Joker - put a smile on your face

Du plus loin qu’il s’en souvienne, Jack était heureux, un enfant rieur, qui passait tant de temps devant la télévision, le spectacle du cirque et les jeux des clowns. Il ignorait, le petit Jack, que les clowns si effrayants pour les autres enfants, étaient en réalité, des personnages tristes. Ou peut-être qu’il le savait parfaitement. Jack s’imaginait aux côtés des clowns, paradant, applaudis, aimé, célébré. Parce qu’à la maison, tout n’était pas rose. Jack a préféré oublié. C’est un vieux dossier médical qui fait ressortir les abus, un manque flagrant de soin, d’hygiène, de vitamines, quasiment toutes. Quand aux parures de presse de l’époque, elles évoquent une mère à moitié folle, abusive, qui enfermait son enfant. Jack refuse d’accepter la réalité, il vit dans un monde imaginaire, de fantaisie, Jack s’invente une autre vie, milles et unes vies.

La vie semble s’améliorer pour lui, placé, bénéficiant de l’argent de la fondation des Wayne, le petit Jack peut étudier, il est doué pour la chimie, il est drôle quoi qu’un peu dérangeant parfois mais qui s’en soucie dans une usine de pétrochimie ? Il se trouve même une petite femme, lui fait un enfant. Jack a toujours ce vieux rêve de devenir un clown, il finit par écouter ses collègues, sa femme, et lâche son boulot si bien payé pour une vie d’artiste fauché, d’artiste raté. Parce que Jack n’a jamais été drôle, Jack n’a jamais été heureux, parce que lorsqu’il veut faire rire, il fait pleurer, lorsqu’il veut émouvoir, il fait peur. Les parents refusent qu’il continue de faire son numéro de clown qui pourtant payait les factures. Jack a un enfant, une famille, il doit payer ces maudites factures, alors il accepte de participer à quelques vols. Il est supposé faire diversion, c’est sensé bien se passer, mais tout dérape. Un triste soir, la tragédie qu’est sa vie s’expose au grand jour, il perd sa famille, et la raison du même coup.



La chute. Le bain d’acide. Sa peau rongée, blanchie. Ses cheveux avaient changé d’aspect… de couleur. Lui-même avait changé. Pas que physiquement. Tout semblait flou, triste et sombre avant la chute. Le monde n’avait rien de drôle. Il se souvenait de larmes versées plus que de rires. Avoir essayé au moins, de rentrer dans les cases, de faire parti de ce système, cette société bien ordonnée. Tout ce dont il se souvenait c’était de l’amertume de l’échec, du salé des larmes, et du rire jaune, d’un ricanement plein de sarcasme. Mais tout avait été effacé, d’un seul coup d’un seul, par une grande chauve-souris, par une créature mythique, aussi effrayante que fascinante. Une vision toute de rouge, parce qu’il portait un casque, un masque, il ne sait plus. Tout a été lavé dans l’acide, les souvenirs effacés, enlevés. Il fallait laisser place aux mythes, aux légendes, aux histoires, aux mensonges. Parce que son histoire était une tragédie il a décidé d’en faire une comédie, est-ce sa faute si personne n’arrive à en rire ? Si personne ne sait vraiment profiter d’une bonne grosse blague ?


Les planches se souviennent, de ce grand dadais à moitié fou, à cette carcasse maigre secouée par intermittence par des rires qui sonnaient faux. Il paraissait sur scène, le visage blême, sans maquillage, mais d’une blancheur, d’une laideur, effrayante, avec ses cheveux verts tombant le long de son visage, et du visage de clown qu’il s’était dessiné. Ses blagues étaient affreuses, pleines de rancœur, de colère, de rage et de désespoir. Personne ne riait, personne. Ils étaient effrayés. Le type sur scène les menaçait tous, d’une arme. Ils espéraient qu’elles soient bidons, il avait l’air bidon ce type après tout. Mais quand il a commencé à tirer dans le tas, ils ont compris alors, qu’il était mortellement sérieux. Le sang a giclé sur les planches, comme sur le miroir de la loge, alors qu’il se dessinait un sourire avec le scalpel qu’il avait rangé dans sa poche. Les souvenirs de cette soirée sont flous, les témoignages discordants, tout ce qu’il reste, c’est un nom, une nouvelle terreur : le Joker.


La carrière montante du Joker explose au cours d’une émission télévisée. Joker a la riche idée de prendre en otage le public, mais ce n’est pas une vulgaire prise d’otage, il veut que le Batman voit qui il est devenu, grâce à lui, il veut qu’on le voit, qu’on l’admire, qu’on l’applaudisse. Joker n’a pas de rires pré-enregistrés, il n’en a pas besoin, il a son gaz hilarant modifié, une toxine qui bientôt prendra son nom, provoquant un fou rire mortel. Ainsi sous les yeux des spectateurs, toutes les personnes sur le plateau télé meurent de rire, littéralement. Le Joker s’empare de la caméra qu’il colle sur son visage, accordant un immense sourire aux téléspectateurs, s’annonçant comme le Joker. Bien sûr, la police comme le Batman se mettent aussitôt à ses trousses mais il a le temps de s’enfuir.

