Soirée spéciale pour la campagne électorale de Lex Luthor. Avec les compliments d'Oswald Cobblepott. Des Falcone, des Maroni et des Vitti avaient déjà prit le parti de Luthor. Ils avaient payés pour organiser cette petite sauterie à l'Iceberg Lounge. Il s espéraient déjà que le magnat de Metropolis les aurait à la bonne. Ils souhaitaient un renvoie d'ascenseur. Luthor leur avait fait sous-entendre en termes voilés, que s'il était élu à la Maison-Blanche, il s'arrangerait pour faire abroger par le congrès, de nombreux points dans la législation anti-contrebande et contrefaçon. De quoi redonner du souffle aux activités criminelles de la Mafia en perte de vitesse. Mais Luthor n'en avait pas la moindre intention une fois élu. Ces ritals pouvaient toujours rêver. La soirée à l'Iceberg Lounge avait un côté irréaliste. Quand le tout Gotham se réunit pour un cocktail mondain avec la foule de mafiosi, et les gros bras du Pingouin pour assurer la sécurité. Partout dans la foule, des commentaires sur le drame récent qui avait frappé la ville. Des call-girls racontaient des histoires sur le thème : j'ai faillit-attirer-le-regard-de-Bruce-Wayne. La banquise artificielle autour de laquelle batifolait les otaries de l'établissement, avait été fort opportunément relooké en rouge, blanc et bleu de la bannière étoilée pour les circonstances. Lex Luthor circulait. Il vit un fronton au dessus de la piste de danse, dont les néons faisaient défiler son portrait. Jolie. Des grooms services faisaient griller à la broche un cochon de lait derrière le buffet. Des régiments de larbin circulaient. Des membres du conseil municipal de Gotham City s’enivraient ou reluquaient les call-girls. Lex picora dans l'une des 3 tables de buffet longue d'un kilomètre. Il n'aimait pas cette ville, jugement sans appel. Urbanisme vétuste, esthétique gothique désuète et dépassée. Pauvreté et crime partout dans les rues. Gotham City n'avait rien pour elle aux yeux de Luthor, sauf peut être l'allure art-déco de ses plus prestigieux buildings. Et encore. Il préférait largement le style art-déco appliqué à Metropolis. Mais pas le choix. Il fallait la fréquenter dans les prochains mois. Gotham était prête à être convaincue. La tragédie qui venait de la frapper augurait bien pour les projets de Luthor. Pas un instant de paix. Lex était suivit par un essaim depuis qu'il avait posé les pieds dans l'Iceberg Lounge : un membre du conseil d'administration de la Gothcorp. Un juriste d'un cabinet d'avocat en vue. Quelques tâcherons du Gotham Globe.
Lex était suivit bien malgré lui par un essaim de col-blanc. Il aperçut Bruce Wayne, il était suivit bien malgré lui par un essaim de call-girls. Les deux milliardaires et leur suite passèrent l'un devant l'autre. Luthor parvint à envoyer un signal au passage au milliardaire d'en face. Lex tapota sa montre et fit le chiffre « 5 » avec sa main en passant en coup de vent devant Wayne. Cela voulait dire : « Bruce, il faut absolument que je vous parle en tête à tête dans 5 minutes. » Un remue ménage se produisit plus loin. Des flammes jaillies du grill au dessus duquel on faisaitt tourner le cochon de lait à la broche, mirent le feu à une nappe de buffet. Un larbin noya le début d'incendie à l'aide d'une bouteille d'eau de Seltz et récolta des applaudissements enthousiastes. Des journalistes prirent des photos. Luthor se mit à applaudir comme les autres, en collant sur son visage un sourire bienveillant, juste pour la photo. Lex essaya de se débarrasser de sa suite, en les envoyant paître, les uns après les autres, à force de paroles diplomatiques et suaves. Il essaya de trouver un coin à l'écart pour son tête à tête avec Wayne. Il fouina du côté des panneaux en contreplaqué qu'on avait disposé pour la soirée. Ils montraient une frise en image de la carrière de Luthor : Lex en train de jouer au golf avec le défunt président, Lex en train de donner des ordres à ses contremaîtres sur le chantier de la Lexcorp Tower. Lex en train de serrer la main au maire de Metropolis. Etc… Luthor se trouva un balcon dans le carré VIP, qui surplombait la grande salle où batifolaient les invités. Il saisit quelques conversations dans la foule : Batman bla bla bla, attentats bla bla bla, Justice League bla bla bla.
Batman chez le Pingouin. Si les gens savaient. Si seulement ils savaient. Dick aurait esquissé un sourire, sans doute une blague, Jason aurait probablement dit que ça ne le tuerait pas, quand à Tim, lui aussi aurait ressenti l’affront même. Alfred n’avait rien dit. Il était d’accord au fond. Mieux valait y être. S’il y avait le moindre indice à ramasser, il fallait qu’il y soit. Bruce Wayne, évidemment. Car c’était lui, le milliardaire, le beau milliardaire, l’homme à femme, le célibataire le plus côté de tout Gotham qu’on attendait. Tel une cerise sur le gateau, Lex Luthor voulait se payer le gratin de Gotham dont Wayne faisait indéniablement parti. Pire, Lex Luthor s’était permit de se faire inviter par la pègre et de réunir chez eux la crème de Gotham, dans cet endroit connu de tous pour ses affreuses affiliations, chez celui qui avait brigué le poste de maire, mais baignait surtout dans un tas d’affaires criminelles. Bruce Wayne en était furieux. Alfred l’était encore plus. Batman était juste réaliste. Ce n’était qu’une preuve de plus.
Bruce Wayne était arrivé à la soirée, en retard, dans sa luxueuse voiture de sport, une Tesla, bien évidemment, car l’environnement faisait parti de ses préoccupations autant que d’être dans l’un des véhicules les plus luxueux et les plus en vue du moment. Il en était sorti accompagné non pas d’une mais de deux charmantes femmes. A première vue, des poules de luxe, mais en réalité, les charmantes demoiselles étaient deux mannequins qui ne parlaient pas un mot d’anglais. Bruce n’avait aucune envie de se prendre la tête avec elles. Les deux femmes voulaient juste figurer sur les photos dans ses bras. Peut-être espéraient-elles plus. Une nuit dans l’une des nombreuses chambres du manoir, peut-être même un soupçon de scandale en figurant dans une page de tabloïd aux côtés du beau milliardaire, c’était le genre de promotion que des jeunes mannequins pouvaient espérer, vouloir. Bruce se fichait de tout cela, il satisfaisait les femmes en quête de célébrité d’un soir, mais généralement se passait de leur offrir une nuit à ses côtés. Car en dépit de sa réputation, il avait d’autres chats à fouetter de ses nuits, ou plutôt, il préférait les occuper à traquer des criminels plutôt qu’à satisfaire de belles donzelles.
