The world outside is overrated || Xiomara

The world outside is overrated

Ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas trouvé un coin aussi sympa pour squatter. Star City n’était pas dans son top trois des pires villes du pays mais ça restait une mégapole étouffante et puante, bien trop peuplée et qui comme toutes les villes, lui donnait envie de mettre enfin à exécution le grand plan du Parlement des Arbres d’éradication de l’espèce humaine. Elle détestait particulièrement les carrés d’herbe de quelques mètres de long que les citadins appelaient « parcs » et sur lesquels s’entassaient des tas de bambins mâchonnant joyeusement des poignées d’herbe traitée aux pesticides, et dans ces moments-là, elle préférait encore dormir sous un abris-bus ou se trouver un squat un peu pourri, mais cette fois, elle avait trouvé le gros lot. C’était un grand terrain vague, du genre qui semblait n’attendre qu’un financement de la Ville pour qu’y pousse soudain un parking ou un fast-food, sauf que ça n’arriverait jamais. Ce terrain était vague depuis longtemps, ça se voyait, et aussi, il était déjà squatté, mais cela n’avait pas freiné Tefé, c’était le principe même du squat, après tout. Elle s’était incrustée quelques jours auparavant, s’appropriant un coin de terre et d’herbe sauvage, joyeusement laissée à l’abandon, et le seul fait de dormir par terre, sa joue en contact avec le sol humide, lui avait fait un bien fou.

Bon certes, c’était un peu la cour des miracles. Il y avait notamment un type qui lui avait fait forte impression, en fait, quand il l’avait remarquée, elle avait eu l’impression de se faire choper par le propriétaire des lieux, ce qui n’aurait pas été du tout étonnant. Parmi la faune nocturne de toutes les villes, les paumés et le rejetés, ceux que le reste de la population adorait appeler les « invisibles » histoire de se coucher le soir avec bonne conscience, il y avait toujours eu des rois et des reines, et leurs royaumes étaient les poubelles, les arrêts de bus, les squats, le pavé sous les ponts, et les terrains vagues évidemment. Mais celui-là lui avait vraiment renvoyé une vibe étrange, presque familière. Comme une vibration partant du sol et remontant dans ses jambes, ses bras, jusqu’au sommet de son crâne, le genre d’onde que lui renvoyait d’habitude le Green. Elle avait déjà décidé qu’elle ne voulait pas d’ennuis avec ce type, et qu’elle ne voulait pas se battre pour son coin de terre. Mais il ne lui avait pas demandé de partir. Il ne s’était même pas approché d’elle. Il lui avait fait le sourire le plus bizarre de l’histoire des sourires et avaient vaqué à ses occupations, et Tefé avait supposé qu’elle venait d’avoir une sorte d’autorisation de sa part. Ou d’invitation, elle ne savait pas trop.

N’empêche que depuis cette étrange rencontre silencieusement, elle se sentait beaucoup plus à l’aise ici, elle avait même fait pousser quelques trucs pour sa consommation personnelle – la terre n’était pas assez riche pour produire des fruits ou des légumes et elle était obligée d’aller chourer quelques trucs en ville pour ça, en revanche, le reste poussait très bien. Elle avait vu le type de loin qui semblait non pas estomaqué par son manège mais simplement très content, et encore une fois, elle s’était demandé s’il avait toute sa tête. Et aussi, si elle devait, en guise de paiement, lui filer quelques-uns de ses plans. Elle les renverrait à la terre une fois qu’elle partirait, elle le dealait jamais alors que ça aurait été un moyen facile de se faire de l’argent, mais les humains ne méritait pas le moindre brin d’herbe qu’elle créait avec la force du Green. Pour l’heure, à moitié vautrée par terre, la tête appuyée contre la palissade qui délimitait le terrain vague là où elle avait choisi de nicher, dans son short en jean, son tee-shirt à motif synthwave violet avec un zombie sortant de terre – sa dernière acquisition « à titre gratuit », elle profitait de la sensation délicieuse des minuscules herbes qui jaillissaient de la terre pauvre et se ventousaient comme de petites vampires à ses jambes nues. Elle avait depuis longtemps cessé de lutter contre ce phénomène indépendant de sa volonté, c’était comme si dès qu’elle entrait en contact avec la terre, la nature célébrait sa présence en s’accrochant à elle. En fait, aujourd’hui, elle trouvait ça adorable, mais la fumette aidait pas mal, parce que d’habitude, ça la gonflait. C’est là qu’elle sentit une ombre la recouvrir à moitié. Elle leva les yeux sans bouger le reste de son corps. Quelqu’un se tenait debout au-dessus d’elle. Tefé agita la main. « Hey. C’est chez moi, ici. » Bon okay, elle s’avançait un peu, mais c’était son coin de terrain vague autoproclamé, et ce n’était pas la place qui manquait, en plus, alors elles n’allaient pas se disputer pour ça, hein ?

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The world outside is overrated

Un des avantages de faire partie de l'équipe B des titans, c'est qu'on l'emmerdait rarement quand elle voulait se prendre quelques jours, il fallait vraiment que des Brainiac ou autres horreurs cosmiques se ramènent pour qu'on pense à ramener tout le monde. Le Peuple c'était du menu fretin, la racaille habituelle avec juste un peu plus de moyens, quand elle avait donc estimé ne pas vouloir se geler les miches avec Starfire et se prendre des vacances, elle n'avait pas été spécialement retenue. Elle profitait donc comme à son habitude de l'hospitalité de Marv', aka père la défonce, un drôle de monsieur sans réel âge avec qui elle avait beaucoup sympathisé ces dernières années. Il était devenu un genre de père de substitution en plus cool, un homme qui l'avait acceptée avec tout ses défauts et gagné sa confiance, il recueillait pas mal de monde ici avec une de ses meilleurs amies, des jeunes échappés de leurs foyers principalement, personne à part elle ne le savait mais Marvin possédait un authentique certificat de propriété de type bon au porteur datant de la conquête de l'Ouest pour ce bout de végétation folle, un truc presque aussi vieux que la foutue déclaration d'indépendance. C'était ce qui lui permettait de résister vaillamment aux promoteurs immobiliers depuis des années alors que la ville s'étendait de plus en plus vers ce coin de nature irréductible, le quartier avait déjà changé depuis sa dernière visite il y as quelques mois, il y avait un foutu Starbucks à la place de son salon de thé préféré, un crime qui ne resterait pas impuni. Monsieur Han avait dut vendre son commerce à grand regret ou contre une grosse somme, elle irait le voir une autre fois.

