Le printemps poursuit son cours, et Gotham reste fidèle à elle-même. Grise, noire, sombre, chaotique, dangereuse, indomptable, impossible à arrêter, et pourtant si vivante, si forte ! C'est une ville qui s'exprime par la ténacité de ses habitants, plus que par la dangerosité de ses criminels. Qui survit grâce à l'abnégation de certains, plutôt que par les actes intéressés de quelques autres. Partout, que ce soit dans le centre, à Arkham, dans l'East End, ou ailleurs, les habitants de Gotham City survivent tant bien que mal. Ils restent car c'est chez eux. Ils restent car ils sont tenaces, fiers, forts. Que malgré les coups durs, ils savent se relever, encore et toujours. Parce qu'ils n'ont peur que brièvement ; le courage prends alors le pas.
Du courage, c'est ce qu'il faut à Bruce pour venir ce soir chez Selina.
A bien y réfléchir, c'est sans doute la première fois qu'il va chez elle ainsi, vêtu simplement, en tant que Bruce Wayne. Sa mémoire si performante ne lui permet pas de se rappeler un autre moment, un autre temps, où il est venu ici autrement qu'en tant que Batman. Il avait toujours le costume, d'une manière ou d'une autre. Il était toujours Batman, quand il venait ici. Mais pas ce soir ! Alfred le lui avait fortement déconseillé, car le message n'aurait certainement pas été le même. Et à tout bien y réfléchir, l'héritier des Wayne se surprenait à sourire en étant certain d'avoir fait le bon choix. Celui du courage. Celui de venir, ainsi, simplement lui.
Avec un cadeau, néanmoins.
Un bouquet de roses, destiné à la sublime jeune femme qui vivait là où il allait. Il avait promis de changer, de faire des choses qu'il ne faisait pas avant, d'être plus humain. Il l'avait promis à tous ses proches, après cet épisode douloureux de la Cour des Hiboux. Il tenait parole. Il tentait de passer du temps avec Damian. Il tentait de s'intéresser à des choses auxquelles il ne s'intéressait pas avant. Il tentait de voir ses amis. Il préparait ce qu'il devait faire avec Barbara, mais c'était en arrière-plan. Surtout ce soir. Ce soir, il n'y avait que Selina.
Il toqua à sa porte, sobrement. Il savait qu'elle était là ; pas parce qu'il avait regardé avant de partir. Il ne l'avait pas fait. Mais... pour une raison qui lui échappait, il le savait. Son instinct lui dictait que Sleina était là, et que peut-être, elle s'attendait à sa venue. Qu'elle aussi ressentait, grâce à cet étrange instinct, la venue de Bruce. Peut-être l'attendait-elle même de l'autre côté de la porte ? Enfin, cette dernière s'ouvrit.
Le stress n'était pas quelque chose de familier chez Bruce. Il était le premier surpris à l'idée d'en ressentir, alors qu'il adressait un sourire à Cat :
« Bonsoir, Cat. Puis-je entrer ? »
Elle est belle. Pas séduisante, pas attirante, pas désirable, juste belle. Ses cheveux noirs comme les miens, courts, qui lui vont si bien. Ses formes dessinées mais parfaites. Son regard vert si pur et si perçant. Son visage fin et parfaitement imparfait. Elle est juste belle. Il remarquait, comme à chaque fois, trop de détails. Mais il tendit un bras, celui possédant les fleurs.
« Elles sont pour toi. Je... je n'ai pas l'habitude de faire ainsi des cadeaux. Mais je pensais qu'après toutes ces années, tu méritais bien au moins un bouquet. Si ce n'est des centaines. »
Elle le laisse entrer, même s'il a pu capter l'expression de surprise dans son regard, et peut-être même chose. Du ravissement ? Peut-être. Il se tourne de nouveau vers elle, alors qu'elle respire les fleurs, comme pour s'en imprégner.
« Je voulais venir te voir avant. Mais... je ne sais pas. Je sentais que c'était ce soir qu'il fallait que je vienne. Que c'était ce soir que... que je devais te retrouver. »
I'll always watch your back Lors de son départ du manoir, Alfred avait pris le temps de l'accompagner dans ce taxi et de lui recommander d'aller chez Thompkins au moins pour quelques temps. Il avait aussi commencé à parler de ce qu'il s'était passé dans la Batcave, le temps d'attendre ce véhicule. Selina avait évité de parler de Barbara, prétextant que la jeune femme avait ses raisons d'agir ainsi et qu'elle n'était pas âme capable à juger ce genre de comportement. Étant donné qu'elle aussi, agissait comme cela, même si cela s'était calmé avec les années. Malgré les paroles réconfortantes d'Alfred lui rappelant qu'elle serait toujours la bienvenue dans le manoir, Selina n'a pu lui offrir un franc sourire et encore moins un merci sincère. Tout dépend du point de vue, concernant ce bienvenue.
Les jours et les semaines étaient passées, et peu à peu la jeune femme a repris le cours de sa vie en laissant de côté toute la verve occasionnée par cette guerre contre la Cour. Ce n'était plus son problème, après tout. Elle avait réglé ce qu'il était nécessaire de régler. Et ainsi, en reprenant ses activités, en oubliant cette mauvaise passe lui ayant valu autant des blessures corporelles que mentales, Selina bondit de nouveau de toits en toits. Certes en y allant plus lentement, certes en essayant de retrouver ses appuis. Mais elle est là, s'entraînant souvent et reprenant sa combinaison de Catwoman par moments. Ce soir d'ailleurs, elle revient d'une petite tournée du quartier et munie d'une mallette blindée et renforcée avec une serrure numérique. Volée à des yakuzas de Little Tokyo parce qu'elle contient là des objets précieux saisis illégalement à divers familles modestes de Gotham, sur le simple fait de payer leur dette de protection auprès de ce clan. Lèvre encore en sang, l'oeil droit au beurre noir, elle se déshabille passe ses doigts sur sa lèvre encore douloureuse mais sourit, car elle est fière d'avoir mis le nez dans leur fiente ces voleurs au code d'honneur tourné à leur avantage. Heureuse et donc sortie victorieuse de cette petite incartade, la femme chat profite de son appartement, de la sortie de sa combinaison et de sa stéréo faisant doucement vibrer cette délicieuse musique soul à l'aide de cette télécommande.
C'est après quelques minutes de repos bien méritées, détendue et un pot de glace en main que quelque chose finit par attirer son attention. Comme par instinct ou peut-être à force de reconnaître cette présence et cette manière d'agir, Selina se redresse, va vers sa fenêtre et baisse un peu le volume pour être sûre de ce qu'elle a entendu. Et elle voit une ombre s'introduire dans son immeuble. Vient ensuite l'instant où elle guette le son du pas, en baissant d'autant plus le volume de sa stéréo. Elle reconnaît immédiatement sa voix, même si le bois étouffe un peu quelques aspects graves de son timbre. Bien évidemment, ne pas ouvrir la porte n'est pas une option envisageable. Ce serait parfaitement con, et digne de la dernière des salopes. Or, elle n'est pas une salope. Pas avec lui, plus maintenant. Selina referme la porte et s'adosse contre celle-ci. Ils sont enfin tous les deux, seuls. Sans costumes, sans qu'une distance de circonstances ne soit mise pour les protéger l'un de l'autre. Non, cette fois, ils se veulent entiers, et vulnérables. Bien qu'elle l'accepte, qu'elle le veuille, cette situation crispe la brune qui n'a en rien l'habitude de faire d'une, entrer un homme. De deux, que cet homme soit son amant, un amant qui de surcroit entre avec un bouquet de rose. Elle se revoit un instant plusieurs années en arrière, à ridiculiser ces instants de mièvrerie censés faire rêver les femmes en manque. Mais elle remarque aussi qu'avec le temps, Bruce a réussi à lui montrer que le romantisme n'est pas forcément risible. Pas quand il vient du coeur, de l'effort pour l'autre. "Merci. C'est bien là tout ce qu'il fallait." Pas de parfum, pas de voiture, encore moins de bijoux. Aucun matérialisme ne peut s'interposer dans ce genre de moment, encore moins quand une personne sait donner une "valeur" au geste plus qu'à l'objet. Sachant que celui-ci lui rappelle une certaine soirée de février, dans un bureau.
"Tu as bien fait. Sache que je t'aurai jeté dehors si jamais tu étais venu plus tôt." Ce qui est vrai. Cela aurait été pris comme un déni, un refus de son choix concernant le devoir qui incombait à Bruce. De ses envies de mettre un terme à la Cour, même si celle-ci reviendra indubitablement. De cette décision de rester en dehors de choses qui certes la concernent, mais sur lesquelles on refuse de lui donner sa place. Alors dans ces moments, il vaut mieux tourner les talons et se recentrer sur ce qui peut encore être sauvé par nos soins. Elle continue de respirer le doux parfum se dégageant de ces fleurs coupées. Dommage qu'elles le soient, mais c'était une occasion spéciale et amener un rosier aurait été quelque peu ridicule. "Je suppose que tu ... vas mieux. Que tout est réglé." Lorsqu'elle plante ses yeux dans les siens, qu'elle revoit même dans la pénombre son visage carré, quelque peu crispé malgré ce doux sourire rehaussant ses pommettes et détendant ses traits, elle ne peut s'empêcher de s'imaginer près de lui, à le prendre, embrasser sa mâchoire, ressentir à nouveau tout ce qu'il peut lui faire ressentir. De cette montée de chaleurs à ces frémissements instinctifs, de cette envie que ces yeux bleus la regardent et ne soient pas ailleurs. Et ces yeux en ce moment lui répondent. Ce sont eux qui la poussent à déballer tout ce qui restait accroché à son coeur depuis son arrivée. "Je voudrai juste que tu saches ... je n'ai pas fait cela pour te blesser." Il le sait. "Que je voulais simplement vous aider. T'aider. Quand j'ai disparu et même après." Ça aussi il le sait, n'est-ce pas. "Que tu n'as pas à renier ce que tu es. Je refuse que tu le fasses car cela te fait mal, si tu te sens dénaturé. Je ferai de même si jamais cela devait m'arriver." Sa poitrine commence à lui faire mal tant elle se compresse sous ses crispations et les battements bien trop rapides de son coeur. D'autant plus en le voyant la dévisager ainsi, alors qu'elle est en train de se coller à cette porte plus que de raison. "Quand à tes enfants adoptifs, ils peuvent ne pas m'apprécier. Ils peuvent me traiter de criminelle, ce qui est vrai car j'en suis une et je le resterai. La seule chose qui m'importe c'est ..." Le temps qu'elle ne se rende compte du changement de distance, Bruce est face à elle, près d'elle. Il ne cesse de la fixer, de l'étudier et c'est désarmant. Selina inspire longuement le temps de pouvoir poser ces quelques mots alors qu'ils sont maintenant si proches et qu'elle sent son souffle couler le long de sa nuque. "C'est toi Bat." Seul le bouquet les sépare. Comme une rose autrefois. Cela la fait sourire, plisser légèrement des yeux. Une soirée unique en son genre, et assez mouvementée. Mais une soirée qui a permis de faire éclater certaines barrières et peu à peu faire que ce soir, ils soient là. Ensemble, stressés comme des enfants, mais ensemble. "Il y a douze roses. Tu sais que cela me rappelle une certaine nuit, avec une rose. Est-ce que cela voudrait dire que tu veux la recommencer douze fois ?" Cette remarque certes coquine lui permet d'éluder la signification propre de ce nombre, signification qu'elle ne connaît qu'un peu, au vu de sa peur pour ce genre du subtilités. Elle ne se rend donc pas compte du poids que ces douze roses représentent, sachant seulement qu'un nombre défini apporte son symbolisme spécifique. Pour elle, qu'importe, elle l'aimera plus que douze roses.
Avec un éternel sourire, Bruce est bien incapable de détacher son regard de celui de la jeune femme. Il se sent si facilement accroché par ces deux yeux verts qu'il ne veut même pas résister. Il ne veut même pas essayer de s'en détourner, car ce soir, tout est si simple ! Elle l'accueille à bras ouverts, sans méchanceté, sans fierté mal placée, sans se défendre de quelque chose qu'elle refuse d'admettre. Elle est simplement là, avec lui, et c'est très bien comme ça. Il n'en faut guère plus, de toute façon, pour que le quadragénaire décide de se reculer un peu, de prendre délicatement une main de Selina dans la sienne, puis de l'entraîner un peu plus vers le centre de la pièce.
« Il y a un long moment que j'avais envie de faire ça. Mais ce bouquet n'est pas simplement un écho à cette fameuse nuit. Une nuit, douze nuit, des centaines, des milliers ? Peu importe. Du moment qu'elles sont avec toi. »
Bruce parle comme il a rarement eu l'occasion de le faire ; calmement, sincèrement, avec une dévotion et une foi sans faille envers ses émotions et ses sentiments. Car tout comme elle vient de le dire, il n'y a qu'eux. Seul lui compte pour elle, seule elle compte pour lui. Ce soir, cette nuit, encore une fois, c'est à eux et à eux-seuls. Il n'y aura pas d'obstacle. En vérité, le plus gros obstacle qu'il n'y ait jamais eu entre eux, c'était Bruce lui-même. Car Bruce aimait Selina, Selina aimait Bruce. Batman aimait Catwoman, Catwoman aimait Batman. Mais il n'y avait pas de mélange. Il n'y avait pas la fusion de leurs identités, de leurs êtes. Il n'y avait pas ce désir profond, sincère et désiré de fusionner.
Maintenant, tout était différent, et pourtant tout semblait si semblable.
« J'ai choisi cette musique, car de toutes celles qui existent, je crois que c'est celle qui exprime le mieux ce que je souhaite exprimer. »
D'une poche, il sort son téléphone, dont les systèmes lui permettent rapidement de se connecter à la stéréo de Selina pour changer de lui-même la chanson, et mettre cette chanson qui lui tient à cœur.
« Elle a été écrite à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, pour des soldats qui rentraient au pays et redécouvraient leurs femmes, leurs fils et leurs filles. Pour célébrer leur absence, leur courage, et leur retour. Pour montrer qu'enfin, tout était fini, et qu'ils pouvaient désormais aspirer à plus. A être en paix. Et... »
Il s'interrompt, l'espace d'un très court instant, le temps que les premières notes jouent. Puis il entraîne délicatement Selina dans une danse ; la jeune femme, comprenant son intention, posa doucement le bouquet à l'écart avant de se laisser faire.
« Et je ne suis pas un soldat. Mais comme le dit la chanson, il aura fallu un temps bien, bien long, pour qu'enfin je te propose ce moment. Cette danse. Toi, moi, nous deux, ensemble, avec le reste du monde qui peut bien brûler que cela n'aurait pas d'importance. Car ce soir, cette nuit, et toutes les nuits qui viendront, elles ne vaudront rien sans toi. Ce moment, cette danse, tu mérites que je te l'offre depuis vingt ans, jour pour jour. »
Bruce sait danser, bien que personne n'en ait jamais eu la preuve concrète depuis tout ce temps. Mais il ne cesse de sourire, ne cesse de se perdre dans la beauté de sa compagne. Une main serrant la sienne, une autre tenant sa hanche, il danse doucement avec elle, au rythme vieillot mais indémodable d'une chanson témoignant de leur amour. Il l'embrasse une fois, deux fois, puis une fois encore. Mais qu'est-ce qu'un baiser de plus ou de moins ? Ils ont tout le temps du monde, désormais. Ils se fichent pas mal du reste.
I'll always watch your back Pendant un instant, Selina arque son sourcil droit, voyant combien Bruce vient naturellement prendre sa place en connectant tout simplement son téléphone via le bluetooth de la stéréo. Non pas que cela la choque, ou bien la mette en pétard, c'est juste ... nouveau. Elle ne sait pas comment réagir proprement alors ... elle agit de manière instinctive. En l'écoutant dans son explication, en souriant, certes faiblement à cause de cette pointe de fatigue due à sa sortie nocturne, et en suivant le pas de son partenaire de danse. Partenaire. Est-ce bien là le mot pour définir leur relation si chaotique, avec des disparitions et réapparitions, des disputes et des retrouvailles, de vingt ans ? En serrant sa main dans la sienne, en posant l'autre sur cette large épaule, Selina se sent doucement transportée. Autant par la danse, que par la musique, ou bien la présence de Bruce. À sa remarque, sur ce temps mis pour lui offrir cette danse, elle ne lâche qu'un bref souffle, ne semblant pas y croire. Pourtant, cette chaleur est bien réelle, cette musique aussi et ... lui d'autant plus. Alors ce regard qui a fuit quelques secondes revient se figer dans le bleu de ces yeux. Si sérieux, si sincère. Il ne ment pas. Il n'a jamais menti, finalement.
