Before I'm Dead | Ft. Zatanna + libre pour la Justice League Dark.

"Before I'm Dead"

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

               Quand Akkad sombra sous la sécheresse impitoyable, que la cité ne devint plus qu’un vestige reflétant un passé aussi glorieux, qu’impie. Ishtar erra sans but, sans destination… Hôte de sa propre folie, entre ses mains le fléau de sa corruption ; la dague d’Asag qui avait servi à façonner son être, à faire d’elle la créature horrible et malsaine qu’elle était devenue pour la gloire de l’esprit du Mal qui n’avait rien à envier au Grand démon Pazuzu. Elle erra si longtemps sans boire et manger, qu’elle finit un jour par s’écrouler… Ce fut la première que son corps humain rendit son dernier souffle, que son cœur cessa de battre, et ce, après être devenue Ahmanet. Elle regrettait ce qu’elle était devenue, ce qu’on lui avait forcé à commettre. Elle avait pris la vie de son père et celle de sa mère, elle avait provoqué la fin d’Akkad, elle avait maudit sa sœur à l’éternité, la forçant à contempler son mari succombé à la maladie, tandis que ses enfants à la vieillesse sous son impuissance.
          Ishtar voulait disparaître, espérant qu’en faisant sombrer Akkad et les temples dédiés à la prière, le Grand Enlil lui-même descendrait des cieux pour la châtier, afin de protéger le peuple qui lui dédia sa foi. Mais il n’en fut rien… Elle marcha alors dans le désert sans fin, avec espoir que ce dieu étranger du nom de Seth n’est pour elle aucune pitié et l'achève dans son tourment. Et il n’en eut effectivement aucune. Elle mourra de soif avant même que la faim ne la tiraille sous la chaleur qui l’accablait. Cependant, alors que la nuit masquait le désert de son voile nocturne, Ishtar ouvrit les yeux à nouveau, ses poumons se remplissant d’air comme si elle émergeait des profondeurs du Nil. Elle continua à marcher, jusqu’ ce que le soleil ne se lève, que son corps réclame à nouveau de l’eau et que la mort finisse par l’emporter et qu’elle s’écroule comme elle l'avait déjà fait auparavant. Les jours, les mois, les années, encore et encore, elle mourut et revint à la vie dans un cycle qui semblait sans fin. Elle ne savait guère combien de temps elle avait marché dans ce désert, mais quand elle revint au lieu qui fut sien, Akkad avait longtemps disparue sous les sables.

             Son pouvoir pouvait influencer la réalité elle-même, si bien qu’elle fût à tort considérée par de nombreux mortels comme une divinité descendue sur la Terre. C’est pourquoi Isthar eut un jour l’espoir qu’elle pourrait vivra normalement et mourir comme tous les autres, si elle désirait être humaine en employant ses pouvoirs, qu’elle désirait ne plus être un démon… Ses facultés, pouvaient-elles fonctionner ainsi ? Quand après quelques années, elle remarqua prendre en maturité, un changement qui n’avait pas eu lieu depuis qu’elle était un démon, depuis que le rituel l’avait figé dans le temps, elle se remit à rêver de nouveau. Elle rencontra un homme, elle l’épousa, et même sans lui donner d’enfant, craignant la naissance du mal, ils prirent soin de ceux et celles que les guerres avaient arraché à leurs parents. Ishtar fut entouré d’une famille aimante quand sur son lit de mort, elle rendit son souffle. Mais dès lors que son cœur cessa de battre, l'espoir se brisa…
            La peau ridée et terne d'Ishtar redevint lisse et mâte, sa chevelure blanche reprit une teinte sombre. Quand elle ouvrit ses yeux sur son lit de mort, sous cette apparence identique à celle qu’elle avait le jour où elle devint un démon, elle comprit et elle pleura, reniant cette vérité, celle de l’implacable immortalité issue de la malédiction d’Asag. Il ne la laissera pas quitter ce monde, tant qu'elle n'avait pas accompli l'objectif de son existence. Elle abandonna son désir de mort, son désir de vieillir… Car le choix de vivre comme elle l’entendait, lui fut de toute façon arraché dès lorsque l’instrument qui fit d’elle Ahmanet, tomba entre les mains d’un jeune garçon ambitieux du nom d’Assurbanipal.    




