Bruce se pencha sur l'un des corps inanimés qui gisait là. Le combat avait été bref, intense, mais les malfrats n'avaient eu aucune chance face au duo. Toutefois, il avait noté que ces criminels avaient été non seulement surpris de les voir arriver, mais qu'ils n'avaient en plus pas eu le temps de se préparer correctement. La réponse tenait peut-être dans ce petit pendentif qu'il arracha du cou d'un inconscient ; un petit point d'interrogation rouillé.
« Allons-y avant que d'autres n'arrivent. »
Il suit sa fiancée, la laissant les guider directement là où ils doivent se rendre. Etrangement, ses pensées dévient vers un endroit très éloigné de la situation dramatique qu'ils vivent actuellement. Exit Nygma, le navire, leurs costumes. Il se met à penser à ce qu'il se passera dans les semaines qui suivront. Selina viendra-t-elle vivre au manoir ? Si oui, à quoi ressemblera cette vie, alors qu'ils seraient tous les deux des justiciers, à vivre dans cette gigantesque maison que Bruce a toujours considéré comme un mausolée. Et puis, les préparatifs du mariage viendraient aussi par la suite. Comment l'organiser ?
Alfred saurait le conseiller, bien sur, mais...
Il n'avait pas la moindre idée de comment on pouvait faire ça. Il se rendait compte de son manque dans ce domaine, lui qui, ironiquement, avait le fardeau de la connaissance dans beaucoup d'autres domaines. Il était toujours celui possédant le plus de connaissances, celui qui savait comment exploiter les faiblesses et les opportunités qui se présentaient. Mais pour autant... il était incapable de déterminer comment se débrouiller pour organiser un mariage. Ou même pire... pour assumer d'être père, à nouveau, un jour, et pleinement.
Cette réalité le frappa telle une arme, et il marqua un temps d'arrêt, alors qu'ils arrivaient dans la soute du navire. Cat se dirigea droit vers le container qui les intéressait. Lui... il resta un moment à l'observer, se posant la question suivante : et s'il avait un enfant, ou plus, un jour ? Comment cela l'affecterait-il ? Il avait quatre fils, et il les considérait comme tel depuis le premier jour. Mais ils n'étaient pas nés devant lui. Ils avaient été adoptés, pour trois d'entre eux, et le dernier n'avait pas grandi auprès de lui. Comment pourrait-il espérer se comporter dignement, avec un enfant qui grandirait avec lui, alors qu'il avait été incapable d'être digne avec les autres ?
Il était fier de ses fils, malgré les erreurs commises, malgré les différends, malgré les problèmes. Il les aimait, et il ferait ce qu'il fallait pour eux. Mais il se rendait compte à quel point il n'était pas fait pour être un père. Et Selina, se sentait-elle capable d'être une mère ? Elle qui avait toujours été indépendante, forte, n'avait-elle pas peur que tomber enceinte, et avoir un enfant, ne la prive d'une partie de cette indépendance ? C'était une grande question, qui ne trouverait de réponse que dans la tête de la concernée, bien sur. Car le seul autre exemple qui lui vienne en tête, pour le moment, c'était Diana, qui, si elle avait toujours une guerrière, avait quand parfois du mal à ne pas confondre indépendance et égoïsme. Surtout en rapport avec sa fille.
« Madame, Monsieur, le yacht parti de Gotham se rapproche du cargo. Ils seront sur place d'ici quelques minutes. Je vous suggère de vous dépêcher. »
Batman réprima un sourire, en entendant Alfred dire madame pour Selina. Il l'avait toujours appréciée, depuis leur premier vis-à-vis réel, après s'être évidemment longtemps méfié de l'influence de Catwoman.
« Oui, dépêchons. Cat, c'est lequel ? Tous ces container portent le symbole de Nygma. »
I'll always watch your back "Serais-tu pressé Batman ? De toute évidence, au vu de la météo et de la trentaine de filles enfermées dans ce cargo, nous n'aurons pas le temps de les évacuer avant l'arrivée du second comité d'accueil." Selina regarde en coin son fiancé, en prenant un air étonné voir outré face à son empressement. En soi, c'est compréhensible, ils vont devoir faire place à d'autant plus d'ennemis. Et ce, en prenant en compte le besoin de protéger ces femmes enfermées dans l'un de ces containers. L'urgence de la situation n'empêche pourtant pas la voleuse de se montrer détachée et pour le moins badine, en démontre son petit jeu d'expression et sa démarche féline. Cat sait où se trouve ce qu'ils appellent vulgairement la "marchandise". Il lui a suffi de mettre en route ses lunettes pour générer le plan de dépôt et repérer de facto l'emplacement. "Ensuite, évite de rajouter de l'électricité dans l'air. Tu sais pertinemment comment ça me rend." Elle avance, laissant le chevalier noir derrière elle, prenant le temps d'étudier leur environnement. À coup sûr, il doit en faire de même. Car Nygma n'est pas du genre à laisser sa marque et encore moins ses ressources sans un minima de protection. Elle s'arrête abruptement, pour finalement se retourner vers Bruce. "Tu sembles soucieux. Serais-tu en train de penser aux préparatifs ?" Autant attendre les prochains attaquants. Surtout, quand vous êtes adossée contre le container voulu. Selina penche la tête sur le côté, bien décidée à le faire partir en vrille. À le sortir de ses retranchements et le sentir agir plus vivement sous ce soudain élan de pression. L'observer pendant quelques minutes, admirer la ligne de ses larges épaules, sa forte mâchoire qui doit presser sur sa dentition parfaite. Cela lui donne envie de jouer d'autant plus avec ses nerfs. Mais elle se retient et se contente de soupirer d'aise. Car cette Selina n'est plus celle d'un autre temps. "C'est normal. Tout est nouveau. Alors pourquoi presser les choses, y penser alors que nous devrions sauver ces jeunes femmes. Si tu veux, je leur demande si elles veulent être mes demoiselles d'honneur ?" Et elle toque contre le métal, lui faisant ainsi comprendre que le container face à lui, contre lequel s'est collé sa fiancée, est l'objet de leurs recherches. Puis, la jeune femme pivote, se déhanche, s'étire et, seulement après tout cela, déverrouille la porte. Face à eux, une quinzaine de jeunes femmes, dont certaines ne doivent pas avoir fini leur douce et tendre adolescence. La majorité du groupe les regarde, effrayées. Qui ne le serait pas. Qui ne voudrait pas rester prostré, dans cette coquille certes fragile mais plus agréable que ce qu'elles ont dû vivre. La gorge de Selina se noue et pourtant, elle "C'est normal. Tout est nouveau. Alors pourquoi presser les choses, y penser alors que nous devrions sauver ces jeunes femmes. Si tu veux, je leur demande si elles veulent être mes demoiselles d'honneur ?" C'est vrai. En soi, ils ne sont fiancés que depuis une journée. De plus, tout le monde sait que les fiançailles courent sur des mois entiers. La hardiesse de Bruce à vouloir tout préparer pour que tout soit parfait est charmante, mais ne convient pas dans la situation actuelle. Quelques pas dans l'ancienne prison de ces pauvres femmes suffisent à effaroucher certaines d'entre elles, peu ravies de voir deux personnes ouvrir cette porte qui devait rester fermée jusqu'à ce qu'elles soient sur la terre ferme. D'autant plus que, ces deux personnes habillées de façon assez ... atypique n'ont pas l'air très chaleureuses. Entre cette femme chat aux perçants yeux verts qui ne cesse de les dévisager, et cette chose baraquée, ressemblant à un homme aussi intimidant que leurs vendeurs. Et, habillé en chauve souris. On peut les comprendre dans le fond, ce n'est pas commun et ça a le don foutre les jetons. "Se séparer serait une erreur. Il y a encore des hommes sur le cargo, et d'autres vont venir pour ces filles. J'ai donc une proposition à te faire, ténébreux chevalier noir" Selina arque un sourcil, et croise les bras. Elle se met à tourner, se dandiner, presque trop fière de ce petit plan qu'elle monte comme une grande, comme la voleuse et la salope qu'elle peut être face à ses ennemis. Et ça se voit, que ce soit son regard, son sourire, la femme chat veut surprendre ses adversaires, les frustrer avec rapidité et violence pour leur coeur et corps, mais agilité et grâce dans le mouvement pour elle. "Et si on annexait le yacht ? Bien entendu, on referme le conteneur avec nos gadgets pour éviter que des personnes malintentionnées viennent enlever ce pauvres demoiselles." Un plan osé, comme bien d'autres. Mais qui leur donnerait un moyen de transport adéquat pour ces femmes. À voir si le chevalier noir adhérerait à cette prise de risque.
