[mission 3] finding psycho nemo (arthur, tracy)

C'est grâce à Loïs Lane la lucide que la Résistance avait accepté l'aide d'Arthur Curry. Ça n'avait pas empêché les membres de cette organisation d'observer Aquaman avec crainte. Personne n'avait oublié qu'il était l'un des auteurs du cataclysme et de la dévastation actuelle. Certains ne pouvaient s'empêcher d'être méfiant à l'idée qu'un nouvel Aquaman marchait sur ce monde. Quand bien même il venait d'une autre terre. Et c'est tout naturellement qu'il s'était proposé pour aller à la rencontre de l'un des deux despotes qui régentait New Themyscira dans la terreur. A son sens il était l'un des rares que cet empereur Orm écouterait. D'une part parce qu'il était à moitié atlante, mais surtout parce qu'ils étaient liés par le sang.

Le trio envoyé pour cette mission périlleuse et sans doute sans retour contemplait la Tour de Londres depuis les ruines d'une église aux murs effondrés et au parquet éventré, avec dedans, plein de cadavres noyés d'eau. Arthur avait jaugé en silence Tracy Trevor et Harley Quinn en songeant qu'elles avaient du courage pour s'engouffrer dans la gueule du lion, ou plutôt du Kraken. Il avait la force et la robustesse atlante pour lui, mais elles étaient de simples humaines. Quinn leva la main et Arthur lui jeta un regard surprit avant d'échanger un regard gêné avec Tracy, qui voulait dire : « Attends ? Elle lève vraiment la main pour s'adresser à nous ? Sérieux ? » Mais la criminelle posa des questions pertinentes. Arthur devait avouer qu'il était décontenancé par cette femme. Si pleine d'enthousiasme et de vivacité dans un monde aussi triste et aussi mort. C'est la première fois qu'il croisait sa route. Il se souvenait de ces actualités passés, dans les journaux du Maine qu'il lisait à Amnesty Bay, qui de temps à autres évoquaient la criminalité de Gotham City. Avec souvent des articles qui pointaient du doigt le Joker et son acolyte. Mais rien de plus. Il n'était pas au fait des agissements d'Harley comme l'était les justiciers de la ville du chevalier noir.

Il écouta les paroles de la fantasque blonde, les yeux évasifs, tournés vers cette espèce de citadelle cauchemardesque aménagée par les atlantes. Il lâcha d'une voix presque éteinte :

« Entre nous, si l'Imperator Orm ou quelque soit son titre, m'embroche avec son trident, ça ne sera pas une grande perte.»

Vu le sérieux avec lequel il avait lâché ça, il n'était même plus la peine de lui demander s'il comptait réchapper à cette Terre-4 d'une façon globale. Il ne fallait pas beaucoup d'imagination pour constater qu'il n'avait pas vraiment l'intention de revenir sur Terre-1 s'ils parvenaient tous à l'emporter dans cet étrange duel voulut par le « Collectionneur ». Comme si Curry considérait qu'il n'avait plus rien pour lui là-bas.

Arthur vint s’asseoir pesamment sur un muret de brique désuet, comme si avant de foncer vers une mort probable, il voulait s'accorder un instant de réflexion avec les deux femmes qui allaient partager le danger avec lui.

« Il y a effectivement de fortes probabilités qu'Ocean Master me fasse exécuter sans autre forme de procès. Mais peut-être qu'il ne le fera pas parce que... »

Curry qui sert ses deux mains l'une dans l'autre, presque à les étouffer. Avec un sanglot retenu dans la voix.

