I'm not a cheater. You're just playing by the old rules. | Taiana

Environ cinquante kilomètres de Markovburg, Markovie, septembre 1996
Courant dans la maison, la petite fille ouvrit à la volée la porte d'entrée, traversa la terrasse en quelques pas à peine avant de s'élancer dans le jardin en criant alors que derrière elle, un homme lui courait après en faisant de grands gestes et en rigolant d'un rire qui se voulait exagérément maléfique. Au bout de quelques minutes, l'adulte finit par rattraper la petite fille et la souleva avant de la faire tournoyer « Arrête papa, je vais être malade! » « Mais non Taiana, tu ne va pas être malade. Mais tu va devoir aller faire tes devoirs. » « Mais j'ai déjà fini mes devoirs! » « Ah oui, tu es bien sûre de ça? » Demanda le père alors qu'il installait sa fille sur ses épaules.  Marchant tranquillement dans le terrain qui entourait la maison, le père et la fille écoutèrent les oiseaux qui vaquaient tranquillement à leurs occupations dans les arbres alentours. L'avantage de vivre dans un petit village en périphérie de la capitale, c'était qu'ils n'étaient pas dérangés par toutes les pollutions qu'on pouvait trouver en ville. Pas de voitures qui passaient leur temps à klaxonner, pas de bruits de travaux, ni d'odeurs d’égouts qui leur montaient au nez. Elle n'avait jamais aimé la ville, et les rares fois ou elle y était allée avec ses parents, elle avait toujours été bien contente de rentrer à la maison. Comme aimait dire son père en rigolant, on pouvait presque se balader tout nu autour de la maison sans déranger personne. Ce que la petite fille avait déjà fait plus d'une fois, au grand dam de sa mère qui l'avait à chaque fois forcée à se rhabiller vite fait avant de finir par être punie dans sa chambre.
Finissant par rentrer dans la maison au bout de ce qui devait être une ou deux heures, le père reposa Taiana, qui se précipita jusque dans sa chambre alors que son père s'exclamait à la volée « Va te laver les mains, on va bientôt manger! » N'écoutant que ses propres envies, la petite fille bondit sur son lit avant d'attraper un livre, qu'elle ouvrit à la page ou elle s'était arrêtée la dernière fois. Elle venait de reprendre l'école, et une de ses copines de classe lui avait prêté le dernier livre que ses parents lui avaient acheté pendant les vacances et qui apparemment était très bien. Elle venait à peine de le commencer, mais elle dévorait page après page dès qu'elle le pouvait. Taiana avait toujours aimé lire, et elle était du genre à lire dès qu'elle le pouvait, ce qui n'arrivait pas forcément toutes les cinq minutes vu qu'il y avait toujours beaucoup à faire à la maison, entre ses devoirs et les différentes corvées auxquelles elle se pliait bon gré mal gré. Comme toutes les petites filles, elle préférait s'amuser plutôt que de devoir faire des trucs de grandes personnes, mais ils vivaient un peu à l'écart du village alors tout le monde devait mettre la main à la pâte pour faire tourner la maison.
Au bout d'un moment, sa mère finit par l'appeler, et elle sortit se sa chambre pour se diriger vers la cuisine, ou son père finissait de mettre la table « Tu as pensé à te laver les mains? » Demanda sa mère alors qu'elle levait la tête de sa casserole « Non. » « Hé bien alors vas-y. » Faisant demi-tour, Taiana se dirigea vers la salle de bain en traînant des pieds sur le parquet de la maison, avant de commencer à se lever les mains. Lorsqu'elle eut fini, elle retourna dans la cuisine, s'installa à sa place alors que sa mère commençait à les servir, et la petite fille ne put s'empêcher de grimacer lorsqu'elle se retrouva avec une bonne grosse louche d'épinards dans son assiette.

Lieu inconnu, Pays inconnu, avril 2000
Taiana entendit une porte s'ouvrir, et la petite fille se leva d'un bond avant de se cacher sous son lit, se forçant à ne pas faire un bruit. C'était une cachette dérisoire, une façon de se voiler la face, parce qu'ils finissaient toujours par la trouver. De toute façon, elle ne pouvait pas partir d'ici, et il n'y avait nulle part ailleurs ou se cacher, alors ils avaient vite fait le tour de la pièce. Elle ne savait même pas qui ils étaient. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'ils étaient venus un soir dans son village et qu'ils avaient emmené tout le monde. Enfin tous ceux qu'ils n'avaient pas tué. Papa et maman lui avaient ordonné de se cacher dans son placard, mais elle avait tout entendu. Les hurlements, les tirs d'armes à feu, jusqu'à ce que le silence se fasse.  Et c'était là qu'ils avaient ouvert son placard de force, mettant à jour sa misérable cachette. Elle avait tenté de fuir, mais les hommes l'avaient attrapée par les bras avant de la traîner à leur suite. C'était là qu'elle les avait vus. Les corps. Papa et maman avaient beau eu lui dire que Mamie Anya s'était endormie le jour où elle était morte, Taiana était bien plus futée que ça et avait vite compris que sa grand-mère ne s'était pas juste endormie. Les gens qui dormaient on les laissait dormir dans leurs lits, on ne les mettait pas sous un caillou planté dans le sol avec plein d'autres cailloux autour. Quand les hommes étaient venus, elle avait vu les gens sur le sol, et elle avait fondu en larme alors qu'elle reconnaissait certaines personnes. La vieille dame au bout du chemin, qui lui donnait des bonbons quand ses parents avaient le dos tourné, le garçon qui l'embêtait à l'école, l'ami de maman qui venait la voir à chaque fois que papa partait travailler à la capitale. Et puis les hommes l'avaient forcée à grimper dans un camion, avec tout un tas d'autres personnes de son village.