Hélas pour lui, les donzelles s’accumulaient autour de lui presque autant que les mafiosi tournaient autour du candidat à la maison blanche que Bruce dardait régulièrement de regards qui se voulaient léger. Pas question que Lex pense qu’il était ici juste pour lui, même si cela devait être évident. Les couleurs affichées partout et sa trogne sur les poster ne laissaient aucun doute sur la star de la soirée. Bruce eut beau se dire que tout le gratin de la sombre cité corrompue était là, en réalité, il sentait surtout l’ombre des serres de la cour des hiboux planer au-dessus de leurs têtes. Personne ici ne songeait réellement à faire quelque chose de bien pour Gotham. Et malheureusement, lui non plus n’était pas ici pour faire des actions de bienfaisance. Au mieux, il pouvait se figurer que Bruce allait peut-être récolter quelques sous pour une de ses associations, mais en vérité, il préférait éviter de prendre cet argent sale. Non, il n’y avait que Batman qui pouvait apprécier cette soirée. Avec une bonne dose de sarcasme évidemment.
L’homme que Lex Luthor observait depuis quelques minutes, l’homme qui l’invitait à le rejoindre ayant réussit à se débarrasser pour un instant de sa petite cour, ce n’était pas l’exubérant milliardaire, c’était un chevalier noir, un homme en croisade, c’était un détective, le meilleur au monde, et à cet instant, il se sentait comme le héros de Dead Zone. Le seul capable de voir le véritable visage de celui qui briguait la maison blanche. Il espérait connaître un meilleur destin. S’il avait été seul, il aurait pu redouter d’être broyé, mais il ne l’était pas. Et puis, il avait renoncé à sa personne, à son existence même, se dévouant totalement à la cause. L’important était que cet homme là n’entre pas dans le bureau ovale, ne s’assoit pas au bureau, ne donne pas les ordres, ne devienne pas président des Etats Unis. Plus facile à dire qu’à faire. Quand il s’agissait de défaire le Joker, c’était presque facile. Mais il s’attaquait là à un homme qui avait réussit à tromper son monde, quasiment comme lui. Personne ne se doutait un seul instant de ce qu’il était capable de faire. Personne. Hormis lui. Son seul avantage, c’est que l’inverse n’était pas vrai. Lex Luthor ignorait qui il était.
« Bonsoir Lex » fit-il avait la connivence qui existe implicitement entre les puissants de ce monde. « Comment se porte votre campagne ? » demanda-t-il avec cette forme d’hypocrisie typique des soirées mondaines où chacun prétend sans trop d’effort se préoccuper de ce que pensent, font, et sont les autres. Un cirque où chacun avait conscience des masques que tous portaient.
Cette voix. A mi chemin entre désinvolture et nonchalance, c'était bien Bruce Wayne au plus fort de son style superficiel. Luthor se retourna en se forçant à afficher sur son visage cette expression qui semblait dire : Oh Bruce, c'est toujours un plaisir de vous voir. Poignée de main. Au moins, le play-boy de Gotham n'était pas marié, ce qu'appréciait Lex, car il n'avait pas à lui lancer l'éternel phrase qu'on doit dire à une connaissance du milieu quand on la croise. C'est à dire : et comment va votre femme ? En citant le nom de l'épouse évidement, pour faire style qu'on s'en souvenait très bien alors que ce n'était pas le cas. Au moins avec Wayne, on était pas obligé de s'encombrer de ce genre de détails mnémotechnique.
« Bruce ! Comment va depuis la dernière fois ? Je ne sais même plus où c'était. Ce n'était pas au plaza de Metropolis ? A moins que ce ne soit lors du repas de noël à l’hôtel de ville, organisé par le maire de Gotham ? Enfin peu importe. Pour ma part ma campagne démarre bien. L'avantage pour un homme qui possède une certaine fortune, c'est qu'il peut tout financer lui même sans devoir recourir à certains expédients ou sans devoir quémander auprès des notables. »
Luthor alpagua une bouteille sur le buffet des boissons et se concocta un Bloody Mary.
« Un verre Bruce ? »
Il désigna la foule réunit dans l'Iceberg Lounge, depuis la hauteur de leur balcon VIP.
« Regardez les. Les mafieux ne perdent pas le nord, vous ne trouvez pas ? Ils me soutiennent en croyant que je vais leur renvoyer l'ascenseur. Mais je n'ai pas l'intention de frayer avec ces gens là une fois à Washington. Ils sont d'un vulgaire. »
Lex se remémora les demandes des Maroni, des Falcone et autres Vitti : débarrassez nous de Batman par pitié ! Il nous as tellement laminé que Black Mask, le Joker et cie nous ont tous renvoyé à la case départ, ils ont prit le contrôle des rues. Seul le gang du Pingouin reste civilisé, à frayer avec nous pour les trafics en tout genre. Luthor était resté évasif. Oui il se peut que j'envoie la garde nationale à Gotham pour traquer la chauve-souris, mais rien n'est moins sûr. Il faut l'aval du gouverneur de l'état et du maire de Gotham. Les mafieux lui avaient demandé d'accorder la grâce présidentielle à quelques illustres macaronis derrière les barreaux. Luthor avait tergiversé. Oui pourquoi pas, cela dépendra de mes discussions avec les juges de la cour suprême. Les mafieux avaient insisté pour revoir la législation sur le jeux, la contrefaçon et cie. Luthor avait joué les taciturnes. Bien entendu, je mettrais le projet à l'étude devant la chambre des représentants. Aucun engagement précis. Les mafieux l'avaient soutenus par dépit. Au moins un Luthor à la présidence mettrait l'étouffoir sur l'ensemble des agissements des justiciers masqués de Gotham City. Les opinions anti-surhommes de Luthor étaient connu publiquement.