       Faith fixa le propriétaire du Club, Harry, que lui avait présenté Zatanna il y a maintenant quelques années et qui lui avait permis de vivre une vie plus saine. Ils s’échangèrent un regard grave, alors que l’homme lui avait remis une lettre quelques minutes plutôt que Faith avait lu silencieusement. Son expression avait changé, elle semblait être devenue plus pâle au fur et à mesure de sa lecture jusqu’à ce qu’elle laisse tomber la lettre. Mais quand Harry vit ce que contenait cette dernière, il resta perplexe… La lettre était écrite en lettre cunéiforme comme sur le tatouage sumérien qui parcourait le corps de la chanteuse et dont il n’avait jamais cherché à comprendre la raison pour laquelle elle était tatouée de la sorte. Ce qui l’étonnait en revanche, c’était évidemment que sa chanteuse était en mesure de lire ce genre de chose, elle n’avait rien d’une archéologue. Mais qui donc lui avait écrirait une lettre dans une langue mésopotamienne morte depuis plusieurs millénaires, à ses yeux, ce n’était pas le genre de chose à faire pour passer le temps.
            Ça cachait forcément quelque chose, probablement en liant avec l’absence des camarades de Faith qui aurait du être présent deux heures plus tôt. Il observait la gothique qui, cette fois, affichait un regard sombre qui le choqua presque instantanément. C’était la première fois que voyait les traits de sa chanteuse se déformer à ce point sous la colère. « Faith ?! » L’interpella-t-il, mais elle semblait ne plus rien entendre, ses yeux fixant le vide. « Scott, Willow, Ramiel et Regan ne viendront pas ce soir, Harry. Annule, le concert. » Annonça la chanteuse qui mit sa veste tout en se dirigeant vers la sortie, sous l’incompréhension de son patron resté silencieux face au ton glacial que la gothique avait prit. Quand elle disparut à travers porte donnant sur l’extérieur, il ramassa la lettre et la contempla simplement comme si l’observer assez longtemps, allait finir par lui donner des réponses. Cependant, il n’en fut rien et Faith avait disparu.       




Gotham, Asile d’Arkham, 2021…

             Aux portes de l’Asile, dont les grilles qui donnaient sur le domaine n’inspiraient aucune sympathie pour les lieux, Faith contempla son téléphone… Elle avait reçu plusieurs messages d’Harry qui avait fini par s’inquiéter suite à son départ soudain. Il avait raison de s’inquiéter. Les lieux étaient plongés dans un silence de mort, rendant le domaine plus sinistre qu’il ne l’était pourtant déjà. Quand elle entra dans l’asile, tout était sombre, bien qu'elle put distinguer que les murs ensanglantés étaient recouverts de marque sumérienne écrit à lettre de sang. Dès lors qu’elle avança dans le hall d’entrée, elle vit alors ses camarades suspendus dans les airs de manière surnaturelle, rien ne les retenait et pourtant, leur bras étaient écartés comme s’ils étaient crucifiés sur une croix. Scott, Willow, Ramiel et Regan, les uns à côté des autres, inconscients. Elle avança jusqu’à être soudainement bloqué, incapable de bouger pour une raison qui la dépassait. À ses pieds, un pentacle d’une grande complexité, le genre que Constantine avait pourtant l’habitude de dessiner à coup de craie.
            « Peu importe son apparence, la reine reste notre reine après tout… Son humanité n’est rien de plus qu’une illusion. » La voix s’éleva et résonna à travers les lieux, elle semblait venir d’aucune direction particulière et tout à la fois, comme si les murs eux-mêmes parlait d’une même voix. Faith regarda à nouveau le cercle à ses pieds, c'était un genre de pentacle qui piégeait les démons à l’intérieur. Zatanna lui avait dit un jour que les protections de son Manoir pouvaient aussi lui être dangereux à cause de sa nature et son lien avec Asag, mais elle ignorait que ce genre de chose marchait aussi sur elle. « Vous n’êtes que des lâches, vous parler sans oser vous montrer. » Cracha Faith, alors que le silence gagna les lieux, poussant Faith à se demander si elle venait de froisser leur ego. « La reine pense que nous nous cachons, ne nous voit-elle pas ? » Annonça une autre voix, elle fut répondue par une troisième. « Sans doute, ne peut-elle voir qu’avec ses yeux humains, après tout, Isis a scellé ses pouvoirs. » Combien étaient-ils ?