Et depuis, elle était là. Mais elle ne savait pas où était ce « là », ni depuis quand elle y était, mais ça faisait longtemps vu que les vêtements qu'ils lui avaient donné au départ ne lui allaient plus depuis longtemps. La seule chose qu'elle savait, c'était qu'elle était terrorisée. Tous les jours, ces gens venaient la chercher pour lui faire aller voir des médecins. Pourtant elle n'était pas malade. Mais ça ne les empêchait pas de lui faire des piqûres et de lui donner tout un tas de médicaments. La seule fois ou elle leur avait demandé pourquoi, ils lui avaient répondu dans un markovien haché au couteau qu'ils faisaient ça pour faire progresser la science. Qu'elle était exceptionnelle et qu'elle participait à un grand projet pour H.I.V.E. Tout un tas de paroles de grandes personnes qu'elle ne comprenait pas et qui ne faisaient que la terroriser d'avantage. Tout ce qu'elle voulait c'était rentrer chez elle et reprendre une vie normale avec sa famille, ses amis et retourner à l'école tous les jours. Elle ne voulait pas être exceptionnelle, elle voulait être normale et faire des choses normales sans qu'aucun médecin ne vienne lui faire des choses bizarres et qui la rendaient malade quasiment à chaque fois. Elle voulait retrouver ses parents, sa maison et tout ce qu'elle aimait.
La porte finit de la pièce ou ils l'enfermaient par s'ouvrir, et elle entendit le garde pousser un soupir, avant d'entrer dans la cellule. Au bout de quelques instants, il souleva le matelas dans un grand geste, et son regard finit par croiser celui de la petite fille. Il dit quelque-chose qu'elle ne comprit pas, avant de lui intimer d'un geste de sortir de là, ce qu'elle finit par faire à contrecœur. L'attrapant par l'épaule, le garde se tourna vers la porte avant d'aboyer quelque-chose, et deux médecins entrèrent dans la pièce avant de la forcer à s'installer sur un brancard.

Metropolis General Hospital, États-Unis, mars 2003
Allongée dans un lit d'hôpital, Taiana dormait à poings fermés, alors que sa poitrine se soulevait et descendait de manière régulière au son des bips des machines autour d'elle. À l'extérieur de la chambre, il n'y avait guère âme qui vive à l'exception d'un homme qui regardait l'adolescente dormir à travers la vitre et d'une femme en blouse blanche qui était sans aucun doute le médecin en charge de la jeune patiente. Tout le reste de l'étage avait été évacué par mesures de sécurité, et quelques gardes patrouillaient dans les couloirs à intervalles réguliers. « Comment va-t-elle? » « Bien, par rapport à ce qu'elle a vécu. » William Carnahan ne put s'empêcher de serrer les dents en repensant à la mission qui l'avait conduit à trouver la jeune fille. Ça devait être une simple opération de routine, le genre de chose qu'il avait fait des dizaines de fois depuis qu'il était entré dans les renseignements. La cible s'était révélée être totalement différente de ce que les infos qu'on lui avait transmis pouvaient bien en dire, vu qu'il s'était retrouvé à se frotter à une obscure bande de types qui gardaient des scientifiques qui avaient tout ce qu'il fallait pour jouer les savants fous dans un film d'horreur de série B, et qu'en fouillant plus avant les lieux il avait finit par découvrir la brune dans un état qui était tout sauf bon et qui avait été transportée à Metropolis dans les plus brefs délais. Depuis elle avait à peine ouvert les yeux, et les rares fois ou il l'avait vu éveillée elle s'était enfermée dans un mutisme dont elle ne sortait que rarement. Il avait passé plusieurs heures avec elle au cours des derniers jours, mais elle avait à peine du prononcer une vingtaine de mots, la totalité dans une langue qu'il ne comprenait pas. Et pourtant il avait toujours eu un don avec les langues, vu qu'il avait commencé comme interprète. Mais il n'avait pas besoin de parler sa langue pour voir la peur dans ses yeux. Elle était terrorisée, et pour elle tout ce qui se rapprochait d'un médecin arrivait à lui flanquer la frousse. Ce qu'elle avait pu vivre dans cet enfer avait brisé quelque-chose en elle, et il doutait que ça puisse se réparer un jour.
