Moira # les règles sont faites pour être transgressées

Tremble la Terre alors que boucle d’or pousse son premier souffle, un cri des plus insistants, transperçant le tympan de sa frêle mère qui, en dame civilisée, cajole cordialement son nourrisson sous les yeux bienveillants de l’équipe médicale mais qui déplore la maladresse de sa fille. Fronce les sourcils cet homme des plus courtois qui serre poliment la main du médecin, jetant un regard précis sur les relevés des différents moniteurs et autres courbes discontinues. Devenue officiellement une King, foulant les rues tantôt aérées tantôt trop strictes de Star City, le parfum des King y règne sans qu’ils en soient les dignes possesseurs, ils officient depuis des décennies en ces lieux et possèdent des parts dans plusieurs entreprises, un savoir stratégique géré par Mr King tandis que ses deux parents sont des scientifiques qui s’illustrent dans le domaine de la santé, pour Star Labs. Demoiselle innocente qui règne en maîtresse au sein de son sanctuaire, ordonnant à ses parents comme aux passants, l’innocente fascine par sa grandeur d’âme et son ego qui lui ferait garder tout pour elle, sans partager. Et si les sermons de son père ne font que nourrir son besoin de liberté, les chaines qui la retiennent à la maisonnée se transforment parfois en mots voraces qui dévorent son cœur et le cristallisent en milliers de fragments. La déception n’est pas une denrée qu’elle peut se permettre alors, elle coopère faussement, feignant l’admiration à défaut de jouer le pion mal positionné sur l’échiquier. La belle tolère les remarques, encaisse les coups verbaux mais se délecte des grands noms de la science, trouvant fascinante cette magie qui fait vibrer le corps humain, fruit de l’évolution et non lègue de forces supérieures. Les réactions nerveuses, les terminologies sensorielles et autres bizarreries attirent son attention comme si elles avaient possédé le corps de Monsieur Christian Grey et l’esprit de Darwin. Magnétique attraction tandis qu’elle rejette les activités de fille, gardant une addiction toute particulière pour le shopping, l’apparence est la première porte pour s’ouvrir sur ce monde. Son nom fut suffisant mais un jour, cela ne suffit plus à combler le vide hantant son âme, fille unique d’un complexe trop grand pour son âme de petite fille délaissée par ses parents et, bientôt, elle ne s’en contenta plus. Et si elle apportait de l’affection à l’une ou l’autre des choses qu’elle possédait comme ce poney qu’elle louait plus que son propre dressing ou ce chien qui lui offrait de chaleureuses accolades lorsque, meurtrie par un énième sermon, elle se réfugiait au plus loin de sa prison, on les lui ôtait. « Il faut t’endurcir » avait un jour dit son père et son cœur de petite fille blessée avait comblé l’équation, partant en exil.

Le danger, cet état de fait qui transforme les signaux envoyés par le cerveau en frissons délicieux qui parcourent sa peau satinée et enivrent ses sens, la rendant vivante, loin de sa monotonie. Alors, lors de son adolescence, deux portes cloisonnées jusque-là tombèrent. La première lorsqu’elle déroba ce précieux flacon de parfum qu’elle aurait pu aisément se payer mais qui grisa ses sens, les décuplant lorsque, surexcitée, elle en diffusa l’entièreté du flacon dans sa chambre…le doux parfum de la victoire. N’était-ce pas ce genre de sentiment qui vous enveloppe lorsqu’un être cher vous prend dans ses bras ? Elle ne pouvait en rester là et prétexta qu’il serait malvenu qu’elle soit agressée à la sortie des cours, première de ses décisions approuvées par son père, cela forgerait son caractère, selon lui. La docilité ne fait point partie de ses aptitudes, probablement une erreur génétique mais elle acquiesça virulemment, tel le toutou bien dressé qu’il était désireux qu’elle représente. Ne choisissant qu’un art, elle se cantonna à plusieurs disciplines martiales que lui dispensa un maître privé. L’innocente brillait par sa malice quand ses idées s’aventurèrent vers le vice et l’excès. Les journaux contaient les faits d’illustres personnages, tantôt adulés, tantôt détestés par toujours scintillants parmi les anonymes et c’est cela qu’elle voulait. Exceller sans se faire voir, exister en réussissant. Très vite, l’idée d’un alter égo se dessina et, au lieu de se contenter des maigres magasins, ce furent les boutiques luxueuses qui l’attirèrent et autres joyeusetés qui formèrent son vice, la luxure dans laquelle Moira aime vivre, le jeu dans lequel elle se glisse pour devenir cet être visible au regard de tous. Le crime n’en est pas tellement un lorsqu’on perturbe, c’est passer la frontière entre posséder une arme, s’en servir et enduire le sol d’un liquide rougeâtre qui est plus problématique, frontière innommable qu’elle ne parvient à franchir.

