✸ DEADLY SINS

(rise of the warrior) Les bras croisés sur son armure, Diana écoute d'une oreille distraite le discours de John. Parce qu'il ne lui est pas adressé, et parce qu'elle est soucieuse. Pandore, voilà un nom qu'elle aurait aimé ne jamais réentendre. Encore moins pour apprendre qu'elle avait égaré sa maudite boite. On qu'on la lui avait volée, peu importe. L'artefact en sa possession, qui ressemble beaucoup à un simple pendule de cristal, a été enchanté par les grandes magiciennes de Themyscira pour leur montrer le chemin qui les conduira jusqu'à la boite. Diana l'observe, songeuse, comme pour chercher à comprendre son fonctionnement. Peine perdue. La magie est un art qu'elle ne maîtrise pas, et qui de toute façon ne l'intéresse que très peu, étant bien trop imprévisible à son goût. L'Amazone soupire, et prend connaissance de leur groupe. Les membres de la Ligue et Mera, une partie de la Young Justice... et des agents d'A.R.G.U.S. Elle fronce les sourcils, peu emballée à l'idée de devoir collaborer avec les hommes d'Amanda. Elle aurait préféré que Steve les accompagne seul, elle ne fait pas confiance une seule seconde à Waller, qu'elle juge plus dangereuse encore que Luthor. Diana soupire, mais affiche un sourire lorsque Tim s'adresse à elle. Elle tend le pendule droit devant elle, et le cristal remue un instant dans l'air, avant de pointer le haut d'une falaise. « Par là. Comme Green Lantern l'a si bien dit, nous allons devoir nous montrer particulièrement prudents. Il faut posséder un pouvoir immense, pour déposséder Pandore de sa boite, quiconque est responsable de ce vol aura laissé de nombreux pièges derrière lui. » Elle s'adresse aux membres de la Young Justice en particulier. « Nous risquons d'être séparés. Si cela arrive, je tiens à ce que personne ne se retrouve seul, alors nous allons établir des équipes. Red Robin, Kid Flash et Aqualad, vous restez avec Green Lantern. Wonder Girl, Arsenal, vous êtes avec moi. Steve, je te laisse gérer ton équipe. » Les agents d'A.R.G.U.S, en plus d'être censés être surentraînés, ne sont pas la responsabilité de la Ligue de Justice. La collaboration est peut-être nécessaire, mais Diana ne peut se permettre de garder un œil sur eux en même temps que sur la Young Justice. « J'ai une question... Une fois qu'on aura retrouvé la boite, on en fait quoi ? » « Vous ne la touchez surtout pas. » « Sinon... ? » « Son pouvoir te rendra fou avant de te tuer. Elle ne peut être tenue et ouverte que par la personne possédant le cœur le plus pur... Ou le plus sombre. » « Okay, je passe mon tour. » « Green Lantern se chargera de la déplacer dans un endroit sûr une fois que nous l'aurons localisée. Vous avez tous entendu ? Surtout, ne la touchez pas, sa magie est trop ancienne, trop puissante, trop dangereuse. Pour nous tous. » Green Lantern n'a pas été choisi pour participer à la mission par hasard. Sa présence est essentielle, sans lui ils ne pourront pas déplacer la boite une fois celle-ci retrouvée. Diana lance un regard aux agents de Steve, qu'elle entend parler à voix basse dans son dos, sans pour autant pouvoir assimiler leurs propos. Elle fronce les sourcils, mais se détourne rapidement d'eux,  avant de dégainer son épée. « Allons retrouver cette maudite boite. Soyez prudents, et restez sur vos gardes. Athènes est pleine de magie, nous sommes certainement attendus. »

Dans cette salle de réunion remplie d’une poignée d’agents d’A.R.G.U.S. – tous sous ses ordres, soit dit en passant – Steve s’empêche de réagir aux propos d’Amanda en se mordant la joue. Récupérer la boîte de Pandore coûte que coûte pour ne pas que la Ligue ait encore plus de pouvoirs ? Se démerder sinon ils sont tous virés alors qu’elles les considèrent comme les meilleurs éléments de l’organisation ? Est-elle tombée sur la tête en se réveillant ce matin ou sa soif de pouvoir a-t-elle augmenté durant la nuit ? Steve sait depuis le moment où Amanda a toqué à sa porte que la directrice d’A.R.G.U.S. ne vit que pour le pouvoir ou presque. Mais les menacer de les virer s’ils ne lui ramènent pas la Boîte est tout simplement une folie. Voire impossible. Est-elle capable de les virer alors qu’ils sont ses meilleurs éléments ? Est-elle capable de le virer lui, Steve Trevor, alors qu’elle-même est venue le chercher et qu’il est officiellement son bras droit ?

