curiosity killed the cat | john & selina

curiosity killed the cat

selina & john

Gotham University. John n’avait jamais mis les pieds dans une fac de sa vie, si ce n’était pour y laisser des graffitis de mauvais goût ou en chasser des démons particulièrement têtus. Viré de l’école à l’âge de quinze ans, il n’avait de toute façon jamais eu l’esprit académique, et les études le lui avaient bien rendu. Ses études, il n’aurait jamais pu les faire sur le banc de l’école de toute façon. On avait beau vivre à une époque progressiste, les facs ne délivraient pas encore de bachelor en études des forces du mal. Sinon, il y a longtemps que John Constantine en serait ressorti avec un foutu doctorat mention excellence.

Discrètement adossé à un mur, Constantine, drapé dans un sort d’effacement qui rendait sa présence quasi indétectable à l’œil nu, observait le va et vient du personnel et des étudiants dans le département d’histoire et d’anthropologie. Le département était doté d’une collection asse remarquable d’objets anciens, savamment entreposés dans que l’université avait baptisé la Galerie d’Anthropologie, sorte de musée universitaire qui en faisait sa fierté dans les bâtiments nobles et anciens de l’institution. En cherchant bien, John était à peu près sûr de trouver le nom des Wayne sur la liste des bienfaiteurs de la galerie.

Mais malgré toute la sympathie que John portait aux Wayne, rien ne viendrait en travers de sa route ce soir-là, une fois les dernières lumières éteintes. La galerie était certes une belle réalisation, mais même une admirable galerie ne constituait pas un endroit convenable pour une relique aussi dangereuse qu’un morceau du tombeau de St Lazare. Un miracle que la moitié du monde occulte ne se soit pas déjà jetée dessus. Mais puisqu’il était là, autant se charger lui-même de la mettre en sûreté. Un rictus dansa sur les lèvres de John alors qu’il se détachait de son pan mur, sortant nonchalamment de son sortilège de discrétion et de l’enceinte de l’université. Dégringolant les marches du parvis, il sortit successivement de la poche de son trenchcoat son paquet de clopes et son téléphone portable – un vieux machine intraçable qui n’avait pour seul fonctionnalité de donner des appels et envoyer des sms. Ca tombait bien, il ne lui en demandait pas plus. Conjurant nom et numéro de sa mémoire, il composa un message, cigarette pendue au coin des lèvres et sans prêter la moindre attention aux étudiants lui accordant des regards intrigués.

« Suis en ville. Session shopping privée ce soir ? Onze heures, université de Gotham. J. »

John rangea son téléphone dans sa poche et leva les yeux vers l’horloge sur l’enceinte de l’université. Six heures du soir. Impec’. Juste le temps de dîner et de siffler deux-trois whiskys histoire de se mettre en jambes. Dieu qu’il aimait ça, quand tout allait comme sur des roulettes.

--

Quelques heures plus tard, John était de retour à son poste – sans sortilège, cette fois. Le campus, désert, s’était drapé d’un léger brouillard que n’auraient pas boudé les châteaux écossais plein de mystères et de fantômes avec lesquels il était devenu familier après quelques exorcismes bien placés. Ecrasant son énième clope sur le trottoir, John exhala sa dernière bouffée de nicotine et s’aventura dans la cour, sortant de la poche intérieur de son trenchcoat un kit de crochetage. Arrivé devant la porte, il jeta un regard à droite, un regard à gauche. Pas de garde à l’horizon. Avec un claquement de langue satisfait et d’un geste expert, John fit céder la serrure récalcitrante et entra en toute discrétion dans l’enceinte de l’établissement. A nous deux, Lazare.

A peine fut-il entré que ses instincts se mirent en alerte, sixième sens en alerte alors qu’il sentit, cachés dans l’ombre, deux yeux posés sur lui. Passé le premier instant de tension, Constantine se détendit – se permettant même un sourire en coin. Mains enfoncées dans les poches, il s’aventura tranquillement dans le couloir, peu soucieux des caméras de sécurité qui ne détecteraient probablement qu’un amas flou de pixels si elles étaient seulement branchées. Après quelques instants, il atteignit la porte d’entrée de la galerie et se planta devant, l’inspectant des yeux avant d’émettre un ricanement.