Et il s'embrassent, ou plutôt il commence à l'embrasser, et elle, répond à ses baisers. Profitant de ses lèvres charnues déposant baiser sur baiser avec tendresse, et sans que celles-ci ne soient couvertes de cette pommade au goût si métallique censé protéger sa peau visible, lorsqu'il revet le masque. Il se fiche indubitablement du reste de sang sur les lèvres de la brune, les prenant encore et encore avec envie. Ça paraît normal d'une certaine manière au vu de leurs nombreux baisers échangés avec ce même genre de "détail", marque de leurs activités. Mais cette fois, quoiqu'il se passe, qu'importe leur tenue, ils sont ensemble. Lorsqu'il s'arrête finalement dans cet entrelacement, Selina remonte sa main vers la nuque de Bruce pour déposer à son tour, un baiser. Un baiser tendre, à la hauteur de son amour, et à la hauteur qu'elle peut atteindre sans se mettre à demi sur la pointe de ses pieds. Au delà de cette remarque risible, ce baiser a une signification intime pour la jeune femme. Se rapprocher autant dans un moment où elle se sent tout de même peu en sécurité face à cette nouveauté, ne pas mordiller, ne pas être provocatrice, montre un aspect doux, vulnérable de sa personnalité. "Je t'aime aussi Bat." Le sentir tressaillir aussi bien contre ses lèvres que lorsqu'elle prononce ces mots lui fait un bien fou. Elle partage un moment avec l'homme qu'elle aime, celui qu'elle n'a sans doute jamais pu cesser d'aimer. Ils reprennent ensuite la danse, comme ils l'ont commencée. Vers les dernières secondes, Selina se remet à parler. "C'est étrange. J'ai l'impression que tout a changé, et en même temps, que rien n'a changé." Peut-être pas, si finalement il apprend pour les meurtres. Ces meurtres dont elle porte secrètement la responsabilité. À part Fries, qui est au courant. Qui sait. Ces affaires avaient pourtant été étouffées. Elle a peur que ce choix, ébranle tout cela. Doit-elle le dire maintenant quitte à ce qu'elle redevienne une étrangère comme lors de l'affaire Hush ? Ou doit-elle attendre un autre moment ? Elle le dira à un autre moment. Selina subtilise le portable de Bruce. Non pas pour le fouiller ou faire toute ânerie sur une propriété qu'elle considère privée, mais pour mettre une autre musique. "Tiens. Tu as du Frank Sinatra." Elle appuie sur le bouton play, et se remet en place pour danser, pendant que les trompettes commencent à résonner. Elle bouge en rythme avec lui, sans détacher son regard du sien, comme transportée, subjuguée par ce moment si particulier. Leur mouvement se fait plus énergique et à un moment, ils dansent, Selina collant son dos contre le torse de Bruce, et leurs bras entrelacés. C'est une sensation là aussi nouvelle. Agréable, terrifiante dans sa nouveauté, mais bien trop agréable. Ils rient en voyant comment ils se cherchent de leur visage, chose peu confortable dans cette position et encore plus en sachant qu'ils bougent au rythme de la musique. C'est baiser raté, mais un moment de rire sincère n'appartenant qu'à eux.
"Je connais un très bon restaurant qui allie japonais et péruvien. Je sais que tu n'es pas très au fait de manger ce genre de choses, et qu'avec les récents scandales sanitaires on devrait se méfier mais je connais les vendeurs et le chef sushi et ... je suis toujours vivante. Ils font un peu hipster, certes, mais si tu goûtais à leurs makis au poulet pané et sauce salsa ... " Selina s'installe sur les cuisses de son amant maintenant assis sur l'une des chaises se trouvant près de sa table de salon. Le tout, en secouant le flyer au niveau de son nez pour qu'il cède et jette un coup d'oeil au menu. "Mais si tu veux, on peut toujours aller chercher un bon gros kebab en face, ou des tacos et regarder un film. Sauf que si tu choisis le lieu de la commande, je choisis le film. À toi de voir." Elle oublie peu à peu ce qui l'angoissait, cette sombre histoire et la peur d'agir en crispant Bruce. On ne dirait pas une gamine en cet instant, encore moins une commerciale. Mais plutôt une malicieuse tentatrice faisant tout pour avoir sa part du gâteau, et montrer les bien. Et ça semble si banal pour un couple qu'on attraperait dans la rue cette scène. Pour eux c'est inédit. La brune baisse les yeux, sentant les larges mains de Bruce venir englober ses hanches. Malgré sa tentative, elle reste intransigeante. "Réponds ou je choisis la nourriture et le film." Devrait-elle lui dire qu'elle veut elle aussi passer les autres nuits avec lui ? Se battre pour le choix d'un film ou de la nourriture ? Débattre sur des scènes qui leur paraissent cliché ou mal tournées ? L'embrasser et l'aimer, l'aimer encore, encore plus quand il la regarde ainsi. Elle s'en mordille la lèvre inférieure tant il lui fait de l'effet. Cependant elle ne cédera pas. Pas tant qu'il restera muet à la caresser par subtils moments.
Le rire lui vient si facilement que l'espace d'un instant, Bruce se demanda s'il était bel et bien présent physiquement ici. S'il n'était pas en réalité en train de dormir brièvement, rêvant d'une idylle qui ne verrait jamais le jour à cause de lui. Mais très vite, il sait que c'est bel et bien la réalité. Il sait qu'il est bien là, avec Selina, car cette dernière, même si elle agit d'une manière différente de l'ordinaire, reste toute aussi réelle que le reste. Entre deux baisers et deux plaisanteries, les deux amants discutent calmement.
Bruce n'oublie pas pourquoi il est là ce soir. Il n'oublie certainement pas pourquoi il est venu avec douze roses, pourquoi il est venu avec cet objet dans sa poche, ni pourquoi il regarde Cat avec des yeux aussi admiratifs. Elle est si belle, si parfaitement imparfaite, qu'il se demande en cet instant comment il n'a jamais su faire tous ces pas auparavant. Vingt ans pour avoir cette danse, pour avoir ce moment... pour avoir cette demande qu'il compte faire. Alfred lui-même lui avait demandé pourquoi ce soir.
Parce que ce soir, comme il l'avait dit, cela faisait vingt ans, jour pour jour.
« Alors... »
Se tirant de ses pensées, il prit le flyer des mains de Selina, puis examina le menu.
« Hmm. Je dois connaître la moitié des plats présents sur cette liste. Je suis persuadé qu'Alfred les connaît tous, mais qu'il est bien trop fier pour admettre que c'est sans doute bon pour ma santé. Enfin ! Il semblerait que nous avons un accord. Je choisis le restaurant, tu choisiras le film. Et je choisis... ce restaurant. Le... mince, comment est-ce qu'on traduit ça, déjà ? Le Vent de l'Orient » ! Un joli nom. »
Il se lève, sans véritable effort, mais en riant car il doit rattraper Cat pour qu'elle ne se laisse pas volontairement tomber au sol. Il la dépose délicatement, l'enlace, menace de la laisser lui échapper... avant de resserrer son étreinte pour un échange de baisers passionnés. Il ne veut pas juste la laisser partir, ni interrompre ses caresses. Il ne veut pas stopper ce moment de pur bonheur, de pure fusion entre eux. Car pour lui, rien ne compte désormais plus que cette femme aux cheveux sombres et aux yeux verts.
Après un long moment, il parvient à la laisser doucement s'écarter de lui. Un nouveau sourire, au moins le millième de cette soirée, naquit sur ses lèvres.
« Néanmoins, peut-être devrais-tu mettre une tenue différente pour sortir ? Peut-être même que je pourrais t'aider à la choisir, si toutefois cela ne gêne pas... »
Le sous-entendu coquin est limpide, bien sur, mais il n'a pas vraiment peur de le dire ainsi. Il sait qu'il peut se le permettre avec elle, surtout alors qu'ils profitent, profiteront, et ont bien l'intention de continuer de profiter, un maximum de ce soir, de cette nuit, et de tous les autres jours qui suivront. Pour s'aimer, passer du temps ensemble. Pour assumer enfin d'être amoureux, d'être l'un envers l'autre ce qu'ils ont toujours été : deux moitiés d'une même pièce.
Bruce va jusqu'à guider de lui-même Cat vers la chambre. Il n'a pas l'intention de la forcer, elle fera ce qu'elle désire. Il tient simplement à rester auprès d'elle le plus longtemps possible, avant de la laisser lui échapper, à regret, pendant quelques minutes, quelques instants. Mais il sait qu'il la retrouvera très vite, qu'elle décide ou non de céder à sa proposition sous-entendue. Car ils ont tout le temps du monde.
I'll always watch your back Peut-on dire que l'on aime une fois dans sa vie ? Un seul homme, une seule femme, une seule personne alors que tant d'autres ont partagé des moments intenses avec vous. Aimer une seule fois paraît si absurde, si égoïste et pourtant, pourtant ... Peut-on prétendre que l'on puisse se départir de cet être qui en ce moment vous entraîne l'oeil pétillant de malice. Et de ces choses qui n'ont été que trop rarement partagées avant, sans que l'on ne soit complètement soi-même. Selina ne s'effarouche en rien de l'attitude cavalière de Bruce, bien que cela la trouble de ne pas être celle qui n'engage en rien les choses sur cette voie. Lui, d'habitude si réservé, voilant ses intentions pour ne pas se retrouver un couteau planté dans le dos, se dévoile ... avec elle. C'est effrayant car inédit, mais si agréable. "Ne gêne pas quoi. Les cafards venant de l'appartement de mon voisin du dessus ? Ou la famille vivant un étage plus bas dans l'immeuble en face de ma chambre ? Il est vrai que le père doit-être encore en train de regarder son match et il a la sale habitude de boire sa bière durant les pauses pubs." Selina arque les sourcils un instant, prenant le temps de regarder son amant afficher un visage déconfit, surpris, ou bien grave face à ce constat. De nouveau face à lui, maintenant tout deux dans cette chambre qui ne les a jamais accueilli dans cet état, elle finit par le dévorer du regard, venir de l'index toucher ce coin de lèvre haussé en un sourire mutin puis glisser celui-ci jusqu'au creux de son menton. Elle apprécie le glissé de la pulpe de son doigt en cet instant, comme lors de leur voyage. Mais ce soir, il y a quelque chose en plus. Un elle ne sait quoi qui fait que. "À moins que tu ne parles de moi." Ses doigts s'emparent finalement de son menton, et elle tire légèrement de son pouce la peau pour que la lèvre inférieure de cet homme s'ouvre. Sensuelle, attirante ... comme lui. Tout entier.
Mais rien d'autre ne se passe. La voleuse s'en va, volant cet instant intense, au bord d'une crise de désir et de passion, en arborant un sourire empli de fierté et ... d'un peu de gaieté. "Installe toi sur le lit laisse moi choisir." Il est encore tôt sans doute pour que Bruce accepte de rester dans cet appartement, avec elle. Que c'est sa manière d'agir, d'être à l'aise pour commencer cette relation qui est nouvelle. Autant pour lui que pour elle. Selina a pendant un court instant été déçue, mais elle prend pour argent comptant ses efforts pour sortir et ne pas s'enfermer dans un lieu bien trop connu. Après l'ouverture du placard, Selina commence à enlever son débardeur blanc ample, son legging noir et à chercher de quoi s'habiller. Tout cela face à un Bruce normalement assis sur le rebord de son lit. "J'ai menti pour les cafards. Il s'en est occupé il y a de ça deux mois." Elle tourne la tête pour regarder Bruce, si calme d'apparence, mais dont les yeux ne cessent de scruter, détailler la femme qu'elle est en cet instant. En sous vêtements, et bougeant face à lui si naturellement. Comme si elle devait être gênée, ha ! Prends ça dans tes "manières" de gentleman Bruce Wayne. Suite à cela, elle lui balance sur les cuisses cette robe séparée en deux pièces, haut gris rayé pour suivre les courbes de la porteuse, et le bas noir, non serré. "Tu veux m'aider." Et elle s'avance vers lui, féline. Le dévorant encore et encore avec un appétit bien plus grand qu'à l'évocation du restaurant choisi par son amant. "Alors. Est-ce que je dois sortir le grand jeu ou ..." Selina lui montre ensuite ce chemisier à carreaux bleu, ce débardeur noir et ce jean bleu marine qu'elle tenait jusque là. "Me mettre à l'aise." Ses yeux se baissent et elle se regarde, presque nue pour appuyer son propos. Provocatrice, oui. Son sourire s'élargit et sans crier gare, elle vient embrasser Bruce. L'attraper à la nuque et se poser sur lui, contre lui. Et elle avoue, par ses gestes, par ce baiser, à quel point il lui avait manqué depuis cette histoire sombre et déchirante de la Cour des Hiboux. À quel point, elle aurait voulu durant ce mois où elle est restée dans l'ombre le voir même si cela aurait pu le mettre en danger. À fleur de peau, dans une débandade interne la prenant parfois au point d'en perdre son souffle, elle peut enfin revivre en l'embrassant, en dansant simplement. Elle en a les yeux qui chauffent prêt à perler de larmes mais elle repousse cette envie, pour oublier cette souffrance. C'est un cri du coeur, un cri d'amour, des mains coulant dans des cheveux bruns avec douceur et parfois un peu de poigne. Et tout cela dit qu'elle restera, mais surtout qu'elle veut que lui, reste. Il n'est pas l'homme le plus attentionné et celui qui vous rendra la vie facile comme l'a dit une fois Holly, il pourrait même encore la briser et elle, le briser. Mais elle a envie qu'il reste.
« Va pour le grand jeu. Tu es toute aussi magnifique, quelle que soit la situation, mais je pense que pour une fois, cette splendide robe me semble adaptée. »
Leur moment d'intimité terminé, ils sont bercés l'un contre l'autre dans le lit en question. Bruce fixe un instant, en silence, le plafond de cet appartement qui n'est pas à lui, mais bien à Selina. Il se pose des centaines de questions, mais la plus importante, la plus dévorante, la plus terrible, il n'ose pas y penser. Il sait ce qu'il veut, il sait quelle réponse il aimerait qu'elle donne quand il osera poser cette question. Il s'efforce de rester calme, de ne pas céder au stress le plus implacable qui viendrait gâcher ce moment de félicité. Car en dehors de tout ce qui peut se passer à Gotham, ou ici-même, ou entre eux, ou ailleurs... il ressent une peur comme il n'en a jamais ressenti auparavant.
Un sentiment normal, étant donné les circonstances. Mais perturbant quand même. Terrible, par son importance et sa signification. Des pas, ils en ont franchi de nombreux au cours des derniers mois. Mais celui-ci... est le plus grand de tous. Et aussi le plus terrifiant. Néanmoins, Bruce se redresse, oublie momentanément ce stress, pour sortir du lit et de l'étreinte délicieuse de Cat. Ils ont un restaurant qui les attends, et ils doivent s'y rendre.
Une heure... et quelques baisers, plus tard.
Dans son costume au gris assorti à la robe de Selina, Bruce franchit le seuil du restaurant asiatique au bras de la jeune femme. Comme il l'espérait, la moitié des tables, à cause de l'heure légèrement tardive, était inoccupée. En entrant, des regards se tournent vers eux, et il est évident que certains reconnaissent sa personne. Mais il s'en fiche pas mal, ce soir. En vérité, il s'en est toujours moqué, et même si ça n'a jamais été du goût de Cat, il espère que ce soir sera différent. Car ce soir, peu importe qu'il soit le célèbre milliardaire de Gotham. Il n'est qu'un homme. Faible, fort, intelligent, bête.
Amoureux.
Un serveur, reconnaissant sa personne, se précipite à leur rencontre ; avant même qu'il ne parle, Bruce l'arrête d'un geste de sa main libre :
« Bonsoir. Pas de folie parce que c'est moi, je vous prie. Nous... aimerions une table un peu à l'écart, s'il vous plaît. »
« Bien sur, monsieur Wayne. Par ici. »
Le couple suit le serveur et vient s'installer à une table située, en effet, un peu à l'écart des autres. Ou plus exactement, elle n'est pas en plein milieu des autres clients, et ils peuvent discuter librement sans être dérangés. Une bonne chose, car il s'agit là de la discrétion qu'ils recherchent de toute façon. Très vite, on leur apporte la carte des menus, entrées et desserts, et ils peuvent se réfugier momentanément dans leur contemplation des mets.
Ou plutôt, Bruce s'efforce, difficilement, à la fois de le faire et de ne pas le faire. Il observe Cat, sentant son stress remonter à grande vitesse. Le moment arrivera bientôt, et il n'aura pas le choix. Il ne peut pas se défiler, et il ne le fera pas. Il avait affronté les pires horreurs de Gotham et de l'Univers ; il pouvait survivre à ce moment. D'autant plus qu'il devait rester concentré sur tout ça : ce moment partagé, simplement, entre elle et lui. Entre eux, il n'y a guère plus de secret, car après tout, ils se connaissent mieux que personne – sauf peut-être Alfred. Mais pour Bruce, c'est l'occasion de voir à quel point la vie lui a joué un tour malicieux.
Cat est une personnalité qu'il n'aurait jamais pu, selon ses propres principes, codes, selon son propre vœu, aimer comme il l'aime aujourd'hui. Elle est tout le contraire de ce en quoi il croyait. Mais pourtant, une attirance inexplicable les liait, et il aura fallu vingt ans, jour pour jour, pour qu'il se retrouvent assis à la même table d'un restaurant, comme un couple « normal ». Sont-ils normaux pour autant ? Probablement pas. Leurs alter-ego sont là, tapis, silencieux, partis intégrantes de leurs êtres. Mais ce soir ils n'existent pas vraiment. Ce soir, ils font leurs cabrioles dans la nuit de Gotham, tandis que Bruce et Selina partagent un moment, une soirée entière, et peut-être même une nuit ou plus.
Car c'est là son vœu le plus cher, qui prends le pas sur tout ce qu'il était avant. Il se rend compte qu'après plus de vingt ans à combattre le crime, Bruce a fait un pas minuscule. Il lui est si simple, en vérité, de se laisser aller, d'être humain ! Ce pas minuscule, qui s'avère être un bon de géant pour lui. Car c'est un pas qu'il a refusé de faire toute sa vie, qu'il n'avait jamais réussi à faire. Jusqu'à aujourd'hui. Et ce pas, évidemment, est possible grâce à la femme assise en face de lui. Plus vieille que lors de leur rencontre, avec de légères rides sur le front, avec quelques cicatrices de plus, mais plus belle que jamais.
« Je t'aime, Cat. »
Murmuré juste assez fort pour qu'elle-seule puisse l'entendre. Mais sincère, plus sincère que toute autre parole qu'il aurait pu prononcer à ce moment-là.
