m'approcher de lui. Je ne peux pas maintenir le vol, la télékinésie et mettre de l'ordre dans sa tête. *
Sans parler de la métamorphose qui cache aux yeux de tous sa véritable apparence. C'est définitivement plus qu'elle ne peut en supporter, l'inexpérimentée fille des étoiles. Il veille sur elle, ça l'apaise presque, la rend plus confiante dans son choix. Mais y'a un petit côté effrayant aussi, comme sauter dans un puits dont on ne voit pas le fond, sans savoir ce sur quoi l'on va tomber. La martienne en a presque le vertige. Elle inspire profondément. Son opération va lui demander toutes ses ressources, elle ne peut pas plonger dans l'esprit d'un autre et rester alerte sur ce qui se passe autour d'elle. Il ne doit pas se rendre compte de ce qu'il lui demande et à quel point la confiance qu'elle place en lui est aveugle. Elle, qui consent à confier sa vie entre ses mains alors qu'elle s'approche d'un ennemi qui a le potentiel de la détruire.
* Je compte sur toi, ça demandera toute ma concentration que de lui faire entendre raison. *
Elle pose enfin le pied au sol, se rapproche dangereusement de la cible tandis que son coéquipier du jour se charge de faire place nette. Elle aurait été plus à l’aise loin de la foule, loin de ces yeux scrutateurs braqués sur elle. La martienne attend un petit moment, indécise à nouveau et finit par implanter une idée simple dans la tête du pilote de l’hélicoptère, celui-là même qui contient les journalistes qui n’en perdent pas une miette. Il dégage lui aussi, prétextant une météo hasardeuse alors que le temps est des plus cléments. La télépathe pourrait prendre le dessus sur une grande partie d’eux, les transformer en statut de chair, spectatrices de ses exploits, plutôt que de prendre la huée qui l’accueille et à laquelle elle tente de rester sourde. Ce serait un excès de zèle à côté duquel elle passera sans regret. Surtout qu’ils ne sont pas tous aussi sectaire. Plus loin, elle peut admirer une autre revendication "I’m a migrant, just like superman."
Elle observe un distance de sécurité entre cet autre qui s'agite en la voyant glaner quelques mètres. Elle ferme les yeux et quand elle les ouvre à nouveau, ils brillent totalement de cette luisance qui rappelle la couleur de la lanterne. Le combat se passe sur un autre plan. Dans cet esprit plus brumeux que les plans du film de Carpenter qui en porte le nom. Recroquevillé en lui-même, animal apeuré qui ne sait pas s'il doit se laisser caresser ou mordre. La martienne prodigue des paroles rassurantes, mue d'une aura apaisante, le transporte dans un décor moins anarchique, jardin d'un paradis perdu, il peut admirer l'illusoire Tamaran.
* Je ne te veux aucun mal. Calme toi, tout va bien se passer. *
Elle doute de ses paroles. Peste contre les agents d'ARGUS qui ne sont jamais là au bon moment. Étrange d'ailleurs de ne pas les voir couvrir ce genre d'événements. Pendant qu'elle tente de le calmer, elle parcoure ses récents souvenirs, savoir ce qui a pu mettre dans cet état, un méta qui ne lui semble pas si hostile. Une poudre, une drogue. Puissante. Suffisamment pour augmenter ses capacités hors du commun et lui faire perdre tout contrôle. Laisser son libre arbitre se noyer dans la peur pour n'être plus qu’agressivité. C'est bien leur chance de voir pareille substance émerger dans un climat politique qui force déjà au clivage.
« J'ai bientôt fini. »
Qu'elle répond d'un ton monocorde au justicier qui s'inquiète. Elle a le motif mais son travail n'est pas terminé, il faut encore qu'elle dissipe les effets du produit sur le mental nébuleux. Le temps lui manque, elle le craignait mais les mains ne sont pas la seule voie de sortie. Le méta devient fiévreux et brûlant, prêt à relâcher cette vague de chaleur qui le submerge, par n'importe quel moyen. C'est dangereux voire mortel pour lui, tout autant pour elle et la foule, quoique maintenue lointaine, n'est pas non plus à l'abri de la puissante déflagration. La novice ne se rend compte de rien, trop agrippée qu'elle est aux vestiges d'une raison qu'elle tente de rétablir.
Devoir gérer un méta-humain déchaîné n’était pas du tout l’idée que Hal s’était fait de son retour sur Terre. Il avait plutôt pensé profiter d’un peu de repos, et flemmarder pendant quelques jours. Peut-être même faire acte de présence au travail histoire de donner l’illusion d’être toujours présent. Cela devenait de plus en plus compliqué de gérer ses deux vies, mais le californien tenait beaucoup à ce mode de fonctionnement. Pour le moment, le Green Lantern restait concentré sur cet homme totalement perdu et son acolyte du jour pas aussi confiante que dans son souvenir. Elle avait dû subir son lot d’épreuve aussi. Hal conservait son aplomb et sa désinvolture naturelle, autant pour calmer la foule que pour rassurer la rousse à ses côtés. Il était l’expérimenté du groupe… le plus responsable en théorie. Et puis le Lantern était le visage connu, le représentant de la Ligue des Justiciers bénéficiant d’un crédit certain et d’un léger pouvoir de décision dans ces circonstances. Le gardien avait bien l’intention de protéger tout le monde dans cette histoire. M’gann, la foule et le méta. Il comptait bien mener cette tâche à bien. Son premier travail depuis son retour sur Terre après une longue absence. Au moins Hal se rappelait l’identité de la jeune femme qu’il aidait pour résoudre ce problème. D’étonnantes retrouvailles pour eux. D’un hochement de tête, le Green Lantern donna le feu vert et indiqua sa compréhension à la jeune femme. Du calme et de l’espace.