             « Cette déesse dégoûtante a osé toucher l’essence de notre reine ? » Faith regardait autour d’elle, le fait qu’elle puisse les entendre était étrange en soit. Leur voix semblait désincarnée, d’outre-tombe. C’était comme entendre la voix de Boston, mais lui, elle le voyait. « Cela n’a pas d’importance, tout redeviendra comme avant une fois la dague du seigneur entre nos mains. » Faith releva les yeux vers ses camarades suspendus et cria. « Que leur avez-vous fait ? Répondez ! » Un autre silence gagna la salle, avant que plusieurs rires s’élèvent à l’union. « Notre reine est véritablement aveugle, elle pense encore que ce sont ses amis qui sont suspendus. Ah... Mais il est vrai qu'ils sont à contre-jour après tout. » La sorcière leva un sourcil, avait-elle foncé dans ce piège pour rien ? Elle savait au fond d’elle qu’elle faisait une erreur, mais elle ne voulait pas parier la vie de ses amis et musiciens sur une simple intuition. Pourtant, était-elle venue ici pour rien ?
           « Je sens votre déception ma reine... » Annonce une nouvelle voix, elle semble plus grave, plus intense, elle mit d’ailleurs fin au commérage des autres voix. « Peut-être seriez-vous soulagé d’apprendre que c’étaient bel et bien vos amis suspendus. » Le cœur de Faith se mit à battre de plus en plus vite, alors que la colère la gagna de nouveau. « Ils ont servi de sacrifice pour mes cavaliers… Ils auront la sainte mission de récupérer la Dague. » Après ses mots, Faith releva ses yeux vers ses camarades, mais ils avaient disparu. Cependant, quatre silhouettes se dessinèrent cette fois à son niveau, dans l’ombre, juste en face d’elle désormais et lorsqu’ils se révélèrent à la lumière, la sorcière reconnue les vêtements de ses amis. Toutefois, c'était-là des hideuses momies qui avaient pris leur place. La voix grave s’éleva et ordonna. « Ô mes cavaliers, moi, Gourmandise, je vous l’ordonne… Hormis Zatanna Zatara, dévorez quiconque approche ses lieux. »        




Oblivion Bar, 2021…

         Comme si rien n’avait échappé à Madame Xanadu, elle avait déjà réuni sa fine petite équipe pour secourir, pas seulement Faith ayant foncé tête baissée vers un piège pourtant évident, mais aussi les quelques rares survivants qui se démènent pour survivre à l'heure actuelle. Car même si les pires ordures pouvaient y être enfermées, il y a aussi ceux et celles qui gardent ces ordures. Cependant, que soient les docteurs ou les patients, aucun d'eux ne méritaient d’être les victimes d’un mal occulte qui n’avait rien à faire dans ce monde.
   