I'll always watch your back Quelque chose ne va pas. Ce n'est pas Bruce, ni elle, ni ce restaurant, mais bien ces gens qui la gênent. Qui jugent, baissent d'un ton pour colporter quelque sottise au sujet de Wayne et de cette femme inconnue pour eux, sous cette apparence. Aucun ne se doute qu'il s'agit de Catwoman. Selina a d'ailleurs par réflexe retiré son bras lorsque les premiers visages se sont tournés vers eux et, pretexté le besoin de laisser sa veste et son sac auprès de la réception du restaurant. Car ces regards ne sont pas que gênant ou se faisant juges du peuple. Ils sont aussi emplis d'une curiosité malsaine. Une curiosité qui pourrait dans un futur proche se révéler dangereuse pour eux. Car le secret de Selina, cette épée de damoclès tournant au dessus de sa tête, menace de frapper et détruire ce qui a été consolidé depuis plusieurs mois avec plus ou moins de succès. Elle s'installe donc à cette table mise à l'écart des autres. Pas vraiment à l'aise et la tête ailleurs. Aussi délicieux qu'ait été le moment avant le restaurant, aussi puissant que soient les sentiments qu'elle porte envers cet homme lui jetant des regards furtifs, Selina sent le poids de son secret la mettre de plus en plus en déroute.
"Je t'aime Cat." Les mots prononcés la sortent de cette sombre torpeur. Ses yeux se détachent du menu vivement, peut-être un peu trop, trahissant sa surprise face à cette sincérité, ce besoin de lui dire par cette phrase à quel point il tient à elle. D'ailleurs, pourquoi l'aime-t-il. N'est-elle pas l'incarnation même de ce qui représente le crime à Gotham ? Elle est une voleuse, après tout. Et ... une tueuse. Si il sait cela, pourra-t-il encore lui dire avec cette même sincérité ces quelques mots ? Ne se détournera-t-il pas une nouvelle fois, bien que là, il aurait raison de le faire ? Porter le poids de cette responsabilité semblait si facile, jusque là. Mais maintenant, que faire. "J'ai omis de te dire quelque chose d'important." Le dire. Il faut le dire. Ce sera là une nouvelle preuve montrant qu'elle l'aime et qu'elle veut, cette fois, se reposer sur lui. Mais pourra-t-il supporter ce poids. "Même si cela risque de ruiner tout ce que nous avons entrepris depuis des mois, je préfère que cela cesse maintenant que de te voir en subir les conséquences plus tard." C'est pour te protéger. Oui, toi qui ne cesse de vouloir protéger les autres. Comprends pour une fois que je souhaite te protéger, mais cette fois en ne te cachant pas la vérité. Le mois de traque des meta humains me l'a appris, de manière douloureuse. Elle ferme doucement le menu, comme elle ferme ses yeux. "Je t'aime, mais j'ai tué." Un grand silence suit cette révélation.
Waller lui en a sans doute parlé. Elle l'utilise comme une machine à poings de justice quand ça l'arrange après tout, cette garce. Un peu comme elle. Sauf que Waller ne trouvait sans doute plus d'utilité en Catwoman, ou bien ... cherchait-elle à connaître la vérité. Retrouver la vraie meurtrière et ainsi s'emparer d'un moyen de pression conséquent sur la jeune femme. Le serveur revient, permettant ainsi aux deux clients d'arrêter de se regarder dans le blanc des yeux et surtout, de donner le moyen à Selina de ne plus angoisser. "En entrée, je vais vous prendre des brochettes de gambas à la mangue. Ensuite une salade thaï au boeuf pimenté." Peut-être qu'il ne le sait pas. Qu'il essaie de ne rien montrer. Il essaie de ne rien montrer, c'est un fait. Elle aussi ne montre rien en apparence, bien qu'en ses entrailles, tout se tord encore et encore sous la pression. "Je prendrai ensuite un verre de vin de riz, s'il vous plaît. - Très bien. Et vous Monsieur Wayne ?" Selina tourne la tête vers Bruce, toujours aussi ... placide. D'apparence. Pour l'apparence. Mais elle sait, elle sait que là dessous, ce n'est pas de la douceur et de la chaleur qui l'enflamment.Ne me regarde pas comme ça. C'est déjà assez dur de te dire cela. Encore plus dur de ne pas te dire l'entière vérité. Je te protège, je protège Holly. Je souffrirai, mais cette fois je serai maîtresse de ce choix. Ça lui fait mal. Terriblement mal. Pourtant, elle continue de sourire et de faire comme si elle allait manger sans une boule au ventre. Et peut-être que pour que cela passe, elle prendra bien plus qu'un verre de vin de riz.
Bruce resta un long moment silencieux, sans dire le moindre mot, son regard bleuté fixant le visage de Selina. Il a congédié rapidement le serveur après avoir sobrement choisi la même chose que sa compagne ; ils ont donc un bon moment de tranquillité avant qu'on ne vienne les interrompre de nouveau. Il réfléchit. Il pense, ressasse, se crispe de manière presque imperceptible ; même si elle le voit bien, le sait. Il voit, derrière sa façade de circonstances, qu'elle est mortifiée, apeurée, qu'elle a mal. Qu'elle a décidé de garder ce secret pendant longtemps, sans jamais oser le révéler. Pourquoi maintenant, dans ce cas ? Parce qu'elle l'aime, et qu'elle pressent certainement ce que signifie cette soirée.
Et lui, Bruce Wayne, reste stoïque.
En apparence seulement, bien sur, mais peu importe. Il sait, évidemment, il est au courant pour tous ces faits. Ou du moins, pour leur majeure partie. Waller l'avait mis sur la piste, espérant sans doute lui jouer là un sale tour qui court-circuiterait ses activités avec Catwoman. Mais il avait mené l'enquête, comme à son habitude. Il avait fouillé, avait refusé de croire les grossières apparences comme la vérité. Cat n'était pas la meurtrière qu'elle prétendait être par ces simples mots. Peut-être avait-elle effectivement déjà tué quelqu'un, dans sa vie, par colère, par pure défense désespérée. Mais jamais par plaisir pervers. Jamais parce qu'elle n'avait pris cela que comme une solution de facilité.
Alors, encore, il reste stoïque.
Puis, soudainement, il sourit. Il sourit avec une facilité déconcertante, avec une douceur inhabituelle, mais terriblement sincère. Comme un homme qui sait depuis longtemps que sa femme veut lui avouer quelque chose, et qu'enfin, la paix s'établit entre eux car elle est passée aux aveux. Bruce sourit tant et si bien, qu'il tend calmement la main, la pose sur celle de Selina. Il la serre doucement, la chaleur de leurs peaux se mêlant pour transmettre tant de choses qu'il ne pourrait avec des mots. Mais au bout d'un moment, il prends la parole. D'une voix calme, posée, et qui ne saurait être plus vraie, plus pure.
Et surtout, sans la crainte d'exprimer ce qu'il ressent. Il assume, pleinement.
« Sais-tu pourquoi je t'aime, Selina ? »
Son sourire s'élargit, alors qu'il se rappelle un souvenir ou deux. Des souvenirs heureux, il en a eu, et la plupart sont avec la belle brune aux yeux d'émeraude.
« Ce n'est pas par simple attirance physique, ou un syndrome quelconque issu des traumatismes de mon enfance. Ce n'est pas non plus parce que ta tenue évoque irrémédiablement un lien avec la mienne ; pas plus parce que tu es le plus souvent à l'opposé de là où je vais. Qu'importe ce que les gens pensent, je t'aime, pour le meilleur et pour le pire, et de toute façon, ils ne peuvent pas comprendre pourquoi. Tout le monde a peur de moi. Même mes... proches, même mes amis. Même Alfred. Ils craignant tous quelque chose venant de moi, ils se méfient tous de mon pragmatisme. A raison. Mais pas toi. Toi, tu n'as jamais eu peur de moi, pas même l'ombre d'une hésitation. Tu as toujours été plus forte que moi, et tu n'as jamais hésité à me montrer mes erreurs. C'est pour ça que je t'aime, Cat. »
Sous cette redoutable et incroyable sincérité, il y a un but, évidemment. Il est le seul à parler, à captiver l'autre par ses mots et son éloquence. Mais il le fait bien, à la perfection même. Sans lâcher la main de sa compagne. Il veut la rassurer. Il veut lui montrer qu'il sait, qu'il s'en fiche, car ça ne change rien à ce qu'il ressent pour elle. Que ça ne change rien car de toute façon, il sait déjà, et il accepte Selina telle qu'elle est, pas telle qu'il voudrait qu'elle soit. Il l'aime, et il respectera tous les aspects d'elle, par seulement une partie. Il ne veut pas la posséder. Il veut l'aimer, hier, aujourd'hui, demain, pour l'éternité et même après.
« Même là, alors que tu me révèles ceci, tu n'as pas peur de moi. Tu n'as pas peur que je veuille t'arrêter, te stopper. Tu n'as peur que de me perdre, mais s'il le faut, pour moi, tu es prêt à l'assumer. Ce à quoi je réponds : je m'en fous. »
Son sourire persiste, doux, sincère, éternellement beau et pur.
« Tu es telle que tu es, et ce que tu as fait, ces responsabilités que tu endosses, ce sentiment que tu dois le faire, ça fait partie de toi. C'est la preuve que je ne me trompe pas sur toi. C'est la preuve que malgré tout ce qui a pu se passer, ou se passera, je ne cesserais d'éprouver ce que j'éprouve à ton égard. Rien, ni personne, ne me fera changer d'avis. Je suis quelques peu têtu, comme tu le sais. Il y a vingt ans, jour pour jour, nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Le chemin parcouru est incroyablement long, semé d'embûches et d'accrocs. Mais nous sommes toujours là. Ensemble. Littéralement... main dans la main. »
Il le sent, le sait, le moment arrive. Il se lève alors, la main de la jeune femme toujours dans la sienne. Quelques regards sont encore braqués sur eux, mais par une quelconque volonté extérieure, par un coup du destin, la plupart des personnes autour d'eux ne leur prête pas la moindre attention.
« Et comme je te l'ai déjà dit, je t'aime. Je t'ai aimé pendant toutes ces années. Et je t'aimerais jusqu'à mon dernier souffle, quoi qu'il arrive, quoi que l'on fasse, quoi que l'on ai fait par le passé. Il n'est rien de plus important que tout ce qu'on ressent, toi et moi. Alors, quand tu me révèles ceci, et que tu t'attends à ce que je tourne le dos, je refuse. Au contraire. Je me tiens là, devant toi, ce soir, et j'ai moi aussi quelque chose à te dire. »
Bruce Wayne s'agenouille alors, sortant un objet, une petite boîte, de sa poche.
I'll always watch your back Et tout semble s'arrêter. Ce n'est certes que quelques secondes, mais pour celle qui voit, celle qui ressent, ce sont bien plus que des secondes qui se sont écoulées. Elle ne s'attendait à aucun traitement de faveur. Bruce le sait, si ça avait été le cas elle aurait pu bien prendre le contenu de ce vase et ne jamais lui reparler. Et Bruce n'est pas comme cela, elle le sait. Sa maladresse ne se veut pas blessante, encore moins dans l'abaissement de la personne face à lui, si tant est qu'elle ait de bonnes intentions à son égard. L'entendre prendre la même chose qu'elle pour écourter le temps de présence du serveur est nouveau. L'a-t-il fait avec d'autres femmes, en d'autres circonstances ? Cette question effleure un moment son esprit. Ce n'est pas de la jalousie, mais un moyen d'appréhender une situation qui pourrait lui échapper à tout moment alors qu'elle faisait acte de bonne foi.
Quand il sourit, elle est désarmée, mais néanmoins toujours prudente, prête à s'échapper à l'aide d'un subterfuge de son cru. Quand il lui prend la main, il peut la sentir tressaillir, peut-être même sentir les vaisseaux pulser sous sa peau. Vingt ans à subir des affres ou apprécier des moments d'apaisement et de tendresse. Vingt ans et elle reste toujours aussi peu au fait de la chose. Car elle l'aime, et quand on aime on est prêt à tout pour l'autre même si cela peut paraître mauvais, dérisoire, fou, ou sujet à moqueries. Aimer fait si mal qu'il vous enfle la gorge au point que vous n'ayez plus l'impression de pouvoir déglutir. Aimer peut aussi vous faire perdre le contrôle de votre corps et vous faire avoir des mains moites. Aimer peut encore vous bloquer d'esprit alors qu'un moment important se passe près de vous, que ce soit au travail ou ailleurs. Et elle aime Bruce, tout entier. Quand elle se plonge dans son regard bleu qui est si serein, quand elle voit ce même regard changer légèrement sous le pli donné par son sourire et l'expression qu'il donne à ses paroles, quand il serre un peu plus sa large main contre la sienne, elle ne peut que se rendre compte que cet homme est et restera le seul qu'elle aimera. Oh, oui, elle a eu nombre d'amants, certains ayant partagé des moments intenses avec la femme chat, mais aucun n'a su instiller en Selina l'envie de revenir. De réessayer. De prouver, se surpasser, d'être ce qu'elle est. Son discours la touche, la retourne, mais elle tient. Sans vraiment comprendre ce qu'il se passe, bien qu'en recoupant certaines attentions, certains gestes cela lui devienne de plus en plus clair.
Il s'en fout. Ce constat a le mérite de décrocher un début de sourire de la part de la brune. Il refuse et se lève en signe de protestation. Mais il reste et continue de serrer avec tant de tendresse cette main qui tressaute encore par moments. Bizarrement le regard des autres clients du restaurant, ce poids qu'elle se mettait jusque là sur les épaules en ne sachant quoi faire, tout est si désuet. Seul ce moment compte, n'est-ce pas ? Dans un coin de sa tête Selina se moque de Waller et de tout ses détracteurs qu'ils soient de la Batfamily ou non. Leur opinion importe peu, en vrai. "Bruce. Bat ..." Lâche-t-elle d'une douceur qui lui est si rare, si spontanée. Et il la voit non pas se lever, mais se mettre accroupie pour être à sa hauteur. Plus elle se rapproche, et plus elle sourit, car une idée lui trotte dans la tête malgré l'instant si précieux qui se joue. En effet, de sa main libre, Selina sort doucement de sa ceinture un collier. Un collier que ce cher Wayne connaît. Un collier représentant une partie de son passé, mais aussi, maintenant, l'engagement de son futur. Un collier mis sous son nez, tandis que les dents blanches et bien alignées de sa compagne caressent de leur couleur celle des perles du collier de feu Martha Wayne. "Si tu arrives à me mettre le collier d'une main, peut-être que j'accepterai." Et même si il n'y arrive pas, même si il n'est pas un expert cambrioleur, et encore moins un as des nuances de gris, elle acceptera tout de même. Parce qu'elle l'aime. Certes ça peut paraître bateau car les hommes disent toujours les mêmes choses et les femmes aiment toujours entendre ces mêmes choses, quel que soit le contexte et les caractères. Il pourrait lui dire qu'elle est la reine des emmerdeuses, elle aimerait ça et l'emmerderait encore. Elle aime faire l'inverse de ce que l'on attend d'elle après tout, quitte à se faire détester. Alors, pour encore plus le déstabiliser pendant qu'il essaie de relever ce défi un peu idiot, Selina Kyle s'avance et chuchote, si près des lèvres de celui qu'elle ne pourra jamais cesser de taquiner, choquer, et surtout aimer. "Oui." Selina Kyle embrasse alors Bruce Wayne. Un baiser qui ne rompt en rien avec les autres bien que celui-ci prend un air de promesse, ainsi qu'une volonté de déconcentrer le "supplicié". Certains les regardent en ne sachant que dire face à cette situation, ou même faire. Ils hésitent même à sortir leur smartphones pour faire des vidéos, lâcher l'info tant cela paraît surréaliste. Et pourtant, tout cela est bien réel. Réel comme ce tremblement de lèvres ou ces yeux bercés par l'émotion. Oui. :copyright: 2981 12289 0
Bruce sourit, ému, ne sachant quoi dire pendant l'espace d'un bref instant. D'un seul mot, d'une seule parole, d'une seule syllabe, d'un seul son, d'une seule pensée, Selina stoppa net les battements de son cœur pour le relancer de plus bel à un rythme soutenu. Il cherche ses mots, il cherche quoi dire, quoi répondre, alors qu'il tient d'une main sa compagne – non, sa fiancée désormais – et qu'il tient la bague de l'autre. Que dire, de toute façon, dans de pareilles circonstances ? Il est heureux, plus heureux que jamais, et il ressent alors tant de choses et voudrait en exprimer tant qu'il ne sait pas quoi dire.
Mais il se prête au jeu de Selina.
« Alors avant de tenter cet exploit incroyable, laisse-moi juste... faire ceci. »
Délicatement, avec tant de douceur qu'on aurait dit qu'il voulait éviter de briser la main de la belle, il passa délicatement la bague de fiançailles au doigt de Cat. Le petit joyau incrusté dans la bague en argent, pur, éclatant, brillait de milles feux sous les lumières du restaurant. Mais pour Bruce, pour Batman, il n'y avait rien de plus magnifique que le visage de sa fiancée, un visage qu'il avait longtemps craint. A chaque fois qu'il le voyait, il s'était soudainement senti heureux et craintif à la fois, car il représentait tant de choses qu'il n'osait pas accepter. Mais désormais ? Désormais, il s'en réjouissait juste.
D'un geste habile, montrant une dextérité insoupçonnée pour Bruce Wayne, un des hommes les plus riches de la planète, il prit le collier, stoppant momentanément son regard sur les perles. Tous ses souvenirs liés à elles remontèrent d'un coup, mais cette fois encore, il ne flancha pas. Il n'était plus un petit garçon qui venait de voir ses parents se faire tuer dans une ruelle sombre. Il était Batman, et le Chevalier Noir n'avait pas peur. Ces perles avaient appartenu à sa mère, à sa famille. Puis elles avaient été isolées dans un coin, pour être oubliées. Et aujourd'hui... Bruce pouvait presque sentir le sourire de fierté de ses parents, tout en passant les perles au cou de Selina.
