something wicked this way comes (justice league dark)

something wicked this way comes

this team... we don't have to like each other, do we?

Lysa Hora, Kiev, Ukraine :

Au plus noir de la nuit, sous la lumière blafarde de la lune pleine, une silhouette encapuchonnée se détache sur le sentier poussiéreux qui s’enroule tout autour de Lysa Hora. La démarche pressée, la silhouette emprunte ce chemin dans le sens de l’ascension, se pressant pour gagner le plus vite possible les hauteurs de ce que les sorciers et sorcières slaves appellent le mont chauve – une colline sacrée, lieu dédié de leurs sabbaths. Là-haut, au sommet nu et balayé par les vents, la magie de la terre est plus vivace, plus indomptable, plus électrisante – et Tetyana le sait, pour accomplir son dessein secret, elle va avoir besoin de toute l’énergie qu’elle peut trouver. Ses sœurs ignorent qu’elle s’est rendue seule sur le mont chauve cette nuit-là ; si elles l’avaient su, elles s’y seraient opposées, elle le savait. Alors tant pis : pour le bien de leur coven, pour celui de leurs filles, Tetyana était prête à briser les règles de leur communauté. Essoufflée, le cœur tambourinant dans sa poitrine, Tetyana parvient enfin au sommet du mont chauve. Il n’y a pas de temps à perdre. Si elles ne reçoivent pas bientôt de l’aide, alors… Tetyana frissonne, et lève les yeux vers le ciel chargé de nuages lourds et nerveux. Puis, Tetyana ferme les paupières, étend les bras, les deux pieds bien ancrés dans la terre – et elle laisse la magie s’élever de ce sol ancestral, résonner dans ses muscles, ses veines, ses os son esprit s’élever alors que ses lèvres articulent un sortilège comme une ritournelle. Peu à peu, elle perd conscience du monde qui l’entoure, ivre de ce pouvoir, entrée en transe, sa conscience au-delà de son corps et du réel. Elle change, Tetyana, abandonne derrière elle son humanité pour laisser la bête en elle prendre le dessus : et enfin, dans ce plan mystique au-delà du monde, Tetyana hurle à la lune, un son long, clair, et mélodieux, qui résonne à la surface des consciences et des rêves de ceux assez attentifs ou sensibles pour l’entendre. Un cri d’alerte – un appel à l’aide. Avant qu’il ne soit trop tard.

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Oblivion Bar, dimension de poche :

L’appel du loup arrache Madame Xanadu à sa transe, la propulse à nouveau dans son propre corps et dans le monde réel avec une violence étourdissante. Pendant un instant, la voyante reste figée, un sentiment d’horreur et d’appréhension glaçant ses veines. Quelque chose de terrible est en train de se passer. Quelqu’un est en danger. Quelqu’un appelle à l’aide. Aussitôt qu’elle reprend ses esprits, Nimue se lève et se précipite sur son tarot ; il faut qu’elle en sache plus, il faut qu’elle trouve la source de cet appel désespéré. Aucun appel mental, aucune vision ne restera ans réponse sous la vigilance de Madame Xanadu.

« Et tu es sûre de toi ? » « Mes visions et mes prédictions sont toujours exactes, Bobo. Si nous n’intervenons pas, ces femmes n’ont aucune chance. » « Nous, hein ? » De l’autre côté de son comptoir, Detective Chimp ricane, et d’un geste entraîné, porte un verre de whisky à ses lèvres simiesques pour le vider d’une seule traite. Autour d’eux, les quelques clients de l’Oblivion Bar ne prêtent pas la moindre attention à leur conversation, bien trop absorbés dans leurs propres affaires. « Et ça veut dire qui, nous ? » Le regard améthyste de la voyante s’arrête un instant sur le chimpanzé. Puis, d’un geste, elle fait apparaître un jeu de tarot sur le bois du comptoir. Lentement, sans quitter son ami du regard, Madame Xanadu retourne trois cartes, une à une, les révélant au grand jour ; puis en ajoute deux autres, faces cachées, juste au-dessous. Curieux, le détective observe les cartes retournées. Le magicien – symbole de lumière, de pouvoir, de connaissances et de raison. « Zatanna. » souffla Chimp en s’accoudant au comptoir, son intérêt piqué. La mort – symbole du changement, du passage d’un état à un autre, la fin d’une chose et le début d’une autre. « Deadman ? » demanda Chimp en arquant ce qui, chez un humain, aurait été un sourcil. Et enfin, l’ermite – l’étranger, toujours en marge de la société, l’observateur. « Constantine ? T’es sérieuse ? » « Nous n’avons pas le temps de plaisanter, Bobo. » « Ouais, ben bon courage alors. Aux dernières nouvelles, Constantine et Zatanna étaient en vadrouille je ne sais où, et Deadman probablement en pleine exploration karmique avec Rama Kushna. » D’un geste de la tête, il désigne les deux cartes encore dissimulées. « Et ces deux-là ? » A la surprise de Bobo T. Chimp, Madame Xanadu esquisse un sourire énigmatique. « Ces deux-là se révèleront en temps voulu. Elles ne le savent peut-être pas encore, mais elles sont déjà dans l’orbite de ce cercle. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’elles n’y arrivent. »

Trois invitations – trois sortilèges – voyagent de l’Oblivion Bar jusqu’à leurs trois réceptacles : Zatanna, Deadman, et Constantine. Mais ils ne seront pas seuls dans cette étrange aventure. Un peu partout dans le monde, les portes cachées de l’Oblivion Bar se mettent, dans le plus grand secret, à émettre une étrange énergie ; un pouls à peine perceptible, une lumière dont on a à peine conscience, à peine visible du coin de l’œil. Et quelque part dans ce monde, deux femmes, peut-être, ressentent-elles cet étrange instinct, comme un sentiment de déjà-vu, comme un cheveu sur la langue, qui les guidera jusqu’aux portes de l’Oblivion Bar.

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quelques précisions :

- Le résumé : Le monde est en état de siège, les troupes de Brainiac sont arrivées - et même si les attaques sont principalement concentrées sur Central City, Coast City, et Metropolis aux Etats-Unis, le reste de la planète n'est pas à l'abri d'attaques ponctuelles. C'est le cas de Kiev, en Ukraine, sujette depuis quelques jours à l'invasion. La communauté magique, habituée à échapper à toutes sortes de dangers, ne devrait pas avoir à trop s'inquiéter... mais la voyante Madame Xanadu a perçu, à travers une vision, un appel à l'aide provenant d'un coven de sorcières slaves dans les environs de Kiev. Pourquoi ce coven appelle-t-il à l'aide au lieu de se mettre à l'abri ? Les agents de Brainiac ont-ils réussi à les piéger, ou se trame-t-il quelque chose de plus sombre et de plus complexe ? Convaincue que quelque chose d'inhabituel se trame, Madame Xanadu convoque trois des membres fondateurs de la dénommée Justice League Dark pour mener l'enquête ; et son sixième sens la prévient que l'équipe comptera bientôt deux nouveaux visages... même si les deux concernées ne le savent pas encore elles-mêmes something wicked this way comes (justice league dark) 1968573457

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- Les participants : @Zatanna Zatara, @Boston Brand, @Rosalie Rosewood, @Faith Cross, @John Constantine.

- Qui comment pourquoi : Comme promis, voici notre petit sujet JLD qui sert à la fois de topic de groupe sympathique, et surtout à faire entrer Faith et Rosalie dans l'équipe pour un baptême du feu en bonne et due forme something wicked this way comes (justice league dark) 411127076

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Le but est donc à la fois de nous amuser avec une enquête en Ukraine, pour élucider le mystère de ce coven qui refuse mystérieusement de quitter Kiev malgré la présence des troupes de Brainiac, et d'intégrer nos deux petites nouvelles à cette équipe mal fagotée mais qu'on aime quand même something wicked this way comes (justice league dark) 1933588154

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je vous donne rendez-vous dans notre flood pour discuter des spécificités et nous organiser pour nous lancer something wicked this way comes (justice league dark) 2970347196

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- Chaque post fera idéalement entre 500 et 700 mots, mais en vrai, sentez-vous libres de faire comme vous le sentez something wicked this way comes (justice league dark) 3067265891

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on est là pour s'amuser, on est que cinq, ça reste tout à fait gérable, l'important c'est qu'on avance et que tout le monde s'amuse et y trouve son compte something wicked this way comes (justice league dark) 1994428178

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- Si vous avez des questions, vous pouvez MP @John Constantine ou les poser sur le flood du sujet something wicked this way comes (justice league dark) 1933588154

something wicked this way comes

C’était la première fois qu’elle rêvait depuis son arrivée au sein de la Pagan Nation. Ici, les nuits étaient dénuées de cauchemars, quoi que parfois courtes et animées. Elle préférait se dire que c’était le climat et pas les épices un peu louches qui accompagnaient des fois la nourriture ou le thé qui passait de main en main le soir lors de veillées au coin du feu. Au moins s’était-elle promis de ne plus tirer sur un seul joint préparé par Errol, appliquant un principe de précaution ferme destiné à lui éviter de se retrouver à nouveau à errer à poil entre les mobile-home en pleine crise de somnambulisme béat. Alors, les nuits avaient été douces, jusqu’à celle-ci. Elle reconnut la sensation quand, encore endormie, elle sentit qu’une partie de sa conscience était bel et bien réveillée. Un rai de lumière apparut dans ses ténèbres, comme une porte qu’on ouvre depuis une pièce éclairée. Et dans ce rectangle de lumière, une silhouette s’encadra. Pendant une seconde, elle crut que tout recommençait et elle se raidit, ses lèvres scellées incapables de prononcer le nom du démon. Puis elle distingua le haut de forme. La queue-de-pie. Les contours noirs comme de l’encre d’un magicien. « Zatanna… » Elle aurait voulu répondre, mais elle ne le pouvait pas. Derrière l’ombre chinoise de son père se dessinèrent des lignes, les contours d’un sommet aride et un cercle de silhouettes encapuchonnées, les bras levés vers un ciel lourd et gris. Et puis elle comprit. Ce n’était pas son père. Et ce n’était pas une porte. C’était un magicien, sur une carte de tarot, au sommet duquel deux yeux félins apparurent.

Elle se réveilla en sursaut et lança le bras sur sa gauche, sa main atterrissant sans douceur sur son front. « John ! » Elle tenta de calmer son cœur battant alors qu’une infirme partie d’elle en était encore à croire que c’était Nebiros qui s’était invité dans ses rêves. Mai ce n’était pas lui. Et en regardant John, qui était aussi réveillé qu’elle, elle sut qu’il le savait déjà. Elle repoussa les draps emmêlés et remonta les genoux sous son menton en lui jetant un regard dépité. Elle eut du mal à parler mais quand enfin elle le fit, c’était avec une certaine émotion. « On le savait… que cela finirait par arriver. » Et elle savait aussi que c’était là la limite de leur petite bulle de bienheureuse ignorance. Elle se permit pendant une seconde le luxe de s’imaginer ignorer l’appel de Mme Xanadu – elle était forte, celle-là, vraiment forte – puis jeta un coup d’œil malheureux à John. « Je vais y aller. Ne m’en veux pas, d’accord ? » Elle se leva pour se préparer, avec l’impression de commettre un crime. « Mais j’aimerais beaucoup que tu viennes, toi aussi. » Et, pour s’en tenir à ses nouvelles résolutions, elle ne comptait pas faire plus de lobbyisme que ça auprès de lui.

* * *

Le bar était toujours le même – forcément. Sa seconde d’angoisse s’évapora quand son regard se posa sur le décor familier et ses clients toujours aussi peu intéressés par leurs congénères. C’était reposant, une bonne transition. Elle referma le portail derrière John et avisa Mme Xanadu assise à une table dans un coin, et qui les regardait avec intensité. Zee la gratifia d’un sourire forcé mais alla d’abord au bar, derrière lequel, aujourd’hui, Bobo officiait. Les lèvres de Détective Chimp se retroussèrent en un sourire, et elle se saisit de la main qu’il lui tendait. « Ça faisait longtemps, petite fille. » « Ça faisait longtemps, oui. » Et ça lui faisait réellement plaisir de revoir Bobo. Il était en train de servir des verres, cinq exactement. Ooooh, boy. Elle s’accouda dos au comptoir pour chercher des visages familiers dans la salle, autres que celui de Xanadu qui continuait de les fixer comme pour leur dire de se magner de la rejoindre. Laissant John à son propre rythme, elle rejoignit la voyante d’un pas hésitant. Celle-ci ne la quitta pas des yeux alors qu’elle approchait. « Zatanna. Je savais que tu viendrais. » Zee se laissa tomber sur une chaise, dépitée. « Parce que je viens toujours ? » La voyante esquissa un petit sourire en coin et poussa une carte de tarot dans sa direction. Zee savait déjà laquelle il s’agissait en la retournant. Le magicien. « Parce que les cartes ne mentent pas. Je crois qu’elles t’ont bien assez laissée tranquille. Il est temps. Pour toi, pour tous les deux. » Le regard de Xanadu se posa sur John si fugitivement que Zee frissonna en la voyant faire. Mais elle resta assise bien droite et attendit que le reste de la bande arrive.

Codage par Libella sur Graphiorum

something wicked this way comes

Ils l’avaient su, mais ça ne rendait pas le retour à la réalité – à leur réalité, tout du moins – plus facile pour autant. La Pagan Nation, pour le temps que leur séjour avait duré, avait été la bulle d’oxygène, la cure de désintoxication dont ils avaient sévèrement eu besoin après des mois à flirter avec une noirceur qui avait bien failli avoir raison d’eux ; mais comme toutes les bonnes choses, leur répit touchait à sa fin. Est-ce que ça l’empêcherait, lui, John Constantine, de ressentir cette rancœur féroce mêlée de résignation alors que devant ses yeux dansait encore la vision cryptique envoyée, nul doute, par la même rabat-joie qui n’était pas foutue de passer un coup de téléphone, comme tout le monde ? Non. Mais la résignation, très vite, prit le dessus sur le reste, ne serait-ce qu’à cause de cette note dans la voix de Zee, de cette étincelle triste et presque craintive dans ses grands yeux bleus. Bollocks. Il avait le choix – mais en même temps, il ne l’avait pas vraiment. Qu’est-ce qu’elles valaient, ses bonnes résolutions, s’il la plantait ici et comme ça, sa princesse qui parle à l’envers ? « Evidemment que je viens. » soupira-t-il en repoussant les draps à son tour. Evidemment, qu’il venait. En espérant, cette fois, que personne ne se fasse avaler dans les tréfonds de l’Enfer ou ne passe un marché avec un démon.

Il était venu, mais ça ne voulait pas dire pour autant qu’il avait la moindre intention de faire bonne figure. A peine avait-il posé le pied dans l’Oblivion Bar à la suite de Zatanna, qu’il décida d’afficher sa tête des mauvais jours – parce qu’il fallait bien être honnête, pour une fois, et admettre qu’il n’avait aucune envie de rempiler ce rôle, quel qu’il soit, que Madame Xanadu avait l’air de lui avoir attribué sans lui demander son opinion. Madame Xanadu qu’il prit bien soin d’ignorer superbement, pendant qu’elle échangeait quelques mots avec Zee, pour tirer une de ses célèbres Silk Cuts de son paquet et trouver un bref instant de grâce dans les bienfaits de la nicotine. Clic, John referma son zippo, et attrapa au passage les derniers mots de la voyante. Tous les deux, hein ? « Go to hell, Xan. » marmonna-t-il dans sa barbe en snobant superbement la table des hostilités pour aller se réfugier au bar – avec la satisfaction de presque pouvoir entendre Madame Xanadu lever les yeux au ciel dans son dos.

« J’en conclus que ces ‘vacances’ ne t’ont pas rendu plus aimable, Constantine. » commenta Chimp derrière son comptoir au moment où John se hissa péniblement sur un tabouret. « Quel sens de l’observation. Tu devrais devenir détective, ou un truc du genre. » « Va te faire voir aussi. Et règle ton ardoise, tant que tu y es. » Krkrkr, régler son ardoise – sacré Bobo, ricana John sous cape, aussitôt de meilleure humeur. Evidemment, il en profita pour commander un gin tonic, et évidemment, Bobo le servit quand même, et pendant que le chimpanzé lui préparait son verre, John pivota sur son tabouret pour s’accouder au comptoir et contempler la porte du bar. « On attend qui d’autre ? » « Au moins Deadman, d’après le tarot de Xanadu. » « Supeeeer, on va rire. Laisse-moi deviner, j’étais le Mat ? » « L’Ermite, cette fois. » « Huh. Attends, ‘au moins’ ? » Chimp lui lança un regard entendu. « Elle a tiré deux autres cartes. Pas retournées. » Aussitôt, John darda ses yeux sur le duo offert par Xanadu et Zatanna, tout juste à portée d’oreilles. « C’est quoi cette histoire, Nimue ? Zee, t’es au courant de quelque chose ? » « Patience, Constantine. Elles arrivent. Je les sens. » Et le petit sourire au coin des lèvres de la voyante, loin de le rassurer, le poussa plutôt à échanger un regard avec Zatanna. Quoi que la voyante soit en train de manigancer, c’était rarement de bon augure, pour eux. Alors, un chouïa plus attentif, John s’empara de son verre, et en vida la moitié d’une traite. Quoi que Xanadu ait concocté pour eux, John était sûr d’une chose. La journée allait être longue.

AVENGEDINCHAINS

"something wicked this way comes"

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

Je n’avais guère voulu me réveiller ce matin-là et cela n’était point dû à une question de manque de sommeil, loin de là. Il s’avéra que pour la première depuis ma perte de mémoire, je pouvais enfin apprécier une nuit de sommeil sans craindre les conséquences qui s’en venaient sous le poids d’une fatigue cadavérique et d’un sommeil interdit. Mon regard fixait ce plafond, accompagné de ce sentiment de bien-être et de satisfaction, alors que mes pensées étaient encore tournées vers les derniers instants de ses songes longtemps fantasmés. Et je l’avoue, j’étais loin d’être prête à renouer avec cette réalité qui briserait peut-être cette illusion si fugace de sentiment de sécurité. Car je le savais, si de cette expérience ma théorie volait en éclats, alors assurément, je devais m’attendre à poser le regarder sur un environnement des plus déplaisant. Alors à quoi bon se précipiter quand je pouvais encore savourer ce moment de transition entre le monde des rêves et celui de la réalité.
Toutefois, ce moment se brisa quand une silhouette suffisamment imposante pour occulter entièrement la lumière du jour à travers les rideaux à peine fermés, passa juste à côté de la fenêtre pour se rapprocher dans ma direction. Une bête que l’on pouvait confondre du coin de l’œil avec un ours, mais que l’on reconnaissait, si l’on prenait le temps à la belle contemplation, être finalement une lionne immense aux pelages noirs comme la nuit et aux prunelles d’or, brillant de feu dans l’obscurité d’une beauté saisissante et presque envoûtante. « Comment a été la nuit, Mehmet ? » Avais-je alors posé ma question, mon regard quittant le plafond pour se poser sur la créature mystique qui se posa alors sur ses pattes. « Je me suis rassasiée. » M’avait-elle aussitôt répondu, alors que je jetais un regard sur l’état de ma chambre, toujours comme neuve, mon cœur palpitant alors à l’idée que ma théorie trouva succès. « Je n’aurais donc plus besoin du sortilège de Zatanna. » Et je n’aurais plus le sommeil agité, non plus.