« Juste entre nous. Ils viennent aussi vous demander des faveurs ? Après tout vous êtes le plus fortuné de cette ville. Ils doivent forcément venir sur le perron de votre résidence chaque semaine ? »
Luthor s'esclaffa. Et se détourna du balcon pour reporter son attention sur Wayne.
« Et à propos des attaques qui ont touchées le crime organisé de Gotham récemment ? Vous avez des nouvelles ? Je ne suis les informations que dans la presse et les chaînes d'info. Je trouve ce tueur de gangster fascinant. Vous êtes de la ville. Vous devez être dans la confidence des gens bien informés. Alors puisque nous sommes entre initiés et dans le secret des dieux, vous ne sauriez pas par hasard où en sont les investigations ? La police a un suspect ? »
Luthor faisait référence au mystérieux tueur qui avait eut les honneurs du Daily Planet. Le dangereux s'était distingué en massacrant un gang de proxénète dans l'East End. Lex s'imaginait déjà en train de recruter ce tueur habile pour en faire un de ses sbires.
Sourire, c’était plus facile face aux actionnaires principaux de Wayne Enterprise qu’à Lex Luthor. Feindre d’être un idiot complet occupait au moins son esprit, détournait son attention du fait que cet homme avait les mains pleine de sang. Il savait, de source sure, qu’il était responsable de l’attaque des dieux à Gotham, comme il savait qu’il avait négocié des accords avec la pègre de Gotham. Jusqu’où sa soif de pouvoir l’avait-elle poussée ? Avait-il passé des accords avec le Joker également ? Irait-il jusqu’à faire comme ce dernier ? Tuer n’était pas quelque chose devant lequel il reculait, mais Lex jouait dans une autre cour que le Joker et tous les autres criminels qu’avait affronté Batman jusqu’à présent. Il allait devoir jouer un autre jeu, un jeu auquel il était pas habitué et certainement moins à l’aise que Luthor.
Luthor prétendait financer seul sa campagne mais Bruce en doutait. Que faisait-il ici s’il se passait de l’argent des autres ? Lex Luthor avait-il approché les criminels de Gotham juste pour provoquer Batman ? Ce serait un jeu stupide si tel était le cas. Et Bruce doutait que Luthor soit stupide. Il avait un plan en tête, c’était manifeste. Et si les Kenedy avaient pu utiliser de l’argent issu de la mafia, pourquoi pas Luthor ? D’autres avaient fait bien pire par jeu politique.
« L’argent est toujours une aide précieuse. Tant que nous l’utilisons à bon escient. » souligna le milliardaire en accompagnant ces mots mielleux d’un sourire allant avec. On aurait dit un mantra bien pensant posté sur les réseaux sociaux avec une licorne et des paillettes tout autour. Luthor avait bien versé de l’argent à des associations, mais ce n’était qu’une couverture. Et ils étaient là, chez le Pingouin, en compagnie des mafieux les plus importants de la ville. Batman était là pour mener l’enquête, mais Bruce lui, ne pouvait décemment juger Luthor au vu de sa présence ici.
« Volontiers » répondit-il à la proposition alcoolisée. Bruce Wayne avait la réputation d’un homme bon vivant cumulant les conquêtes féminines, manifestant un alcoolisme luxueux et pompeux, capable de dépenser des fortunes par caprice et qui depuis peu semblait s’être racheté une conscience en investissant fortement auprès des associations après l’attaque de Darkseid. L’implication du milliardaire dans ces associations collait à son image. C’était à la mode chez les people. Il ne faisait que suivre le chemin tracé par les Pitt.
Bruce regarda Luthor lui parler des mafieux. Il trouvait le culot de cet homme absolument incroyable. La bienséance voulait qu’il nie en bloc toute association avec les mafieux. L’hypocrisie était de mise dans le milieu des riches fortunés. La plupart tenait leur fortune en ayant volé quelqu’un, et ils gardaient cette fortune pour eux alors qu’elle serait si utile pour tant de gens. Wayne en avait conscience, malgré tout l’argent qu’il redonnait, il en dépensait des sommes folles pour traquer le crime et payer Alfred, ainsi que les travaux des dégâts causés par sa lutte. Mais au moins avaient-ils la décence de mentir. Pas Luthor. Il se passait de ces mensonges.
« Vous plaisantez ? J’ai perdu mes parents à cause du crime. Tous ici espèrent me voir mourir, d’un bête accident j’imagine. Je finance de beaucoup la police de Gotham. Wayne Enterprise fournit l’armement de la police. Hélas, le maire refuse de voir des armes militaires débarquer dans sa ville. Je ne comprends pas pourquoi un tel refus. La lutte contre le crime serait bien plus aisée ainsi, ne trouvez-vous pas ? J’espère que vous ferez en sorte que la police puisse plus libre lutter contre la criminalité ! »
L’amitié entre Bruce Wayne et le commissaire de police n’était un secret pour personne. Tous savaient qu’il avait été particulièrement affecté quand Harvey Dent était devenu fou après l’attaque à l’acide qu’il avait subit. Wayne avait payé tous les soins de Dent puis fait en sorte qu’il soit interné et soigné. Mais Bruce faisait toujours preuve d’une naïveté certaine, en public. Adoptant le discourt entendu des républicains. Et souvent ayant une idée simpliste de la situation.
« Je ne suis pas à ce point dans les petits papiers de la police de Gotham. Certes, j’entretiens de très bon lien avec le commissaire, qui est un ami très cher, mais je n’en sais pas plus que le grand public. Vous en savez sans doute plus que moi ! Vous êtes entouré de gens très puissants et très bien informé, je parie ? »
Luthor avait souhaité prendre Wayne en tête à tête pour le convaincre d'apporter son soutien à sa cause. Non pas qu'il avait besoin de sa fortune. Luthor en tant que milliardaire, finançait sa campagne électorale sans problèmes. Mais en terme d'influence. Le magasine Forbes avait classé Wayne 2 rangs devant lui parmi les principales grandes fortunes du pays. Lex en était jaloux. Mais il en avait aussi déduit, que Wayne possédait un carnet d'adresse assez conséquent et sans doutes un entregent politique notable. Avoir Wayne dans son camp, c'était avoir une personne de poids à ses côtés dans l'opinion publique, Lex était convaincu qu'il apporterait aussi le soutien des notables et des puissants de Gotham City. Au départ Lex avait prévu de séduire Wayne et de le convaincre de rejoindre sa cause en faisant appel à la cupidité. Il comptait lui dévoiler son plan économique une fois élu. Lex ambitionnait de privatiser la plupart des services publiques du pays. Un tel projet ne pouvait que faire plaisir à tous les hommes d'affaires et chefs d'entreprises comme Wayne, qui saisiraient aussitôt les opportunités d'expansions. Beaucoup ne résisteraient pas à l'envie de pouvoir aussi enfin posséder leur propre milice privée, sous prétexte de protéger leurs locaux et complexes industriels face à la menace méta-humaine. C'était donc un tel discours que Luthor s'apprêtait à sortir à Wayne. Lex fut surprit en écoutant son acolyte de Gotham. La cupidité et l'avidité n'étaient pas ses principales préoccupations. Il portait une certaine attention à l'action des forces de l'ordre. Il y vit aussitôt une brèche par laquelle s'engouffrer. Puisque le crime révulsait le richissime de Gotham, de la même façon que les aliens révulsaient le maître de Metropolis, autant en profiter. Luthor posa une main amicale sur l'épaule de son interlocuteurs.