À côté de lui, le médecin attrapa le dossier coincé sous son bras avant de l'ouvrir à une page qui l'intéressait « Ses analyses sont bonnes, dans l'ensemble en tout cas. Hormis quelques légères carences en vitamines qu'on retrouve chez la plupart des individus de son âge, elle ne semble pas avoir subit d'abus ou de maltraitances. Je ne sais pas qui étaient ses geôliers, mais ils avaient besoin qu'elle soit en bonne santé. » « Vous avez dit dans l'ensemble. Il y a quelque-chose qui cloche chez elle? » Il sentit le médecin se dandiner sur place, signe évident qu'elle n'était pas très à l'aise avec ce que les analyses avaient pu lui révéler « Ses analyses présentent des signes évidents de... d'altérations. Au niveau génétique. On a décelé chez elle tout un cocktail de produits dont je ne connais ni la composition ni les effets. Et son IRM montre que son activité cérébrale est significativement différente de la vôtre ou de la mienne. Certaines zones au repos chez un individu bien portant sont active chez elle. La dernière fois que j'ai vu ça, c'était sur un patient qui avait été exposé à produit pharmaceutiques expérimentaux. Et il a finit par développer des... capacités hors du commun. » L'explication du médecin n'étonna pas vraiment Will, qui savait déjà que l'adolescente avait été la malheureuse victime d'expériences qui n'avaient rien de légales. Il avait vu les laboratoires aux étagères remplies de flacons avec des étiquettes aux noms obscurs, les blocs opératoires qui puaient le désinfectant et la salle ou ces ordures se débarrassaient des corps de ceux qui avaient succombé à leurs abominables boucheries, et il passait son temps libre à décortiquer les disques durs qu'il avait récupéré. La grande majorité contenaient des rapports médicaux et d'autres choses du même genre auxquels il ne comprenait rien, mais les vidéos étaient bien plus parlantes. Ils avaient passé des années à tenter de donner des pouvoirs à ceux qui avaient visiblement kidnappés, et l'adolescente qu'il avait réussi à sauver n'était qu'une parmi tant d'autres. Une parmi des dizaines de cobayes, et l'une des rares à avoir finit par développer de véritables pouvoirs. D'après les dossiers, il y en avait eu d'autres, mais ils avaient été envoyés ailleurs, où que soit cet ailleurs. Et puis même sans avoir vu tout ce qu'il avait vu, il était bien trop intelligent pour ne pas réaliser que c'était à cause d'elle que toute la chambre tremblait lorsqu'elle avait peur ou qu'elle se réveillait en hurlant. Raison pour laquelle ils avaient évacué tout l'étage et qu'il avait bien l'intention de l'emmener quelque-part ou elle ne risquait pas de provoquer accidentellement un massacre en rasant tout l'hôpital.
Alors que le médecin finissait par s'éloigner pour aller vaquer à ses autres occupations, William vit la jeune fille commencer à s'agiter dans son lit, et il pénétra doucement dans la chambre avant de fermer la porte derrière-lui. Quand elle le vit, elle se figea soudain, mais il vit qu'elle n'avait plus cette réaction de peur instinctive qui la poussait à se faire la plus petite possible. Au moins elle avait finit par comprendre qu'il ne lui voulait pas de mal. Elle eut cependant un mouvement de recul quand il mit la main dans la poche de son blouson, mais il leva les mains en signe de paix « Du calme, je ne te veux pas de mal. J'ai quelque-chose pour toi. » Il sortit un petit paquet de sa poche, qu'il ouvrit avant d'en sortir un beignet « Ça sera sûrement meilleur que la bouffe de l'hôpital. » Elle baragouina quelque-chose qu'il ne comprit pas mais qui devait sûrement être l'équivalent d'un merci, avant de mordre à pleines dents dans le beignet. Il la regarda manger en silence alors qu'elle se mettait du sucre glace partout sur le bas du visage. Lui offrant une serviette pour qu'elle s'essuie la bouche, William se pencha en avant, croisant les mains devant lui « Tu peux me dire comment tu t'appelle? » Demanda-t-il en russe. Comme à chaque fois, il reposait la même question en tentant une langue différente, mais il n'avait pas eu de succès jusqu'à présent. Cependant, il eut visiblement plus de succès cette fois, car elle leva la tête et tourna son regard vers lui. Ça ne voulait pas forcément dire qu'elle était russe, mais elle comprenait la langue. Ce qui était déjà un bon point de départ « Je m'appelle William. Et toi? » « Taiana. » Finit-elle par répondre au bout de quelques instants

Quartier général d'A.R.G.U.S., États-Unis, novembre 2009
Se baissant, Taiana esquiva de peu le coup de poing qu'on lui portait, avant de contre-attaquer avec un solide crochet du gauche. Sans attendre, elle visa l'estomac de son adversaire, qui ne put étouffer un grognement quand le pied de la jeune femme l'atteignit. Loin de lui laisser le temps de se remettre, la jeune femme lui fit une clé de bras et l'envoya au sol sans attendre. Et sans surprises, son adversaire finit par lever la main en signe de reddition, avant de pousser un soupir « Bordel, t'es violente. » « C'est toi qui es trop mou. » Répliqua la jeune markovienne en tendant la main à celui qu'elle avait battu pour l'aider à se relever. Mais ce dernier en profita pour la faire tomber au sol et la plaqua au sol en se plaçant à califourchon au-dessus d'elle « On dirait que c'est toi qui t'es ramollie. » Lança-t-il en souriant alors qu'il croyait avoir prit l'avantage. Mais son sourire disparut bien vite quand Taiana réussit à se dégager de son emprise en le repoussant du pied, avant d'inverser les rôles, prenant bien soin de lui bloquer les bras « Tu disais? » Finalement son adversaire finit par lui concéder la victoire pour de bon, et la jeune femme se releva alors que lui faisait de même de son côté.
