Luthor observa la pièce dans laquelle il se trouvait. Les murs latéraux étaient tapissés de photos de lui, infirme et défiguré. Au milieu de la pièce une table de dissection. Elle était recouverte d'une croûte de multiples couches de sang séché. Une nuée d'insectes et de mouches dedans. Emprisonnés là pendant qu'ils festoyaient jusqu'à la mort. Le mur du fond était couvert de photos collés, arrachés à des livres d'anatomies : gros plans d'organes malades suintant de pus et de sang. Une pile de livre éclaboussée de sang était entassée dans un coin. L'anatomie avancée de Grey et autres du même genre. Une odeur nauséabonde de pharmacie envahissait l'endroit. Des étagères partout sur lesquelles s'alignaient des bocaux contenant des organes conservés. Exactement comme dans son ancien labo de dissection de la Lexcorp avant que sa tour ne soit détruite. Un endroit similaire au lieu où il avait disséqué cadavre de paradémons et de sbires du général Zod. Dans les bocaux : des cervelles, des yeux, des cœurs, des intestins flottant dans un liquide, une main, des agglomérats de viscères difformes, un bocal rempli de pénis, des mâchoires aux gencives roses. Lex entendit un bruit, il se retourna et aperçut Superman.
Le kryptonien avançait vers lui comme en territoire conquis. Habillé avec son fameux costume bleu à cape rouge, mais tâché de sang humain. Le visage de son ennemi juré était aussi blanc que du fromage frais. Ses yeux étaient rouge démoniaque. Il pointa sa main vers Luthor. Superman n'avait pas d'ongles mais des griffes sales.
« Tu es finis. »
Superman sourit. Ses dents étaient des crochets qui s'ouvraient et se refermaient lentement quand il parlait. Comme les griffes d'un pièges à ours.
« Celui qui tue son propre enfant est comme un être mort. »
Superman avait braillé ça comme un mélange de cris d'animaux jaillit de sa gorge : aboiements, gémissements, hurlements. Luthor n'aurait pas su dire. Lex sentait l'odeur de Superman. Une senteur de décomposition. Les dents du kryptonien s'entrechoquèrent dans un bruit effrayant. Du pus jaunâtre commença à s'écouler de ses yeux et à goutter sur ses joues.
« Et tu ne peux plus rien faire parce que tu es dans mon monde ici. »
Des choses grouillaient dans la bouche de Superman. Il bondit sur Luthor en se ruant sur lui. Ils s'écrasèrent contre les étagères. Les bocaux volèrent en éclats. Le formol jaillit, d'atroces morceaux de chair reprirent leur liberté et…
Fiche codée par NyxBanana
Son of Krypton, Beacon of Hope
Loïs Lane, Clark Kent, Lex Luthor
...et Lex Luthor se réveilla brusquement en sortant de son sommeil. Il était assis sur un banc d'attente comme n'importe quel autre passager à l'aéroport de Washington. Il était obligé de prendre l'avion commun comme tout le monde. Son jet privé avait été détruit lors de la dévastation de l'aéroport de Metropolis. Il avait quitté les ruines de sa ville dans une vieille Chevy qui manquait de rendre l'âme, pour aller à Washington. Il avait du prendre une voiture banal comme tout le monde. Son parc de voitures et ses limousines dans les garages attenants à la défunte Lexcorp Tower avaient été noyés sous les eaux. Il se retrouvait là comme un individu ordinaire à attendre le prochain vol pour quitter la côte Est du pays. Il avait passé des tas de coups de téléphones dans ce laps de temps. Il avait donné plein de consignes à ses sbires. En particulier sur la dissimulation et la protection de Superman. Quand il grappillait des moments de sommeil, les songes de Luthor tournaient au cauchemar. Quand il était éveillé, sa lucidité avait deux temps de retard. C'est simple, il n'était pas foutu de tenir une pensée non-Superman dans son esprit moins de 5 minutes.
Capharnaüm autours de lui dans l'aéroport. Des foules de voyageurs au départ, personne à l'arrivée. Les gens fuyaient les grands centres urbains de la côte Est, là où les membres du Syndicat du Crime rôdaient. Les terminaux avaient des allures de camps de réfugiés. Les files d'attentes à l'enregistrement semblaient devoir durer la journée entière. Les crises de nerfs proliféraient. Les insultes volaient. De petites bousculades dégénéraient en pugilats. Les vendeurs de journaux ne se plaignaient pas. Internet avait des ratés. Certaines chaînes d'infos en continue avaient cessé de diffuser. Du coup tout le monde lisait le Daily Planet. Perry White n'avait pas perdu de temps. Il avait fait installer un vaste réseau d'imprimerie clandestine pour alimenter le pays en nouvelles. Regardez sa dernière une. Wonder Woman a buté Sea King. L'espoir n'est pas perdu. On peut les tuer. Voyez cette photo d'une apparition publique d'Ultraman. Une photo de Jimmy Olsen avait figé des bouches qui s'apprêtaient à hurler.
Luthor lisait le Daily Planet. Des passant se cognaient parfois à lui vu la foule. Personne ne semblait se formaliser qu'un milliardaire candidat à la présidence soit camarade aux files d'attentes. Le type n'avait même pas de gardes du corps. Ils venaient de passer deux heures tous ensemble dans ce hall. Parlons des violences qui se préparent, commentons les infos du seul journal diffusé. Nous sommes ici pour deux heures de plus. Le Planet page 6 : Owlman étend son emprise sur Gotham City. Où est passé Batman ? Luthor roula le journal en boule et le jeta. Une religieuse qui était partisante d'Amelia Carter le reconnu et le foudroya du regard tout en se signant. Lex regarda autours de lui. Quelques personnes le reconnurent et se moquèrent de lui : t'as plus d'avion privé ? Ça fait quel effet d'être à la même enseigne que les autres ? Lex laissa dire. Quand il se pointa au guichet, l'employé écarquilla les yeux. Oui ? Non ? C'est le fameux Luthor ? Pas possible !
« Le premier vol pour le Kansas. »
« En première classe je suppose ? Pas en seconde...»
« On s'en fout. »
…………………………
Luthor descendit de la voiture de location qu'il s'était pris une fois débarqué dans le Kansas. Face à lui le Corn Motel. Judicieuse appellation, que des champs de Maïs autour : les champs de la ferme des Konsidine, de la ferme des Kostenz, de la ferme des Kent et de la ferme des Kellerman autours (pourquoi tous les fermiers du Kansas avaient tous des noms de famille qui commençaient par « K » dans ce foutu pays?). Bienvenue à Smallville, le meilleur des bleds paumés du pays. Lex se disait que c'était bien le dernier endroit où des gens pouvaient imaginer qu'on planquerait Superman (s'il savait…). Lex avait acquit le Corn Motel en 1990 quand il était venu ici avec les tous premiers employés de la Lexcorp. Il avait passé des semaines à chercher les débris de la météorite atterrit ici en 1984 et qu'on avait jamais retrouvé. Lex n'était jamais parvenu à la trouver au bout de son séjour. C'est le couple des fermiers Kent qui avait été le plus cordial avec lui lorsqu'il avait fait ses recherches chez les bouseux alentours. C'était aussi eux qui s'étaient montrés les plus rétifs à l'aider. Le gosse des Kent, un p'tit môme aux cheveux bruns, regardait toujours Luthor avec un air curieux. Au départ Lex comptait rester 3 jours avec son équipe. Il était resté 2 mois. Il avait finit par racheter le motel. Désormais l'établissement était à l'abandon. La planque idéal pour Superman, là perdu au milieu des fermes et des champs de maïs à perte de vue. Lex avança dans la cour du motel d'une douzaine de chambres. La cour était gravillonnée, jonchée de brindilles, de débris de papier, de morceaux de verres. La peinture des murs du motel s'écaillait. Sur la porte de la chambre n°8, quelqu'un avait collé un bout de papier avec écrit bien visible : Loïs Lane. Le milliardaire soupira. Ça c'était du Mercy tout craché. Luthor jeta un coup d'oeil. Ses sbires déguisés en fermier du coin rôdaient autours de l'hôtel pour surveiller les environs. D'autres sbires déguisés aussi en bouseux du Kansas étaient posté sur le toit du bâtiment, à observer avec des jumelles et à guetter l'arrivée improbable du Syndicat du Crime. On était jamais trop prudent. La couverture manquait de subtilité. Les sbires de Lex avaient encore les étiquettes neuves sur leurs vêtements, des chemises à carreaux et des salopettes de fermiers qu'on leur avait fournit.
Quand à Superman ? On avait respecté les consignes de Lex. On avait bâtit un abri spécialement pour son corps inconscient, dissimulé derrière le motel. Voilà la cahute : un clapier en parpaings posé sur des cales en contreplaqué. Le machin était entièrement revêtu de plomb. Pour ne pas qu'Ultraman puisse le trouver malgré la kryptonite qui avait plongé Kal-El dans le coma.
Luthor se dirigea vers l'accueil de l'hôtel et entra. Voilà Mercy Graves, voilà Loïs Lane. Mercy leva ses mains entre Loïs et Lex en grande pacificatrice. Elle dit, mi-garce, mi-sérieuse, en roulant des yeux au ciel :
« Soyez gentil les gens. Ne vous sautez pas à la gorge, ne vous entre-tuez pas. Nous sommes sous le même toit. »
Lex se sentit pousser une petite chair de poule qui lui hérissa la peau. Il regarda Loïs, il pensa au corps inanimée de Superman, le plus dur allait commencer. Il fixa Lane du regard, leurs ondes cérébrales se tissèrent en trame quelque part dans la pièce. Mercy en eut le souffle littéralement coupé. Son regard alla se perdre quelque part du côté de la planète Mars. Elle couina :
« Je vous regarde tous les deux en train de vous bouffer du regard, et je commence à me sentir, moi, hors de ce putain de circuit, même si c'est moi qui ait amené et installé tout le monde ici sur tes consignes Lexou. »
Luthor fit avancer Lane dans la pièce à côté et ferma la porte.
« Je vous avais déjà prévenu. Il y a peu de chance que ça marche. S'il ne succombe pas au fragment de kryptonite il... »
Luthor s'interrompit en voyant l'ombre de Mercy qui arpentait le sol devant la porte derrière. Il s'écarta avec Lane.
« Et si je parvient à le maintenir en vie, il pourrait ne jamais retrouver ses facultés mentales. Il est dans le coma. Il... »
Mercy l'interrompit en cognant à la porte, elle se plaignit :
« Pourquoi vous ne sortez pas pour venir me parler a MOI ? J'en ai plein le dos de ce petit tête à tête ! Lexou ! Elle n'est quand même pas plus importante que MOI ?! »
Luthor dirigea Loïs vers le fond de la pièce.
« Il nous faut penser à un plan B. Vous êtes en contact avec la Justice League. Il faut organiser la parade maintenant et trouver quelque chose d'autres à opposer au Syndicat du Crime. »
Long soupir, à la fois exagéré, exaspéré et désespéré. S'il y a bien une chose que Lois déteste, c'est se sentir impuissante. Enquêter, recueillir des indices et des preuves, elle sait parfaitement faire. Devoir attendre sans pouvoir faire quoi que ce soit d'utile, c'est plus difficile. D'autant plus difficile qu'il s'agit de sauver la vie de l'homme qu'elle aime. Et que cet homme s'avère être Superman, le plus grand espoir de l'humanité contre le Syndicat du Cime. Et que la vie de ce même espoir se trouve entre les mains de l'homme qui le hait comme personne d'autre sur cette planète, Lex Luthor en personne. Dire que Lois est sur les nerfs est un euphémisme. Se retrouver dans un motel miteux à attendre que monsieur le sauver fasse son apparition, passe encore. Se ronger les sangs au fur et à mesure que le temps passe, et donc que les chances de sauver Clark se font plus minces de minute en minute, admettons. Mais être babysittée par les sbires de Luthor et sa chienne de garde en la personne de Mercy – Mercy... quel prénom tout à fait inadapté à sa personne – Graves, c'est trop. C'est la goutte d'eau qui fait déborder un vase déjà plein, l'allumette qui met le feu aux poudres. Si la garce se permet encore de lui faire la moindre remarque, ou si elle ose lui dire une fois de plus de "se calmer" sur un ton hautain, que Dieu lui vienne en aide car elle risque fort de tenter de la poignarder avec le talon de ses foutus escarpins hors de prix. L'attente est déjà insoutenable, mais devoir composer avec une telle personnalité, c'est trop en demander à Lois. Elles ne sont définitivement pas compatibles, et plus Mercy en fait, plus elle a envie de l'étriper. Pas étonnant qu'elle soit pour Lex la parfaite petite secrétaire. Assistante. Amante ? Après tout, elle s'en fiche pas mal, elle ne veut pas le savoir. Tout ce qu'elle veut, c'est qu'elle lui fiche la paix juste cinq putains de minutes, pour qu'elle puisse retrouver ses esprits. Mais elle lui colle au train, probablement au cas où elle lâcherait une information importante par inadvertance. De toute évidence, elle ne la connaît pas. Est-ce que Batman avoue son identité secrète au première abruti qui essaie de le piéger ? Non, et c'est exactement la même chose avec Lois Lane et ses secrets. Ou ceux de Superman. Peu importe, ce n'est pas d'elle que Graves obtiendra la moindre information vitale.
Smallville, c'est un endroit que Lois connaît bien. Et c'est apparemment le cas de Luthor également, ce qui l'oblige à se montrer d'autant plus prudente. Lois rêve de pouvoir aller rassurer, même rapidement, Martha à la ferme des Kent, mais ce serait servir à Lex et à sa garce l'identité secrète de Superman sur un plateau d'argent, et autant dire que c'est absolument hors de question. Elle se retient même de lui envoyer le moindre message ou de lui passer un coup de téléphone via la ligne du motel, au cas où. Elle sait pourtant que la mère de Clark doit être morte d'inquiétude sans nouvelles de son fils. Mais faire quoi que ce soit les mettrait tous en danger, et Lois ne peut le permettre. Alors elle tourne en rond dans sa chambre comme une lionne en cage, qu'elle ne quitte que pour aller vérifier que l'état de Clark reste stationnaire. Elle ne sait pas à quelle vitesse la kryptonite l'empoisonne, ni si les dégâts déjà causés sont réversibles ou non. Elle essaie de ne pas trop y penser – chaque chose en son temps. Sauf que, le temps est compté. Alors quand Lois voit une voiture se garer devant le motel, que Luthor en sort, elle quitte sa chambre précipitamment, manquant au passage de claquer la porte dans le visage de son garde du corps attitré – raté, dommage. Elle se précipite dans le hall d'entrée, et se retient tout juste de se jeter à la gorge de Lex. « C'est pas trop tôt ! Vous l'avez poussée jusque ici votre voiture ?! » Probablement qu'il a fait de son mieux pour arriver rapidement. Probablement. Mais Lois n'a plus une once de patience à offrir à quiconque. « Oh et vous, la ferme ! Si je dois étriper quelqu'un, vous êtes la première sur ma liste. » Des menaces, peut-être pas en l'air. Elle n'en peut plus de cette situation, et Mercy est parvenue à la mettre hors d'elle en un temps record.