« Oh non Bruce, je ne suis pas aussi puissant que ça. Je n'ai jamais fait de politique avant ce jour. Je ne vous cache pas que je suis très influent à Metropolis. Mais pas à l'échelle du pays. Je suis issu de la société civile, je n'ai encore jamais foutu un pied au congrès ni travaillé dans une quelconque commission sénatoriale. Dans cette élection je suis un outsider. Ça fait longtemps qu'un type qui n'est pas politicien de métier brigue la plus haute fonction à Washington. »
Lex fouilla dans sa veste et en sortit un Cohiba. Il fouilla dans sa poche et en sortit un briquet plaqué or avec ses initiales. Il s'alluma son cigare cubain et porta à nouveau son regard sur la foule de criminels en dessous du balcon VIP où ils se trouvaient.
« Vous voyez ceux là ? Ce sont des minables. Ils ne représentent plus la même nocivité qu'il y a des années. La police de Gotham City s'est pas mal reprit en main depuis quelques années d'après ce que j'ai cru comprendre, et n'a plus de problèmes face à eux. En revanche elle reste désemparé face aux surhommes les plus puissants. Et c'est bien ça le point majeur de mon programme. Les métas-humains. »
C'était même le cœur de son discours sur toutes les chaînes télés : la surpuissance dévastatrice de ces super-héros comme super-vilains. La façon dont ils supplantaient les autorités, l'impuissance des forces de l'ordre à les contrer. Les dégâts sinistres provoqués par cette quadruple attaque gigantesque sur les villes de la côte Est, qui lui avaient permit de briguer la présidence, même si le monde entier ignorait que c'était lui l'instigateur de ces attaques.
« Prenons pas exemple Gotham. Je ne vous apprendrais rien, vu que vous êtes natif de cette cité Bruce. Mais passons les choses en revue : un homme crocodile qui se tapie dans les égouts et n'en sort que pour multiplier les braquages. Une chauve souris géante qui sème la terreur certaines nuits. Et pour le coup je parle de la chose qu'on appelle Man-Bat, pas Batman. Un scientifique fou avec une armure cryogénique en avance sur son temps. Un psychiatre sadique qui empoisonne et terrifie les gens avec son gaz toxique et j'en passe. Vous aurez beau armer la police, Bruce, ils seront toujours défaits face à ce phénomène. Il faut envisager des solutions radicales. »
Luthor examina quelques bouquets de roses placés ça et là sur une table d'apparat du balcon. Il les effleura du doigt. Il en saisit un bouquet et l'examina sous toutes ses coutures.
« Je ne vous parle pas d'envoyer uniquement la garde nationale contre ces horreurs non, mais aussi de faire intervenir l'armée et qui sait, des métas-humains sous le contrôle des autorités, de ceux qui obéissent à la légalité et sont mandaté par le pouvoir. »
Lex tendit le bouquet à Wayne en affichant une expression soyons-alliés-mon-ami. Il lui fit un clin d’œil dans le style : voici un cadeaux et ne dîtes pas que je ne vous ai jamais rien donné. Il lui tendait le bouquet comme un émissaire tend une feuille de laurier au camp d'en face afin de proposer une entente cordiale. Il y avait dans le geste de Luthor tout une symbolique d'association en vue de profits mutuels.
« Cela fait 15 ans je crois que votre ville est sous l'emprise du fléau des supers-criminels. Aux grand maux, les grands remèdes. Ne trouvez-vous pas qu'il est temps que le pouvoir prenne enfin les choses en main Bruce ? A condition qu'il soit exercé par la personne qu'il faut...»
Bruce hocha la tête au discourt de Lex. Il lui sorti son air béat légèrement intéressé, avec la petite étincelle au fond de l’œil. L’actor studio ne l’aurait pas renié. Il ne pensait pas en faire trop. D’ailleurs, il n’avait pas besoin de beaucoup jouer. Il écoutait réellement le milliardaire candidat à la maison blanche, il l’écoutait de ses deux oreilles plutôt deux fois qu’une. Il enregistrait également la conversation, du moins, Alfred le faisait. Il aurait besoin de réécouter tout cela à tête reposée, d’analyser cette discussion, de la disséquer, dans ses moindres détails. Batman était obsessionnel compulsif autant qu’il était paranoïaque. Ceux qui pensaient qu’il était sain d’esprit, plus sain que les criminels qu’il combattait se trompait lourdement. S’il couchait avec des modèles plutôt qu’avec des psy c’était par instinct de survie. Il n’était pas comme le Joker, capable de les faire basculer du côté de la folie avec lui.
Luthor n’était peut-être pas un chantre de la politique, mais l’époque était trouble. Bruce Wayne n’était peut-être pas un politologue mais il n’était pas aveugle non plus. Il suffisait de lire les réflexions que pouvaient avoir les gens sur la toile, sur Twitter notamment, et le succès qu’avait Luthor depuis le début de sa campagne. Les gens en avaient assez de la vieille garde politicienne, ils en avaient assez de ces sénateurs convoitant le siège présidentiel, assez de ces vieilles familles se partageant le pouvoir. Le fait que Luthor ne soit qu’un civil était précisément ce qui leur plaisait, et ce qui le rendait d’autant plus inquiétant. Wayne craignait qu’il ne soit élu. Il leur fallait absolument les preuves de son implication dans l’attaque de Gotham, quoi qu’il en coûte.