Je sentis toutefois quelques vertiges en me redressant, devinant que c'est du la force magique que continuant à absorber Mehmet dans son état. Cependant je ne pouvais qu’être satisfaite de ce que j’avais pu réaliser seule jusqu’à maintenant. Attrapant ma baguette sur la commande, je pointais cette dernière en direction de la lionne. « Shak’ram ! » Incantais-je alors qu’aussitôt, la créature fut entourée d’un halo d’or à peine perceptible, qui en changea sa forme majestueuse et immense, pour celle bien plus humble et plus petite d’une chatte au même pelage sombre. Je m’installais alors à mon bureau, pour y attraper ce qui me servait désormais de grimoire. Plume entre les mains, je me hâtais de compléter cette partie sur ce que pouvait permettre un familier. En plus de partager ses sens, ce dernier selon la forme qu’il pouvait prendre, pouvait jouer un rôle de protecteur. La théorie qui m’était venue en ayant eu pleinement conscience que la créature se nourrissait en permanence de mon essence, était qu’elle pouvait certainement absorber l’énergie qui s’échappait de mon corps pendant que je dormais, et ce, pour empêcher l’apparition des créations oniriques.
Voilà que j’avais trouvé la solution pour empêcher les rêves de se manifester et j’en étais fière, aussi bien qu’un sourire trouva une place sincère sur ce visage qui était le mien, trop longtemps resté rigide. Mon téléphone vibra quelques instants qui me semblèrent inutilement longs, c’était un message de mon manager, affirmant qu’un studio était prêt à investir sur le dernier album que je venais d’enregistrer et qu’un rendez-vous avez été proposé dans le courant de la semaine. Tout cela me semblait presque trop beau pour être vrai, peut-être n’étais-je pas prête à faire avec cette nouvelle réalité. Le privilège que je caressais sur la paume de ma main, je ne pouvais guère m’empêcher de me demander à quel moment tout allait s’effondrer ?

~~~ o ~~~

Je m’arrête devant une boutique où plusieurs gentils hommes s’étaient réunis pour y suivre les informations. Il semblerait que la situation dans les villes de Metropolis, Central City et Coast City étaient loin de s’être calmée. Il semblerait toutefois que peu de victimes étaient à déplorer. Pourtant, j’avais cru comprendre que des milliers d’individus étaient restés coincés à l’intérieur des dômes. Était-ce grâce aux héros sur place ? Sachet de course en main, je plongeais ma main dans le paquet de chips BBQ à moitié ouverte tout en fixant l’écran, quand une sensation m’envahit aussitôt. Sans lâcher la chips entre mes doigts je portais alors mon regard à l’opposé de l’écran où défilait les informations. Je croisais le regard de la chatte sombre posée à quelques centimètres de moi et qui me suivait partout, elle semblait regarder dans la même direction que moi. Ce que j'avais senti, l'avait-elle aussi senti ? N’était-ce donc point mon imagination qui me jouait des tours ?
Et sans que j’ai à le dire, la créature se déplacer d’elle-même, je la suivis simplement du regard avant de me décider à la suivre par simple curiosité. Il était en plus étonnant que Mehmet décide d’entreprendre une action sans recevoir d’ordre de ma part. Après quelques minutes, dans une étrange ruelle, Mehmet s’arrête devant une porte, silencieuse elle remua la queue. J’arquais alors un sourcil, contemplative malgré moi. Posant un regard sur la porte et sur le décor autour de celle-ci, rien n’indiquait l’endroit sur lequel donnait cette porte. C’était un bâtiment tout ce qu’il y avait de plus ordinaire, se fondant dans la crasse des ruelles Gothamiques. Et pourtant, cette porte dégageait quelque chose d’assez perturbant, de frustrant, car n’ayant rien pour réellement déterminer ce qui me tracassait avec cette sensation qui imprégnait mon être. Je fis claquer ma langue de frustration avant d’ouvrir la porte brusquement, dans la simple idée de faire disparaître cette curiosité. Je levais alors un sourcil lorsque mon regard se posa sur le décor des lieux, ce avant que mon regard ne croise l’apparence du barman.

Avant que je ne réagisse à cette étrangeté sorti d’un remake de la planète des singes, Mehmet entra dans le bar pour se diriger vers une table où se trouvait deux femmes. « Hey, non ! N’entre pas ! » Avais-je tenté de crier en chuchotant, oui, je vous l’assure, c’est possible. « Zatanna, cela fait longtemps. C’est moi, Zatiti… Enfin, Mehmet, maintenant. » Annonce le chat alors qu’il était monté sur la table pour s’asseoir juste en face de la magicienne que je ne reconnus que lorsque mon familier avait prononcé son nom, alors que je lui avais interdit de parler devant des gens ordinaires. C’est alors que je décidais d’entrer dans le bar, avec la sensation que j’allais faire une syncope sur place en imaginant comment expliquer la raison pour laquelle mon chat parlait, la porte se refermant aussitôt derrière moi. Cela dit, mon regard se portait sur la magicienne non sans m’interroger sur sa présence ici, avant de revenir sur l’apparence du singe qui ne semblait pas porter un costume pour l’occasion. « The f*ck ?! » Ce furent les seuls mots qui sortirent de ma bouche avec toute la délicatesse dont je pouvais faire preuve, c’est-à-dire aucune.

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Justice League Dark

You're sure I can't skip this one?

Nanda Parbat... Mon petit coin de tranquilité loin de tous les tumultes de l'humanité. Enfin, c'était pas vraiment le mien, il s'agissait évidemment juste d'une façon de parler, au mieux l'accès m'était gracieusement accordé par Rama Kushna. Un des rares trucs bien qu'elle ait fait pour moi, en somme. Ici je pouvais me poser, oublier ma mission karmique et les affres du monde extérieur, me resourcer tout ça bref, j'aimais bien. Surtout que les affres et autres tumultes du moment je pouvais pas vraiment dire que c'était mon rayon. Brainiac et les robots géants, on était aux antipodes de mon domaine d'expertise. Je veux dire, est-ce que ça se possédait un robot alien d'abord? Nan sérieusement, valait mieux laisser ça à la team cape et spandex.
Du coup voilà j'étais plutôt bien là, dans mon coin de la cité cachée avec mes potes Jojo le corbeau et Dudule la vache en train de... Méditer. Sisi j'vous jure, moi, Boston Brand, bavard devant les bavards, casse-nouilles extraordinaire, il m'arrivait de méditer. Et j'aimais ça en plus! Bon, pas trop au début mais avec le temps j'ai vraiment appris à apprécier. Le lieu y était sans doute pour beaucoup même si techniquement je pourrais le faire n'importe où vu que personne ou presque ne peut me voir mais on s'égare là je pense... J'étais donc en pleine méditation quand le doux CACAAAW de Jojo m'extirpa un chouïa de ma douce sies-... Méditation. CACAW qu'il me braillait à nouveau dessus, n'ouvrant sans doute pas les yeux assez vite à son goût. "Oui oui caca, je t'ai entendu..." lui lâchais-je d'une grimace agacée avant de poser le regard sur lui et... La carte posée au sol devant moi, dos vers le haut. "Ooooh nope, nope, méga nope. Certainement pas non." J'avais pas besoin de retourner cette carte pour savoir ce que c'était exactement. Les motifs imprimés d'or sur son dos me disaient déjà tout ce que j'avais besoin de savoir, c'était une carte de tarot. Pas la peine de me demander comment elle était arrivée là, je savais déjà. Tout comme je savais que malgré mon état d'ectoplasme, je pouvais la toucher. Mais j'avais aucune intention de le faire. Du moins c'était l'idée sans le regard insistant de ce cher Jojo, me foutant la pression comme jamais. Il commença d'ailleurs à ouvrir le bec à nouveau. "Caca oui je sais!" Et puis merde. Je la retournai et évidemment que c'était la Mort. Xanadu elle s'imaginait sans doute être super subtile mais elle se vautrait, méchamment. J'veux dire, "Je lui ressemble même pas en plus, à ce pauvre squelette." Le pire c'était qu'elle avait fait l'effort de l'affubler d'une tenue en lycra rouge... Subtil, je vous disais. "Nan mais sérieusement, je suis quand même pas aussi... Amincié, si?" Je posais la question à Dudule en lui montrant la carte comme si je m'attendais à ce qu'il me répondre alors qu'il n'était... Qu'une vache. Continuant de mâchouiller son bout de verdure, complètement indifférent à ma sombre détresse. "Merci, Dudule."

C'était pas la peine de s'attarder plus longtemps sur le sujet. Je faisais mieux de me mettre en route parce qu'évidemment on lui disait pas vraiment non à Nimue, la carte c'était la version courtoise, si je traînais trop elle me parasiterait sans doute la tête de visions incohérentes plus prise de tête que les stroboscopes d'une rave allemande. Carte en main j'empruntai donc la première porte que je croisai pour débarquer dans l'Oblivion Bar. A la table de Xanadu y avait déjà Zatanna, Constantine et... Un chat qui avait l'air de tailler une bavette? Super, ça annonçait pas du tout quelque chose de prodigieusement dangereux et catastrophique, du tout. Rien qu'à imaginer j'avais la migraine. Du coup au lieu de se lancer directement dedans autant retarder un peu l'inévitable non? Direction Bobo et son comptoir. "Chimp..." "Boston." me répondit-il en poussant un verre qu'il avait déjà commencé à remplir au moment où il m'avait vu franchir la porte. "Tu sais que... Je suis physiquement incapable de me beurrer la tronche hein?" "Bois, Boston, c'est probablement le seul endroit du multivers où tu peux encore le faire." Il avait pas tord, le détective. J'ignorais comment ça fonctionnait exactement, mais je pouvais toucher ces verres, et ingérer leur contenu. J'avais aucun des effets kiss cool, mais le simple geste avait quelque chose d'invariablement attrayant pour le mort que j'étais. Ce fut seulement après avoir bu mon verre (cul sec) que je la remarquai. Elle avait l'air si perdue, presque ordinaire, et pourtant terriblement mystérieuse. Elle était sans doute en train de se dire qu'elle avait fait une erreur ou qu'elle était arrivée là par hasard mais moi-même je pouvais le sentir, il n'en était rien. "Hum... Hello? Je suis dead" Obviously... Idiot. "...Man. Deadman. Mais mes amis m'appellent Boston. Parce que... c'est mon prénom." Le temps qu'elle digère le fait qu'un fantôme lui adressait la parole après avoir parlé à un chimpanzé lui ayant servi un verre, je montrai la carte à celui-cui. "Elle m'a encore envoyé la Mort. Je lui ressemble tellement pas à ce pauvre gus! Pourquoi pas un D sur son torse tant qu'elle y est." Je savais pas trop pourquoi ça me titillait autant, c'était juste une putain de carte de tarot. "Va la voir, Boston, elle t'attend. Et prends la demoiselle avec toi."
Ah bah vi, bien sûr, évidemment que Nimue était responsable de l'arrivée de cette belle inconnue. La pauvre, elle ignorait sans doute dans quoi elle venait de mettre les pieds. "Bon bah, c'est par là que ça se passe... Suivez le guide!" lui lançais-je avant de me diriger lentement mais sûrement vers la table de l'angoisse...

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Les journées passent… et se ressemblent étrangement, pour une apocalypse robotique. Pour protéger les civils endormis de Central City, Rosie et ses comparses multiplient les rondes, les incursions contre l’envahisseur, les missions plus ou moins suicidaires… Le tout dans la joie et la bonne humeur. Non ? Non, évidemment que non ! Plus que jamais auparavant, la fatigue se fait ressentir. La sorcière scandinave ne s’est pas encore remise de la première vague d’attaques – elle n’en a tout simplement pas eu le temps – et bientôt elle craint de ne plus être bonne à rien, sinon à être endormie avec le reste de la population. Ah ! C’est qu’elle regretterait presque de ne plus être morte, au moins elle avait la paix et elle ne cauchemardait pas sur ces horribles robots à chaque fois qu’elle osait fermer l’œil pour une poignée d’heures, toujours sous la surveillance de Black Adam qu’elle se surprend de plus en plus souvent à considérer comme un ami plutôt que comme un chef d’état avec lequel elle ne devrait entretenir que, tout au plus, des relations cordiales. Force est de constater que son attachement au Kahndaq est lui aussi exponentiel, elle semble avoir trouvé le lieu où poser ses valises pour un temps, aussi loin de la Norvège et de ses racines que ce soit. Elle se demande d’ailleurs à quoi la situation peut bien ressembler, là-bas. Sans doute est-ce tout aussi terrible, malgré les efforts coordonnés de tous les surhumains de la planète. Le nouveau métro-boulot-dodo de l’humanité est en accord avec l’année qui s’est écoulée : chaotique, sanglant et épuisant. Il est fort possible qu’une fois l’invasion terminée – en partant sur une optique d’optimisme naïf – que Rosie ne veuille plus rien avoir à faire avec la technologie, de près ou de loin. Une chance, au Kahndaq elle peut tout à fait s’en passer.

Boom. Nouvelle explosion, nouvelle salve d’éclairs qu’elle identifie comme ceux d’Adam et elle redescend sur terre. Ces maudites choses sont partout, aussi nombreux que les droïdes abrutis de Star Wars, à la différence près qu’ils savent viser, et bien. Une chance, elle aussi – plus ou moins. Accroupie derrière la carcasse d’une voiture carbonisée, Rosie s’apprête à s’élancer à nouveau quand quelque chose d’étrange, au milieu des ruines, attire son attention. C’est une porte. Une simple porte de bois, qui n’a rien à faire là, qui dénote clairement au milieu du décor. Une porte de laquelle émane une énergie magique indéniable et puissante, qui sent pulser comme un cœur et l’appelle… Une petite voix – pas un dieu, heureusement, qu’ils continuent à se taire – lui murmure qu’elle devrait résister, ne pas laisser sa curiosité l’emporter, mais elle se sent incapable de résister. Attirée comme un insecte par la lumière d’une bougie, elle se lève et marche avec détermination jusqu’à la porte, sans plus prêter attention au chaos qui l’entoure, oubliant sa mission, ses alliés, les civils à protéger. Comme obsédée, le temps d’une poignée de secondes décisives, par cette signature surnaturelle.

Rosie pousse la porte. Elle fait un pas. Elle… atterrit dans un pub ? Elle fronce les sourcils, pour le moins surprise. Pour ne pas dire absolument sceptique. Puis un léger sourire étire ses lèvres lorsqu’elle reconnaît certaines des auras magiques de la pièce. John. Zatanna. Et puis, deux femmes qu’elle ne connaît pas, un spectre qui doit très certainement être le célèbre Deadman, et le non moins fameux Detective Chimp – impossible de se méprendre, le concernant. Elle fait quelques pas dans la pièce avant de s’immobiliser lorsqu’elle réalise que tous les regards sont sur elle. Ah, oui. C’est qu’elle n’a pas fière allure, la petite sorcière. Elle est couverte de sang et de poussière, ses vêtements sont en piteux état, elle porte toujours un bandage en écharpe pour son épaule blessée et… Pour faire court, elle a l’air tout droit sortie d’un film d’horreur, comme la final girl qui a traversé l’enfer mais n’a pas encore tout vu. Et en fin de compte, ce n’est peut-être pas très loin de la vérité. « Euh… salut. Ça fait un bail… Vous m’attendiez ? » Son regard passe de John à Zatanna, de Zatanna à la femme au tarot. Elle retourne sa dernière carte à l’envers : l’Étoile. Rosie hausse un sourcil, puis les épaules. C’est plutôt bien vu. Elle se traîne jusqu’au comptoir du bar, se laisse tomber sur le tabouret à côté de John et sans aucun gêne, lui gin tonic et le termine cul-sec. « Alors ? Où est la bataille, cette fois ? » Désinvolture la plus totale. Elle a bien changé, la petite sorcière scandinave qui avait peur de son ombre.

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something wicked this way comes

Zee ne cessait de baisser les yeux sur les autres cartes de tarot posées devant elle. Cinq au total – le Magicien, l’Ermite et la Mort retournés. Pas besoin de chercher bien loin pour deviner qui allait répondre à l’appel de la Mort, enfin façon de parler. En réponse à la question de John, elle secoua la tête, le coude posé sur la table et la joue dans sa main, visage tourné vers le bar. Machinalement, elle leva la main et marmonna quelques mots, et des billets de dix dollars tombèrent de nulle part dans la jarre à pourboire toujours vide posée sur le comptoir. Voilà qui suffirait peut-être à couvrir l’ardoise d’un certain exorciste. Puis elle sentit un léger trouble dans l’air et la porte s’ouvrit pour laisser passer un chat. Elle le regarda traverser le bar jusqu’à une chaise à côté d’elle d’un air apathique, jusqu’à ce que le chat s’adresse à elle. Là encore, ça n’avait rien d’exceptionnel, si ce n’était que ce chat, c’était Zatiti, qui apparemment s’était trouvé une forme plus ergonomique que la précédente. Faith fit son entrée à son tour, la main quasi encore dans un paquet de chips et les yeux écarquillés. « Faaaa~ith ! » La magicienne sentit sa tête partir en avant, mortifiée, avant de la relever pour foudroyer Nimue du regard. Comment cette vieille bique avait pu faire une chose pareille !

Elle se leva pour rejoindre la jeune femme et lui fit le cours le plus accéléré de l’histoire de tous les cours de l’humanité sur l’endroit. « Bienvenue à l’Oblivion Bar, repère des créatures magiques de ce monde et des autres, et quartier-général officieux de la Justice League Dark, raison pour laquelle je le crains, tu es ici. Les gars, je vous présente Faith, elle est… » Mh… Bien, bien, bien. « Elle est la femme d’un démon majeur et l’incarnation d’une déesse millénaire », ça lui semblait un peu cavalier, comme première approche, alors elle conclut simplement, avec une vérité qui, elle l’espérait, suffirait déjà à calmer les choses : « … une amie. » Puis elle soupira et désigna le bar et les verres préparés par Chimp, comme pour lui dire « fais comme chez toi ». La magicienne retourna s’asseoir à sa place et tendit une main pour effleurer l’aura de Zatiti. « J’espère que tout se passera bien… » murmura-t-elle, ce qui arracha un bruit non-identifiable à Mme Xanadu, mais alors, Boston fit son entrée, et Zee retrouva le sourire. Elle le suivit des yeux jusqu’au bar, le trouvant, eh bien… inchangé évidemment. Et comme il entamait la conversation avec Faith, la magicienne reporta son attention sur la porte, qui s’ouvrait à nouveau : entrée fracassante de Rosalie Rosewood. Le cœur de Zee fit encore un bond, mais cette fois, pour d’autres raisons. C’était la joie de la revoir, l’inquiétude de la revoir, la peur de la revoir, tout ça mélangé, mais dans cette bataille homérique, ce fut le soulagement qui l’emporta. Elle regarda Rosie se laisser tomber sur une chaise à la table de la maîtresse Xanadu. Quelle bataille ? Grande question, mais finalement, elle n’y tint plus et tendit la main vers la sienne, avant de suspendre son geste. « Me laisseras-tu soigner ta blessure, Rosie ? » Ni bonjour ni merde, hein, elles n’en étaient plus là. Et en termes d’épreuve de confiance, sa demande se posait là. Comme il était loin le temps où elles buvaient des cafés ensemble et faisaient du shopping…

« Approchez, approchez », lança Nimue d’une voix rauque, à l’adresse de ceux qui traînaient encore au bar. Une fois qu’ils furent tous réunis – dont Faith et Rosie, à qui Xanadu décocha un de ses regards mystérieux comme si les deux jeunes femmes avaient l'habitude de se retrouver ici et de subir ce genre de scène d'exposition… mais Zee devait probablement s'estimer heureuse de ne pas voir débarquer Zauriel ou même Kent –, la voyante passa les mains au-dessus des cinq cartes qui s’élevèrent au-dessus de la table. « Je vous remercie d’être venus… oui, même toi, John, pas la peine de me regarder ainsi, je ne t’ai forcé à rien. Les cartes ont parlé. Un appel à l’aide a été lancé et il n’y a que nous, sur cette Terre, qui l’avons entendu, et qui pouvons y répondre. » Les cartes étaient désormais le terrain de jeu de minuscules silhouettes qui semblaient danser en une ronde éthérée. Des fois, les explications son et lumière de Xanadu étaient extrêmement immersives, pour ne pas dire terrifiantes, et Zee se contentait très bien de ça. « À l’autre bout de la Terre se trouve une montagne sacrée sur laquelle l’adversaire venu du ciel a posé le regard. Mais il n’est pas de votre devoir de lutter contre lui aujourd’hui. Aujourd’hui vous devez protéger celles qui protègent Lysa Hora. Là-bas se trouve un coven de sorcières, et elles ont besoin de vous. » Dans l’absolu, ils auraient pu se faire la bise et partir directement pour « l’autre bout de la planète ». Montagne sacrée, coven, sorcières en danger. Vu que de toute façon, Zee le savait, il n’y aurait pas de plan.

Codage par Libella sur Graphiorum

something wicked this way comes

Oh fuck indeed. Sa clope, John avait bien failli l’avaler, lorsque les cartes mystères de Xanadu s’était révélées – à part Boston qui n’était guère une surprise, et à qui John aurait préféré s’étouffer que de lui avouer qu’il lui avait un peu manqué, depuis leur dernière rencontre pour exorciser un démon hors de Zatanna, les deux nouvelles venues étaient… inattendues. Les yeux fixés sur le familier félin, puis sur l’énigmatique nouvelle venu répondant au nom de Faith, John l’avait ressenti, ce dérangement dans la synchronicité, comme une pièce d’un puzzle qui ne collait pas, comme un léger détail de travers dans une peinture autrement parfaitement exécuté. Et pour cause. Il le connaissait, ce visage – mais il était sûr et certain que la dernière fois qu’il l’avait croisé, il ne portait pas le nom de Faith. Et puis une autre silhouette, encore plus familière, avait fait son apparition ; et John, comme secoué d’un électrochoc, se leva de son tabouret par réflexe, manquant de lâcher son verre au passage. Rosalie. Rosalie vivante – enfin, toujours vivante, depuis qu’il l’avait arrachée au Valhalla sans lui demander son avis – Rosalie qui avait l’air de sortir tout droit d’un film de Michael Bay, Rosalie qui les regarda tout avec une tronche vaguement horrifiée, vaguement résignée, Rosalie qui lui piqua son gin sans qu’il ne pense même à protester. Dis quelque chose, John. Quelque chose d’intelligent, quelque chose d’humain, quelque chose d’un peu sympa pour lui dire que t’es content de la revoir. « … t’as une sale tête. Journée difficile ? » Parfait. Bien joué, connard. John se mordit la langue en tentant tant bien que mal de rien n’en laisser paraître, et, choisissant sagement de ne pas s’enfoncer encore plus dans sa propre médiocrité, alla s’adosser au pilier de bois derrière leur petit groupe. Joyeux petit groupe.

Forcé à rien, forcé à rien. « Ben voyons. » grommella-t-il, prêt à lui faire remarquer, à cette voyante à deux balles, que s’il n’était pas venu elle lui aurait probablement envoyé une flopée de visions plus horrifiques les unes que les autres jusqu’à ce qu’il cède. Et vu l’exposé qu’elle leur présentait, Xanadu, il était certain qu’elles auraient été vraiment flippantes, les visions. Un grognement lui échappa sitôt que les mots ‘Lysa Hora’ franchirent les lèvres de la voyante – et une fois ses explications terminées, John se détacha de son pilier en tirant sur sa cigarette. « Perso, j’ai rien entendu jusqu’à ce que tu ne nous envoies une invitation, donc ta flatterie, tu peux la remballer, Xan. Tu nous veux pour le job, personne d’autre. » Exhalant une bouffée de fumée, il s’approcha de la table, et sans demander la permission, s’empara d’une carte – rompant le sortilège du petit spectacle son et lumière qui leur avait été offert. « Lysa Hora, c’est en Ukraine. C’est un mont chauve – t’es en train de nous dire d’un coven slave a envoyé une bouteille à la mer dans le plan onirique ? Ces sorcières-là ne sont pas réputées pour se mêler au reste de notre club. On les voit jamais ici, d’ailleurs. » remarqua-t-il. Madame Xanadu, avec sur le visage un air d’exaspération mêlée de dégoût qu’elle semblait ne réserver qu’à lui, lui arracha la carte des mains – comme s’il risquait de la contaminer d’une étrange maladie rien qu’en la touchant. Elles étaient sacrées, les cartes de tarot de Madame Xanadu, tudieu. « C’est exactement pour cette raison que cet appel à l’aide est inhabituel, et qu’il faut que quelqu’un aille voir ce qu’il se passe. J’ai consulté ma boule de cristal : un grave danger pèse là-bas. » « Et moi j’ai regardé les infos. Les troupes de Brainiac sont là-bas. » « Brainiac n’est pas le problème. Ce sont des sorcières – elles pourraient lui échapper sans difficulté, mais elles restent là-bas malgré le danger que cela représente. La question c’est… »

Pourquoi. Okay – John devait bien l’admettre, Xanadu avait peut-être mis le doigt sur une bonne question. Pourquoi un coven tout entier risquerait de se faire hacher menu par des extra-terrestres en restant en plein milieu d’une invasion, alors qu’elles devraient, plus que quiconque, avoir les moyens de disparaître ? John resta pensif un instant, puis se pinça l’arête du nez et soupira longuement, sa clope coincée entre les doigts. Fuck. Maintenant, ils avaient une question sans réponse. Une réponse sur laquelle il avait, en dépit de tout bon sens, envie de mettre le doigt. « Okay. A supposer que quelqu’un ici soit assez marteau pour y aller : Zee et Boston, même moi, je peux comprendre. Pourquoi elles ? » D’un geste de la main, il désigna Rosalie et Faith. L’expression de Madame Xanadu s’adoucit, alors qu’elle se tournait vers les deux concernées – hypocrite, songea John. « Les cartes m’ont montré qu’elles auraient un rôle à jouer. » John leva les yeux au ciel. « Dans cette histoire, et dans cette communauté. Deux formidables puissances plus ou moins latentes, deux potentiels extraordinaires, même si je ne cerne pas encore exactement dans quelle mesure. » Et le libre-arbitre, tu connais ? se retint-il de demander. Mais l’heure n’était pas au débat, pas vrai ? « Vous aurez besoin d’elles, Constantine. Crois-moi. » … fuck. Qu’il détestait, quand elle prenait cette voix sérieuse, qui lui laissait deviner d’avance qu’elle avait raison. « … okay. » soupira John en enfonçant les mains dans les poches de son imperméable. « J’admets être curieux. Mais je refuse de forcer quiconque à venir. Rosie, ‘Faith’ – cette histoire pue le traquenard, personne ne vous blâmera si vous préférez botter en touche. » Puis son regard s’égara sur Zee, et sur Boston. « Ca vaut pour vous aussi. » Et pour une fois, il leur épargna même son numéro habituel de John ‘je-préfère-travailler-seul-gnagnagna’ Constantine.

AVENGEDINCHAINS

"something wicked this way comes"

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

Mehmet, cette espèce de lâcheuse ! Il y avait encore deux secondes, elle préférait me coller à la jambe... Que pouvait donc avoir Zatanna que je n’avais pas ? Fichue traîtresse. Ruminais-je intérieurement en sachant que mes pensées étaient bien évidemment entendues par cette peste poilue. Celle-ci me jeta un simple regard félin, celui qui vous disait avec nonchalance : ‘’T’es qui, humain ? Pourquoi tu me regardes, à genoux !’’. Mon regard s’attarda alors sur ce mentor du monde occulte qu’était Zatanna pour moi, lorsqu’elle annonça incrédule mon prénom. Elle vint aussitôt me rejoindre pour faire le plus terrible résumé du monde, avant de me présenter à ses copains, comme si de rien n’était. Ah ah. Cette brave Zatanna. Non, mais bordel ! Est-ce qu’elle venait de dire que ce bar était le repère de créatures magiques ? Qu’est-ce qu’elle veut dire par là ? Est-ce que je vais croiser des gnomes et des lutins ici ? Comment elle pouvait ne pas m’en dire plus et juste me laisser avec cette explication trop énigmatique !?
Je souriais d’un sourire si forcé que je crus que mes joues allaient fondre sous une horrible crampe, quand elle rajouta que j’étais une amie… Je sentais un creux dans mon ventre, ayant comme une intuition que cette précision était un moyen évident pour éviter de révéler à ces inconnus que j’étais une engeance démoniaque, glorifiée à tort comme une déesse par d’innombrables civilisations à travers les époques. Ce n’était pas comme si Zatanna ne m’avait pas déjà prévenu que certain de ‘’ses copains’’ pourraient ne pas apprécier mon existence en sachant ‘’qui’’ je suis censée mettre un jour au monde dans un avenir incertain et sans aucun doute dramatique pour moi et pour le reste de l'humanité. Forcément, je n’étais pas sûre d’être en mesure de leur offrir un sourire sincère pour le moment avec tout ce stress qui envahissait mon être... Je veux dire, ces gens pourraient m'exorciser si l'envie leur prenait de me considérer finalement comme une menace, non ? En plus, Zatanna connaît mon nom démoniaque. Elle pourrait les avoir renseignés. Merde, non, okey, je commençais à être parano là. « Ouais, je suis une amie, ouais... J’aurais bien dit que j’étais enchantée de vous connaître, mais c’est un peu la fin du monde dehors… Du coup, un whisky ne serait pas de trop pour moi. » Dis-je en me dirigeant vers le comptoir.

J’y déposais quelques billets coincés auparavant dans le fond de ma poche sans doute un peu crade, à cause de la cigarette tordue qui s’y trouvait et qui y perdait son tabac. Je sentis alors quelque chose, une chose que je n’avais plus senti depuis que j’avais quitté l’hôpital de la ville de Portland, dans l’état du Maine. Comment dire, c’était comme si mon essence réagissait face à cette présence, je posais alors mon regard sur la source même de cette étrangeté longtemps oubliée et qui soudainement, stimulait des sens dont je n’avais à peine conscience. Quand la chose se présenta comme étant dead… Je ne pus m’empêcher d’ajouter immédiatement et nerveusement. « Assurément ! » Quand il ajouta, que ses amis l’appellaient Boston parce que c’était son prénom, je lui demandais par curiosité. « Et ils sont morts ou vivants tes amis ? » Non vraiment, c’était une question existentielle là ! Certes, je la posais dû à la confusion engendrée par la surprise et le choc de parler à un fantôme, mais quand même... Est-ce qu’on peut se faire des amis mêmes après la mort ?
J’attrapais mon verre avant de suivre cet esprit, cette âme ou bien ce fantôme, spectre peut-être ? Il paraît qu’il y a une différence dans la définition et le sens qu’on donne à ces mots pour certaines personnes. Pour être honnête, de mon côté, j’y voyais la même connerie mystique pour tout vous dire. Mais en fixant ce Boston, je ne pus m’empêcher d’avoir un frisson en me souvenant du rituel qui avait fait de moi la chose que j’étais aujourd’hui, cette vile créature et propriété d’un antique démon. Je pouvais encore me remémorer la douce sensation dans ce rêve lointain, je pouvais sentir ce goût si unique et si mystérieux de ses âmes que j’engloutissais sous de macabres cris d’agonie, celles qui souillaient mon âme pour en faire une pure essence de ténèbres. Mais était-ce simplement le fruit de l’imaginaire onirique ? Ou bien, bel et bien un souvenir net, dont Zatanna avait d’ailleurs été témoin.

Une déesse, c’était ainsi la nature que voyaient en moi des ignorants mécréants. Moi qui n’étais pourtant rien d’autre que l’aberration issue d’une sorcellerie impie. Une monstruosité incomprise et pourtant idolâtrée par des fous, les mêmes qui voulaient me sacrifier au démon pour que celui-ci vienne en ce monde et le gouverne dans une sombre dictature infernale et dystopique. Je ne peux que respecter Finola, pour avoir porté sur elle tant de poids pendant si longtemps. Cela ne fait à peine qu’un an que j’ai découvert mes terribles origines et je me sentais déjà mentalement si épuisée, si démoralisée. Et sans la magicienne, j'aurais sans doute longtemps abandonné, en me laissant mourir d'ivresse dans un bar miteux de Gotham. Mais voilà que maintenant, on m’attirait aujourd’hui vers d’autres sombres aventures.