Lois foudroie Lex du regard quand il l'attrape par le bras pour l'emmener dans la pièce d'à côté, afin qu'ils puissent avoir une conversation sans interruptions. Une fois la porte fermée, elle s'écarte de lui et croise les bras sous sa poitrine. « Vous m'avez déjà dit tout ça. À moi de vous dire quelque chose maintenant. Une fois la kryptonite retirée, Kal-El devrait pouvoir guérir seul. Du moins... Normalement, son corps se régénère sans aide extérieure. Mais cette fois, il risque d'avoir besoin d'un coup de main. » Lois soupire longuement. Révéler des informations à Luthor ne lui plaît pas, mais cette fois elle est au pied du mur. « Je suppose que maintenant, vous avez deviné que si Ultraman a bloqué les rayons du soleil, c'est parce qu'ils sont néfastes pour lui. Et donc bénéfiques pour Kal-El... De même que la kryptonite booste son système et détruit celui de Kal-El. Ils sont de parfaits contraires sur bien des points. Donc... Vous devez bien avoir une machine à UV qui traîne quelque part ? » Elle hausse un sourcil en guise de point d'interrogation. Et jure quand Mercy cogne violemment à la porte. « Bordel, elle ne sait pas la fermer plus de cinq minutes ? Je vous jure que je vais vraiment l'étriper à ce rythme ! » Lois se force à prendre une profonde inspiration en se pinçant l'arrête du nez. « Attendez... Vous vous imaginez quoi ? Que j'ai Batman et Wonder Woman dans les contacts de mon téléphone et que je peux les appeler n'importe quand, juste comme ça ? » Elle réfléchit une seconde. « … Donnez-moi cinq minutes. »
Elle sort son portable de la poche de sa veste et s'éloigne de Luthor de quelques pas tout en le portant à son oreille. Pendant de longues secondes, elle n'entend que la sonnerie, qui la rend nerveuse, avant qu'on ne décroche et qu'une fois féminine ne lui réponde. « Bonjour, Diana, c'est Lois... » Le reste de la conversation prend plusieurs minutes, et elle devine à l'expression de Luthor qu'il n'apprécie pas de la savoir proche – plus ou moins – de l'Amazone. Ce qui la fait sourire, et pour la peine, elle fait un peu durer le plaisir avant de raccrocher. « Diana propose un marché, Luthor. Si vous sauvez Kal-El... La Ligue acceptera de vous recevoir pour négocier avec vous. Vous voulez une alliance de taille à opposer au Syndicat, non ? Sauvez Superman et la Ligue de Justice acceptera d'au moins écouter ce que vous avez à proposer. Alors vous feriez mieux de vous atteler à la tâche rapidement, si vous ne voulez pas perdre cette occasion en or. Imaginez le bond que vous feriez dans les sondages en acceptant de lutte aux côtés des héros favoris du public... Et si vous sauvez leur préféré... C'est tout dans votre intérêt, Lex. »
Il allait être plus compliqué de lui faire accepter l'évidence qu'il n'y avait pensé. Luthor avait songé qu'il arriverait à convaincre Lane en douceur d'accepter la fin de Superman, qu'elle finirait par s'y résoudre. Il pouvait très bien commencer à le disséquer grâce à ses scalpels forgés en kryptonite sans demander son avis à la journaliste du Daily Planet, lui imposer ça de force. Mais il tenait à la ménager. Elle était la seule contacte qui pouvait lui permettre d'organiser avec les méta-humains les plus puissants une tentative de contre-attaque. Sans elle, aucun justicier ne ferait confiance à Luthor et ne s'allierait à lui. Il en était sûr. Car aucun justicier n'avait sollicité l'aide matérielle ou logistique de la Lexcorp que Lex avait proposé publiquement. Mais visiblement Loïs allait refuser jusqu'au bout d'admettre la fin de son champion. Les paroles de Lane évoquèrent chez Lex des souvenirs passés. La régénération de Kal-El grâce au soleil ? Oui il l'avait découvert il y a longtemps. Lex ne l'avouerait jamais à personne mais… l'ogive nucléaire qui avait été lancé sur Doomsday et Superman alors qu'ils s'affrontaient, c'était lui… C'était le président des USA qui avait donné l'ordre au Pentagone au désespoir de lâcher la bombe, pour tenter d'en finir avec Doomsday, même si Superman allait le payer de sa vie. Le président avait hésité au téléphone et allait refuser d'utiliser l'arme nucléaire. Lex l'avait fait chanter. En tant que conseiller spécial dans ce moment de crise, en raison de ses compétences d'astrobiologiste, Luthor se trouvait dans le bureau ovale à cet instant décisif. Il avait persiflé à l'oreille du président que s'il ne lançait pas la bombe sur Superman et la créature, il allait donner à tous les médias du monde, les vidéos secrètes compromettantes, dans lesquels le président était réunit avec 3 prostituées albanaise et le gouverneur du Texas autours d'un dîner à 50 000 dollars payés avec les fonds publiques. Le président des USA effrayé avait donné l'ordre aussitôt de lâcher la bombe et tant pis pour Superman… Lex avait triomphé, s'imaginant que sa Némésis était partie en miette avec Doomsday. Ses satellites Lexcorp l'avaient vite fait déchanter. Ils avaient enregistrés à 3000 km, le corps de Superman en train de retrouver sa vigueur grâce au soleil.
En tout cas il avait vu juste quant à Lane et ses relations avec ces maudits méta-humains. Elle appela directement l'amazone sur son téléphone. Les dossiers d'espionnage de la Lexcorp sur Lane ne mentaient pas quand ils disaient qu'elle devait forcément entretenir des liens avérés avec les justiciers, vu la familiarité qu'elle avait toujours employé avec le kryptonien. La réponse qu'elle lui donna surprit le milliardaire. Se méfiaient-ils de lui au point de croire que Lex allait forcément exiger quelque chose en échange d'une alliance ? Ils se fourvoyaient complètement. Luthor était prêt à s'allier avec le diable en personne, si ça pouvait débarrasser la terre pour de bon du Syndicat du Crime. Pour lui ça tombait sous le sens que l'Injustice League et leurs rivaux devaient s'allier face à la menace commune. Et de toute façon que leur réclamer en échange d'une alliance ? Il n'y avait aucune technologie humaine qu'ils pouvaient lui fournir et que ne possédait pas déjà la Lexcorp. Évidemment l'argent ne l'intéressait pas vu qu'il en disposait déjà pour financer ses projets les plus invraisemblables dans sa lutte de toujours contre l’élément méta-humain. Quant au pouvoir, Lex disposait déjà d'une influence néfaste sur le pays. Et ils ne pouvaient pas lui offrir le genre de pouvoir qu'il désirait par dessus tout, c'est à dire la puissance de Superman. Oh certes il y avait bien quelque chose que convoitait Luthor mais… il serait peu judicieux de réclamer à Aquaman et Wonder Woman de lui fournir un atlante et une amazone sur qui il pourrait faire des expériences en laboratoire avant de les disséquer eux aussi. Lex avait dans l'idée que s'il demandait une chose pareille, Loïs ne ferait pas passer le message (qui serait refusé par les intéressés évidemment) et qu'elle s'empresserait de lui jeter son téléphone à la figure.
« Je ne réclame rien à la cabale méta-humaine réunit autours de l'amazone en échange d'une association temporaire. Mais qu'elle sache qu'elle n'a rien à réclamer de moi et mes associés. Une entente entre nous tous tombe sous le sens. Il n'y a que ça qui nous permettra de survivre au Syndicat. »
Mercy Graves ouvrit la porte et entra avec sa moue furieuse. Elle allait ouvrir la bouche pour se plaindre. Luthor leva les paumes de ses mains en signe d'apaisement, ça voulait dire : plus tard, fais profil bas avec elle. Mercy fulmina intérieurement. Miss capricieuse qui était offusquée de ne pas être dans le secret des intrigues de Luthor pour une fois. Lex la raccompagna hors de la pièce en lui massant les épaules de ses deux mains pour la réconforter. Il referma la porte. Elle était comme sa fille adoptive, même si cette condition n'avait jamais été évoquée une seule fois par les deux intéressés. C'est pour ça qu'elle était la seule employée de la Lexcorp à pouvoir le tutoyer et le contredire devant tout le monde. Lex reporta son attention sur Lane.
« Pour en revenir à Superman, je ne peux pas retirer l'éclat de kryptonite de son corps comme ça. Avec cette plaie béante qui en résulterait, son cœur va lâcher pour de bon. Et comme vous l'avez souligné, il n'y a pas de présence solaire pour régénérer son corps à cause de la nuit sans fin dans laquelle nous avons été plongé. »
Lex écarta les stores vénitiens d'une fenêtre de la pièce et regarda dehors.
« Nous n'avons pas les moyens matériels, ni le temps de créer un « soleil artificiel » pour le retaper. Ce type de technologie n'existe pas encore même si j'y travaille depuis des années. Il nous faudrait écarter la lune pour faire revenir le soleil. Sinestro ou Black Adam en seraient capable mais… Si Ultraman à démolit Superman, il ne fera qu'une bouchée d'eux. Il les empêchera d'accomplir ça. Toute tentative de créer les conditions de régénération de notre kryptonien sont vaines. Quelque soit la façon dont je vais retirer cet éclat géologique de Krypton et traiter ses blessures, je ne pourrais pas le maintenir en vie plus de 3 jours d'après mon analyse. »
La main de Luthor se crispa sur les stores. Il se retourna vers Loïs avec un air assez tendue.
« Et quand bien même j'arriverai à le sortir de son coma, il a été vaincu par Ultraman, ça veut dire qu'il s'est révélé plus fort que lui. Superman à échoué. Qui nous dis qu'il l'emporterait dans un round 2 ? Il va juste finir en charpie à nouveau. »
Luthor n'arrivait pas à se résoudre à dire : achevons le et disséquons le pour concevoir une arme. Il réussit juste à lâcher :
« Allons le voir. »
Ils sortirent. Ils marchèrent jusqu'au préfa dans l'arrière cour, dans lequel résidait la dépouille du justicier déchu. L'intérieur était assez vaste façon laboratoire. Superman était étendue là, toujours dans son costume, sur une table en fer blanche. On aurait plus dit une salle d'études de pathologie qu'une chambre de réanimation. Lex restait à distance du kryptonien, comme s'il ne pouvait se résoudre à s'en approcher. Il pensa à plusieurs définition que désormais il connaissait par coeur :
Hanté : visité par des fantômes, des esprits. Hanter : fréquenter habituellement en parlant des esprits, des fantômes. Mais aussi : fréquenter un lieu de manière habituelle. Hantise : Caractère obsédant d'une idée, d'une pensée, d'un souvenir, dont on ne parvient pas à se libérer.
Hanté, Hanter, Hantise.
« Souvent visité par les fantômes ou les esprits ». Comme Superman dans sa tête depuis des années. « Réapparitions fréquentes ou régulières » comme partout à Metropolis, où il ne cessait d'intervenir à chaque attaque criminelle ou catastrophe hors du commun. Oui Superman était la HANTISE de Luthor. Combien de cauchemars avait fait Lex sur lui ?
Lex s'adossa contre le mur, le regard dans le vide et il retira sa perruque avec un air défait. Alors qu'il avait enfin à sa portée, la mort de Superman, dont il avait rêvé toutes ses années pour mettre fin à sa hantise de l’élément méta-humain, ça ne répondait toujours pas à la question qu'il ne cessait de se poser :
Némésis, est-ce moi qui t'ai fait apparaître ? Ou est-ce toi qui m'a inventé ?
C'est parce qu'il s'était révélé comme le seul simple être humain sur terre a pouvoir mettre en échec Superman pendant toutes ces années, que Luthor avait offert au héros de Metropolis une telle adversité. Grâce à laquelle Superman avait finit par faire figure de héros pour le grand public. C'est parce que Kal-El était un surhomme si puissant, que Lex avait craint la fin de l'humanité à terme et avait consacré tout son savoir, ses ressources et son imagination, à la contention et l’annihilation des méta-humains et de Superman en particulier. Les actions de l'un avaient souvent façonnés l'autre depuis plus de 10 ans. Mais à quel point ? Sans Luthor, Superman aurait-il laissé la même image dans l'opinion publique ? Sans Superman, Luthor n'aurait-il pas consacré sa vie à autre chose ? Aurait-il été un Luthor différent ? Lex demanda à Loïs :
« Lorsqu'il est apparut à Metropolis la toute première fois, tout le monde a eut peur qu'un être pareil existe. Tout le monde l'a craint. Sauf vous. Vous êtes la toute première a avoir eut confiance en lui. A l'aimer. Pourquoi ? Dîtes moi pourquoi. C'est une question honnête. »
"Je ne réclame rien à la cabale méta-humaine". Lois hausse un sourcil. Ah, ah, ah. Elle est bien bonne celle-là. Non vraiment, on y croirait presque, c'est dit avec une telle assurance... Il aurait pu tromper un journaliste lambda, mais Lois n'est pas dupe. Elle a compris depuis longtemps que derrière ses grands discours moralisateurs qui prônent un contrôle strict de la population méta-humaine et des autres êtres extraordinaires se cache un énorme complexe d'infériorité. Parce que malgré ses milliards, Lex Luthor ne peut pas voler. Parce que malgré son entreprise florissante, Lex Luthor ne peut pas courir plus vite que la vitesse de la lumière. Parce que malgré sa popularité, Lex Luthor n'est pas le fils d'un dieu. Parce que malgré son génie, Lex Luthor n'a pas été choisi par un grand ordre intergalactique pour porter un anneau de pouvoir. Sur la grande échelle des choses, il ne représente rien. Un grain de sable parmi des milliards et des milliards d'autres. Une poussière dans l'espace. Et ça le rend fou, n'est-ce pas ? Son ego ne le supporte pas. « Wonder Woman n'est pas stupide, Lex. Votre "entente" n'est pas gratuite, il faudrait n'avoir jamais croisé votre route pour le croire. Vous avez essayé de la tuer, elle et les autres, vous croyez vraiment qu'ils vont croire à votre soudaine générosité ? Ne faites pas l'idiot, ça ne vous sied pas. » Lois lève les yeux au ciel en secouant la tête quand Mercy Graves fait une nouvelle entrée fracassante. Elle agit comme... Une enfant capricieuse ? Elle fait la grimace. Serait-il possible que Lex soit capable d'éprouver des sentiments pour quelqu'un d'autre que lui-même ? Lois note cette attitude pour le moins singulière qu'il a en sa présence dans un coin de son esprit. C'est inédit, suffisamment pour qu'elle en fasse mention à Clark plus tard. Plus tard. Elle s'accroche à cet espoir comme une naufragée à un rocher, pour éviter la noyade. Il faut qu'il survive. Il doit survivre. Pas juste pour sauver le monde, pour la sauver elle. Pour eux, pour leur avenir.