Cette question l’a hanté en sortant du briefing. Egalement pendant une bonne partie du vol vers la Grèce, face à ses recherches sur la Boîte de Pandore – il est toujours plus prudent de venir préparé à une mission, encore plus lorsqu’elle concerne un artefact magique dont tout le monde connait l’histoire mais pas forcément l’histoire derrière l’histoire. Avec n’importe quelle autre personne – ou presque – Steve aurait crié au bluff. Seulement Amanda n’est pas n’importe qui, alors Steve ne sait pas. Ne sait plus. Il a beau être son bras droit depuis les débuts d’A.R.G.U.S, il est incapable de la déchiffrer correctement. Il sait s’opposer à elle, oui, mais beaucoup trop de ses actions sont imprévisibles aux yeux de l’ancien soldat et il n’aime pas ça. Alors s’il est presque certain d’être épargné s’ils ne lui remettent pas la Boîte, il est certain que le traitement de faveur, si vraiment on peut le nommer de cette manière, ne s’étendra qu’à lui et lui seul. A moins de trouver une parade. Stupide mission, pense-t-il au moment où l’avion touche la piste d’atterrissage grecque, mais plus question de reculer malheureusement.
Certains de ses hommes, parfois bien trop curieux pour leur propre bien, se précipitent aux hublots pour voir qui représente la Ligue de Justice. Des rires étouffés font comprendre rapidement à Steve qu’une certaine Amazone est déjà présente sur le tarmac. Evidemment. « Le prochain que j’entends pouffer comme une adolescente de quinze ans, je le vire, c’est clair ? Maintenant sortez, on n’est pas là pour faire du tourisme. » La voix de l’ancien pilote est confiante mais ne reflète pas ce qu’il ressent vraiment en cet instant. Affecté beaucoup plus qu’il ne le devrait par le futur conflit d’intérêt qui lui pend au nez – puisqu’il sera le bouc-émissaire de tout le monde, il en est malheureusement conscient – et en cet instant capable de tuer pour un café serré, Steve descend à contre-cœur de l’avion à la suite de ses hommes. Le pincement au cœur en voyant Diana est toujours le même mais il se contente de la saluer, ainsi que les autres, sans plus de cérémonie. Avec ses hommes aux alentours, Steve ne peut se permettre de parler à certains membres de la Ligue comme il le ferait en temps normal. Pas de prénom, que leurs noms de justiciers, excepté avec Diana. Après tout, personne n’est passé à côté des médias ces dernières années. L’ancien pilote écoute les paroles de Green Lantern sans broncher. Tomber entre de mauvaises mains, réussir la mission pour l’avenir de l’humanité, en voilà des perspectives réjouissantes. Et encore une fois, Steve se dit qu’il aimerait presque ne pas être là. Pour ne pas à avoir à gérer le courroux de Diana, d’Amanda et des autres. La pression est, selon ses dires, encore plus importante sur ses épaules mais rien ne transparaît sur son visage. Il ne peut pas laisser filtrer ses émotions mais uniquement être le bon petit soldat efficace, chef de son armée de surcroît, pour le bien de tous.

Le Leader de la Young Justice pose la question à un million de dollars et Steve écoute Diana lui répondre, prenant note des nouvelles informations. Diana se comporte comme la chef de cette équipe et Steve s’empêche de s’enfoncer dans ses souvenirs. « Evidemment », répond-il en fronçant légèrement les sourcils lorsqu’elle lui dit qu’il devra s’occuper de son équipe. Il se retient de rajouter un « c’est de toute façon ce qui était prévu, que je gère mon équipe » qui n’apporterait rien à la discussion ; ce n’est ni le moment, ni l’heure de laisser son égo réagir. Encore plus avec la douche froide qui a suivi. Seule une personne au cœur le plus pur, ou le contraire, peut tenir la boîte ? Steve soupire, comprenant encore plus la présence d’un Green Lantern. Il entend dans son dos ses hommes murmurer les dernières paroles de Waller, réagissant à la révélation du pouvoir de la Boîte. « Comment on va faire pour récupérer cette maudite boîte, chef ? » murmure l’un d’eux dans l’oreille de Steve. Il n’en a foutrement aucune idée. Diana sort alors son épée et se met en marche. Ils ne peuvent plus reculer désormais. « On avisera », se contente-t-il de murmurer en retour avant de continuer à voix haute « En route ! Suivons ton pendule. »