De retour sous la pluie et la tempête, le Chevalier Noir accompagne Catwoman alors que cette dernière s'apprête à mettre en œuvre leur plan échafaudé à la va-vite. Bien sur, lui-même a déjà anticipé plusieurs problèmes potentiels, ainsi que d'autres qui pourraient surgir à tout moment et de manière encore plus inattendue, mais il la laisse décider pour le moment. Car leur duo fonctionne bien mieux ainsi : chacun prenant la tête, l'un après l'autre, menant sans ordonner. Ils n'ont pas besoin de tout se dire, car ils se comprennent au-delà des mots. Ainsi fonctionnent-ils, et ainsi ils agissent.
« Je vais me placer en hauteur. Surprenons-les. »
C'est là tout ce qu'il prononce, alors que le yacht de leurs nouveaux adversaires est en train de s'accrocher au cargo. De son perchoir, Bruce peut sentir la pluie rebondir sur son armure et sur son masque, mouiller le bas de son visage, et le vent gonfler sa cape au point de la faire claquer, telle l'ombre d'un spectre. En contrebas, comme un observateur d'un combat de gladiateur, il peut voir Cat, dissimulée dans les ombres. Trois premiers malfrats s'avancent, passant devant la femme-chat sans que cette dernière n'intervienne. Très bien, ils seront pour lui.
Mais il attends encore un peu.
Quatre autres montent sur le cargo, hurlant des ordres à leurs camarades. De l'échange, il en ressort qu'ils ne savent pas exactement où chercher, et qu'ils doivent tirer à vue sur tout ce qui bougerait d'un peu trop. Sept au total, mais combien restés sur le yacht ? Impossible à dire depuis cet angle, mais de toute façon, c'est à Cat de s'en préoccuper. Lui doit neutraliser les sept tireurs qui étaient montés à bord. La mer, elle, est déchaînée, et elle menace de faire tanguer sévèrement le cargo. Un avantage de plus donc pour Batman, qui ne souffrait pas du mal de mer... contrairement à sa première victime.
Il attendit le signal de Cat, laquelle plongea directement vers le yacht depuis les rebords, puis se fut son tour de se laisser tomber. Le premier criminel tentait de s'aider de la paroi pour se stabiliser, mais il fut assommé d'un coup. Deux autres étaient devant lui ; ils furent aussitôt neutralisés, à l'aide de deux batarangs lancés à pleine vitesse. Trois de moins, plus que quatre. Ça n'allait pas être bien difficile.
« C'est Batman ! Tirez ! »
Les quatre comparses étaient armés avec des pistolets-mitrailleurs ou des fusils d'assaut ; des armes efficaces contre un ennemi ordinaire, possédant des moyens ordinaires. Mais le Chevalier Noir avait déjà disparu lorsqu'ils commencèrent de tirer, et lorsqu'ils tentèrent de pivoter pour le suivre. Une fumigène explosa alors au milieu de leur formation serrée, les empêchant de voir ce qui suivit. L'un après l'autre, Bruce put les neutraliser en toute simplicité, brutalité, et efficacité. La menace écartée, il put se diriger vers le bastingage, et observer Cat en train d'en finir avec un dernier malfrat.
« Alfred ? Prévenez le GCPD que nous avons sécurisé un cargo transportant de nombreuses marchandises illégales, appartenant à Nygma. »
« Très bien, monsieur. Je suppose que vous allez donc emprunter le yacht pour ramener les dames en détresse ? »
« Exactement. »
Plus qu'à attendre que Cat remonte, et ils pourraient aller chercher les captives en bas. De nouveau, Bruce fut assailli par des pensées sombres, qui le ramenèrent vers ses doutes et son impossibilité d'assumer pleinement ce qu'il faisait avec Selina. Il les chassa, préférant rester concentré. Et parce qu'il ne voulait pas les laisser gagner. Douter mettrait un terme abrupte à ce tout ce qu'ils construisaient.
I'll always watch your back Elle le regarde depuis un moment, cachée entre les ombres, discrète, distante. Car elle sait qu'entrer maintenant serait le prendre dans un état qu'il n'accepte pas. Après tout, Batman ne doit pas douter, ne doit pas montrer qu'une personne l'affecte. Seule la justice pour Gotham, la sécurité des habitants de Gotham compte et ce, jusqu'à ce qu'un état de paix arrive. Une fin qui n'arrivera jamais car ... Gotham est capricieuse. Noire, imprévisible, sanguinaire, parfois compatissante et joyeuse. Mais elle crée le pire, elle se nourrit de tout et recrache la lie. Une lie qui va ensuite s'attaquer au garde manger pour affamer la ville. La ville a pourtant un protecteur, qui ne cesse d'essayer de la soigner. Car il en a fait le voeu. Alors peut-être que Bruce Wayne ne finira jamais d'être Batman. De s'en vouloir de se détourner de ce rôle, même si ... Selina clos ses paupières, et fronce les sourcils, prise de plein fouet par un sentiment violent. La culpabilité.
Est-ce que Bruce acceptait finalement de renoncer à cette part de lui à cause d'elle ? Si tel est le cas, elle le refuserait. Et cela la mettrai encore plus mal qu'elle ne l'est actuellement. Là, cachée, à regarder cet homme droit et fier, bandant les muscles de ses épaules et serrant les poings dans une allure dégageant puissance et danger. "C'est bon, tout est sous contrôle." Les criminels pourront sans doute déplorer quelques mâchoires cassées, des contusions ou d'affreuses douleurs musculaires dues au fil les pendant, mais rien de bien grave. Catwoman sort alors des ombres en reprenant son expression désinvolte de d'habitude, cachant ainsi la douleur la rongeant. "Je vais chercher les filles. Je suis la mieux placée pour dérider ce genre de situations, après tout." C'était son moyen d'échapper à l'ambiance, de ne plus voir Bruce en proie au doute. Et de cacher, elle aussi l'état qui peu à peu devient majorité de ses pensées, au poids pesant sur son corps. Selina saute donc et remonte pour s'occuper des jeunes filles restées dans le conteneur sur le pont. Elles sont toutes plus ou moins collées les unes aux autres pour se tenir chaud, et en fond de structure pour rester dans les ombres. D'autant plus quand la femme chat rouvre l'immense porte grinçante. Selina essaie de leur parler en plusieurs langages, dont le russe, l'espagnol ou le polonais afin de déterminer leur nationalité.
Six femmes des pays de l'Est, trois espagnoles, une française n'ayant pas encore la majorité, cinq chinoises, dont deux venant de Hong Kong. Ça peut paraître cliché et bien trop rapide comme jugement, mais à dire vrai, elles ont toutes voulu cela dans le seul but de fuir la misère, croyant que l'Amérique serait le pays qui leur permettrait d'avoir cette vie que l'on leur vend dans les publicités et infos. Rien d'étonnant, sachant qu'à une époque, Selina aussi américaine soit-elle, pensait qu'en croyant certains mecs, comme elles en ont cru, pourrait un jour vivre en dehors de l'horreur de l'East End. Et finalement, la voilà voleuse, accoutumée plus ou moins aux accès de violence des criminels grouillant dans les rues de Gotham. Encore rongée par le doute, alors qu'elle croyait le bonheur à portée de mains. Mais celui qui définit en partie son bonheur doute, lui aussi, mais pas pour les mêmes raisons.
Elles arrivent finalement sur le yacht, alors que la pluie bat encore sur le pont. Une à une, elles descendent le long de l'immense coque du cargo grâce au système de poulie retenant encore l'un des canots de sauvetage. Pendant que Catwoman reste en amont, à actionner le mécanisme, et reste plongée dans ses pensées. Vingt ans. Vingt ans à se chercher, se trouver. Se déchirer, se désirer. Vingt ans à se séparer pour enfin revenir à l'autre comme deux drogués. Toujours si proches, toujours si loin, l'un de l'autre. Et ce, même quand ils pensent effleurer le bonheur. Ça change si vite. Trop vite. Il suffit d'un regard en direction de Bat pour qu'elle se prête à rêver, mais aussi se sentir terrorisée, honteuse. À le regarder aider ces filles à rentrer dans le yacht rapidement avant que les gardes côtes ne viennent annexer leur ancienne prison. Leurs regards se rencontrent alors, olive et bleu ciel. Et Selina sent qu'elle a soudainement du mal à respirer. À juste hausser les sourcils et lui lancer ce petit sourire en coin qu'elle a quand elle le provoque. Là, il ne s'agit que d'un petit sourire. Triste. La seule chose qu'elle fera avant qu'ils ne rentrent à Gotham et ... qu'une semaine passe. Sans qu'elle ne revienne au manoir. La seule chose laissée, est un mot.