« ...quand on avance dans la vie, parfois des choses nous sont enlevés. Mais ça on ne peut le comprendre, que lorsqu'on les perds. On réalise alors que la vie se joue sur quelques instants comme celui qu'on va subir quand on mettra les pieds là-bas. Et quelque part je me dis que cet Ocean Master là a un vide béant dans son coeur, qu'il n'a plus aucun frère, ni aucune femme à qui se confier. Qu'il le fera peut-être pour nous. »

Expression morte sur son visage. Tout en colère contenue. Ces images lancinantes dans son esprit qui ne veulent pas s'en aller : Mera inconsciente, livide. L'enfant mort qui n'a même pas vécu. Son propre père, le gardien de phare à l'agonie à cause de Black Manta également. Et sa mère. Jamais vu. Orm qui l'en avait privé. Cette idée fixe : Terre-4. Juste châtiment pour expier. Aquaman ? Il n'en avait plus vraiment l'allure sans son armure écaillée étincelante et son trident qui étaient restés sur Terre-1. Avec sa veste en coupe-vent sombre de marin et ses pompes de matelot façon rangers, Arthur ne dépareillait pas avec l'environnement sinistre de New Themyscira. Il interrogea ses deux acolytes, se demandant si elles allaient aimer l'idée dangereuse qu'il allait leur proposer :

« Comment on fait pour entrer là dedans ? Et si on faisait ce qu'aucun humain, aucune amazone n'a fait avec eux jusqu'ici ? Et si on allait leur parler tout simplement ? Discuter, en geste de paix ? »

Les deux femmes se montrèrent rétives face à la proposition d'Arthur pour aller à la rencontre des atlantes avec un drapeau blanc pour parlementer. Dans l'espoir qu'ils les écouteraient et ne les abattraient pas aussitôt. Elles avaient sans doutes raisons. Si les atlantes mettaient la main sur elles, ils les tueraient. Mais lui ? Le double d'Aquaman sur ce monde, leur ancien roi maintenant mort. Arthur étaient sûr que lui même, ils voudraient le garder en captivité par curiosité et qu'il pourrait accéder à cet Imperator Orm pour tenter de le convaincre de mettre fin au carnage.

Dilemme. Tracy Trevor se refusaient à se jeter dans la gueule du Kraken, mais elle estimait que l'infiltration d'une telle citadelle était encore plus risquée. Arthur se raidit lorsqu'Harley Quinn vint se poster derrière lui pour poser ses deux mains sur ses épaules. Mais qu'est-ce qu'elle foutait ? Cette blonde était décidément très imprévisible. Il fut plus encore étonné lorsqu'elle l’appela « Mon sushi ». Visez l'expression gêné sur le visage d'Arthur, à jeter un certain regard vers Tracy alors qu'une goutte de sueur provoquée par le malaise coulait sur son front. Les yeux d'Arthur essayaient de faire comprendre à Tracy avec insistance : que tout ceci reste entre nous, ne va pas raconter cette scène aux autres…

La gêne se dissipa au fur et à mesure qu'il écoutait les paroles de la criminelle qui insistait sur le fait qu'elle était spécialiste de ce genre de situation. Arthur leva les yeux au ciel, manquant de rétorquer en lui demandant avec cynisme, si elle mettait toujours des tenues aussi bariolées et affriolantes (sans parler des talons) pour aller à la rencontre des dangereuses menaces prises pour cible par Amanda Waller. Mais il s'abstint. Depuis qu'il avait débarqué sur New Themyscira, il avait perdu tout sens de l'humour et toute répartie malicieuse. A ruminer ses pertes, sans se formaliser des piques que pouvaient lui lancer les uns et les autres. Mais ça n'empêcha pas Curry de glisser un :

« Je ne l'aurais jamais deviné »

Avec un air las, presque pince sans rire lorsqu'Harley affirma qu'elle était la plus discrète de toute son équipe ! (Arthur n'osait imaginer l'accoutrement des autres…) et il fronça carrément les sourcils lorsqu'elle demanda le plus naïvement du monde s'ils avaient la télé sous l'océan. Il lâcha comme si elle usait sa patience avec ses allusions :

« T'es au courant que je ne passe pas ma vie que sous l'océan ? En fait j'ai grandit dans le Maine à 300 km au nord de Gotham. »

Arthur s'inclina quand même devant la verve d'Harley qui insistait pour jouer les avant-gardes. Il se leva avec résolution, avec un air de gravité sur son visage. Comme s'il percevait qu'il allait tenir là l'occasion ou jamais de convaincre les atlantes de cesser cette guerre.