Elle nota pas mal de nouvelles têtes à son arrivée, Marv' lui indiqua que Jessica travaillait quelques jours en bénévolat dans un centre pour jeunes et qu'il gérait pour l'instant tout ça seul, son petit jardin plus semblable à une corne d'abondance naturelle grouillant de légumes et de fruits dans un magnifique chaos végétal suffisant toujours à alimenter tout ce joli monde. Elle était heureuse de constater que rien n'avait changé, mais il indiqua à Xiomara qu'une de leurs invitées semblait spéciale, une blondinette qu'il lui indiqua comme étant sans doute inoffensive, elle sentit qu'il essayait de lui expliquer quelque chose, mais sa curiosité avait été piquée. Qui était donc cette mystérieuse inconnue, Marv' lui expliqua qu'elle était liée à la nature, comme un genre de gardien, mais la demi-czarnienne avait du mal à se figurer le concept, elle se contenta de prendre le joint que lui tendait Marvin et de l'allumer négligemment en l'observant dormir dans son petit coin de verdure bien fourni. Elle était là depuis combien de temps? Etrange. Seul Marvin semblait pouvoir faire du sol local quelque chose de viable habituellement. Tout en consumant son pétard du coin de la bouche, elle se rapprocha calmement de la jeune fille, pensive et curieuse. Cette dernière la repéra bien vite et se mit en position défensive, ça expliquait qu'elle se soit mise à l'écart, elle semblait peu amicale, mais Xiomara n'en avait pas l'air non plus alors elle ne lui en tenait pas rigueur, elle sortit simplement ses mains qu'elle mit bien en vue tendues entre elles, on ne savait ce qu'allait faire une personne aussi réactive, elle pourrait avoir une arme aussi, non pas que ça l'inquiétait vraiment, mais elle ne souhaitait pas se battre pour une fois.

-En fait c'est chez Marv', mais il as dit que c'était cool et que tu pouvait rester, il m'a aussi dit que son aval n'avait aucune importance, mais j'aime rappeler que c'est quelqu'un de cool.

Elle observa quelques instants les plantes se mouvoir d'elles-même autour de la jeune fille, et ce n'était pas une hallu due à l'herbe de Marv'. Elle poussa un petit sifflement admiratif en observant les plans que protégeait la blondinette.

-Pas mal la plantation, j'était persuadé que ce coin était trop proche du bitume et que rien pousserait, c'est quoi comme variété? Je reconnaît pas.

Elle aspira une bonne latte avant de bouger une de ses mains pour tendre le joint que lui avait donné Père la défonce à Tefé, un petit sourire sur le visage.

-Moi c'est Xiomara Rojas, tu peux m'appeler Xio'. Comme tous le monde ici.

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Une fois son premier réflexe d’animal sauvage activé, Tefé prit le temps de prendre quelques centimètres de recul sur la situation. Pour commencer, elle plissa les yeux et posa une main sur son front pour se protéger de la lumière, et observa la nouvelle venue. « Wooaaaa… » Elle savait parfaitement qu’elle n’était pas en train d’halluciner. Une personne totalement hors des clous se tenait au-dessus d’elle, et ça aurait pu être pire. Un flic, un travailleur social, un larbin de Cadmus ou Argus… Mais non, c’était une fille avec un look de l’espace, des fringues que Tefé aurait pu lui arracher sur place pour les enfiler et une touche de brutalité dans le regard, qui la renseignait plus que n’importe quoi d’autre sur le fait qu’elle était parfaitement à sa place ici, contrairement à ce que Tefé avait vagi en guise de réflexe d’auto-défense. Elle détourna les yeux pour les poser sur la silhouette de Marv, puisque c’était son nom, un nom comme un autre, quoi, puis hocha la tête, comme pour dire que ouais, c’était vrai qu’il était cool, en tout cas il avait dégagé une bonne vibe. Un peu comme son père quand des neuneus se perdaient dans le marais et qu’il les guidait gentiment vers la sortie ou leur proposait de boire le thé chez lui. Enfin, sauf quand c’étaient pas des neuneus mais des gens dangereux, il les tuait et les enfonçait dans le bayou. Est-ce que Marv était comme ça aussi ? Est-ce que Tefé avait juste eu de la chance ? Non, il était cool. Et ça venait d’une fille cool, alors ça ne pouvait qu’être vrai.

La voix de la fille la tira de ses pensées et elle baissa les yeux sur son petit jardin avant de se gratter la joue. « Ben… Je sais pas trop. C’est pas vraiment censé exister, je fais juste pousser ça comme ça vient et comme je le sens… Mais tu peux essayer si tu veux. Je suis jamais certaine que ce soit pas dangereux pour les humains mais il… Je veux dire Marv, il est venu en prendre un peu tout à l’heure et il a l’air d’aller bien. » Ce qui franchement tenait du miracle. Tefé faisait pousser ces trucs directement du Green. La dernière fois, elle avait fait ce pari avec Cain et il s’en était plutôt bien sorti – enfin, il n’en était pas mort, c’était tout ce qu’on demandait à de l’herbe, pour le reste, les problèmes avec la police, l’alligator, la licorne et tout ça, ce n’était pas le problème de Tefé, elle ne voulait rien savoir. Elle leva de nouveau les yeux sur la fille. Elle n’avait pas l’air tout à fait humaine, alors… Elle se saisit du joint qu’elle lui tendait et tira doucement dessus. « Moi c’est Tefé. Et faut pas être défaitiste, la terre est bonne ici, même si près du bitume. Si tu la recouvres pas de goudron, elle te donnera toujours quelque chose. » Surtout si, comme ici, elle n’était pas abandonnée mais abritait la vie. Même si c’était une vie humaine. Mais son père le lui avait assez répété : la nature avait besoin des êtres vivants pour survivre, de leurs pas qui retournaient et tassaient la terre, de leur chaleur quand ils s’allongeaient dessus, de tous les fluides dont ils l’honoraient, pour le dire poliment.