Se massant les côtes, ce dernier attrapa une serviette, avant de s'essuyer le front « La vache, si t'es comme ça quand tu t'entraine, j'imagine pas les raclées que tu collais aux types que tu cognais dans la rue. » Taiana leva les yeux au ciel, alors qu'elle portait sa bouteille d'eau à ses lèvres pour boire une gorgée aussi longue que bienvenue « C'est mon père qui t'as raconté ça? » « On est à l'A.R.G.U.S. ici, tu devrais savoir qu'on est au courant de tout sur tout. Surtout quand des recrues ont un passé de justicières masquées. » « Donc il a cafté. Et je ne portais pas de masque. » Par contre elle ne pouvait pas nier qu'elle avait eu l'audace de se prendre pour une justicière, occupée à passer ses nuits à parcourir les rues pour mettre une raclée aux criminels. Depuis qu'elle avait posé les pieds aux États-Unis et qu'elle était entrée dans la famille Carnahan, celui qui était devenu son père d'adoption n'avait cessé de la pousser à sortir de sa coquille et à réapprendre à vivre dans un monde qui ne se composait pas uniquement d'une cellule de trois mètres par trois et d'un laboratoire ou on la transformait en arme vivante. Ce qu'elle avait finit par faire, même s'il lui avait fallu des mois pour pouvoir mettre un pied dehors sans craindre que des hommes en noir ne viennent l'enlever pour la remettre dans la cellule dont on l'avait sortie et pour réussir à s'endormir le soir sans finir par se réveiller au beau milieu de la nuit en hurlant et en faisant trembler tous les meubles de sa chambre parce qu'elle faisait encore et toujours le même cauchemar. Ceux qui lui avaient volé son enfance en la forçant à vivre comme un animal en cage l'avaient bousillée, et chaque jour qui passait elle s'estimait heureuse d'avoir réussi à remonter la pente. Oh, elle avait toujours une peur panique des médecins, des hôpitaux et encore plus des aiguilles et elle commençait chacune de ses journées en répétant systématiquement les mêmes choses dans le même ordre sans jamais en dévier d'un iota, parce que cette routine qu'elle s'imposait était sa preuve que le monde tournait rond pour elle et qu'elle n'avait rien à craindre de ce qui l'attendait. Elle savait qu'elle avait encore un long chemin à parcourir, mais la jeune femme avait finit par retrouver un semblant de vie normale, et ce même si elle était obligée de passer deux heures chaque jeudi depuis maintenant cinq ans à faire la tronche devant un psychologue qui essayait de lui tirer les vers du nez avec un succès relativement limité. Succès aussi limité que celui de sa carrière de justicière, vu qu'elle manquait cruellement de pratique et de maitrise et qu'elle avait finit à plus d'une reprise en garde à vue jusqu'à ce que son père d'adoption ne vienne la chercher pour lui passer un savon. Il ne lui reprochait pas de vouloir utiliser les dons qu'elle avait pour essayer de changer les choses, ce qu'il lui reprochait c'était qu'elle agisse en dehors de la loi. C'était pour ça qu'elle avait suivi ses traces en entrant à l'A.R.G.U.S., pour changer les choses de l'intérieur et pour que son père soit fier d'elle. Au final l'un des rares points positifs qu'elle avait pu tirer de sa carrière avortée d'héroïne en culotte courte, c'était qu'elle avait au moins appris à se servir d'un fil, d'une aiguille et d'une bouteille de whisky bon marché en guise de désinfectant et d'anesthésiant.