"Before I'm Dead"

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

               Elle avait beau rechercher toutes les ressources aux plus profonds d’elle, elle était incapable de faire appel à sa magie pour se libérer du cercle anti-démon. Elle arrivait difficilement à y bouger de l’intérieur, comme si son corps jusqu’au cou était enseveli dans du sable. Mais c’était maintenant qu’elle réalisait sa situation, que Faith comprenait qu’elle s’était bien trop surestimée, en plus d’avoir été bête de foncer sous le coup d’une colère qui, finalement, ne cessait de grimper. Car furieuse, elle l’était. Des larmes de rage n’avaient cessé de couler en apprenant ce que ces choses, ces démons, avaient fait de ses amis et camarades de son groupe musical. Quatre créatures momifiées qui ne semblaient possédées aucune forme de conscience intelligente, pourchassant uniquement l’objectif impie que leur avait donné leur maître, de toute évidence leur marionnettiste. Cette fureur l’empêchait d’abandonner, elle devait se libérer au moins pour éviter que les cadavres de ses amis, fassent du mal à Zatanna et ceux qui pourraient l’accompagner.
         « La nuit va être longue, je vais commencer le rituel, je vous laisse vous charger de la malédiction. Le frère de la Gardienne de la Dague se trouve à Seattle… À l’endroit même que le seigneur à marquer de sa présence ! » Annonça alors la voix grave qui appartenait sans aucun doute à celui qui dirigeait cette attaque. Il y eut un silence si soudain et si profond que Faith était capable d’entendre pour seule source de son sa propre respiration, comprenant que ceux qui suivaient ses ordres, venaient de se volatiliser. Et puis… Une douleur arracha Faith à cette contemplation du silence. Sous le choc et se trouvant incapable de retrouver son souffle, elle baissa son regard au niveau de sa poitrine, remarquant alors qu’une lame incurvée et ensanglantée, semblant appartenir à une khopesh, dépassait de sa poitrine. « Navré, ma reine, mais vous devez mourir avant l’arrivée de vos alliés. » Susurra l’homme qu’elle put enfin apercevoir dans son dos, tout comme elle, sa peau était marquée de lettres Cunéiformes qui se lisaient uniquement dans la langue du démon.  

           Alors que la conscience de la gothique sombrait au fur et à mesure, elle fixait avec incompréhension l’homme dont la pâleur lui rappelait un certain vampire pour qui son cœur commençait à être épris. « Pourq… » Elle était incapable de finir un simple mot, sa voix étouffée par le sang qui remplissait déjà sa gorge et qu’elle recracha. Elle ne comprenait pas… Elle pensait qu’Asag la voulait vivante afin qu’il puisse renaître en ce monde. Pourquoi provoquer sa mort ? Ses objectifs, avaient-ils changé entre temps ? « Meh… met... » Elle n’y pensait qu’au moment où elle sentait sa vie la quitter sur ce sol froid et humide, à ce familier sur lequel elle avait tant de fois dû compter… Et elle se demandait pourquoi elle ne l’avait pas invoqué avant d’entrée dans cet Asile. Elle était stupide, folle, incapable de former des idées claires et raisonnables dans son esprit. Et maintenant que se savait seule, impuissante, elle se rappelait qu’elle avait toujours agi de la sorte.
         Fuyant le danger et la réalité en se noyant dans l’alcool, en faisant comme si sa vie n’avait pas d’importance. Et à nouveau, elle avait cru que rien ne l’atteindrait en se lançant dans cette bataille sans cette expérience solide qu’avaient John, ainsi que Zatanna. La magie lui était en un sens monter à la tête, elle le regrettait… Car finalement, cette vie qu’elle rejetait autrefois, elle avait enfin su s’y attacher. Bientôt, l’obscurité mentale la saisissait, celle de la conscience s’éteignant et qui l’aveugla pour mieux l’étouffer dans le silence de l’éternité.

 

           