« Alors, euh, Xio. T’es pas du coin, j’imagine. Parce que moi non plus, en fait. J’avais vraiment pas envie de dormir dans la rue et Marv a été assez sympa pour m’accueillir. C’est ton père ou un truc comme ça ? » Elle doutait un peu. Pas du tout une histoire d’apparence – on ne pouvait pas dire que Tefé et son père se ressemblait vraiment, vu qu’il était un tas de boue et de plantes –, plutôt à la façon dont elle avait déboulé ici, comme une habituée des portes ouvertes et des lieux de passage. Elle lui rendit son joint et passa doucement la main au-dessus de quelques brins d’herbe à côté d’elle, qui s’étirèrent, s’enroulèrent et prirent une belle couleur violette. Elle ricana pour elle-même. « Je trouve que les humains sont encore plus des connards que d’habitude en ce moment, alors je suis bien contente d’avoir trouvé cet endroit. Désolée d’avoir dit que c’était chez moi. » Finalement, c’était peut-être chez Xio, donc bon. Elle ne s’excusait pas beaucoup, Tefé, mais là, peut-être que c’était la fumette, la fatigue ou un peu le désespoir, mais elle n’avait pas du tout envie de se faire foutre dehors maintenant, elle avait vraiment envie de rester un peu dans cette oasis.

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Xiomara n'était pas vraiment une académique, Marvin avait tendance a tout lui expliquer avec des mots très simples. Elle était la fille de deux toxicomanes qui avaient fait de leur mieux pour la scolariser, mais ils n'étaient pas de véritables professeurs, plus des parents un peu gagas de leurs fille des étoile, du littéral don du ciel qu'elle avait été pour eux. Jusqu'au jour de leur mort. Cela fit que la réponse de Tefé à sa question sur les plantes la projeta dans une grande confusion, elle pensait que les scientifiques avait catalogué tout ce qu'il y avait à savoir sur cette planète, elle se trompait bien évidement. Beaucoup de trucs échappaient aux têtes d'ampoules dans leurs labos à la con, autre que le secret pour que cet endroit n'ait pas besoin d'exister. Mais ça c'était le genre de débat qu'elle n'aurait qu'après un sacré nombre de ces douceurs naturelles, ou quelque chose de plus fort, mais Marv' n'était pas fan, sauf le LSD et le Salvia Divinorum, mais il le gardait pour ses séances de vaudou chelou. Elle ne jugeait pas bien sûr, cela ne retirait rien du respect qu'elle lui vouait, mais il avait ses moments il fallait aussi le reconnaître, ça faisait partie du charme du personnage. En tout cas l'hypothèse meta-humain s'épaississait quand elle observait les plantes se déplacer autour de Tefé, attirées tels des aimants autour d'elle, ça avait quelque chose de surréaliste.

-En tout cas ça pousse vite.

Elle continuait d'observer la jeune fille en se faisant son propre film, un film qu'elle avait vu des dizaines de fois depuis la mort de ses parents, le sien d'abord, et ensuite celui des autres, pas de parents ou aucun sur lequel compter, les squats, la solitude, les nuits un peu trop fraîche, les potes qui meurent d'overdose, d'un coup de surin ou parfois pour un tas de cartons. Marvin était une alternative à tout ça, un terrain neutre ou chacun faisait comme bon lui semblait tant qu'il ne faisait pas de mal aux autres et surtout pas aux plantes. Le druide avait un genre de fixette bizarre là dessus, mais il restait cool, par contre...

-C'est pas mon père, plus un tuteur. Mon père biologique est une catastrophe cosmique monté sur une moto de l'espace.

Elle pianota sur son portable et en sortit une des photos de Lobo qui y était stockée 'juste au cas où", en réalité elle pouvait bloquer sur ces images des heures à se morfondre sur quoi faire contre ce boulet à son pied. Tefé remarquerait vite "l'air de famille" qui les unissait visiblement. La peau diaphane avec le maquillage naturel à la Kiss, la tête de l'emploi quoi.

-Les gens qui m'ont élevés sont morts y'a quelques années, j'ai un peu traîné avant d'arriver ici. Marv' me supporte donc je reste et je repasse souvent.

Elle n'était pas connue pour être la plus gentille ou fréquentable des Titans, mais elle avait ses bons moments et c'était ce qui comptait pour ceux à qui elle laissait la chance de la connaître un peu. Bon ok pas grand monde en réalité. Mais ça faisait son charme aussi, elle était comme un chat et choisissait avec soin son entourage, elle ne ronronnait pas pour n'importe qui. Cette nouvelle venue semblait cool, mais un peu bizarre, peu de metas se considéraient vraiment hors de l'humanité, elle-même faisait tout pour que sa part humaine soit la plus vivante possible, elle n'oubliait pas qu'elle travaillait pour les titans et qu'identifier une menace potentielle était dans ses attributions, même si là dessuite, elle ne la trouvait pas très hostile et plutôt partageuse en ce qui concernait le joint. Oui, ça as de l'importance, personne ne veut de quelqu'un qui s'endort sur un pétard et ne fait jamais tourner.

C'est la base quoi.

-Mais pour plus te répondre, non je suis clairement pas d'ici, je viens même pas de cette planète.

Elle rangeât le portable et tira un peu. Manquant de s'étouffer de rire avec la fumée quand elle s'excusa, elle avait heureusement des poumons solides et qui filtraient bien, cadeau de papa, même les gaz de combat avaient du mal à l'affecter.

-Tu peux rester ici autant que tu veux, surtout si tu fait pousser, tu seras pas la dernière à participer comme ça.

Elle se laissa tomber en tailleur face à elle, sa masse dense s'enfonçant un peu dans le sol peu affecté par Tefé en raison du fait que rien n'y poussait simplement pour le moment.

-En plus c'est bien ici, Marv' laisse pas les flics entrer et il cache des fugitifs parfois. Tant que tu restes peace, il s'oppose pas à toi, le respect mutuel tout ça, ça et faut pas abuser sur les fruits et les légumes qu'il fait pousser, question d'équilibre.

Elle ne put s'empêcher de rire cette fois-ci, elle savait qu'il avait raison avec ses lubies, et que son boulot était admirable, mais il avait le don de rendre ça bizarre avec sa philosophie hippie un peu trop poussée.

-Désolée, je l'adore mais il as une vision du monde particulière, tu aura l'occasion de parler avec lui si tu réussit à capter son attention plus de 5 minutes. Le soir il aime bien se poser près de ses plantes. Si t'aimes bien laisser faire la nature, tu vas aimer cet endroit.