~~~ o ~~~

Installée à côté de Zatanna, parce que c’était bien la seule tronche qui me revenait à l’heure actuelle dans ce petit groupe de personnages hétéroclites. Sarcasme ? Du tout. Pourquoi ferais-je du sarcasme quand on a un singe, un fantôme, une magicienne, une voyante et même une réplique flinguée de Leonard Shelby du film Momento. Je fixais celle que Zatanna avait appelée plus tôt Rosie, tout en continuant à manger mes chips sans me soucier du bruit que je faisais en mâchouillant, ce, entre deux gorgées de Whisky. Elle était quoi elle ? Une fée ? La carte qu’elle avait retournée, c’était l’étoile après tout… Tout droit jusqu’au matin, hein Clochette ? Je regardais la dernière carte non retournée, j’imaginais et à raison qu’elle m’était destinée. Well. Je n’osais pas tellement la retourner, elle me semblait avoir fière allure ainsi de dos. Je ne voulais point gâcher cette aura de mystère qu’elle dégageait. Des excuses ? Que nenni.
L’excuse, s’il y en avait une, serait de prétendre comprendre ce qu’était le sujet de cette réunion, en acquiesçant de la tête avec un air intéressé. Mais je ne comprenais rien. À part qu’il y avait un appel dont nous avons été les seuls à entendre sur cette Terre… Mais que je n’avais pas entendu. Qu’il était question d’une Lysa Hora, que je ne connaissais pas et d’un Coven de sorcière dont je ne savais rien non plus. Et qu’elles avaient besoin de nous en plus de ça, merde alors. Ah ah. Ouais. Comment des sorcières pouvaient avoir besoin de moi, alors que je peinais à payer mon loyer dans les temps ? C’est moi qui aurais besoin d’elles pour me faire du fric plus vite à coup de sortilèges morbides et de sacrifice de bébés araignées. Non plus sérieusement. J’avais à peine réussi à trouver un moyen d’utiliser mes pouvoirs à temps pour pouvoir enfin me défendre seul face à cette invasion. Mais je ne voyais pas en quoi ma présence pouvait apporter une différence quand il y avait déjà une magicienne du calibre de Zatanna parmi eux qui éclipsait de loin mes capacités. Et puis, je n’avais plus de chips avec toutes ces conneries. Tristesse. Shelby demanda ce que je foutais là avec Clochette à la voyante ? Et j’avoue que la réponse m’intéressait fortement.

Apparemment, les cartes lui ont parlé… Ah, bah, oui, c'est logique, si les cartes le disent après tout… J’ai effectivement laissé mon rire éclater, sans doute était-ce un rire nerveux, ou un besoin de relâcher une pression invisible. Une fois que tous avait terminé de dire ce qu'il avait à dire et que Shel... Non, que John m’accordait le choix de ne pas les suivre dans ce bordel. J’avais alors cessé de rire et je m'étais levée, non sans reprendre un air grave et sérieux. « Je vois. J’avoue que je n’apprécie pas la façon dont les choses sont amenées. Cela me donne encore l’impression d’être soumise au poids d’une destinée inéluctable dont votre collègue Zatanna, a chié pour m'en libérer jusqu’à présent. Pardonnez le langage. Mais tout est soudain et forcé, ce n’est pas cool. Cela dit, je dois beaucoup à cette magicienne bornée, donc c’est en toute conscience que je suis prête à la suivre, ‘’elle’’ pour l’aider. » Je posais une main sur mon Familier qui après une caresse, s’avança vers la voyante et s’arrêta vers la carte non retournée.
« Mais vous, que savez-vous de moi ? Qu’attendez-vous que je réalise sans savoir ce que je suis ou qui je suis ? La mission semble dangereuse, vous seriez prêt à m’accepter ou mettre vos vies entre mes mains parce que les cartes l’ont dit ? Et que dit d’ailleurs cette carte-là, hein !? Mehmet ! » D’une griffe délicatement sortie de sa patte, le sombre chat au regard d’or retourna la carte. Je fixais la créature sur cette dernière, dégoûtée, mais pas étonnée. Qui d’autre que l’impie lui-même, le déchu, pouvait représenter au mieux ce que j’étais après tout ? « Je suis prête à suivre Zatanna, mais vous… Êtes-vous réellement prêts à m’accorder votre confiance sans rien savoir de moi ? »

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Justice League Dark

You're sure I can't skip this one?

Est-ce que j'avais choppé un dernier verre à Chimp avant de me diriger avec notre nouvelle venue vers la table de Nimue? Un peu ouais, effet Kiss Cool ou pas, ça faisait jamais de mal de se munir de liquid courage quand il était question d'aller voir madame soleil... Enfin, plutôt lune dans son cas. Carrément lune, même. Histoire de pas trop mettre mal à l'aise Faith, je répondis rapidement à sa question, tout aussi capitale et existentielle était-elle. "Vivants, complètement vivants. Généralement les morts pas passés de l'autre côté, soit ils sont grave à l'ouest, super loin dans leur tête, soit ils ont un compte à régler ce qui les rend un tantinet agressifs, genre crades grossiers violents, tout un tableau..." Anticipant l'éventuelle question suivante, je me permis d'enchaîner et conclure sur un rapide "Je suis ce qu'on pourrait appeler l'exception, ni l'un ni l'autre, juste le pauvre gars qui a rien demandé, championné par une ancienne déesse parce que... Les dieux mystiques et leurs toutes aussi mystiques raisons, ou un truc dans le genre." Pas la peine non plus de trop s'étendre là-dessus, car la marche jusqu'à la table de Xan était pas ce qu'on pouvait appeler une longue promenade.

Un petit clin d'oeil et un sourire pour Zee, un... hochement de tête pour John, toujours aussi ravi d'être appelé dans le coin et un haussement de sourcil pour Nimue et ses cartes. Trois retournées, deux encore de dos... Deux? Great, comme si je me sentais pas déjà assez désolé pour Faith, fallait en plus qu'une autre âme vienne subir les caprices des cartes. En parlant de ces foutus bouts de carton, je lançai la mienne, qui vint se poser au poil près sur son double physique, comme la simple copie fantôme qu'elle était. "Vous pourriez pas changer un peu la prochaine fois? Pourquoi pas le pendu? C'est bien le pendu. Bon d'accord il a des cheveux, mais il a la peau sur les os lui au moins." Disais-je sans me soucier le moins du monde de la véritable signification de la carte en question. J'avais juste vraiment du mal avec le spooky scary skeleton, j'avais pas besoin d'un rappel permanent de ma condition de non-vivant. Débarqua alors la dernière arrivante que... Je ne connaissais pas. Yay, more friends? La perspective me plaisait toujours mais comme dit plus haut, j'aimais vraiment pas l'idée que Xanadu prenait de plus en plus de gens sans trop leur demander leur avis dans ses missions qui avaient souvent cette fâcheuse tendance à nous dépasser légèrement. A contrario de Faith, Rosie, puisque c'était son nom d'après Zee n'avait pas l'air trop paumée, et semblait surtout étrangement enjaillée pour quelqu'un qui avait l'air d'avoir traversé les neufs enfers avant d'arriver.

Bref, vint le spectacle son et lumière de Xan, digne des plus grandes parties de holochess de Star Wars. On faisait ce qu'on pouvait quand on avait que la surface d'une table. Enfin pour le coup ça restait malgré tout assez flippant, avant que John n'interrompe le tout. Il était donc question d'une certaine Lysa, d'un mont sans tifs et de sorcières slaves. J'allais pas faire genre que j'avais compris mais j'en retenais tout de même qu'il y avait du mystère, de la magie, le tout dans une région sous l'assaut de Brainiac. La routine quoi, à part les killer robots from outer space. On avait pas encore commencé que je me sentais déjà dépassé. Heureusement pour nous, on avait la permission de notre briton favori pour botter en touche, trop bien. "Bon bah puisque John il a dit que je peux..." A peine avais-je fait demi-tour qu'un frisson des abysses parcourut ma fantomatique échine, me paralysant sur place. Dans un coin sombre et improbable du bar, j'ai cru comme apercevoir les prunelles dorées de Rama, me jugeant telle Héra dans le Hercules des nineties, avec cri de paon en écho et tout le toutim. "Je plaisantais, geez." murmurais-je en reprenant place, non sans une grimace. C'était au tour de Faith de s'exprimer. Visiblement elle se sentait redevable envers Zee et c'était pour ça qu'elle acceptait. Cool, sans doute pas malin, mais cool. Elle semblait s'inquiéter du fait qu'on ne la connaissait pas et qu'on ignorait si on pouvait compter sur elle. Pas besoin d'imaginer la réponse de Nimue, sa foi envers les cartes était à la limite du fanatisme, mais en ce qui me concernait... "On ne se connaît pas mais tu es apparemment une amie de Zatanna et ça me suffit. Si elle te fait confiance, tu as également la mienne. Ca vaut également pour toi, Rosie. Puis pour une fois, par rapport à nos alliés habituels, vous avez l'air normales, c'est rassurant..." J'attardai alors mon regard sur le fait qu'une avait un chat qui parle et l'autre l'allure d'une Lara Croft de fin de jeu, le genre qui avait survécu à un éboulement, une avalanche et un glissement de terrain tout en ayant allumé trois centaines de gus à coup de flèches dans l'oeil. "... Ou pas?" Je me tournai du coup vers John et Zee. "Je dois m'inquiéter en fait c'est ça?"

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Il n’y a pas si longtemps encore, Rosie n’aurait pas été aussi stoïque à l’égard de son propre état et surtout, face au sort plutôt tragique de l’humanité. Nulle expression sur son visage pourtant, à part peut-être celles exprimant la fatigue et la lassitude. L’alcool lui réchauffe la gorge et les entrailles, mais son effet n’est que trop éphémère. Quand Zatanna s’approche d’elle et lui demande l’autorisation de soigner son épaule, elle se contente d’un petit hochement de tête silencieux. Rosie semble être devenue une femme de peu de mots en quelques mots, avare de banalités. Ce qu’elle attend, c’est de savoir pourquoi elle est, dans ce bar pour le moins étrange, plus chargée en énergie mystique que n’importe quel endroit au monde – et les dieux savent qu’il y a en a pourtant plus d’un. Sans quitter son tabouret de comptoir, elle tourne son attention vers la femme qui a tout l’air d’une diseuse de bonne aventure, en bien plus impressionnante que celles que l’on peut croiser dans les fêtes foraines. Elle fronce les sourcils lorsqu’elle leur annonce qu’à l’autre bout du monde, des sorcières ont besoin de leur aide – et qu’apparemment, elle a un rôle à jouer dans cette histoire. Ah, merveilleux, encore une situation prophétique dont elle se serait volontiers passée. Un long soupir franchit ses lèvres et elle quitte son tabouret, non sans s’être resservi un verre, qu’elle prend avec elle. Rosie fait un mouvement d’épaule, constate avec joie que cette dernière est guérie et adresse un petit sourire discret à Zatanna. « Sans vouloir vexer qui que ce soit ici, je commence à en avoir ma claque qu’on me traîne d’un bout à l’autre du monde parce que j’ai soi-disant un rôle à jouer, pour une histoire de prophétie, de destin ou de je ne sais pas quoi… J’ai bien assez à faire avec les dieux qui cohabitent dans ma caboche. » Non pas qu’elle veuille laisser ces sorcières à leur sort ; mais il va falloir commencer à intégrer le concept du libre arbitre en magie. Rosie essaie, mais elle est incapable de ne pas éclater de rire lorsque Deadman suggère qu’elle soit normale. C’est plutôt tout le contraire, même si elle ne fait pas tache dans cette assemblée particulière. « Vous avez l’air en plutôt bon état, j’en conclus donc que vous n’avez pas encore réellement croisé les forces de Brainiac. Permettez-moi de vous faire un bref résumé de la situation… C’est la merde. Et je pèse mes mots. Ça fait des jours que j’aide à protéger la ville de Central City avec Black Adam, la Ligue de Justice et quiconque veut bien nous donner un coup de main. On parle d’une invasion de robots, d’androïdes ultra perfectionnés, et d’une technologie qui nous dépasse. Les paradémons de Darkseid sont vivants, on peut facilement les blesser et les tuer. Mais un robot, même en miettes, va continuer à se battre tant que son système sera encore en ligne. Comme vous pouvez le voir à ma tête, j’en ai fait les frais. Et des tas de gens n’ont pas eu autant de chance que moi. J’ai vu des gens comme Flash et Black Adam en prendre plein les dents. Si je n’avais pas invoqué Fenrir, j’aurais fini en charpies. Et si une Amazone ne m’avait pas soignée au mieux, je me serais vidée de mon sang sur le carrelage de Star Labs. » Elle hausse les épaules ; elle ne fait qu’énoncer les faits, peut-être pas de façon très rassurante, mais son optimisme a foutu le camp quand les troupes de Brainiac sont arrivées. « Je sais que nous avons déjà réussi l’impossible, mais les choses sont différentes cette fois. Et on ne va pas se mentir, la dernière fois où nous avons sauvé le monde, Fate était avec nous et a sans doute beaucoup aidé. » Rosie ferme les yeux, et lorsqu’elle les rouvre ils luisent d’une lueur écarlate lugubre. Elle reste silencieuse pendant de longues, interminables secondes. Elle observe. Puis elle cligne des paupières, ses yeux retrouvent leur vert rassurant. « Elles sont en train de se faire massacrer. » Elle serre les dents, secoue doucement la tête. « Merde, je n’aurais pas dû regarder. » Maintenant elle ne peut pas refuser de leur apporter son aide, la culpabilité la rongerait. Elle croise les bras et se tourne vers John. « Si tu y vas, je t’accompagne. Il faut bien que quelqu’un empêche un robot de te griller le derrière. » Voilà, comment se délester de toute responsabilité en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Qu’il ne se plaigne pas, elle ne fait que suivre son exemple. « Si tout le monde peut se porter garant de quelqu’un ici, j’imagine que cela règle plus ou moins cette histoire de confiance. Mais je vous préviens, si je meurs encore une fois, cette fois-ci je serai vraiment énervée quand je reviendrai. »

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Certaines choses ne changeaient pas et ça aurait dû être rassurant, sauf quand c’étaient les mêmes que la magicienne aurait voulu, pour une fois, voire changer. Comme toujours, à peine les membres et guest-stars de la Justice League Dark avaient-ils été réunis dans la même pièce qu’ils voulaient déjà tous se barrer. Zee avait écouté les autres parler tout en murmurant un sort pour guérir l’épaule de Rosalie, qui semblait avoir décidé de suivre les traces de son illustre cousin sur la voie du sarcasme, peut-être que c’était mourir qui faisait ça aux gens. En réponse à la proposition de John, Zee lui répondit par un pauvre sourire et un regard éloquent. Elle n’avait même pas besoin de le lui dire par télépathie, parce qu’il le savait déjà. Et elle savait, elle, en tout égoïsme assumé, que lui non plus ne se barrerait pas, pour ses propres raisons, et aussi un peu parce qu’elle l’avait piégé là. Puis elle tourna son regard vers Boston à la recherche de soutien, mais il avait déjà tourné les talons – même si pas pour longtemps. Visiblement, il s’était fait remonter les bretelles, façon déité. Elle ne put s’empêcher de sourire en le voyant revenir, soulagée. Pas question de ne pas l’avoir sous la main en temps de crise. Et de toute façon, elle savait déjà comment tout ça allait finir pour avoir assisté à ce genre de réunion des dizaines de fois.