Reine de ses méfaits sous son pseudonyme, maîtresse de son destin dans la vraie vie, elle s’inscrivit à l’université comme l’étudiante lambda dont elle témoigne, fervente passionnée de médecine qui est le cursus principal qu’elle a choisi. Des sciences, des mathématiques, des chiffres, du sang et autres sympathiques denrées qui rendent ses yeux envieux et éclatants de milliers d’étoiles. La vipère s’éprit du bellâtre, celui que l’on nomme Bart et avec qui elle échangea de nombreux regards ainsi que plaisanteries sans réel sens. Des vibrations étreignaient son corps, semblables à celles qui la grisent lors de ses sorties passionnelles ; une dualité qui la fit fuir et s’il la pensait acquise, il en était toute autre. Guère de minauderies, elle ne laisserait pas la porte ouverte à ce genre de lubies malvenues. Solitaire, elle ne s’encombre point King mais avance en conquérante. Pourtant, leurs jeux anodins devinrent plus ardus lors de leurs affrontements masqués tandis que l’homme lui barre le passage à chacun de ses crimes. En parallèle à ses déboires amoureux, la menace s'amasse peu à peu sur le monde, répondant au nom de Darkseid, celui venu d'ailleurs, qui s'annonce conquérant de cette terre qui, si elle se complait à s'y pavaner, est tout de même chère à ses yeux. Elle a oeuvré dans la lutte pour repousser l'envahisseur sans pour autant avoir un regard réellement tranché sur l'apparition des formes de vie extraterrestre. Tant que la cohabitation se fait sans qu'elle perturbe son petit monde et ne génère en rien d'anicroche dans ses plans, cela lui convient mais elle ne pourra rester à jamais impartiale...

L’alcool adoucit les mœurs et ouvre les cœurs parait-il, un breuvage à prendre avec des pincettes et à distiller avec précaution en somme. Ils étaient présents à la même soirée étudiante tandis que la belle, se souciant que peu des apparences ce soir-là cristallisa ses déboires au rythme de la vodka qu’elle était capable d’ingurgiter. L’insoumission de son père, les reproches perpétuels, sa vie devenue banale et monotone, le frisson l’ayant quittée…de grandes causes qui ne trouvent de réponses que dans la boisson. C’est là que le beau brun entre en scène et prend place à ses côtés. La langue délié, la magnifique lui conte son histoire, tombant la façade qu’elle dresse entre le monde et elle, perpétuellement. Elle n’est que la petite fille innocente, celle qui veut impressionner ce père absent, qui veut briller et ne pas rester transparente et qui ne sait agir bien alors qui préfère piquer plutôt que sombrer. Les émotions s’emparent de son être et les larmes coulent peut-être mais les mots la soulagent mais c’est dans ses bras à lui qu’elle se sent à nouveau vivante et qu’elle finit la nuit. Dès lors, ils officialisent cette relation décousue, marquée de « je t’aime moi non plus ». Personne n’aurait soupçonné cette idylle qui pourtant souffre d’une passion exaltée et vibre de piques acérées alors que leurs alter-ego jouent à la proie et au prédateur sans sommation, sans jamais être découverts. Comment pourrait-elle lui avouer ce secret inavouable ? Le temps eut pourtant raison d’eux car leurs disputes devinrent plus fréquentes, plus violentes autant entre Moira et Bart qu’entre Diamond et Impulse. Les choses dérapèrent lorsqu’ils s’affrontèrent sous leurs fausses identités, les coups portés affaiblirent la jeune femme qui finit grièvement blessée. Sans défenses, sa véritable identité éclata aux yeux de Bart qui décida cependant de la soigner lui-même. Cet épisode marqua l’absence de cet être singulier dans la vie de Moira puisqu’il la laissa, sans sommation. Cependant, l’espoir subsiste…

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