Lois secoue la tête, et prend une profonde inspiration. Elle ne pensait pas se retrouver un jour à discuter avec Lex du moyen le plus efficace de sauver Superman. Ni même devoir redonner foi en ses capacités à un homme comme lui. « Lex Luthor, vous êtes un emmerdeur. » Elle croise les bras sous sa poitrine. « Mais un emmerdeur efficace. Vous êtes capable de monter un plan de A à Z pour détourner des milliards de dollars pour mettre en faillite une entreprise rivale, sans laisser la moindre preuve tangible, vous êtes capable de trouver comment sauver Kal-El. » Elle sourit. Elle en sait plus sur ses affaires, ses trafics et ses crimes que quiconque, et pourtant elle n'a jamais su prouver quoi que ce soit. « Il faut procéder étape par étape. D'abord retirer la kryptonite, pour qu'elle cesse d'empoisonner son organisme. Pas besoin de recréer un soleil. Vous n'avez qu'à récupérer une cabine à UV dans le premier institut de beauté du coin. Ce ne sera pas la plus efficace des méthodes, mais ça l'aidera. Et puis vous savez... Certains méta-humains sont capables d'imiter les effets du soleil. Diana pourrait en envoyer un ici pour l'aider. Vous pouvez penser d'eux ce que vous voulez, mais la Ligue de Justice est comme une grande famille. Ils s'entraident, quoi qu'il arrive. Même après s'être cognés dessus. » Et puis merde, pourquoi déplacer Clark jusqu'ici, le cacher, le protéger, pour simplement le laisser mourir ? Non, Lex Luthor ne perd pas son temps avec des causes perdues d'avance. « Ultraman, ce n'est rien de plus qu'un connard. Si Superman a perdu contre lui, c'est parce qu'il n'a pas lutté contre lui, pas vraiment. Il s'est acharné à sauver l'équipage de la Tour de Garde, tout en encaissant les coups. Peut-être que pour vous, c'était une perte de temps. Mais il est ainsi, c'est tout. C'est ce qui fait de lui Superman. Ultraman a triché, le Syndicat a changé les règles du jeu. À présent nous le savons. La Ligue ne répète pas les mêmes erreurs deux fois. Ils agissent comme des enfoirés, alors nous allons répliquer comme des enfoirés. Vous savez ce qu'on dit, parfois il faut combattre le feu par le feu. » Le risque, c'est de ne plus se retrouver qu'avec des cendres, certes... Mais mieux mourir en les emportant tous.
Elle acquiesce quand Lex lui dit qu'ils feraient mieux d'aller le voir. Sans un mot, elle le suit jusqu'à l'abri où se trouve Clark, le cœur lourd. Quand ils entrent, Lois se presse jusqu'à lui, elle se mord la lèvre pour en cacher le tremblement. Elle déteste le voir ainsi – ce n'est pas normal, pas naturel. Elle pose une paume contre sa joue, froide, et frissonne. Lex ne s'approche pas, il lui pose une nouvelle question. Elle soupire. « Parce que je l'ai trouvé plus humain que n'importe lequel d'entre nous. Parce qu'il était différent. Mais ça n'avait rien à voir avec le fait qu'il soit capable de soulever des immeubles au dessus de sa tête, ou de lancer des lasers avec ses yeux. Ni même parce qu'il venait d'un autre monde. Simplement parce qu'il était uniquement animé par la volonté d'aider son prochain. Sans rien demander ni attendre en retour. Juste parce que c'était dans sa nature. Et parce que je n'avais jamais vu une telle bonté chez quiconque. » Dit ainsi, sans doute est-ce très cliché. Mais c'est la vérité. Superman, Clark, lui a redonné espoir, et foi en la race humaine, en n'en faisant paradoxalement pas réellement partie. « Mettez un couteau dans les mains d'un fou dangereux tout ce qu'il y a de plus humain, et vous aurait un massacre. Superman a les capacités de changer la planète d'orbite, c'est vrai. Mais il ne le fera jamais, parce que c'est quelqu'un de fondamentalement bon. Même si vous refusez de le croire... » Lois expire complètement. La voilà maintenant à échanger des paroles pleines de sentiments avec Luthor. Aucun doute, le monde ne tourne vraiment plus rond. « Il faut que vous le sauviez. Le monde a besoin de Superman. Que ce soit pour lutter contre le Syndicat, ou simplement pour le pas dérailler. Sans lui... Sans lui, nous sommes tous morts et enterrés. »
Il y avait quelque chose de désarmant chez Loïs Lane. Tout ce qui l'intéressait chez Superman ne concernait pas sa nature surhumaine contrairement à Luthor. Elle ne s'intéressait qu'à l'humain en lui, même si Lex persistait à le considérer comme inhumain. Le pragmatisme impitoyable de Luthor refit surface : je veux sa mort, mais je ne peux pas. Lui seul peut défaire Ultraman. S'il meurt, tout s'arrête. La longue nuit sans fin que j'ai redouté depuis l'avènement des méta-humains va s'abattre sur terre. Il faut que je le fasse. Luthor médita les paroles de Lane pendant qu'elle était au chevet du héros déchu.
Un instant…
Lane avait dit quelque chose plus tôt. Lex essaya de remettre le doigt dessus. Tempête sous un crâne. Il fit face au mur à contempler l'une des photos qui avait été faîte de l'éclat de Kryptonite coincé dans le torse de l'alien, et destiné à figurer dans les archives de la Lexcorp. Lane avait dit quelque chose. Luthor ferma les yeux et posa son front contre le mur. Il réfléchissait avec la même concentration qu'un joueur d'échec dans un tournoi de haut niveau. Les paroles de Lane s'éclairèrent dans sa tête :
« Vous savez ce qu'on dit, parfois il faut combattre le feu par le feu. »
Luthor se retourna brusquement et contempla l'éclat de Kryptonite coincé dans le buste de sa Némésis. Il n'avait pas le soleil terrestre à sa disposition, ni de soleil miniature, mais il avait ça… Une roche hautement radioactive pour un kryptonien, mais... qui avait parcouru le cosmos pour s'abattre sur terre, parce qu'elle avait pu survivre à l'espace, parce qu'elle recelait une énergie incroyable. Un minerai dont la composante énergétique était telle, que la plupart de ses extraits récupérés par Luthor, alimentaient en énergie les différents complexes industriels de la Lexcorp. Il n'avait pas d'autres énergies pour assumer la régénérescence de l'alien sauf ça… Ironie de l'histoire. La seule chose qui pouvait sauver Superman, c'était son ennemi juré en train de manipuler son arme ultime, pour en faire un nexus d'énergie capable de le régénérer à la même vitesse que le soleil. Le problème, c'est que Luthor ne connaissait pas le moyen de faire exploser cette roche, de la pulvériser pour qu'elle décharge la puissance qu'elle recelait. Il avait travaillé sur la Kryptonite depuis des années, depuis qu'il avait fait toutes ces fouilles dans le Kansas en 1990. C'était l'année où il avait commencé. Et il devait rester une trace dans ses archives. Oui il avait tenté de pulvériser des extraits de Kryptonite, à des fins d'analyse. Il y était plus ou moins parvenu sur un petit éclat, mais face au danger d'une telle chose, il n'avait pas poussé plus loin. Mais il devait rester des traces dans ses archives.
Lex sortit dehors et contourna le motel à l'abandon. A côté il y avait une sorte de bâtiment de taille respectable, presque comme un mini entrepôt, construit à la va-vite comme annexe à l'hôtel. Luthor en avait fait un centre d'archivage pour lui et ses premiers employés de la Lexcorp en 1990 quand ils résidaient dans le motel à la recherche de l'épave alien. Dedans il y avait sa première étude sur la Kryptonite. Mais il ne se souvenait plus du tout où. Ça remontait à tellement d'année. Il fit venir quelques uns de ses sbires en tenue de fermier du Kansas. Il leur dit : vous allez fouiller. Il me faut un livre-dossier qui a pour titre « Kryptonite ». Ils lui demandèrent où chercher, Lex leur répondit : je l'ignore, ça remonte à 27 ans. L'annexe du motel accusait son âge : les fenêtres encastrés étaient entourés d'un treillis métallique complètement rouillé. Luthor et ses sbires entrèrent à l'intérieur. Des dossiers partout. Des étagères en hauteur, des étagères en profondeur, des escabeaux roulant. Des dossiers sur l'astrobiologie, sur le Kansas, sur l'ufologie, sur les activités licites et illicites de la Lexcorp à ses débuts, sur ses premiers travaux scientifiques. Des dizaines de milliers de dossiers indexés. Lex parcourut les travées. Une odeur de pourriture de papier partout. Tout le passé de la Lexcorp. Des bureaux et du mobilier partout à côté des étagères, le tout dans un patchwork d’éléments de bureaux divers. La Lexcorp c'était ça il y a 27 ans. Aujourd'hui c'était une multinationale tentaculaire. Lex eut ce sentiment de nostalgie qui ne disait pas son nom : nous sommes revenu à notre origine. A mes débuts. A une époque où tous les possibles s'offraient à moi. Le moment déterminant de mon existence. Celui où j'ai posé la première pierre de mon empire. Lex dit à ses sbires :
« C'est là, c'est dissimulé quelque part, c'était le dossier le plus crucial et le plus secret. Je ne sais plus ce qu'il est devenu, mais il a été caché quelque part ici. Au travail.»
Ils passèrent les lieux au crible, à consulter tous les dossiers. Ils creusèrent, ils observèrent, ils mirent en l'air, ils sondèrent, ils secouèrent, ils retournèrent tout 3 FOIS. Ils ouvrirent tous les tiroirs de bureaux. Ils fouillèrent tous les placards, ils vidèrent toutes les étagères. Ils soulevèrent tous les tapis. Ils fouillèrent toutes les armoires. Ils brisèrent toutes les appliques. Ils scrutèrent toutes les surfaces, tous les plans de travail et tous les compartiments à la recherche du dossier kryptonite. Ils recommencèrent une fois, deux fois. Ils examinèrent en détail tous les débris résultant de l'opération. Un sbire constata :
« Il n'y est plus. »
Luthor gronda :
« Non, on ne peut renoncer. »
Lex arracha un pied-de-biche des mains d'un de ses sbires. Il retira et balança sa cravate en soie cousue main, il jeta sa veste de costard à 3000 dollars par terre dans la poussière. Il retroussa les manches de sa chemise. Il percuta avec violence un climatiseur mural plein de toiles d'araignées, ses sbires s'éclipsèrent avec inquiétude.
Il frappa les murs. Il les éventra et les défonça. Il transpirait, il fut bientôt trempé. Il ne s'arrêta pas pour reprendre son souffle et continua à défoncer les murs sans s'arrêter. Il éventra les murs. Il continua sur sa lancée. Il arracha les plinthes et les boiseries. Il avala de la poussière et des bouts de plâtres. Il cogna et détruisit. Épuisé et sans force il s'adossa au mur. Il donna un coup de désespoir.
Un bloc de plâtre tomba. Un registre à reliure toile dégringola à ses pieds. Il était enveloppé dans du plastique et scellé par du ruban adhésif. Il mesurait 23 cm sur 30 et comptait de nombreuses pages. Lex déchira l'emballage, il lu KRYPTONITE sur la première page. Il tourna frénétiquement les pages. Elles étaient couvertes d'un quadrillage de lignes et de colonnes contenant des chiffres d'analyses. Lex se frotta les yeux, il lu les désignations codées et les équations.
………………………..
Luthor revint dans le labo qui avait des airs de caveau mortuaire. Il était en blouse blanche de scientifique. Il avait balancé sa perruque quelque part. Il portait des gants en caoutchouc. Il balança son dossier Kryptonite sur une table. Ses sbires amenèrent des flacons de produits chimiques qu'il venait de concocter, avec une bouteille complète d'acide hydroxyque au pH élevé, et un spectroscope, et un fluoroscope. Il dit à Loïs :
« Je vais le faire. Soit je vais pulvériser cet éclat et délivrer une énergie telle, qu'il retrouvera ses capacités surhumaines pendant environ 1 minute. Ce qui lui permettra de se régénérer comme avec le soleil. Soit je vais échouer et je vais juste créer un no man's land sur les 3km alentours. Nous avons une chance sur deux d'y rester. J'ai demandé à tout le monde de partir. Mais si vous voulez rester avec lui jusqu'au bout, je ne vous en empêcherais pas. »
Dehors grand déménagement. Tous les sbires de la Lexcorp décampèrent en voiture en moins d'un quart d'heure, pour aller se réfugier à Smallville. Il fallut embarquer Mercy Graves de force. Elle supplia sans succès Luthor de ne pas risquer de mourir juste pour LUI. Elle se débattit en vain et disparut dans une voiture avec les autres. Une fois la zone définitivement à l'abandon, perdu au milieu des champs de maïs à perte de vue, Luthor jeta un dernier regard vers le ciel avant de rentrer dans le labo. Si ça se peut il n'allait pas en sortir vivant. On était en plein après-midi et pourtant on aurait dit qu'il faisait nuit noire à cause de l'absence de soleil. Luthor ferma la porte du labo, sans savoir s'il allait en réchapper.
…………………………
Vous avez craint qu'une telle nuit s'abatte sur le monde.
Luthor déballa tout le matériel. Il parcourut ses manuels de chimie et trouva un tableau de proportions pour l'utilisation de l'acide hydroxyque qu'il voulait associer aux composés de son invention. Il brancha le fluoroscope et les spectroscope. Il bascula les deux interrupteurs. Une lumière bleue et une lumière blanche apparurent sur la Kryptonite. Il vida un bureau, il déballa du papier millimétré, il installa une dernière machine. Il raccorda l'aiguille à tracer des graphiques. Il raccorda les capteurs de pulsations cardiaques. Il raccorda les cadrans. Il raccorda le tensiomètre. Luthor serra le tensiomètre autours du bras de Superman. Il lui entoura la poitrine avec le câble muni de capteurs. Lex actionna la poire pour gonfler le tensiomètre. Il observa le papier.
L'aiguille bondit, l'aiguille retomba, elle plongea de 20 centimètres et traça des montagnes ruses sur le graphique. Rythme cardiaque normal. Parfait.
Luthor revint à ses autres appareils, il les pencha et croisa leurs faisceaux sur l'éclat dans le torse de Superman. Pendant ses 4 premières tentatives, cela n'eut pour résultat que de rendre le vert de la roche plus opaque. Au cours des deux suivantes, le vert s'éclaircit. Lex déposa de toutes petites quantités de sa formule chimique. Elle ne rongea pas la roche, une goutte tomba sur la main de Superman et lui brûla la peau. Lex modifia le réglage des faisceaux. Il recommença : beaucoup de produits chimiques par-ci, beaucoup d'acide par là. Il ne brûla pas la roche. Encore raté. Il s'arrêta et respira à fond. Il changea pour un faisceau bleu sur son appareil et une application d'un autre de ses composés. Il laissa tomber des gouttes qui brûlèrent l'un des bras de Superman. La main de Luthor eut un soubresaut. Une bouteille tomba. L'acide se répandit et brûla les 4 pieds d'une chaise où Lex avait posé ses notes. Lex croisa le faisceau de nouveau. Il continua d'appliquer ses produits sur la Kryptonite, rien.