Quelques taffes de plus et elle désigne les plantes autour de Tefé et leur ballet.

-Et ça c'est ton pouvoir? T'es une meta? C'est cool de contrôler les plantes.

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« Ça pousse vite. » Tout ce que disait cette fille enchantait Tefé pour une raison qui lui échappait et elle commençait à se dire que Xiomara n’était pas une humaine, ou en tout pas qu’humaine, ou même pas tout à fait, peu importait. Mais Tefé n’avait jamais de première impression aussi bonne quand il s’agissait d’humains, alors elle suivait son instinct. Elle laissa échapper un rire bref quand Xio résuma son père biologique en quelques mots, parce que moto de l’espace mise à part, vu qu’il n’aurait même pas pu conduire une trottinette même si sa vie en aurait dépendu, la description ressemblait vachement à celle de son propre père biologique, John Constantine. Elle aussi alors, comme Tefé l’avait senti, vivait une vie d’errance, ce qui était quasi naturel pour quiconque avait été trop tôt coupé des racines censées être les plus solides dans la vie : la famille. Cela dit, la ressemblance s’arrêtait là. Dans son histoire, à un moment, Xio avait perdu ses parents, ceux qu’elle considérait comme ses parents du moins, ce qui n’était pas son cas à elle. Tefé se pencha avec curiosité sur l’écran de téléphone. « Woah… Rien qu’en photo il a pas l’air facile à vivre. » Bon, eh ben si Xio ne vivait pas avec lui, c’était qu’il ne l’était pas – ou bien c’était elle qui ne l’était pas, mais peu importait, quand ça ne matchait pas, ça ne matchait pas. En tout cas, tout ça expliquait un peu cet endroit, et l’étrange personnalité de ce Marv. Enfin, pas tant sa personnalité que son attitude vis-à-vis d’elle et de tous les gens louches qu’elle avait vus défiler dans ce terrain vague ces derniers jours. Il était à la cool avec les paumés dans son genre. Et du coup, peut-être qu’elle aussi pouvait faire de cet endroit un de ses points de chute. Ce que ne manqua pas de confirmer Xio, comme si elle avait lu dans ses pensées.

Tefé afficha un sourire ravi tandis que la jeune femme se laissait tomber à côté d’elle. Celle-ci n’était donc pas humaine, ce qui tombait bien aux yeux de Tefé. Elle lui jeta un regard curieux à la dérobée. Ces gens qui venaient de l’espace, ça la dépassait. Elle n’avait rien contre évidemment, mais pour elle, l’espace, c’était l’ultime frontière pour de vrai, comme du temps où on ne savait pas ce que ça cachait. Impossible de rationnaliser un truc pareil pour elle qui mourrait à coup sûr si elle ne gardait pas les pieds sur cette terre, littéralement. C’était un déracinement physique et émotionnel qu’elle aurait été incapable de supporter – se disait-elle, mais elle savait que son père avait déjà fait une excursion sur une planète lointaine, et en était revenu, quoi qu’un peu cinglé, d’après Abby. Mais en tout cas, cette idée d’éloignement qui se comptait en années-lumière la faisait flipper et à chaque fois qu’elle entendait parler d’un nouveau type venu de l’espace à la télé, elle secouait la tête, les lèvres pincées, en mode « mais wtf pourquoi ». En l’occurrence, il devait y avoir une sacrée histoire là-dessous : naître sur une planète pour finalement en arriver assise par terre dans un terrain vague accueillant les paumés du coin. Entre ce point A et ce point Z, il y avait tout un alphabet d’accidents de la vie, probablement. Elle coula un regard vers Marv alors que Xio continuait de parler de lui, et songea que, dit comme ça, ce type ressemblait vachement à Swamp Thing. « Il a l’air sympa, peut-être un peu trop. J’espère qu’il accorde pas trop facilement sa confiance, quand même. » Ben, un peu quand même vu qu’il lui avait fait confiance, à elle. Mais elle ne comptait pas foutre le bordel, enfin elle espérait, parfois c’était le bordel qui la suivait partout. « Mais je me demande comment il fait pour garder cet endroit aussi sacré. C’est un terrain vague à ciel ouvert, et les humains sont pas encore venus y passer le bulldozer pour virer tout ce beau monde ? »

Elle gloussa n’empêche en entendant Xio parler de « vision du monde particulière ». Elle sentait que peut-être, Xio n’était pas aussi peace and love que Marv, et en l’occurrence Tefé était d’accord avec elle. Elle avait du mal à croire que cet endroit pourrait indéfiniment rester tel qu’il était, un jour quelqu’un viendrait détruire cet équilibre cher à Marv et que ferait-il alors ? Mais pour le reste… « Il ressemble à mon père, toujours penché sur ses plantes à leur chanter des berceuse, enfin en quelque sorte. Pour moi, ça fait de lui quelqu’un de bien. Mais j’avoue que si j’étais toi j’aurais la trouille de voir cet endroit rasé à chaque fois que je m’y rends. » Elle haussa les épaules et s’étira avec un soupir de contentement. « Je suis pas une méta, juste une élémentaire de la nature. Je pense que ça fait de moi ton exact opposé, tu trouveras personne qui appartient plus que moi à cette planète, à part mon père. » Cela la fit encore rire, mais c’était peut-être un effet de la fumette. Elle n’avait pas de photo de Swamp Thing sur son portable, alors elle effleura doucement une touffe d’herbe qui se tordit, d’enroula et prit la forme, facile à mimer vu le tas qu’il était, de la créature du marais, version miniature. « Lui aussi ne pense qu’à la nature, même s’il a un faible pour l’humanité, me demande pas pourquoi. » Et cette histoire d’équilibre aussi, c’était important pour lui. « Pourquoi est-ce que tu es sur Terre, du coup, si tu es née sur une autre planète ? T’es coincée ici ? Au milieu des humains ? C’est la plaie, non ? » C’était comme vivre au milieu de toutes les plaies d’Égypte en même temps, quoi.