Lui aussi, il était fier.
Car il avait réussi. Toute sa volonté mise à l'épreuve, pour se forcer, pour être humain, pour être un homme et non pas juste un symbole. Il avait trop longtemps évité de l'être, car il avait longtemps pensé, avait été persuadé même, qu'être humain l'affaiblirait, le rendrait plus vulnérable. Qu'il ne pouvait pas être ce qu'il était, faire son devoir, tout en étant si vulnérable. Et pourtant, il avait envié cette capacité qu'avaient Dick, Barbara et les autres, à s'écarter de son chemin. Aujourd'hui, il contemplait avec une joie non-feinte sa propre voie, qui était inconnue, mais qui ne lui faisait plus peur.
« Je suis navré, madame Wayne, mais vous n'avez plus le choix désormais. La bague et le collier vous obligent à me supporter jusqu'à la fin de vos jours. »
Ils se réinstallèrent à leur table, alors même que le serveur revenait avec les entrées et l'alcool. C'est vrai, avec tout ça, ils avaient failli oublier la raison de leur venue ici : un dîner, entre eux, dans ce restaurant. En toute simplicité, Bruce prit son verre, trinqua avec celui de Cat, avant de lui adresser de nouveau un sourire.
Le collier et la bague brillaient de milles feux.
Mais les yeux verts de Selina brillaient encore plus. De joie, d'amour. Tout comme ceux de Bruce.
I'll always watch your backLe désir veut conquérir et l’amour veut retenir. Le désir, c’est avoir quelque chose à gagner, et l’amour quelque chose à perdre. Quelle plus belles phrases que celles-ci, alors que tout pourrait vaciller, se faire déchirer par la traitrise ignoble d'une mauvaise volonté. Celle de les séparer, ou celle de dire qu'ils ne vont pas ensemble, qu'il y aura toujours mieux qu'eux. Mais qu'importe, qu'importe. Il ne sont pas le mieux, ils sont de simples humains qui s'aiment et qui viennent d'accepter de se lier pour le reste de leur vie. Faut-il encore que les détracteurs s'époumonent, crient à la catastrophe, ou trouvent un autre moyen de dénigrer cela ? Peut-être, mais ils ne feront qu'user leurs doigts jusqu'aux phalanges ou gâcher de l'oxygène qui aurait servi à quelqu'un étant plus dans le besoin qu'eux. Peut-être, mais ils se prendront un mur. Car il n'y a pas plus belle preuve d'amour que de prendre la liberté de rester alors que l'on pourrait s'en aller. Selina retient ses larmes, reprenant contenance pour le reste du diner. Parlant avec Bat comme elle n'avait jamais parlé, dans un tel contexte. Les rares diners qu'ils avaient pu partagés n'avaient pas cette saveur, où parler de tout semble si facile. Où rire de cette boutade à la fois romantique et un peu cliché devenait un droit. "Je pense ne pas m'avancer en disant que certains de tes protégés vont avoir leurs cheveux qui vont se dresser au dessus de leur tête." Mais elle s'en fiche, elle ne reviendra pas sur sa décision. Selina reprend une gorgée de son verre de vin de riz, une fois son plat terminé. "Mais nous devrons nous occuper de ce léger problème avant. Ensemble. En espérant qu'un esprit malveillant se faisant passer pour une divinité millénaire ne viendra pas cette fois, étioler notre collaboration." Elle fait référence à cette fois, dans le musée de Gotham.
Cela clot leur repas, qui termine sur deux mains entrelacées, dont une maintenant parée d'un serment. Lorsqu'ils sortent, les gens pour la plupart ont le nez sur leur smartphone, ou bien se dépêchent de rentrer. Internet est à la fois le naufrage et le radeau : on se noie dans la traque, dans l'attente, on ne peut pas faire son deuil d'une histoire pourtant morte, ni oublier ces commentaires outranciers sans barrières, et en même temps on surnage dans le virtuel, on s'accroche aux présences factices qui hantent la Toile. Ici, ce n'est pas le cas, encore moins quand au bout de quelques minutes de marche et encore plus de minutes dans un métro (demande faite par Selina), ils arrivent au pied de ce vieux cinéma. La vieille affiche de l'Affaire de Trinidad scintille et peu se bousculent pour cette rediffusion, à l'instar d'un film plus récent et bien plus blockbuster. Selina regarde un moment Bruce, qui semble circonspect, avant de hausser les sourcils et de prendre les devants pour payer leurs places. Certes elle devient madame Wayne, mais cela ne veut pas dire qu'elle va pour autant s'assoir sur les ressources de son futur mari. Et certes, cela peut étonner qu'elle aime ce genre, mais il y a en ce genre quelque chose de disparu des studios d'Hollywood.
Tout se passe pour le mieux dans cette petite salle. Ils doivent être deux couples et un grand père accompagné de ses deux petits enfants turbulents. Mais malgré les cris, les interrogations de ces petites âmes, cela n'enlève rien au partage de ce moment entre eux, main dans la main. Par moments, ils se jettent des regards face à certaines scènes, commentant silencieusement à quel point ce film est quand même en dessa de la réalité de la mafia, ou bien un peu trop romantique avec ses scènes accompagnées de violons montant dans les notes aiguës. Et toujours, ces mains entrelacées. Jusqu'à la dernière minute. Les commentaires qui étaient jusque là silencieux, prennent de la voix après ces deux heures de film. Quand finalement, ils arrivent à destination. L'appartement de Selina. "C'était à ton image." Lâche-t-elle sur le ton de la boutade, bien qu'en vrai, elle ait apprécié ce moment. "Et maintenant." Ajoute-t-elle, en étant posée contre cette porte, en tenant encore la main de son amant, ou plus, son fiancé. "Que fait-on quand l'on est vraiment heureux. Comment fait-on pour que cela ne s'arrête jamais." Car cette soirée, comme celles qui vont suivre vont prendre une autre tournure, elle le sait. Lui, à la fois millionaire respecté et aimé et chevalier noir. Elle, à la fois voleuse au costume de chat et femme des rues basses de Gotham. Que peut-elle faire de son propre chef pour que cette liberté de rester ne disparaisse pas. Elle ne sait pas. Et cela l'angoisse de nouveau. La nouveauté a ce don, malheureusement. Pourtant, quand elle regarde Bruce en cet instant, elle veut lui dire, elle veut le retenir. Qu'il reste.
C'est le sourire aux lèvres que Bruce ne cesse de répondre à Selina. Il est heureux, se sent bien, est fier de ce qu'il a pu accomplir ce soir : partager des moments simples, amoureux, tendres et sans arrière-pensée, avec la personne la plus importante de sa vie. C'était là tout ce qui importait, à ses yeux. Cette nuit, il n'y aurait pas de Batman. Pas de Catwoman. Il n'y aurait qu'eux. Et la nuit.
« Eh bien... j'ai choisi le restaurant. J'ai fait ma demande. Tu l'as acceptée, nous avons dîné, tu as choisi le film... et nous voilà de retour chez toi. Je dirais que la solution la plus évidente, c'est la solution qu'on a choisi pendant vingt ans. C'est bien pourquoi nous ne ferons pas la même erreur ce soir. En vérité... »
Il s'écarta légèrement de sa compagne, sans toutefois la lâcher vraiment. Il garda sa main tendue vers la sienne. Il alla de lui-même remettre de la musique, avant d'attirer Selina à lui pour reprendre une danse calme, romantique.
« En vérité, je te proposerais bien que nous passions simplement la fin de la soirée, puis la nuit, puis demain, ensemble. Ou nous pourrions simplement profiter de la fin de soirée, danser, parler, être ensemble, faire tout ce qui nous plaît, et aviser demain de ce que nous ferons. Nous pourrions faire tout et n'importe quoi, car tant que nous serions ensemble, Cat, ce sera forcément parfait. Après tout, rien ni personne ne pourrait gâcher ce jour. »
Tous deux dansent pendant de longues minutes, ensemble. Ils se sourient, s'embrassent, sans jamais se séparer. Ils profitent l'un de l'autre, dans un nouveau moment aussi étrange et inconnu qu'ils se connaissent parfaitement. Car jamais un tel romantisme n'avait animé leur amour, leur relation, leur attirance réciproque. Ils n'avaient franchi autant de pas d'un coup, ils n'avaient jamais osé rêver de tout ceci. Alors, quand au bout d'un moment, Bruce commence doucement à retirer sa veste de smoking, c'est avec une fébrilité digne de deux personnes qui se découvrent pour la première fois qu'il entraîne Selina dans ce mouvement.
Quand enfin, enlacés dans leur intimité, ils continuent de danser, Bruce recommence à embrasser sa future épouse. Il n'y a rien qui compte, hormis leur existence et le lieu où ils sont. La musique continue, douce, magnifique, chargée d'émotion. Car, certes, ils se connaissent parfaitement, sachant presque tout l'un de l'autre. Ils n'ont pas de pudeur, pas de prudence, car ils savent parfaitement ce que l'autre aime, ce que l'autre attends, ce que l'autre fantasme parfois, ce que l'autre refuse. Et pourtant...
Et pourtant, leur instant d'intimité immobile se brise délicatement, comme quelqu'un tirant la ficelle d'un cordon. Et de nouveau, cette fébrilité, cette excitation freinée, surgit, et elle les pousse à faire preuve d'un calme étonnant, qui ne leur avait pas été utile pendant de nombreuses années. En bref, ils se redécouvrent. Chacun à leur manière, ils redécouvrent l'autre, délicatement, doucement, calmement, patiemment. Des caresses, des baisers, des attentions sobres. Puis des accélérations, elles aussi léthargiques, avant que les soubresauts et les soupirs ne deviennent plus forts, plus puissants, plus rapides, plus chargés. Petit à petit, le rythme s'accélère entre eux. Leur amour est, mais ils le savourent comme si c'était la première fois.
Ils le savourent longtemps. Lorsqu'enfin éclate le dernier soupir, lorsqu'enfin surgit le dernier soubresaut, lorsque leur amour ainsi exprimé, ainsi partagé, s'éteint, la musique s'est tue depuis longtemps. Ils sont là, enlacés dans ce lit, seuls, amoureux, déjà mariés dans leurs cœurs et leurs esprits, dans leurs âmes et dans leurs rêves.
Plongés dans le silence, les deux fiancés se reposent, le sommeil n'étant pas encore là pour les arrêter. Bruce caresse distraitement le ventre de Selina, plongé dans ses pensées, comme si cette fois-là avait eu une toute autre signification. Comme si, de ce soir-là, était né quelque chose d'autre que leur mariage à venir. Mais il était simplement contemplatif, car il était heureux. Il était un homme, rien qu'un homme, avec ses qualités, ses défauts, avec son vœu et son rôle, mais également avec ses responsabilités.
I'll always watch your backSelina ne dort pas, tout comme lui, tout comme nombre de gens à cette heure pour des raisons différentes ou communes. Elle ne bouge pas, ne se lève pas, ne s'enfuit pas alors que d'habitude elle regarderait la nuit depuis sa fenêtre avant de se décider à courir sur les toits et terrasses de Gotham. Ce n'est pas le cas ce soir, car elle est avec lui et c'est bien là tout ce qui compte. Ce soir, comme les autres qui ont précédé, il y a eu ce lien, cette envie d'être à l'autre. Bien que là, aucun masque, aucune barrière de pensées n'a étouffé le besoin d'être auprès de chacun. Alors, quand il pose sa main et commence à tracer distraitement des cercles sur son ventre, elle se met à sourire, un sourire qui s'élargit sans être chargé de taquinerie ou bien d'envie mais simplement de bonheur. Et lentement, après un long soupir langoureux, la jeune femme tourne la tête pour le considérer alors qu'il semble effacé dans ses pensées. Il semble perplexe, mais aussi heureux qu'elle, peut-être est-ce à cause du fait que cela est bien plus intense qu'ils ne le pensaient. Elle vient l'embrasser, l'arrêter pour le meilleur et pour le pire car elle se décide à prendre les devants. À se mettre au dessus de lui, à le prendre aux poignets sans pour autant les serrer et à lui parler sérieusement de certains sujets. "Je voudrai que tu sois attentif quand tu annonceras cela à Damian. Même si j'adore hanter tes pensées, ne te focalise que sur lui et ses sentiments." Elle détache une de ses mains pour venir poser l'index sur les lèvres de Bruce afin de stopper toute réplique ou intervention de sa part, pressant la chair si douce qu'elle aime tant embrasser. Ça peut paraître étonnant qu'elle s'inquiète pour ce gamin qui pourtant n'en rate pas une pour retourner son monde avec les mots les plus blessants qu'ils soient, ou en assassinant des riches de Gotham cachés sous leur masque de hibou. Mais, elle voit en lui quelque chose de vécu de plusieurs façons. Vivre seul, reclus, dans le ressentiment. Être pris en étau sans jamais pouvoir être ce que l'on est réellement. Et surtout, surtout la mort. Voir quelqu'un tuer ou tuer, l'on peut dire ce que l'on veut sur les points de vue différents, ces deux perceptions apportent chacune leur angoisse qui nous fait déraper toujours plus loin. Même si Selina "joue", caresse Bruce, sourit à celui-ci, on peut voir qu'elle est sérieuse, attentive ... qu'il s'agit là sans doute d'une requête. "Tu sais pertinemment que ce n'est pas un caprice de fiancée. Enfin de jeune fiancée." Elle voudrait continuer à parler tandis que ses doigts glissent le long du torse pour finalement taquiner les hanches. Mais, pendant plusieurs minutes pense-t-elle, elle n'y arrive pas. Pas en le regardant. Pas en sentant à quel point dans ce bleu, est cherchée la vérité. Pas de cynisme, pas d'absence, ni de faux semblants. C’est de l’intensité. Du romantisme comme ces roses dont elle comprend à présent la signification. Ses yeux sont profonds. Et magnétiques. Un soupir est lâché et Selina se penche pour déposer un baiser sur ces lèvres. Pression légère. "Et je sais que tu as déjà dû y penser."
Trois heures. Pendant trois heures, alors que Bruce Wayne s'est endormi paisiblement comme rarement auparavant, Selina Kyle n'a pas bougé. Elle est restée là, à dormir, parfois à ouvrir un oeil pour vérifier l'heure tant cette situation est peu commune pour elle. Et pourtant, à chaque fois qu'elle ferme de nouveau les yeux, ses doutes et ses questions s'effacent dans ses bras. Au bout de ses trois heures, le portable de Selina s'allume, vibre et laisse apparaître une notification concernant le projet de casse du laboratoire de meth et autres drogues fortes d'un grand ponte de la drogue. Selina avait accepté le projet pour la pure et simple raison qu'en même temps, doit se dérouler une transaction concernant un trafic de femmes. Des pays de l'est, avec quelques russes qui sont considérées comme des perles rares. Même si aider un autre gars à prendre possession d'un labo pareil n'est pas très légal, il valait mieux mettre cet imbécile mais pas trop glouton en argent de Lenny aux commandes que de laisser l'autre continuer son petit business. Selina regarde les messages défiler sur son téléphone à mesure qu'elle y glisse son pouce, gardant en mémoire les informations les plus utiles, tandis que son autre main reste collée à celle de Bruce. "Tu es réveillé." Elle le sait. Elle ne décroche pas pour autant son nez de l'écran. "Je sais que je ne devrai pas faire ça. Je n'ai pas envie non plus mais ..." Soupir. Ses yeux se ferment. Et l'écran s'éteint d'une pression de l'index sur le côté droit. "... Eddy est un sacré coquin. Pendant que tu battais des ailes contre tes hiboux sans plumes, il a essayé de me provoquer." Provoquer est un euphémisme quand on sait que Catwoman a failli se faire sauter par une petite poupée à l'effigie de Nygma, au nord de Bleake Island. Tout ça parce qu'elle avait osé marcher sur ce tas de squelettes, plutôt que de les prendre en photo. Squelettes appartenant à un gang de jeunes vendeurs de drogue. Nygma a parfois des penchants assez sordides et révoltants. Selina se garde bien de donner tous les détails. Elle veut enfoncer son talon dans les gonades, et Bruce serait bien capable de tenter de l'arrêter. "Mon seul lien est ce chimiste. Si je le fais tomber, je peux le soudoyer et retrouver la trace d'Edward. On dirait presque que je monte un plan, un peu comme toi quand tu rumines devant ton si grrrrand ordinateur." Selina écrase sa tête dans son oreiller et se met à rire en revoyant le Batman sans son masque fixer un immense écran tout en grognant et parlant tout seul pour monter son plan. Elle se moque, mais dans ces moments, il est tout de même ... intense. "Les cafards ne t'ont pas trop embêté ?"
« Je crois que les cafards ont peur de la vieille chauve-souris. »
Il sourit légèrement, avant de passer un bras autour de Selina pour la ramener se blottir contre lui. Il reste un long moment silencieux, à fixer le plafond, ruminant évidemment tout ce qu'elle a pu dire à l'instant, tout ce qu'elle a certainement envie de dire, de faire, et surtout, ce qu'il a lui aussi envie de dire et de faire. Il n'y a pas grand chose qui parvient à échapper à sa vigilance, et les affaires de Nygma ne sont pas parmi les exceptions. Même si cet homme dérangé et compulsif semble avoir cessé de le tourmenter, ou de tourmenter Gotham, depuis plusieurs mois, il n'en reste pas moins que c'est un ennemi dangereux...