Récupérant son sac, Taiana suivit son collègue jusqu'aux vestiaires, avant de se diriger vers le casier ou se trouvait ses affaires « Au fait, ta sœur est toujours dans le coin? » La jeune femme éclata de rire, alors qu'elle déverouillait le cadenas qui fermait la porte de son casier avant d'en ouvrir la porte « Laisse tomber, t'as pas la moindre chance avec elle! De toute façon elle est partie je sais pas où. » « Elle est partie en voyage? » « Pire, elle est entrée à la CIA. » Répondit Taiana en attrapant ses vêtements propres et en refermant la porte du casier. Sa sœur adoptive n'avait jamais vraiment vu d'un bon œil son arrivée dans la famille, ou en tout cas Alex se gardait bien de montrer sa joie. Les deux femmes avaient des relations cordiales, mais elles n'avaient jamais eu la proximité qu'on pouvait retrouver en général entre deux membres d'une même famille. Alex lui avait toujours plus ou moins fait comprendre qu'elle faisait tâche dans le tableau, mais c'était quelque-chose que Taiana ne pouvait pas lui reprocher. Elle savait bien qu'elle était une intruse et même si elle était plus que reconnaissante envers son père d'adoption, les Carnahan n'étaient pas vraiment sa famille. Sa famille était morte et enterrée, massacrée par des bouchers au nom de la science. Partant prendre sa douche, elle retourna vers son casier pour y récupérer sa veste, mais et elle retrouva son collègue à l'entrée des vestiaires, qui l'attendait « Bon allez, maintenant on a... entrainement au tir. » « J'espère que tu va réussir à toucher la cible cette fois. » « Dixit celle qui a finit par exploser sa cible avec ses pouvoirs la dernière fois parce qu'elle tirait à côté. » Se retenant de rire, Taiana opta plutôt pour l'option consistant à répondre à la pique en frappant l'épaule de son collègue, avant de le suivre dans les couloirs du bâtiment.

Planque d'A.R.G.U.S. à Moscou, Russie, janvier 2012
Taiana était debout devant un miroir sans tain qui donnait sur une pièce ou se trouvait deux hommes, et ce qu'elle avait sous les yeux ne lui plaisait que très moyennement. Deux heures, deux longues heures qu'ils attendaient une information qui ne venait pas. Ils jouaient la montre sur ce coup-là, et malheureusement c'était le temps qui était en train de gagner. Or ils ne pouvaient pas se permettre qu'une telle chose arrive, sans quoi les conséquences seraient tout simplement catastrophique. L'A.R.G.U.S. avait appris quelques jours plus tôt qu'un groupe d'ultranationalistes russes avaient mit la main sur un méta-humain aux pouvoirs dévastateurs, et qu'ils avaient l'intention de commettre un attentat sur l'ambassade américaine située à Moscou, pour protester contre la présence d'intérêts financiers de « l'ennemi capitaliste » dans le pays. L'équipe dont faisait partie Taiana avait été envoyée sur place pour régler la situation au plus vite, mais à présent ils faisaient du sur place. Ils avaient moins de trois heures pour localiser l'endroit ou était détenu le méta et le libérer. Subsistait toujours l'option d'attendre à l'ambassade, mais c'était beaucoup trop risqué, la nature et la puissance exacte des pouvoirs de l'otage étant un facteur inconnu. Le laisser approcher de l'ambassade, c'était prendre le risque de voir la situation prendre un tournant dramatique et créer en plus de ça un incident diplomatique majeur.
Finalement, la porte derrière elle s'ouvrit, et la jeune markovienne se tourna pour voir son chef entrer, qui s'assit sur le petit bureau qui faisait face au miroir « Toujours rien? » « Que dalle. Ce type n'a rien balancé d'utile à Ben. À croire que ça l'amuse de se faire torturer. » « Il faut qu'on passe à la vitesse supérieure. » Grommela son collègue en faisant tourner une bouteille d'eau à moitié vide entre ses mains. Ce type était entrainé à résister aux méthodes d'interrogatoire classiques, ça se voyait. S'ils continuaient à opérer comme ça, ils allaient perdre le peu de temps qu'ils avaient à disposition à essayer de le faire parler. Son chef avait raison, il fallait qu'ils passent à la vitesse supérieure. Qu'ils utilisent des méthodes non-conventionnelles « Je vais le faire parler. » « Taiana, vous n'avez pas été formée aux techniques d'interrogatoire. Ben peut... » « Ben tourne en rond. J'ai des pouvoirs, vous savez comment je peux m'en servir. Et j'en connais un rayon sur la douleur. » Des bouchers avaient passés des années à lui apprendre jour après jour ce que c'était que de faire souffrir quelqu'un. D'en être réduit à un point ou vous étiez prêt à donner le peu qui vous restait pour que la souffrance s'arrête. Elle n'avait jamais torturé qui que ce soit, mais elle était passée entre les mains d'experts dans le domaine lors de ses années de captivité entre les mains de H.I.V.E. Et aujourd'hui, elle comptait bien mettre tout ce qu'elle avait subit à profit. Face à elle, son chef poussa un soupir avant de frapper quelques coups contre le miroir. Alors que l'autre agent se dirigeait vers la porte, Taiana sortit de la pièce où elle se trouvait, avant de s'arrêter devant celle que son collègue venait de quitter. La détermination qui l'habitait lorsqu'elle avait proposé de prendre les choses en main s'était envolée, remplacée par le doute. Est-ce qu'elle était vraiment prête à faire ce qu'elle avait l'intention de faire? Elle était douée comme agent de terrain, mais comme son chef le disait, elle n'était pas formée à ça. Elle avait joué la fille qui n'avait peur de rien, mais maintenant elle avait peur d'entrer dans cette pièce. Peur de retrouver les vieux démons qu'elle fuyait depuis si longtemps et qui l'avaient terrifiée durant les années où elle était captive. Mais elle n'avait pas le choix, la vie d'innocents en dépendait. Et elle n'était plus la gamine sans défenses qu'elle était à l'époque « Tu peux y arriver, tu peux y arriver. C'est pas si dur que ça. » Grommela-t-elle dans sa langue maternelle pour se donner du courage. Elle ne voulait pas le faire, mais elle allait le faire. L'heure n'était plus aux états d'âme, et elle pourrait toujours composer avec ce qu'elle allait faire plus tard, quand le boulot serait fait.