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Peu de gens pouvaient vraiment comprendre ce que c'était que d'être la progéniture d'un être aussi profondément pourri que Lobo, un être pour qui seule sa petite personne avait une importance, le prochain plaisir qu'il s'offrirait, la prochaine greluche de l'espace qu'il se taperait, il savait être charmant quand il le voulait, mais il ne servait que ses propres dessins, ses impulsions. Lobo n'était pas que difficile à vivre, il était une teinte noirâtre sur tous ce qu'elle pouvait faire, penser, vouloir, avoir son sang dans les veines, être son héritage, c'était savoir que quelque part au fond de nous on lui ressemble un peu, que les accès de rages seront toujours comme un shoot d'endorphine satisfaisant pour quelques instants une part sombre de notre psyché. Xiomara savait ce qu'elle était, ce qu'elle ressentait, elle n'avait jamais tenté de maîtriser ses émotions, c'était tellement plus facile de les foutres dans la tronche des autres et de les étaler avec ses poings fermés. Les chiens ne font pas des chats et si elle avait en elle l'envie de faire le bien, elle ne savait pas toujours si c'était vraiment elle. Zatanna avait mitigé cela, la magicienne était un précieux soutient dans sa vie souvent un peu à la dérive, un genre de grande sœur cool d'adoption qu'elle voyait rarement, mais qui était toujours une oreille attentive. Elle se demandait parfois pourquoi elle n'avait pas d'enfants car elle aurait faite une mère formidable. Depuis la mort de ses parents elle n'avait pas eut beaucoup d'amis dans sa course quasi-ininterrompue, Marvin était l'un d'entre eux.

Tefé semblait très intéressée par lui, si ses questions auraient put paraîtres étranges concernant la nature de la mainmise de l'homme sur les lieux face aux bulldozers, des questions que en temps normal seul une personne mal intentionnée ou un peu trop curieuse poserait, Xiomara n'était pas très forte pour capter de telles subtilités, surtout dans son état. Heureusement pour elle que Tefé entrait dans la deuxième catégorie et qu'elle n'était dotée d'aucune vile intention car la demi-czarnienne se contenta d'offrir la réponse sur un plateau d'argent.

-Il as un papier qui dit que c'est chez lui, un très vieux truc du temps des cowboys je croît, bref le machin est une concession qui lui permet de faire ce qu'il veut ici tant que personne d'autre ne l'a en sa possession il as appelé ça un titre au porteur.

La comparaison avec le père de Tefé lui tira un sourire, c'était tout Marvin ça de faire des trucs chelous autour des plantes, mais elle trouvait que ça faisait partie de son charme aussi, c'était un vieux monsieur un peu fantasque après tout, mais inoffensif, tout le monde se sentait en sécurité avec lui, sa nonchalance et son calme olympien même face aux forces de l'ordre était admirable. Elle éprouvait beaucoup de respect et l'admirait au delà de la raison, elle défendrait cet endroit jusqu'à la mort si il le fallait. Aussi la question de Tefé la pris un peu de cours, elle ne s'était jamais vraiment sentie comme si étrangère que ça à ce monde, si son héritage stellaire était indéniablement un frein à son intégration, elle avait été élevée par des parents bien humains et avait décidé de vouer sa vie à la protection des autres, un peu pour fuir ce qu'elle tenait pour sa nature profonde et aussi pour honorer ce qu'ils lui avait appris.

Mais c'est vrai que parfois elle avait du mal avec "les humains", surtout les plus cons, les racistes, les metaphobes, ceux qui prenaient chaque petit signe d'évolution de la société pour une attaque personnelle et agressaient ceux qui sortaient de la norme. Elle avait eux des parents très libres d'esprit, alors l'intolérance avait tendance à vite lui taper sur le système, on oubliait rapidement que les principaux responsables de massacres sur le territoire américain étaient des hommes de race blanche aux penchants radicaux. Elle avait entendu des histoires qui feraient se retourner l'estomac de bien des gens, les gens pensaient que l'horreur c'était qu'un abruti en collant défonce le façade de votre domicile en en affrontant un autre, mais des horreurs bien plus glauques se tramaient dans la fange, loin de l'œil des caméras. Oui, Tefé avait raison, les humains pouvaient être une vraie plaie. Sa voix devint irrégulière, elle était un peu ailleurs, les yeux perdus dans le vague.

-J'ai été élevée ici, je parle aucune des langues chelous qu'ils jacassent, mais je pense que l'espace et ici, c'est pas si différent, c'est juste plus vaste.

Elle n'y était allé qu'une fois, arrachée de ce monde par son géniteur, elle avait mois de mal à accepter que cette partie de sa vie faisait partie d'elle aussi, mais c'était dur de se souvenir de ce qu'il s'y était passé, c'était douloureux de repenser aux morts qu'elle avait causées sous le contrôle de son père.

-Pour chaque connard galactique qui termine ici, y'en as des milliards d'autres sur d'autres planètes, l'espace c'est flippant aussi, gigantesque, froid et inhospitalier. Et puis de toute façon la planète dont je viens est une planète morte, mon père as tué tout Czarnia bien avant ma naissance, donc je pense pas que j'y trouverait une maison et une famille qui m'y attends.

Elle eut un sourire et sa voix reprit un ton plus normal.

-C'est Marv' ma famille maintenant et il est ici. Je pense pas que y'ai quoi que ce soit de bon pour moi là haut.

Elle ne pensait pas si bien dire, si la ligue avait lavé son nom sur terre et l'avait débarrassée des poursuites judiciaires qui pesaient sur elle un peu partout, elle ne savait pas qu'un mandat d'arrêt l'attendait dans quelques systèmes flottant gentiment dans le vide spatial.

-Et les humains sont pas tous des nazes, faut juste savoir avec qui traîner.

Elle eut un petit rire. Tefé était un drôle de personnage, mais elle aimait bien son côté bizarre être un élémentaire de quelque chose était un concept nouveau pour elle. Elle ne s'était jamais doutée que cela puisse exister, même si ça expliquait peut-être un peu deux ou trois trucs sur Marvin.

-Je savait pas que la nature avait des représentants, ça doit être cool d'être connecté à un truc à ce niveau.