L'aiguille bondit, l'aiguille retomba, elle plongea de 15 centimètres et traça des montagnes russes. Défaillance cardiaque. L'organisme du Kryptonien commençait à succomber pour de bon aux radiations du minéral de son monde.
Luthor s'acharna. La kryptonite commença à grésiller et à se couvrir de bulles, la table sur laquelle reposait le justicier commença à brûler. Lex bricola son faisceau avec affolement. Il obtint une couleur hybride. La kryptonite se densifia. La peau du torse de Superman commença à être rongé par l'acide. En temps normal ça ne lui aurait rien fait, mais la présence de la kryptonite affaiblissait son corps comme un humain ordinaire.
Luthor s'épongea le front avec sa manche. Une brume néfaste commençait à apparaître au dessus de la table. Il vaporisa tout un assemblage de composé sur l'éclat. Les produits se diluèrent en coulée aléatoire. La table elle-même commençait à être complètement rongée par l'acidité.
L'aiguille bondit, l'aiguille retomba, elle plongea de 5 centimètres et traça des montagnes russes. Le cœur du kryptonien était au bord de l'implosion. Luthor comprit que c'était fichu. Mais il s'acharna comme un dément. L'air commença à devenir brûlant. Toute la table prit feu. L'acide rongea le visage de Superman. Lex continuait au bord du gouffre. Les appareils prirent feu.
Luthor recula pour éviter les flammes. L'incendie se propagea de la table au plafond. Il avait vaporisé ses derniers composés. L'éclat de Kryptonite se fendit et s'illumina. Lex continua à reculer. Les murs s'enflammèrent. Toute la pièce se retrouva plongée dans un brasier. On ne discernait plus que la Kryptonite en train de voler en débris de myriades d'éclats, une lumière ahurissante. Une décharge électrique qui gronda comme la foudre. Une partie du plafond s'écroula. Lex tomba à genoux, le visage défait.
Le dernier espoir de sauver la terre partit en feu.
L'aiguille bondit, l'aiguille retomba, elle plongea de 50 centimètres. Elle déchira la papier, elle fit carrément exploser le pulsateur. Lex écarquilla les yeux et retint son souffle.
Et il reconnu cette silhouette familière qui marchait à travers les flammes.
« Mamaaaaan ! » Au loin, les épis de blé se mirent à bouger subitement. Une mini-tornade traversa en un instant le champs rougeoyant sous le coucher de soleil. « Hep hep hep ralentis un peu ! » souris-je en attrapant le bras de mon fils avant qu'il ne percute Lois avec son trop plein d'enthousiasme. Il rigola en remettant sa casquette, me regarda. Je le lâchai en ébouriffant ses cheveux pour le laisser faire les derniers mètres jusque dans les bras de sa mère, tout juste arrivée derrière. « Lavage de mains petit monstre, allez, » intima-t-elle à Jon après le calin de bonjour mère-fils typique de chaque retour du travail. « Mais m'man ça sert à rien j'peux pas tomber malade, j'suis comme papa ! Immortel ! » protesta-t-il. Pendant une fraction de seconde, le ciel chaleureux tressaillit, comme flashé par l'ombre d'un ciel bien moins beau. « Jon, on en a déjà parlé... » Il soupira et partit d'un pas traînant jusqu'à l'évier de la cuisine.
« Je veux pas dire, mais il a déjà pris de ton impertinence... » rigolai-je en accueillant Lois dans mes bras lorsqu'elle s'approcha. Elle grimaça dans un faux regard outré, mais n'argumenta pas, et se cala dos contre mon torse face au spectacle que nous offrait le crépuscule. De nous deux, j'étais clairement le plus poli et le plus calme, même elle ne pouvait le nier. Elle était l'intrépide Lois Lane, et j'étais l'apaisant Clark Kent. Complémentarité fusionnelle oblige. Face au soleil couchant, je perdis mon visage dans son cou le temps de quelques baisers de bienvenue à mon tour. Avec la ferme des Kent et notre appartement à Metropolis, nous avions la vie idéale, mi-citadine, mi-provinciale. Le paradis. J'étais heureux. J'avais une femme et un garçon magnifiques que j'aimais plus que tout, et je vivais enfin une vie paisible comme n'importe quel être humain, n'importe quel père de famille. Nous octroyant ce moment à deux, elle me raconta sa journée au Planet et je lui racontai la mienne durant ce jour de congé, où Superman en revanche, n'avait pas chômé. Tout en se faisant, j'en profitai pour nous faire léviter doucement à quelques dizaines de centimètres du sol, comme souvent lorsqu'elle se logeait dans mes bras. C'était presque devenu un réflexe naturel, une bulle de légèreté.
Tressaillement. Le vent qui se lève. Tonnerre lointain.
« Lois ? » Mes pieds étaient au sol. Personne dans mes bras. Je fronçai les sourcils. Au loin, des nuages sombres se formaient lentement. « Tu commences seulement à comprendre mes paroles... » Zod. Derrière moi. Que m'arrivait-il ? Pourquoi perdais-je le contrôle sur cette vie idyllique ? « As-tu vraiment cru que ce champs de désolation et de mort que je t'ai permis d'entrevoir serait de ton seul fait ? » L'orage gronda, se rapprochant. Je regardai mes pieds. Ils écrasaient des squelettes humains. Comme la dernière fois. Non. Non. Que faisait-il ici ? Il ne pouvait pas. C'était mon univers, mon monde. « Immortels... C'est ce que nous sommes, Kal-El. Et c'est ce qu'ils ne sont pas... » Mon coeur bondit au rythme du tonnerre, pris par une angoisse remontant du plus profond de mes entrailles. Je me tournai vers Zod. Je voulais parler mais je ne pouvais pas.
« Tu vivras une vie de mensonges. Les années passeront et tu demeureras le même. Ton père adoptif est mort. Ta mère adoptive mourra. Et Lois mourra. Et ton enfant, à demi-kryptonien seulement, mourra. Le plus gros mensonge dans lequel tu te berces est celui de penser que tout ira toujours bien, que tes pouvoirs et ton optimisme déterminé surpasseront toujours tous les obstacles. Mais même toi tu ne peux rien contre la génétique et le Temps. Tu es le seul kryptonien au sang pur ici, Kal-El. Toi et Kara êtes destinés à survivre à ces humains et à fouler cette planète et mille autres pour les siècles à venir. Combien de vies différentes penses-tu pouvoir mener ? Combien de femmes penses-tu pouvoir aimer après Lois, aussi fortement que tu l'auras aimée ? Combien de temps avant que le Temps lui-même n'assèche ton coeur par les flots de deuils que tu endureras parmi eux, et la répétition d'un cycle mortel qui ne t'atteindra jamais avant ce qui est pour eux une éternité ? » « Tais-toi... Tais-toi... tu n'es pas... réel... » maugréai-je en fermant les yeux, comme espérant le faire disparaître. « Ouvre les yeux, Kal-El, RIEN DE TOUT CELA N'EST REEL ! » ragea Zod. J'ouvris les yeux. Ma chemise à carreaux et mon jeans de fermier du Kansas avaient laissé place à mon uniforme kryptonien... entièrement noir, semblable à celui que portait Zod. Le noir du deuil et du chagrin souvent dévastateur qui en découlait. Un deuil qui allait s'ancrer dans mon âme, inhérent à l'immortalité qui était la mienne. Un noir prémonitoire. « Pourquoi crois-tu que j'ai cherché à refonder Krypton... Contrairement à toi, j'ai compris l'enjeu de notre condition sur cette planète... Les seules personnes qui seront à même de rester à tes côtés et de t'aimer pour toujours sont les tiens, Kal-El... Des Kryptoniens, pas des humains ! »
L'orage explosa au-dessus de nous. Les images d'un même orage sous la pluie, allongé sur la plage, vaincu par Ultraman, flashèrent devant mes yeux. Je secouai la tête. La foudre frappa le sol, enflammant les champs alentours. La voix de Jor-El avant de sombrer. Etait-ce donc vraiment Zod qui parlait, ou une ruse de Jor-El ? Je pris ma tête dans mes mains. J'avais mal. Et mon torse me brûlait face à toutes ces violences émotionnelles. Seule la vérité pouvait blesser de manière aussi fulgurante. Ca et la kryptonite plantée dans ma chair. « Cesse de te réfugier dans ce rêve misérable ! Je sais ce que tu envisages de faire et tu ne peux choisir cette voie ! Tu ne peux espérer devenir mortel ! Ton destin n'est pas à la médiocrité, ton sang et ton rang t'imposent une destinée que tu n'as qu'à peine effleuré ! Tu dois guider l'Humanité, non t'abaisser à son niveau ! » vociféra Zod. La foudre s'abattit cette fois-ci sur la ferme, déclenchant un incendie. Des voix s'élevèrent, lointaines, étranges.
« NON ! LOIS ! JON ! » Terreur. Je voulus bondir pour les sauver, mais mes pieds restèrent bloqués au milieu des squelettes, qui m'attirèrent à eux. « Si tu pénètres dans cette ferme, Kal-El, sois prévenu que tu perdras tout ce qui fait de toi ce que tu es ! Et tu ne pourras plus rien faire pour les sauver ! » Dans un cri de désespoir et de rage, je parvins à m'extirper de l'emprise macabre et fonçai droit à travers le mur de la ferme pour sauver ma famille, parce que c'était tout ce qui comptait, bien plus qu'être Superman ou Kal-El. Mais je me retrouvai au milieu d'un tourbillon de flammes sans trouver personne, et réalisai avec effroi que les flammes qui léchaient ma peau d'ordinaire invulnérable... cette fois-ci la rongèrent dans une terrible souffrance. J'allais brûler vif. Il fallait que je les sauve avant de ne plus pouvoir le faire, et déjà l'impuissance me rendait fou. Je serrai les poings en hurlant de douleur et de fureur.
Sursaut au milieu des flammes. Des vraies flammes. Douleur atroce toujours là et encore plus réelle elle aussi. Etrange mélange de toute puissance brusquement retrouvée et de faiblesse lancinante. J'avais l'impression d'être drogué à la fois avec de l'ecstasy et des somnifères. Que s'était-il passé ? Pourquoi étais-je dans une salle en feu ? Mon regard se posa sur... Luthor ?! Je ne compris pas. Les poutres tombaient, la chaleur était étouffante. Souvenirs de la Watchtower, d'Ultraman, du Syndicat... Et là je le saisis : le battement de coeur. Le seul qui faisait battre le mien. Lois. Sans chercher plus loin je bondis hors de la table en saisissant Lex par l'avant-bras, puis Lois que je saisis contre moi. J'enfonçai le premier mur de mon épaule en tentant au maximum de les protéger des débris. Sans savoir pourquoi, mes pouvoirs furent incontrôlables, erratiques, et je m'y trop de force dans ma précipitation. Je les déposai chaotiquement en super-vitesse à bonne distance. Lex fut le premier à chuter dans le champs, roulant sur plusieurs mètres, alors que je finis en raclant le sol de mon dos, tenant Lois fermement dans mes bras pour encaisser à sa place.
Je la relâchai une fois arrêtés au milieu des maïs. Je m'assurai de suite qu'elle n'avait rien de grave grâce à mes sens, fluctuant eux aussi. Mal de tête. Que m'arrivait-il ? Je croisai son regard et je ne cherchai plus à comprendre, totalement happé par le soulagement indescriptible qui me submergea rien qu'en la voyant. Elle était là. Elle était vivante, elle avait survécu au Syndicat et à cet incendie. Et elle venait de me sauver la vie. Sans réfléchir, ma main trouva tendrement sa joue et je capturai ses lèvres, comme si ma vie avait dépendu de ce seul moment. Ce qui était presque le cas alors que j'avais cru ne jamais la revoir. « Je t'aime, Lois... Je t'aime comme un fou depuis le début... » lâchai-je simplement avec un sourire évident, incapable de retenir cette confession plus longtemps après avoir manqué de la perdre. Jamais je n'avais osé le lui dire. J'aurais dû depuis bien des années à la côtoyer, amoureux silencieux. Je collai mon front encore fiévreux au sien, savourant la réalité de ce simple contact. Personne ne nous voyait ainsi à terre au milieu du champs. En cet instant je savais plus que jamais que cette femme était, et serait à jamais, toute ma vie.
« Je reviens... » murmurai-je à contrecoeur. Je l'aidai à se relever, puis allai d'un bond léviter au-devant du bâtiment en feu. J'écartai les bras, et claquai les mains d'un geste brusque. La bourrasque de l'impact souffla l'incendie dans la foulée, déracinant une partie des champs alentours, retournant quelques voitures des sbires de Lex au passage. Juste assez fort pour faire son oeuvre sans détruire l'endroit, et empêchant ainsi que le feu ne se propage dans le reste de la ville. Je descendis à terre en regardant mes mains. Elles tremblaient. Je les refermai pour ne pas laisser voir. Mon uniforme était déchiré de part en part, du fait de mon duel avec le Syndicat comme du fait des expériences de Luthor dont j'ignorais encore tout. Je me tournai vers justement vers lui, et le dardai d'un regard féroce.
Ma main se referma sèchement sur son col. Je le soulevai du sol comme une brindille de paille. « Que faites-vous là ?! » l'interrogeai-je. Je ne savais encore rien de ce qu'il avait fait pour moi. Tout ce à quoi je l'associais pour le moment, c'était tous ses complots meurtriers, c'était toutes les tentatives de meurtre envers Lois depuis des années. C'était la dévastation de plusieurs villes, la mort de milliers de personne et celle presque concrétisée de Diana. J'en étais presque à penser que la venue du Syndicat était de son fait, de la même manière qu'il lui avait cru bon de tenter de me cloner ou de libérer Zod et sa milice de la Zone Fantôme. Avait-il réalisé trop tard une fois encore que ses méfaits avaient échappé à son contrôle ?