L’armée. Le mot était lâché. Mais Luthor se contenterait-il uniquement de cette solution ? Il avait lâche des Dieux sur Gotham rien que pour avoir une chance de tuer Superman. Mais l’idée de mettre la ligue de la justice en prison devait sans doute le faire saliver. Bruce Wayne n’en doutait pas un seul instant. Et bien sûr qu’il se plaçait comme la seule personne capable de nettoyer le pays de ces méta-humains. Bruce décida de lui offrir une réponse nuancée mais laissant une petite porte ouverte histoire que Luthor la défonce à coup de pied. Sait-on jamais, s’il se trahissait dans un excès de fougue… Non, Batman n’avait de tels espoirs, mais il avait cependant envie d’amener le candidat sur le terrain épineux de la ligue.
Le milliardaire prit les fleurs sans trop savoir quoi en faire, les malaxant presque nerveusement. « Bien sûr qu’il faut faire quelque chose contre ces super-criminels, mais ne croyez-vous pas que l’armée ne soit dépassée ? Même les prototypes que nous possédons ne pourraient faire face aux capacités de certains d’entre eux. D’autant que, hélas, certains de ces scientifiques fous viennent de nos laboratoires… » fit-il en avouant sa propre culpabilité autant que celle de Lex Corp. Victor Fries avait travaillé pour Wayne Enterprise un temps. Comme Man bat. D’un geste contrarié, il posa les fleurs comme si elles étaient empoisonnées. Peut-être était-ce l’évocation de Poison Ivy qui provoqua ce geste, ce réflexe de survie.
« Ne pensez-vous pas que pour combattre des méta-humains il faut d’autres méta-humains ? » avança-t-il en paraissant prudent, n’étant pas totalement certain, avec un ton hésitant de quelqu’un réfléchissant tout haut. « Prenez la ligue de la justice, si elle collaborait avec la police et le bureau fédéral, ne pensez-vous pas que nous pourrions stopper ces individus ? » conclu-t-il avec un air innocent dont il n’était pas peu fier.
Lex devait bien l'avouer, le milliardaire de Gotham était bien plus intelligent qu'il ne le soupçonnait. Sa réflexion à propos des insuffisances de l'US Army pour pouvoir l'emporter contre les méta-humains était vrai. Et son idée d'utiliser des méta-humains pour neutraliser d'autres méta-humains était aussi rationnelle que l'idée similaire de Lex avec son Injustice League. Luthor se demanda même si Wayne n'avait pas eut l'idée du concept avant lui, avant tout le monde. Mais visiblement le milliardaire de Gotham était très satisfait de la Justice League et n'avait pas poussé l'idée plus loin. Luthor balaya l'argument de Wayne d'un revers de la main et répondit souriant :
« Bruce mon ami, votre vision ne manque pas de panache, mais nous ne pouvons plus nous en remettre à cette Justice League. Regardez de près, ces gens ont trop d'intérêts divergents et de dissemblances. Une héroïne antique, un souverain des mers, un alien à la puissance incommensurable et j'en passe. Non seulement ils ne contrôlent pas leur puissance, mais en plus ils agissent sans cohérences et à terme se sépareront sur leurs désaccords. Et en prime, les autorités et la société en général, n'ont aucun contrôle ni aucune influence sur eux. Laissons cette option de côté et voyons plus loin. »
Luthor écrasa son cigare dans un cendrier. Il jaugea Wayne. Etait-il sage de l'associer à ses intrigues ? Wayne avait des atouts pour être un allié de poids. Mais c'était un tiède aux yeux de Luthor, qui manquait de révulsion pour l'engeance méta-humaine. Mais hélas Wayne était devenu un incontournable dans la partie qui se jouait ces derniers temps. Après tout Bruce était plus riche que lui.
« Vous êtes comme moi un homme étranger à la politique. Ce qui représente beaucoup à mes yeux Bruce. Si j'entre à la Maison Blanche, je songe à vous associer aux destinées du pays. Vous pourriez devenir le prochain secrétaire d'état au commerce, ou bien le président de la chambre des députés. Vous êtes l'enfant chéri de Gotham City. Votre parole aurait un poids dans les médias, si vous vous décidiez enfin à délaisser vos mannequins et vos voitures de sports. »
Une lueur malicieuse s'alluma dans les yeux de Luthor, son sourire n'annonçait rien de bon. Il fouilla dans sa veste, en sortit son portefeuille et fouina dedans.
« Mais pour mon offre, il y a un prix à payer... »
Luthor sortit une photo et la présenta à Bruce. On y voyait Lex en combinaison blanche de scientifique, en train de trôner fièrement au milieu d'un groupe d'une dizaine d'hommes. Ils portaient des ceinturons à baudrier avec des rabats à bouton pression pour leur revolver. Ils portaient des masques noirs intégraux pour dissimuler leur identité. Ils portaient des gants et des chaussures à semelles de crêpe. Ils avaient des ceintures porte-outils avec des bombes asphyxiantes dans des étuis. Ils avaient des vestes à manches longues sombres boutonnées jusqu'au cou.
« J'ai modifié leur organisme avec des augmentations cybernétiques. Je peux suivre leurs données biomédicales depuis mon ordinateur. Je leur ait implanté un respirateur pour qu'il puisse faire face aux substances toxiques. Ils ont des augmentations brachiales qui leur donne une force imposante. Leurs yeux bénéficient d'un stabilisateur de visée qui leur donne une précision notable avec des armes à feu. J'ambitionne de leur donner des prothèses rétiniennes plus élaborés, des augmentations dermiques et dorsales et plus encore. Je suis en mesure de proposer une milice exceptionnelle pour l'armée et la police, capable d'agir en cas de crises majeurs. Pour faire face aux métas-humain. Mais ils sont encore loin de faire jeux égales avec des individus puissant de la trempe d'un Green Lantern. Pour sortir de l'impasse les labos de la Lexcorp ne suffisent plus. »
Luthor posa sa main sur l'épaule de Wayne.