Mais l’obscurité ne dura pas, ni même le silence… Au début, il y eut que ce chant qui se fit entendre comme un écho, je reconnaissais la voix grave de celui qui m’avait planté cette épée perforant mon coeur. Le chant restait lointain, comme si un mur l’empêchait de m’atteindre et de me permettre de l’entendre avec clarté. Mais une lumière se rapprocha quant à elle, de plus en plus intense. Puis l’obscurité fut remplacée par un paysage désolé, alors que les cadavres gisaient autour de moi. À mes pieds, un homme rendant son dernier souffle de vie sous la lame d’une épée que je tenais entre mes mains, enfoncer dans sa gorge. Un homme me prit par l’épaule, mais sa voix me parvint à peine. « …lève-toi… ennemis… Xerxès… approchent ! » L’homme que je venais d’abattre avait une armure qui m’était familière et celle de l’autre homme qui me força à me relever aussi. Ce dernier rajouta cette fois plus clairement… « Les Spartiates ont répondu à l’appel des Athéniens, nous devons prévenir Xerxès. » Et pourtant, malgré le ton qu’il employait, j’observais l’océan qui s’étendait à l’horizon, juste en face de nous.
           « Ils disent que leur dieu, Zeus, est intervenu pour détruire nos navires la nuit dernière… N’étais-tu pas une déesse, toi-même ? Ne pourrais-tu pas faire déchaîner les éléments pour anéantir la vermine grecque ? » Sa voix me semblait agaçante, si bien que rien qu’à l’entendre cela pouvait amplement suffire à me laisser entraîner dans le courant de la furie. Mais je restais calme, mon regard se posant sur les corps de nos morts et ceux de l’ennemi. Un regard que je savais lasse, mais aussi mélancolique. Je répondis alors... « Il souhaite être l’unique Dieu de l’Empire Perse, ne tolérant mon existence qu’à l’idée qu’il détient le pouvoir de me dire quand et où, je ferais déchaîner les éléments. » Mais me laisser faire usage de mes pouvoirs, c’était lui rappeler qu’il n’était finalement qu’un mortel, qu’il n’était qu’une fourmi dont le temps finirait par l’effacer de l’existence. Alors, il préférait encore me rabaisser à combattre ses ennemis tel un pion oubliable.

             Mais j’étais bien plus que ça, car même sur le champ-de-bataille, j’étais une stratège dont le savoir et sagesse dépassaient plusieurs fois les vies des plus humbles des philosophes. Des batailles, j’en avais vu et revu, nul lame n’avait la dextérité de me pourfendre, car une guerrière, j’étais devenue en tant qu’Akkadienne et princesse de Kish. Ma lame et mon art du combat que le temps et l’expérience s’étaient chargés d’affiner, suffisaient à offrir une belle mort au guerrier de Sparte. Car s’il me privait de mes pouvoirs, lui qui détenait la dague me scellant à sa volonté. Je restais Ishtar, fille de Naba et Gamsiry, père impie, mais de son temps, grand doyen des savoirs de notre peuple, scientifique comme occulte.
      Mon esprit semblait léger, alors que j’approchais l’océan, non-dérangée par l’appel du pion clamant qu’il fallait retourner auprès de son faux dieu. Une vague toucha mes pieds, remontant jusqu’à mes chevilles. Je regardais alors mon reflet dans l’océan, c’était forcément moi, mais je ne me reconnaissais pas. Et pourtant, revoir ce visage avait suffit à m’emporter dans un tourbillon de souvenir. Je revoyais la cité d’Akkad, si splendide. Je me revoyais me chahuter avec ma sœur portant le même visage que le mien, puis l’aimer comme si rien ne s’était passé. Mère m’apprenait à être une femme et comment me préparer à être une épouse, puis comment devenir une mère comme si mon destin allait être tout autre. Mais je fus envoyé à Kish pour étudier des sciences pourtant interdites aux femmes, pour revenir à Akkad afin de m’exercer à l’art du combat, comme si l’on me préparait à la guerre destinée aux hommes. Je devais apprendre à penser comme un roi menant des armées et gérant des bataillons, plutôt que comme une princesse qui se devait de savoir comme s’incliner devant son roi.
 