Pauvre Faith, encore victime des circonstances, de ce que d’autres appelaient le destin. Si Faith partait maintenant, elle se retrouverait quand même à l’autre bout du monde avec eux, « comme par magie ». Zee, le cœur battant, n’était pas sûre d’apprécier que Faith aille au combat pour elle. Le genre de pression qui aurait suffi à la faire se rouler en boule sous une table en câlinant une bouteille de vin il y avait encore quelques semaines. Quand elle se leva pour parler, Zee croisa le regard amusé de Nimue. Grrrr. « Cela ne nous engage à rien d’aller jeter un coup d’œil. » Mensonge ! Mais sa voix était ferme, et elle regarda John – elle faisait illusion, là ? Ça se voyait qu'elle avait peur ? « Compte tenu des circonstances, si on voit que ça chauffe, on peut toujours s’en aller. Pas de folies. » Puis elle avisa Boston et sa voix se fit plus douce. « Vous savez que personne ne se souciera d’elles si on ne le fait pas. Les autres ont autre chose à faire, et pas nous, apparemment. » Ahah. Elle ramassa sa carte de tarot et fit quelques pas dans le bar. « Vous avez tous raison. Ça sent le traquenard, et oui on devrait s’inquiéter. Et on en est à entraîner en mission des gens contre leur gré. Faith, ne demande pas leur confiance : j’ai vu de quoi tu es capable, et je sais qu’avant la fin de la journée, ils te respecteront. » Et en une journée, c’était le maximum que la jeune chanteuse pouvait demander, n’est-ce pas ? Pour la confiance, on verrait plus tard.

Rosie leur avait dépeint un tableau tout à fait vivace de l’apocalypse à laquelle ils s’apprêtaient tous à tourner le dos pour aller sauver quelques sorcières. Mais connaissant Xanadu, il y avait probablement parmi ces sorcières la future mère du chef de la résistance qui, dans trente ans, viendrait à bout des armées robotiques de Brainiac. Alors oui, cela semblait anecdotique, mais elle faisait confiance à la voyante, quitte à être la seule, et quitte à pousser les autres à lui faire confiance à elle – et à en assumer les conséquences si ça se passait mal. « La dernière fois », comme disait Rosie, ça s’était teeeellement bien fini. Zee regarda de nouveau John. Elle n’irait pas jusqu’à lui demander de faire le discours sur comment ils allaient tous sauver le monde. Lui, il était chargé de la contredire. Est-ce qu’elle n’avait pas réendossé ses habits de neuneu sans peur et sans reproche un peu trop facilement ? Mais les paroles de Rosie lui avaient rappelé une promesse faite dans un jardin, la nuit, sous un ciel piqueté d’étoiles. Elle ferait sa part, puisqu’il faisait déjà la sienne. « Il y a des choses que nous seuls pouvons faire. Je fais confiance à la Ligue et à tous les autres pour mener leur bataille. L’issue de leur combat n’est pas entre nos mains, de toute façon. On fera comme d’habitude : on mènera la nôtre discrètement, à l’abri des regards. On n'a pas plus le choix qu'eux de toute façon, c'est se battre ou attendre sans rien faire, avec probablement le même résultat à l'arrivée. » Comme si c’était une raison pour aller se faire trucider – yay ! Mais Rosie restait une sorcière, et Zee savait toutes les femmes et sorcières qui se tenaient en permanence à ses côtés. Et Boston, aussi translucide soit-il, était celui qui parmi eux avait encore un cœur. Faith serait fidèle aux convictions dont elle avait déjà fait montre. Et John… John viendrait parce que…

Avec la carte, elle traça une ligne lumineuse dans le vide, formant une porte menant directement sur le lieu de la mission. « En tout cas, moi j’y vais. » Et si personne ne la suivait, ce serait le discours le plus ridicule de toute l’histoire des discours de l'humanité sur cette Terre et toutes les autres.

Codage par Libella sur Graphiorum

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Une prestidigitatrice, une Völva, une sorcière, un fantôme, et un escroc entrent dans un bar – ça sonnait comme un début de bonne blague, mais à son grand désarroi, ça n’en était pas du tout une. Et John avait beau y avoir mis toute son énergie et toute sa mauvaise foi, il semblait bien que Xanadu ait trouvé, en plus de ses trois idiots favoris habituels, deux nouvelles pauvres pommes à ajouter à sa collection de zinzins prêts à suivre ses foutues visions à l’autre bout du monde sans vraiment savoir ce qui les attendait là-bas. John bougonna un juron ou deux dans sa barbe, et n’accepta de se désintéresser de sa cigarette qu’au moment où la prétendument dénommée Faith, dont il persistait à penser qu’il l’avait déjà rencontrée et qu’elle ne s’appelait pas du tout Faith, à l’époque, vola un peu dans les plumes de Xanadu. Ha. Bien fait pour ta pomme, Xan’ ; quoiqu’elle n’avait pas l’air plus perturbée que ça, et que de toute façon, Faith acceptait quand même de venir avec eux. Boston faillit prendre la poudre d’escampette, lui aussi, avant d’effectuer un demi-tour un peu brutal – dur d’avoir une déesse dans la tête. Un à un, John détailla les visages de ses joyeux compagnons, et haussa les épaules à la question de Boston. « Si tu poses la question, c’est que tu connais la réponse, Boston. » soupira-t-il en soufflant la fumée de sa cigarette en l’air. Puis ce fut Rosie qui prit la parole, pour leur remettre un peu de plomb dans leur tête à tous, idiots qu’ils étaient, et une exclamation d’indignation étouffée lui échappa. « Fate ? Ce pédant casqué qui a passé son temps à nous servir des visions sans queue ni tête ? Please. » Et John de croiser les bras, vexé comme un pou – en attendant, ce n’était pas Fate qui était mort pour sauver le monde, hein. Enfin, pas cette fois, quoi. En revanche, il n’avait rien à lui opposer d’autre, comme argument. C’était elle qui l’avait sorti de l’Enfer, avec Zee. Probablement qu’il aurait effectivement besoin de son assistance avant la fin de la journée. Fuck.

Ca ne nous engage à rien d’aller jeter un œil ? John releva les yeux et croisa le regard de Zee. Uh-oh. C’était toujours mauvais signe quand elle se mettait à parler presque comme lui. Et encore plus mauvais quand il y avait cette petite étincelle au fond de ses grands yeux bleus qui lui hurlaient de l’empêcher de faire une grosse bêtise. Du genre, accepter la requête de Xanadu. Et merde. C’était donc une affaire conclue. Ils iraient tous là-bas. Et s’il garda son clapet soigneusement fermé, John ne songea pas moins, face à ce discours inspiré, qu’elle avait repris du poil de la bête, la co-leader flippée de leur drôle de petit groupe ; et finalement, ce constat-là valait presque le coup de faire le voyage. Hop, une petite déchirure entre le temps et l’espace, et une porte vers le mont chauve apparut. Boooon. Bon bon bon. Et après tous ces beaux discours sur la confiance, il sentirait presque la pression peser sur ses épaules. Presque. Bon d’accord, un peu beaucoup. « Ok les enfants. Si on a tous fini de se faire des tresses et d’échanger des bracelets de l’amitié, mettons-nous en route. Qui m’aime me suive. » Quoi ? Ca pouvait encore marcher, comme méthode de dissuasion.

**

Après l’atmosphère chaleureuse et l’air chargé d’effluves d’alcool et de magie de l’Oblivion Bar, l’immensité des plaines qui bordaient Kiev avait quelque chose de saisissant, qui prenait à la gorge et s’immisçait dans les os comme un vertige. Un vent froid, un de ces vents qui n’avait rien d’agréable, balayait les herbes hautes, et John frissonna, alors que chuchotaient à ses oreilles les échos d’une énergie ancienne, froide, elle aussi, et sauvage, défiante. « Punaise, vous avez déjà vu un endroit aussi déprimant, vous ? » demanda-t-il à la petite troupe qui avait eu le bon goût de les suivre, lui et Zatanna. Au beau milieu de cette plaine dont l’herbe verte tirait franchement que le grisâtre pour s’assortir au ciel terne dans lequel même le soleil semblait avoir abandonné toute envie de vivre, trônait, comme mystérieusement déposé là par un géant qui ne savait plus quoi en faire, un immense manoir renaissance, cerclé d’une haute grille que John trouvait plus hostile qu’une ceinture de chasteté. Au loin, en arrière-plan, Kiev se reposait de ses batailles récentes – et le mont chauve, Lysa Hora, semblait les observer à moins d’un kilomètre de là. « Okay, gang. Le premier qui voit un zombie de Brainiac hurle pour prévenir les autres. » Tirant sur sa cigarette, John s’avança de quelques pas en direction de la grille – et s’arrêta net en sentant comme une décharge d’énergie chercher à le repousser. Il baissa les yeux, et du bout du pied, balaya l’herbe à la recherche de – bingo. « Hm. Elles ont installé des sceaux protecteurs ici. Je suppose que ce manoir est leur planque actuelle, si elles ont dû fuir les alentours du mont chauve. Zee, Rosie, est-ce que l’une de vous peut… » Il allait dire ‘chercher un moyen de passer outre sans trop se faire repérer’, mais ses mots moururent sur ses lèvres lorsqu’une autre voix, parfaitement inconnue, s’éleva dans son dos.

« Vous ne devriez pas entrer. »

John fit volte-face, et un bond de deux mètres assorti d’une bordée de jurons, en tombant nez à nez avec la silhouette fantomatique qui venait de se matérialiser bien trop près de sa nuque pour sa zone de confort. Deux yeux vides, sans pupilles, le fixaient avec un étrange équilibre d’attention et d’indifférence, enfoncés dans un visage qui aurait sans doute été joli, s’il n’avait eu cette pâleur cadavérique qui allait si bien au paysage. Ses longs cheveux tombaient en cascade sur ses épaules, couvertes d’une délicate robe de lin presque transparente – mais lorsqu’elle se retourna pour faire face au reste de ses camarades, John sentit un haut-le-cœur le secouer, alors qu’il découvrait son dos nu… sans dos. Ni peau, ni chair, à peine une ossature pour contenir ce qui, un jour, avait dû être ses organes. « Vous n’êtes pas d’ici. Êtes-vous avec les créatures venues du ciel ? » demanda-t-elle, avec une voix comme un courant d’air glacé. Et, pendant qu’elle parlait, de l’autre côté du portail et de la cour, la porte du manoir d’entrouvrit, pour laisser passer un visage inquiet, épuisé – et plein d’un espoir désespéré.

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AVENGEDINCHAINS

"something wicked this way comes"

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

Les mots étaient sortis de ma bouche, en espérant que leur sens avait été compris. S’ils assumaient une présence telle que la mienne pour ce qui semblait être une mission délicatement importante, je voulais évidemment être certaine que chacun d’eux, ne me reprocheraient pas plus tard mes actions. Car au final, je n’étais sortie de chez moi que pour me bouffer un taco chez le Mexicain du coin, à la base et non pour sauver le monde. Il fallait bien comprendre que je n’étais pas une vigilant~ée et que je trouvais absurde de jouer les héros ou d’outre-passer les forces de la justice pour une morale qui n’était de tout façon définie que par la personnalité de celui qui prônait justement ce vigilantisme. Posséder de grands pouvoirs ou non, en quoi cela me rendait responsable d’une autre vie ? Est-ce là l’excuse que se donnaient les puissants qui abusaient de leur propre talent hors du commun pour se soustraire aux lois ? Et si c’était le cas, où serait donc la limite si moi-même, je décidais d’agir comme un de ses personnages Fachiste qui se surnommaient glorieusement héros de la Terre ?
Eux qui s’autorisaient des choses pourtant contraire à l’éthique et aux lois établis, sous prétexte qu’ils servaient une juste cause et qu’ils possédaient des pouvoirs ou des technologies qui les rendaient supérieurs… Au final, où se situait la frontière entre justicier et tyran ? Selon quelle morale étant à leurs yeux bon ou mauvais quand même cette histoire de bien et de mal était aussi sujet au fantasme. Car si j'étais un démon, pourquoi n'étais-je pas le mal ? Si les dieux étaient si divins pourquoi certains étaient cruels ? Pourquoi avaient-ils laissé ma propre famille me vendre à un démon qui lui-même se prenait pour un dieu ? Peut-être que tout n’était pas noir ou blanc. Peut-être que tous n’avaient pas la même idée de ce qu’était le bien et le mal, que ce n’était là qu’une question de perception. Donc pourquoi diable une personne aurait raison de croire que ses actes héroïques serait plus idéal moralement qu'une autre ou même de celle des forces de police.

Aussi, parce que je possédais ces pouvoirs, devais-je mourir pour ceux qui n’en avaient pas, quand demain ces mêmes personnes sauvés incognitos, n’auront même pas conscience des efforts qui auront été faits pour eux ? Pire, s’ils découvraient mes origines, je les savais capable désormais de me juger comme étant responsable de tous leurs maux car simplement différente d’eux. C’était typiquement la situation politico-puritaine dans laquelle évoluait la plupart des méta-humains victimes de la colère injustifiée de l'opinion public, causant une manifestation à Metropolis avant l'assaut. Au fond de moi, ça me faisait bouillir cet aspect de l’humanité. Oui, car comme un sentiment porté par des vents venus d’un lointain passé, je me rappelais petit à petit et avec amertume, de ces époques où ces peuples primitifs me voyaient comme leur déité bienfaitrice. Pleurant à mes pieds pour que la pluie tombe sur leurs champs, joyeux quand ils recevaient la force de vaincre leurs ennemis, mais demandant toujours plus, insatisfait, insatiable, et ce, jusqu’à me priver de ma propre liberté, de mon propre libre arbitre…
Faisant de moi le simple outil, soumis à une dague infernale… Ceci pour au final me dénigrer et m’abandonner dès lors que je n’avais plus aucune utilité. Ou allant jusqu’à me reprocher leur propre défaut et leur propre faiblesse quand ce fut finalement moi qui décidais de les abandonner et de les fuir pour mon propre bien. Là était à mon sens la nature humaine, rien de plus qu'une espèce lâche qui n’hésitait pas à mordre la main qui la nourrissait… Si le monde devait s’arrêter, c’était emmerdant, mais quelque part, je pourrais sans doute l’accepter quand je voyais ce qu’en faisait de toute façon cette même humanité. Vous savez, quand on y réfléchit, c’était méchamment difficile de vivre, de souffrir, d’aimer ou de haïr. Mourir, disparaître, être oublié, c’était beaucoup plus simple à côté. Et à mon sens, il était inutile de combattre jusqu’à l’épuisement pour une cause si fantaisiste que de sauver le monde, quand je pouvais simplement me défendre si nécessaire dans mon coin et sans trop attirer l’attention. Pourtant, et je me surprenais à le penser…