Je pars à Venise. J'ai quelques affaires à traiter. Et il me semble que toi aussi. Finalement, c'est mieux ainsi. P.S : Rase toi. Et je m'occupe du chat.
(...)
De nouveau, elle prenait ses distances. Parce qu'elle avait besoin de souffler, ne pas penser à lui et au fait qu'il reviendrait finalement sur sa décision. Partir à Venise, se retrouver embarquée dans cette course au masque et aux bijoux, tout lui avait tourné la tête et permis de ne pas penser à lui. En tout cas, c'est ce qu'elle s'évertuait à penser. Et ce, même en arrivant au Manoir Wayne. Alfred lui ouvre la porte. "Mademoiselle Kyle. De retour d'un long et fatiguant voyage, sans nul doute ? - Long, fatiguant et ... fascinant. Venise et ses mythes ont ce pouvoir sur les gens." Surtout ceux de sa trempe. Elle retire finalement ses lunettes de soleil et laisse apparaître son regard vif et lumineux. Enjôleur et radieux. "Je viens simplement chercher mes affaires. J'ai une soirée qui m'attend et comment vous dire autrement que par ces mots équivoques, que ma robe a besoin d'être époussetée par des mains expertes." Le majordome reste un moment figé, avant d'adresser un sourire entendu à son interlocutrice qui, sans demander son reste, finit par aller directement vers l'ascenseur menant à la Batcave. Car elle sait qu'il se terre ici, comme à chaque fois. À fixer les immenses écrans de cet ordinateur, à calculer, à penser à un nombre assommant de plans et de ripostes en cas d'échec d'une première situation. "Finalement, mon affaire à Venise est arrivée au bon moment." Un masque demi vénitien qu'elle tient par les rubans, Selina descend calmement les marches. Même si en réalité, elle est anxieuse. Car, elle se doit de briser la glace et lui dire, qu'il soit face à elle ou toujours les yeux rivés sur cet écran le fond de sa pensée. "Pourquoi." Elle pose son cadeau sur le clavier, de sorte à l'arrêter dans ses recherches et capter son attention. "Si tu doutes, autant tout arrêter maintenant Bruce. Avant que cela ne nous blesse tous les deux." Même si elle sait que dans le fond, elle regrettera cette décision. Mais qui est-elle pour se mettre entre le voeu d'une vie et un homme encore tourmenté par son passé ? "Je sais ce que je ressens. Mais je ne suis pas là pour te changer. L'amour n'est pas là pour changer un homme et une femme." Selina tourne ensuite le talons, s'étirant, bougeant ses hanches et souriant de tout son soul, car elle pense à la soirée qui l'attend. Car elle se sent mieux après lui avoir enfin sorti ce qui la taraudait, depuis le cargo. "Je pars en soirée. Il y a un gala à la Gothcorp. Mais ça, je pense que tu le sais déjà."
Gotham avait décidé de se comporter comme la pire des métropoles, avec lui. Enfin, avec Batman plus qu'avec Bruce Wayne. Le Pingouin avait décidé d'attaquer directement le GCPD cette fois, et il avait fallu le calmer un bon coup. Mais après ça... tous ses sbires avaient cherché à venger leur patron désagréablement transféré à Blackgate. Le Chevalier Noir avait donc eu fort à faire, et il avait fait ça bien. Car ce n'était pas parce qu'il pensait en permanence à Selina, à leur mariage, et à cette nouvelle absence qui en disait tant... si, c'était aussi pour ça que la semaine avait été exécrable.
En bonne partie pour ça.
Alfred et lui avaient eu une discussion à ce sujet, bien sur. Bruce avait surtout expliqué son point de vue, ses doutes, et la majordome avait été, une fois encore, la voix de la raison... autrement dit, l'écho des paroles prononcées par Selina alors qu'elle entrait dans la Batcave, aussi belle qu'à l'ordinaire et aussi forte. Forte, oui, car pour Bruce, c'était là la meilleure qualité de sa fiancée. Elle était forte dans tous les sens du terme, et ce n'était pas une Diana ou une Dinah qui allaient le faire changer d'avis à ce sujet. Cat revenait de traumatismes et de difficultés que les deux autres n'avaient jamais connu. Elle était meilleure que toutes les femmes qu'avait connu le grand détective... et c'était pour ça qu'il l'aimait.
Mais il se retourna vivement quand il l'entendit parler et s'approcher. Un sourire se dessina sur son visage fatigué, et elle put constater qu'il arborait un léger hématome sur le haut du front droit ; là où une balle avait atteint le masque l'autre jour. Mais il n'avait jamais été en danger, et elle le saurait aussitôt. Car elle le connaissait, et elle savait à quel point il ne risquait pas grand chose. Pas face à ce genre d'individus, en tout cas.
Elle pouvait voir également – et ne manquerait pas de le faire remarquer – les cernes sous ses yeux. Il n'avait pas beaucoup dormi avec toutes les activités récentes. Et avec son esprit tournant en rond pour déterminer quoi dire à cette femme. Mais rien de tout ça n'avait d'importance par rapport à ses émotions quand il la vit.
« Moi aussi je suis heureux de te revoir, ma chérie. »
Il la taquine, évidemment. Mais son sourire n'est pas faux, il n'est pas diminué, et il est plus réel que jamais.
« Tu te souviens de l'évocation de Mykonos ? J'ai repensé à cette... idée que tu avais lancé. Figure-toi qu'il est tout à fait possible pour des gens comme nous de la louer pendant un temps, de manière privée, anonyme, et discrète. Comme le temps d'un mariage, par exemple. Voilà ce que j'étais en train de regarder, lorsque tu es arrivée. »
Il garde son sourire, mais son regard se fait un peu plus sérieux, moins rieur, alors qu'il s'approcha de Cat et l'enlace avec douceur et tendresse.
« Je ne doute plus. Il est vrai que j'ai douté longtemps, malgré nos discussions et toutes nos avancées. Mais cette semaine... j'ai pris conscience, un peu plus encore, de tout ce que tu représentes pour moi. Et il est clair pour moi que ça ne sert à rien de se voiler la face : on construit ensemble, maintenant, pour le meilleur comme pour le pire. Mais j'espère surtout pour le meilleur. »
Il ramasse le masque qu'elle lui offre, et le porte à hauteur de ses yeux.
I'll always watch your back Dire oui, après tant d'années à refouler cette envie, ce sentiment, n'avait pas été une épreuve de taille pour Selina. Non, c'est celle venant après, celle où l'on doit apprendre à vivre avec l'autre, à accepter ses demandes, qu'elles soient silencieuses ou non. De sentir à quel point les premiers questionnements, les premiers doutes peuvent nous ébranler. À attendre un geste, une parole, une étreinte pendant que le froid lèche subrepticement notre peau. Sentir à chaque fois que la glace se brise et se casse dans le sol brûlant de la matière, ce coeur qui se serre. Vouloir y croire, même si tout semble nous laisser penser que non. Alors, quand Bruce finit par l'appeler sa chérie, Selina, ne peut s'empêcher de sourire, s'arrêter, secouer la tête pour lui indiquer que sa taquinerie ne la prendra pas comme ça. Elle ne peut pas se retourner quand il parle de Mykonos, ou lorsqu'il évoque le mariage. Encore moins lors de cette étreinte. Douce. Puissante. Qui l'oblige peu à peu à poser l'arrière de sa tête contre l'épaule de son amant. Fiancé. Partenaire ? "Tu sais que dans ce genre de moments, tu devrais grogner et dire que tu ne peux pas, que c'est ta responsabilité. Ensuite, je me vexerai, je te dirai que tu es empli de contradictions." Elle se retourne finalement, sans se détacher de lui, toujours lovée, toujours près. Ses doigts viennent doucement effleurer l'hématome sur son front, pour descendre ensuite sur sa joue. "Que j'ai aussi été forgée par Gotham et que j'ai bien l'intention de rester quoi que tu en dises ? Puis, tu grognerais à nouveau en me dévisageant." Chacun baigne son regard dans celui de l'autre. L'un aux traits moins tirés par la fatigue que l'autre, même si ... même si certaines nuit ont été difficiles. Et chacun entend la respiration de l'autre, plus ou moins contrôlée en cet instant. Elle sourit, se colle contre son torse, entour de ses bras sa nuque et se met sur la pointe des pieds pour l'atteindre. "Tu m'as manqué Bat." Se déshabiller de lui comme on se déshabille d'une chemise est impossible. Encore plus quand son étreinte se resserre, que le masque qu'il portait à ses yeux, pouvant voir l'es esprits en plus d'être un superbe apparat, ne compte plus. Bouche contre bouche, corps contre corps, mains contre une si douce chevelure que l'on avait plus touchée depuis plusieurs jours. Le baiser s'allonge, tout comme ces bras qui s'enserrent. Oui, Bruce Wayne, aka Batman, le chevalier noir, la némésis de nombre de criminels de Gotham, le quarantenaire grincheux, lui avait manqué. Elle se détache finalement de ses lèvres, pour enfin répondre à sa question. "Quoi ? Je croyais que l'on devait rester discrets. Serais-tu en train de me proposer un jeu de dupes ?" Ce n'était pas un non. Cat veut l'avoir à ses côtés, pendant que ces grippe sous essaient de vendre leur dernière technologie "brevetée", faite à la sueur et au sang de centaines de chercheurs sous payés. Brevetée, mais pas encore officialisée au grand public. Il paraîtrait qu'il s'agit d'un vaccin efficace contre la tuberculose. Sans toutes ces choses qui mettent tant en rage les anti vaxx. Mais Selina sait, Selina sent qu'il y a bien plus qu'un vaccin sous la couche. Et elle veut gratter cette couche. "Bon. Direction la chambre. Allons nous habiller pour l'occasion." Il avait besoin de lâcher prise. Elle aussi. À leur manière, sans que rien ne les arrête. Peut-être que ses enfants comprendront. Que ce soit Nightwing, Red Robin, Batgirl, Orphan ou bien Damian. Un jour. Qu'elle aime Bruce, et qu'elle est prête à s'engager avec lui. Autant dans un mariage qu'en tant que partenaire. Pour eux deux et pour Gotham.