« Ca t’amuse de me faire attendre ? » demanda-t-il en se retournant lentement pour faire face à sa complice du soir – toute de noir vêtue et sourire enjôleur, visiblement ravie de son petit effet (John ne pouvait la blâmer. Selina Kyle était un sacré bout de femme, elle le savait, elle en jouait, et c’était ce qui faisait tout son charme). John prit le temps de la détailler du regard, appréciateur, mais avec une pointe de sincère reconnaissance dans ses prunelles sombres. « Content de te voir, beauté. J’aurais été déçu de faire escale dans ton bled sans te dire bonjour. » Sans la quitter des yeux, il hocha la tête en direction de la porte menant à la galerie. « J’ai une babiole à récupérer là-dedans. Une babiole du genre caillou magique qui pourrait faire de gros dégâts entre les mauvaises mains, si tu vois ce que je veux dire. Avec tout l’respect que je dois aux universitaires de Gotham, je doute qu’ils soient équipés contre ce genre de menace. » Son sourire en coin se fit plus cabotin encore. « Et j’ai entendu dire qu’ils avaient aussi hérité d’une broche ancienne de grande valeur. Tu vois, je suis pas du genre égoïste. J’ai pensé à toi aussi. » Ajouta-t-il, d’un air de demander, alors ? Tu me suis ?

curiosity killed the cat

selina & john

Il y avait peu de personnes dans ce monde que John jetterait dans la gueule du loup avec une relative certitude qu’ils en sortiraient indemnes – Selina Kyle, fort heureusement pour elle, faisait partie de cette classe d’élus. Un choix pour le moins étonnant quand des êtres comme Superman ou Batman foulaient la planète, mais l’expérience avait prouvé que même l’homme le plus fort de la planète, dopé aux superpouvoirs aliens, ne pouvait rien contre la magie. Non que Selina soit particulièrement immunisée, elle non plus. Mais là encore, l’expérience avait démontré qu’à l’instar de ses chers félins, elle avait un talent non-négligeable pour toujours retomber sur ses pattes. Un don précieux dans le monde de John Constantine, qu’il n’avait que peu de scrupules à exploiter. Surtout quand la demoiselle était plus ou moins au courant des risques, et décidait malgré tout de se jeter dans l’aventure la tête la première.

Pour une fois que quelqu’un décidait de l’escorter dans ses aventures sans le soupçonner de vouloir les sacrifier à une entité maléfique ou planifier de lui planter un couteau dans le dos, il n’allait certainement pas s’en plaindre. Le fait que, ce faisant, il s’alliait à l’une des criminelles les plus notables de Gotham n’était, à son avis, qu’un problème secondaire. Après tout, le crime dans Gotham, c’était l’affaire de Batsy, pas la sienne.

John eut un demi-sourire en coin lorsque les lèvres de Catwoman frôlèrent les siennes, à moitié tenté de tourner légèrement la tête dans le dessein de les capturer pour de bon, avant de décider, plus raisonnablement, de se contenter de ce contact fugace. « Je savais que ça te plairait. » commenta-t-il non sans une pointe d’amusement face à son enthousiasme presque infantile – d’aucuns l’auraient qualifiée d’inconsciente, mais John et Selina faisaient chacun leur job depuis trop longtemps pour encore se soucier de l’équilibre risques-récompense de la même façon que le quidam qui doit décider s’il freine ou accélère face à un feu orange.

« Jamais, non. » confirma-t-il, l’observant alors qu’elle s’agenouillait pour ouvrir le verrou. « Les facs et moi, ça n’a jamais fait bon ménage. » Il devait bien admettre que l’endroit dégageait une atmosphère pas déplaisante, entre savoir ancien et modernité des bâtiments… et surtout de son système de sécurité, à en juger la myriade de rayons laser qui firent leur apparition dès que Selina eut raison du verrou. La cambrioleuse extraordinaire dut percevoir le regard lourd de jugement amusé que lui dédia John, et ne chercha même pas à s’excuser.

Un autre détail que John trouvait irrésistible chez elle. Pas de compromis possible, pas d’excuses – ride or die, et si t’es pas d’accord, c’est pareil. John leva les yeux au ciel, mais le demi-sourire au coin de ses lèvres ne mentait pas. C’est donc sans plus d’inquiétude ou de protestations qu’il suivit Catwoman à l’intérieur, les mains enfoncées dans les poches de son trenchcoat usé. « Ah bon, j’ai l’air en forme ? Heureux d’apprendre que ma gueule de bois de ce matin s’est dissipée. » répondit-il, pince-sans-rire.