Alors qu'Harley leur demandait leur dernier mots avant de se lancer dans son expédition solitaire, Arthur annonça aux deux femmes qui allaient partager les risques avec lui :

« Je reste sur mon idée d'aller directement à leur rencontre. Vous ils vous tueraient, mais pas moi. Je suis le double de leur ancien souverain, ils ne m’exécuteront pas comme ça. Dans tous les cas je ferais diversion à la grande porte pour que vous puissiez vous faufiler chacune de votre côté dans l'endroit. Si jamais ils me mettent en captivité, peut-être que vous pourrez m'aider à m'évader à l'intérieur, mais n'en faîtes pas une priorité. C'est leur empereur avant tout que nous devons atteindre. On se retrouve à l'intérieur. »


Une sentinelle atlante posté sur l'édifice plissa les yeux en apercevant la silhouette massive d'Arthur Curry qui s'avançait vers la Tour de Londres, au milieu d'une chaussée dévastée par d'anciens combats.

« J'y crois pas. »

Il cria l'alerte, attirant ses comparses qui s'agglutinèrent au rempart que les atlantes avaient érigés. Arthur continua sa marche imperturbable. A une trentaine de mètres de la sinistre porte marquant l'entrée du domaine privée de l'Imperator Orm et de ses légions, il retira sa veste et la jeta à terre avec négligence. Il continua sa route torse nue, tatouages bien en évidences, pour qu'ils soient visibles de tous et que chacun reconnaisse en lui le double du défunt Aquaman de ce monde. L'agitation s'empara des soldats atlantes, les portes s'ouvrirent, une troupe en arme avança au pas de charge à la rencontre d'Arthur. Sur les remparts, tous les regards étaient dirigés vers l'entrée du domaine, toutes les têtes étaient tournés vers lui. De quoi offrir une occasion en or aux deux complices d'Arthur pour s'infiltrer dans la place.

Aquaman leva ses mains, paumes en l'air, en signe d'apaisement. De sa voix forte il gronda :

« Je suis Arthur Curry, je veux voir votre empereur. »

Il fut encerclé par une vague de soldats brandissant tridents et armes de tirs nautiques dans sa direction.

« Je suis atlante tout comme vous, laissez moi entrer et discutons. »


La blondasse bariolée avait raison finalement, j'aurais du me faufiler en douce là dedans en faisant profil bas.

C'est ce que pensa Arthur Curry au milieu de ses entraves. Il s'était imaginé qu'ils lui passeraient les menottes ou un truc du genre, mais non. Les atlantes ne faisaient pas les choses à moitié :

Spoiler:

Engoncé dans ses chaînes, il se consola en s'imaginant que son entrée très théâtrale, avait du accaparer toute l'attention des gardes pendant au moins 5 minutes, de quoi permettre à ses deux alliées de s'insinuer ici.

« Atlantes ! Je veux voir votre chef ! »

Quelques jets de méduses dans sa direction. Suivis de « booouuuh ! » « Usurpateur ! » « Le roi Orin est mort ! Faussaire ! »

La cour de la tour de Londres était à moitié inondée, l'eau lui arrivait à hauteur de taille alors qu'il était à genoux. Arthur insista :

« Oui votre ancien roi est mort, je suis son double. Je viens d'une autre terre. Envoyez qui vous voudrez pour évaluer mes paroles et mes connaissances, vous verrez que je ne vous ment pas. Je suis fils d'Atlanna. Qu'Orm s'avance ici dans l'instant ! A-t-il peur d'un simple captif ? »

Nouvelles invectives. Des poings brandit dans sa direction sous les huées. Nouveau jet de méduse dans la tronche. Arthur passa en revue plusieurs solutions pour s'évader et aller de force à la rencontre de ce Orm. Il imagina l'air effarée des deux femmes si elles pouvaient l'épier en ce moment même. Aucune d'elle n'était houdini. Et s'il les imaginait sans peine crocheter une simple paire de menotte, il ne les imaginait pas briser les chaînes colossales qui le maintenaient captif. Arthur commenta pour lui même entre deux cris d'insultes dans sa direction :