Se forçant à inspirer un grand coup, Taiana entra dans la pièce, et l'homme attaché à une chaise se tourna vers elle avant de sourire « Alors après le méchant flic, j'ai le droit à la flic sexy c'est ça? » Demanda-t-il dans un anglais marqué d'un fort accent russe. À en juger d'après sa façon de parler, il venait du nord, et Taiana aurait pariée sur la région de Mourmansk. Un des pires endroits du pays avec la Sibérie. Autrement dit, le gars était un dur à cuire et elle allait devoir employer des méthodes toute aussi dures. La jeune femme s'avança vers lui, avant de se camper devant l'homme « Crois-moi, c'était pas lui le méchant flic. » Répliqua-t-elle avec une froideur qu'elle ne se connaissait pas « Et tu va me faire quoi? Un gros câlin? T'as envie d'un... » La fin de sa phrase resta un mystère, car les mots furent remplacé par un cri de douleur alors que la jeune méta-humaine tendait la main vers lui et usait de ses pouvoirs « Tu... tu m'as fait quoi? » « Je viens de te briser l'étrier gauche. C'est fou à quel point un os aussi minuscule peut être aussi important. Je vais te poser la même question que mon collègue, et à chaque mauvaise réponse, je vais te briser un os. Il y en a deux-cent-six dans le corps humain, alors même en évitant ceux du crâne et tes vertèbres, j'ai largement de quoi te faire mal. » « T'es une de ces bêtes de foire! Espèce de salope! » Piquée au vif par l'insulte de l'homme, Taiana l'envoya voler à travers la pièce, avant de remettre la chaise à laquelle il était attaché sur ses pieds « La salope comprends chaque mots que tu dit. Et à ta place j'éviterais de l'énerver en la traitant de bête de foire. Maintenant, tu va répondre à la question. Où est le méta-humain? » « Va te faire voir. » Sans attendre, Taiana se servit à nouveau de ses pouvoirs, et résista à une soudaine envie de vomir lorsqu'elle entendit très distinctement l'os qu'elle avait visé se briser.

Markovburg, Markovie, décembre 2015
Faisant signe au barman, Taiana vit rapidement la bouteille de bière vide posée devant elle disparaitre, avant d'être remplacée par une autre pleine « Merci. » Sans attendre, la jeune femme l'attrapa et la porta à ses lèvres, laissant couler le liquide le long de sa langue. La reposant devant elle, avant de laisser échapper un long soupir. Sortant son autre main de la poche de son sweat, Taiana ouvrit le poing avant de fixer le pendentif en forme de croix qui pendait au bout d'une chaine en argent. Apparemment, il avait appartenu à sa mère, à sa grand-mère avant elle et ainsi de suite. Enfin c'était ce que lui avait raconté une obscure cousine éloignée qu'elle avait rencontré la veille. Il avait visiblement été arraché du cou de sa mère la nuit ou leur vie avait virée au cauchemar, et récupéré par la reste de la famille. Et aujourd'hui, il était à elle. Taiana avait finit par retourner en Markovie, pour autre-chose que pour le travail. La première fois remontait à deux ou trois ans, et elle n'était même pas restée douze heures dans le pays, la mission l'ayant rapidement obligée à faire ses valises pour une autre destination. Mais cette fois, elle était ici en vacances. Ses premières vraies vacances depuis qu'elle était entrée à l'A.R.G.U.S. Il avait fallu des années à la jeune femme pour trouver la force de remettre les pieds ici et pour chercher à combler le trou béant qu'était les premières années de sa vie. Voir les quelques membres de sa famille qu'elle avait encore ici était la partie facile de la chose, elle s'était préparée à ça. Mais elle avait beau s'être faite à l'idée, s'y préparer mentalement, rendre visite à ses parents lui avait fait l'effet d'un coup de poing dans l'estomac. Perdre son père d'adoption quelques mois auparavant avait été particulièrement dur pour elle, mais poser les yeux sur la tombe de ses parents biologiques avait été au moins aussi horrible.