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L’idée était assez étrange pour que Tefé hausse les sourcils. Un type était littéralement le propriétaire d’un terrain vague. Et en plus, il n’y avait pas construit un parking ou un fast-food, il l’avait juste laissé tel quel. Elle n’avait toujours eu que du mépris pour ce besoin de propriété qu’avaient les humains et qui était à l’origine de la plupart de leurs guerres, petites et grandes. Elle ne comprenait pas pourquoi il fallait mettre des barrières et des frontières partout et empêcher les gens d’aller et venir où ils le voulaient, alors qu’au final rien sur cette Terre ne leur appartenait et que ce n’était pas parce qu’ils le clamaient comme ça tout d’un coup, papiers à l’appui, que ça se réalisait. Du moins de son point de vue, mais ça faisait partie de ces trucs si ancrés dans les sociétés humaines que même elle avait dû faire avec, même si elle qui voyageait sans but ni attaches ne se gênait pas pour faire ce qu’elle voulait. Cela dit, elle reconnaissait l’utilité d’un terrain de ce genre, où les paumés pouvaient se réfugier. Au moins, c’était faire bon usage de la terre. Terre qui n’avait de sens que sur cette bonne vieille planète Terre, d’ailleurs, et ce n’étaient pas les paroles de Xiomara qui allaient la faire changer d’avis. Elle avait dans l’idée que les fameux connards galactiques dont elle parlait n’étaient finalement ni mieux ni pire que des humains et il était probable que le drame qui se produisait ici se jouait aussi des milliards de fois sur des milliards d’autres planètes, chaque peuple détruisant son milieu naturel, et c’était déprimant rien que d’y penser. Enfin, sauf sur la planète de Xio puisqu’apparemment elle n’était plus vivable, et à cause de son père, en plus. « Woaaaah… Moi qui croyais avoir une famille cheloue… Au moins mon père a jamais détruit la planète. » Aucun de ses deux pères, même. Alors que Swamp Thing en avait le pouvoir, et qu’il était aussi censé exister exactement pour ça, pour trucider l’humanité.

Elle suivit du regard celui de Xio et observa de nouveau Marv, souriant elle aussi malgré elle. Ouais, ça aussi elle pouvait comprendre. Un peu. Elle n’avait pas retrouvé de famille en dehors de celle qu’elle avait, peut-être parce qu’elle aimait inconditionnellement son père et qu’en dehors de lui, elle n’avait pas ressenti le besoin de se trouver quelqu’un d’autre. Elle avait dix-huit ans quand elle avait fui, trop âgée pour se chercher des proches de substitution. Les parents adoptifs qu’elle avait eus, brièvement, étaient ceux de Mary, pas les siens, et si elle conservait tous ses souvenirs de ces années passées avec eux, elle ne ressentait rien pour eux, ne leur devait rien et n’avait pas hésité une seconde avant de leur arracher leur fille, du moins l’homonculus qu’ils pensaient être leur fille, et elle n’était jamais revenue les voir pour tout leur expliquer. Elle s’en fichait. Mais elle pouvait comprendre. Elle trouvait même le principe plus sain, parce que Xio avait choisi Marv, au moins, alors que les autres, les vrais parents, on ne les choisissait jamais. « Je vois ce que tu veux dire. Même si c’est quasi impossible de se couper complètement de ces histoires de famille… » Ces trucs-là, ça revenait forcément vous mordre les fesses à un moment ou à un autre. Mais bon, c’étaient pas ses histoires. « Ouais, je sais qu’il y en a des biens… Mais des fois je me dis que ça suffit pas pour tous les sauver. » Parce que ouais, c’était le genre de questions qu’elle se posait, sachant qu’elle avait toujours l’impression de faillir à son devoir en ne massacrant pas toute l’humanité, et pourquoi ? Pourquoi donc est-ce qu’elle ne le faisait pas une bonne fois pour toutes ? Pour les quatre noms entrés dans le répertoire de son téléphone ? Et des types comme Marv ? Peut-être, mais ça lui paraissait un peu faiblard, comme raison, quand même.

Elle baissa les yeux sur les brins d’herbe qui semblaient danser ensemble comme des couverts en argent dans un film Disney, se collant à ses jambes tels des bébés en quête d’essence vitale à téter. « Ouais, tu sais… ça sert plus à grand-chose maintenant, vu qu’il y a des humains partout mais ouais, c’est génial. Je me sens jamais seule grâce à ça. La nature est avec moi où que j’aille. C’est pas comme quand t’es au milieu d’une rue bondée, ou à une fête, ou même avec tes potes, et que tu sais que tu es entourée de plein de gens et pourtant tu te sens seule. Alors ouais, c’est cool, vraiment cool. » Elle hocha la tête pensivement, repensant, mais brièvement pour ne pas se faire peur, à cette peur du vide qui l’avait prise en imaginant Xiomara venue de quelque part dans l’univers. « Mais toi du coup, à part être une extraterrestre, tu fais autre chose ? En général, les gens qui viennent de l’espace, on les retrouve soit en cape et en collants, soit en train de comploter pour devenir l’empereur de la Terre… » Elle regarda la jeune femme avec suspicion. C’était soit l’un soit l’autre, non ? Mais franchement, là comme ça, à la regarder, Tefé ne pouvait pas vraiment deviner à quelle catégorie elle appartenait.

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Bon il avait détruit la planète avec un agent viral, mais quand même, Xiomara devait reconnaître que dit comme ça c'était impressionnant. Mais peut-être pas aussi impressionnant que la réticence de Tefé à admettre que l'humanité méritait d'être sauvée, sans humanité, elle n'aurait jamais eut ses parents adoptifs, elle n'aurait jamais eut Marv' comme père improvisé entre deux joints. Mais elle comprenait Tefé, au moins un peu, elle avait participé à son lot de manifs et d'émeutes écolos. Pour elle qui n'avait que ses poings pour faire valoir son opinion, la lutte, comme les gens aimaient l'appeler, était surtout physique, elle en avait roustés des néonazis, des gardes de centres de tests animaliers illégaux, seule, avec d'autres activistes et même avec les titans.

Xiomara comprenait que Tefé ne voit pas en quoi ils pouvaient être sauvés, mais la réalité était aussi que de plus gros poissons rodaient dans l'océan, certains d'entre eux n'ont pas besoin de l'écosystème ou même d'un quelconque signe de vie restant pour s'estimer roi de la colline. Tefé y venait justement, se demandant ce qu'une alien faisait encore sur ce petit grain de sable perdu dans le cosmos quand elle aurait put chasser des primes à Space Vegas (par ce que oui, cet endroit existe visiblement) ou vendre ses poings à un quelconque dictateur, voir se lancer dans le business. Et évidement elle tapait juste, il serait surprenant pour le commun des mortels d'imaginer combien d'aliens se camouflaient parmi eux, quels trafics étranges se menaient parfois sous leur nez. En réalité la communauté des non terriens n'était pas systématiquement attiré par le fait de vendre sa présence, mais Xiomara en faisait partie, elle éclata de rire à la description que fit Tefé des héros.