          Mon passé m’avait toujours semblé loin, mais l’était-il vraiment au final ? Je voulais connaître mon histoire, savoir qui j’étais, mais voulais-je vraiment me rappeler de cette Ishtar, dont la gloire passée suffisait déjà à voiler mes actes récents, ainsi qu’à reconnaître que cette Faith n’était ni plus, ni moins une honte face à tous les efforts qu’à avait pu faire Ishtar. Pourquoi me rappeler qui j’étais, maintenant que mon cœur avait cessé de battre ? Était-ce pour mieux souffrir des regrets qui commençait à me submerger ? Mieux me faire prendre conscience de la folie et de la bêtise qui m’avait poussé à conquérir Arkham sous une simple colère immature. Elle était belle la gothique, à côté de cette immensément plus sage guerrière Akkadienne. Elle et moi, désormais, je nous avais tuées aussi bêtement que je respirais autrefois l’air crasseux de Gotham. Je n’aurais jamais cru qu’on me rappelant d’un morceau de ma vie, je puisse devenir jalouse de mon propre passé.
           Car cette femme qui n’était plus moi, que je me sentais incapable de redevenir, me donnait l’impression d’être indigne de la vie qu’elle m’avait laissé. Et sans doute avais-je raison de le croire quand j’avais finalement trépassé sous la lame d’une épée qui ne l’aurait jamais atteint, elle, de son vivant. Je pouvais m’empêcher de songer que si j’avais une chance, je voudrais quand même tenter de me rapprocher de cette existence qu’elle avait. Non… De cette existence que j’avais…

          Quand Zatanna entra dans le domaine de l’Asile, les grilles se refermèrent d’elle-même dans son dos, bien qu’aucun mécanisme ne le permettait. Et pourtant, dès le moment où elles s’étaient fermées, c’était comme si le monde extérieur bien que toujours visible, n’existait plus en dehors du domaine d'Arkham. Comme si deux réalités coexistaient sans vraiment se toucher, la question était : si, la Zatara avait pu sentir cette impossibilité de revenir en arrière et de quitter ces lieux ? Un homme au crâne rasé qui jusqu’à alors semblait intéressé par le nombre de cadavres de pigeons qui semblait parsemer le jardin, se stoppa quand il vit la magicienne. Il portait la tenue de tous les pensionnaires de cet Asile, dont les manches, d’ailleurs toujours scellées dans son dos, étaient recouvertes de sang. Pourtant, assis tranquillement, les jambes croisées tel un gentleman, il contempla la magicienne quand elle demanda si Faith était là. Il eut un regard fou au début, avant de se mettre à rire frénétiquement comme s’il était soudainement agressé par de milliers de chatouilles non-désirables.
         « Ouiiii, où es-tu donc chère foie, ahahahahahah ! Tu nous manques par ici ! Ô Foiiiiiiie, oùùù es-tuuuuu, nous voulons prier ce soiiiiir pour sauver nos pauvres âmes, oh oh agagag ! » Il se leva et couru à l’intérieur de l’asile, enjoué… Quand après qu'il disparut, l'instant d'après, une silhouette apparue et semblait un moment intéresser par la magicienne au loin, depuis l’encadrement de la porte qui donnait sur le hall d’entrée de l’Asile d’Arkham. On y reconnaissait une femme à la peau mate et à la chevelure sombre ondulée. Mais elle disparut elle aussi, aussitôt à l’intérieur du bâtiment où régnait une sombre obscurité contrastant avec la lumière du jour extérieur. Une obscurité non-naturelle qui absorbait tout luminosité quelconque naturelle ou surnaturelle. Cela faisait plus de 24 h que Faith n’avait plus donné de signe de vie, malgré les efforts de madame Xanadu pour prévenir la ligue à laquelle elle appartenait désormais.
   