« J'avoue. La prochaine fois on envoie Clark ou Diana à ma place. »

Arthur ne décela la présence d'Harley Quinn qu'après qu'elle ait lancée ses fumigènes de couleurs… singulières. Même l'explosion qui avait précédé n'avait pas indiqué à ses yeux que c'était la démente de Gotham qui avait provoquée ça. Il s'était imaginé sur le coup à une attaque des amazones voir même de la Résistance, mais non… la blonde était pleine de ressources. Ses bombes lacrymos se mirent à crachoter du gaz. Quelques soldats atlantes expectorèrent bruyamment. Fallait croire que s'ils étaient forts pour respirer sous l'eau, ils étaient moins bien armés que les surfaciens face aux gaz. Les émanations surgirent et se répandirent sous forme de brume acide, le même employé par le gang du Joker dans ses braquages : rouge, rose, violet, etc. Arthur vit s'élever un vrai nuage de rose à vous faire suffoquer tous les atlantes, tout en entendant la garce de la Suicide Squad lancer :

« J'ai réceptionné le poisson ! »

« Quoi ?! Attends, c'est qui que t'appelles le... »

Les bombes projetées à droite, à gauche par Harley continuèrent à crachoter leur gaz. Ils continuèrent à s'élever, passant du rose au mauve. Quelques cris martiaux d'atlantes frustrés et en colères en train de suffoquer. Les gaz tourbillonnèrent et se mélangèrent, prenant des couleurs qu'on n'aurait pas renié dans la bande du Joker. Les algues que les atlantes avaient laissés pousser sur les murs de la Tour de Londres ça et là virèrent carrément au gris malsain sous l'effet des émanations. L'air piquait les yeux et la gorge d'Arthur pendant que blondie le sermonnait :

« Voilà ce qui arrive quand on n'écoute pas les femmes. »

Il voulut articuler :

« Je commence à le savoir. »

Mais ses paroles étaient trop étouffées par ses toussotements. Et il s'activa sur ses chaînes. La première explosion l'avait délivré par inadvertance de ses entraves aux jambes. Et l'éboulement qui avait suivit avait suffit à le défaire de la chaîne qui le retenait par le cou. Il ne lui restait que ses deux mains à détacher pour que ses deux membres soient libres. Il força de tout son torse puissant en tirant pour venir à bout de ses fers. Les maillons étaient encore plus épais que ses pouces. Il tira en vain. Un homme moins robuste aurait été écrasé sous le seul poids de ces liens. Il tira avec une rage encore plus tenace. Des maillons soudés à la plaque de métal par laquelle débutait les chaînes, cédèrent. Arthur se retrouva libre. Avec les deux chaînes rompus qui traînaient au sol et reliés à ses bras par ses bracelets de captif aux poignets. Lui donnant ainsi deux « fouets » de métal bien commodes dans une situation de danger comme celle-ci. Aussitôt libre il détala avec ses nouvelles « armes » vers l'issue qui semblait la moins dangereuse. La confusion multicolore lancée par Quinn allait finir par se dissiper. Arthur lâcha alors qu'ils étaient dans une alcôve.

« Je crois que c'est manqué pour le coup de la diplomatie. »

Il allait être encore plus dure d'entamer des pourparlers avec l'Imperator Orm après ça. Curry chercha du regard autours à la recherche de Tracy Trevor, se demandant si elle s'était séparée d'Harley ou si elle l'avait suivie dans les sous-sols de la forteresse atlante pour l'atteindre alors qu'il était prisonnier. Il observa les différents couloirs qui s'offraient à eux pour parcourir la forteresse dans laquelle ils venaient de s'engouffrer. Chaque mur semblait visqueux et froid, comme si l'humidité avait prit le pas sur la pierre, maintenant que les atlantes s'étaient appropriés l'endroit.