Des capes et des collants, très oldschool et identité secrète, le genre de truc qui faisait craquer les midinettes et permettait aux coins les plus sombres du net de productions alimentant la machine  à fantasme. Avec une tronche comme la sienne il était évident qu'elle ne faisait pas partie de cette école tirant ses origines dans les heures les plus sombres du cirque du soleil. Son style était plus urbain, de toute façon avec sa tronche et le fait qu'elle détestait camoufler son apparence, elle n'avait pas eut le choix. Et puis les cabines téléphoniques  ça existe plus aujourd'hui, tous le monde as un smartphone, elle avait pensé à une enceinte pour passer de la musique pendant qu'elle bottait des culs, mais les tests étaient peu concluants, elle avait tendance à casser le matériel. Elle se calma de son fous rire en frappant du plat de la main sur le sol avant d'essuyer une petite larme au coin de son oeil. Tefé était un sacré personnage.

-Je préfère les jeans et les t-shirts. Mais c'est une bonne description de pas mal de mes collègues. Je juge pas perso, mais ils aiment peu trop se déguiser pour la plupart.

Elle n'était jamais étonnée qu'on ne la reconnaisse pas comme un membre des titans, il fallait dire qu'elle était bien moins connue que son géniteur, on la reconnaissait plus souvent comme ça. Tefé était rafraîchissante à ce sujet.

-Diriger le monde j'y ais jamais pensé, mais ça as l'air épuisant.

Elle ne se voyait pas en tyran impitoyable en réalité, elle n'aimait pas se préoccuper de tout ce que les autres pouvaient avoir de problèmes personnels, alors tout un peuple.

-Et je me filerait pas la gestion d'un fast-food, alors d'une planète...

Elle ricana à la simple idée.

-Et toi? Tu es pas fan des humains visiblement... t'a jamais pensé à te la jouer Poison Ivy?

Elle sembla illuminée et ses yeux s'écarquillèrent, il ne manquait que l'ampoule brillante au dessus de sa tête. Elle ponctua la suite d'un vaste mouvement de ses deux bras pendant qu'elle prononçait les mots.

-Green Queen, l'impitoyable maîtresse de la nature...

Elle éclata de rire de nouveau, c'était un peu vieux jeu comme nom avec la rime, et soyons honnête ça ne collait pas au style punk de Tefé, mais elle était très fière d'avoir trouvé le nom du prochain fléau supposé de l'humanité, qui s'y mettrait sans doute une fois que le cannabis aurait finit de pousser, autant dire qu'ils étaient tranquilles. Aux yeux de la demi-czarnienne, Tefé était un genre de créature plutôt inoffensive, il suffisait juste de pas la mettre en rogne pour rien.

-C'est pas très inspiré, mais évocateur.

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Alors comme ça, Xiomara faisait partie des good guys. Tefé en fut un peu étonnée, non pas à cause de sa tête mais de son attitude : elle avait cru que l'extraterrestre aurait fait partie de ces gens qui se fichaient des êtres humains, alors aller combattre pour eux, se faire tuer pour eux... meh. Mais il faut croire que, comme le disait toujours son père, il y avait du bon partout, même chez les aliens pas concernés en premier lieu par le bien être des humains. Encore que, vu qu'elle n'avait nulle part où aller, Tefé comprenait que Xiomara ait envie de faire gaffe à la Terre. Un exil galactique suffisait pour toute une vie, probablement. Et donc, elle pointait dans la team des superhéros. L'élémentaire la regardait pendant qu'elle parlait, en essayant de savoir à quelle team elle appartenait, puisqu'apparemment, elle ne se la jouait pas en solo. Tefé perdait un peu le compte des sectes superhéroïques qui naissaient ici ou là sous la direction d'inconnus ou de types déjà du sérail mais trop vieux ou trop jeunes ou trop gentils ou trop méchants pour rester dans leur équipe, et qui partait en créer une nouvelle. Elle en connaissait au moins un autre qui sauvait le monde en jean et en tee-shirt, mais en ce moment, il était pour elle celui-dont-il-ne-faut-pas-prononcer-le-nom alors elle garda ses questions pour elle. « Bon, j'imagine que c'est un choix de carrière comme un autre, mais... enfin, les humains en mourront pas de pas avoir des gens comme toi pour les sauver, des fois, hein ? Enfin, si justement, ils mouraient, mais pas tous, alors ça serait pas bien grave. Si j'étais toi je préfèrerais rester pénarde ici. » Devoir fuir sa planète était déjà en soi une épreuve suffisante, merde alors. Ces gens-là ne connaissaient-ils pas le concept de vacances et de retraite ?

Elle se laissa aller quelques secondes à penser à Poison Ivy, qu'elle avait rencontrée à plusieurs reprises et qui était la seule raison pour laquelle Tefé mettait les pieds à Gotham, cette antichambre de l'enfer. Oh ça oui elle y avait pensé, mais en fait elle avait déjà probablement fait pire, et puis elle aimait trop cette femme pour rester à ses côtés ou même marcher sur ses plates-bandes. On pouvait dire qu'elle avait eu un crush massif sur la rouquins la première fois qu'elle l'avait rencontrée - jusqu'à ce qu'Ivy lui demande des nouvelles de son père avec une drôle de lueur dans le regard, et alors le crush était parti aussi vite que le contenu des chiottes après qu'on ait tiré la chasse. Quoi qu'il en soit, c'était une femme bien. Tefé observa Xiomara quelques secondes. Elle aimait bien leur conversation, qui, à l'image de l'endroit où elles se trouvaient, lui donnait l'impression d'être coupée du monde. Les problèmes du monde n'étaient pas censés les rattraper, ici. Malgré tout, elle n'avait pas particulièrement envie de mentir en cette seconde. Elle jeta un bref coup d’œil à Marv avant de revenir à Xiomara. « Je fais pas partie des gens sympas, moi. Peut-être qu'on a juste eu de la chance de pas se croiser sur le champ de bataille, parce que je pense pas qu'on aurait été dans le même camp. » Encore que Tefé n'avait pas de camp, ce qui facilitait, ou complexifiait les choses, elle ne savait pas. « Ces humains que tu protèges, j'en ai tué pas mal, et je ne le regrette pas. De mon point de vue, ce n'était pas des gens bien, c'est ce que je dis si ça peut aider, même si pour moi ça ne compte pas vraiment. »