Message hors-jeu:
Pour tout problème vous savez où me trouver Et prochain rp je ferai très court j'vous rassure, là je voulais finir mon délire du rêve métaphorique
Lois fronce les sourcils et soupire longuement quand Lex quitte précipitamment la pièce – elle espère qu'il a eu un éclair de génie, et ne vient pas simplement de leur claquer la porte au nez. Le monde ne tourne vraiment plus rond, pour qu'elle en soit réduite à supplier Lex Luthor de sauver la vie de Superman. « Tiens le coup, Clark. Je t'en prie, tiens le coup... » Elle se penche pour déposer un baiser sur son front glacé, le contact la fait frissonner. Ce n'est pas naturel, rien de tout cela n'est naturel. L'éclat de kryptonite dans son torse le rapproche chaque seconde de la mort, et si Lois n'était pas certaine de l'achever en le faisant, elle l'aurait arraché comme une simple écharde de bois. Mais ce n'est pas aussi simple que cela, n'est-ce pas ? Ce n'est jamais aussi simple. « Bordel, Clark... » Reviens. S'il te plaît, reviens. D'un mouvement rageur, Lois essuie les larmes qui coulent sur ses joues avec la manche de son chemisier. Elle prend une profonde inspiration. Difficile de rester forte en pareilles circonstances. Lois commence à craindre que ses limites ne soient atteintes, qu'elle soit arrivée au bout du rouleau. Ce foutu Syndicat du Crime, c'est trop pour elle. C'est un pur cauchemar, c'est pire que Zod et Darkseid réunis. Et cette nuit éternelle... « Il faut que tu reviennes. Bon sang... Il faut que tu reviennes, parce que je deviens folle et je commence à parler toute seule... » Elle soupire longuement. Associé à l'impression de perdre complètement pied, celle d'être ridicule. Réfléchis, Lois, réfléchis... C'est un échec, les neurones ne suivent plus. La fatigue y est sans doute pour beaucoup, mais c'est frustrant, terriblement frustrant. Pour la première fois de sa vie, Diana est confrontée à un problème qu'elle ne sait pas comment résoudre. Pour une fois pour une fois, que Clark a besoin d'elle, elle ne sait pas quoi faire. Il lui a sauvé la vie des dizaines, des centaines de fois... Et elle, elle n'y arrive pas.
Elle sursaute quand Lex refait irruption dans la pièce. « Putain. Vous savez à quoi vous ressemblez ? Au scientifique fou d'un vieux film de science-fiction. » Le crane chauve, la blouse blanche et les gants, le parfait attirail du génie psychopathe. Lois grimace quand les acolytes de Luthor ramènent le parfait petit kit du chimiste timbré. Les flacons et fioles aux couleurs variées aux volutes de fumée ne lui disent rien de bon. « … Sérieusement ? C'est ça votre plan ? Faire EXPLOSER l'éclat de kryptonite ? Si vous voulez l'achever, dites-le clairement ! » Lois secoue la tête. C'est de la folie, purement et simplement. Une chance sur deux de sauver Clark. 50/50. C'est encore pire qu'un jeu de roulette russe. Elle se mord la lèvre en jetant un coup d’œil au cours inanimé de Clark. « Bien... Très bien, allons-y. Faisons cela. Si vous échouez, au moins nous ne serons pas là pour assister à la fin de l'humanité. » Voir le côté positif d'une mort potentiellement violente. « Je reste, je ne vais nulle part sans lui. Au moins si votre plan foire, dites-vous que vous ferez d'une pierre deux coups. » Adieu Superman et adieu Lois Lane. De quoi rassurer Lex, en cas d'échec il n'aura pas tout à fait perdu. Lois, elle, subira le même sort que Clark, il n'est pas question qu'elle aille où que ce soit. Depuis qu'ils se sont rencontrés, ça a été Lois et Clark contre le reste du monde. Que ferait-elle sans lui ? Non, elle ne le laissera pas, et certainement pas simplement pour sauver sa peau. Elle n'est peut-être qu'une simple femme humaine sans importance au milieu de tous ces aliens, dieux et autres métahumains, mais elle a du courage et n'est pas lâche. Elle a frôlé la mort à de trop nombreuses reprises pour être terrifiée à présent. Et puis, mourir avec Clark, de son point de vue, c'est mieux que de devoir vivre sans lui.
Lois reste silencieuse, elle observe Lex s'agiter en tous sens, prendre des mesures qu'elle ne comprend pas, jouer avec des produits chimiques qui ne lui inspirent rien de bon. Le regarder s'acharner à sauver Superman, ce n'est presque pas naturel. Elle est obligée de s'éloigner, elle rester prostrée dans un coin de la pièce, horrifiée à mesure qu'elle voit l'acide ronger la peau de Clark, la kryptonite se mettre à pulser et à bouillir, toutes ces horreurs qui semblent sorties d'un film de science-fiction et lui donnent froid dans le dos. Et puis elle se met à hurler quand la table prend feu, puis Clark, puis progressivement le reste de la pièce. Bon, eh bien au moins voilà qui est clair, leur chance vient littéralement de partir en fumée. Et le pire, c'est que Lois n'est même pas en colère, elle ne maudit pas Lex. Il a au moins essayé, c'est plus qu'elle n'en attendait de sa part. Et alors même que les flammes grandissent, que la chaleur devient insupportable et les fumées étouffantes, elle arrête de crier. À quoi bon ? Tant pis, dommage, game over. Elle se recroqueville sur elle-même, stupide réflexe de survie pour retarder l'inévitable. Elle commence à tousser, c'est le début de la fin. Lois Lane, journaliste, emmerdeuse à plein temps, carbonisée en même temps que Superman et Lex Luthor. Ou la fin du trio le plus improbable de l'histoire.
Et puis, une poigne ferme et familière l'attire contre elle, et elle ose rouvrir les yeux. « Clark ?! » Ça a marché ? Ça a marché ! Elle n'a toutefois pas le temps de s'attarder trop longtemps sur leur succès, les flammes gagnent du terrain. Tout se passe très vite, le mur de la pièce est pulvérisé, et quelques secondes plus tard ils se sont écrasés lourdement dans le champ de maïs. Crispée sur le corps de Clark, Lois n'ose pas bouger, elle est tétanisée par un mélange de stupeur et de soulagement. Ce n'est que lorsqu'elle le sent s'agiter qu'elle se redresse et capte son regard ; son cœur fait un bond dans sa poitrine. « Tout va bien, Clark. Tout va bien. » Ils se redressent, et avant même qu'elle ait eu le temps de dire quoi que ce soit d'autre, il l'embrasse. Il l'embrasse et Lois ne perd pas de temps, elle répond à son baiser en s'accrochant fermement à lui. Et puis, un aveu. Une déclaration qui la frappe en pleine poitrine et lui fait monter les larmes aux yeux. « Je... Je t'aime aussi... Je t'aime tellement, Clark. » Elle prononce toujours son prénom à voix basse afin que Lex ne l'entende pas. Lex, qui revient d'ailleurs à l'esprit de Clark. « Attends, s'il te plaît, attends... ! » Laisse-moi t'expliquer ? Il éteint rapidement l'incendie avant qu'il ne s'attaque au champ, avant de changer de cible. Oui, évidemment, voir Clark soulever par le col Lex c'est une image tout à fait jouissive, si Lois avait eu son téléphone sous la main elle n'aurait pas manqué d'immortaliser l'instant. Mais pour une fois, elle ne peut pas regarder ailleurs pendant que Superman met une raclée à sa Némésis. « Cl... Kal ! Repose-le ! » Lois grimace. La voilà en train de secourir Lex Luthor. Le monde ne tourne définitivement plus rond. « Repose-le, il... Il t'a sauvé la vie. » Elle pose une main sur son bras pour l'inciter à reposer le milliardaire, doucement ou non, elle n'ira pas jusqu'à lui demander de le faire en délicatesse. Et puis, elle se place stratégiquement entre eux, pour que Clark la voit elle avant de voir Luthor.
« Il t'a sauvé la vie, parce que je lui ai demandé de le faire. » Elle prend une profonde inspiration. « Et il nous a sauvés à Metropolis, avant que la vague ne nous emporte. C'est... Merde, c'est compliqué. L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Tu saisis l'idée... ? Il était le seul à avoir les capacités nécessaires pour te sauver... Tu es le plus grand espoir de la Terre, nous avons besoin de toi. J'ai contacté Diana, il nous a semblé que c'était la seule solution... Le Syndicat du Crime nous menace tous. Tant qu'il sera là, on nous pourra pas se taper dessus comme nous en avons l'habitude, ces psychopathes menacent toute la planète. Kal... Metropolis... » Lois secoue la tête et de nouveau, sa vision est embrouillée par les larmes. « Metropolis a presque été complètement détruite. Deux millions de personnes sont mortes ou portées disparues... » Neuf millions de vies sauvées, deux millions de perdues. Objectivement l'intervention de la Ligue fut un succès, mais impossible de ne pas avoir le vertige en songeant à toutes ces vies perdues – et c'est sans compter sur celles de la Tour de Garde. « Il ne s'agit pas de lui faire confiance, seul un abruti ferait confiance à Lex Luthor. Mais, Diana et moi, tu nous fais confiance, non ? C'était le seul moyen de te sauver. » Elle se rapproche, et prend son visage encore brûlant entre es paumes. « Le seul moyen de nous sauver. »
Luthor n'eut pas l'occasion de triompher en levant les bras en signes de victoires ou en lançant une phrase d'autosatisfaction pour souligner sa réussite. L'alien l'emporta brutalement hors du bâtiment en feu. L’atterrissage fut rude pour le milliardaire, scientifique à ses moments perdus. Il se releva au milieu des plants de maïs écrasés et épousseta sa tenue de laborantin, tout en observant le labo en contreplaqué qui n'était plus qu'un brasier. Lex prit son portable et annonça à Mercy pour qu'elle passe la consigne à ses sbires à l'abri dans Smallville :
« C'est fait, ça a réussit. Vous pouvez tous revenir. Il nous reste encore quelque chose à... »
Lex ne continua pas sa phrase, abasourdi par la vision de Superman apparut au dessus de lui, en train d'éteindre l'incendie à sa manière, au point d'en soulever les voitures garées près du motel. Lex en laissa tomber son téléphone portable. Il était tellement habitué à voir les actes surhumains du kryptonien par l'intermédiaire de ses satellites et caméras espions, qu'il était décontenancé d'être aux premières loges pour une fois. Superman se posa à proximité. Luthor s'apprêtait à lui lancer une parole narquoise pour fêter son retour parmi les vivant. Mais il fut incapable de sortir le moindre son dès que sa Némésis lui jeta un regard que n'aurait pas renié Darkseid, au plus fort de sa mauvaise humeur. La pomme d'adam du chauve fit un aller-retour dans sa gorge. L'instant d'après, il était soulevé d'une main par sa bête noire. À moitié étranglé, Lex battait des pieds dans le vide impuissant tout en s'accrochant des deux mains à l'avant-bras du justicier, espérant futilement que ce simple geste lui permettrait de déserrer l'emprise, qui le maintenant à la merci du maudit à cape rouge. Lex se mit à déglutir, se demandant bien ce qu'il pouvait répondre à la question de l'alien pour apaiser son courroux. Le salut vint de Loïs Lane. A sa grande surprise elle plaida sa cause. Jour à marquer d'une pierre blanche dans les annales de la Lexcorp. La journée de tous les revirements. Il avait sauvé la vie à Superman, maintenant Lane lui sauvait la mise. Jeux de dupes : chacun pensait y trouver un intérêt à sauver l'autre sans se faire d'illusions sur ce qui en résulterait.
Une fois l'étau défait, Luthor tomba au sol. Les deux mains dans la poussière, le visage hagard, aux pieds de Superman. C'est dans cette posture peu glorieuse qu'il leva un regard mauvais vers son ennemi juré. On aurait dit un chiot vicieux qui tentait un défi du regard par pure bravade. Luthor se releva très digne en réajustant son col. Il continuait d’affûter un regard je-te-hais vers la source de ses cauchemars. Même debout Luthor semblait être un nain en comparaison de Superman, il faisait une tête de moins que lui. Lex planta un doigt inquisiteur en plein milieu du vaste torse du héros et annonça doucement :
« Quand tout ça sera fini, ça sera entre toi et moi. Et pour de bon cette fois. »
…………………………
1 heure plus tard.
« Le problème, c'est que le temps joue contre nous. Il faut à tout prix vaincre le Syndicat au plus vite pour écarter la lune, ramener le soleil et mettre fin à cette nuit éternelle. D'après mon estimation, dans 6 mois, l'absence de soleil aura anéantit tellement de cultures, que nous risquons une famine qui touchera 2 milliards de gens. De plus une nuit sans fin va perturber tout notre écosystème et empêcher de nombreuses régulations des espèces, comme les périodes de chasse, les cycles de migrations ou encore les saisons de reproduction. On peut avancer sans se tromper que 60 % des espèces menacés auront déjà disparus l'année prochaine si ça continu. N'oublions pas non plus cette perturbation des marées à cause du déplacement de la lune. On peut envisager 3 à 4 tsunamis par an sur nos côtes, comme celui qui a frappé Metropolis. Et à ce rythme là, l'Asie du sud-est, la vallée du Nil et le golfe du Mexique seront sous les eaux. »
Lex Luthor déblatérait à l'intention de Loïs et Superman. Il était vautré dans un transat au milieu d'un champ de maïs déraciné par Kal-El dans sa tentative réussit d'éteindre l'incendie. Un sbire lui apporta un verre de scotch. Dans le champ juste à côté, les autres sbires pliaient des plants de maïs pour faire de l'espace et entreprenaient de creuser pour excaver quelque chose sur ordre de leur patron. Mercy Graves se ramena avec un trépied et un ordinateur portable. Elle installa le tout devant Luthor, en retrait du couple Loïs et Kal et alluma l'écran.
« Qu'est-ce que c'est que ça ? »
« Une certaine Mme Waller qui est à la recherche d'un certain Mr Luthor. Son petit doigt espion lui a fait savoir que le monsieur en question s'était réfugié dans le Kansas. »
La tête de la directrice de l'Argus s'afficha sur l'écran de l'ordi portable. Luthor afficha son sourire cordial factice et lança :
« Amanda ! Quel plaisir ! Puis-je vous aider ? »
« Luthor, vous détenez le corps inconscient ou mort de Superman. Je le sais, mes espions sont efficaces. Vous l'avez planqué je ne sais où dans le Kansas. Je le veux, question de sécurité nationale. On en a besoin pour protéger la terre. J'en ai rien à faire que vous ayez acheté jusqu'au plus petit flic, secrétaire municipal, conseiller ou maire, jusqu'au dernier foutu grand juré, sénateur, juge, procureur et jusqu'au dernier putain d'enquêteur du département d'état qui a bien voulut se laisser faire par la Lexcorp. Vous avez 24h pour donner à l'ARGUS le corps de Superman. »
Sourire de requin du chauve.