Cette fois, je voulais bien m’occuper de ce qui ne me regardait pas pour tout ce qu’avait pu faire auparavant Zatanna pour moi. Peut-être que pour elle, ses actions n’étaient qu’une routine et je n’étais qu’une autre vie de plus parmi tant d’autre qu’elle avait pu sauver… Cependant, elle m’a permis d’avoir une nouvelle perceptive, celle de recevoir, plutôt que de donner. Quelque part, cela me donnait au fond de moi, l’envie de lui donner en retour sans qu’elle le demande. Un sentiment bien agréable.

~~~ o ~~~

J’étais intriguée à l’idée de rencontrer une sorcière, notamment parce que j'avais commencé à embrasser pleinement tout le côté mystique de cet univers, j’étais avide de savoir comme je pourrais parfaire ma manière d’utiliser ma magie. Je me disais que je ne pourrais pas compter éternellement sur le savoir de Zatanna et que je devais donc aussi être en mesure de poser un regard neuf sur les autres cultures du monde occulte. J’avais franchi le portail avec une pointe d’excitation, Mehmet me suivant de près. Quand celui qui se faisait nommer John se prononça, évidemment, je ne pus m’empêcher de lui répondre avec le même ton détaché. « Oui, les salles de réunions d’alcooliques anonymes. » Il y avait tant de dépression là-bas que c’était purement angoissant pour moi d’y poser les pieds… Je ne voulais plus jamais y retourner, d'ailleurs. Le simple fait qu’une foule annonce à l’unisson ‘’Bonjour, Faith’’ comme des gamins attardés récitant un début de rituel satanique de bienvenue, ce après que je me sois présentée, suffisait à me donner envie de fuir en sautant par la fenêtre.
Le pelage de Mehmet se hérissait sur son petit corps, sa queue pointant vers le haut alors qu’elle regardait dans la direction de John. John lui-même se tue lorsqu’il remarqua la présence à son tour, tandis que de mon côté, je constatais que ce n’était pas un pantin de Brainiac ça, où alors il avait changé de designer et de matière première pour faire ses jouets, si l’on pouvait vraiment dire que cette chose était physique ? La question de la créature fit hérisser cette fois mes propres poils. « Wow, on a vraiment l’air de ressembler à Wall-E à ses yeux ?! » Avais-je posé cette question rhétorique sans avoir pour but de recevoir une réponse ou débuter une conversation mature. Par ailleurs, avant même qu'on puisse me répondre quoique ce soit si tentait qu'on prenait la peine de répondre à mes bêtises, je sortis ma baguette de la poche intérieure de ma veste avant de le pointer sur Mehmet. « Shak’ram ! » La chatte se changea alors en corbeau qui s’envola peu après un bref échange de regard. « Juste au cas, j’ai demandé à Mehmet d’inspecter les alentours, pour voir s’il n’y a pas d’autre machine dans le coin, histoire d’éviter les mauvaises surprises. »

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You're sure I can't skip this one?

Connaissais-je la réponse à ma propre question? Evidemment que je la connaissais. Xanadu était tordue, mais pas au point d'impliquer des gens "normaux" dans nos histoires, son but n'était pas d'envoyer les gens à l'asile. Ca n'empêchait pas qu'un homme pouvait espérer un peu de normalité, de temps en temps, non? En tout cas ça avait l'air de faire rire Rosie, c'était déjà ça. Même si le portrait sauce apocalypse from space de la situation actuelle qu'elle nous dépeignit ensuite avait bien refroidi l'ambiance. Visiblement elle en avait gros, la team spandex, Braindude faisait clairement pas les choses à moitié. Apparemment en matière de sauvetage du monde, Rosie en était pas à son premier rodéo, aussi bien du côté capes et collants que bougies et pentacles du coup je me sentais un petit peu con de ne pas avoir entendu parler d'elle avant. Ou peut-être qu'en fait si, j'arrivais juste pas à la resituer. En tout cas elle connaissait Fate et rien qu'à sa mention j'avais deviné la réaction de John avant même qu'il n'ouvre la bouche. En même temps, j'en connaissais beaucoup des vivants bizarres, mais Fate était presque dans sa propre catégorie... Bref, y avait plus important, là tout de suite. Des sorcières étaient en danger à l'autre bout du monde et les aider était à notre portée, je crois.

Fallait pas se leurrer, Rama ou pas j'aurais de toute façon fini par dire oui. J'aimais jamais les circonstances dans lesquelles Xan nous mettait, mais l'idée de laisser Zee, John et nos nouvelles comparses en plan alors que je pouvais potentiellement leur être utile, wai nan, ça m'aurait rongé. Puis c'était sans compter sur Jojo qui m'aurait pris la tête quelque chose de bien. Néanmoins, Zee se sentit pousser une âme de motivatrice et lança un petit discours pas super rassuré mais plein de bon esprit. Parfois j'oubliais à quel point elle était cute sans faire exprès. Must protecc comme on dit these days. Ce qui était moins cute par contre c'était ce qui se trouvait derrière son portail. Ca craignait pas mal l'Ukraine en cette période de l'année dites donc. Toujours avec poésie et positivité, John y alla de sa petite réplique avant d'emboîter le pas de sa moitié. "Vous avez fait des bracelets et vous m'avez rien dit? Pas cool, j'en veux."

Trêve de plaisanteries, une fois de l'autre côté le décor était vraiment sinistre. C'était comme si les éléments s'étaient concertés pour rendre les attaques des robots de Koubiac encore plus dark y avait genre, presque plus de couleur dans le coin. Lorsque John demanda si on avait déjà vu plus déprimant j'allais logiquement balancer le Limbo, mais Faith me prit de vitesse en annonçant les réunions AA. Je devais bien avouer que sur le coup, elle m'avait sans doute battu, ma comparaison était pas terrible à côté de la sienne. Comme dans toute bonne histoire Lovecraftienne qui se respecte on tomba plutôt rapidement sur un manoir. Super, on commençait à peine et je détestais déjà. En compagnie de la on ne pouvait pas moins accueillante grille d'enceinte John trouva rapidement une barrière, magique, confirmant à mon plus grand désarroi qu'on était sur la bonne piste. Manquait pu qu'un spectre eeeeeet... Parfois je devrais arrêter de penser à des trucs qui finissaient toujours par arriver. Blafarde, aminciée, absente, la pauvre cochait toutes les cases. Me penchant vers Faith, je lui murmurai "Tu vois ce que je disais sur les morts? Elle a clairement pas toutes ses frites dans le même panieeeeER!" Son dos, bordel son dos! Pourquoi est-ce que les spectres avaient toujours un aspect ultra dégueu? Bon, elle avait pas l'air bien méchante, pour l'instant, mais difficile d'aborder les choses sereinement quand on avait à faire à ce genre de spectacle. Pas décontenancée pour un sou, Faith changea son chat en corbeau "Cool..." et l'envoya inspecter les lieux, juste au cas où. "Si tu vois des ennuis, crie CACA!"
Ce fut seulement à cet instant que je remarquai la mine inquiète d'une demoiselle derrière la porte d'entrée du manoir. Son expression laissait peu de place aux doute, du coup je me permis un mot, aussi bien pour elle que le spectre. "Hum... Bonsoir? Vous avez lancé un appel un aide... Nous sommes là pour y répondre et aider, du moins on l'espère..." Sur le coup j'étais sans doute bien moins cute que Zee tout à l'heure, mais l'énergie totalement dépourvue d'assurance était complètement la même...

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Kiev. Rosie n’a pas le souvenir d’avoir un jour vu un endroit aussi lugubre et pourtant, elle est allée en enfer. Plusieurs enfers, même, et à plusieurs reprises. Mais il y a quelque chose de profondément dérangeant dans la ville ukrainienne, quelque chose qu’elle ne parvient pas à comprendre. Et ça l’inquiète autant que ça l’intrigue. « C’est… glauque. Et pourtant, on ne peut pas dire que le reste du monde ait des allures très joyeuses, en ce moment. L’énergie est… étrange. » Et ce au sens le plus strict du terme. Sourcils froncés en une expression sérieuse et inquiète, Rosie avance en lévitant au-dessus de leur petit troupe et aux côtés de Boston. Tous ses sens sont en alerte, elle s’attend à tout et n’importe quoi. Un drôle de pressentiment lui dit que les soldats de Brainiac ne seront pas leur plus gros problème, ici. Et c’est loin d’être une excellente nouvelle. Rosie s’immobilise lorsqu’elle ressent une puissante énergie lui barrer la route ; elle n’a aucune envie de s’assommer en plein vol contre un bouclier d’énergie magique. « Je ne connais pas cette magie, mais je vais voir si je peux faire quelque… » Chose ? Rosie s’interrompt en même temps que John, lorsqu’une voix inconnue s’élève. Elle atterrit non loin de son cousin, toujours méfiante, mais aussi profondément ébranlée par le désespoir qu’elle ressent chez l’apparition. Elle ne sait pas comment la définir, d’ailleurs. Ni morte, ni vivante, un étrange entre deux… Elle se mord la lèvre pour ne pas grimacer à la vue de ses entrailles apparentes. Un sourire rassurant apparaît sur son visage et elle s’avance de quelques pas vers elle en lui tendant les bras. Un frisson traverse Rosie lorsqu’elle accède aux dons d’Hela et puis, elle attrape doucement les mains du spectre, qui semble surpris immensément surpris par ce contact. La femme ne s’attendait pas à être touchée. « Nous avons entendu votre appel à l’aide. Nous sommes venus ici pour vous aider. » Rosie serre les mains de la femme entre les siennes, comme pour la rassurer. Elle n’avait jamais fait cela auparavant, toucher un fantôme. C’est bien moins glaçant que ce à quoi elle s’attendait. Au contraire, c’est presque… apaisant. Sans doute parce que ce spectre est celui d’une sorcière ayant consacré sa vie à faire le bien. Elle aussi, elle aperçoit le visage de sa comparse dans l’embrasure de la porte du manoir. La sorcière semble épuisée, désespérée. « Nous sommes là pour vous aider. Laissez-nous vous aider. S’il vous plaît. » Rosie s’adresse à la morte autant qu’à la vivante. Et puis, l’apparition hoche la tête et sans un mot, entraîne Rosie vers le manoir. Les défenses magiques visant à le protéger la laissent passer, alors d’un signe de tête elle encourage le reste de l’équipe à la suivre – en priant très fort pour que les sorcières ne décident pas de laisser John sur le carreau, ce qui au fond, ne l’étonnerait qu’à moitié étant donnée la réputation qu’il se traînait et qui avait tendance à le précéder. Lorsque Rosie arrive devant la porte du manoir, le spectre lui adresse l’ombre d’un sourire avant de s’évaporer. Elle ne saurait dire exactement pourquoi, mais sa disparition soudaine la rend… triste. Elle se demande qui était cette femme, avant de devenir ainsi. Mais le temps est compté, alors c’est vers la vivante qu’elle tourne son attention. « Bonjour. Je suis Rosalie. Ou Sigrid, si vous préférez… Je suis une Völva. Mes amis et moi, nous avons reçu votre message. Dites-nous ce qui vous arrive. Dites-nous ce que nous pouvons faire pour vous aider. » Rosie a longtemps été celle qui avait besoin d’être rassurée, alors elle n’est pas certaine de trouver les bons mots, ni même si ces derniers suffiront à ce que la sorcière et les siennes leur accordent leur confiance – assurément, il y en a d’autres, elle ne peut être seule, n’est-ce pas ? Un pressentiment indéfinissable étreint sa poitrine. C’est l’énergie de ce lieu ; elle n’est pas aussi sombre et mauvaise qu’elle l’aurait pensé, mais elle ne parvient pas à mettre le doigt sur ce qui la dérange et la trouble tant… C’est comme si… Comme si les apparences étaient trompeuses, tout autour d’eux.

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Awww, ils n'étaient même pas arrivés depuis deux minutes qu'ils se faisaient déjà des amis. Zee suivit des yeux le corbeau de Faith, puis les reposa sur l'esprit couleur local. Il ne lui semblait pas en avoir déjà vu de tels, ou alors pas d'aussi près. Son accueil modestement chaleureux était à la fois étonnant et à la fois assez prévisible. Que les esprits du coin ne soient pas d'accord avec les vivants du coin était en soi un indice alarmant du bordel qui les attendait probablement, mais maintenant qu'ils étaient là, ils n'allaient pas reculer. Elle suivit le petit groupe en lançant un regard en coin malicieux à Boston. Des fois elle se disait que ça devait être difficile comme existence, être un esprit, mais des fois elle n'y pensait plus tellement la présence de Deadman lui semblait naturelle, et elle ne savait pas ce qui était pire, avoir de ma considération pour lui ou se dire que sa situation était tout à fait normale.

Quoiqu'il en soit, ils avaient mis un pied dans la place grâce à Rosie, et la petite sorcière qui avait ouvert la porte semblait s'être apaisée en entendant les mots de Boston et Rosie et le fait que les défenses magiques du lieu n'aient pas réagi à la sorcière scandinave. « Nous sommes des sorciers nous aussi. Nous laisseras-tu entrer ? » Elle n'ajouta pas "pour nous mettre au chaud" parce que rien que vu de l'extérieur il était clair qu'on était loin de l'école des sorciers de Harry Potter. La jeune femme s'effaça sans plus hésiter, et quoi de plus normal ? Un appel avait été lancé et de bonnes âmes y avaient répondu. Il était possible aussi que Nimue l'air prévenue. Bref, ils se retrouvèrent tous dans l'entrée gigantesque du manoir qui était vieux, un peu décati et parcouru par autant de courants d'air que d'esprits. Zee sentait beaucoup de présences dans les lieux mais ne voyait personne, et pourtant, il y avait une atmosphère étrange dans ces lieux. Le poids des années, le poids des générations, le poids des règles. Et le fait que les personnes qui vivaient ici ne se montraient pas mais étaient pourtant bel et bien là, au courant de leur présence. « Moi, je suis Zatanna. Et voici nos compagnons. » Elle laissa ceux qui voulaient se présenter se présenter, et en profita pour faire quelques pas dans l'immense hall, le nez en l'air. Elle était inhabituelle, cette magie qui régnait dans l'air. Elle était définitivement ancrée dans l'histoire et le folklore de ce pays, elle laissait un goût de pierre sur la langue de la magicienne et semblait chanter à tue-tête qu'elle était chez elle et que rien ne pourrait la dénaturer, et pourtant, pourtant quelque chose clochait. Zee entendit des murmures et des bruits de pas précipités dans les murs, ou presque. On les observait.

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something wicked this way comes

Glauque et étrange, c’était le moins qu’on puisse dire – bienvenue dans le monde merveilleux de la magie slave, John avait-il presque envie de lancer à la cantonade. Une magie profondément ancrée dans son folklore et ses traditions, et qui gardait tout, et qui ne rejetait rien. Pas de faux semblants avec les slaves – ici, l’on embrassait le bon et le mauvais, le beau et le laid, le merveilleux comme le dérangeant ; les esprits qui se baladaient organes à l’air y avaient autant leur place que la poésie de la guérison par les herbes. Un patchwork difficile de tout ce que le monde avait à offrir d’inhabituel, de démesuré, de difficile à appréhender pour leurs esprits trop habitués à catégoriser chaque aspect de leur vie en faisant de leur mieux pour ignorer ce qui ne leur convenait pas. Rosie et Zatanna semblaient tous les deux s’imprégner pleinement de l’énergie chargeant les couloirs de ce manoir aux allures hantées, et John en vint à se demander ce que les deux autres pouvaient bien voir aussi. Est-ce que Boston pressentait encore plus les fils ténus entre le monde des vivants et le monde des morts ? Voyait-il plus de choses encore qui échappaient à leurs yeux impies de vivants ? Et cette Faith, dans tout ça ? Un peu en retrait, tirant sur sa cigarette, John prit le temps de bien regarder ses petits camarades pendant un instant. Dans quoi Xanadu les avait-elle envoyés, encore ? Certes, il y avait les robots de Brainiac, quelque part, là-dehors, mais ce n’était pas eux le danger immédiat, pas vrai ? Il y avait autre chose. Autre chose qui se manifestait jusque dans l’énergie du manoir, jusque dans les pores de ses murs, quelque chose qui le prenait à la gorge et cherchait à l’étouffer. Et il n’avait encore autre fichtre idée de quoi.

La jeune sorcière n’a guère plus de vingt ans, mais ses yeux ont le reflet calme et détaché de ces centenaires à la sagesse trop souvent sous-estimée. Attentive, elle laissa son regard aller de l’un à l’autre dans cette étrange assemblée, puis, semblant prendre une décision finale après les encouragements de Boston, Zatanna et Rosalie, elle poussa un long soupir où soulagement se mêlait de lassitude. « Merci d’être venus. Je m’appelle Tetyana. C’est moi qui ait appelé à l’aide depuis le Lysa Hora… les autres n’étaient pas d’accord. » Quelque chose retient encore sa langue. Une hésitation. Un remord, peut-être, d’avoir trahi la confiance de ses sœurs. John décida de s’en mêler ; langue de serpent pour une fois usée à bon escient. « T’as bien fait, love. On est un peu des experts en la matière, avec les copains. John Constantine, au fait. » Est-ce que c’était du scepticisme qu’il lut dans son regard lorsqu’elle le darda sur lui ? Franchement, vu leurs dégaines, c’était sûrement un peu mérité. Mais ne disait-on pas qu’il ne fallait pas juger les apparences ? « On a vu la nyavka, dehors. Je suppose que votre coven a fait amie-amie avec celles qui traînent dans le coin, mais c’est pas elles qui vont vous protéger des robots tombés du ciel. Mais ça, je suppose que vous le savez déjà. Alors, contre quoi, ou contre qui, est-ce qu’elle est censée monter la garde ? » demanda-t-il, un peu plus direct. Manquerait plus qu’on les prenne pour des amateurs, tiens – ce serait presque vexant.

Il ne fallut pas plus d’encouragements à Tetyana pour surmonter ses appréhensions. Un voile d’inquiétude tomba sur les yeux de la jeune femme, qui baissa le regard sur ses mains nouées. « Ca a commencé juste après le début de l’invasion. » souffla-t-elle avant de relever les yeux sur ses visiteurs. Autour d’eux, dans les murs, au plafond, de partout, on observait, on écoutait, aux aguets. Amis ou ennemis, oiseaux de mauvais augure ou non – quoi qu’il arrive, c’était Tetyana qui en porterait la responsabilité. « Nous avons perdu une sœur aux mains des envahisseurs, et nous nous préparions à quitter le coven, mais… dans la nuit qui a suivi, deux autres d’entre nous ont disparu. Volatilisées dans laisser de traces. Ou presque… » L’air sombre, Tetyana sortit quelque chose de sa poche et le tendit à Zatanna. Dans la paume de sa main, une plume solitaire, une plume d’oiseau de la même couleur et la même brillance qu’un feu éclatant. Un éclair de réalisation passa sur le visage de John. Oh shit. Il savait exactement ce que c’était, ce truc-là. « Nous pensons que cette plume appartient au zhar-ptytsia. » « L’oiseau de feu qui accompagne parfois Baba Yaga. » reprit John aussitôt, à moitié dans sa barbe. Tetyana hocha la tête. « Nous avons demandé aux nyavka de nous aider en montant la garde la nuit, mais trois autres de nos sœurs ont encore disparu sans que personne ne remarque rien. Toutes les protections que nous avons pu mettre autour du manoir ont été inefficaces aussi. » « C’est la première fois que vous avez affaire à Baba Yaga ? » « Si c’est bien elle, oui. La forêt autour du mont chauve et de Kiev est chargée de magie ancienne, mais si c’est là qu’elle vit en ce moment, nous ne l’avons jamais croisée. Nous avons tenté de chercher là-bas, mais rien. Ni Baba Yaga, ni oiseau, ni nos sœurs. Introuvables… » Tetyana posa sur chacun d’entre eux un regard chargé d’espoir. Pauvre gosse, songea John.

Conciliabule sur le perron du manoir. L’air est toujours aussi froid, mais nettement moins étouffant qu’à l’intérieur. Du moins, c’est l’impression que John en a. « Baba Yaha qui kidnapperait des gosses, ce serait pas nouveau. Mais des jeunes sorcières ? Première fois que j’entends ça. » commenta-t-il, songeur. Habitude désagréable de fumeur nerveux, son pied tapotait par terre alors qu’il se triturait les méninges. « Y a quelque chose qui colle pas, dans cette histoire. » Exhalant une bouffée de fumée, John tourna la tête vers Faith et Rosalie. Les deux newbies – kind of. Mais pas inexpérimentées non plus. « Alors, les jeunes talents ? Une idée ? Quelque chose qui vous turlupine, un plan génial ? » Puis son attention glissa vers Deadman. « Boston. T’es le plus perceptif d’entre nous – t’as rien vu dans le manoir qui puisse ressembler aux fantômes des filles kidnappées ? » S’il n’avait rien vu, alors ils avaient peut-être encore une chance de les retrouver en vie. Wishful thinking. Enfin, ses yeux tombèrent sur Zatanna. La véritable number one de la bande. Certainement sa véritable tête pensante à lui. « On a un joli petit mystère ente les pattes. » Evidemment, il y avait toujours l’option de se séparer. Mais ça, dans les films d’horreur, ça ne finissait jamais bien.

AVENGEDINCHAINS

"something wicked this way comes"

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

Ouais, je devais avouer que je n’avais absolument pas compris la réaction des autres, je restais silencieuse et incrédule quant à la remarque de Boston sur sa très chère congénère… Qu’était-ce donc qui les choquait tant que ça ? Après tout, n’avaient-ils pas dit être des experts dans ce genre de rencontre ? Non, je crois qu’ils ne l’avait pas encore fait, c’était sans doute Zatanna qui avait dû survendre sa bande de copains. Pour dire vrai, je la trouvais encore assurément trop normal cette pauvre femme. Le démon de ver chez Zatanna était bien plus horrible et effrayant, et puis cette gamine au visage déformé, presque cadavérique, ce singe dans le bar, Boston… D’autres horreurs de mon passé, ou bien des absurdités à venir, il était évident que je risquais de me rendre malade à être choquée à chaque rencontre surnaturelle, ça devait cesser. Non, j'avais des raisons de penser tout de même que je resterai choquée à vie concernant le singe derrière un bar, ça ce n’était pas commun quand histoire à raconter… Je devrais lui trouver un surnom affectueux, genre César. Vous avez la référence ? Ouais ? Super !
Enfin bref, à côté de mes rencontres précédentes, je trouvais que cette jolie brune fantomatique n’avait rien de nouveau à dévoiler… Puisque mon premier fantôme, c’était Boston, sans doute, pas sûr, mais je le crois pour le moment… Ma première contemplation horrifique, mes cauchemars vivants, de sales merdes qui auraient continué à me pourrir la vie sans Zatanna… Et ma première rencontre magique, ce fut Zatanna en question... Ou pas, je ne sais plus. Ah et puis ce singe derrière le bar quoi ? Qu’est-ce donc ? Quoi qu’il en soit, était-ce moi qui étais bizarre de ne pas avoir pris le temps de réagir à son dos ? Merde, il était vrai que ce n’était pas habituel de ne pas réagir à un dos d’un tel état. Au secours, je devenais peut-être insensible. Ah ! Zatanna n’avait pas réagi, Rosie aussi ! Wait, hold on, she can’t touch this sh*t ?! ** Tes pensées sont d’un passionnant, je n’arrive pas à croire que j’arrive quand même à me concentrer ! ** Râla le corbeau depuis ses nuages dans un sarcasme signé moi-même. « Je t’emmerde Mehmet ! » Répliquais-je, faussement outrée.

Une fois à l’intérieur de la demeure, tout était à la contemplation. Préférant gentiment rester en retrait pour écouter un peu ce qui ce disait, voir comment se faisait une enquête occulte. Je sortis une canette de Pepsi, dont le décapsulage avait eu le droit à son écho embarrassant à travers la pièce où nous étions. Chouette ! C’était un endroit sacrément accueillant. Au moment d’engloutir à petites gorgées ma boisson, je manquais de m’étouffer quand j’entendis l'appellation de Baba Yaga. Je toussais alors pendant un long petit moment, c’était pas agréable d’avaler de travers une boisson gazeuse. « Vous me faites marcher ? Elle existe vraiment elle aussi ? » Merde, on avait dit qu’il ne fallait plus être choquée ! Mais Baba Yaga quoi, elle était populaire ! C’était comme si on m’annonçait, d’un autre contexte, que Peter Pan était réel. Merde, je suis fan. Oui, putain, j’ai même dédié à un morceau à Baba Yaga dans mon dernier album, par rapport à John Wick. Damn. C’était juste trop chouette, enfin, c’était triste pour celles qui avaient disparu, évidemment.
Je chuchotais alors une question sur le ton de l’humour à Boston. « Est-ce que tu crois que Dracula et Frankestein existent aussi, ils pourraient avec Baba Yaga former le club des légendes glauques ? »

~~~ o ~~~

Retour à l’extérieur, j’avais porté un regard vers les cieux, Mehmet continuait à surveiller la zone. Si quelque chose approchait au loin, depuis la terre comme depuis les cieux, elle le verrait arriver. La question de Jones, m’avait sorti de mes pensées. Ce que je savais de Baba Yaga n’était que des légendes, j'ignorais ce qui pouvait être vrai dedans. Mais si déjà, on partait du principe que l’une d’elle était vrai, comment faire pour savoir à quel Baba Yaga nous avions affaire. Des versions d’elle, il y en a plusieurs. D’aucuns que je connaissais, ne parlaient d’une de sorcières kidnappées. Mais faut-il prendre ces histoires d'enfants à la lettre ? Je fixais la forêt au loin, puis le manoir. « Je pense qu’il faut éviter d’aller en forêt… C’est une perte de temps. » Une Isba qui tenait sur d’immenses pattes de poule, ça ne devait pas passer inaperçu, ça devait laisser des traces s'il se déplaçait. Donc si les recherches de ces sorcières n’avaient rien donné, on n'avait pas plus de chance de trouver quoi que ce soit non plus. Moi en tout cas, je n'étais pas douée pour trouver des trucs.
Je croisais les bras en fixant le manoir… « Je pense aussi que si les Nyavka n’ont rien remarqué malgré les disparitions, malgré la barrière magique, c’est qu’il y a une raison simple derrière ça. » J’avais sorti mon phone entre temps pour jeter un coup œil aux infos Wiki pour être sûr que je ne racontais pas de bêtise. « Tiens voilà, dans certaines légendes, Baba Yaga est décrite comme une gardienne du monde des morts, possédant même la capacité d’aller d’un monde à l’autre, ou d’y envoyer ceux qui reçoivent ses cadeaux. » Rangeant mon vieux Samsung d’occasion, je fixais notre petit groupe et je rajoutai. « Si elle voyage entre le monde, elle pourrait bien apparaître directement dans le manoir sans que les Nyavka ou la barrière ne l’empêche de le faire. Je propose qu’on essaye d’inspecter le manoir en premier pour voir si on ne détecte aucune une trace de faille magique, comme celle, très attractive de l’Oblivion bar. » Qui m’avait attiré tout à l’heure.