En contemplant ce plafond, en repensant à toute cette soirée et toute cette nuit, Bruce n'a pas envie de partir. Il ne veut pas qu'elle parte non plus. Parce que s'ils le font, oui, ils aideront des gens. Oui, ils feront ce qu'ils savent faire, et ils le feront bien, ensemble, concentrés, focalisés. Mais après ? Comment une vie commune, comment leur mariage, comment leur futur ensemble pourraient-ils tenir s'ils sont incapable de dire non ? S'ils sont incapable de faire cet effort, de se dire que ce soir, ils ne bougeront pas car ils ne peuvent pas sauver tout le monde. Et qu'ils sont eux aussi humains, qu'ils ont le droit à leurs faiblesses, à leurs moments à eux. Et qu'ils n'ont pas à avoir honte.
Qu'il y a quelqu'un d'autre, dehors, qui peut s'en occuper.
« Tu veux y aller. »
Ce n'est pas une question ; il sait que c'est la vérité.
« Oui, tu veux y aller. Une partie de moi ne demande qu'à te suivre. Puisque nous sommes engagés, je ne saurais rester ici, ou rentrer au manoir, en te laissant partir seule en chasse. Cette partie de moi me dit clairement que mon costume m'attends, et qu'il est la continuité normale des choses. Qu'importe nos décisions, tant qu'on est ensemble, c'est l'essentiel. C'est ce que cette partie de moi aime me répéter, en cet instant. »
Il soupire légèrement, caressant distraitement l'épaule de Selina. Le plafond continue de le fasciner.
« Une autre partie de moi ne veut pas y aller. Elle a envie de rester ici cette nuit ; cette partie proteste que de toute façon, on ne peut pas sauver tout le monde. Qu'on n'est pas obligé de le faire. Qu'on n'a pas à s'y obliger, car nous n'avons pas fait tous ces pas pour revenir en arrière. Que si on commence ainsi, ce sera encore plus difficile de dire non la fois d'après. D'un côté, elle a raison, tout autant que la première part qui me souffle d'y aller. Mais d'un autre, pourrions-nous nous regarder dans le miroir en sachant que nous avons préféré notre bonheur ? Nous sommes des êtres humains, et personne n'a à exiger ce sacrifice de nous. Mais ce n'est pas nous. Nos rôles, nos responsabilités... nous obligent presque à y aller. Alfred m'a dit, lorsque Dick a découvert mon secret, que je n'avais pas à faire ça seul. Qu’endosser ce rôle, ce fardeau, ne ferait que précipiter ma perte. »
Il marque une pause.
« Si nous n'y allons pas, d'autres le peuvent. Nous connaissons des gens qui feront très bien le travail à notre place, et qui ne nous en voudront pas de, pour une fois, préférer notre bonheur. Mais... si tu veux y aller. Si tu veux qu'on y aille... je suis là. A tes côtés. »
Et il est sincère, bien sur. Il est Batman, et le restera. Elle est Catwoman, et le restera. Si leur mariage doit se passer ainsi, s'il fonctionne ainsi, alors pourquoi pas ? Ils ne peuvent pas nier que leurs alter-ego sont une face de leur amour. Peut-être qu'au final, se dire qu'ils devront faire une croix sur leurs activités nocturnes n'est pas juste savoir dire non de temps en temps ; peut-être que c'est simplement accepter le fait qu'ils vont continuer, mais ensemble. Côte à côte.
Bruce sourit de nouveau, un brin rêveur. Ensemble, côte à côte. Elle, lui, le reste de cette famille étrange. Le futur.
I'll always watch your backOui. Elle veut y aller. C'est un peu égoïste de sa part, en sachant que toute cette soirée, toutes ces choses n'étaient pas là pour que l'égoïsme paie. Même si, elle voudrait lui demander de venir, pour une fois. Qu'ils travaillent ensemble sans que le contrôle soit de mise. Car selon Selina Kyle, même si l'on peut contrôler, cela ne reste, ne tient que jusqu'à une certaine extension, quand il s'agit de "travail". Et pourtant, quand elle regarde Bruce, si sérieux, elle est désarmée. Les doutes l'assaillent et elle n'arrive plus à penser à cette vengeance qu'elle voulait étancher contre ce salaud d'Edward Nygma. "Ah ..." Un soupir, un début de phrase vite éteint pour n'être qu'un souffle. Que deux mains se posant sur des cheveux, une nuque. Ensuite, des lèvres venant embrasser une lèvre inférieure, puis la supérieure. Selina prend son temps, sans non plus bercer dans le sacralisé, et tressaille quand la large main de Bruce vient un peu plus s'appuyer contre son épaule. Pour la pousser, contre lui. Et, alors elle se rappelle de ces moments où elle n'avait plus le coeur de faire et ressentir tout cela, aussi bien physiquement que mentalement. Elle en a honte, car il y a eu cette dispute horrible entre eux, durant laquelle chacun avait hurlé pour prendre l'ascendant sur l'autre dans sa stupidité. Cette dispute où elle a avoué qu'elle faisait peut-être tout pour mourir. "Ça ne me ressemble pas." Son coeur se met à battre d'une façon étrange, lui compressant la poitrine un instant, pour ensuite lui laisser comme un poids. Un poids l'attirant vers lui, ce brun qui maintenant la perce de son regard bleu. "Dans ce cas." Chez elle, l’attraction commence par de la répulsion. Elle a tant de fois voulu le fuir et pourtant, elle n'a pu que s'en approcher ou le voir s'approcher. Elle a eu plusieurs fois envie de le gifler. Elle l'a fait, frappé d'un coup de pied mais aussi embrassé. Il évoque la nuit ? Et pourtant, ils ont vu tellement de jours se lever. Ses mains dégagent les draps et elle se redresse, soudainement pétillante et en pleine forme. "Allons-y."
Détrompez-vous. Catwoman avait bel et bien envie de rester dans ce lit avec l'homme qui va maintenant devoir la subir, et vice versa. Mais elle ne peut déroger à sa réputation, ni même laisser le Sphinx s'en sortir sans une bonne leçon. Alors les voici de nouveau dans leurs costumes, l'une sautant de toits en toits et l'autre ratissant de sa batmobile les rues à toute vitesse. Le vent se lève sur Gotham et sur cette nouvelle soirée. Selina avait en effet voulu passer le reste de la journée à dormir, ou bien ne rien faire que de passer du temps avec Bruce dans un appartement, de manière on ne peut plus banale. N'était-ce pas là un bon compromis ? "Tu sais, je me demande pourquoi parfois tu peux être si frustrant." Nouveau saut, et la suite arrive. "Oh par moments, j'aime être contrôlée, mais est-ce que pour une fois, tu pourrais ne pas établir de plan à côté du mien ? Improviser ?" Une dispute ? Pas vraiment. "Ne triche pas en demandant à ton super ordinateur les renseignements nécessaires. Vin Park. Son laboratoire se trouve deux blocks après le Rond Rouge." Silence. Selina sourit. "C'est une boîte de strip tease. Ce n'est pas le genre de lieux que tu fréquentes." Elle se moque pour qu'il réagisse, alors qu'il approchent enfin du quartier, chacun par leurs propres moyens. Selina saute et se réceptionne en faisant le moins de bruit possible contre les rambardes de la terrasse de l'immeuble où est censé se trouver le fameux laboratoire.
"C'est ici. Ils n'ont pas l'air d'avoir encore mis la cheminée en route." Ce qu'elle nomme cheminée n'est qu'un pauvre système d'aération sortant des gouttières, pour éviter que les soupçons ne soient posés sur l'immeuble. Ingénieux mais quand on y pense, les passants doivent se prendre une sacrée claque quand ils synthétisent de la dure. Selina sort alors les griffes, découpant avec une précision chirurgicale cette vitre dans laquelle elle taille un cercle parfait. "Pas de vitre brisée. Tu n'es pas déçu ?"
« Légèrement. J'aurais pensé que tu serais capable d'entrer avant moi. Visiblement, j'ai été plus rapide. »
Il ne sourit pas, sous ce masque, alors qu'il attend patiemment que sa compagne franchisse le trou dans la fenêtre. Il est passé dans toute la partie justicier de son être, et s'il s'autorise à être plus léger qu'à l'accoutumée, moins déprimant et sérieux, il reste celui qu'il est. Il est le Chevalier Noir, et malgré la demande express de Cat, il a effectué les recherches nécessaires. Il a épluché tout ce qu'il pouvait pour trouver un maximum d'informations complémentaires sur cette histoire. Il n'en dit rien, pour le moment.
Car de toute façon, il n'avait pour le moment rien de plus à dire que ce que Selina avait déjà expliqué.
« Cet appartement semble inoccupé depuis un bon moment, toutefois. La couche de poussière est impressionnante, et il y a... hmm. »
Il se penche, soulevant un vêtement crasseux et oublié qui traînait sur le sol. Un sachet se trouve dessous. Le prenant délicatement, il utilise les scanners de son masque pour l'analyser sous tous les angles et sous tous les spectres possible. Il finit par le tendre à Selina.
« La composition de cette poudre m'est inconnue ; c'est ce que tu cherches ? »
Il se doute de la réponse, évidemment. Il a déjà tiré ses propres conclusions, ses propres hypothèses, et il est plutôt doué pour extrapoler. Il poursuit toutefois son observation minutieuse de la pièce unique de l'appartement.
Le lit simple est usé, le matelas troué, et il n'a pas servi au sommeil depuis des lustres. Le coin cuisine était sale, plus sale que ce qu'une personne ordinaire n'aurait toléré, et n'a sans doute pas non plus servi depuis longtemps. De la vaisselle rouillée, et sale, trône encore dans l'évier ; les plaques de cuisson, électriques, sont heureusement éteintes et ne reçoivent plus de courant. Les placards sont presque vides ; quelques ustensiles, quelques couverts, mais rien d'autre. Le frigo, lui, ne possède plus qu'une bouteille d'eau glacée. Et probablement périmée. L'appartement n'est pas bien grand, de toute façon ; et la personne qui vivait là n'avait visiblement pas trop le souci de l'hygiène.
« Nous sommes dans un des appartements de l'immeuble. Vu l'état de celui-ci, et l'utilité des lieux, il y a fort à parier que le reste du bâtiment est dans le même état de désolation. Nygma a du installer son laboratoire à la cave, reliant la plomberie pour faire sortir les vapeurs par les conduits d'aération. Le problème, c'est que tous ces vieux bâtiments sont truffés de matériaux vieillissants qui m'empêchent de voir au-delà du sol. Il va falloir descendre à l'ancienne. »
Ils sortirent donc, prenant le temps de guetter le moindre piège ou le moindre signe de vie de quelqu'un d'autre. Avec le temps, ils savaient comment réagir le plus efficacement possible contre Nygma ; en agissant ensemble, de manière calme et réfléchie. Se précipiter, avec lui, n'avait rien d'une bonne idée. Ils descendirent, prenant l'escalier pour se rendre dans l'atrium, lui aussi sale, et atteignirent enfin la porte menant au sous-sol.
Un gigantesque point d'interrogation vert était peint dessus.
« Je crois que nous sommes à la bonne porte. »
Comme pour lui répondre, une voix nasillarde et hautaine retentit alors, via un haut-parleur :
« Qu'est-ce qui se trouve deux fois dans Batman et Catwoman, mais une seule fois dans leurs noms ? Réponds, et la porte s'ouvrira. »
Bruce ne put s'empêcher de jeter un coup d’œil consterné à sa compagne. La solution lui paraissait tellement évidente qu'il commençait à douter de l'intelligence de Nygma.
I'll always watch your back Selina avait en effet pris son temps. Se méfiant suite à sa mésaventure des possibles caprices de grandeur de Edward Nygma. Elle sait pertinemment qu'il l'attend. Qu'il fera tout pour avoir l'ascendant sur elle afin de se rappeler "du bon vieux temps". Faisant mine d'ignorer la remarque de Batman, elle tourne, scrute chaque interstice, recoin, défauts, afin d'en tirer quelque chose. Ou de repérer quelque chose. Elle en est sûre, Eddy est en train de les observer. Et bingo ! elle repère une caméra dont l'oculaire se dévoile depuis la surface de bois d'un petit coffret. Selina sourit à la caméra un court instant avant de commencer à la lancer. Quand le chevalier noir lui montre la substance, elle ne fait que hausser les épaules, bien que d'un bref échange de regards, ils s'échangent la vérité autour de cette découverte. "Étonnant. J'aurai juré que les collaborateurs d'Edward avaient organisé l'immeuble entier en bar à chicha. Et bien entendu, qu'il nous serve le thé à notre arrivée." Comme à son habitude, le Batman ne réagit pas à cette pique. Il n'y a pas matière à réagir, de toutes façons. Ils descendent en silence, faisant preuve de minutie afin d'éviter les éventuels pièges tendus par Nygma. Mais ... en avançant, Selina remarque qu'aucun piège n'est présent. Comme si cette petite enflure en vert savait qu'ils seraient là. La jeune femme recule d'un pas en entendant alors l'énigme. Bruce est consterné, mais sans doute pas pour la bonne raison. Nygma n'est pas du genre à céder sur des énigmes aussi faciles. Quelque chose cloche. "Ce n'est pas normal on aurait dû être accueillis par les hommes de Vin. Et cette énigme est bien trop facile. - Toujours aussi perspicace ma chère Catwoman. Cependant, ta prédisposition à ne pas respecter les règles a le don de me contrarier. - Oh Eddy. Que sont les règles quand celui qui les impose triche impunément. Mais si tu tiens teeeeellement à ta réponse, il s'agit du N. Ou peut-être man ? Tu me déçois, faire de si grossières erreurs sur l'une de tes précieuses énigmes ..." Le Sphinx crie un sale catin avant que quelque chose ne se fracasse de son côté. Sans doute une tasse. Puis, un bruit sourd se fait entendre, un étage plus haut. Et Selina devine déjà ce que leur envoie ce cher Sphinx. Ses robots. Comme si cette énigme allait ouvrir de manière immédiate cette porte. On parle des énigmes et jeux d'Edward Nygma après tout. Selina s'étire et passe devant Batman en soupirant d'aise et en se déhanchant dans un pas lent. Pour provoquer autant le chevalier noir que leur adversaire. Même si les raisons divergent. "Que le show commence." Et les robots tombent du plafond dans un grand fracas, prêts à suivre les ordres de leur maître Nygma.
Tous deux, grâce à une habilité et une synchronisation capable de faire jalouser les meilleurs duos de combattants, les deux ombres de la nuit arrivent à rapidement mettre hors d'état de nuire les robots. Selina éclate de ses talons à pointe de diamant la dernière machine à sa portée en plein dans la partie ventrale. De lents applaudissements se font entendre à l'autre bout. "Je n'en attendais pas moins de vous. Un duo magnifique, sûrement capable de survivre au pire. Apprécie cette petite séance pour te mettre en jambe, chevalier noir. J'ai bien d'autres choses en stock." La communication se coupe, tandis que la porte s'ouvre, débarrassée du système qui la maintenait jusqu'alors fermée. Selina soupire, à son tour contrariée. "Et voilà. Il suffit d'être honnête avec les hommes pour qu'ensuite ils vous oublient et ce, même si vous avez fait en sorte de vous rattraper." Qu'il ne le prenne pas pour lui. Elle fait simplement en sorte de jouer avec les doutes d'Edward et lui instiller l'idée qu'ils n'auraient pas dû être là ensemble, ce soir. Elle enlève de sa botte la substance qui coulait jusqu'alors dans le système des robots avant de commencer à descendre les escaliers, comme si de rien n'était.
Le duo débarque dans une vaste pièce, plus vaste qu'espérée. La première chose visible, aisément remarquable, est la présence d'un homme suspendu par les mains au centre. Les chaînes sont grossières, mais solides, et il est visiblement là depuis un bon moment car il pend mollement. Le captif est mal en point. Autour de lui, un vaste réseau de petites plaques de pression, suffisamment large pour accueillir une personne, mais pas assez pour deux. L'issue de ce piège à grande échelle est facile à voir : il faudra parcourir les lieux dans un certain sens.
Mais ce ne sont pas les seules choses à noter. Nygma avait installé, dans le fond de la pièce, un piédestal sur lequel trônait un coffret en bois, marqué d'un point d'interrogation vert. Au plafond, les lampes émettaient une lueur sinistre qui masquait presque les nombreuses traces d'usure et de sang qu'on pouvait encore apercevoir à certains endroits. Des haut-parleurs avaient été installés un eu partout dans la pièce, probablement pour résonner et assourdir les occupants de la pièce.
« A croire qu'il s'est surpassé. Ou qu'il a essayé de le faire. »
Un commentaire sombre.
Il reste immobile l'espace d'un instant, se doutant que le captif au centre doit être Vin. Il préfère donc laisser Cat s'en occuper ; s'il peut atteindre le coffret, de l'autre côté, cela leur permettrait de travailler de nouveau en équipe pour se débarrasser plus facilement du piège tendu. Il s'avance au bord des plaques de pression, et active aussitôt les gadgets de son masque pour analyser la pièce entière.
Ce qui provoque immédiatement une réaction :
« Minute, minute, Chevalier Noir. Tu ne voudrais quand même pas insulter ta propre intelligence et celle de ta catin en utilisant un gadget pour résoudre ce problème épineux, si ? Allons, je suis certain que tu en es capable. Prouve-le. Récupère la clef, qui te permettra d'ouvrir la porte pour sortir. »
De fait, la porte derrière s'était refermée. Elle était épaisse, mais le masque détectait également autre chose, comme une grille, qui se serait abaissée derrière. Evidemment.