« Bruce, donnez moi accès aux labos de Waynetech, associons nos ressources. Si une telle élite disciplinée sous les ordres de la police, était intervenu pendant l'attaque sur nos 4 villes martyres, nous n'aurions pas connu d'hécatombe. »
Bruce devait reconnaître que Lex marquait un point. La légitimité de la ligue restait à prouver. A ses yeux c’était pas les actes qu’on gagnait la confiance du peuple, qu’on prouvait sa valeur, seuls les actes parlaient pour vous. Mais pour les politiciens il fallait des discours taillés sur mesure, et la maison blanche aimait avoir un contrôle assez absolu sur les forces américaines qu’elles soient militaires, policières ou super héroïque. Cela il n’en avait que trop conscience. Mais Lex se moquait du système, il se moquait de la justice et du sentiment que chacun devait avoir d’être représenté par un super héros, au contraire, tout ce qu’il voulait c’était défaire la ligue. Il était le parangon du crime et Bruce n’était pas certain de savoir exactement pourquoi. Certes les super pouvoirs de Superman pouvaient être inquiétants, Bruce avait prévu de quoi mettre à terre le kryptonien si ce dernier se retournait contre la Terre et ses habitants mais Luthor n’était pas inquiet pour les hommes que les super héros pouvaient blesser, il était simplement vexé de n’avoir ces pouvoirs.
Mais Luthor le prit de court. Il s’attendait à ce qu’il lui demande de sortir le chéquier au nom de la démocratie, de la sécurité du pays et sans doute aurait-il glissé un mot en faveurs des associations qui tenaient à coeur à Bruce comme la fondation Todd par exemple en faveur des orphelins issus de milieux défavorisés mais pas à ce qu’il lui offre carrément un siège. Luthor était-il vraiment sérieux ? Bien sûr, il cherchait de vrais appuis politiques et économiques pour être élu, et bien sûr qu’il ignorait à quoi occupait réellement ses nuits Wayne. Mais pour n’importe qui connaissant la vérité sur ces deux êtres, cette discussion était proprement ridicule ! Wayne eut un sourire aimable en écoutant Lex Luthor jusqu’à ce qu’il sorte cette photo et qu’il raconte tranquillement comment il avait modifié des êtres humains pour en faire des super soldats. Les yeux de Bruce s’agrandirent d’effroi. Il est vrai que Wayne enterprise fournissait l’armée américaine et ne faisait pas toujours dans la dentelle mais jusqu’à présent il n’avait jamais été question de forger des surhommes. Bruce croyait que la force humaine suffisait avec le bon entrainement, il en était l’exemple même. C’était la cervelle qui prévalait sur la force. Luthor aurait pu le comprendre s’il avait prit deux secondes pour le réaliser. Ce pourquoi il perdait face à Superman c’est parce qu’il cherchait à le détruire, mais s’il usait de toute cette énergie et de sa réflexion pour autre chose, il pourrait sauver la terre de la famine ! Il serait un vrai super héros. D’un autre genre. Mais cela, Luthor était incapable de l’envisager. Sans doute qu’il était bien mal avisé de le juger, lui-même n’était pas l’être humain le plus stable et le plus sain de la terre.
« Vous parler de créer des surhommes. » Bruce Wayne secoua la tête. « Croyez-vous réellement que cela soit la solution, de créer encore plus d’être dotés de pouvoirs extraordinaires ? Nous avions un docteur à Gotham qui pensait améliorer l’être humain, savez vous ce qu’il est devenu ? Ses expériences l’ont transformé en monstre. Man bat. C’était un simple généticien à la base. Et Mister Freeze ? Il ne cherchait qu’à luter contre notre mortalité. Leur combat était on ne peut plus basé sur de bonnes intentions mais tous ont mal fini. Croyez moi, la solution n’est pas là. » fit-il en posant sa main sur la photo, l’abaissant. Il l’aurait bien prit en photo mais il n’avait pas prévu le coup. Lex l’avait prit par surprise. Il pouvait toujours tenté sa chance, ce qu’il fit en faisant preuve de maladresse et laissant la photo tomber à terre.
« Excusez moi, ce sujet m’est tellement à coeur. Si vous saviez comment cela a été un crève coeur de voir ces médecins éminents devenir des monstres… Pamela Isley était fiancée à Harvey Dent avant de… » Il laissa perler quelques larmes pour divertir l’attention de Lex Luthor jouant la grande scène du mélo drame. Le milliardaire excentrique avait un coeur finalement. Il finit par se pencher. Empêchant Lex de ramasser la photo avec un geste des plus magnanime. « Non, c’est ma faute, laissez moi la ramasser. Je m’excuse… » fit-il laissant le trémolo dans sa voix inflexer celle-ci alors qu’il ramassait la photo tout en la prenant en photo. Il doutait de la qualité ni même d’y voir quelque chose ne pouvant décemment user d’un flash mais au moins en aurait-il un double. Il se releva et donna la photo à Lex Luthor. « Croyez-moi créer une armée de surhomme ne sera jamais la solution. Nous en sommes tristement l’exemple à Gotham. »
Luthor dissimula se déception derrière sa morgue habituelle. Il n'en revenait pas. Le milliardaire de Gotham refusait sa main tendue. Au cours de leur conversation, Lex avait tout essayé sans succès. Il avait usé de cordialité, tenté de faire appel à sa rapacité et flatté son ego en lui proposant un poste d'importance si jamais il entrait à la Maison Blanche. Il lui avait même, chose rare, révélé son projet secret d'humain modifié par implants cybernétiques. Mais Wayne semblait rétif à s'associer à Luthor quelque soit l'argument avancé. Lex n'en revenait pas. Wayne semblait indifférent à l'idéologie ambiante sur les controverses méta-humaines. Il semblait dénué de cupidité contrairement aux autres riches. Il apparaissait comme dénué de convoitise et insensible au pouvoir. Mais alors que recherchait Bruce Wayne au fond de lui même ? Luthor enrageait, il l'ignorait et le premier notable de Gotham ne serait jamais sous son contrôle ou manipulable par lui s'il n'avait aucun moyen de l'influencer. Non seulement Wayne était plus riche que lui, mais en plus il était insensible à toutes les tentatives de Lex pour en faire un des siens. Luthor envisageait déjà la suite. Puisque ce maudit play-boy indolent refusait soutien et faveurs à sa cause, il fallait envisager de considérer Wayne comme un obstacle hostile, voir un ennemi en vue. Quand il serait de retour dans son building, Lex songeait qu'il serait temps de ressortir du tiroir tous les plans d'espionnage, de sabotage ou de vol de technologies chez Wayne Entreprise.