« Et si je refuse ? Vous allez m'envoyer votre Suicide Squad ? Restons sérieux. »
« Non, je vais dévoiler à Loïs Lane que vous avez proposé 600 000 dollars au maire de Metropolis en février dernier, pour qu'il oblige Perry White à la faire virer du Daily Planet. Elle vous descendra dans son torchon pire que je ne pourrais le faire moi-même. Vous avez 24h. »
Amanda Waller coupa la communication et son visage disparut de l'écran. Luthor balança son verre de scotch qu'il n'avait pas encore entamé, en plein sur l'ordi qui tomba de son trépied. Il lança à Loïs avec un rire jaune :
« Faîtes pas attention, cette femme dit toujours n'importe quoi. Elle est prête à affabuler ce genre de mensonge ridicule pour défaire la réputation des honnêtes gens. »
Lex se leva de son transat et se dirigea vers le lieu de fouille de ses sbires. Ils venaient de sortir de leur trou en plein milieu du champ de maïs, un coffre fort d'acier. Luthor se souvenait encore très bien du lieu où il avait fait enterrer ceci. Ils poussèrent avec difficulté le coffre qui devait faire dans les 100 kilos jusqu'au milieu du champ, au milieu de 3 grosses lanternes industriels qui illuminaient l'endroit malgré la nuit ambiante. Luthor aurait bien demandé à Superman de pousser le coffre-fort à leur place, mais il savait que le super-héros avait perdu l'usage de ses pouvoirs quelques minutes après sa résurrection à cause de l'absence de soleil. Les sbires tortillèrent les extrémités de 6 bâtons de dynamite, qu'ils glissèrent contre les logements des cadrans du coffre. Une demande de Luthor, car plus de 25 ans après, il en avait oublié la combinaison. Ils tirèrent les cordons de mises à feu sur 100 mètres. Mercy Graves demanda :
« Y'a quoi là dedans Lexou ? »
« Le premier million de dollar que j'ai gagné, j'ai voulu le garder par nostalgie, mais aujourd'hui je m'en moque, 1 million, c'est juste un jour de travail à la Lexcorp pour nous. Il y a autre chose dans le coffre qui m'intéresse. »
Lex présenta une allumette enflammée. Les cordons de mise à feu crépitèrent. Le coffre explosa. La porte blindée vola dans les airs et ratterit en plein sur le motel. Les liasses de billets roussis par le feu s'éparpillèrent. Une vraie pluie de billets calcinés tombant ça et là. Mercy était stupéfaite. Ce n'est pas tous les jours qu'on voit partir en fumée un million de dollar dans le ciel. Luthor confia à Loïs et Kal :
« En 1990 je suis parvenu à trouver dans les environs, l'endroit où a très certainement atterrit le météore tombé ici en 1984. Je n'ai jamais pu le dénicher, je pense que des fermiers du Kansas ont mis la main dessus. Mais j'ai trouvé des reliquats de débris, dont un cristal-mémoire qui porte le même symbole que toi. »
Lex fit le « S » de Superman en l'air avec son doigt, en regardant sa Némésis d'un air amusé.
« J'ai réussit à traduire l'intégral de ce reliquat. »
Lex se dirigea vers le coffre-fort cramé, il éparpilla tous les billets restants qui s'envolèrent autours de lui, comme si cette centaine de milliers de dollar survivants n'avait aucune importance. Il retira du coffre un registre de 200 pages entourés dans du plastique. Il le tenait serré dans ses bras comme un trésor plus précieux encore que le million de dollar qu'il venait de brûler.
« Cette civilisation a beau être morte depuis longtemps maintenant, lui il saura peut-être comment te rendre tes pouvoirs et nous rendre notre soleil. »
Sur le registre de Lex, il était noté en gros titre :
Il m'avait sauvé la vie... lui ? Luthor ? Les paroles de Lois résonnèrent dans mes oreilles sans que mon cerveau ne veuille les appréhender pleinement de suite, tant elles étaient pour le moins choquantes. Je fixai férocement Luthor, réprimant à chaque seconde l'envie que j'avais de resserrer sèchement ma poigne pour lui briser net la trachée. Mais je n'étais pas un tueur et moi-même je savais que malgré toute mon envie, je n'en étais pas capable. Mais je pouvais éventuellement le rendre tétraplégique. Je m'en voudrais quelques mois, mais cela finirait par passer en voyant tous les morts que la neutralisation de cette pourriture permettait d'éviter au quotidien. « Kal... Metropolis... Metropolis a presque été complètement détruite. Deux millions de personnes sont mortes ou portées disparues... » La peur et le chagrin traversèrent mon visage, remplaçant la colère. Bien plus que ses mots, ce fut sa voix tremblante qui me frappa en plein coeur. Les souvenirs encore éparses de mon combat dans l'espace, de la destruction de la Tour de Garde malgré nos efforts pour en sauver l'équipage, s'immiscèrent dans mon esprit. Je tournai mon visage vers elle, relâchant Lex au sol où il s'écroula à genoux en suffoquant. Le regard de Lois, déchiré par la tourmente d'avoir assisté à ce massacre à grande échelle, fut contagieux. « Non... » murmurai-je, ne voulant pas y croire. Pas croire à ce chiffre démentiel. Metropolis. Ses habitants. Plus que nul autre endroit sur Terre hormis Smallville, cette ville était mon foyer, mon quotidien, et avait mon affection particulière. Deux millions de vies évaporées en une journée. Des hommes, des femmes, des enfants. J'en eu un haut-le-coeur et serrai fermement les poings de colère et de tristesse. J'avais échoué. J'avais échoué à les sauver, à les protéger, à vaincre ces fous qui avaient décidé de prendre cette planète. Dans ce drame j'avais eu la chance morbide d'avoir été inerte et inconscient, de ne pas avoir pu entendre chaque coeur qui s'éteignait sous les flots, chaque poumons qui se remplissait d'eau, chaque débris qui fracassait les os et la chair de tous ces gens innocents. C'était bien là le seul point positif à ma défaite. Les larmes me montèrent aux yeux, je voulus pleurer mais me sachant entouré, je me retins de justesse. Je me concentrai sur le regard de Lois pour ne pas risquer de perdre mon sang-froid de nouveau face à Luthor. D'apprendre cette tragédie me donnait envie de frapper de toutes mes forces dans quelque chose. Ou quelqu'un. « Il ne s'agit pas de lui faire confiance, seul un abruti ferait confiance à Lex Luthor. Mais, Diana et moi, tu nous fais confiance, non ? C'était le seul moyen de te sauver. Le seul moyen de nous sauver. » Ses mains sur mon visage suffirent à apaiser une certaine partie de ma rage impuissante. Elle seule avait ce pouvoir sur moi. Egoïstement je me repliai sur le soulagement de la revoir et de sentir la chaleur de ses gestes, même contenus face à Luthor. Elle ne faisait pas partie de ces deux millions de vies arrachées et en cela, je ne pouvais que reprendre contenance au lieu de sombrer dans la facilité d'une colère sans nom à la hauteur de mon empathie douloureuse. Elle avait raison, comme toujours. Lex et moi devions mettre notre rivalité de côté pour nous concentrer sur le Syndicat. Le milliardaire venait d'ailleurs de se relever après avoir repris son souffle. Je pus enfin le regarder, froidement. Son index trouva mon torse et pendant un instant j'eus envie de lui attraper pour le lui tordre, mais là aussi je m'abstins et restai de marbre face à ses paroles pleines de promesses dont je ne doutais pas une seconde. Mon regard suffit à lui faire comprendre que j'étais on ne peut plus d'accord avec lui. Quand tout cela serait fini, nous réglerions nos comptes.
* * * * * * * * *
Aveugle. Sourd. Lourd. Extrêmement lourd et pataud. Voilà ce que j'avais l'impression d'être. Je regardais autour de moi et tout ce que je percevais était comme passé au travers d'un filtre. Les voix étaient lointaines, les mouvements étaient rapides et indistincts dans l'obscurité nocturne, les coeurs, silencieux. Je n'avais plus de pouvoirs, car le soleil était masqué, et je réalisais à quel point ils étaient si puissants à présent que j'étais devenu un simple humain. Les couleurs elles-mêmes étaient moins éclatantes, moins nombreuses. Et bon sang, je sentais la gravité me clouer au sol d'une manière semblable à des chaînes me liant à des enclumes. Je peinais depuis de longues minutes à m'habituer à ma nouvelle condition. Je ne cessais de regarder Lois. Ne plus entendre battre son coeur, ne plus sentir son parfum même à plusieurs mètres d'elle, était déroutant. Presque effrayant. Je comprenais que je n'étais plus en mesure de la protéger comme avant, que désormais j'allais devoir redoubler d'attention, et la restreindre dans ses aventures tumultueuses. Et vu le contexte, je n'étais vraiment pas rassuré. Luthor paraissait inoffensif à côté du Syndicat, même si je savais cela trompeur. Ses sbires ne cessaient de me regarder de biais. J'étais persuadé qu'ils avaient envie de vérifier si j'étais bel et bien vulnérable. Savoir qu'ils ne passaient pas à l'acte avec leurs flingues juste parce que leur patron les tenait en respect et avait besoin de moi en vie me donnait la sensation d'être un animal de foire dans une cage. Le paradoxe, c'était que même si j'avais peur, c'était avant tout pour Lois et non pour moi, car au fond, c'était presque comme si je savais que je n'allais pas détester mon nouvel état très longtemps. Que j'allais m'y habituer plus facilement que ces premières heures ne le laissaient penser. Comme si, quelque part, je l'avais finalement désiré.
« Le problème, c'est que le temps joue contre nous. [...] » Luthor était bien des choses, mais il n'était pas stupide. Son génie était indéniable, même si cela me tuait de le reconnaître. Les conséquences qu'il dépeignait étaient alarmantes, et ne firent que décupler mon sentiment d'impuissance et d'échec. Je portais l'uniforme kryptonien et pourtant depuis une heure, je n'en étais plus vraiment un. L'attitude de Luthor dans son transat en pleine nuit, en plein champ, comme si le monde n'était absolument pas au bord du gouffre malgré son discours une seconde avant, avait de quoi jouer sur mes nerfs. Et je ne parlais pas de ceux de Lois. Tout chez lui était exécrable, en tête de liste son arrogance nonchalante. Pour ne pas perdre mon sang-froid, je me concentrais autant que possible sur Lois. Sur ce que ma nouvelle condition impliquait pour nous deux. J'avais envie de la tenir dans mes bras, de ne plus la lâcher, mais ainsi encerclés, je ne pouvais pas. Terrible frustration. « Sans mes pouvoirs je ne suis plus d'une très grande aide, il va falloir établir une stratégie à partir des justiciers encore en état de se battre, et nous concentrer de notre côté sur le renseignement ennemi. Batman saura quoi faire... vous devriez allier vos ressources avec les siennes. Il faudra être prudent, Ultraman peut nous entendre... » dis-je en réfléchissant. Cela me coûtait de le dire, mais la situation exigeait de voir au-delà de nos égos. Bruce et Lex avaient le génie de la stratégie en commun. Et sachant que Lex était l'un des seuls à être parvenu à duper le plus grand détective du monde en le poussant à m'affronter... Clairement, nous avions besoin de l'intelligence vicieuse de Lex pour vaincre nos ennemis. Malgré la peur d'être perçu par Ultraman,je me dis qu'il serait déjà venu nous exterminer s'il nous écoutait en cet instant. « Je ne sais pas si ce sera utile, mais le point faible majeur susceptible de parler sous la pression, c'est Power Ring. Il faudrait trouver le moyen de le capturer. Il est littéralement terrifié par son propre anneau, et plus encore par n'importe qui menaçant de lui faire du mal. De ce que j'ai vu aussi, Ultraman est tout sauf réfléchi. Son tempérament est probablement son principal point faible, il démarre au quart de tour à la moindre provocation, ce qui le rend prévisible. » Me remémorer le combat n'était pas réjouissant vu les vies que j'avais échoué à sauver avec Hal et John, mais c'était nécessaire pour tenter de déterminer les points faibles du Syndicat. Je me tournai vers Lois, qui devait avoir plus d'informations que moi sur le Syndicat vu qu'elle n'avait pas passé les dernières heures dans les vappes.
Puis un appel. Amanda Waller. Une dispute pour mon cadavre. Réjouissant. Mais ce qui m'énerva véritablement fut la suite concernant une énième magouille de Luthor pour tenter de faire virer Lois. J'étais parvenu à me calmer et voilà qu'il s'arrangeait pour raviver ma colère à son encontre. Je n'avais peut-être plus de pouvoirs mais je pouvais encore largement lui casser la gueule à mains nues ne serait-ce que pour lui ôter son sourire narquois du visage. J'avais toujours pour moi mon gabarit de sportif, de fermier du Kansas habitué à faire des travaux manuels. Il changea de sujet habilement en se levant pour rejoindre ses hommes déterrant un coffre. Sa façon de brûler l'argent comme si ce n'était rien, alors que ce millions pouvait servir à financer la recherche ou des associations, ajouta à mon amertume. Cet homme était infecte à tout niveau. J'étais loin d'imaginer que ma sérénité difficilement préservée allait être mise encore plus à mal par ce qu'il allait sortir de ce trou. Au fil de ses paroles je sentis une certaine appréhension naître en moi, en particulier à l'évocation du vaisseau spatial échoué dans les environs, et du crystal qu'il avait déniché. Cette appréhension trouva son apogée en lisant le titre du gros dossier qu'il plaça dans mes mains. Jor-El. Je relevai la tête pour le fusiller du regard. Son obsession pour moi et mon monde me dégoûtait et me terrifiait tout à la fois.
« Vous êtes vraiment un grand malade, Luthor, » maugréai-je. J'élevai le ton,furieux qu'il ait eu depuis tout ce temps en sa possession ce crystal et cette traduction. C'était mon monde, mon père, mon héritage. Le savoir entre les mains de cet être maléfique me répugnait et me mettait hors de moi. Le deuil de Metropolis n'aidait pas non plus. « Cette obsession malsaine que vous avez sur les méta-humains et les kryptoniens, sur moi... avec tout l'argent que vous avez et que vous aimez brûler, vous devriez plutôt vous acheter une vie et nous laisser tranquille. Vous pourriez construire quelque chose au lieu de chercher à tout détruire, mais non... et vous voulez me faire croire que vous voulez vaincre ce Syndicat ? Quand je vois ce genre de dossier sortir de terre, je suis persuadé d'une chose, Luthor : que vous allez surtout tout faire pour neutraliser le Syndicat et tenter de prendre sa place d'une manière ou d'une autre en cherchant à acquérir leurs pouvoirs. N'est-ce pas dans ce but que vous montez ce genre de dossiers, que vous créez tous ces clones ?! » Cette fois, ce fut moi qui percutai son torse d'un index menaçant. « Avec ou sans pouvoirs, je vous tiens à l'oeil, Luthor. On vous tient à l'oeil, » menaçai-je en parlant bien sûr de Lois. C'était étrange. J'avais toujours fait preuve de maîtrise de moi avec tous mes pouvoirs. A présent que j'en étais dépourvu, je me sentais bien plus libre de laisser mes émotions réelles se manifester. Je pouvais m'énerver sans risquer de briser la croûte terrestre ou de transpercer un corps si je décidais de frapper le sol ou Luthor face à moi.
Ce qui m'énervait plus encore dans tout ça, c'était que je soupçonnais ce crystal-mémoire de détenir des informations que Lex n'avait pas pu consigner dans ce dossier pourtant bien épais. Il allait nous aider à en cerner 90% à n'en pas douter, mais ce genre de cristaux étaient faits pour être lus via une technologie précise, dont l’interaction avec le reste de l'intelligence artificielle allait fournir des données supplémentaires. Et il n'y avait qu'une seule solution : l'insérer dans l'intelligence artificielle kryptonienne de la Forteresse de Solitude... Et y emmener Luthor était inconcevable pour moi. Lois et moi allions devoir feinter pour voler ce cristal et l'apporter là-bas. Quelque chose comme ça. « Puisque nous n'avons plus le choix... étudions ce dossier... » admis-je néanmoins après cette mise en garde.