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something wicked this way comes

Justice League Dark

You're sure I can't skip this one?

C'était sans doute un peu déplacé et inattendu de ma part, mais malgré la situation, aussi glauque et dangereuse soit-elle, je commençais à me sentir à l'aise. Pire, j'étais limite en train d'apprécier. La raison était bien évidemment nos deux nouvelles venues. Les occasions pour moi de me faire des amis dans cette éternelle post-existence étaient plutôt rares, j'accueillis donc celle-ci les bras ouverts en dépit des circonstances. Certes Faith et Rosie avaient sans doute de lourds voir sombres secrets mais ça ne m'empêchait pas de les trouver sympathiques. Faith avait un petit côté perdu tout à fait attachant et Rosie semblait à la fois forte et empathique. J'ignorais si elle était venue flotter à mes côtés juste pour avoir une meilleur vue d'ensemble ou pour également me tenir compagnie mais dans tous les cas ça m'avait fait plaisir. Puis la façon dont elle s'était approchée de la demoiselle sans dos, lui parlant doucement, lui prenant la main... Lui prenant la main. La main. Elle avait pris sa main, genre toucher, physiquement, pour de vrai... Whaaaa?
Sur le coup j'ai littéralement freezé. Une personne capable d'entrer en contact physique avec un fantôme, là, juste devant moi, et en plus d'être magnifique elle était de mon côté. Car oui là à l'instant elle était pour moi la plus somptueuse créature de l'univers, m'offrant la plus sublime des scènes. C'était certainement très égoïste de ma part mais à partir de là plus rien ne comptait, il n'y avait plus de décor glauque, plus de spectre décharné, plus de menace robotique intersidérale, il n'y avait plus qu'elle et rien qu'elle. Sauf que le temps lui s'en cognait que mes méninges aient fait une erreur 404, il continuait son cours, pépouze, laissant Rosie s'avancer avec la demoiselle étherée vers l'entrée de la baroque barraque, suivie de près par Zee. J'aurais dû dire quelque chose, genre "Eh, je sais qu'on se connaît à peine mais ça te dirait qu'on se tienne les patounes jusqu'à je sais pas.. La fin des temps?" mais rien ne venait, pas un son, même pas un mouvement. Du coup je me retrouvai là, penaut, traînant derrière le reste de la bande, chancelant et bien con.

Puis on franchit tous la porte et l'air seul suffit à dresser mon échine comme avec un balais plein de barbelés dans le derche. En temps normal j'aurais rebondi sur les mots de Rosie avec une connerie du style "Völva? c'est pas une marque de voiture ça?" mais absolument rien à l'intérieur de cet endroit ne me donnait envie de rire. Fini la sensation de bien être, le choc du contact physique, tout ça, c'était comme si l'air lui-même tentait de me menacer. Tetyana, qu'elle disait s'appeler, nous expliquait qu'elle était responsable de l'appel à l'aide et que 'les autres' n'étaient pas d'accord. "Elles le sont toujours pas." Balançais-je directement, l'oeil sévère fixé dans les airs. Outre les regards furtifs des quelques sorcières bien vivantes se cachant habilement derrière divers interstices et ceux bien plus vides mais plus neutres des autres spectres sans dos flottant dans le coin, il y avait surtout les regards noirs, voir furieux des esprits de plusieurs vieilles biques, genre creepy babushka mode vénère, marmonant une cacophonie de ce que je pouvais seulement supposer être des saloperies en slave. Leur rancoeur était immense, envers Tetyana, envers nous, envers le monde, elles étaient à elles seules responsables de l'air pourri qui régnait ici. "Boston." terminais-je tout de même, puisqu'on en était aux présentations.
Apparemment nous étions là pour résoudre une série de disparitions au sein de leur coven et s'il fallait y croire les indices on avait pour responsable la légende Baba Yaga en personne. "J'imagine qu'on parle pas ici de John Wick mais bien de la version originale, plein de verrues et autres joyeusetés?" Finalement j'en revenais tout de même à l'humour au lieu de me focaliser sur les vilaines mamies en colère, car je sentais que si ça continuait je finirais avec un mal au crâne même si j'en étais physiquement incapable. Faith aidait un peu, avec une question aussi innocente qu'amusante sur Frankenstein et Dracula. Eh j'en venais même à sourire, tout n'était pas si noir. Je me permis tout de même un petit disclaimer pour notre rookie. "Pro tip si tu viens à rester avec nous un moment... Assume qu'absolument tout existe, jusqu'à ce qu'on puisse prouver le contraire, ce qui arrive très rarement. En ce qui concerne Frank tu devrais le croiser sans trop de problème à l'Oblivion, il y vient souvent et a déjà bossé avec nous. Quant à Vlad je l'ai jamais vu mais faudrait demander à Andrew, notre dents longues à nous, il sait peut-être où il est..."

De retour sur le perron, l'air était déjà un peu plus respirable. J'avais sincèrement pas la moindre idée de quoi il retournait exactement avec ces disparitions mais même moi je ne pouvais qu'être d'accord avec John sur le coup, quelque chose tournait pas rond dans cette histoire. Après que Faith ait avancé une théorie qui pouvait tenir la route, c'était mon tour de donner mon point de vue. Sans tourner autour du pot, je balançai ce que je savais. "On a pas trop à s'inquiéter des Nyancat ou peu importe leur nom, elles sont clairement neutres dans tout ce bordel. Par contre quoi qu'on décide il va falloir le faire vite. Il y a d'autres spectres dans le coin, sans doute des anciennes du coven restées derrière pour veiller sur les filles ou peut-être plutôt leurs traditions et elles nous veulent clairement pas ici." L'une de ces saloperies était d'ailleurs en train de nous observer, baragouinant une salade de jurons en cyrillique sans doute matinée de quelques malédictions bien senties, le tout en écrasant sans retenue sa gueule contre la vitre, prouvant au passage que leur influence se limitait au manoir. "Je ne sais pas ce qu'elles peuvent faire exactement, mais il y a des chances que si nous échouons ou n'allons pas assez vite, elles prennent les choses en main et s'emprennent à Tetyana en l'offrant en sacrifice à Mamie Yaga ou quelque chose dans le style..."
Je me tournai alors vers Rosie et Zee pour voir si elles avaient des idées car sincèrement, je séchais un peu.

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Des sorcières disparues, un vieux manoir… Et Baba Yaga. Un mystère digne de la Justice League Dark… Ou ce qui y ressemble de près ou de loin. Adossée contre le mur du manoir, Rosie soupire longuement. Quelque chose lui dit que cette histoire sera compliquée à régler, et qu’ils ont mis les pieds dans quelque chose qui les dépasse. Non pas que ce soit la première fois, mais tout de même… Silencieuse, elle écoute John faire son petit numéro habituel, avant de hausser les épaules. « Depuis quand est-ce qu’on a des plans géniaux ? Notre truc c’est d’y aller au feeling, non ? » Un petit rire la secoue, avant qu’elle ne fronce les sourcils aux paroles de Faith. Puis elle se redresse et s’éclaircit la gorge, comme si elle s’apprêtait à faire un discours d’importance capitale. « Baba Yaga n’est pas la seule à pouvoir voyager entre le monde des vivants et des morts. Je peux le faire aussi. Enfin… Techniquement, c’est Hela qui le peut, mais disons qu’elle est devenue ma… Comment dire… Ma marraine divine ? Bref, elle me laisse puiser dans ses pouvoirs sans broncher. Donc si les sorcières sont prisonnières d’un autre monde, je peux y accéder et aller les chercher. Mais si c’est le cas, j’aimerais éviter d’y aller seule, si possible. » Rosie n’est pas spécialement enchantée à l’idée de remettre les pieds en enfer, ou dans un entre-mondes quelconque, mais si elle n’a pas le choix… Et puis, c’est que l’air de rien, elle commence à avoir l’habitude. À voix basse, elle murmure quelques mots en vieux norrois et un instant plus tard, deux corbeaux viennent se poser sur ses épaules. L’un d’entre eux lui glisse quelques mots à l’oreille, tandis que l’autre observe la petite assemblée, la tête légèrement inclinée sur le côté. Ses yeux sombres s’arrêtent sur Boston et il croasse avant de s’exprimer d’une voix rauque. « Est-ce que tu es un mort qui est vivant, ou un vivant qui est mort ? » Rosie a un claquement de langue agacé. « Tais-toi, Hugin. Toi et ton frère, allez inspecter la forêt. Revenez si vous voyez quelque chose d’intéressant. Et surtout, ne vous faites pas remarquer. Gå videre ! » Les deux corvidés prennent leur envol et disparaissent dans le bois. « Quoi ? J’ai ma petite ménagerie mythologique personnelle, autant qu’ils nous aident. Si vous êtes sages, je vous montrerai Nídhögg, un jour. » Ou peut-être que non, les humeurs du dragon étant aussi changeantes que la météo. « Peut-être pourrions-nous jeter un sort de protection sur Tetyana et les autres sorcières du coven, en attendant que nous éclaircissions le mystère ? Zatanna, est-ce que tu en serais capable ? Je le pourrais, mais je ne gère pas mes dépenses d’énergie mystique aussi bien que toi. Et quelque chose me dit que j’ai intérêt à conserver ma… force de frappe. » Rosie a beau maîtriser de mieux en mieux ses pouvoirs, elle est encore loin d’égaler la magicienne. Et puis, lutter contre les forces de Brainiac plusieurs jours de suite sans repos ou presque ne l’aide pas à gérer au mieux sa magie. Surtout pas après avoir déchaîné la foudre de Thor à Central City. « Je vais essayer de savoir si les sorcières sont encore en vie. Boston, Faith… Ne paniquez pas. » Pour la simple et bonne raison qu’à chaque fois que Rosie laisse l’énergie de Hela l’envahir… Elle hérite de ses caractères physiques pour le moins particulières. Autrement dit, la moitié de son corps n’est soudain plus qu’un squelette avec quelques rares morceaux de chair. Hela dans toute sa splendeur. Pendant quelques minutes, qui paraissent interminables, elle reste silencieuse, sonde les environs. Et puis elle retrouve son apparence naturelle. « Elles sont toutes vivantes. Pas au mieux de leur forme, mais elles sont en vie. Je ne sais pas ce que Baba Yaga leur veut, mais de toute évidence elle ne veut pas les tuer. Se pourrait-il qu’elle les enlève les unes après les autres pour les protéger ? Pour essayer de les sauver de Brainiac et ses créatures ? » Pure spéculation. Rosie ne connaît pas grand-chose à propos des légendes slaves et ses créatures, elle est hors de son champ d’expertise, en terre inconnue. Des croassements attirent son attention et elle lève les yeux vers les corbeaux d’Odin, qui tournoient au-dessus d’eux. « Hugin et Munin ont repéré l’oiseau de feu qui accompagne Baba Yaga. Elle ne doit pas être très loin… Je vais y aller. Et si les choses tournent mal, je reviens ici en un claquement de doigts. » Elle se tourne vers Boston, et lui tend la main. « Tu m’accompagnes ? »

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Zee gardait les yeux fixés sur la plume dans sa main, qui dégageait une énergie vibrante, quasi propriétaire des lieux, et pas seulement du manoir et de ses habitantes, mais des terres environnantes. Et ce n'était qu'une plume. D'un simple familier, enfin en quelque sorte. S'il s'agissait vraiment de Baba Yaga, alors sa magie s'étendait sur le pays entier, voire le continent. Noooooon, pourquoiiii... Elle s'arracha à la contemplation de la plume pour écouter les explications de Tetyana. Mais d'abord, c'est vrai, ça, pourquoi ? Qu'est-ce que Baba Yaga foutrait ici et maintenant, en pleine invasion extraterrestre, à enlever des apprenties sorcières ? La vieille dondon était pire qu'une concierge d'immeuble, dans le genre territoriale. Zee se serait attendue à ce qu'elle s'en prenne au moindre bout de ferraille franchissant les limites de son royaume. Elle jeta un regard à Tetyana qui les observait comploter de loin, pleine d'espoir, absolument pas au courant qu'ils n'étaient pas du genre à arriver avec un plan. Elle effleura doucement la plume, se retenant de tirer sur le fil de magie qui la reliait encore à son propriétaire. Ce serait si facile, et c'était si tentant...

« Cette vieille pie n'en serait pas à son premier kidnapping, mais des sorcières ? Dont sa magie coule dans les veines, ses filles spirituelles ? D'après Boston, c'est nous qui sommes de trop ici, pas ces filles. Rosie a peut-être raison, elle cherche peut-être à les protéger. » Mais pas forcément avec les meilleures intentions du monde.. « Mais peut-être aussi qu'elle ne veut tout simplement pas que ces filles vident les lieux, ni maintenant ni jamais. » Comment la définir, cette vieille peau ? Elle faisait partie des meubles magiques, ni mauvaise ni bonne ce qui voulait dire qu'à des yeux humains éphémères, elle apparaissait plus souvent mauvaise que bonne. Elle était bel et bien le croque-mitaine du coin et avait traversé les âges sous la forme d'une vieille aigrie dévoreuse d'enfants. Et c'était ce qu'elle était, entre autres nombreuses autres choses. Et il semblait à Zatanna que la meilleure chose à faire, c'était encore de lui poser la question directement. Sauver les filles et rentrer chez eux ne suffirait pas, il leur fallait comprendre. « On ne veut pas déclencher de guerre magique en pleine invasion extraterrestre, je sais qu'on a tendance à causer plus de problèmes qu'on en résout, mais là ce serait vraiment le pompon. L'idéal, ce serait que pendant que certains remontent la piste des sorcières via son oiseau, d'autres se débrouillent pour attirer Baba Yaga à eux. On sait ce qu'elle veut et quand elle vient le chercher, après tout. » Et elle regarda encore Tetyana. JLD-style. Un plan boiteux, odieux et dangereux. Elle arracha un mince fil de la plume du zhar-ptytsia et la posa sur sa langue, sentant la magie locale s'étaler sur elle comme un manteau léger et pas vraiment à sa taille en étouffant sa propre aura magique, puis haussa les sourcils à l'attention des autres. Est-ce que ce serait suffisant pour lui donner des couleurs locales et tromper Baba Yaga ne serait-ce qu'une seconde ? Elle lança un regard familier à John, parce qu'elle était sûre qu'il avait déjà dû penser à l'autre solution. La possibilité qu'elle ne voulait pas dire à voix haute, à savoir qu'ils pouvaient aussi se servir de Tetyana comme appât.

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something wicked this way comes

Un à un, John dévisagea ses petits camarades alors qu’ils prenaient la parole – particulièrement attentif à Zee et Boston pour une raison, particulièrement attentif à Rosie et Faith pour une autre. Les deux premiers, il roulait avec depuis trop longtemps pour prétendre encore ne pas les écouter, compagnons trop vitaux pour faire semblant de la jouer complètement indépendant ; ride or die, comme disaient parfois les jeunes, pas vrais ? John se plaisait à se la jouer solitaire prétentieux, mai à la vérité, ce drôle de gang, il y tenait terriblement. D’où, donc, l’attention particulière qu’il portait aux deux nouvelles joueuses que leur avait envoyé Xanadu. Rosalie avait beau partager quelques gouttes de sang et quelques belles mésaventures avec lui, là, c’était pas la même affaire ; et Faith évidemment, sa présence soulevait chez lui plus d’interrogations qu’autre chose, drapée de mystère qu’elle était. Qu’on l’accuse de sentimentalisme et de protectionnisme, si l’on voulait ; si sa petite bande devait être remodelée, alors il tenait à ce que ce soit bien fait, et que tout le monde y trouve sa place comme dans une machine bien huilée, voilà. John se pinça l’arête du nez, retenant un soupir face au casse-tête qui se présentait à eux. Plusieurs possibilités, peu de marge de manœuvre, deux nouvelles relatives inconnues à prendre en compte dans l’équation, et aucun droit à l’erreur. Juste un mardi comme un l’autre dans la Justice League Dark, c’est ça ?

« Bon. » soupira-t-il en relevant la tête, et en exhalant une bouffée de cigarette. Boston avait dit qu’il fallait qu’ils se bougent s’il voulaient éviter encore plus de grabuge de l’au-delà, et s’il y avait bien une chose sur laquelle il se fiait à Deadman, c’était tous les potentiels problèmes posés par des fantômes mécontents. Rosie avait établi que les sorcières étaient encore en vie, son piaf était parti en éclaireur, et Zee se proposait de jouer les appâts ; son regard accrocha le sien, entendu. Elle le connaissait trop bien ; et lui, quelque chose se révoltait déjà dans sa poitrine à l’idée qu’elle s’offre en pâture de la sorte. Evidemment qu’il aurait préféré utiliser Tetyana. Evidemment qu’elle essayait de l’en empêcher. « … ça vaut le coup d’essayer. » concéda-t-il en ravalant sa frustration mâtinée, quand même, d’un brin de fierté. Ils étaient là pour ça, non ? Se compléter l’un l’autre, et s’empêcher de faire de sacrées bêtises – dans le meilleur et surtout dans le pire. Puis, ses yeux glissèrent vers Rosalie, et Boston, et la main tendue de Rosalie à Boston, et il plissa des yeux. « Okay, easy tous les deux. On a besoin que vous retrouviez le véritable piaf et les sorcières qui vont avec pendant qu’on fait les clowns pour attirer Baba Yaga. Pas que vous alliez batifoler en forêt. » Zéro pointé sur la diplomatie, Constantine ; mais n’empêche, hein. Manquerait plus que son zigoto de fantôme préféré et sa cousine… brr. « Faith, tu restes avec Zee et moi. Si la vieille se pointe, on va avoir besoin de renforts. » Clap, il fit claquer ses deux mains l’une dans l’autre, comme un chef d’orchestre sur le point d’entamer sa partition. « Justice League Dark, sortez vos tronches de tueurs. C’est l’heure d’aller sauver des sorcières. »

**

… bon, elle se faisait désirer, quand même, la vieille Baba Yaga. Savamment planqué derrière une fontaine hors d’usage dans l’immense parc à l’arrière du manoir, Faith à ses côtés pendant que Zee se tenait pleinement exposée en irradiant de l’aura du zhar-ptytsia, John guettait, sentant l’impatience grimper de seconde en seconde. Non pas qu’il manquait de patience quand il s’agissait de mettre un plan en exécution, mais Deadman l’avait dit : il fallait qu’ils se grouillent, s’ils ne voulaient pas se retrouver avec encore plus de problèmes à gérer. « Qu’est-ce qu’elle fout, bon sang ? J’espère que Rosie et Boston ont plus de chance que nous. » marmotta-t-il dans sa barbe en adressant un regard plein d’interrogation et de frustration à Faith. Ok, réfléchis, Constantine. Zee qui émet la même aura que l’autre oiseau, ça ne veut pas dire qu’elle paralyse l’aura de l’original. Peut-être Baba Yaga capte-t-elle les deux en même temps – peut-être hésite-t-elle. Donc, peut-être fallait-il lui forcer la main. John se mordit l’intérieur de la joue, et tira de la poche intérieure de son imperméable un couteau suisse. « Couvre-nous si jamais ça se gâte. Mais essayons d’éviter la bagarre ouverte, ok ? L’écosystème magique de cet endroit a encore besoin de Baba Yaga. » souffla-t-il à Faith ; puis, sans attendre, il sortit de sa planque et s’avança à grands pas vers Zee, avant de passer un bras autour de ses épaules et de placer la lame de son couteau suisse sous sa gorge – comme s’il pouvait faire le moindre mal avec ça, mais hé, aux grands maux, les solutions bricolées hein. « Sorry. J’essaye juste de la débusquer. Tu peux jouer le jeu ? » demanda-t-il d’un ton désolé à sa princesse qui parle à l’envers, et qui aurait toutes les bonnes raisons du monde de lui en coller une, là tout de suite. « OI. Baba Yaga ! Si tu veux éviter que ton fichu oiseau de malheur ne finisse en ragoût, je te conseille de sortir de ta cachette ! »

… honnêtement, il ne s’était pas attendu à ce que ça fonctionne – pas avec ce niveau ras-des-pâquerettes de method acting. Pourtant, d’un seul coup, l’air changea ; soudain glacé, soudain épais et étouffant comme un marais empoisonné, qui prend à la gorge, aux poumons et aux tripes. Et chargé d’une électricité négative, malsaine, presque malade, et pourtant ancienne et envoûtante. « … ah ben voilà. » lâcha-t-il dans l’oreille de Zee, en rabaissant aussitôt sa lame même pas tranchante face au spectacle impressionnant, et surtout proprement terrifiant qu’offrait la fameuse Baba Yaga ; la vieille femme des contes, peau fripée, nez busqué (trop busqué), difforme et laide et repoussante à souhait, se tenait là, devant eux, matérialisée dans un brouillard d’un gris presque verdâtre… et les yeux rivés sur eux, furieux, le regard aigu scrutant l’un, puis l’autre, avant de se fixer sur Zatanna. « … combien de temps avant qu’elle ne réalise la supercherie, tu crois ? » demanda-t-il dans un souffle ; sacrément impressionné, mine de rien, de se retrouver face à un tel monument de folklore. « Où… est-il… ? » siffla soudainement la vieille femme ; avant de brusquement s’avancer vers eux à grands pas, véritable vision de cauchemar, qui avait l’air bien déterminée à régler ses comptes avec les usurpateurs.