« Madame et monsieur Wayne, nous sommes arrivés. Oh, diantre, il y a du monde. J'ose espérer que je n'aurais pas à nettoyer autre chose que des draps demain matin. Mais vous connaissant tous les deux, je dois m'attendre au pire. Passez une bonne soirée. »
« Merci Alfred. »
Le majordome avait tenu à les emmener tous les deux à la soirée. Il avait explicitement dit au couple qu'il prenait son rôle à cœur, et qu'il désirait vraiment le faire de lui-même. Pour Bruce, la signification de ce geste était limpide, et Selina l'avait probablement deviné également. Non seulement Alfred montrait par là qu'il adoptait définitivement et simplement la jeune femme au sein de la famille, mais en plus de cela, celui donnait du baume au cœur. Car il y avait presque trente ans maintenant qu'il n'avait pas eu à conduire les Wayne quelque part, et il était plus que certain que voir ces deux-là ensemble lui réchauffait le cœur.
Mieux encore, il était heureux, lui aussi.
Et ça, ça n'avait pas de prix. Savoir Alfred heureux de ce qu'il faisait, savoir le majordome approuvant sans sourciller et sans réserve ses décisions, c'était quelque chose de nouveau et de plaisant pour Bruce. Trop souvent, il avait senti la déception de son vieux mentor de le voir échouer dans ses tentatives de construire une relation humaine, et dans sa croisade. Même s'il était son soutien le plus inconditionnel, le vieil homme n'avait jamais souhaité le voir poursuivre son combat éternel. Alors, évidemment, le voir appeler Selina « madame Wayne » avec une aisance d'habitué, et en plus de cela, le savoir heureux de pouvoir conduire le couple à leur soirée, c'était une fierté sans nom pour le Chevalier Noir.
Qui, ce soir, n'était pas Batman.
Pas pour le moment, en tout cas. Peut-être que ça changerait, car connaissant Cat, elle n'était sans doute pas venu ici juste pour profiter d'une soirée mondaine. Elle avait sans doute une idée bien à elle derrière la tête, une idée qu'il n'approuverait probablement pas mais qu'il laisserait faire car elle ne pensait pas à mal. Pas dans le sens où elle ne faisait pas ça dans un but égoïste et mauvais, qui entraînerait volontairement du mal autour d'elle. Mais bien parce qu'elle partait d'un sentiment prosaïque, d'un but empathique, et surtout, d'une volonté de faire changer les choses en bien. Pour la jeune femme, c'était sa façon à elle de s'exprimer depuis les ombres, car elle n'aurait jamais le poids politique ou l'influence visible d'un Bruce Wayne. Même en tant que future madame Wayne.
C'est donc le cœur plus léger et le sourire aux lèvres, et le bras passé autour de celui de sa fiancée, que Bruce s'avança vers l'entrée de la réception.
« Le gratin de Gotham, toujours aussi déplaisant à voir. Je crois que clairement, il n'y a pas un seul moment dans ma vie où j'ai été heureux de les voir. Ils m'ont toujours dégoûté. Si riches, si malhonnêtes, si corrompus... si lâches, aussi. J'en ai sauvé quelques uns, sous le masque. Et je regrette parfois de l'avoir fait quand j'ai vu ce qu'ils faisaient après avoir survécu. Mais ce soir, tu es là, et je crois que je devrais pouvoir survivre un peu plus facilement. »
I'll always watch your back Lorsqu'Alfred se complait à constater l'inévitable, Selina ne peut s'empêcher de jeter une oeillade en direction de Bruce. Le majordome ne le connaît que trop bien. Bien plus qu'eux, ne semblent se connaître. Ces doigts entrelacés, alors que chacun semble regarder une vitre du véhicule durant le trajet, cachés contre le cuir de ces sièges, suffisent à Pennyworth pour voir qu'au delà des disputes et des fuites, le lien entre eux ne fait que se renforcer. Sans doute malgré eux, mais oui, il avait raison. C'est plaisant. Ils finissent par sortir de la voiture, Selina ne faisant qu'arborer un innocent sourire jusqu'au départ du chauffeur pour ensuite le rendre bien plus équivoque à la fin des paroles de son fiancé. Son bras lié à celui de Bruce est rejoint par une main, posée contre l'épaule pour lui permettre de s'appuyer et se rapprocher de ce cou bien trop tendu. L'entrée n'est plus qu'à quelques pas. "Oh maintenant je comprends mieux tes envies compulsives qui t'amènent si souvent à te cloitrer dans ta cave tel un vieil ermite boudeur." Un cou sur lequel elle vient souffler un léger air frais, remontant jusqu'au lobe de l'oreille. "Rendre leur soirée plus pimentée ... J'ai toujours eu cet effet là sur les faux premiers de classe." Malgré ce petit jeu de provocation, Selina n'en pensait pas moins. Bruce le sait depuis longtemps, depuis ces danses, ces soirées passées ensemble lors d'un dîner alors qu'il la testait encore dans son jeu de faux semblants. Ou bien lors de cet opéra où tout ce fretin couvert d'or et de paillettes se tenait avant de voir le Joker les frapper de plein fouet. Kyle n'aime pas le riches, et pourtant, certaines mauvaises langues diraient qu'elle est opportuniste, menteuse, étant donné qu'elle en fréquente un. Ils auraient raison en soi, mais ne comprendraient pas l'au delà. Ce secret entre eux qu'ils n'ont cessé de partager là, loin des fastes de ces réceptions inutiles. Sur les toits d'immeubles qu'oublient si facilement les riches.
Elle finit par se détacher de son bras, non pas pour le fuir. Mais pour fuir ces gens qui déjà sont en train d'assaillir son amant, à peine leur entrée faite dans cet espace de bureau vidé pour la réception de la Gothcorp. Depuis l'éviction de Boyle, Bruce est devenu l'un des actionnaires majoritaires, après tout. Mais il ne semblait pas toujours au courant des petites manigances de certains de ses soi disants pairs, qu'il aime tant. Selina le laisse donc, non sans lui jeter un dernier regard par dessus son épaule et un sourire en coin, serrer ces quelques mains. Pour partir de sa démarche féline, glisser entre les invités tandis que sa robe rouge frôle quelques jambes et attire quelques paires d'yeux curieuses. Après tout, cette femme était arrivée aux côtés de Bruce Wayne. Et bien au delà des compliments doux et enrobés de miel donnés au goût playboy millionaire (comme ils aiment si bien l'appeler), il y avait cette envie, cette curiosité, et cette admiration quand la jambe nue apparaissait sous les pans soyeux de la robe. Quand soudain, ces lèvres d'un rouge saturé et mat, se mettent à bouger près de cette table où l'on sert les boissons. Créant chez certains une gêne, d'autant plus pointue et déchirante quand ces yeux couleur olive dévisagent certains d'entre eux. Repérés, déchiquetés, étudiés jusqu'à ce qu'ils s'abaissent.