« Bruce vous me décevez sincèrement, j'avais espéré que vous seriez plus large d'esprit et plus réceptifs à mes arguments. »
Luthor affectait cet attitude du sage qui se donne beaucoup de mal pour un élève difficile. Évidemment il ne se doutait pas de la photo que Bruce prenait de ses expériences avec beaucoup d'habileté en catimini.
« C'est du gâchis Bruce, songez à ce que nous pourrions accomplir ensemble, Lexcorp et Wayne Entreprise, si nous mettions nos ressources en commun. Je comprend votre opinion sur les égarements scientifiques de ces savants de Gotham. Mais vous réaliserez bientôt que le seul moyen de contrer la menace méta-humaines, c'est d'en utiliser certains. Tous ces super-héros et super-criminels doivent être surveillés, certains doivent être contrôlés et certains parfois… doivent carrément dégager. »
Luthor rangea sa précieuse photo après que Wayne la lui ait ramassé pour lui. Lex jeta un regard perçant à son possible rival. Il y avait quelque chose de désobligeant dans la façon dont il observait Wayne. Pour la toute première fois de leur rencontre, Lex avait abandonné son regard affable et débonnaire. Il semblait scruter le chef de Wayne Entreprise comme s'il pouvait lire dans son esprit et deviner ses pensées les plus intimes.
« Ma proposition tient toujours Bruce. Pensez-y dans les semaines qui suivent. N'oubliez jamais que si vous me soutenez, vous n'aurez pas affaire à un ingrat. Mais si jamais vous faîtes obstacles aux ambitions de la Lexcorp, quel que soit le propos ou l'initiative… sachez que je ne suis pas un adversaire à négliger. Vous auriez tort de faire de moi votre ennemi Bruce. Même les plus nantis de notre société peuvent être victimes d'un regrettable incident… qu'est-il arrivé à vos parents déjà ? »
Lex afficha cette espèce de petite moue suffisante, avec son air de ne pas y toucher. Mais son regard indiquait clairement une lueur de sarcasme dans ses yeux.
Lex Luthor semblait vexé comme un paon. Bruce Wayne avait fait preuve d’une politesse affable digne d’un homme rompu aux mondanités. Après tout, pour survivre à ces soirées il fallait savoir dire non, de manière douce, aimable, mais ferme. Et Wayne avait joué à ce jeu toute sa vie, il était né dans ce monde là. Lex s’y était installé, une fois adulte, par la force de son ambition. C’était sans doute là toute la différence entre eux. Une différence fondamentale qui expliquait sans doute jusqu’à leurs noirs petits secrets. Bruce ne possédait pas cette ambition qui vous rongeait le cœur et l’âme. Il savait que la chance qu’il avait eu d’avoir des parents aimant, et une famille riche l’avait préservé de la criminalité qu’il avait pourtant patiemment étudiée. Comme il savait que parmi les PDG se cachait souvent des criminels, plus intelligents que ceux dans les rues de Gotham mais néanmoins des criminels qui détruisaient la planète, écrasaient la masse populaire, et s’enrichissaient sur le dos de leurs employés ignorant qu’ainsi ils nourrissaient la criminalité rampante. La plupart s’en fichait. Lex lui savait parfaitement ce qu’il faisait. Certains hommes sont nés pour faire le mal. Indéniablement, Luthor faisait parti de ces gens là.
Evidemment que Lex enrageait, mais au point de menacer de mort le milliardaire ? Bruce en fut estomaqué. Il ne se réjouit même pas d’avoir percé à jour l’homme, de l’avoir poussé là où il fallait qu’en public il soit. En réalité, il fut effrayé de savoir que cet homme là pourrait être réellement élu président. Un homme qui pouvait menacer quelqu’un comme Bruce Wayne. Que ferait-il à quelqu’un de moins médiatisé ? de moins riche ? de moins influent ? Il n’y avait qu’à se repasser les images de l’attaque de Gotham. Wayne devait se reprendre, et chasser la stupeur. Il pourrait diffuser l’enregistrement de cette menace porté à sa personne mais doutait que cela soit suffisant pour l’empêcher d’atteindre la maison blanche. La menace n’était pas claire et Lex pourrait toujours prétendre que c’est un faux. La vérité ne finissait pas toujours par exploser. Batman avait d’autres méthodes. Au fond, il était d’accord avec Lex, il fallait surveiller les mouvements de ces super vilains, mais aussi et surtout, les siens. Ses caméras espionnes, ses drônes et ses micros se déployaient dans les usines de Lexcorp, dans les lieux publics qu’il affectait fréquentés mais jusqu’à présent, les preuves manquaient. Et il risquait de trop attirer le regard de Luthor en insistant ce soir. Mieux valait éviter qu’il se méfie du gentil et insouciant Bruce Wayne.
« Eut égard à vos sponsors et vos soutiens, je vais faire comme si je n’avais rien entendu. Mais j’espère que vous avez conscience que ce n’est guère un discourt adapté pour quelqu’un briguant la maison blanche. Je conçois que mon refus poli vous déçoive, et que mon soutien aurait été quelque chose d’indéniablement utile à votre campagne, monsieur Luthor mais je pense que vous avez dépassé les bornes ce soir. » répondit-il d’une voix sèche sans pourtant être réellement dure. Il affectait un air affligé, de l’innocent qui se prend une gifle sans savoir pourquoi ni d’où elle vient. Son regard penaud se pose sur son nouvel ennemi. Bruce Wayne finit par le saluer. « Je préfère vous quitter avant d’entendre autre chose de déplaisant. » acheva-t-il en s’éloignant du candidat.
Un serveur s’approcha de Bruce Wayne pour lui proposer une coupe mais le milliardaire refusa d’un geste paraissant un peu vif, comme sur le coup de l’émotion. Le chevalier noir encaissait sans broncher les attaques personnelles mais Bruce Wayne était un esprit faible et fragile dont la mort de ses parents était un traumatisme cuisant. Le lui rappeler faisait de lui, à nouveau, un petit garçon en larme. Il sorti son téléphone pour appeler au secours son majordome, du moins, c’est l’impression qu’il donnait, bafouillant, perdant ses mots, avec une voix chevrotante. Sans doute en faisait-il trop, mais il fallait donner le change car il ne doutait pas que Lex Luthor l’écoute à cet instant ni qu’il surveille le moindre de ses gestes. Allait-il le rattraper ou bien allait-il le laisser partir et s’employer par la suite à le punir de son refus poli ? Sans doute, cela lui ressemblerait bien. Mais Wayne espérait qu’il ne s’attaquerait pas à Wayne Entreprise. Même s’il était détaché de la gestion de ses acquis, il appréciait grandement Lucius Fox et détesterait qu’il lui arrive quelque chose.