« On doit retrouver Tracy et... »

Il s'interrompit muet d'horreur. Il leva ses mains, tout muscles saillants. Prêt à brandir ses fouets d'acier face à la chose derrière des barreaux d'une cellule qui se présentait maintenant à eux. A l'intérieur de la cage façonnée à même la roche, Arthur aperçut une amazone (il la reconnu à son armure). Les membres de la guerrière étaient enserrés et immobilisés par des tiges épaisses d'une liane dont les racines semblaient sortir de l'eau. L'algue géante étaient recouvertes de feuilles marines étrangement pointues et de fleurs écarlates. Pas le rouge satiné des pétales naturels que Mera avait dégusté un jour, non. La teinte écarlate et surnaturelle d'une aberration des profondeurs. Ses branches souples entouraient le corps de l'amazone et adhéraient à ses membres comme pour caresser ses chairs meurtries en de longs baisers avides. Une grande fleur se trouvait juste au dessus de la bouche. Un gémissement sourd s'échappait des lèvres de l'amazone captive. Elle dodelinait de la tête comme sous l'emprise d'une douleur indicible. Les yeux de la guerrière étaient vitreux et perdus dans le vague. La grande fleur au sommet de l'algue géante s'inclina et vint presser ses pétales sur les lèvres tremblantes de l'Amazone, comme si elle se nourrissait d'elle. Un long spasme de douleur parcourut ses membres. L'algue fut parcourues de vagues de couleurs changeantes avec une teinte plus prononcée et plus venimeuse.

« Ah d'accord, c'est ça le sort que les atlantes réservent à leurs rares prisonnières amazones ? L'Imperator Orm adore cultiver son petit jardin d'algues carnivores visiblement. »

Il n'osa pas imaginer ce que les amazones réservaient en comparaison aux rares soldats atlantes qui tombaient entre leurs mains...

Arthur fulmina intérieurement. La blonde l’agaçait même s’il n’était pas du genre à se formaliser pour des familiarités. Il la serrait de près dans leur fuite car elle lui tenait le poignet. Elle l’avait appelé « poiscaille », « sushi » quand aux atlantes de l’endroit elles les avaient appelé « poissons ». Il avait envie de lui expliquer avec humeur que les atlantes se résumaient à autre chose que ça, mais ce n’était ni l’endroit ni l’occasion. Dans leur fuite elle choisit de façon hasardeuse l’embranchement d’un couloir, signalant en passant que si elle réussissait à leur sauver la mise par son choix, il lui devrait carrément un verre ! L’état d’esprit massacrant de Curry laissa place à une vision insolite dans son esprit : Lui et Harley dans un bar à bikers de Gotham, en train de se vider chacun un broc complet de bière. Ou en train de s’enfiler des shots de whisky Cutty Stark. L’image mentale était si outrancière et décalée, que malgré le danger, malgré leur course dans ces tunnels sombre, Arthur ne put s’empêcher de s’esclaffer. Il riait pour la première fois depuis des lustres. Il n’avait plus rit ni sourit depuis son affrontement tragique contre Black Manta. Dans le pire moment dans le pire endroit, Harley était bien la seule à pouvoir provoquer un tel exploit. Ils semblaient avoir semé leurs poursuivants à cause de l’aspect labyrinthique de la forteresse, une accalmie pendant laquelle Quinn lui demanda carrément de jouer les bons offices auprès de Diana pour elle, et même de lui signer des autographes ! Les yeux braqués derrière eux, à l’affût du moindre danger, à bien vérifier que les soldats de l’Imperator avaient perdu leur trace, Arthur questionna Harley :

« Toi ? Fan de Wonder Woman ? Surprenant, j’veux dire, t’es une criminelle de Gotham. »

Puis en reprenant leur route :

« Sérieux ? J’ai vraiment un fan club ? Si mon frère savait ça il s’étranglerait. Mon vrai frère je veux dire, pas celui qu’on cherche dans ce taudis. »