Pour mieux regarder aux alentours les pans de la pièce, se souvenir de sa venu il y a deux mois de cela, lorsque le gala avait été décidé par les équipes. Et où elle avait pu se faufiler sous une fausse identité et un costume d'employé "emprunté" pour poser le matériel qui allait lui servir ce soir. Puis, elle revient, deux coupes en main, fixant avec intérêt le beau brun aux prises avec ces hommes et ces femmes espérant lui soutirer quelque faveurs sur de prochains investissements, ou des leviers pour leurs aspirations politiques. Elle reconnaît même le sénateur de leur état, qui semble décidé à ne pas lâcher Bruce. Tendant cette coupe de champagne hors de prix et tout bonnement insipide en bouche à son partenaire, la voleuse finit par intervenir pour le sauver de griffes malicieuses de ce bon vieux représentant. "Je suppose qu'une coupe ne te fera pas de mal. Tu sembles manquer de salive au fur et à mesure de tes enrichissantes discussions. - Ainsi donc, vous voilà accompagné à une soirée, Wayne. Cela fait bien longtemps que vous ne nous aviez pas donné le plaisir de vous voir en charmante compagnie. - Tiens donc." Selina boit un peu de champagne, non sans jeter un discret regard en direction de Bruce. Le sénateur finit par prendre délicatement la main libre de la jeune femme pour y déposer un baiser sur le plat. "Je suis enchanté de faire votre connaissance. L'âge ne semble pas avoir atteint dans leurs émois certains d'entre nous. Miss ... ?" Répondre à cette question en se targuant maintenant d'être la future Madame Wayne serait se montrer gonflée et surtout possessive, comme ces chiennes en rut tout le long de l'année. Et surtout, griller cette discrétion à laquelle elle tient les concernant, pour le moment. Ce n'est pas son genre, et jamais, ça ne le sera. Quand bien même certains le voudraient bien. "... Hartcher. Et vous devez être notre Sénateur mandaté. Maxwell Grant. Vous voir à Gotham a dû raviver une certaine flamme dans le coeur de notre population. - Vous exagérez Miss Hartcher. Nous savons tous que même sans moi, cette flamme sera tenue par votre agréable accompagnateur. Il est si dévoué à cette ville que je me demande encore pourquoi il ne s'est pas lancé sur le même chemin que feu son père. Un homme que j'avais d'ailleurs en grande estime." Le sourire de Selina s'élargit. Non pas parce que les paroles du Sénateur avaient un effet plaisant sur elle, mais bien parce qu'elle connaissait pertinemment le chemin emprunté par Bat. Et, à quel point l'estime du sénateur ne se résumait en vrai qu'à ce que pouvait lui apporter Thomas Wayne en termes d'éligibilité. "Oh vous parliez donc de ce genre de projets ? Il est vrai que le renouvellement des mandats arrive bientôt et que l'appui d'un maire estimé vous sera utile. Cependant ..." Selina vient poser une main sur la poitrine de Bruce, au niveau de son coeur, sans qu'elle ne cesse de fixer le sénateur. Flirtant de ses doigts avec le tissu noble de son chemisier. "... Nous n'avons pas encore pu faire ce tour ouvert aux invités, dans les laboratoires. Monsieur Wayne tenait à voir les avancées des projets en ma compagnie. Ce qui sommes toutes, est compréhensible au vu de son statut d'actionnaire majoritaire." Selina sort alors une carte de visite, qu'elle tend au Sénateur qui soudain sent une sueur froide lui courir le long de la tempe et de l'échine. Lui donnait-elle son numéro ? Devant Wayne ? Quel oiseau aussi travailleur et magnifique avait donc pu mettre le grappin sur cet homme, sans que cela l'ennuie. "N'hésitez pas à contacter la fondation à laquelle je participe. Je serai ravie de prendre de nouveau contact avec vous. Et nous semblons d'accords sur le fait que l'aura américaine doit s'entretenir autant dans le nom que dans l'humain, que représentaient Thomas Wayne." Sur ces mots, elle tourne les talons, non sans être suivie par son compagnon. Nouvelle gorgée de champagne. "C'est le numéro de Leslie. Je pense qu'elle saura faire entendre sa voix. Elle voulait l'avoir en tête à tête depuis un moment, concernant les budgets santé alloués dans notre état." De sa main libre, elle passe alors à Bruce son petit gadget, jusqu'alors caché dans son sac à main. Une bombe à interférences électriques. Ils continuent d'avancer, jusqu'à arriver à une partie des baies vitrées. Selina fait mine de regarder les étendues de buildings, bien qu'en vrai, elle dévisage son amant. "Tu t'en doutais. Je ne suis pas ici pour jouer les potiches enfermée dans sa belle robe de chez Saab. Ce n'est pas mon genre, de toutes manières." Cette fois, son sourire est sincère. Joueur, provocant, jusque dans cette manière qu'elle d'à peine mordiller sa lèvre inférieure. "Vu que tu es un des principaux actionnaires de Gothcorp et que je suis sûre que tu meurs d'envie que moi de voir ce que cachent le PDG et ses sous fifres. On fait cette petite visite ? Même si ... d'abord ..." Elle se tourne pour se mettre face à lui, et se cacher sous sa large carrure. "... je dois faire un détour aux toilettes. On sait tous les deux qu'il s'agit su seul endroit où l'on pourra avoir un peu d'intimité." Le double sens est voulu. Bien que celui-ci ne les mènera pas vers ce chemin, et ce, même si elle en a grandement envie depuis leur séparation de sept jours. D'autant plus avec la tension qu'amène ce petit casse. Mais non, ils doivent juste récupérer le matériel qu'elle a caché dans un des pans de mur de toilettes, avant de partir faire sauter quelques verrous électroniques durant cette visite des labos. Il y a certaines priorités qui prennent le pas, dans la vie d'une voleuse.
Evidemment, il se doute qu'elle ne l'emmène pas aux toilettes pour simplement profiter d'un long moment d'intimité. Ils auraient pu en profiter ailleurs, dans des endroits plus propices à cela et surtout, dans des endroits où il aurait été certain que personne ne les épierait. C'était le problème de ce genre de lieu : même lui n'était pas à l'abri d'oreilles indiscrètes, et pourtant le Chevalier Noir avait déjà pris des précautions avant de venir. Il savait qu'il n'aurait pas besoin du costume ce soir ; il n'avait de toute façon pas envie de le mettre. C'eut été trop dangereux que de faire ça, surtout après s'être montré en public aux côtés de Selina.
Etrangement, il s'était attendu à ce qu'on lui parle de la mairie.
Mais personne ne l'avait fait. Personne n'avait tenté, encore une fois, d'inciter Bruce Wayne à devenir le maire de Gotham, à devenir cet individu politiquement influent qu'il était censé devenir aux yeux de toutes ces personnes. C'était un soulagement, car il n'aimait pas en entendre parler... et surtout, il devait mentir farouchement pour se justifier. Car la vraie raison, bien sur, c'était le Batman, qui rendait incompatible toute forme de vie politicienne... qui ne l'intéressait pas, de surcroît. Il n'avait jamais souhaité, et ne le ferait jamais.
Il se tira toutefois de ses pensées alors qu'ils entraient dans les toilettes.
« Cat, tu sais que je t'aime. Mais suis-je vraiment obligé de t'accompagner ? Je veux dire... »
Il marqua une pause, choisissant ses mots avec soin :
« Je pourrais être plus utile là-bas. Ça éveillerait moins les soupçons, et comme de toute façon nous pouvons parler via de discrets appareils... ce ne serait pas de trop que de t'épauler de cette façon. »
Il la regarda dans les yeux, avec un petit sourire entendu, sachant qu'elle comprendrait parfaitement la réalité de son dilemme. Il l'aimait, oui. Il était prêt à tout pour elle, elle le savait. Mais il y avait des lignes qu'il n'était juste pas capable de franchir, même s'il l'avait voulu. Tolérer les agissements pas très légaux de Selina, la laisser faire car c'était pour une bonne cause, c'était facile. Il avait l'habitude et avait appris longtemps auparavant qu'empêcher sa fiancée de faire ça ne les mènerait qu'à leur perte, en tant que couple.
Alors il lui demandait, à sa façon, à leur façon, si ça la dérangeait d'agir seule pendant qu'il l'épaulait de loin. En tant que Bruce Wayne, car il ne pouvait pas se permettre de la suivre trop loin sur ce chemin. Il savait qu'elle comprendrait, et il savait aussi qu'elle avait probablement déjà pensé à ça. Après tout, à force de se côtoyer, ils avaient fini par prendre des habitudes héritées de l'autre. Lui, il avait tendance à être plus tolérant, à être moins strict sur la notion de criminel. Elle, elle avait tendance à penser sur le long terme, à réfléchir à tout, aux détails, comme lui. C'était drôle, quelque part. La preuve de leur amour, en un sens.