« Quant à toi, Catwoman, je te serais gré de bien vouloir te plier aux règles, toi aussi ! Tes petites plaisanteries ne font rire personne ; il s'agit d'un test d'intelligence ! Les chats sont censés l'être, alors prouve-le, toi aussi ! »
Batman termina son analyse de la pièce. Il entrevit rapidement le chemin à parcourir ; sa mémoire presque infaillible allait grandement l'aider à s'en sortir. Mais il y avait un hic ; il n'allait pas pouvoir réutiliser ses gadgets maintenant, car Nygma avait certainement prévu quelque chose de déplaisant s'il était amené à en faire de nouveau usage. Autant éviter de mettre inutilement Cat en danger. Il s'avança donc sur la première dalle, prudemment. Celle-ci s'illumina, mais ne déclencha rien de plus. Il tourna brièvement la tête vers sa fiancée :
« Je récupère la clef. Occupe-toi de ce gars. »
Il avança encore, plaque par plaque, faisant confiance à son instinct pour le guider aisément. Il parvint jusqu'aux trois-quarts du labyrinthe de plaques, et s'arrêta là. Il était à encore cinq bons mètres du coffret, et il ne se rappelait plus le chemin à suivre. Tant pis. Il avait d'autres moyens.
Il sortit alors le bat-grappin de sa ceinture, et s'apprêta à s'en servir pour attraper le coffret.
« Chevalier Noir, si tu te sers de cet objet, ce serait de la triche. Et si tu triches... je révèle à tout Gotham ta véritable identité. »
Cela ne freina Bruce qu'une poignée de secondes. Par réflexe, il avait arrêté son geste, évidemment, car il tenait à son identité secrète. Mais ensuite, il s'était rappelé que malgré son intelligence redoutable, Edward n'avait jamais réussi à savoir qui il était en réalité. Ce mystère avait obsédé bien des individus, notamment Hugo Strange et Double-Face, voir même le Joker parfois, mais l'Homme-Mystère n'y était jamais parvenu.
Il utilisa donc son gadget pour attraper le coffret, provoquant par là même un accès de colère chez leur ennemi.
I'll always watch your back La folie des grandeurs d'Edward a toujours le don de faire hausser les sourcils à Selina. Toujours plus d'excès, toujours plus d'effets. Et pour quoi ? Pour un rien le rendant tout bonnement pitoyable. Oh, Eddy a parfois ses bons côtés, un sens de la création frôlant parfois le génie. Malheureusement son envie de mettre à mal autant ses opposants que ses victimes mettait en déroute ce sens créatif. Selina regarde Vin, pendu comme un pauvre tas de viande sorti de l'abattoir. Il gémit de douleur, et ... semble pris de relents. Ce détail a le don d'attirer l'oeil de la voleuse, troquant son sourire en coin pour une expression bien plus grave. Son expression s'aggrave quand le criminel aux énigmes fait référence à sa personne sous le doux nom de catin. Mais elle reprend vite contenance, et réplique de manière à la fois sensuelle et acide. "Mrow. Serait-on frustré, mon beau roux ? Joker te manquerait-il ?" Malgré son contrôle, l'attitude de Bruce face aux menaces du Sphinx la pique à vif. Elle jette un coup d'oeil mauvais vers le chevalier noir avant de hausser les épaules, soupirer lourdement et se plier aux règles de leur "bourreau". "Si tant est que tu ne t'amuses pas à enrager Nygma." C'était de mauvaise foi, étant donné qu'elle aussi ne se gênait pas pour mettre le criminel en boule. La jeune femme s'avance à son tour. Les sigles posés sur le haut des murs lui font comprendre qu'elle doit avancer sur les dalles portant le même signe que ceux dessinés sur chaque face latérale constituant la pièce. Tout semblait se dérouler sans accrocs ...
... jusqu'à ce que Selina atteigne les trois quarts du parcours. Elle s'est figée à l'instant même où son compagnon a sorti son grappin. Des vibrations surviennent alors sur la dalle. D'un vif coup d'oeil, elle vérifie qu'elle ne s'est pas trompée. Et elle ne s'est pas trompée. Yeux écarquillés sous ses lunettes et le coeur au bord des lèvres, la femme chat essaie de prévenir le Batman. "Batmaaaan ... ?" Malheureusement, c'est un cuisant échec. Sans doute trop concentré sur le fait de faire fi de la menace de Nygma, Bruce ne remarque pas ce qu'il enclenche, un système à deux temps. Le premier vient les enfermer tous les deux dans un épais cylindre de verre. Le second enclenche quelque chose d'horrible, qu'aucun des deux ne peut arrêter. Vin Park se retrouve tiraillé dans chaque once de ses chairs, tandis que des machines semblent se mettre en route autour d'eux. Plus le temps passe et plus la douleur se fait présente, plus l'homme sent l'intérieur de son corps se déchirer sous la pression de ce qu'il a dû avaler de force bien plus tôt. Et dire qu'il pensait avoir fait son boulot, qu'il était dans les bonnes grâces de Nygma. Qu'il allait bientôt partir pour les Bahamas et faire comme ces gars qu'il a toujours envié, si beaux, si propres sur eux. Si riches.
Catwoman observe la scène, comprend ce qui va advenir et ne peut jeter qu'un regard paniqué à Batman avant que ne s'abatte l'inéluctable. Vin Park se retrouve déchiré, littéralement, pendant que sort de son ventre et de son thorax des billes aimantées. Le bruit d'éclatement est insupportable, autant que l'impact de ces billes sur leurs cylindres. Elle croit que la structure va céder. Que c'en est fini. Avant d'entendre Edward pousser un soupir d'aise. "Que c'est navrant. Tu as obtenu ton précieux coffre Batman, mais à quel prix." Le regard de Catwoman se porte sur la surface vitrée. Quelque chose l'attire ... ces impacts. Elle a l'impression de lire une phrase à mesure que le sang s'écoule par petits filets.
"Batman m'a tué"
Son propre sang se glace. Certes, Vin était un enfoiré de première. Certes, il méritait peut-être cela, au vu du nombre de femmes qu'il avait violenté et tuées sous ses coups ou en les poussant à l'overdose. Mais là ... "Est-ce ainsi que tu as agi pour ton protégé ? Comment se nomme-t-il maintenant ... Red Hood ?" Le cylindre de Bruce s'abaisse, mais pas celui de Selina. La dalle se dérobe sous les pieds de la brune, la faisant tomber dans les égouts. Et à qui appartient ce territoire ? Bingo. Croc. Killer. Green. Croc. Une fois tombée dans cette masse d'eau trouble agrémentée des déchets puants des gothamites, Selina feule. "Et après, on dit que je suis la vilaine fille ? Je te le jure Nygma. Je te trouve je te traîne sur les sols de Ace Chemicals, jusqu'à ce que tu hurles sous l'effet corrosif des acides qui imprègnent le sol." Edward rit, même si il sait que cette damnée de Catwoman est sérieuse. La dalle revient et laisse donc Selina dans ce tunnel. À la merci de l'une des pires créatures se cachant dans les bas fond de Gotham. "Ouvre à présent le coffret. Sans utiliser tes gadgets." Edward attend que le chevalier noir s'exécute. "Voilà qui est bien mieux !" À l'intérieur se trouve une autre clé. Et, un des pans de mur de la pièce coulisse pour faire apparaître une myriade de serrures. Au dessus de chacune d'entre elles se trouve un mot. "Dans un cycle sans fin, je viens dans une variété de couleurs. Qui suis-je ? Si tu te trompes, je lâche Killer Croc sur Catwoman. Et si tu tardes ..." Nygma tait la fin de sa phrase, gardant pour son propre besoin ce secret. Cette nouvelle délicatesse qui risque de ne pas plaire au chevalier noir.
L'énigme lui prends quelques secondes à résoudre. Car en fait de simplement la poser, Nygma est obligé, compulsivement, de laisser échapper des choses. Et notamment, parmi toutes les réponses proposées, tout se rapporte à la même chose : la nature. Arbre. Feuille. Tronc. Herbe. Soit l'Homme-Mystère préfère faciliter la tâche du Chevalier Noir, soit il n'a pas conscience qu'il donne des indices énormes. Ou alors, il le fait volontairement, augmentant graduellement la difficulté de ses énigmes ?
Quoiqu'il en soit, maintenant qu'il sait où insérer la clé, il le fait. Sur la bonne réponse : feuille.
Un déclic se fait entendre, puis un autre, puis un autre, puis encore un autre. Les mécanismes, internes et externes, s'activent, s'enclenchent, et finissent par libérer un trou dans le mur. Le trou s'agrandit encore, pour finir par devenir une ouverture béante, comme un tunnel. Utilisant ses gadgets – après tout, l'énigme était finie maintenant – il put distinguer que le couloir s'abaissait rapidement. Il s'avança donc, sans crainte, tandis que la voix de leur ennemi retentissait de nouveau :
« Eh bien, toutes mes félicitations Chevalier Noir. C'était facile, j'en conviens, mais tout le monde n'a pas la capacité de résoudre ces problèmes. Mais maintenant... le vrai jeu commence. Ta chère et tendre Catwoman est bien sagement installée près du repaire de Killer Croc... mais évidemment, elle ne risque rien, car Killer Croc est encore enfermé à l'asile d'Arkham pour le moment. Enfin bref. Suis ce couloir, Batman, et tu atteindras l'étape suivante. »
Il avance, de toute façon, d'un pas vif et rapide. Il a un pressentiment sur ce qui va suivre, et il tient à voir s'il a raison. Persuadé que Nygma ne pourra pas résister à l'idée de les confronter dans une énigme commune, ou du moins, dans une énigme qui leur permettrait de se rejoindre, il se préparait à voir sa future épouse dans une situation difficile.
Il atteignit alors le fond du tunnel. L'humidité et la saleté le prirent au nez, malgré les filtres de son masque, et il put déterminer sans trop de mal qu'il étai lui aussi à proximité du repaire de Killer Croc. Il arriva devant une porte blindée, marquée évidemment du point d'interrogation vert de ce cher Nygma.
« Ah... nous y voilà ! Mon passage préféré. Celui où, par un heureux hasard, Batman et Catwoman vont devoir collaborer pour s'en sortir. Evidemment, je ne prétends pas savoir tout ce que vous faites entre vous, sur les toits de Gotham, mais je peine à imaginer qu'il s'agit simplement de discussions philosophiques. Ecoutez-bien, tous les deux. Résolvez l'énigme ensemble, et vous pourrez vous retrouver dans la pièce finale. Echouez, et l'un d'entre vous sera brûlé comme Harvey Dent. Echouez encore... et l'autre subira le même sort. Je suis généreux, vous avez le droit à deux erreurs. C'est plus que ce tu mérites, Batman, fauteur de troubles ! Et toi aussi, Catwoman, toi qui étais des nôtres et qui préfère s'allier à la chauve-souris. »
Sur cet accès de colère, Nygma se racle la gorge, et pose l'énigme :
« Je commence et finis par un simple e, et je contiens une simple lettre. Qui suis-je ? »
I'll always watch your back Nygma enchaîne les sous entendus voilant à peine son ton accusateur. Cela est étonnant, n'avait-il pas Pamela pour combler ses moments de solitudes ? Ou bien a-t-il fini par se décider à tester la vie d'ermite tel un Raspoutine, et remarquer qu'il ne peut pas déroger à ses envies les plus secrètes. En tout cas, quand Edward approche la caméra de Catwoman grâce au téléguidé pour étudier l'expression faciale de la voleuse, il ne trouve qu'un air bien moqueur, deux yeux le regardant depuis cet objectif, transcendé par ces paroles. En rien, elle n'est vexée, alors c'est lui, qui se vexe. "Combien de fois l'a-t-on évoqué Eddy. Je n'appartiens qu'à moi-même. À croire que tu ne t'es toujours pas remis de mon refus pour ce plan à trois. - Je ne ... réponds à l'énigme." Touché. Ainsi il lui en voulait toujours d'avoir joué solo sur ce casse, plutôt que de le rejoindre avec sa bande et sa nouvelle coqueluche nommée Echo. Comme si elle devait quoi que ce soit à lui, Cobblepot ou bien Dent. Ils sont bien mignons, mais combien de fois ont-ils été prévenus. Voyant qu'Edward se tait enfin, et attend sa réponse, Catwoman s'avance, tout en essayant d'enlever les derniers reliquats de saleté sur sa combinaison. "Enveloppe." À peine dit-elle la réponse, qu'un mécanisme se met en marche. Par réflexe, Selina se recule. Et heureusement qu'elle avait ce réflexe car, au vu du mur venant de fracasser l'autre pan des égouts, elle aurait fini en crêpe. Voyez par vous-mêmes, Edward adore tricher. Mais attendons son excuse. "Oh. Mes doigts ont glissé. - Je me demande bien pourquoi ils sont aussi glissants. Aurais-tu des sueurs ou ..." De nouveau, le silence. Puis, vient le moment où le mur s'ouvre pour laisser apparaître deux mécanismes en forme de serrure ouverte sur le côté. À l'intérieur se trouve deux petits cylindres sur lesquels Catwoman devra tourner les pièces pour ressouder et relancer le mécanisme. Si elle a accès à cette énigme, c'est sans doute parce que Bat a réussi la première énigme de son côté.
Après quelques secondes à tourner agilement un de ces systèmes n'ayant pas de secrets pour elle, un cliquetis, suivi d'un bruit sourd survient. Et, la voici sortie après la montée de quelques marches ... pour se retrouver dans la même pièce que cet homme caché sous son intimidant costume de chauve souris. "Il a vraiment beaucoup d'argent à perdre. Quand je pense à toutes ces virées à l'étranger, ces oeuvres d'arts et bijoux qui auraient pu être achetés ..." Selina pousse un long soupir, tout en glissant ses mains le long de ses bras et de son torse, rêveuse. Jusqu'à l'arrivée de décharges électriques sur la moitié du sol. Nouveau soupir, suivi cette fois d'un roulement de ses yeux. "Oh génial. Encore une énigme. Mais quel est son problème." Viennent ensuite des bras articulés, agrémentés en leur bout de jolies foreuses rotatives essayant de les envoyer de vie à trépas. Le but est d'éviter ces bras articulés le tout en allant sur les plateformes non électrifiées. Malheureusement pour Edward qui alors s'apprêtait à faire sa petite entrée éducative sur ce nouveau piège, Catwoman sort son fouet, attrape un des bras pour se jeter dessus et obliger le système à venir attaquer d'un autre bras cette cible, se révélant être son semblable. Le premier bras attaque et casse le second dans un bruit strident de ferraille et de craquements. Selina se retourne vers son amant et hausse les épaules. "Tout à l'heure, il disait avoir les doigts glissants. Je ne sais pas ce qu'il fait, mais il n'avait qu'à être un peu plus rapide. Bon. Tu viens ou je m'amuse toute seule, pendant que tu broies le noir des sous sols de Gotham ?" Et Edward hurle. Hurle sa colère, entonne qu'ils sont impossibles, qu'ils ne pourront jamais gagner, qu'ils ont la mort de Vin Park sur les épaules. Qu'ils ne valent pas mieux que lui.
Bruce s'avance, dépassant légèrement Selina. Son action, sortant complètement du plan prévu par Nygma, avait totalement anéanti le piège préparé par ce dernier. De même que l'audio, les empêchant donc de se délecter de la douce et colérique voix de l'Homme-Mystère.
« Je ne broie pas du noir. Je m'habille en noir. Nuance. »
Il continue d'avancer, jusqu'à atteindre l'autre bout de la pièce. Et là, il se retrouve momentanément coincé. En effet, Selina avait neutralisé le piège d'une manière directe, brutale, et les mécanismes ne s'étaient donc pas enclenchés pour ouvrir un nouveau passage. Il allait donc leur falloir œuvrer différemment pour parvenir à se sortir de là. Le Chevalier Noir reste un moment immobile, à examiner le mur par tous les scanners à sa disposition.
« Hmm. »
Il donne alors un grand coup de poing, en plein centre du mur. Le plâtre explose, libérant un trou béant derrière lequel se cache une manivelle. Il l'actionne, ouvrant ainsi sur le côté une porte dissimulée dans un autre mur. Pour changer, des points d'interrogations verts scintillent par l'ouverture, laquelle laisse apercevoir un couloir étroit et bas de plafond.
La voix de Nygma leur parvient alors, éloignée, comme provenant de beaucoup plus loin :
« Si je ne te savais pas si ingénieux, Chevalier Noir, je dirais que tu as triché pour ouvrir cette voie. Enfin, qu'à cela ne tienne ! Voyons si vous pouvez de nouveau travailler en équipe. Catwoman, sache que j'ai un petit quelque chose pour toi qui t'attends sagement à l'autre bout de ce couloir. Vous avez intérêt à jouer selon les règles, sinon... »
Sa voix s'était soudainement faite plus menaçante.
Ils avancèrent donc, l'un après l'autre, en silence. Batman était obligé de se pencher et d'avancer de travers pour pouvoir atteindre l'autre bout de ce sinueux couloir... qui dévoila une pièce étonnamment exiguë. Basse de plafond également, elle ne semblait pas particulièrement tordue. Et pourtant, il y avait une unique source de lumière, verte, au fond de la pièce.
Tout cela donnait une étrange teinte à la pièce, et surtout au spectacle macabre qui s'étalait sous leurs yeux. Une cage électrifiée avait été dressée au centre, aux mailles si fines que rien n'aurait pu passer à travers. A l'intérieur, un chat roux, amaigri, visiblement souffrant, poussa un miaulement désespéré en voyant arriver le duo. La première impulsion de Cat fut évidemment de se précipiter ; Bruce la retint du bras, au moment même où son pied déclenchait un piège.
L'instant d'après, une lame scintilla, et découpa une profonde entaille dans le flanc du félin.