"Before I'm Dead"

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

               Dès le seuil de la porte, il était impossible de distinguer une quelque forme ou relief à l’intérieur du bâtiment. Il n’y avait rien de plus qu’un mur de ténèbres, le reflet du jour semblait comme démarque une limite dans cette obscurité, un reflet lumineux qui semblait bien incapable d’atteindre le fond la pièce. Comme si l’obscurité était ici une créature palpable et surtout opaque. Le faisceau lumineux devrait aller plus loin et pourtant, le reflet au sol ne semblait pas vouloir s’éloigner du seuil de la porte d’entrée, si ce n’est que de quelques malheureux centimètres. C’est dans ce néant absurde que la magicienne décida d’entrer, alors que sa voix s’élève, mais sans aucun écho. Celle-ci semblant s’étouffer dès les premières notes de sa douce voix ésotérique. Impossible de se repérer à l’aide de la lumière, mais aussi à l’aide du son… L’asile était immense, vide, silencieux et pourtant, le son se mourait au lieu de se répercuter à travers les pièces et couloirs potentiels. Et pourtant, c’étaient des mots guère ordinaires dont avait employé la magicienne…
         Des mots imbibés de magie, mais était-ce suffisant pour vaincre celle qui faisait régner l’obscurité capable d’absorber lumière, son et chaleur… Car à présent, un froid terrible commençait lentement se glisser à travers la chair de la magicienne. Mais était-ce là un froid ordinaire, ou bien le sinistre signe d’une présence autour d’elle, qu’elle était bien incapable de discerner. « Un, deux, trois… SOLEIL ! » Cette voix est reconnaissable et l’homme semblait en jaspiner les mots directement à l’oreiller de Zatanna pourtant, rien n’était à côté d’elle. « Foi… Ô, où es-tu ma douce foi ? » Le silence sembla revenir… Est-ce que Zatanna avait fait d’autres pas depuis qu’elle avait franchi le seuil de la porte ou la prudence l’avait gardé de prolonger son voyage vers le parfait inconnu ? L’un ou l’autre, l’entrée avait disparu derrière elle, les ténèbres semblaient ne laisser aucune luminosité atteindre son regard et par conséquent, même si l’entrée était à quelques mètres d’elle, elle n’en verra aucunement la clarté.      

            Mais après un laps de temps, le silence et l’obscurité qui pouvait faire perdre toute notion de l’espace et l'équilibre au plus robuste des hommes, furent brisés par un son lointain. Un son et non plus une voix qui frôlait l’hallucination. C’était un repère, son seul et unique ancre lui permettant de ne pas se laisser emporter par la perdition et la folie qui gagnait davantage ses lieux dans ses terribles voiles d’ombre. Plus on approchait du son, plus cette dernière se marquait d'un rythme qui devenait de plus en plus agressive… C’était comme entendre des tambours de guerre et pourtant, nuancer dans une mélodie que la magicienne pouvait désormais reconnaître comme étant l’activité de drums, guitares, violons, mais tout ceci étouffé par une porte qui n’attendit guère d’être poussée pour s’ouvrir face à la présence de la Zatara, désormais baignée cette fois dans des nuances de lueur pourpres et extravagantes de ce concert.
             En face d’elle, une foule déchaînée et devant cette publique un groupe de nu-metal, mis quelquefois en valeur par des jets de feu spectaculaire. Levant la tête, un ciel nocturne et étoilé s’offre à qui veut bien en admirer son plafond céleste. Autour de la scène, de cette foule en folie, un océan de dune se perdait jusqu’à l’horizon. Arrivant alors soudainement depuis l’obscurité des cieux, la vedette de la soirée atterrir jusqu’à son micro, flottant comme si elle était à l'abri de toute pesanteur, enchaînant ses premières paroles. Elle avait une apparence qui malgré le maquille gothique, n’échapperait aucunement à la magicienne… C'était Faith ! Son regard croisa alors celui de Zatanna avant de commencer à chanter.


               Le regard Faith n’avait pas quitté celui de Zatanna, comprendrait-elle le message… Elle n’avait plus le choix, ils arrivaient. Les ténèbres engloutissaient à nouveau les lieux et avant même que la scène ne disparaît, les quatre musiciens composant le groupe de Faith se momifièrent le regard tourner vers celle portant la dague d’Asag. La magicienne de nouveau piégée dans l’Obscurité, peut toutefois entendre les cris des créatures l’approcher dangereusement. Le combat avait d’ors et déjà commencer et si elle perdait la dague que les fléaux d'Akkad sentant sur la magicienne, s’en était fini.