I'll always watch your back Peut-être avait-il compris. Ou peut-être ne faisait-il qu'agir de manière rationnelle ... sa manière rationnelle. Ne pas franchir cette ligne, ne pas participer pleinement aux plans fous de Selina Kyle. Kyle qui pille, vole, sans vergogne à des gens qui pourtant n'hésitent pas à piller, voler des vies. Quelle que soit la raison de Bruce, la brune n'attendait aucunement une réponse affirmative de sa part. D'ailleurs, le contraire l'aurait fortement étonnée, en plus de la mettre en colère. Elle ne voulait pas qu'il se détourne de ce qu'il est au plus profond de lui, pour une femme. Sa future femme. Une fois le matériel récupéré, Selina se tourne vers Bruce, non sans faire mine de lui adresser un regard agacé, avant de le changer en une expression bien plus taquine. Pour ensuite, le prendre au visage, à la nuque, à la mâchoire. Pour embrasser dans une réclamation allant bien au delà du charnel qu'ils ont pu juste ressentir aux prémices de leur relation. Et, une fois goûté, voir dévoré pendant ces quelques minutes, leurs lèvres se séparent, leurs paupières se relèvent pour effacer ce moment où la lucidité s'est perdue dans les méandres de cette complexe liaison. "Je sais." Comme il sait que tout ce petit dialogue avant leur arrivée en ces lieux n'était qu'un petit jeu de sa compagne. L'index de Selina vient se poser sur les lèvres de Bat, pressant un peu la chair pour la taquiner. "Peux-tu juste tenir la porte pendant que je me change ? J'ai un raccourci à prendre, étant donné que je ne serai pas accompagnée durant cette ... visite." À vrai dire, elle ne lui laisse pas trop le choix sur ce coup là. La ceinture ainsi que la robe rouge tombent assez rapidement le long des hanches et des cuisses de la voleuse, pour être remplacés au fur et à mesure par une combinaison de cuir et de de spandex noirs. Il lui faut tout au plus trois minutes pour que Selina devienne son alter ego, et cache de nouveau son sac de vêtements. Ceci fait, elle ouvre ensuite la bouche d'aération se trouvant au plafond et s'engouffre dans son trou. Non sans jeter un dernier baiser volant vers son amant. "Ne te fais pas trop draguer par le sénateur. Je ne veux pas te retrouver grand électeur à mon retour."
Les laboratoires de la Gothcorp ne sont pas réputés pour être les lieux les plus accessibles du monde. L'on y trouve autant des lasers de détection, que des commandes à pression vous jetant des gaz soporifiques, des systèmes biométriques ... en résumé tout un panel pour dissuader des voleurs ou des espions de voler leurs précieuses recherches. Des mesures que malheureusement Selina adore contourner. Plus elles sont complexes, plus son niveau d'adrénaline monte. "Tu sais Bruce. Ce vaccin qu'ils sont en train en ce moment de te présenter au gala." Selina commence sa descente dans le premier labo, après une vérification des protocoles engagés dans la salle. "En vérité, mon contact m'a assuré que je devais regarder bien au delà de la forme." D'un coup d'oeil, et un rapide tour des paillasses, elle remarque que l'objet de ses recherches ne se trouve pas ici. Elle sort donc son pad, avec les dernières informations envoyées par le dit contact, afin de trouver la piste escomptée. "Non pas que je veuille faire sauter un projet ambitieux de vaccin contre la tuberculose, qui sera ensuite envoyé dans les pays les plus touchés. Mais ce genre d'infos a le mérite de valoir le détour." Elle saute de nouveau vers le plafond, à l'aide de son grappin. Se faufilant dans les conduits électroniques et électriques pour éviter d'éveiller les soupçons de la garde au niveau des aérations. "D'ailleurs, Venise est assez sympathique, si l'on oublie ses périodes d'immersion." La voilà non loin de son objectif, les laboratoires sous niveau trois, avec un scellé du vaccin sur les tables d'expérimentations, et les nombreux ordinateurs intéressant la voleuse. "Je me serai bien passée de ma séance de nage durant ces pluies diluviennes. Heureusement que les poutres dans les rues sont encore solides, sinon je me serai sûrement retrouvée expulsée par les courants." Elle ouvre la console et commence à taper, sélectionner, dériver les systèmes pour pouvoir accéder tranquillement aux lieux. "Ce bain chaud, après mes affrontements aux côtés de Cyclone et Deadman, et la récupération de ce masque, m'a fait un bien fou... !" Ses doigts continuent leur petite danse, épuisant lentement mais sûrement par leurs délicates attentions les protocoles. "Ce n'est pas trop dur de devoir affronter tous ces ... immenses criminels du verbe sans moi ?" Lui parler lui permettait en soi de lui prouver qu'elle s'en sortait pour le moment. Mais, elle avait aussi envie de le provoquer, comme à son habitude. Et pour cela, rien de mieux que d'utiliser un ton plus doux et suave. Catwoman finit par descendre, les alertes étant à présent désactivées par ses soins. "Mmmmmh. Regardez moi ça. De bons gros et larges écrans, que je vais me faire une joie de faire parler." Elle agite alors subtilement cette petite clé, dans laquelle trône un virus informatique. Une clé qu'elle n'hésite aucunement à insérer pour que les alarmes se mettent en route et enclenchent les systèmes secondaires. Une alarme qui bien entendu, se répercute dans tout le bâtiment Gothcorp. On est après tout en train d'ouvrir les vannes d'un laboratoire de niveau trois. Selina accède enfin aux archives, aux cahiers numériques. Ses yeux balaient rapidement les informations essentielles jusqu'au moment où elle tombe sur la composition d'un des adjuvants. Suivi des rapports d'expérimentation, puis des images de tests sur animaux. Et ... dix humains. Elle blêmit, recule et touche son communicateur. "Rappelle-moi pourquoi tu es actionnaire de Gothcorp ?"
Le plus frustrant n'est pas de devoir participer à la soirée seul, mais bien de devoir écouter Cat parler sans pouvoir lui dire quoi que ce soit. Leur communication est à sens unique pour le moment, car malheureusement, il ne peut pas répondre devant toutes ces personnes. Pas devant les serveurs, pas devant le sénateur, pas devant les candidats à la mairie de Gotham, pas devant les dames qui les accompagnent, pas devant les quelques personnes qui, remarquant sa solitude, tentent de se joindre à lui pour en profiter. Et surtout pas devant les deux femmes superficielles qui tentent de l'approcher, alors même que Cat entre dans les labos.
C'est long et difficile, mais il n'a pas le choix. Car elle fait ça pour une bonne cause, et il ne peut donc pas lui dire qu'il préférerait l'avoir à ses côtés. En fait, c'est plus simple que ça : il n'aime pas la savoir agir ainsi seule. Elle sait se débrouiller, et il n'a pas besoin de la protéger ou de l'aider, mais il ne peut pas s'empêcher d'y penser et de se dire qu'il aimerait pouvoir être à ses côtés plutôt qu'ici. Hélas, trop de choses l'en empêchent. Il lui était totalement impossible de suivre Selina sur cette voie-là... et cela leur convenait à tous les deux. Car c'était ainsi qu'ils étaient.
Et c'était bien que ça le reste.
Heureusement pour lui, l'alarme se mit à retentir en hurlant dans tout le bâtiment. Il put alors s'esquiver rapidement, allant jusqu'aux toilettes les plus proches. Pas juste parce qu'il devait s'y cacher. Mais aussi parce qu'il en avait besoin.
« Ces gens auront ma peau plus sûrement que les Vilains de Gotham... il n'y en a pas un qui n'essaye pas de me convertir à la politique. Et je ne parle que des hommes. Explique-moi ce que tu vois. »
Il s'essuya les mains, puis reprit la parole d'un ton bien plus sérieux, une fois les explications de Cat données.