AVENGEDINCHAINS

"something wicked this way comes"

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

Le visage de Rosalie avait changé… Et c’était presque davantage plus choquant que d’apprendre que Frankestein existait lui aussi. Il était très difficile à ce moment de ne pas réprimer un dégoût, même en imaginant très fort dans ma tête un squelette faire quelques pas de danse rigolos. Finalement, je crois que je réalisais que cette Xanadu avait des goûts bizarres, entre son choix de recruter une femme capable de perdre la moitié de son corps si calmement et moi-même, un démon coincé dans cette enveloppe humaine. Mais à quoi devais-je m’attendre d’une femme qui avait envoyé à une mission sensiblement mortelle ses deux nouvelles invitées sans les y avoir préparé au préalable. Je restais silencieuse, l’observant reprendre son aspect normal. Je ne savais pas pour quelle raison, mais j’en étais à présent bouleversée. Un profond sentiment d’amertume et de regret, mêlée à de la nostalgie. Je ne connaissais pas Rosalie avant aujourd’hui, c’était une certitude. Après tout, elle non plus ne semblait pas me connaître, alors pourquoi ce que je venais de voir m’évoquait un sentiment si lointain et si profond.
Boston, lui, semblait très emballé à l’idée qu’il pouvait toucher une personne, j’imagine que cela devait être une sensation qu’il n’avait pas ressenti depuis fort longtemps. Je restais silencieuse quand Rosalie expliqua la situation et ce qu’elle ferait avec Boston, ça m’avait l’air d’être un plan pas trop dégueu, bien que dangereux, s’ils leur arrivaient quelque chose, je ne voyais pas vraiment comment l'on pourrait leur venir en aide, c'était le souci à mes yeux. J’écoutais à la suite silencieusement le plan de Zatanna, en levant un sourcil en l'air. Et bon dieu, cette gamine… Oui, gamine, maintenant que je savais que j’étais aussi vieille que cette Baba Yaga, voire plus, c’était impossible que je puisse continuer à la considérer plus âgée que moi. J’avais pensé que la magicienne avait un très grand sens du devoir et du sacrifice, mais je commençais à croire qu’en fait, il lui manquait une case ou deux. Je veux dire, un jour elle va réellement se faire du mal à force de mettre sa vie en jeu de la sorte pour des étrangers… Bon dieu. Et le ‘’ça vaut le coup d’essayer’’, mais WHAT ? Pas l'un pour rattraper l'autre en fait. Bah oui, hein ? Tentant un petit coup et s’il lui arrive quelque chose, oh bah zut, on réessayera week-end prochain. Mais non, enfin !