Bruce lâcha délicatement sa compagne, avant de se tourner vers le côté ; une caméra s'y trouvait, montrant Nygma se délectant visiblement de sa petite victoire.
« Ah, Batman ! Tu vas devoir apprendre à la museler, car sinon, elle pourrait bien finir par le tuer, ce pauvre petit chat ! Tu sais comment sa propriétaire l'appelait, de son vivant ? Batou. Elle aimait bien l'appeler comme ça. Malheureusement, une leucémie l'a emportée. Enfin, peu importe ! Ton amie n'a qu'à bien se tenir, cette fois, et elle ne blessera pas à nouveau le chat ! »
« Quand je te trouverai, Edward, je te jure que tu finiras à Arkham pour le reste de ta vie. »
« Si tu le dis, Batman ! En attendant, tu as intérêt à répondre correctement à mon énigme, sinon le piège se referma complètement et tu assisteras à au délicat, rapide, et sanglant découpage en rondelles de cet animal de malheur ! »
Sa voix prit alors des accents beaucoup plus énigmatiques, comme quand il posait des questions alambiquées.
« Je suis ce que je suis. Mais je ne suis pas ce que je suis, car si je suis ce que je suis, je ne suis plus ce que je suis. Qui suis-je ? Vous avez trente secondes, les amoureux. »
I'll always watch your back Le sang de Selina se glace. Que ce soit la main ferme de Bruce sur son bras, ou la vision de ce chat maintenant blessé par sa faute, tout la perturbe. Car elle revoit ce salaud de Vin mourir d'une façon horrible, elle revoit ce corps éclater pour projeter tout ce métal et déverser le sang s'étant déposé sur les vitres blindées de ces cylindres. Depuis l'invasion de Darkseid et son coeur de nouveau guéri, Selina avait vu beaucoup de choses horribles, surmonté le pire alors que Gotham menaçait de s'effondrer dans les tumultes de quelques habitants violents. On pourrait croire que cela n'est pas différent de la guerre des gangs, mais ... cette guerre mondiale avait laissé des traces. Des traces que Selina a préféré taire jusque là. De peau et d'os. De sang, et de poils. Batman a beau la lâcher délicatement, la voleuse recule brusquement et détourne le regard. Sa main vient instinctivement se poser à l'endroit même où Bruce l'a retenue. "Je suis ce que je suis. Mais je ne suis pas ce que je suis, car si je suis ce que je suis, je ne suis plus ce que je suis. Qui suis-je ? Vous avez trente secondes, les amoureux." C'en est trop pour elle. Il a réussi à l'agacer, à l'empêcher de ravaler sa fierté. Alors elle sort les griffes, fait voler son fouet qui alors s'empare de la caméra. D'un coup sec, elle l'arrache et l'objet se fracasse à terre en déversant quelques un de ses composants. "Eh bien ... je ne pensais pas que je serai aussi grisée et soulagée de voir cette caméra à terre." Malgré la colère pulsant dans ses veines, Catwoman se sent nettement mieux en ayant imaginé la tête d'Edward à la place de cette machine servant à assouvir les besoins de voyeur de son propriétaire. Edward en rit, voyant qu'enfin il piquait au vif celle qu'il aime tant mettre au pied du mur. "Aurais-je touché une corde sensible Catwoman. Moi qui pensais que tu n'avais plus de sentiments ... quelqu'un t'a donc aidé à redevenir cette faible femme que pourtant tu tentais désespérément de fuir ?" Il sait. Car Hush a été assez idiot pour se targuer de cet exploit. Car Edward Nygma avait donné quelques unes de ses ressources à cette momie pour qu'il puisse agir contre le chevalier noir, pendant que lui, étudiait les événements. Il a même embauché maintes fois Selina en sachant qu'elle n'avait plus les mêmes états d'âme. Elle reste muette, l'ignorant pour ne pas perdre de vue l'objectif principal. À chercher sur ces nouveaux murs le moyen de comprendre cette nouvelle énigme. "L'ombre." À peine le dit-elle que des spots se mettent à dégager une puissante lumière. Elle profite de cet aveuglement touchant autant leur bourreau via ses écrans que Batman, afin de s'installer sur le plafond.
"Il s'agit bien de l'ombre. Celle qui vous suit sans cesse, vous observe et s'imprègne de vos mouvements. Qui de vous deux est l'ombre de l'autre. Qui est l'ombre de ce pauvre animal en train de se vider de son sang." Accrochée aux grilles du plafond, Catwoman avance, esquivant la cage car elle sait qu'Eddy y a mis un de ses fichus pièges. Nygma applaudit, voyant que la femme chat comme le chevalier noir comprennent chacun de leur côté la complexité de ce dernier piège fait de jeux d'ombres. "Bien. Pas de tricheries. Évitez de trop vous approcher de la cage." Il fallait en effet former certaines ombres en s'aidant des lumières tournées vers le plafond et de celles tournées vers le sol. Il suffisait simplement de reproduire la combinaison de chiffres exacte défilant sur un écran. Cependant, les chiffres défilent vite ... bien trop vite. "Que l'on soit clairs, Batman. Même si tu m'as empêché de tuer pour de bon ce petit être, je t'empêcherai de laisser Eddy s'en sortir avec un simple aller pour Arkham." Elle attrape de ses doigts les barres des grilles et commence à jouer de ses jambes pour former la courbe basse d'un cinq. Le cinq à présent formé et après un léger jeu de jambes destiné à l'aider dans sa prochaine action, elle remonte agilement sur le plafond en se balançant. "Et pour ta gouverne, Nygma, aussi difficile que ce soit d'accepter cette réalité, nous ne faisons que collaborer. Jusqu'à ce que je te soutire ce qu'il faut de toi." Quelque chose bout en elle. Cela la rend plus impatiente, moins à même de garder toute sa concentration sur l'effort qu'elle fait. Malgré la douleur dans ses bras et doigts, malgré la sueur perlant sur son visage et son cou, la brune continue. Plus que deux chiffres.
Il ne faut pas longtemps que Bruce comprenne parfaitement ce qui se profilait, douloureusement et dangereusement. Selina l'avait sans doute compris très vite, mais elle voulait quand même essayer. Pour tout un tas de raisons que le Chevalier ne pouvait que comprendre, même si c'était son boulot d'y adhérer. Il empêcherait sa fiancée de tuer Nygma. Mais il ne l'empêcherait certainement pas de s'en occuper pour qu'il soit enfermé à Arkham, mais pas indemne. Il donnerait volontiers un coup ou deux... même s'il fallait qu'il donne le change.
Et de toute façon, il savait bien que le seul moyen d'y parvenir, c'était de sauver le petit animal.
Ce dernier avait cessé de miauler, réduit à l'impuissance par sa blessure. Par sécurité, Batman la décortiqua avec son masque ; s'ils faisaient vite, ils pouvaient sauver le petit animal. Il n'aurait jamais pensé que l'Homme-Mystère puisse faire preuve d'une telle cruauté pour un simple animal, mais il représentait ce qu'il haïssait le plus chez Catwoman. Pas étonnant qu'il ait franchi ce cap, et que maintenant, il l'applique. Mais comme s'il était le Joker, ce qui était inquiétant.
Les prémices de Vilains plus horribles, plus cruels et plus dangereux que jamais.
« Cat, prépare-toi. »
Il avait une idée, pour palier à ce qu'ils comprenaient tous les deux. Il y avait trois chiffres à faire avec les ombres. Le premier, Selina parvenait aisément à le faire, fine et souple comme elle était. Le second, un huit, ne serait guère évident pour la chauve-souris. Mais il était impossible de se dédoubler assez pour former le troisième chiffre avec une ombre. Nygma avait, cette fois, contourné une de ses règles d'or pour être certain de gagner. Il n'avait pas triché, techniquement. Il avait simplement conçu un piège pour trois personnes, et non deux.
Ce n'était pas la première fois que le problème était insolvable.
Alors Batman n'avait plus qu'une chose à faire. Ça allait lui coûter un peu, mais il pouvait le supporter. Il avait déjà vécu pire, s'était fait tabasser, mordre, couper, poignarder, tirer dessus, torturer, et tuer plus d'une fois. Ce n'était pas un piège conçu par un détraqué qui allait l'arrêter, et de toute façon, c'était à lui de faire ce geste. Quoi qu'il en coûte. Enfin, presque, car maintenant, il avait des raisons de ne pas pouvoir tout sacrifier. Mais il savait que, mis devant le choix, il le ferait quand même. Car de toute façon, il était qui il était.
Mais là, ce serait inutile.
« A mon signal, tu prends l'animal, et tu t'éloignes le plus possible de la cage. »
Les mailles étaient solides, mais pas assez pour résister à un coup puissant. La cage entière, elle, était fixée au sol avec beaucoup trop d'attaches pour qu'il puisse simplement l'arracher. Alors il allait devoir se montrer ingénieux. Il activa tout ce qui, sur sa combinaison, pouvait l'aider à combattre l'électricité qui ne manquerait pas de venir lui parcourir le corps. Il souffla une fois, deux fois...
« Que fais-tu, Chevalier Noir ? Ne me dis pas tu triches ! »
« Maintenant ! »
Il se précipita, serrant les dents. Son poing fracassa la paroi de la cage, suivi du second qui vint agrandir le trou déjà fait. Aussitôt, le courant électrique l'attaqua, mais sa combinaison le protégea efficacement. Le chat miaula de terreur, puis Selina l'attrapa agilement avant de sauter pour se mettre à l'abri. Le bras gauche de Bruce n'eut pas cette chance ; s'il parvint à retirer le droit à temps, le gauche fut violemment agressé par une lame tourbillonnante, qui vint se planter dans son biceps.
Mais ce n'était rien de bien grave, au final. Et au regard de ce qu'ils avaient réussi. D'autant que la blessure n'était, au final, que superficielle selon ses propres standards. L'animal avait subi bien pire.
« Non, non, non ! Vous avez triché ! Tous les deux ! »
La colère déformait encore plus la voix numérisée, et presque comme résonnante, de Nygma.
Numérisée et résonnante.
Le déclic se fit dans l'esprit de Bruce. Il se tourna vers Cat, voilant son visage à là où se trouvait – du moins le pensait-il – la caméra survivante. Et forma silencieusement les mots suivants : la cage d'ascenseur.
I'll always watch your back Cat. Il dit Cat dans un moment pareil, ce qui a le don de l'enrager d'autant plus alors qu'elle faisait tout pour qu'Edward ne se doute de rien. Même si cela lui fait aussi plaisir, car elle voit bien que surnom change tout dans leurs rapports précédents. Dans ce qu'ils ont pu faire ensemble en mission. Pas de Catwoman se faisant froid et distant. Pas de réminiscence de cette fameuse rengaine du "je ne peux pas". Alors elle fusille tout de même du regard Bruce un court instant avant de se préparer, comprenant immédiatement ce qu'il tient à faire. Elle fait mine de se rendre vers le troisième endroit permettant de créer le dernier chiffre en ombre. Et, à son signal, elle bondit sur la cage, pivotant sur elle même pour atteindre la position de Bruce. Le fait de le voir se faire électrocuter ne l'enchante guère, mais elle l'accepte. À contrecoeur, pour sauver ce chat. Batman peut sentir les mains de sa compagne sur ses épaules, une légère pression avant qu'elle ne rentre dans la cage, attrape l'animal et enclenche le système de grappin la dégageant de la zone dangereuse. "Je l'ai." L'animal est dans un état pitoyable. Déjà affaibli par sa condition et ayant perdu assez de sang, Selina ne sait pas si ce qu'elle s'apprête à faire, suffira à le maintenir en vie. Elle applique ce gel, "emprunté" dans la Batcave sur la plaie. Plaie qui peu à peu semble se refermer. Vive les progrès des colles chirurgicales.
Nygma s'époumone alors, refusant sa défaite, et d'admettre sa propre envie de contourner les règles afin de gagner, pour une fois dans sa vie, contre le Batman. Sa frustration est grande, assez puissante pour faire baisser les oreilles au chat victime de ses tortures. Et ce détail, ce détail éveille en Selina une onde de colère bien plus forte que les précédentes. Descendant vers côté sûr de la pièce, elle finit par y déposer le chat avec une attention et une douceur qui lui est peu connue. S'en suit une marche jusqu'au Batman, qu'elle fixe intensément et ce même après sa révélation concernant la cachette de Nygma. Une marche se finissant par Catwoman attrapant la partie vulnérable du visage, où la peau, les lèvres dévoilent en partie le caractère humain du justicier. Il lui attrape le bras, par réflexe, comme lorsqu'ils avaient l'habitude de se chercher et repousser. Et sa poigne est forte, au point de faire tressaillir Selina. "Tu disais ?" Oh elle a très bien compris, comme dit précédemment. Mais elle joue, joue encore et encore pour détourner son attention, pendant que son autre main vient voler une bombe à glace dans la ceinture. "J'ai du mal à lire sur les lèvres quand elles ne sont pas proches des miennes, Batman." Et elle se colle, presse sa poitrine contre le kevlar en ne cessant d'arborer ce petit sourire, et cette sulfureuse expression de désir. "Répète ... Bat" Susurre-t-elle, avant que la bombe n'éclate aux pieds de son partenaire, et qu'elle, lui file entre les doigts grâce à son propre grappin. Direction la cage d'ascenseur. "J'ai la priorité sur Edward. Je te laisse t'occuper avec amouuuur de ton nouveau compagnon. Après tout, tout le monde aime les chats." Et dans un dernier clin d'oeil, tout en éclatant la dernière caméra de son fouet, la femme chat disparaît.
Edward essaie encore de reprendre son souffle après cette intense crise de colère. Ce nouvel échec le met hors de lui, et l'empêche bien évidemment de voir durant ses marmonnements et ses gesticulations que quelqu'un a trouvé sa planque. Immédiatement, il pense à Batman. Déduction se révélant fausse quand de grandes lunettes rouges et un fouet apparaissent. Et ce fouet, l'attrape sans ménagement par la nuque avant de l'envoyer contre les parois et câbles de cette ancienne cage aménagée comme centre de commandement des pièges. La sentence est irrévocable. Le chat descend chercher son dû, et son envie d'affuter ses griffes le démange. Edward essaie de retirer le cuir autour de son cou en vain. Et il la voit avancer dangereusement jusqu'à lui, sans lui donner d'autre possibilité que de ramper et se soutenir aux tuyaux et câbles de la salle. "Tu tenais à ne m'avoir que pour toi Eddy ? Eh bien je suis là. - Catwoman. Ne fais pas ça. Mon plan était parfait. Et j'ai tué Vin pour toi. - Ah oui ? Il me semble que je cherchais Vin pour t'atteindre. - Tu n'as jamais compris l'importance de l'énigme. Tu ne cherches qu'à détruire en évitant les règles. Je suis le plus intelligent et toi, tu n'es rien qu'une voleuse, une médiocrité trichant comme tu respires." Elle ne tient plus, et le frappe une fois au visage, deux fois, trois fois. Edward se retrouve avec le nez cassé au troisième coup et crie de douleur. "Tes règles. Tes tricheries. Tu as perdu alors maintenant on joue selon mes règles. Pilule rouge ou pilule bleue Eddy ?" Il n'a pas le temps de répondre qu'il est de nouveau envoyé en l'air pour s'écraser ensuite sur ses ordinateurs. Le fouet le lâche. En se redressant, il voit bien qu'il a bien trop touché de points sensibles chez la femme chat et que celle-ci sait, au delà des mots, comment le faire taire une fois qu'elle a l'ascendant. "Hu ... Hush est toujours vivant ! Je peux te donner les informations ! - Pilule rouge." Et le fouet se lève de nouveau alors que Nygma abdique en criant un nombre incalculable de fois non.
Le chat se mit à miauler dès qu'ils furent seuls. Batman resta un long moment silencieux, tenant délicatement le petit animal contre lui. Mais, comme s'il avait déjà réussi à adopter l'humaine autant que l'humain, il essaya de se blottir mieux contre lui, émettant de petits sons de protestation pour attirer l'attention de la chauve-souris. Comme s'il devait, de toute façon, être le nouveau centre d'attention du monde entier. Même si son monde se résumait à deux humains venus risquer leurs vies pour attraper un super-vilain.
Et surtout, il continuait de miauler.
Même quand Bruce l'attacha rapidement grâce à un filin, de sorte à ce que la boule de poils puisse observer tout tranquillement, il continuait de protester. Ou de communiquer, sans qu'on puisse comprendre ce qu'il exprimait.
« Allez, viens petit. Allons retrouver Cat. »
Il prit la direction de la sortie, d'un pas lourd, mais vif, car il savait qu'il ne devait pas laisser Selina seule trop longtemps avec Nygma, sous peine que ça finisse quand même bien plus mal que nécessaire.
Nouveau miaulement.
« Oui, je suis Batman, petit. Et toi... hmm, comment allons-nous t'appeler ? Quel nom te ferait plaisir ? Je ne suis pas très doué pour nommer les gens. A vrai dire... je n'ai jamais eu d'animal de compagnie. Tout au plus ai-je côtoyé des chauve-souris. »
Nouveau miaulement, d'un air vaguement interrogateur.
« Les chauve-souris, elles sont comme moi. Agiles, avec des ailes, et sombres. Mais moi, je suis plus grand, et surtout, je suis plus douées qu'elles. Je suis sûr que tu les aimeras aussi, si tu traînes dans la Batcave. Bon, reprenons cette recherche de nom. Il faudrait quelque chose qui te plaise. »
Il continua de monter, maintenant qu'il était sorti des souterrains de l'immeuble. Il n'y avait plus une seule personne dans les parages, de toute façon, alors Bruce ne cherchait pas spécialement à être prudent. Il était seul, avec ce chat qui lui répondait laconiquement.
« Robin, ça t'irait comme nom ? »
Miaulement.