« Gothcorp était une société qui promettait de trouver un remède permanent contre des maladies comme la tuberculose, les différentes grippes méconnues, voir le cancer et le SIDA si on lui en donnait les moyens. Lucius m'avait assuré qu'ils étaient propres, alors on a investi dans la compagnie. Malheureusement, ça date d'il y a plusieurs années, maintenant, et je ne savais pas qu'ils avaient avancé dans leurs recherches. Il y a peut-être eu un changement de direction, ou des remplacements de personnel, et ça expliquerait pourquoi rien ne va. Et surtout, pourquoi ils font ça sur des personnes. »
Il y avait plus que le problème éthique ; il y avait un horriblement pressentiment. Son intuition ne l'avait jamais failli, et il sentait qu'il y avait quelque chose de louche à creuser. Il sortit des toilettes, vérifia qu'il n'y avait personne, puis se dirigea vers une des sorties de secours menant à l'arrière du bâtiment.
« Je vais contacter Alfred à ce sujet. Je suis en train de me demander si cette histoire ne serait pas liée aux enlèvements non-résolus d'il y a trois semaines, à Metropolis. Tu te souviens ? La police était incapable d'expliquer comment dix personnes avaient pu disparaître comme ça sans raison. »
I'll always watch your back Le sous entendu de Bruce est plus qu'entendu. Il devient motif pour la voleuse à se retenir de rire, en l'imaginant aux prises avec ces pauvres soupirantes. Elle l'imagine en train de se contenir, de faire preuve de galanterie et jouer de ses sourires de circonstances pour passer entre les mailles du filet, pendant qu'elle, s'amuse dans ces labos. Elle entend ses soupirs, sa respiration manquant de contrôle depuis ce communicateur, et ça la fait tressaillir. "Je vois des expériences sur primates. Qui ont rapidement été effectués. Trop rapidement. Des tests ensuite lancés sur une dizaine de volontaires humains. Certains ne semblent pas avoir supporté le produit. Quand aux autres ..." C'est elle qui soupire, reprend son souffle à présent. Jusqu'à en déglutir, pendant que ses doigts tapent nerveusement sur le clavier d'un des ordinateurs. "... les rapports font état d'effets secondaires. Mais je n'arrive pas à décrypter avec le matériel que j'ai sur moi les effets listés." Les fracas au loin lui indiquent qu'elle ne devrait plus traîner. Le service de sécurité est sur les dents, et ils doivent déjà engager pas mal de protocoles de sécurité pour qu'une voleuse comme Selina s'en morde les doigts. Elle retire donc sa clé, en ayant copié au moins quatre vingt dix pour cent des données qu'elle était venue récolter. "Je suis au regret de t'annoncer que tes efforts pour outrepasser la période Boyle ont l'air de vaciller, chéri. Tu sais qu'ils appellent ça modestement du Composé Phi ?" À quoi ce Phi peut faire référence d'ailleurs ? Qui serait à l'origine de ces études accélérées et surtout qu'y gagnerait-il ? C'est censé être un vaccin, pas une sorte de booster. Car il s'agit bien d'un booster au vu des formules chimiques. Pendant qu'elle réfléchir, Selina arrive à rejoindre un autre point de sortie, étant donné que le passage dans les bouches d'aération semble compromis par l'arrivée de gaz. En même temps qu'elle saute et met à terre un premier garde en lui passant par dessus l'épaule pour ensuite le claquer au sol violemment, elle sort et enfile un masque à oxygène.
"Je ne sais pas si le produit a été mis sur le marché comme ils avaient initialement prévu de le faire. Ça semblait prometteur pour les pays Sub Sahariens. Dommage." Un nouveau garde est mis à terre. Cette fois, c'est en sortant un coup de griffe au visage, après une vaine attaque à l'aide d'une matraque électrique. "Quand à Métropolis, je ne suis pas du genre à m'occuper de cette jolie ville. C'est celle de ton meilleur ami, après tout." Oh elle adorait pointer du doigt le lien entre Superman et Batman. Bien visible sa forme, mais complexe dans son fond. Elle avait parfois réussi à se moquer de Bruce, à une époque, en évoquant très brièvement et avec un certain tact, une possible tension sexuelle entre eux. Ce qui avait eu le don d'agacer le chevalier noir ... bizarrement. "Ça me semblerait assez logique. J'arrive bientôt aux fenêtres des bureaux." Une sortie par les escaliers de secours laissés ouverts lors des protocoles d'urgence, et un coup de grappin vers les étages supérieurs, lui permettent de finalement se dégager rapidement d'une partie de ses poursuivants. Et, d'accéder aux vitres qu'elle tente tant bien que mal d'atteindre. "Et m..." Se retient-elle de dire, alors qu'un coup de taser passe non loin de sa hanche. Bon, elle arrive quand même à atteindre sa destination, et à prendre une bombe sonique capable de faire éclater cette jolie surface de verre. C'est pire que ce qu'elle a pu imaginer. "Bat ?" La bombe éclate, et une Selina saute dans le vide. "Ton soupir était vraiment ... charmant." Il peut entendre des tirs depuis le communicateur. Ils y vont à balles réelles, même si c'est un peu tard. "Dommage que tu aies la fâcheuse habitude d'attendre que je m'endorme. Je pourrai plus facilement apprécier et me souvenir des modulations de ta respiration." Cependant, un tir, arrive à tout de même la toucher. Au mollet. Sa combinaison est déchirée, ainsi que sa peau. Elle arrive à atteindre un toit d'immeuble et à rouler contre sa surface, mais la blessure la lance. "Sinon ... laisse moi deviner. Tu t'es caché dans les toilettes." Elle sort ensuite des bandages des poches de sa combinaison pour compresser au plus vite la fuite de sang. "C'était pour les fuir ou ... me parler en privé, comme en ce moment ? À parler de ta respiration qui se module en fonction de tes états ?" Badiner est une bonne chose dans ce genre de situations que l'on pourrait qualifier de crise. Ça évite de laisser transparaître une certaine faiblesse. Mais surtout, de ne pas inquiéter l'autre face au péril de la situation. Surtout ... lui.
« Pour être exact, je suis allé aux toilettes parce qu'il me fallait un endroit au calme, et accessoirement, à l'écart de la foule paniquée qui sortait du bâtiment. Je te rappelle que tu as déclenchée quelques alarmes. »
La petite pique, qui n'en est pas vraiment une, l'amuse légèrement et lui arrache un petit sourire. Toutefois, le sérieux et l'inquiétude reviennent bien assez vite, car il sort enfin des toilettes pour sortir d'ici par une des portes de service. Dans le même temps, il s'assure qu'il n'est pas suivi et que personne ne cherche à l'espionner.
« Et ma respiration ne serait pas aussi charmante si je m'endormais avant toi. Les seules fois où mon sommeil est plus lourd que celui des autres, c'est quand je suis alité. Ce qui n'arrive presque jamais. Je suis tout bonnement incapable de m'endormir avant les autres. »
Ce n'est pas faute d'avoir essayé, se dit-il, mais au fond, il s'en fiche pas mal. Cela fait parti de ses habitudes qu'il n'a pas l'intention de changer, car il s'agit aussi pour lui d'une manière de s'assurer que tout va bien autour de lui. Même au sein du manoir, même dans la Bat-cave, où il sait que tout ceci est superflu, il ne peut se le permettre. Car la moindre alerte, le moindre danger, qui rôderait et qu'il ne parviendrait pas à entendre, à percevoir, serait synonyme d'échec. Il ne dort jamais trop profondément, et même ainsi, il garde son corps prêt à intervenir.
Et puis...
« Et j'aime bien te regarder t'endormir. Ta respiration est charmante aussi, et je ne me lasse jamais de te regarder. »
Avant d'enchaîner :
« Rejoins-moi, je suis sorti. Alfred ne va pas tarder à nous appeler pour... hmm. »
Il interrompt brusquement sa conversation avec Cat pour se retourner. Il lui avait semblé entendre du bruit, et surtout, entendre des pas calmes et prudents dans son dos. Des années d'expérience n'avaient pas pu lui retirer ça, et il avait vu juste : quelqu'un s'était faufilé dans son dos, espérant le prendre par surprise. Heureusement pour lui, deux bonnes choses se passèrent alors : premièrement, l'imprudent fut surpris de le voir faire volte-face, et eut un mouvement de recul en lui faisant alors face. Deuxièmement, Bruce réagissait plus vite que beaucoup d'humains : il put alors engager les hostilités.
Car il n'y avait aucun doute : cet homme brandissant une arme n'avait pas l'intention de discuter calmement. Ou plutôt, Bruce préféra agir d'instinct, et ses réflexes lui sauvèrent d'ailleurs la vie. Remis de sa surprise, l'inconnu ne put cependant éviter le coup direct envoyé par le Chevalier Noir : un crochet qui le fit trébucher, puis heurter le mur derrière lui. Par automatisme, il tira à l'aide de son arme ; le coup retentit avec force, mais manqua sa cible de plusieurs mètres pour se loger dans le mur.