Attendez, peut-être que c’était moi qui ne devais pas trop bien comprendre exactement comment la partie "investigation" marchait dans cette équipe. Est-ce que celui qui proposait l’idée la plus stupidement dangereuse, c’était celui qui avait le plus de succès de passer pour un fin stratège ou bien quoi ? On ne savait foutrement pas comment Baba Yaga se pointait dans le coin, on ne savait pas où elle crachait, ni même si on la verrait arriver quand elle déciderait de se montrer ? Est-ce qu’on aura le temps de réagir le moment venu ? Faire l’appât, holy fucking shit, c’était un plan tiré de CARTOON NETWORK. Malheureusement, à part Metmet, nous n’étions ni Grominet et Baba n’avait sans doute rien de Titi, je ne voyais pas comment ça pouvait marcher. Il fallait reconnaître que je faisais preuve d’une force incommensurable pour ne pas me prendre un petit remontant en Whisky, même si le fait que je n’avais pas de bouteille à porter de main, aidait pas mal. Bref… Je restais silencieuse, c’était peut-être juste moi qui étais un peu trop paranoïaque. J’étais nouvelle et eux, ils étaient des sortes de professionnels, non ? On y croit !

~~~ o ~~~

Putain, mais en fait ça marchait pas du tout ce plan foireux ! J’eus un rire amer quand Johnny m’annonça qu’il espérait que ça se passerait mieux du côté de Roston, le nouveau couple. Mon regard fixait la magicienne et les environs autour d’elle. J’espérais fortement que l’on pourrait régler ça avant la tombée de la nuit, parce qu’on n’y verrait certaine que dalle ici. À côté de moi, John sortit un couteau suisse et je sentais à deux putains de kilomètre le plan PQ dernière minute qu'il allait nous sortir et pourtant, je ne le connaissais pas encore assez bien moi ce pauvre gars… Plan PQ, oui, vous savez, celui qu’on se devait d’avoir quand on découvrait bien trop tard qu’on avait plus de papier toilette après avoir déjà commencé à chier. Oh God, cette équipe avait-elle vraiment le droit de s’appeler Justice League même avec le Dark en plus ? J’inspirais un bon coup, quand John m’avait demandé de les couvrir. « Eh bien, je ferais ce que je peux. » Je ne promettais rien… Parce que si cette connasse cherchait à me buter, j’en avais rien à carrer de sortir l’artillerie lourde pour la buter à mon tour.
M’enfin, j’étais malgré tout prête à faire l’effort, parce que c’était Baba Yaga. Ce serait con de tuer une légende vivante, je n’étais pas sans pitié comme Dean et Sam Winchester. J’inspirais profondément quand je constatais ce qu’était ce plan et oh bordel de merde, cette vieille folle avait mordu à cet hameçon pourrave… « Vous me faites marcher ?! » Mais en fait, grossièrement, cette Baba Yaga était comme une souris attirée par l’odeur du fromage qui se décidait à se montrer juste parce que John menaçait de le bouffer ce fromage à sa place. C'est une comédie, je n'ai pas d'autre explication. Cela dit… Quand miss monde, des vieilles gueules bien dégueulasse à regarder, commença à avancer d’un pas violent en direction de mes braves camarades, mon sang ne fit qu’un tour dans mes veines. « Sijnaar ! » Criais-je dans la langue du démon tout en pointant ma baguette en direction de cette vieille peau. Une volute dorée quitta l’extrémité de ma baguette sous le son d'un crépitement de flammes soudainement animées d’un courant d'air.

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Justice League Dark

You're sure I can't skip this one?

Un mort qui est vivant ou un vivant qui est mort? Est-ce que ce piaf était sérieusement en train de me taunter dans un débat philosophique? Je suis mort, l'oiseau. MORT mort. Ca semblait tout con voir complètement anecdotique mais ça m'avait plutôt irrité sur le moment. Heureusement pour lui (ou plutôt pour moi?) Rosie l'avait rapidement remis à sa place, en l'envoyant lui et son jumeau à la chasse. Ce qui vint ensuite me fit complètement oublier ce cher maître corbeau car bon sang, à chaque fois qu'elle faisait quelque chose, Rosie n'arrêtait pas de me fasciner d'avantage. Normalement en pareille situation je serais déjà en train de me planquer ou de devenir plus blanc que je ne l'étais déjà, mais avec cette simple mise en garde de sa part avant les faits, toute notion de peur m'avait quitté avant même qu'elle ne commence sa macabre transformation. Inconsciemment je lui avais accordé toute ma confiance, et ce qui s’apparentait sans doute à une vision d'horreur me semblait juste... Triste? J'ignorais pourquoi je ressentais cela en cet instant précis mais je savais juste une chose: Je voulais en savoir plus sur Rosie. Je voulais vraiment la connaître, en tant que personne, et pas seulement parce qu'elle avait l'air de savoir faire des choses dont nul autre était capable.

On était pas là pour ça? Je sais bien, MAIS MEME. Pour en revenir à notre mission, plus on avançait dans nos remarques et autres découvertes, plus il était évident qu'on allait tomber dans le schéma classique JLD, à savoir "faisons un concours de lancer d'idées foireuses et gardons celles qui collent au mur. Puis au pire utilisons celles qui collent pas". Sur le coup la plus al dente était celle de l’appât, joué par Zee, qui allait se faire passer pour l'oiseau de feu. En entendant John dire que ça valait le coup d'essayer, je pouvais facilement imaginer l'effort incommensurable que ça lui avait demandé. Bien sûr que ce cher briton avait quelqu'un d'autre en tête pour ce plan. Bien sûr qu'il aurait pas hésité une seconde à proposer cette odieuse alternative en d'autres circonstances, mais il connaissait Zee, tout comme elle le connaissait et moi à force, je pouvais les lire comme des bouquins les deux zoziaux... Bon, des bouquins en énochien upside-down mais bref, Bloody feelings.
Lorsque Rosie tendit sa main vers moi pour me proposer d'aller chopper ce cher firebird, j'ai dû freezer pendant un moment probablement bien trop long. Au point que John se sentit obligé de nous (me) recentrer et nous rappeler la mission. Un peu vexé (plus par ma maladresse que sa remarque) je lui lançai un regard de travers, que je ne lâchai pas en posant ma main dans celle de Rosie avant de... Freezer à nouveau. Je me voyais évidemment pas, mais je me retenais du mieux que je pouvais de ne pas fondre en larmes. Le fait que j'en étais physiquement incapable m'aidait sans doute à maintenir la poker face mais bordel, cette sensation... Comment quelque chose d'aussi banal pouvait me paraître si intense? C'était comme retrouver un souvenir oublié, mais puissance mile. Rien à voir avec ces sensations de substitution au rabais lorsque je possédais quelqu'un. Oubliant ma grimace envers John je plongeai mon regard dans celui de Rosie et... Poker face disais-je. Un rapide coup d'oeil sur le côté, un petit raclement de gorge, il était temps de focus sur la mission. "On échouera pas." Lancais-je au reste du groupe, tentant vainement de me convaincre plus qu'autre chose. Commençant à m'élever dans les airs, je m'adressai une dernière fois à Faith, pointant Zee du doigt. "Tu prends soin d'elle okay?" Pas besoin de le dire à John, évidemment.

En volant aux côtés de Rosie je n'avais toujours pas lâché sa mimine. Pourquoi me laissait-elle faire? Je l'ignorais. Pourquoi je lui posais pas la question? Parce que pour le moment mes ectoplasmiques méninges refusaient catégoriquement de former une phrase cohérente dans ma fantomatique caboche. Dis quelque chose Boston, n'importe quoi!... "Je..." Je c'était pas mal comme début, un peu classique mais on avait vu pire... Un verbe ensuite? Un complément? "Je..." Oui non on avait déjà un sujet en fait, faudrait passer à la suite là. "Je pense que le mieux c'est de me laisser faire dès que l'oiseau est en vue."La fameuse technique de l'esquive, bien joué. Boston 1, progrès 0. "Une fois que je l'aurai possédé, j'imagine que tes pouvoirs pourront nous aider d'une manière ou d'une autre?" Yep, esquive complètement amorcée, plus aucun retour arrière possible. En même temps c'était peut-être pas plus mal, car nous arrivions déjà en vue d'une chaude mais timide lueur perçant subtilement la cime de l'obscure forêt s'étendant à perte de vue devant nous.
Les corbeaux jumeaux nous amenèrent dans une drôle de clairière où se trouvait notre cible. Qu'est-ce qu'il faisait là exactement? Aucune idée, peut-être attendait-il quelque chose, ou pire, quelqu'un. Il n'était pas difficile de s'imaginer un oiseau de feu, après tout le phoenix était une créature mythique multiculturelle assez populaire encore aujourd'hui, mais en voir un pour de vrai, c'était tout autre chose. Premièrement il était... Plutôt petit? Enfin, pas vraiment petit mais pas beaucoup plus grand qu'un faucon quoi. Mais ces ailes, incandescentes, ces yeux, ce bec, ces serres... Vu que j'étais celui qui allait devoir s'en approcher j'en étais presque content d'être déjà mort. Lâchant enfin la main de Rosie je lui fis comprendre en silence que j'allais tenter une approche. Contournant la clairière, je m'enfonçai dans le sol, pile dans ce que j'imaginais être son angle mort. Mais lorsque j'émergeai lentement près de lui la main tendue, son oeil de braise me fixa comme s'il avait toujours su que j'étais là, car évidemment que les piafs magiques pouvaient me sentir voyons, silly me. "Shit." D'un cri perçant il déploya ses ailes et prit son envol, mais hors de question que je le laisse filer. Puisque la subtilité nous menait nulle part, force brute ce serait. Me projetant à sa suite je me tendit de tout mon long, tentant d'effleurer son plumage. Un simple contact suffisait, aussi léger soit-il et ce fut exactement ce que j’obtins. Le moment où mon majeur lécha une plume de sa queue incandescente j'assimilai l'entièreté de son corps, dans une transition qui se voulut tout sauf pacifique. Du point de vue de Rosie l'oiseau devait avoir l'air de se battre avec lui-même tout en se maintenant tant bien que mal dans les airs, avant que son cri perçant ne résonne dans toute la forêt, le tout accompagné d'une immense projection de flammes augmentant son aura de plusieurs mètres, le rendant soudain bien plus grand qu'il ne l'était vraiment. Mais cela ne dura que quelques secondes tout au plus. Rapidement j'avais fini par saisir les rênes de l'animal, le réduisant au silence et calmant ses flammes, l'amenant ensuite au sol. J'avais désormais le contrôle, mais pas pour bien longtemps, je le sentais clairement. Cette bestiole était un véritable concentré de magie pure, le genre qui n'hésiterait pas à m'expulser voir me consumer à la moindre baisse de concentration de ma part, et mon endurance en la matière n'était pas illimitée. "Quoi que tu aies à faire, fais-le vite, je ne vais pas pouvoir le tenir longtemps... Quant à son dernier cri je l'ai bien senti, c'était un appel à l'aide, vers qui vers quoi, j'ai pas trop envie de le savoir..." Parce que oui, y avait ça aussi. En gros, j'avais un peu merdé...

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Diviser pour mieux régner. Faute de mieux. Un plan tout à fait bancal, à l’image de la drôle d’équipe qu’ils forment. Un sourcil haussé, Rosie lance un regard noir à John avant d’attraper la main de Boston, direction la forêt. Pour elle, il n’est pas plus mort que vif, elle n’a pas l’impression de tenir la main à un ectoplasme ou à un corps sans vie. Merci Hela pour l’opportunité. Et puis de toute façon, Rosie se dit qu’elle n’a pas vraiment le temps de se demander ce que Boston est ou n’est pas, ils ont un oiseau mystique à retrouver. Elle ne lâche pourtant pas sa main alors qu’elle pourrait très bien le faire, sans doute parce que son côté empathique lui permet de ressentir son émotion. À sa place, elle n’aurait pas supporté de rester coincée dans cet entre-deux, pas assez morte pour passer dans l’autre monde, pas assez vivante pour continuer à mener une existence normale. Quoi que ce puisse être. La normalité, Rosie ne l’a jamais connue et doute d’y avoir un jour le droit. Elle a fini par faire la paix avec cette idée ; de toute façon c’est ça ou passer son temps à échapper à son destin et elle est fatiguée de courir. Elle redescend sur Terre lorsque Boston s’adresse à elle, en commençant par balbutier quelques mots. « Tu peux posséder des créatures mythiques ? » Question rhétorique et probablement stupide, mais Rosie est sincèrement surprise par cette information. Sa curiosité est piquée au vif, elle se demande s’il serait capable de posséder un être comme Fenrir ou Jörmungand… Mais c’est le genre de choses qu’il valait mieux éviter de tenter, le genre d’interrogations qui devaient rester sans réponses. « D’accord… D’accord. Immobilise-le autant de temps que tu le pourras, je me chargerai du reste. » Elle allait devoir faire appel aux pouvoirs d’un dieu qu’elle n’appréciait pas particulièrement, mais… Aux grands maux, les grands moyens. Hugin et Munin les conduisent jusqu’à une clairière, où le Zhar-ptytsia… Ne fait rien ? C’est presque comme s’il les attendait. Rosie grimace, mais avant qu’elle n’ait eu le temps de dire quelque chose à Boston, ce dernier s’empresse de sauter dans le corps de l’oiseau. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas l’intention de se laisser faire. « Oh oh… Mauvaise idée, mauvaise idée. » « La ferme, Hugin ! » Ce n’est pas le moment de la déconcentrer. D’abord parce que si Boston perd le contrôle du Zhar-ptytsia, elle risque d’avoir chaud aux fesses, au sens propre du terme. Ensuite, parce puiser dans la magie de Loki lui demande des efforts hors du commun et une méfiance particulière. Ce dieu-là n’attend qu’une chose, pouvoir se glisser dans son enveloppe et profiter des joies d’une vie en chair et en os. Alors il faut qu’elle attrape juste ce dont elle a besoin avant de refermer son esprit aussi vite qu’une huître. Elle frissonne ; elle a senti l’esprit du dieu effleurer le sien, elle n’est pas passée loin. « J’ai encore besoin de quelques secondes !! » Le temps de trouver la bonne formule pour lancer son sort. Encore une fois, c’est moi une, parce qu’elle voit l’oiseau de feu recracher Boston comme s’il l’avait avalé de travers avant de tourner son regard incandescent vers elle.

Rosie tend les deux mains vers le Zhar-ptytsia, prononce les mots et une gerbe d’énergie écarlate jaillit de ses paumes, encercle la bête et tisse autour de lui une toile d’araignée qui se resserre au fur et à mesure autour de lui, l’empêchant de déployer ses ailes ou de se servir de ses serres pour la réduire en charpies. Sauf que l’oiseau est beaucoup trop fort pour qu’elle puisse le garder en cage indéfiniment. « Euh… Je crois… Je crois qu’il va nous falloir un plus gros oiseau ! » « Mauvaise idée, mauvaise idée, mauvaise idée ! » Rosie lance un regard agacé aux corbeaux d’Odin. Évidemment que ce qu’elle a en tête est une mauvaise idée. C’est même carrément dingue, et rien ne garantit qu’elle parvienne à garder le contrôle sur la chose qu’elle s’apprête à libérer des racines d’Yggdrasil. Ça ne l’empêche pourtant pas d’ouvrir un portail d’une main, tandis qu’elle resserre l’autre pour garder sous son emprise le Zhar-ptytsia encore un instant. Elle commence à avoir la nausée, à trembler… Non, ce n’est pas elle, qui tremble. C’est la terre sous ses pieds. La terre qui tremble, craque, s’ouvre sur un monde inaccessible depuis des siècles et des siècles. Rosie déglutit, lance un regard à Boston, avant de de concentrer sur la faille qui s’agrandit encore et encore… Puis un grondement sinistre retentit, fait trembler la forêt et ses alentours sur des kilomètres à la ronde. Une première patte griffue apparaît, puis une seconde, suivie par un corps massif recouvert d’écailles. Le long coup de la bête se déplie, ses deux ailes d’envergure phénoménale se déploient et il rugit. Rosie le ressent à l’intérieur de tout son corps, elle écarquille les yeux. peut-être que les corbeaux avaient raison, en fin de compte. Mauvaise idée. Elle relâche l’oiseau de feu et recule de quelques pas par réflexes – elle manque de hurler quand elle heurte Boston sans l’avoir vu. « D’accord… Techniquement… Techniquement un dragon est un reptile et pas un oiseau, mais c’est un… » Elle déglutit. « Détail. » Nídhögg, le dragon d’Yggdrasil, le Dévoreur de Cadavres. Le Zhar-ptytsia a tout juste le temps de piailler avant que l’énorme patte de la bête ne s’écrase sur lui, le retenant prisonnier et à sa merci.

Victoire ? Peut-être que oui, peut-être que non mais une chose est sûre, Rosie a arrêté de respirer à la seconde où le dragon a posé les yeux sur elle. Quand il a avancé son énorme gueule ouverte vers elle pour la renifler, elle est devenue aussi pâle que Boston. Et quand il l’a effleurée d’un coup de museau avant de détourner la tête, elle a manqué de tourner de l’œil. Très mauvaise idée. Alors quand Nídhögg se détourne d’elle, elle se laisse tomber par terre, assise sur les fesses. « Je crois que John a déteint sur moi. C’était vraiment… Une idée de merde ! » Libérer un dragon aussi grand qu’une montagne pour maîtriser le familier de Baba Yaga était peut-être une solution un peu extrême. « Enfin, maintenant qu’il est là, hein… » Rosie se force à sourire pour se donner du courage, se relève, lâche un petit rire nerveux parce que Nídhögg la suit de ses yeux reptiliens et époussette ses vêtements avant d’ouvrir un petit portail vers le reste de leur équipe de bras cassés suicidaires. Ah, Baba Yaga s’est enfin décidée à ramener sa poire ! Rosie s’éclaircit la gorge avant de parler, histoire de ne pas avoir trop l’air d’être complètement dépassée par la situation. « Hé, mamie ! Si c’est ton volatile que tu cherches, c’est moi qui l’ai ! Alors je te conseille de libérer les sorcières que tu retiens fissa, si tu ne veux pas qu’il finisse en poulet rôti ! » Les mains sur les hanches, Rosie hausse les épaules. « Quoi ? Ne me regardez pas comme ça ! Je me suis juste dit qu’il allait nous falloir un plus gros cracheur de feu, c’est tout. » Bah oui, c’est tout.

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something wicked this way comes

Elle essayait de ne pas faire les cent pas autour de la fontaine, enveloppée d’une aura qui n’était pas la sienne et qui la gênait aux entournures, à se demander si Rosie et Boston allaient bien, ce qu’il se passerait si c’était vers eux que Baba Yaga irait, à craindre que John perde patience et lance le plan B auquel lui seul avait pensé ou encore à s’inquiéter de comment irait Fa"ith si tout d’un coup les lieux se transformaient en grand champ de bataille magique… Puis elle sentit une lame contre sa gorge, mais comme elle avait d’abord senti l’aura familière, elle ne s’en inquiéta pas outre mesure. Ça aurait pu être pire, comme plan B, et elle esquissa un sourire. « Tu sais bien que je ne refuse jamais de jouer le jeu. » Figée, elle alimentait en énergie son aura factice, émettant des ondes d’oiseau magique dans tous les sens. Que Baba Yaga y croit ou pas n’était pas si important au final, le résultat devait être bien assez étrange pour attirer son attention. Et soudain, elle fut là, dans toute son horreur, mais sa splendeur également. Rien qu’à la voir il était évident qu’engager un combat contre elle serait tout à fait contreproductif, mais Zee savait que la situation pouvait mal tourner à tout moment. Combien de temps avant qu’elle ne comprenne ? Autant, à peu près, qu’il fallut à Zee pour ouvrir la bouche et ne pas avoir le temps de répondre à la question.

Et maintenant ? D’abord, engager la conversation. Il devait y avoir une raison pour que cette sorcière de l’est enlève ses propres filles et ait un comportement aussi étrange en pleine situation de crise galactique. John avait baissé son couteau aussitôt, et si ça, ce n’était pas un signe de paix… « Mère sorcière, pardonne-nous cette tricherie ! Nous sommes venus… » Bon, la baba yaga n’avait certes pas l’air d’avoir envie de parler. Elle s’avançait vers eux comme un bulldozer, et soudain un fil doré fonça sur elle, et Zee n’eut pas à en chercher l’origine pour reconnaître la magie de Faith. Magie ancienne contre magie ancienne, si ce n’était que Baba Yaga était elle-même plus ancienne que la première femme ou presque. Zee recula d’un bond en passant un bras autour de la taille de John et en levant un bouclier magique au moment où le sort d’entrave de Faith et celui de Baba Yaga entraient en collision, elle eut l’impression d’avoir mis deux doigts dans un prise électrique et la seconde d’après, John et elle étaient tous les deux les fesses dans la fontaine et son fond d’eau croupie. « Désolée… l’aura de ce fichu piaf se mélange mal à ma magie. » Elle se releva alors que la vieille sorcière s’était tournée vers l’endroit où se trouvait Faith. Ce n’était pas le plan, mais encore une fois, il n’y avait pas vraiment eu de plan à partir du moment où la vieille s’était pointée. JLD-style. Zee s’interposa entre Faith et la baba yaga, dont l’apparence avait changé, désormais mi-femme, mi-serpent, et cent pour cent en colère. Il était encore temps de trouver une issue moins destructrice à toute cette histoire, non ? Elle dévia un sort lancé par Baba Yaga et qui alla faire s’écrouler le toit d’un bâtiment déjà en ruine derrière elle. Qui est-ce qui payait pour les dégâts à chaque fois que la JLD était de sortie, déjà ? « Nous voulons juste parler ! » implora-t-elle.

Là-dessus, un portail magique apparut et Rosie, Boston et un dragon se matérialisèrent dans la cours, le dragon tenant prisonnier le zhar-ptytsia dans son énorme patte. Oh. Oh bon, au temps pour la diplomatie. Cela dit, cette fois, si elle tenait vraiment à son piaf, la vieille allait bien devoir se calmer. Même si là, tout de suite, elle avait l’air de faire l’inverse : le vent s’était levé et les esprits étaient en train de se rassembler autour d’elle comme partout où elle allait. Elle fit signe à Faith de les rejoindre et lui prit la main avant de la lâcher aussitôt avant que son aura moitié-piaf moitié homo magi ne vienne semer le chaos dans la magie déjà chaotique de la jeune femme. « Tiens les esprits à distance, aussi longtemps que tu pourras. Fais juste attention à Boston. » Zee savait que sa padawan avait un sort parfait pour cela, et que tant que les esprits de Baba Yaga étaient tous regroupés autour d’elle, il était encore temps de les emprisonner dans un filet magique qui pourrait épargner leur esprit à eux. La vieille sorcière semblait prête à exploser de rage, mais son regard était rivé sur le dragon de Rosie. Zee se rappela les paroles que Nebiros lui avait balancées sur Terre IV quand elles avaient combattu leurs doubles côte à côte et songea que le démon aurait adoré voir une chose pareille. Mais, à sa décharge, Zee devait reconnaître que c’était tout simplement impressionnant. Rosie avait bien résumé la situation à sa façon, « parle ou on tue ta bestiole ». Impasse mexicaine totale. « Vous savez ce qu'il se passe actuellement dans le monde » ajouta-t-elle histoire de se dire qu'ils avaient tout tenté pour que les choses se passent pacifiquement et n'avoir aucun regret plus tard quand la moitié de l'Ukraine aurait été rasée. « Pourquoi vous en prendre à vos filles ? » Dans sa tête, elle se repassait tout ce qu'elle savait de la sorcière - maternelle, amazone, protectrice, mais aussi menteuse, possessive, aux cadeaux empoisonnés et adorant les joutes verbales... Rien qui puisse les aider. Elle se tourna vers John, l'air de dire : « Bon, et maintenant, elle est prête à négocier, tu crois ? »

Codage par Libella sur Graphiorum

something wicked this way comes

Un dragon. Un. Putain. De. Dragon. John en resta stupéfait, les fesses dans l’eau croupie et glacée d’une fontaine qui n’avait visiblement pas été nettoyée depuis les lustres, une Baba Yaga en furie en ligne de mire, une Faith à la baguette un chouïa nerveuse à sa droite, une Rosalie et un Boston pas du tout dépassés à sa gauche et un putain de dragon pour couronner le tout.

Pas de doute, ils nageaient bien en pleine mission de la Justice League Dark. Pour sûr que Batman adorerait voir le nom de sa Ligue bien aimée associée à ces andouillades, tiens.

Entre les griffes de Nídhögg, le Zhar-ptytsia se débattait, furieux, sa voix s’élevant en cris rauques et stridents de sa gorge aux mille couleurs. La gorge de John, elle, était prise en étau par le soudain afflux d’énergies spirituelles qui envahirent l’endroit comme la vague d’un tsunami. Telle un phare au milieu de la nuit, Baba Yaga attirait à elle tous les esprits qui erraient encore sur ces terres chargées de sang , de peines, et de regrets, ancrant esprits humains, non-humains, et tout ce qu’il pouvait traîner dans les parages, juste ici. Chaque terre avait sa propre histoire et ses propres chagrins ; celle autour de Kiev était chargée d’une telle tristesse, soudainement tellement palpable, tellement vivace et déroutante, que John, le souffle court, dut lutter contre les larmes qui lui montèrent inexplicablement aux yeux. Baba Yaga est furieuse. Baba Yaga est prête à déchaîner sa rage contre tous ceux qui se dresseront sur son chemin. Baba Yaga est en deuil.

John retint son souffle encore, alors que les mots de Zatanna retentissaient dans l’air comme éclats de verre volant en mille morceaux. Les yeux de la vieille sorcière se fixèrent sur elle, dévorants, affamés, brillants d’un feu qui venait d’un autre monde encore ; puis elle ouvrait la bouche, et en sortirent une série de sons, un vieux langage, oublié depuis des dizaines et des dizaines de générations. Pris d’une impulsion, John plongea la main dans la poche de son imperméable et empaler la paume de sa main sur la lame de son couteau, avant de marmotter, à la va-vite, un sortilège de traduction bricolé à la va-vite ; ça ferait l’affaire pour que tout le monde puisse comprendre le plot twist final, pas vrai ?

« Protéger. » Les mots de Baba Yaga perdent de leur texture incompréhensible, comme des joyaux sortis de la boue et enfin débarrassés de la couche de crasse qui cachait leur nature. « Mes filles. Moi seule ! Mes filles ! » Quel étrange décalage, la bouche de la vieille sorcière articulant de longues et complexes phrases, mais le langage si vieux et oublié que le sortilège bancal de John ne parvient à en capter que le strict essentiel. Baba Yaga s’agitait, les défiait tous du regard, un par un, répétant sa litanie en la nouant de nuances qui leur échappaient encore. Son doigt noueux pointa soudainement vers le ciel, furieux. « Protéger ! » Puis, de la paume de sa main, elle vint marteler sa poitrine. « Avec moi ! Ou personne ! »

Là. Compréhension passa enfin dans le regard de John. On venait de toucher au cœur du problème, pas vrai ? Baba Yaga, protectrice des femmes et des sorcières, protectrice un peu dérangée et franchement tordue, repoussée dans ses retranchements par l’invasion de Brainiac et les événements récents. Les créatures magiques ne sont pas faites pour les conneries interstellaires qui venaient perturber l’ordre des choses. Dérangez leur routine bien établie, et certaines d’entre elles deviennent incontrôlables. Bousculez leur monde à elles, et elles auront recours à tous les extrêmes pour le rétablir, aussi perverti et monstrueux soit-elle. C’est comme ça, et pas autrement, qu’on se retrouve avec une vieille femme désespérée de protéger les siennes – quitte à les prendre en otage et les condamner à mort, du moment que dans sa tête à elle, ce sort-là est préférable à un autre, pas vrai ?

John soupira, contenant, pour une fois, tout trait d’esprit qui aurait pu lui venir. A la vérité, c’était juste triste, cet amour déformé et empoisonné qui, d’un moment à l’autre, pouvait mener à la mort. Mais il n’était pas encore trop tard. Boston avait vu que les filles étaient encore en vie : ils avaient encore une fenêtre d’action. Aussi minuscule soit-elle. « On est désolés que tu aies pris peur pour tes filles, la vieille. Vraiment. Mais là, tout de suite, elles sont plus en danger à cause de toi qu’à cause des envahisseurs venus du ciel, tu t’en rends bien compte, non ? Si tu ne nous laisses pas les aider, elles mourront. Plus sûrement qu’à cause de nos ennemis. » Lentement, John sortit de sa fontaine et s’avança de quelques pas, une main levée en signe de pacification. « Ecoute. On sait où les emmener pour les mettre en sécurité. Mais faut que tu les libères, et que tu nous fasses confiance. Regarde-les, elles ! » D’un geste, il embrassa Zatanna, Faith et Rosalie ; et les yeux de Baba Yaga suivirent attentivement le mouvement. « Elles sont comme tes filles, non ? Et pourtant, elles sont en vie, et en sécurité… » Façon de parler. « Tes sorcières seront en sécurité. Elles peuvent s’en porter garantes. Pas vrai ? » Bon d’accord, il aurait pu leur demander leur avis avant de les jeter dans la gueule du loup de la sorte, mais telle était le charme de l’improvisation. Baba Yaga avait une affinité particulière avec les femmes, avec les sorcières. Si quiconque avait le pouvoir de convaincre la vieille de céder, ce serait elles. Ce qui n’empêcha évidemment pas John de couler un regard soucieux du côté de Boston – espérant qu’il se tenait prêt, au cas où ils aient vraiment besoin de recourir à la force.

AVENGEDINCHAINS

"something wicked this way comes"

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

Mehmet revint auprès de moi, sans doute en ayant senti ma tension monter à l’apparition de Baba Yaga. Il faut dire qu’elle avait une apparence sacrément stressante, alors en cumulant sa beauté toute relative à son agressivité, je ne pouvais pas vraiment empêcher mon cœur de s’emballer. Puis, vint alors une chose à laquelle je ne m’attendais pas. Et même le regard d’or de Mehmet, reprenant sa forme féline, se posa avec intérêt sur la créature que l’on voyait à travers le Portail. Elle était immense, c’était incomparable à la forme que j’avais pourtant réussi à créer pour mon familier. Les pouvoirs de Rosalie étaient foutrement impressions. Si elle avait une telle créature dans sa poche, c’était difficile à croire qu’elle galérait à repousser la menace à Central City. Non… Il y avait sans doute autre chose. Par exemple, si de mon côté, j’évitais de faire appel à la forme reptilienne de Mehmet, c’était parce que j’en perdais rapidement le contrôle. La magie avait toujours son prix, j’avais fini par le comprendre à force de m’exercer, ca devait être le cas pour Rosie. J’espérais toutefois que cette immense créature allait continuer à rester sympa.
Parce qu’assurément, je préférais affronter Baba Yaga plutôt que cette chose. Puis les esprits vinrent à se rassembler. Péniblement, je me demandais bien pourquoi j’étais en mesure de les voir désormais. Ouais, question sans doute un peu bête, il était évident que j’avais toujours été en capacité de les voir, mais c’était tout simplement plus facile de faire comme si ce n’était pas le cas à l’époque, entre deux Shots de whisky. La tristesse, ouais, je la sentais aussi, mais je n’y étais pas forcément très sensible… Après tout, la mort affecte tout le monde, y être influencé à chaque fois qu’elle se manifestait, c’était le meilleur moyen de finalement bloquer à son contacte. Un peu comme ces pauvres militaires qui revenaient traumatisées au pays après un séjour en Afghanistan. Surmonter ce genre d’événement qui vous impacte moralement et psychologiquement, c’est bien la seule chose qui nous est possible de faire sans pour autant fermer les yeux sur leur souffrance.

Un équilibre, quelque part difficile à gérer. C’est d’ailleurs pourquoi, quand Zatanna me demanda de veiller à ce que les esprits n’approchent pas trop, il y avait quand même un peu de cette hésitation. J’avais levé ma baguette, prête à jeter à nouveau un Sijnaar, mais la formule ne voulait décidément pas sortir de ma bouche. L’impression que si j’agissais maintenant, on allait manquer une opportunité de s’ouvrir à la discussion. Alors, finalement, j’abaissais cette baguette quand les premiers mots de la sorcière vinrent à sortir de sa bouche décrépie, presque momifiée. Un sortilège de Constantine plus tard et un semblant de traduction se faisait entendre. Je me demandais alors si mon ancienne moi, aurait pu comprendre cette langue. Le temps a fait qu’elle a pu parcourir différentes contrées en des temps reculés, elle a fait la rencontre de diverses entités avec laquelle elle communiquait d'une façon où d'une autre. Enfin, bref… En écoutant la réponse de Constantine, je ne pus m’empêcher de lever un sourcil.
Et je retins un hoquet de nervosité quand il annonça que Zatanna, Rosalie et moi pouvions nous porter garant de ses filles. Alors, j’étais persuadée que Zatanna en serait follement ravie, Rosalie, je ne la connaissais pas assez pour savoir ce qu’elle en pensait, mais je me connaissais assez pour savoir que j’étais incapable de veiller sur ma propre vie, alors être garante de celle d’une des sorcières de Baba Yaga. Euh... ‘’#LOL’’. Mais j’imaginais que pour l’heure tout était bon à prendre pour convaincre la vieille d’arrêter ses bêtises pseudo-maternelles. Toujours est-il, que je n’aimais pas sentir le regard de Yaga sur ma personne. Je me sentais déjà assez sale intérieurement depuis que je savais que la semence d’un démon avait souillé mon âme et avait fait de moi une sorte de semblable. Je n’aimais pas que mon essence, source de mon pouvoir aujourd’hui, soit sous le feu de projeteur. Mais peut-être que de la même manière que nous sentions la souffrance des âmes de qui l’entourait, Baba était capable de sentir la douleur qui émanait de ma propre essence, autrefois une âme.

Alors, je n’aurais aucunement besoin de joindre les mots pour la convaincre d’une quelconque manière, il suffisait qu’elle voie que je n’étais finalement pas si différente des âmes dont elle semblait aimer la présence.

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Couleur des dialogues:

Invité Invité

something wicked this way comes

Justice League Dark

You're sure I can't skip this one?

Je crois qu'il va nous falloir un plus gros oiseau qu'elle disait... Je rêvais ou c'était une référence aux dents de la mer? Je savais pas trop pourquoi mais sur le moment j'ai gloussé. Fallait croire que l'humour old-school marchait plutôt pas mal sur moi, au point de me faire oublier la merde incommensurable dans laquelle on se trouvait. Nan parce que le piaf m'avait tout de même recraché comme un vieux chewing-gum sans goût et le premier sort lancé par Rosie pour le contenir avait pas eu l'air de le calmer des masses. Evidemment vu sa citation comme plan B je m'attendais à... Je ne savais pas vraiment à quoi je m'attendais, mais certainement pas à ça. Ce truc était tellement grand, qu'au départ j'avais pas trop compris de quoi il était question. En même temps, j'étais légèrement distrait par le fait d'avoir empêché Rosie de tomber en arrière, me faisant pas encore complètement à cette histoire de contact physique. Pour la première fois depuis ma mort, je tenais quelqu'un contre moi. C'était pas génial ça? Oui Boston, bien sûr Boston, mais c'était peut-être plutôt le moment de faire gaffe au gigantesque dragon là... DRA-GON. Sur le coup je commençais vraiment à comprendre pourquoi Nimue avait ajouté cette chère Rosalie à notre petite bande de bras cassés mystiques. Pas que c'était pas évident avant, mais tenter de régler un problème épineux avec un problème bien plus gros et terrifiant? On pouvait pas plus Vintage JLD.

Mentionner John sur était plutôt de circonstance, après tout il avait pour ainsi dire inventé le gimmick. Mais bon, what was done was done, notre ami firebird en menait plus très large et il fallait se presser. Pas parce que de leur côté les autres devaient être dans le caca, ils l'étaient plus que probablement, mais surtout parce que ce truc là, Nidhogg, il arrivait à me foutre des frissons alors que j'étais physiquement incapable d'en avoir. Un petit portail plus tard et comme prévu, caca. Grand-mère Verrues avait mordu à l'hameçon de l'autre team et quelque chose me disait qu'elle en était pas ravie du tout. La petite menace de Rosie allait certainement pas aller dans le bon sens mais quand on avait un dragon de la taille de godzilla à sa botte, on avait sans doute un peu le droit de se la péter, j'imagine. Histoire de rassurer les autres je fis un encourageant thumbs up dans le dos de Rosie, non sans articuler sans le dire un clair 'ON VA TOUS MOURIR!' accompagné d'un sourire crispé de circonstance. Et par 'on' je voulais dire eux, parce que moi... You know. Et donc, ce qui devait arriver arriva, prise de colère devant tout ce joyeux bordel, Mamie Yaga fit des tournicotis avec ses mains en beuglant des trucs pas nets et tout autour de nous l'air commença à virer couleur mort et damnation. J'avais évidemment pas la moindre idée de ce qui se passait exactement mais une chose était certaine: j'y étais sensible, drôlement sensible. Et je ne vous parlais pas de l'avalanche de sentiments lourds et sombres qui me traversaient la tête comme un flot d'informations négatives tentant de passer à travers le chas d'une aiguille, mais plutôt du fait que je commençais littéralement à m'envoler, contre mon gré. Plus par réflexe qu'autre chose, j'agrippai le bras de Rosalie, lui lançant un regard tout sauf confiant. "Désolé, ça va tirer un peu mais je pèse pas grand chose, ça va aller!" La fin de ma phrase était sans doute plus pour moi que pour elle, mais soit.

Pendant que je me retenais à Rosie comme un linge sur une corde en pleine tornade au Kansas, John avait eu la bonne idée d'activer son Google trad ésotérique. Visiblement la vieille était confuse par tout le bordel Brainiac et tentait juste de protéger ses filles, et disons que sa méthode était plutôt... Discutable. John était généralement pas le plus doué pour la parlotte, mais ses mots semblaient suffisamment justes pour faire tiquer la vieille quelques instants, même s'il venait littéralement de jeter Zee, Rosie et Faith sous le bus si ça venait à foirer. Le petit regard qu'il m'avait glissé au milieu de tout ça ne m'avait évidemment pas échappé, et ses implications m'arrachèrent une grimace involontaire. Sûr, j'allais sans doute pouvoir plonger sur Mamie et la posséder si ça dégénérait, mais aurais-je le temps de la stopper avant qu'elle ne me mâchouille et me recrache façon vieux tabac? J'espérais vraiment pas avoir à le découvrir...

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