Taiana fut tirée de ses pensées quand elle entendit une voix féminine s'élever à côté d'elle « La place est libre? » La brune se tourna, son regard se posant sur une blonde visiblement pas beaucoup plus vieille qu'elle et qui désignait le tabouret juste à côté de celui sur lequel Taiana était assise « On est dans un pays libre. » Elle n'était pas vraiment d'humeur pour ça, mais peut-être que c'était de ça dont elle avait besoin ce soir. De simplement se laisser aller et de voir ce qui allait se passer. La blonde s'assit à côté d'elle, avant de commander une boisson « Mauvaise journée? » « Ça se voit tant que ça? » La jeune agent porta à nouveau sa bière à ses lèvres, avant d'en boire une longue gorgée « On va dire que j'ai connu mieux ouais. J'ai connu pire aussi, mais... voila quoi. » « Vous voulez en parler? » « Y a pas grand-chose à dire. Je suis allée voir mes parents et c'était pas facile. » Taiana savourait l'ironie de la situation. Elle, l'espionne à qui on avait appris à mentir aussi facilement qu'elle pouvait respirer qui se livrait comme ça à une fille qu'elle avait rencontrée seulement une minute auparavant « Dispute? » « J'aurais préféré une dispute. » Là ça avait surtout été elle en train de parler pendant ce qui lui avait semblé être une éternité à une pierre tombale qui ne pipait pas un mot. Elle leur avait parlé de tout, dans les moindre détails, de son boulot à des détails totalement idiots comme de son premier petit-copain, de la première fois qu'elle était remontée sur un vélo ou de son premier jour dans un de ces lycées américains qu'elle n'avait vu que dans les vieilles séries qui passaient à la télé et qui avaient bercées une partie de son enfance.
Les minutes passèrent et la jeune femme se laissait peu à peu aller à cette rencontre opportune, arrivant même à oublier le fait que la jolie blonde jouait plus le rôle de psy que de rencard, jusqu'à ce que son téléphone se mette à sonner. Regardant le nom de son contact, elle raccrocha avant de poser son téléphone sur le bar. Mais son téléphone se remit à sonner une fois de plus, et elle finit par décrocher avant de lancer avec une voix qui laissait entendre son énervement « Tom, je suis en vacances alors t'as... » « Y a une télé près de toi? » Vu le ton de son ami et collègue, il avait l'air d'avoir une bonne raison de la déranger pendant ses congés « Attends deux secondes. » Posant sa main sur le micro, elle fit signe au barman, avant de lui faire signe d'allumer la télé « Qu'est-ce qu'il y a de si... » Mais Taiana ne finit pas sa phrase, quand le barman passa sur une chaine d'infos en continu. Là oui, elle comprenait tout à fait pourquoi Tom venait la déranger. S'il n'y avait pas des images en direct pour le prouver, Taiana aurait cru à une blague. Mais non, c'était vrai, la Terre était attaquée. Par des aliens. Cette journée venait vraiment de passer de mauvaise à catastrophique « Waller bat le rappel des troupes. » « Je vais essayer de choper un avion pour rentrer. » « Je pense pas que tu va réussir à trouver un vol commercial. » « Je vais bien trouver un jet privé sur le tarmac. » « Depuis quand t'as ton brevet de pilote? » « Qui te dit que c'est moi qui vais piloter? Je te recontacte quand j'aurais mon billet retour. Et préviens ma sœur, qu'elle se tienne prête à me récupérer. » Sortant son portefeuille d'une poche de son pantalon, Taiana en sortit le plus gros billet qui venait, avant de le poser sur le bar. Se souvenant de la présence de la blonde alors qu'elle attrapait sa veste posée sur l'autre tabouret à côté d'elle, elle lui fit un petit sourire qui en disait long « Désolée. » Puis elle sortit en vitesse du bar, avant d'attraper le premier taxi qui venait.

Environs de La Nouvelle-Orléans, États-Unis, mars 2018
Le SUV s'arrêta dans un crissement de pneus, et Taiana ouvrit sa portière sans attendre avant de sortir du véhicule, suivie l'instant d'après par les autres occupants du véhicule et ceux de l'autre voiture qui suivait celle ou elle se trouvait. Claquant la porte, la jeune femme se dirigea vers le cordon de sécurité, vérifiant son équipement sur le chemin. Non pas qu'elle en avait besoin, vu qu'elle était une arme de destruction massive à elle toute seule. La markovienne se souvenait encore de l'époque ou elle était tout juste capable de générer une onde de choc sans manquer de provoquer bien plus de dégâts que ce qu’elle voulait ou pire, de blesser quelqu'un. Maintenant, elle aurait pu raser tout le quartier d'un claquement de doigts, et détruire toute la ville en quelques minutes. Elle aurait pu le faire, mais ça ne voulait pas dire qu'elle allait le faire. Et mieux valait qu'elle évite de faire un truc pareil. Le monde se relevait à peine de la menace du Syndicat, et il n'avait pas vraiment besoin de destructions supplémentaires. Surtout que ce genre de choses allait faire les choux gras du nouveau président, qui ne portait que très moyennement les méta-humains dans son cœur. Alors si elle pouvait éviter de lui donner du grain à moudre à Lex Luthor pour qu'il puisse faire passer tout un tas de lois et de décrets en tout genre pour serrer un peu plus la vis aux métas. Et puis il suffisait d'un rien pour qu'un trou de balle quelconque ne se décide à faire sauter la green card de la jeune femme. Après tout, même si elle vivait sur le sol américain depuis quinze ans, elle n'avait jamais prit la nationalité américaine et pouvait à tout moment voir des types de l'immigration débarquer pour la foutre dans le premier avion en direction de la Markovie. Ce qui aurait été une très mauvaise idée.