Le rejeton Wayne ne fut nullement intimidé par la menace sous-jacente de Luthor. Lex le mesquin affecta cet espèce de moue méprisante dont les riches et les puissants de ce monde avaient le secret. Il ne s'étonna guère de voir Wayne n'être nullement intimidé. Avec sa fortune qui était supérieure à celle de Luthor, il devait s'estimer à l'abri de toutes menaces. Et vu sa réputation de nonchalance et d'indolence, le patron de Wayne Enterprises devaient s'imaginer être inattaquable. Lex ne pouvait expliquer autrement cette fin de non recevoir complètement blasé qu'il avait reçu de la part de son alter-ego de Gotham. Luthor l'observa s'éloigner tout en serrant ses poings jusqu'à l'étouffement. Une perte de temps. Non seulement il n'avait pas réussit à se faire de Wayne un allié, mais en plus il était désormais certain que le milliardaire serait un obstacle à ses futurs plans. Luthor ne s'attarda pas et quitta l'Iceberg Lounge sur un pas rageur. Il s'engouffra dans sa limousine et passa aussitôt un coup de fil à ses sbires.
« Vous allez immédiatement envoyer plusieurs espions chez Wayne Enterprises. Je veux connaître le moindre signe de faiblesse de la société. Il faut à tout prix que je mette la main dessus. Il nous faut élaborer une OPA hostile dès que possible ! Comment ça c'est impossible ? Mais je sais que Wayne est plus riche que moi ! Je m'en moque, il ne pourra contrer une OPA et racheter toutes ces actions si on leur tombe dessus avec une rare agressivité ! Il n'aura pas le temps d'organiser une contre-mesure ! Le connaissant, le rejeton Wayne sera tellement occupé à prendre du bon temps avec une quelconque meneuse de revue sur une île des Bahamas, qu'il sera prit au dépourvu ! »
La limousine roula dans Gotham, elle passa sur l'un des ponts de la ville. Des nuages masquaient la lune, la visibilité était voisine de zéro. Luthor coupa son téléphone et regarda sa montre : 23h06. Les nuages défilèrent, la lune...
Fiche codée par NyxBanana
ça sent la mort
Dans l'abîme
...illumina une forme imposante qui s'avançait vers la voiture. Un individu massif déguisé en hibou. Lex écarquilla les yeux tout comme son chauffeur : qu'est-ce que ?
Le pare-brise explosa. Le tableau de bord dégringola sur les genoux du chauffeur. Un autre assaillant fringué en hibou apparut sur le côté. Avec une arme d'acier il fit éclater le volant et arracha le levier de vitesse. La voiture était morte, des mains ouvrirent brutalement la portière et arrachèrent Luthor pour le projeter sur le capot. Une main l'attrapa par le cou. Il lâcha rageur :
« De l'argent ? Vous en voulez ? Votre prix sera le mien. »
Rires de la part des hiboux :
« Nous sommes déjà très fortunés. »
Des mains le balancèrent au sol. Des mains le ramassèrent pour l'épingler contre la rambarde du pont.
« Personne ne se rend à Gotham sans que la Cour des Hiboux ne le sache. En particulier un homme aussi puissant.»
Les hiboux le suspendirent au dessus du vide. Luthor aperçut le fleuve vers la baie de Gotham en dessous.
« Qu'est-ce que vous voulez ? Mon influence ? On peut négocier. »
Un hibou agita un des enjoliveurs de capot de la limousine à titre de provocation.
« C'est notre idée. A partir d'un certain niveaux de menace, tout le monde devient raisonnable. »
Lex sentit une odeur d'essence. Sa voiture explosa. A travers le souffle brûlant il aperçut son chauffeur que les hiboux égorgèrent. Ils le balancèrent par dessus le pont. Ils ramenèrent Luthor sur le sol. Il leva les yeux au ciel. Il vit les nuages qui s'embrasaient. Ils lui collèrent un chiffon puant dans la figure.
…………………………
Il avait la sensation qu'une guerre chimique se déroulait en lui. L'odeur pouvait être du chloroforme ou du liquide à embaumer les cadavres. L'odeur signifiait qu'il était peut-être mort. Son pouls disait : NON tu es vivant. Ses lèvres le brûlaient, son nez le brûlait. Il avait un goût de chloroforme dans la bouche. Il étira les lèvres. Il sentit un tiraillement sur ses joues. Comme du sparadrap. Il essaya de remuer bras et jambes. Il essaya de se lever et resta rivé au sol par ses entraves. Il essaya de libérer ses bras et se brûla la peau sur les cordes de ses poignets. Luthor ouvrit les yeux. Un des hiboux fit pivoter sa chaise sur 180 degrés. Il vit la Cour des Hiboux. Tous ces nantis en costard avec des masques blanc qui buvaient du champagne. Il eut un malaise et sombra à nouveau.
…………………………
Il se réveilla dans un lit. Il sentit des brûlures de cordes sur ses poignets. Il sentit des fragments de sparadraps collé sur son visage. Il entendit des voix une pièce plus loin.
« Nous aurions du le kidnapper sans l'humilier, s'il devient président des USA, il voudra se venger. »
« Nous étions là avant Luthor, nous serons là après lui, nous avons apprit à penser en siècles. »
Luthor s'assit sur le lit et tendit l'oreille. Un hibou entra. Le leader visiblement. Un masque de Hibou stylisé. Un air d'autorité et ce complet gabardine qui lui donnait de l'étoffe.
« La fin de Batman donc ? Ça tombe bien, j’appartiens à un groupe qui travaille à la chute de la Justice League et Batman en est membre. »
Le hibou acquiesça ravit.
« Mais il y a un prix en échange de votre aide évidemment, et c'est ? »
« La tête de Bruce Wayne. Je soupçonne que vous en avez envie. Dans tous les cas, le moment venu. Les technologies de Wayne Enterprises sont à moi, et à moi seul. Ce n'est pas négociable. »
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