M’gann se mit en action très rapidement, pour le plus grand plaisir du Green Lantern. Tandis qu’elle faisait sa part du travail, Hal s’occupait d’éloigner la foule par l’intermédiaire de la police et de maintenir le méta dans une positon empêchant toute action insensée de sa part. Certes il souhaitait le sauver et le calmer, mais il avait une responsabilité et un devoir envers la martienne en train d’explorer son esprit. Le Green Lantern fut obligé de maintenir plus fermement le méta tandis qu’il se débat… probablement pour échapper au pouvoir de la rousse. Sentant les choses dérapées autant face à lui que dans son dos, il reprit la parole à l’attention de M’gann pour lui demander d’accélérer un peu le mouvement. La foule commence à se lasser, et certains se posent des questions sur l’attitude des deux héros à présent. Lui maintenant l’homme sur une chaise, et la martienne debout face à lui et totalement immobile. Avec l’expérience, le Lantern sent que la situation s’envenime doucement mais sûrement. Les choses deviennent trop calmes, et cela ne signifie qu’une chose : tous sont centrés sur la même chose à présent. Un mauvais point pour eux. Il tenterait bien une diversion, mais il doit rester concentrer sur ses créations. La vie de la martienne en dépend. Fronçant les sourcils, Hal voit l’aura autour du méta avant de ressentir la chaleur se dégageant de son corps. Ses mains ne sont donc pas le seul vecteur.
_ « Miss Martian… Eh Miss sors de là et réveilles-toi. M’gann. » L’inquiétude lui fait perdre toute retenue. « Psssttt… »
Des paroles vaines. Elle semble trop concentrée, et la chaleur commence à augmenter grandement. Hal fait un signe au chef des policiers, pour leur indiquer de reculer encore un peu. Que faire… Il pourrait laisser le temps à la jeune femme de réussir cette épreuve, mais il la connait si peu et ses compétences lui sont totalement inconnue. Si cela avait été J’onn il aurait probablement réagi. Sans y réfléchir plus longuement, Hal vient se placer derrière le méta et lui met un violent coup derrière la tête. Il vient de l’assommer pour la sécurité de tous. La chaise et les liens se transforment en une sphère hermétique. Hal commence d’abord par lever les yeux sur la rousse, et sourit légèrement.
_ « Beau travail Miss. Désolé d’être intervenu… mais il était au bord de l’explosion. » Il marqua une pause et mima du geste cette explosion en ajoutant. « Littéralement au bord »
Son attention se porta alors sur les policiers. Deux choix s’offrent alors à lui. Emmener directement cet homme ou laisser le choix de la suite des évènements au policier. La situation étant ce qu’elle était à cet instant, le californien passa devant M’gann et lui posa une main sur l’épaule en guise d’approbation et de félicitations ; il continua sa route vers le chef des policiers.
_ « Je laisse cet homme à vos soins si cela vous convient. Traitez-le avec respect, car malgré les apparences ce n’est qu’une victime lui aussi. » _ « Euh… quoi ? Mais vous voulez qu’on en fasse quoi ? On n’est pas équipé pour ce genre de cas. » répondit le chef des policiers dans un murmure, visiblement mal à l’aise et perdu. _ « Evidemment si vous le souhaitiez, nous pourrions nous occuper de l’accompagner dans un lieu adapté. » Hal continuait de sourire et ne précisa guère plus sa pensée. _ « Oui oui allez-y. » Répondit le chef des policiers un peu trop rapidement, avant de se reprendre. « Ce serait un immense service que vous rendriez à la population. »
Hal sourit à nouveau toujours avec sincérité, tandis que dans son esprit, il entamait une danse de la victoire. La foule sembla rassurée d’un coup. L’idée de rester en compagnie de ce méta sans eux semblait lui être très déplaisante. Le Green Lantern commença à s’élever dans les airs avec la boule contenant le méta à côté de lui.
_ « Tu viens Miss. Accomplissons notre devoir. » Il fit un dernier mouvement de tête vers le policier, avant de prendre la parole à l’attention de la foule. « Passez une bonne journée mesdames et messieurs… et dans le calme si possible. »
Une petite pointe d’humour pour détourner l’attention des gens. Hal attendit M’gann et prit la direction des immeubles tout proche. Un moyen de s’éloigner tout en se faisant discret. Bien que la lueur de ses pouvoirs ne passait que rarement inaperçu. Une fois au calme, il se tourna vers M’gann.
_ « Du coup on en fait quoi ?... J’ai dit qu’on s’en occupait, mais tu en penses quoi toi ? Comment ça marche ? Il y a un endroit pour ce type de personne, un lieu sécurisé où on pourrait l’aider. Ou alors va falloir qu’on improvise totalement. »
A présent, Hal quittait son rôle de maître de cérémonie dans cette intervention pour céder la place à M’gann. Il n’avait pas eu le temps de demander plus d’informations à la ligue, et puis généralement c’était à ce moment-là qu’un autre membre faisait son apparition et prenait le relai. Il faudrait vraiment qu’il s’informe un peu mieux des choses. Son regard regarda les bâtiments au cas où… Batman avait toujours eu tendance à le prendre au dépourvu et le surprendre.
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