Le hasard ayant un sacré sens de l’humour, ils tombèrent sur le fameux frère double d’Arthur en question en débouchant hors des tunnels. Ils furent cernés par les soldats. Et là l’Imperator en personne dans son armure d’or s’avança. Le sentiment de danger poussa Arthur à serrer les poings autours des deux chaînes qui étaient restées accrochées à ses poignets dans son évasion. Prêt à les faire tournoyer comme des armes, comme deux fouets mortels, pour se défendre si la troupe tenterait à nouveau de l’assaillir pour le remettre aux fers. Mais son attention était entièrement rivée sur la version Terre-4 de son frère. Rien qu’avec ce masque d’Ocean Master qu’il ne semblait même plus enlever dans ses moments de calme et de solitude, cet Orm conquérant de Londres au menton et aux joues blanches livides et aux lèvres pincées avait un air sépulcral. La seule pensée d’Arthur pour décrire l’Imperator était : ce n’est pas un être vivant mais une statue. Il semblait que le Orm de cette terre était définitivement mort, complètement dévoré par le pouvoir et le bellicisme. Maintenant il n’y avait plus qu’Ocean Master et rien d’autre. Dans toute son arrogance et son envie de soumettre une ville martyre à bout qui n’était plus que décombres.

Et rien qu’à la seule vision du dirigeant atlante en face de lui, Arthur sut que ni lui ni personne ne pourrait jamais convaincre cet Ocean Master de renoncer. Que même Mera serait incapable de convaincre celui là de cesser cette guerre sans fin. Que leur mission d’infiltration ici pour aller à sa rencontre avait échoué. Que jamais quelque soit leurs paroles et leurs convictions, ils ne parviendraient à le pousser à renoncer. C’était peine perdue. Arthur entreprit de lui parler malgré tout même s’il savait que ça ne servait à rien. Car il n’y avait que ça à faire et qu’il ne voulait pas avoir cheminé dans la forteresse pour rien. En sentant Harley planquée derrière lui, il jeta un dernier regard circulaire menaçant à tous les soldats autours, comme un avertissement violent à la moindre tentative d’attaque contre eux. Il songea à Tracy, se demandant si elle avait réchappé à toute cette troupe en arme.

« C’est donc ça la dignité et l’honneur atlante, Imperator ? J’aurais pu tenter de m’infiltrer ici en secret par ruse. Mais j’avais trop de respect pour Atlantis. Je suis donc venu sans armes à vos portes. En annonçant que je voulais juste parler. Et on m’a enfermé comme un vulgaire captif. »

Il fit un pas en avant vers Ocean Master. Les soldats altantes se raidirent. Mais pas le tyran atlante. Pas un seul mouvement de muscle sur sa mâchoire impeccable. Arthur pensa qu’il avait affaire à un être vide qui avait perdu son âme après avoir accaparé le pouvoir. Et l’image le renvoya avec violence à Orm, son véritable frère de Terre-1, qui lui était dans une démarche inverse. Après avoir perdu le pouvoir pendant longtemps, il avait finit par retrouver son âme selon Arthur.

« J’ai dans l’idée que quoi qu’on te dise Quinn et moi, ça ne servira à rien. Mais je me console car on sait déjà comment tu va finir Orm. A la toute fin de cette guerre tu finiras à un moment ou un autre par te retrouver contre ELLE en combat, de la même façon que ton frère aîné, mon double. »

Arthur traça un « W » en l’air avec son doigt pour désigner la reine Diana des amazones sur New Themyscira. Bien qu’il n’ait pas prononcé son nom, il sut que tout le monde avait pigé de qui il parlait. La nervosité des soldats altantes juste à l’évocation de leur fléau était palpable.

« Si mon double s’est retrouvé contre elle et n’a pas su l’emporter, tu sais très bien que ça veut dire que tu va y passer toi aussi une fois opposée à elle. Aucun atlante ne pourra jamais tuer la reine Amazone. Il n’y a que son équivalent qui peut parvenir à la vaincre en duel. Si tu continus cette guerre, tu finiras décapité par elle comme ton frère. Tu n’as plus aucune échappatoire. »