Ses dernières victimes en date servaient d'engrais - littéralement - à la structure végétale qu'elle avait construite avec Gareth pour enfermer à jamais des cuves de mazout qui fuyaient dans le bayou. Pour ce qu'elle en savait, ces gens étaient peut-être encore en vie et le resterait encore quelque temps avant de mourir. Cela ne l'empêchait pas de dormir. Elle jeta un regard un peu inquiet à Xiomara. Elle ne se sentait pas obligée de se justifier, ou de faire changer d'avis sa nouvelle amie. Elle espérait juste que Xio n'en aurait rien à faire. Vu qu'elle n'était pas en service. « C'est trucs de superhéros, c'est pas rétroactif, hein ? Tu pourras essayer de m'arrêter si un jour tu me chopes la main dans les entrailles de quelqu'un, mais en attendant, je peux rester ici, hein ? » Ouais, elle n'avait aucune honte. Elle sentit un léger rire l'agiter, mâtiné d'inquiétude. « Je veux dire... Tu peux pas t'être attachée à eux au point de vouloir crever pour eux... C'est que des humains et... » Et elle, non. Ni l'une ni l'autre n'en étaient en réalité. Mais qui sait ? Et si Xiomara s'était attachée à cet endroit, non pas par nécessité mais réellement, naturellement ? Elle avait peut-être trouvé l'amitié, l'amour et tout ces trucs dont les humains se vantaient si souvent et sui semblaient être les raisons principales pour lesquelles les superhéros se battaient - et qui expliquaient peut-être aussi pourquoi Tefé ne comprenait pas ces raisons, mais ça, elle ne voulait pas l'entendre.

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Là était le soucis, si elle n'était pas là, des gens pouvaient mourir. Est-ce que ça changeait le grand schéma des choses? Est-ce que quelques humains de moins à l'heure de la surpopulation était un mal? Xiomara n'en savait rien et elle s'en foutait un peu, mais elle savait quelle était sa dette, elle savait que si la terre n'était pas un endroit tout rose, c'était aussi ce cailloux paumé dans le cosmos qui lui avait donné une famille, une opportunité. Tefé pouvait bien en penser ce qu'elle voulait et se sentir à l'écart, mais la réalité était que la vie c'était aussi une question de choix et qu'on pouvait pas se contenter de vivre seul dans son coin. Elle savait ce que c'était, avoir la haine contre le monde, elle avait essayé, mais la vérité c'est qu'en avoir rien à faire de quelque chose, c'était déjà y réagir, alors elle aurait put elle aussi faire comme son père et être une belle épine dans le pied de ceux qu'elle comptait comme ses équipiers aujourd'hui, mais à quoi bon?

Taper sur des trucs et le faire pour une bonne cause, c'était pas la panacée mais c'était mieux que s'enfiler des bières et fumer des joints dans un squat quelconque. La vié était une belle chienne, n'importe qui sur ce terrain vague avait son histoire, certaines sans doute plus glauque que les leurs, des histoires de trafic d'être humain, de braquages qui tournent mal, beaucoup de bile et de regrets, mais dans le fond, tous le monde veut quelque chose de mieux, on en as juste pas tous la même signification. Pour elle c'était pas faire les cents pas sur ce terrain vague et regarder le monde brûler, même si Marv l'avait proposé cent ou mille fois.

La suite avait par contre de quoi mettre le coup de pression du genre malaisant sans détour, Xiomara ne percuta pas immédiatement, beaucoup de gens se disaient "mauvais", par ce qu'ils luttaient pour survivre, ça pouvait parfois mettre du sang sur les mains. Mais il y avait quelque chose dans la manière de raconter sa petite histoire de la part de Tefé qui éveilla tous ses sens, son premier réflexe aurait sans doute été de se jeter sur elle en temps normal, il fallait dire que quand elle vivait dans la rue se jeter sur le taré qui se la jouait subtil même si il voulait juste faire son intéressant était un moyen efficace d'éviter les ennuis, mais pas de se faire des amis, et Xiomara avait assez de sympathie pour Tefé pour la laisser continuer. Il fallait dire qu'elle n'était plus l'idiote sans une once de cervelle qu'elle avait été, enfin, plus autant. Elle pris donc quelques instants pour attendre la suite, seuls ses yeux se teintant de pourpre trahissant ce bref instant d'émotion.

-Je crois que je vais t'arrêter là.

Un petit ricanement de sa part eut pour but de détendre l'atmosphère, Tefé voulait bien faire, lui tomber dessus n'avait aucun sens.

-Je part d'un principe simple, fait pas de mal à mes amis et il t'arrivera rien.

Ouais ok les grands discours et les complications c'était pas pour elle.

-Marv est le seul qui peut décider de qui reste ou pas, et même Greg as le droit de rester alors qu'il sait pas différencier sa droite de sa gauche, donc les critères sont bas, mais y'a pas de violence ici, c'est la règle, si on s'énerve, on le fait pas ici.

Même elle avait dut apprendre à se maîtriser, les joints de Marv aidaient, ça et l'ambiance générale, il n'y avait pas eut que des gens bien intentionnés sur ce terrain, mais en général ça se passait bien. Ils n'avaient jamais eut de problèmes avec un meta ou un élémentaire à vrai dire.

-Marv tient énormément à préserver la paix ici, et moi aussi.

Cet endroit était un peu sa maison depuis que la sienne était partie en fumée.

-Mais tu vas rester cool pas vrai? Par ce que là dessuite je veux vraiment profiter de mes vacances et j'ai pas trop envie de te taper dessus en plus.

Obelus ne présentait en plus aucun signe de tension, il aurait perçu une mauvaise intention et l'aurait prévenue dans le cas contraire, la chaîne se contentait de serpenter gentiment à côté d'elles, plus intrigué par l'énergie de Tefé qu'autre chose.