« Allez, ne traînons pas. Selina va finir par arracher plus que de la peau à ce bon vieil Homme-Mystère, si ça continue. Il le mérite, certes, mais je n'aime pas l'idée qu'elle se livre à de la cruauté gratuite. C'est une voie trop dangereuse pour n'importe qui. Hmm. Voilà qui n'était pas prévu. »
Tombant nez à nez avec un homme qui avait l'air d'être le concierge du bâtiment, il resta un moment à le fixer, avant de continuer sa route.
Au fur et à mesure de l'ascension vers là où se trouvaient Cat et Nygma, Batman ne put s'empêcher de se demander s'il n'aurait pas du aller plus vite, plutôt que de laisser volontairement sa fiancée s'occuper du criminel. Il commençait à penser qu'il n'aurait pas du le faire. Mais il n'aurait pas pu le faire lui-même. Et de toute façon, tenter de retenir Selina aurait été dangereux. Pas pour leur couple, particulièrement. Mais pour ce qui se serait passé ensuite. Augmenter sa frustration et sa colère n'aurait jamais aidé.
Enfin, ils arrivèrent. Bruce, le chat nouvellement nommé Robin, découvrirent alors la scène sanglante d'un Nygma gémissant et affaibli, et d'une Catwoman au costume couvert de tâches qui s'apprêtait à donner un dernier coup. Le chat se mit alors à miauler, apercevant Cat, puis il tourna la tête vers Batman.
« Batman... »
Un pitoyable gémissement. Qui ne fit qu'accentuer le mépris du Chevalier Noir pour cet homme.
Il s'approcha alors de lui, et le saisit par le col.
« C'est terminé, Nygma. Tu vas finir à Arkham, et tu n'en sortiras jamais, cette fois. Sinon, tu sais très bien ce qui arrivera. »
Il jeta un coup d’œil vers sa compagne, espérant qu'elle s'arrêterait. Espérant qu'elle se rappellerait qu'ils étaient deux, désormais. Et qu'il n'y avait plus besoin de s'acharner. Ils avaient réussi à neutraliser leur ennemi, et ils avaient sauvé l'animal.
Il s'approcha d'elle, et lui posa délicatement une main sur l'épaule. Le chat miaula, essayant de sortir de son abri pour aller voir Catwoman.
I'll always watch your back Des frissons la parcourent lorsque son fouet se lève, lorsque le cuir s'agite et claque tandis qu'Edward Nygma se recroquevillait sur lui-même en émettant des cris stridents. Seul le miaulement du chat suivi du gémissement du Sphinx la ramène à la réalité et l'arrête. Elle entend son nom. Ses dents se serrent, elle rattrape à la volée la longue traînée de cuir dans sa main puis ... ferme les yeux. Ses doigts tremblent encore sous l'effet de sa rage et de sa frustration, car elle n'a pas réussi à soutirer les informations qu'elle voulait, avant l'arrivée de Batman. Et maintenant, Edward va en profiter. Et remarquer un changement si jamais Selina ne réagit pas comme il faut. "Tu sais ... très bien ... qu'Arkham n'est qu'une énigme de plus Batman. J'ai déjà réussi à la résoudre et je réussirai à nouveau. - Tu as toujours aimé joué au gars difficile à attraper Eddy. Malheureusement, tu as la fâcheuse tendance à dévoiler tes failles quand ton arrogance prend le pas." Répond-elle, en soupirant longuement et en se détournant des deux hommes dans un pas lent, montrant sa profonde lassitude. En voulant l'atteindre dans ce phare, et en se pressant dans ce montage improbable, il avait laissé son égo gonfler, et donné sur un plateau d'argent ce système technologique à disposition. Le rouquin criminel comprend où elle veut en venir au moment même où elle effleure de ses griffes le clavier. "Tu ne trouveras rien sur cet ordinateur. Tout est dans ma tête, ou éparpillé ça et là dans Gotham. Tu ne retrouveras jamais ces femmes." La femme chat l'ignore, commençant à taper sur les touches. Elle espère secrètement, au vu de ses quelques frictions et rencontres avec feu Vin Park, que celui-ci a été assez lâche et traître (selon Edward), et désespéré (selon Selina) pour divulguer des informations via ... les derniers enregistrements caméra. Edward se redresse comme il le peut quand soudain Vin apparaît en gros plan. Là a été son erreur. En voulant tout surveiller lorsque le chat et la chauve souris sont arrivés, il a délaissé l'homme attaché. Cet homme qui explique entre ses pics de douleurs et ses gémissements des choses bien intéressantes. "Si jamais quelqu'un ... trouve cet enregistrement, et si le Sphinx ne le voit pas ... 22 ... F3 ... 2R406D ... Dix ... xon ... si je dois crever ... tu couleras Nygma." Les yeux de la voleuse s'écarquillent à mesure que Vin prend la parole dans ce bout d'enregistrement. Ils brillent de malice et de joie, et ... lorsque celui-ci se termine, son premier réflexe est de s'asseoir sur le rebord du système, puis rembobiner l'enregistrement pour le passer à nouveau. Vin se remet à parler en fond, derrière cette femme, ce chat de Gotham, magnétique et dénaturant le côté sale et grave de la situation de par son jeu de jambes, ses regards empreints de sensualité jetés à la volée à chacun d'entre eux. Elle était reine et eux chevalier noir et bouffon vert. "Arrête de faire la maline. Le conteneur est déjà parti. Quand il atteindra les eaux internationales, la police américaine n'aura plus aucun pouvoir. - Eddy, Eddy ... au delà du fait que tu aies été un vilain garçon sous estimant les capacités de ses partenaires ... et que tu aimes jeter comme de vieux torchons, il suffit que nous regardions où part ce cargo avec les codes. - Pour l'amour du ciel Catwoman. Quand vas-tu cesser de n'écouter qu'à moitié ce que l'on te ..." Silence. Edward se fige. Selina quand à elle ne se cesse de le fixer et de sourire. Si la police ne l'intercepte pas ... oui. C'est ça. Il comprend quand elle se met à glisser la griffe de son index sur ses dents et sa lèvre inférieure. Qu'elle finit par humecter sa pulpe comme si l'on venait de lui offrir la plus délicieuse des gourmandises. "Meow." Le chat sauvé miaule à son tour. Catwoman avait sciemment évité les gestes de Batman ou bien ses regards. Ils ont beau être ensemble, elle ne tient pas à ce que cela soit divulgué, que chacun profite à sa manière de leur choix pour en tirer égoïstement quelque chose. Jamais elle n'acceptera de voir Bruce souffrir, subir litanies et fourberies parce qu'elle est à présent à ses côtés, jamais. Lorsqu'elle revient enfin vers eux, Edward est silencieux mais la fixe avec colère. Mais il sait qu'il n'existe pas, que le jeu entre Batman et Catwoman va de nouveau prendre place. "Tu vois, Batman. Le chat a griffé le vilain petit lutin. Tu vas pouvoir l'embarquer à Arkham vu que tu le souhaites si ardemment." Ses doigts gantés filent le long du torse et des épaules, sans intention de subtiliser quoi que ce soit. Elle veut simplement le titiller. "Edward doit-être à chaque fois émoustillé de te voir donner autant de ferveur et de force pour sa personne ..." Elle finit par faire un croche pieds à Edward qui tombe à nouveau à terre en jurant et gémissant. "Ça, c'était pour le chat." Et Edward se retrouve attaché pieds et poings liés.
"Si tu tiens à le ramener de suite à Arkham, embrasse Aaron pour moi. Il paraîtrait que ma présence lui manque dans les couloirs de l'asile." Tous deux aux abords de la batmobile, face à un Edward assommé prêt à être livré en express à Arkham, les deux amants se dévisagent. Cat s'est calmée depuis le croche pied, et est restée silencieuse durant leur remontée. Elle avait pris le chat dans ses bras et commencé à le caresser, le détachant du système mis en place par Batman pour le poser dans le sac qu'elle avait caché dans l'immense véhicule. "Mais j'ai peine à croire qu'il soit ton genre." Elle lui tourne légèrement autour avant de commencer à organiser son départ, autant dans sa tête, que dans ses muscles. Elle avait un petit passager en demande de soins. "Je suppose que cela veut dire oui. Dans ce cas ... c'était à la fois un plaisir de faire équipe avec toi, et un déplaisir que tu me forces la main, chevalier noir." Il connaissent tous deux la vérité. Ils sont venus d'un commun accord. Seulement, aussi assommé que soit le Sphinx, il valait mieux se méfier des oreilles qui trainent. Et elle s'en va, comme la voleuse qu'elle est, laissant Batman s'occuper de ce qu'il sait faire de mieux. Pour s'infiltrer dans la Batcave et voler un bolide nautique dans la myriade de véhicules après avoir laissé aux bons soins de Gwen, devenue assistante vétérinaire, le chat. Le vent lèche son visage, sa main droite est ballottée par les courants. C'est mal, elle le sait. Elle sait aussi qu'il viendra, sans doute prévenu par Alfred ou quelqu'un au manoir. Mais tout devient viscéral et personnel dans cette histoire. À fleur de peau, au bord des lèvres. Et peut-être qu'elle ne se sentait pas prête de partager cela avec lui, directement. Comme de savoir que Hush est encore vivant. Alors elle accélère encore et suit l'itinéraire de navigation pour atteindre ce cargo.
« Vous souhaitez vraiment y retourner, monsieur ? Miss Kyle saura se débrouiller, vous le savez. Toutefois... »
« Elle va avoir besoin de moi, Alfred. Pas simplement parce que c'est moi. Pas simplement à cause de ce qu'il vient de se passer avec Nygma. Gordon vient de m'envoyer des informations, et il semblerait que nous soyons pas seuls à vouloir nous attaquer à ce cargo. Il a eu vent d'un groupe de trafiquants qui veulent leur part d'un marché. Cat ne s'y attends pas, et je dois donc m'y rendre. Ou du moins... c'est une raison de plus d'y aller. »
« Vous avez raison, monsieur. Je vais rester ici pour vous guider si besoin. Voulez-vous que je prépare quelque chose pour votre retour ? »
Bruce resta un instant silencieux, à fixer les écrans du bat-ordinateur tout en réfléchissant.
« Non, ce ne devrait pas être nécessaire. Je vous laisse les commandes de la Batwing, je vais planer directement sur la cible. A plus tard, Alfred. »
Il part très vite, évidemment, car il sait que la jeune femme à une longue avance. Mais heureusement pour lui, il peut profiter de deux choses : premièrement, la longue distance entre la côte et le cargo, et deuxièmement, la vitesse largement supérieure de la Batwing. Dehors, la pluie s'est mise à tomber drue, fortement, mais cela ne gêne absolument pas le Chevalier Noir. Grâce à ses gadgets, il peut voir parfaitement, et très vite, il distingue par la rampe d'accès le cargo qui se dessine, immense, secoué par les flots.
Il plisse le regard en regardant plus loin, également, apercevant le petit bateau piloté par Catwoman. Il sauta directement, se laissant porter par les vents et sa technique rodée pour descendre à toute vitesse. Alfred était toujours là, bien sur, à l'écoute, mais il ne parlait pas pour le moment. Avec un claquement de cape, Batman ralentit, s'approchant de sa fiancée... pour finalement atterrir à l'arrière du véhicule marin.
Ce qui, il le nota par habitude, provoqua un léger sursaut de surprise chez Cat.
« Je ne pouvais pas te laisser y aller seule. »
Comme en guise d'explication.
Il s'approche alors d'elle, posant délicatement une main sur son épaule. Il en profita pour la passer au scanner, cherchant le moindre problème. Il ne trouva évidemment rien qui ne l'inquiète, et se contenta d'un demi-sourire. Il n'osait pas encore trop se permettre d'élan émotionnel avec sa tenue.
« Nygma a été enfermé et restera sous les verrous pendant un très long moment. Je m'en assurerai personnellement. Mais pour ce qui concerne ce cargo... Gordon m'a donné une info qui risque de causer un risque supplémentaire ; des trafiquants veulent s'emparer du navire. J'ignore toutefois s'ils sont en route ou s'ils sont déjà là. Il nous faudra être prudents. Quoi qu'il en soit, je t'accompagne. »
Le bateau se mit petit à petit à ralentir, alors qu'ils approchaient de leur destination. Aussitôt, Alfred se mit à leur transmettre des informations. Il avait évidemment moyen de contacter Selina aussi.
« Bonsoir, miss Kyle. Ou devrais-je dire madame Wayne ? Vous ne pouvez pas savoir à quel point vous comblez vingt années d'attente pour mon pauvre cœur fragile. »
« Alfred. »
« Oui, désolé. Un navire de garde-côte a signalé le vol d'un yacht, il y a une heure. Je suppose que les trafiquants, au vu de la taille et de sa vitesse, forment un petit groupe n'excédant pas dix personnes. Ils ne semblent toujours pas être arrivés, mais cela ne devrait plus tarder. En revanche, pour ce qui concerne le cargo lui-même... il semblerait que les scanners ne puissent pas sonder le pont le plus bas ; peut-être à dessein, et il serait donc judicieux de chercher d'abord dans cette zone. Je détecte une quarantaine de membres d'équipages armés, en dehors de ça. Mais rien qui ne saurait résister à votre subtilité, tous les deux. »
« Merci, Alfred. »
Et ils s'élancèrent alors, de concert, par habitude et par automatisme, sans même y penser.
I'll always watch your back Jamais elle n'a pu ce défaire de ce frisson. De cette adrénaline montante, culminant jusqu'au paroxysme. Pour éclater lors de son apparition. Selina sursaute, tressaille, mais ne ressent pas cette peur qu'il instille aux autres criminels.Elle sait qu'il est là, juste derrière elle, impérieux et intimidant n'importe criminel par sa haute stature et son apparence. "Ai-je l'air d'être seule ?" Le regarder maintenant serait montrer sa faiblesse, la raison même faisant qu'encore une fois, elle a préféré partir que de l'attendre. Il y a en partie cette envie de rester indépendante dans ses décisions et prises de risques. Mais aussi ce besoin de ne pas lui montrer qu'elle est atteinte. Encore atteinte par de vieux démons. Ce qui suit ne l'enchante guère. Le fait que des trafiquants s'en mêlent veut dire que soit Edward avait un plan B impliquant la disparition de toutes preuves de son implication, soit qu'un de ses collaborateurs veut se tailler la part du lion. Dans tous les cas la résistance risque d'être rude. "Je vois. Je te rappelle que j'ai survécu à l'invasion de Darkseid." Sa tête se penche sur le côté et, elle pousse un soupir suivi d'un gémissement plaintif. "Oui Bat, tu vas m'accompagner. Comment pourrai-je refuser ta présence maintenant que tu es là." Elle a beau se moquer, sa présence calme quelques peu ses ardeurs. Car il lui rappelle le but de ce qu'elle espère être le dernier pan de cette histoire sordide. Sauver ces femmes. Et peut-être, jeter quelques uns de ces trafiquants à la mer. Soudain, la voix d'Alfred lui parvient via son communicateur. Alors qu'ils atteignent le cargo, les propos du cher et tendre majordome décrochent un sourire à la voleuse, d'autant plus quand Bruce l'interrompt. Suite à ce bref état des lieux, les voilà lancés. Ils sautent tout deux de ces sièges éjectables, volant chacun à leur manière dans ce vent et cette pluie comme deux fantômes, deux malédictions pour cet équipage. "Alfred est vraiment adorable."
Lorsqu'elle touche terre, Catwoman se met dans cette position féline que l'on lui connaît. Ses griffes font crisser quelque peu la surface du pont lorsqu'elle l'effleure. "Quelle subtilité. Monsieur Wayne." Dit-elle en se redressant. De nouveau face au chevalier noir, main sur propre sa poitrine, Selina joue les ingénues. "À croire qu'Eddy a vu juste. Nous sommes vraiment faits pour être ensemble." C'était sa manière de lui signifier qu'elle appréciait de le savoir à ses côtés. Peut-être est-ce un peu tiré par les cheveux, mais Selina aime quand les gens s'en tirent les cheveux. Encore plus quand c'est elle qui tire ceux d'une certaine personne. "Aller. On ne va pas les faire attendre. Ils ont tellement hâte d'être punis." Comme pour appuyer ses propos, les premiers malfrats ainsi que certains membres d'équipage arrivent en trombe, armés et visant de leurs lampes ces deux ombres. Ils peuvent à peine les voir ou même comprendre qu'il s'agit bien de deux personnes. Selina profite de cet avantage pour faire glisser de sa ceinture son fouet. "Miaow." Le fouet claque et une première arme s'envole dans la stupeur générale. Batman quand à lui commence à distribuer les coups et à mettre à terre les importuns. Catwoman profite d'un moment où un adversaire se montre un peu trop coriace pour dire à Bat de lui envoyer. Une fois celui-ci lancé, la femme chat s'agrippe à cet assaillant, pour ensuite appuyer ses deux pieds contre son torse et l'envoyer violemment contre le pont. Finalement, ils viennent à bout des dix ennemis venus à leur rencontre. "Plus que trente. Mais on va éviter de les chercher hm ? On a mieux à faire. Et je rêve d'une douche bien chaude depuis mon passage dans les égouts." Elle s'avance alors, semblant peu se soucier des alentours, et encore moins du danger les guettant. Mais elle savait où chercher ces femmes grâce aux scanners se trouvant dans ses lunettes. Et puis, elle avait pu récupérer les plans de dépôt des containers sur le terminal du port. Même si récupérer est un bien joli mot pour cacher le fait qu'elle a une très, très vilaine fille. "Tu as décidé de rester planté là pour montrer tes muscles au prochain bad boy qui a prévu de venir s'attaquer à toi, ou tu as repéré toi aussi le container ?"
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