Lois qui sauve la peau de Luthor, autrement dit, le monde à l'envers. Mais aussi plaisante que soit l'idée de voir Clark balancer le milliardaire à travers le champ de maïs comme s'il était une balle de tennis, même elle est forcée d'admettre qu'ils ont besoin de lui pour réussir à sauver le monde. Oh, elle n'est pas stupide, elle se doute bien que Lex exploitera leur situation au maximum pour ensuite essayer de tuer Clark pour la énième fois une fois la paix revenue. C'est un mal pour un bien, avant de s'en retourner aux bonnes vieilles habitudes... Autrement dit le meurtre, la corruption, le blanchiment d'argent, les expériences scientifiques allant à l'encontre de l'éthique... Une chance que l'ego de Lex l'empêche de refuser de faire alliance avec Clark, et plus généralement avec les héros pour sauver l'humanité. De toute façon, ce n'est pas exactement comme si y existait une quelconque alternative. Pendant un instant, Lois regretta de ne pas avoir son téléphone sur elle, l'image d'un Luthor agenouillé aux pieds de Superman mérite d'être immortalisée. Mais peu importe, elle aura d'autres occasions avant que tout cela ne se termine – d'une façon ou d'une autre. « Attention, Lex, ce que vous dîtes sonne presque de façon romantique. » Ce sera entre toi et moi. C'est tout juste si elle ne roule pas des yeux au point d'en apercevoir son cerveau. « Si vous continuez, je vais vraiment finir par me dire que vous avez simplement une façon un peu violente de refouler vos sentiments. » Elle affiche un large sourire moqueur – c'est de bonne guerre après ce qu'il vient de lui faire traverser. Quoique, non, de qui se moque-t-on, emmerder Lex Luthor c'est son passe-temps favori et le numéro un. Rares sont les occasions où elle peut le faire sans risquer d'y laisser sa peau, autant en profiter avant que le vent ne tourne.
✸✸✸
La journaliste hausse un sourcil. Elle ne sait pas ce qui est le plus ridicule. Lex Luthor qui déblatère dans un champ de maïs un verre de scotch à la main, ou le fait que Clark et elle l'écoutent attentivement. Pire, elle prend même des notes. Lois a l'impression d'halluciner lorsque l'insupportable Mercy Graves débarque avec son matériel informatique portable pour que... Oui, pour qu'Amanda Waller fasse une petite annonce personnelle à Luthor. « Attendez, quoi ? » 600 000 dollars offerts au Maire pour qu'il force Perry à la virer ? « Vous auriez pu faire l'effort de proposer un million, franchement. » Apparemment, le chantage n'a pas fonctionné et pourtant Dieu sait à quel point le Daily Planet a besoin d'argent. Elle est flattée, vraiment flattée, mais elle n'en dira pas un mot. Parce que le rédacteur en chef n'est pas du genre à aimer les remerciements, mais son refus parle de lui-même. « Amanda Waller est la femme la plus honnête que je connaisse. Et vous savez pourquoi ? Parce qu'elle n'a pas peur de se débarrasser des gens qui l'emmerdent, au besoin. Pour vous dire franchement, je la trouve cent fois plus terrifiante que vous. » Bon, officiellement, Lois Lane n'est pas censée savoir qui est Amanda Waller. Sauf qu'elle le sait, et Amanda sait qu'elle le sait. Si elle est toujours de ce monde, c'est qu'elle ne la juge pas encore trop dérangeante. Pas encore. Mais avec cette femme, rien n'est moins sûr, elle est imprévisible et impitoyable, à côté Lex est un chiot qui fait les grands yeux pour avoir une chance d'être adopté. « Je me demande quelle tête elle fera quand vous lui apprendrez qu'il n'y a aucun corps à récupérer. » Lois trouve cette lutte pour l'hypothétique corps de Clark affligeante. Ces gens là ne voient qu'un pion de plus sur leur échiquier, et pas une personne aimée, pas même un héros. Juste un pion et un éventuel sujet à disséquer.
Lois secoue la tête avec agacement quand Lex quitte son foutu transat pour... Faire exploser un coffre-fort ? « On nage en plein délire. » D'abord, il met littéralement le feu à Superman, et ça ensuite ? Elle se frappe le front du plat de la main quand les billets se mettent à pleuvoir dans le champ, comme dans un mauvais film de gangsters. « Pitié, dis-moi que je suis en train de rêver... Un tsunami qui ravage Metropolis, c'est déjà beaucoup, mais là... » Elle prend quelques photos avec son téléphone et s'empresse de les communiquer à Perry, qui saura forcément quel genre d'article écrire pour faire vendre : En Plein Apocalypse, Lex Luthor Préfère Incendier Sa Fortune Plutôt Que D'en Faire Don. Lois étouffe un ricanement. Mais elle cesse vite de rire quand elle prend connaissance de ce que renfermait le coffre en plus de son premier million. « Espèce de... » Aucune insulte ne serait assez forte pour exprimer ce qu'elle ressent à son égard, et elle sait que c'est bien, bien en dessous de ce que Clark doit lui aussi ressentir. Luthor lui a volé une partie de son héritage, il lui a volé son monde. Ce cristal lui appartient, à lui et à personne d'autre. Et une fois de plus, elle se voit obliger d'étouffer l'incendie avant qu'il ne se propage. « Superman. S'il te plaît... Je partage ton envie de lui refaire le portrait, mais ce n'est pas le moment. Nous avons besoin de lui... Pour le moment. » Elle lance un regard assassin à Lex. « Et vous avez tout autant besoin de nous, rappelez-vous en. Aussi malin et riche que vous soyez, vous n'êtes qu'un homme. » Il aura beau avoir l'intellect le plus brillant de la planète, ce n'est pas son cerveau qui ira remettre la lune à sa place tout en affrontant Ultraman et sa bande.
« Attends. » Elle pose une main sur celle de Clark, avant qu'il n'ouvre le dossier contenant la traduction sans doute approximative des informations du cristal. « Avant de nous perdre dans une étude approfondie de ce cristal, utilisons la logique. Si ce qui affaiblit Ultraman te donne des forces, et si ce qui t'affaiblit lui donne des forces, je pense que nous devons pouvoir jouer là dessus. Bientôt, il sera à court de Kryptonite et faiblira. J'ai, euh... » Elle se masse l'arrête du nez. « J'ai volé la Kryptonite verte dans les décombres de la Lexcorp et je les ai confiés à J... Red Hood pour qu'il les cache. Diana m'a assuré qu'elle était introuvable. Lex, quand vous m'avez fait faire un tour de vos locaux, j'ai bien vu que vous aviez plusieurs Kryptonites différentes. Chacune de ces pierres a un effet différent sur la constitution kryptonienne. Je suis à peu près certaine qu'il doit en exister une capable de l'affaiblir lui aussi. » Avant que Lex ne lui fasse faire le tour du propriétaire, Lois n'était au courant que de l'existence des Kryptonites verte et rouge. Mais à travers les vitres elle a pu en voir de la bleue, de la blanche, de la dorée, de la noire... Et d'autres nuances qu'elle n'a pas eu le temps de noter. Songeuse, elle réfléchit un instant avant de reprendre. « Dans une moindre mesure, les capacités du clone... Bizarro, c'est ça ? Certaines de ses capacités sont opposées à celles de Kal. Je sais que vous aviez forcément un plan de secours, au cas où il deviendrait incontrôlable ou se retournerait contre vous. Quelle couleur de Kryptonite comptiez-vous utiliser contre lui, Lex ? »
Made by Neon Demon
Spoiler:
Lex je me doute que tu le sais, mais contre Bizarro c'est la Kryptonite bleue qui a des effets néfastes
Luthor afficha une moue méprisante devant la réaction de Superman qui s'offusquait qu'il détienne un tel dossier sur son géniteur. Les paroles sèches de sa Némésis eurent le don de l'horripiler. Luthor s'était toujours vu comme un bâtisseur, et Superman dépeignait un portrait inverse de sa personne. Le maudit kryptonien touchait juste en désignant la fascination de Luthor pour l'acquisition de super-pouvoirs, comme la plus vaine de ses ambitions. C'était vrai, même si le milliardaire s'était convaincu lui-même depuis bien des années qu'il luttait contre les menaces alien, pour le salut de l'humanité. Après les mises en gardes de Loïs Lane, Lex tourna vers elle un regard suspicieux. La foutue journaliste lui avait dérobé l'un de ses précieux minerais pour en faire on ne savait quoi. Pourquoi ça ne le surprenait pas ? Luthor regretta le jour où il lui avait présenté son xénominéral le plus parfait dans les locaux de la Lexcorp. Plus que lui-même et son propre pouvoir de nuisance, sa gemme verte était son obsession. Que d'autres que lui détiennent de la kryptonite l'agaçait. Elle souleva un point très intéressant quand à l'usage qu'il comptait en faire contre le Syndicat du Crime. Luthor railla :
« Vous ne perdez pas de temps Miss Lane. Il y a de l'idée dans vos propos. Hélas ce ne sera pas le minéral kryptonien qui jouera un rôle décisif dans l'affrontement à venir. J'ai bien peur que sur les 4 sortes que j'ai répertorié, aucune ne soient efficace contre Ultraman. Il y a même 2 type de Kryptonite qui augmentent ses pouvoirs. »
Malheureusement la kryptonite bleue qui faisait office sur Bizarro pour le contenir, avait des effets trop quelconques sur la puissance d'Ultraman. Luthor en était convaincu, car sinon le leader du Syndicat du Crime n'aurait pas pu agir avec autant d'aisance dans les ruines de Metropolis lors du carnage. Alors qu'il l'emportait contre les héros, se battant à proximité des décombres de la Lexcorp Tower, la kryptonite bleue était répandu parmi les gravats. Ça n'avait pas handicapé le cauchemardesque kryptonien. Mais la réponse de Luthor était quand même un pieu mensonge… Il lui restait toujours la Kryptonite rouge… oh certes il ne comptait pas l'utiliser sur Ultraman. Mais il ambitionnait de l'utiliser sur Superman dès qu'il aurait recouvré ses pouvoirs. Sous l'influence de la démence rouge, ce cher Kal-El deviendrait plus brutal et cruel qu'Ultraman pendant au moins 5 minutes. Lex songeait que si sa kryptonite rouge faisait effet pendant l'instant décisif d'un tel face à face entre kryptoniens, Ultraman risquait de sentir passer sa douleur. Bien entendu Lex n'en révélerait rien. Il savait que ce brave Kal-El allait refuser de se laisser doper comme un cheval de course par lui-même. Luthor préféra ne pas en dire plus sur son meilleur atout et changea de sujet de conversation en reprenant le dossier « Jor-El » des mains de Kal-El et en lui remettant à la place le cristal kryptonien.
« Ton géniteur était un planétologiste en plus d'être un ingénieur et un érudit. Krypton était maître dans l'art de la terraformation grâce à la conception de ces immenses machines, comme celle que Zod avait tenté d'utiliser contre nous. Jor-El avait étudié le soleil rouge de son monde pour en déterminer l'impact sur les climats et les saisons de sa planète. Il était en avance sur ses contemporains. Lorsqu'il décela que le noyau de Krypton allait exploser à terme, peu de ses pairs l'ont cru à part Zod. Ce qui est assez ironique. »
Luthor tourna les pages jaunis du vieux dossier qui datait des années 90. Il commenta :
« Il existait 3 planètes désertiques de moindres envergures dans des systèmes solaires proches de Krypton, eux aussi gravitant autours de soleils rouges. Jor-El entreprit d'en terraformer une comme sujet d'étude. Il transforma un désert progressivement en y faisant pousser des palmeraies et en y installant des qanats à ciel ouvert avec ses machines. Même ta mère y cultiva une sorte de dattier par l'intermédiaire d'un de ses robots. Jor-El était un vrai génie, il augmenta le taux d'humidité et modifia la composition de l'air. Sans doutes songeait-il à en faire une terre de secours pour sa société lorsque Krypton disparaîtrait.»
Mercy Graves leva les yeux au ciel en écoutant : ça y est le chauve va encore parler d'astrobiologie. Elle connaissait Luthor par cœur, et savait à quel moment il se mettait à ressasser les savoirs qui lui étaient inaccessibles.
« Puis Jor-El introduisit la vie animale nécessaire à l'aération du sol : des espèces de rats-kangourou, des sortes de lièvres du désert, des terrapènes. Il y ajouta des prédateurs pour l'équilibre : une espèce de faucon des sables, des hiboux nains comme il s'en trouvait sur Krypton, des insectes aussi. Mais son expérience zoologique tourna court. Ses prédateurs massacraient trop les autres espèces. Alors Jor-El inséra une nouveauté sortie d'une couveuse artificielle. Une espèce d'aigle. Un être absolument unique, qui protégeait tous les animaux les plus vulnérables, pour limiter les morts causés par les prédateurs. Et il y réussit. Avec ce seul et unique aigle il assura un bel équilibre. Au final son expérience fut vaine. Une sorte d'entité cosmique dont il tait le nom, détruisit cette planète essai, après s'être emparé de quelques unes de ses espèces pour les collectionner. Il semble que cette entité extra-terrestre inconnue ait fait ça avec d'autres planètes, mais nous n'en savons pas plus. Puis plus tard Krypton explosa, Jor-El mourut et la suite vous la connaissez. »
« Dis Lexou, et si Jor-El avait fait la même chose avec Superman ? »
Luthor se retourna interloqué vers Mercy Graves qui venait de parler.