Quelques crimes plus tard, le Joker s’est fait un nom, taillé une réputation. Ses numéros sont sadiques, savamment orchestrés, des numéros qui ne font rires que lui, destiné aux écrans de télévision, aux médias et surtout à la chauve-souris dont il complètement obsédé depuis la nuit où il a plongé dans un bain d’acide. Transformer sa peur irrationnelle en une obsession, un amour malsain, déraisonné et mortellement dangereux, voilà comme l’esprit malade du Joker agit. Il transforme la réalité, s’attire des ennemis, les autres gangs apprécient peu les projecteurs qu’il balance sur eux. D’autant que le Joker se moque du gain, il joue pour le risque, cherchant au fond à ce que le chevalier noir le trouve. Et quand il y parvient, Joker l’attend, un grand sourire aux lèvres que le Batman efface à coup de poing.

Cette violence était justifiée, ne jugez pas trop durement le chevalier noir. Car le clown lui a prit son oisillon, son fils adoptif, le second Robin : Jason. Profitant du fait que ce dernier était prêt à tout pour retrouver l’identité de sa mère, le Joker lui a tendu un piège, l’a isolé, piégé, puis battu à mort avec une barre d’acier. Il restait juste assez de vie en lui pour qu’elle soit soufflée par la bombe qu’il avait soigneusement placée. Batman arriva trop tard, comme le Joker l’avait prévu.



Arrivée en fanfare à Arkham. Enfin, la fanfare c’est surtout côté des patients, car au milieu des fous, le Joker fait figure de roi. Il est celui qui a assassiné gratuitement des gens à la télévision juste pour une blague. Mais ceux qui s’en délectent au fond, ce sont les psychiatres. Il en voit une quantité folle. La plupart d’entre eux jettent l’éponge rapidement, mais une psychiatre s’accroche, une certaine Harleen Quinzel. Elle croit voir un espoir de guérison dans ce qui n’est qu’un jeu de dupe. Le Joker s’amuse comme un fou avec elle, faut dire qu’elle est belle, qu’elle est mignonne, et naïve à souhait. Il la fait plonger, et la détruit au cours d’une mutinerie. Harley Quinn vient au monde, l’aidant même à s’enfuir. Elle devient sa petite amie, sa reine, ou plutôt sa complice.

Joker n’est pas l’homme le plus sain qu’il soit, on peut même dire que c’est un psychopathe. Il traite Harley mal, très mal. La rabrouant, la maltraitant, il lui inflige ce qu’il avait subit par le passé, certes, il n’est pas violent physiquement, mais il ne manque jamais une occasion de la traiter d’imbécile. Et quand elle a le malheur d’avoir une idée plus brillante que les siennes, il devient fou furieux. S’il prétend n’avoir besoin d’elle, quand elle finit par prendre peu à peu son indépendance, au contact de Poison Ivy, Joker devient furieux, il menace à plusieurs reprises Poison Ivy sans toutefois oser s’en prendre à elle.  

Jaloux, rageux, le Joker décide de s’en prendre à une autre femme indépendante et forte. Savait-il qui elle était quand il frappa à la porte du commissaire Gordon ? Il est vraisemblable que non. Joker a juste visé au hasard, il voulait faire mal, faire souffrir parce qu’il souffrait. C’est toujours comme ça avec lui, les autres doivent payer au centuple. Il la regarde s’effondrer, prend une photo et s’enfuit. Après coup, il enverra la photo à Gordon, l’attirant dans un piège. Le but du jeu est de faire venir la chauve souris. Joker ignorait bien sûr que la femme qu’il vient d’abattre est Batgirl, il ignore le mal qu’il vient de causer au chevalier noir, mais il s’en réjouit. C’est la gueule en sang qu’il retourne à Gotham. Au moins, cette fois-ci, le Batman a souri l’ombre d’un instant à l’une de ses blagues.



Ça l’a fait vraiment enrager, d’avoir raté une grande partie du show. Que ce soit l’invasion de Darkseid, ou encore la formation de la Justice League. Il a toutefois envoyé une carte de félicitation à Batman, épinglée sur le front d’un apprenti héros qui filmait ses piteuses opérations avec son smartphone. Même s’il est passé maître dans l’art de l’évasion, enfin, pas autant que Scott Free, mais quand même, il a un bon niveau à présent, le Joker n’a pas réussit à sortir à temps pour voir ces grands héros réunis. Darkseid a quand même plu au Joker. L’idée qu’un type puisse incarner le diable en personne lui plait, il a hâte qu’il revienne faire un tour sur la terre, sa fille a l’air plutôt sexy elle aussi.

En revanche, il était à Gotham, libre comme l’air quand le syndicat du crime a débarqué, mais en pleine dépression. Il faut dire que la mort de Batman a été annoncée, froidement, comme ça. Et l’autre qui prétendait être comme Batman n’avait rien du chevalier noir, ce n’était qu’une pâle imitation. Le Joker a écumé les endroits où Batman aurait pu se cacher, être détenu, en vain. L’idée même, après coup, d’avoir pu aider les héros le débecte alors bien sûr, il refuse tout net de parler de cette période noire.

Le bartpoint n’a malheureusement pas arrangé la psyché déjà bien dérangée du Joker. Pendant un bref moment, il s’est vu différent, pas forcément plus heureux, plus puissant, juste différent. Et ce reflet étrange l’a obsédé. Au point qu’il s’en prenne à son visage avec une lame de rasoir. Heureusement, ce bon vieux Hush l’a retapé en échange de quelques informations sur le Batman. Rien de tel qu’avoir dans son carnet d’adresse un pro du scalpel.

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