Des fois, elle se surprenait à regretter l'époque ou elle était encore une gamine tout juste sortie de captivité et qui craignait de mettre ne serait-ce qu'un orteil dehors. À l'époque tout était beaucoup plus simple, et elle n'avait pas à craindre de voir le ciel lui tomber sur la tête tous les quatre matins à cause d'aliens qui venaient les envahir ou de super-criminels sortis de nulle part et qui s'amusaient à plonger la planète dans le noir. Certes, elle avait failli raser son lycée plus d'une fois et manqué de passer la nuit au poste à cause de sa brève carrière de justicière, mais l'époque ou sa plus grande préoccupation était de plaire au capitaine de l'équipe de football ou à la fille trois rangs devant elle en cours d'anglais et son activité favorite consistait à se poser sur le canapé pour regarder la première série qui passait avec un bol de pop-corn coincé entre les jambes lui manquait. Mais si elle était nostalgique d'une époque révolue et d'une personne qu'elle n'était plus depuis longtemps, elle ne regrettait en rien les choix qu'elle avait fait pour en arriver jusqu'ici. Dans les rues de la Nouvelle-Orléans, avec pour mission de mettre la main sur un homme-requin géant. Ne prenant pas la peine d'attendre ses collègues, Taiana passa sous le ruban qui délimitait la zone avant de s'approcher du poste de commandement mobile dressé par les flics du coin. À son approche, un policier en uniforme, aux tempes grisonnantes et qui avait visiblement abusé des donuts leva la tête avant de regarder le petit groupe approcher « C'est vous les fédéraux? » « Agent Aavik, A.R.G.U.S. Le suspect est là-dedans? » « Vous voulez dire le monstre? Ouais, pour ce qu'on en sait il est là. J'ai envoyé trois équipes dans cet entrepôt et il les a taillés en pièces. Saloperie de méta. » « Qu'est-ce qu'il fout dans le coin? » « Il était enfermé à Belle-Rêve. » Répondit Taiana tout en examinant les plans du bâtiment. Normalement Shark était piégé, mais la normalité ne s'appliquait pas vraiment quand on avait pour mission de stopper une créature pareille « Il a du profiter du bordel provoqué par le Syndicat pour s'évader. » Ouvrant un compartiment de sa ceinture, l'agent en sortit une oreillette, qu'elle enfonça dans son oreille avant de l'activer « J'y vais. Coordonnez-vous avec les flics pour surveiller les issues. » « Vous allez la laisser y aller toute seule? » Alors que Taiana se dirigeait vers l'entrée de l'entrepôt, elle entendit un de ses collègues dire au policier en uniforme « Vous savez ces saloperies de métas que vous avez l'air de pas aimer? Elle en fait partie. »
Sortant son arme de service de son holster, Taiana et les deux agents d'A.R.G.U.S. qui l'encadraient se dirigèrent d'un pas vif vers l'aire de chargement de l'entrepôt, dont la porte était en partie ouverte « Sśurette? » « Je t'ai en plein dans ma ligne de mire. » Répondit sa sœur, qui se trouvait à une centaine de mètres d'ici, installée sur un toit avec un fusil de précision assez puissant pour stopper un éléphant « Et Shark? » « J'ai rien à la thermique. À moins de le faire sortir, tu va devoir le marquer avant si jamais je dois l'allumer. » Ordonnant aux deux autres de rester ou ils étaient, elle se glissa par l'ouverture, et la jeune femme fut obligée d'allumer la lampe torche fixée à son arme lorsqu'elle pénétra dans l'entrepôt presque plongé dans le noir, n'étant éclairé que par les rais de lumière réussissant à passer à travers les carreaux crasseux et l'ouverture dans son dos. Certains auraient dit qu'allumer sa lampe-torche quand on traquait un monstre géant qui avait décimé plusieurs unités de police était tout sauf prudent, mais Taiana ne cherchait pas à être prudent. C'était même tout le contraire. Alors qu'elle tournait à l'angle d'une vieille étagère en métal, la demoiselle plongea au sol pour éviter un coup de patte qui l'aurait probablement ouverte du nombril au sternum. Se remettant sur ses pieds après une roulade, elle vida son chargeur sur Shark, qui ne broncha même pas, se contentant de grogner avant de l'envoyer voler à travers l'entrepôt d'un revers d'une main facilement deux fois plus grosse que la tête de la jeune femme. Retombant sans délicatesse, elle roula sur le sol, avant de s'arrêter contre une pile de caisses « À tous les agents, Shark est là. Et il a pas l'air ravi de me voir. » « Misérable humaine, tu crois vraiment pouvoir m'arrêter avec ton arme ridicule? » Crachant un filet de sang, Taiana se mit à genoux, avant d'essuyer sa bouche « Misérable peut-être. Humaine... carrément pas. » Et se retournant vivement, la jeune femme tendit la main et ce fut au tour de l'homme-requin de voler tête la première.

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