Erreur fatale, pensa Bruce.
En effet, d'ailleurs, car il se jeta sur son agresseur, lui brisa sommairement le poignet tenant le flingue, puis l'assomma d'un coup bien placé sur la tempe. Juste avant que sa fiancée ne vienne lre joindre dans cette ruelle qui longeait le bâtiment.
« Eh bien... la soirée me semble assez gâchée. Il te va bien, ce costume, décidément. Un grand couturier ? »
Qu'il trouve matière à plaisanter dans un moment pareil allait certainement irriter Cat... mais aussi, et surtout, dissiper son inquiétude naissante. Ce qui était le but.
I'll always watch your back "Moi déclencher des alarmes ? J'ai cru que c'était un exercice incendie." Rétorque-t-elle, en se voulant la plus innocente possible. Alors qu'elle est la fautive, l'origine même de ce ramdam et de l'avorté de cette soirée qui rassemblait le beau fretin de Gotham. L'entendre se justifier sur sa respiration, comprendre sans qu'il ne le dise clairement le pourquoi de ce comportement la laisse silencieuse. Cela voudrait dire qu'il a toujours su quand elle partait. Savait-il qu'elle n'arrivait pas toujours à dormir dans ces moments là ? Quand elle le sentait encore ... éveillé. "Vil flatteur." Il le pense. Il suffit de voir comment il la regarde, quand elle s'éveille. Avec ce sourire, en baissant la tête, dans un geste faussement humble. Un moment où ils savent. L'un pour l'autre. Contre l'autre. "Donc je peux abandonner le doux rêve d'entendre tes ronronnements. C'est noté." Elle finit de bander sa blessure, de vérifier que son appui peut encore être pris malgré cette sacrée éraflure. "J'arrive, j'arrive. Laisse moi juste le temps de ..." Plus rien. Puis, des bruits de combat. "Bat ?" Sa voix s'écorche. Vient ensuite un coup de feu. Selina tressaille. Il n'est pas dans son armure, il n'a aucun gadget. Juste ses poings ses réflexes et instincts. Alors, malgré la douleur la lançant à la jambe, la jeune femme presse le pas pour rejoindre la ruelle dans laquelle son amant s'est engouffré. Elle descend, dévale, glisse le longs des murs via le filin de son grappin. La petite blague de Bat ne passe pas. Sourcils froncés, nez retroussé sous l'effet de la colère, Catwoman pointe un index accusateur vers Bruce, allant jusqu'à presser son buste plusieurs fois. "Tu sais très bien que ce n'est pas ce costume qui ..." La scène de la Cour lui revient en tête, la tenaille. Lorsqu'elle sauvait Damian, quand elle l'a vu se jeter dans le vide en espérant de tout son coeur qu'il s'agisse bien d'un bluff. Puis, elle se souvient de sa propre blessure, ce soir. Son regard se fait alors fuyant, son soupir, bruyant. Pour finalement se détourner et aller voir cet homme étalé à terre. Elle l'étudie un moment, mains sur ses hanches. Se courbant et se penchant un peu pour bien voir le visage, et reconnaître peut-être une petite frappe des bas quartiers. "Hm-mmmm. Sacré crochet." Se retenir, pour ne pas lui sauter au cou après cette violente montée d'adrénaline. Parce que le contact physique lui a manqué autant que le mental. Que de le savoir en danger a rendu ce manque bien plus important. Alors, elle lui tourne le dos. Pour ne pas sentir ce besoin la reprendre au coeur et au corps. Sans se douter que lui aussi, remarquera sa blessure. Elle prend finalement de quoi capturer en photo le faciès. On ne sait jamais. Autant vérifier dans les bases de données du GCPD qu'il ne s'agissait pas d'une menace supplémentaire liée à cette affaire de composé. "Je suppose qu'il ne s'attendait pas à ce que le célèbre playboy de Gotham soit capable de lui briser le poignet et ... de lui coller un sacré coup à la tempe." Elle finit par reprendre ses esprits, à se faire aussi une raison quand à son état. Sans doute est-ce l'endorphine, mêlée en plus à l'adrénaline qui la surexcite, la met à cran. De nouveau, Cat peut faire face à Bat. "J'ai vérifié les alentours. Personne, pas même ce fichu Deathstroke ne traîne dans les parages. Quand à la soirée, ne me fais pas croire que mon petit coup d'éclat ne t'a pas permis de t'éclipser des bras de ces hommes. Comment l'avais-tu formulé ? Que les hommes essayaient de te convertir à la politique ? Et que tu ne parlais que des hommes." Plus qu'à quelques centimètres. Elle le dévisage, tout en souriant. Sûre de son coup, prête à reprendre d'un revers de manche ce petit concours de gentilles piques. "Tu disais qu'Alfred va nous appeler pour ... ?" Ses doigts viennent remettre en place le noeud de cravate de Bat, pendant que ses yeux ne le lâchent pas, ils dévorent et embrassent sans pour autant établir clairement ce contact. Elle entend sa respiration, qu'il contrôle là aussi. En attendant qu'il réponde à sa question et que chacun oublie les petits dangers pris par l'un et l'autre durant cette soirée riche en rebondissements.
Bruce sourit simplement, sans répondre pour le moment. Cet instant de frayeur, bref mais réel, fugace mais sincère, est désormais passé et laissé loin derrière eux. Parce qu'ils ont l'habitude, parce qu'ils se connaissent assez pour savoir qu'ils sont plus qu'un masque et qu'un costume. Ils savent tous les deux se défendre comme il faut, même sans leurs gadgets ; et lui encore plus qu'elle, car il n'avait pas son armure alors qu'il parcourait autrefois le monde pour apprendre à affronter les plus grands criminels du monde. Le Chevalier Noir passe alors ses bras autour de sa fiancée, l'approchant doucement de lui dans une étreinte tendre, et toute aussi sincère.
Une étreinte qui leur fait du bien, à tous les deux, qui leur rappelle que leur âge ne signifie pas ne plus savoir aimer, et qu'il ne signifie pas que leur vie s'achèverait avant qu'ils puissent construire ensemble leur vie.
« J'allais donc dire que Alfred n'allait pas tarder à nous appeler pour nous ramener à la maison. Mais le connaissant, il est sûrement déjà en route, ou même au coin de la rue, en train d'attendre qu'on le rejoigne. »
Bon, ce n'est pas exactement ce qu'il avait eu l'intention de dire, mais il se doute qu'avec la fin de tout ce petit drame, le majordome allait probablement venir les chercher en personne pour au moins sauver les apparences. Pour faire comme si, pour une fois, il n'y avait pas eu de problèmes et que monsieur et madame Wayne rentraient simplement chez eux. En vérité, Bruce s'était toujours demandé comment faisait Alfred pour ne pas faire une syncope en permanence. Après toutes ces années, il avait largement eu de quoi faire des centaines de crises cardiaques ; mais non, le vieil homme restait fidèle au poste. Maintenu dans ses fonctions, férocement attaché à son rôle, à cette promesse qu'il avait fait sur la tombe de ses parents.
En y repensant, Bruce réalisait qu'en fait, toute l'histoire de cette famille reposait sur des promesses. Sur des vœux.
Son père avait fait vœu d'aider les autres.
Alfred avait fait vœu de protéger Bruce et de l'élever pour qu'il devienne un homme bon et heureux.
Lui-même avait fait le vœu de combattre les criminels jusqu'à ce qu'il n'en reste plus.
Cat ? Elle avait sans doute aussi son propre vœu. Celui de rester fidèle à ses idéaux, quoiqu'il arrive. De ne jamais se laisser dominer par qui que ce soit.
Et tous les autres. Ses fils, les filles, tous.
Des vœux, encore et toujours, des promesses, des désirs ancrés si profonds qu'ils devenaient indissociables. Plusieurs fois, Bruce avait entendu qu'il ne pouvait pas être heureux et être Batman en même temps. Il était pourtant en train de démontrer que si, il le pouvait. Car il n'avait pas l'intention de laisser le costume, et il était heureux de voir Cat lui sourire en retour. Il était heureux de voir sa fiancée ainsi lovée contre lui. Il était heureux d'entendre ce coup de klaxon, discret et bref, qui leur rappelait qu'Alfred venait d'arriver.
Et il était heureux de voir qu'ensemble, ils se dirigeaient vers cette voiture, à l'abri des regards, pour rentrer au manoir. Pour rentrer chez eux. Ensemble, ils étaient heureux. Ensemble, ils avaient tant de choses partagés, et à partager. Et surtout, ensemble, ils étaient plus forts que jamais. Plus de doutes, plus de faux-semblants.
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