« Quoi ? »
« Je veux dire, pourquoi il ne l'aurait pas envoyé ici sur notre planète pour faire la même chose qu'avec son aigle ? Dans les deux cas on a un être unique qui protège tout un monde des prédateurs qui rôdent et attaquent les plus faibles. »
« Impossible ! »
« Après tout il aurait pu choisir un système solaire avec une étoile rouge. Il a envoyé Superman sur terre en sachant très bien qu'un soleil jaune allait accroître sa force au point d'en faire un surhomme ici, presque un dieu. »
Lex ouvrit la bouche pour dire quelque chose et la referma aussitôt sans prononcer un mot. Il était blême, presque livide. Il en laissa tomber son dossier par terre. Les multiples pages s'envolèrent et se joignirent aux dollars roussis par le feu qui continuaient à voleter au dessus des cultures. Lex se détourna furieux et s'engouffra rageur dans un champ de maïs. Piétinant sans le vouloir le reste de son précieux dossier éparpillé par terre. Il disparut en laissant une traînée visible au milieu des plants. Mercy partit d'un fou rire si incontrôlable, qu'elle du s'accouder à Superman pour reprendre son souffle. Elle en pleura de rire, elle lança hilare:
« J'en peux plus ! Lexou qui étudie pendant presque 30 ans une civilisation alien disparue, et qui finit enfin par comprendre quelque chose! »
Fiche codée par NyxBanana
Spoiler:
Voilà, le Lex s'en va outré , il va quitter le Kansas avec ses sbires. A moins que vous n'ayez encore besoin du chauve, je vous laisse tomber dans les bras l'un de l'autre au milieu des champs pour faire des retrouvailles bien à la Cloïs. mais n'allez pas vous embrasser devant les yeux chastes de Mercy
Accueil 
/about/comics-lex-luthor-man-of-steel-786x640-567231f15f9b586a9e23c6e2.jpg)
Long soupir, à la fois exagéré, exaspéré et désespéré. S'il y a bien une chose que Lois déteste, c'est se sentir impuissante. Enquêter, recueillir des indices et des preuves, elle sait parfaitement faire. Devoir attendre sans pouvoir faire quoi que ce soit d'utile, c'est plus difficile. D'autant plus difficile qu'il s'agit de sauver la vie de l'homme qu'elle aime. Et que cet homme s'avère être Superman, le plus grand espoir de l'humanité contre le Syndicat du Cime. Et que la vie de ce même espoir se trouve entre les mains de l'homme qui le hait comme personne d'autre sur cette planète, Lex Luthor en personne. Dire que Lois est sur les nerfs est un euphémisme. Se retrouver dans un motel miteux à attendre que monsieur le sauver fasse son apparition, passe encore. Se ronger les sangs au fur et à mesure que le temps passe, et donc que les chances de sauver Clark se font plus minces de minute en minute, admettons. Mais être babysittée par les sbires de Luthor et sa chienne de garde en la personne de Mercy – Mercy... quel prénom tout à fait inadapté à sa personne – Graves, c'est trop. C'est la goutte d'eau qui fait déborder un vase déjà plein, l'allumette qui met le feu aux poudres. Si la garce se permet encore de lui faire la moindre remarque, ou si elle ose lui dire une fois de plus de "se calmer" sur un ton hautain, que Dieu lui vienne en aide car elle risque fort de tenter de la poignarder avec le talon de ses foutus escarpins hors de prix. L'attente est déjà insoutenable, mais devoir composer avec une telle personnalité, c'est trop en demander à Lois. Elles ne sont définitivement pas compatibles, et plus Mercy en fait, plus elle a envie de l'étriper. Pas étonnant qu'elle soit pour Lex la parfaite petite secrétaire. Assistante. Amante ? Après tout, elle s'en fiche pas mal, elle ne veut pas le savoir. Tout ce qu'elle veut, c'est qu'elle lui fiche la paix juste cinq putains de minutes, pour qu'elle puisse retrouver ses esprits. Mais elle lui colle au train, probablement au cas où elle lâcherait une information importante par inadvertance. De toute évidence, elle ne la connaît pas. Est-ce que Batman avoue son identité secrète au première abruti qui essaie de le piéger ? Non, et c'est exactement la même chose avec Lois Lane et ses secrets. Ou ceux de Superman. Peu importe, ce n'est pas d'elle que Graves obtiendra la moindre information vitale. 
« Lois ? » Mes pieds étaient au sol. Personne dans mes bras. Je fronçai les sourcils. Au loin, des nuages sombres se formaient lentement. « Tu commences seulement à comprendre mes paroles... » Zod. Derrière moi. Que m'arrivait-il ? Pourquoi perdais-je le contrôle sur cette vie idyllique ? « As-tu vraiment cru que ce champs de désolation et de mort que je t'ai permis d'entrevoir serait de ton seul fait ? » L'orage gronda, se rapprochant. Je regardai mes pieds. Ils écrasaient des squelettes humains. Comme la dernière fois. Non. Non. Que faisait-il ici ? Il ne pouvait pas. C'était mon univers, mon monde. « Immortels... C'est ce que nous sommes, Kal-El. Et c'est ce qu'ils ne sont pas... » Mon coeur bondit au rythme du tonnerre, pris par une angoisse remontant du plus profond de mes entrailles. Je me tournai vers Zod. Je voulais parler mais je ne pouvais pas. 
Toi et Kara êtes destinés à survivre à ces humains et à fouler cette planète et mille autres pour les siècles à venir. Combien de vies différentes penses-tu pouvoir mener ? Combien de femmes penses-tu pouvoir aimer après Lois, aussi fortement que tu l'auras aimée ? Combien de temps avant que le Temps lui-même n'assèche ton coeur par les flots de deuils que tu endureras parmi eux, et la répétition d'un cycle mortel qui ne t'atteindra jamais avant ce qui est pour eux une éternité ? » « Tais-toi... Tais-toi... tu n'es pas... réel... » maugréai-je en fermant les yeux, comme espérant le faire disparaître. « Ouvre les yeux, Kal-El, RIEN DE TOUT CELA N'EST REEL ! » ragea Zod. J'ouvris les yeux. Ma chemise à carreaux et mon jeans de fermier du Kansas avaient laissé place à mon uniforme kryptonien... entièrement noir, semblable à celui que portait Zod. Le noir du deuil et du chagrin souvent dévastateur qui en découlait. Un deuil qui allait s'ancrer dans mon âme, inhérent à l'immortalité qui était la mienne. Un noir prémonitoire. « Pourquoi crois-tu que j'ai cherché à refonder Krypton... Contrairement à toi, j'ai compris l'enjeu de notre condition sur cette planète... Les seules personnes qui seront à même de rester à tes côtés et de t'aimer pour toujours sont les tiens, Kal-El... Des Kryptoniens, pas des humains ! » 
« NON ! LOIS ! JON ! » Terreur. Je voulus bondir pour les sauver, mais mes pieds restèrent bloqués au milieu des squelettes, qui m'attirèrent à eux. « Si tu pénètres dans cette ferme, Kal-El, sois prévenu que tu perdras tout ce qui fait de toi ce que tu es ! Et tu ne pourras plus rien faire pour les sauver ! » Dans un cri de désespoir et de rage, je parvins à m'extirper de l'emprise macabre et fonçai droit à travers le mur de la ferme pour sauver ma famille, parce que c'était tout ce qui comptait, bien plus qu'être Superman ou Kal-El. Mais je me retrouvai au milieu d'un tourbillon de flammes sans trouver personne, et réalisai avec effroi que les flammes qui léchaient ma peau d'ordinaire invulnérable... cette fois-ci la rongèrent dans une terrible souffrance. J'allais brûler vif. Il fallait que je les sauve avant de ne plus pouvoir le faire, et déjà l'impuissance me rendait fou. Je serrai les poings en hurlant de douleur et de fureur. 
Sans réfléchir, ma main trouva tendrement sa joue et je capturai ses lèvres, comme si ma vie avait dépendu de ce seul moment. Ce qui était presque le cas alors que j'avais cru ne jamais la revoir. « Je t'aime, Lois... Je t'aime comme un fou depuis le début... » lâchai-je simplement avec un sourire évident, incapable de retenir cette confession plus longtemps après avoir manqué de la perdre. Jamais je n'avais osé le lui dire. J'aurais dû depuis bien des années à la côtoyer, amoureux silencieux. Je collai mon front encore fiévreux au sien, savourant la réalité de ce simple contact. Personne ne nous voyait ainsi à terre au milieu du champs. En cet instant je savais plus que jamais que cette femme était, et serait à jamais, toute ma vie.
Lois fronce les sourcils et soupire longuement quand Lex quitte précipitamment la pièce – elle espère qu'il a eu un éclair de génie, et ne vient pas simplement de leur claquer la porte au nez. Le monde ne tourne vraiment plus rond, pour qu'elle en soit réduite à supplier Lex Luthor de sauver la vie de Superman. « Tiens le coup, Clark. Je t'en prie, tiens le coup... » Elle se penche pour déposer un baiser sur son front glacé, le contact la fait frissonner. Ce n'est pas naturel, rien de tout cela n'est naturel. L'éclat de kryptonite dans son torse le rapproche chaque seconde de la mort, et si Lois n'était pas certaine de l'achever en le faisant, elle l'aurait arraché comme une simple écharde de bois. Mais ce n'est pas aussi simple que cela, n'est-ce pas ? Ce n'est jamais aussi simple. « Bordel, Clark... » Reviens. S'il te plaît, reviens. D'un mouvement rageur, Lois essuie les larmes qui coulent sur ses joues avec la manche de son chemisier. Elle prend une profonde inspiration. Difficile de rester forte en pareilles circonstances. Lois commence à craindre que ses limites ne soient atteintes, qu'elle soit arrivée au bout du rouleau. Ce foutu Syndicat du Crime, c'est trop pour elle. C'est un pur cauchemar, c'est pire que Zod et Darkseid réunis. Et cette nuit éternelle... « Il faut que tu reviennes. Bon sang... Il faut que tu reviennes, parce que je deviens folle et je commence à parler toute seule... » Elle soupire longuement. Associé à l'impression de perdre complètement pied, celle d'être ridicule. Réfléchis, Lois, réfléchis... C'est un échec, les neurones ne suivent plus. La fatigue y est sans doute pour beaucoup, mais c'est frustrant, terriblement frustrant. Pour la première fois de sa vie, Diana est confrontée à un problème qu'elle ne sait pas comment résoudre. Pour une fois pour une fois, que Clark a besoin d'elle, elle ne sait pas quoi faire. Il lui a sauvé la vie des dizaines, des centaines de fois... Et elle, elle n'y arrive pas. 
Dans ce drame j'avais eu la chance morbide d'avoir été inerte et inconscient, de ne pas avoir pu entendre chaque coeur qui s'éteignait sous les flots, chaque poumons qui se remplissait d'eau, chaque débris qui fracassait les os et la chair de tous ces gens innocents. C'était bien là le seul point positif à ma défaite. Les larmes me montèrent aux yeux, je voulus pleurer mais me sachant entouré, je me retins de justesse. Je me concentrai sur le regard de Lois pour ne pas risquer de perdre mon sang-froid de nouveau face à Luthor. D'apprendre cette tragédie me donnait envie de frapper de toutes mes forces dans quelque chose. Ou quelqu'un. « Il ne s'agit pas de lui faire confiance, seul un abruti ferait confiance à Lex Luthor. Mais, Diana et moi, tu nous fais confiance, non ? C'était le seul moyen de te sauver. Le seul moyen de nous sauver. » Ses mains sur mon visage suffirent à apaiser une certaine partie de ma rage impuissante. Elle seule avait ce pouvoir sur moi. Egoïstement je me repliai sur le soulagement de la revoir et de sentir la chaleur de ses gestes, même contenus face à Luthor. Elle ne faisait pas partie de ces deux millions de vies arrachées et en cela, je ne pouvais que reprendre contenance au lieu de sombrer dans la facilité d'une colère sans nom à la hauteur de mon empathie douloureuse. Elle avait raison, comme toujours. Lex et moi devions mettre notre rivalité de côté pour nous concentrer sur le Syndicat. Le milliardaire venait d'ailleurs de se relever après avoir repris son souffle. Je pus enfin le regarder, froidement. Son index trouva mon torse et pendant un instant j'eus envie de lui attraper pour le lui tordre, mais là aussi je m'abstins et restai de marbre face à ses paroles pleines de promesses dont je ne doutais pas une seconde. Mon regard suffit à lui faire comprendre que j'étais on ne peut plus d'accord avec lui. Quand tout cela serait fini, nous réglerions nos comptes. 
Aveugle. Sourd. Lourd. Extrêmement lourd et pataud. Voilà ce que j'avais l'impression d'être. Je regardais autour de moi et tout ce que je percevais était comme passé au travers d'un filtre. Les voix étaient lointaines, les mouvements étaient rapides et indistincts dans l'obscurité nocturne, les coeurs, silencieux. Je n'avais plus de pouvoirs, car le soleil était masqué, et je réalisais à quel point ils étaient si puissants à présent que j'étais devenu un simple humain. Les couleurs elles-mêmes étaient moins éclatantes, moins nombreuses. Et bon sang, je sentais la gravité me clouer au sol d'une manière semblable à des chaînes me liant à des enclumes. Je peinais depuis de longues minutes à m'habituer à ma nouvelle condition. Je ne cessais de regarder Lois. Ne plus entendre battre son coeur, ne plus sentir son parfum même à plusieurs mètres d'elle, était déroutant. Presque effrayant. Je comprenais que je n'étais plus en mesure de la protéger comme avant, que désormais j'allais devoir redoubler d'attention, et la restreindre dans ses aventures tumultueuses. Et vu le contexte, je n'étais vraiment pas rassuré. Luthor paraissait inoffensif à côté du Syndicat, même si je savais cela trompeur. Ses sbires ne cessaient de me regarder de biais. J'étais persuadé qu'ils avaient envie de vérifier si j'étais bel et bien vulnérable. Savoir qu'ils ne passaient pas à l'acte avec leurs flingues juste parce que leur patron les tenait en respect et avait besoin de moi en vie me donnait la sensation d'être un animal de foire dans une cage. Le paradoxe, c'était que même si j'avais peur, c'était avant tout pour Lois et non pour moi, car au fond, c'était presque comme si je savais que je n'allais pas détester mon nouvel état très longtemps. Que j'allais m'y habituer plus facilement que ces premières heures ne le laissaient penser. Comme si, quelque part, je l'avais finalement désiré.
« Vous êtes vraiment un grand malade, Luthor, » maugréai-je. J'élevai le ton,furieux qu'il ait eu depuis tout ce temps en sa possession ce crystal et cette traduction. C'était mon monde, mon père, mon héritage. Le savoir entre les mains de cet être maléfique me répugnait et me mettait hors de moi. Le deuil de Metropolis n'aidait pas non plus. « Cette obsession malsaine que vous avez sur les méta-humains et les kryptoniens, sur moi... avec tout l'argent que vous avez et que vous aimez brûler, vous devriez plutôt vous acheter une vie et nous laisser tranquille. Vous pourriez construire quelque chose au lieu de chercher à tout détruire, mais non... et vous voulez me faire croire que vous voulez vaincre ce Syndicat ? Quand je vois ce genre de dossier sortir de terre, je suis persuadé d'une chose, Luthor : que vous allez surtout tout faire pour neutraliser le Syndicat et tenter de prendre sa place d'une manière ou d'une autre en cherchant à acquérir leurs pouvoirs. N'est-ce pas dans ce but que vous montez ce genre de dossiers, que vous créez tous ces clones ?! » Cette fois, ce fut moi qui percutai son torse d'un index menaçant. « Avec ou sans pouvoirs, je vous tiens à l'oeil, Luthor. On vous tient à l'oeil, » menaçai-je en parlant bien sûr de Lois. C'était étrange. J'avais toujours fait preuve de maîtrise de moi avec tous mes pouvoirs. A présent que j'en étais dépourvu, je me sentais bien plus libre de laisser mes émotions réelles se manifester. Je pouvais m'énerver sans risquer de briser la croûte terrestre ou de transpercer un corps si je décidais de frapper le sol ou Luthor face à moi.
, il va quitter le Kansas avec ses sbires. A moins que vous n'ayez encore besoin du chauve, je vous laisse tomber dans les bras l'un de l'autre au milieu des champs pour faire des retrouvailles bien à la Cloïs. 