Scrutant la pièce des yeux, John repéra une batterie de systèmes de sécurité, incluant entre autres détecteurs de mouvement et caméras. Amener Catwoman avait décidément été une bonne intuition ; mais cela ne voulait pas dire qu’elle devrait se taper tout le boulot toute seule. Après tout, John Constantine ne serait pas John Constantine s’il n’avait pas ses propres tours de passe-passe dans sa manche. « Va falloir que tu nous désactives ces détecteurs de mouvement, chérie. » Marmonna-t-il entre ses dents, attrapant Selina par le bras pour la faire ralentir. « J’ai une idée pour les caméras. Je sais que t’aimes bien mes tours de magie… »

Il laissa sa phrase en suspens avec un rictus chargé de malice, les yeux brillant d’une lueur presque enfantine alors qu’il ouvrit un pan de son manteau. Il fouilla dans une poche intérieure et en tira un sachet transparent rempli d’une poudre ocre, qu’il agita sous le museau de Selina avant de l’ouvrir et d’en verser une pincée au creux de sa main. « Mets ta main dans la mienne – paume contre paume, que tu touches la poudre aussi. » Une fois qu’elle se fut exécutée, John rangea le sachet dans une autre poche, puis plaça son autre main sur celle de Selina, yeux fermés, une expression de concentration quasi-religieuse sur son visage fatigué – une litanie monotone s’échappant bientôt de ses lèvres dans une langue morte depuis bien longtemps. Le sortilège prit aussitôt effet, se manifestant par un frisson bien particulier qui les parcourut tous deux dès lors que la magie se mit à l’œuvre.

John rouvrit les yeux et sourit de plus belle face au halo doré à peine perceptible qui entourait maintenant sa coéquipière. « Sortilège d’invisibilité. Cette poudre est de la terre qui vient spécifiquement de Vérone, en Italie. La légende raconte qu’un sorcier s’est inspiré de l’histoire de Roméo et Juliette pour le créer et pouvoir s’enfuir de la ville avec son amante, sorcière d’un coven rival, sans se faire repérer. ‘Paume contre paume, c’est le saint baiser des amants’. » Pas peu fier d’étaler sa science ni de son petit tour, John, lui aussi invisible désormais aux yeux des caméras, relâcha la main de Selina et jeta un œil alentours, s’assurant qu’aucune alarme n’avait encore été sonnée pour avertir les gardes de leur présence. Mais tout était plus calme qu’une nuit enneigée – ils avaient une paix royale.

« Pour la suite en revanche, je te laisse mener la danse. Les lasers et tout le tintouin, c’est ton domaine, pas le mien. Après toi, princesse. »

curiosity killed the cat

selina & john

En temps normal, John aimait à dire que Chas était les muscles de ses opérations, tandis que lui-même en était l’incontestable cerveau – non pas que Chas fut plus idiot qu’un autre, mais sa stature et son utilité dépassait de loin tout l’usage qu’il aurait pu faire d’un quelconque esprit stratégique. Avec Selina, il pouvait toujours se dire qu’il était le cerveau du gang, et elle revêtait les muscles, la souplesse, et l’astuce. Un véritable couteau-suisse qui lui était particulièrement utile quand il fallait s’infiltrer dans une galerie hautement gardée et que ses tours de passe-passe n’apportaient pas de solution discrète à tous ses problèmes.

John se laissa aller contre un mur, bras croisés sur son torse alors qu’il suivait des yeux la progression aussi rapide qu’impressionnante que Selina au milieu des lasers qu’à sa place il aurait déjà déclenché dix-huit fois. L’aisance avec laquelle elle se mouvait d’un point à l’autre n’avait réellement rien à envier ni à une gymnaste olympique, ni à un chat – chaque muscle de son corps lui obéissant avec une grâce qui faisait paraître la chose tellement facile qu’il en aurait pu se demander si son sortilège ne l’avait pas rendue immune aux effets de la gravité. Il observa son petit manège d’un œil appréciateur, ne la quittant pas des yeux alors qu’elle grimpait au plafond sans même que le lustre ne fasse le moindre bruit. Avant même qu’il n’ait le temps de se dire qu’il aurait bien fumé une clope en attendant, le bruit très distinctif de batteries mourantes résonna dans la pièce silencieuse ; mission accomplie pour Catwoman. Un rire silencieux lui échappa, et il décroisa les bras pour s’avancer dans la pièce désormais dénuée de tout laser ou détecteur de mouvement. « Bien joué, Cat’s Eye. » plaisanta-t-il en gardant ses yeux sur elle au plafond – avant de laisser échapper un juron paniqué et d’ouvrir les bras pour la réceptionner dans sa chute. Nom de dieu, il devenait de plus en plus clair qu’il n’avait plus de vingt ans. « Bloody hell Selina, préviens-moi la prochaine fois. » grommela-t-il entre ses dents – c’est qu’elle se marrait, en plus, la sagouine. Et John Constantine, évidemment, n’était pas fichu d’en vouloir plus de cinq minutes à un si joli minois.

Suivant son regard, il s’approcha à pas lents de la vitrine derrière laquelle se trouvaient à la fois la broche promise à Selina comme récompense, et le morceau de tombeau qu’il convoitait. Un demi-sourire de connivence retroussa le coin de ses lèvres. Selina était une femme pleine de courage, mais même son instinct félin semblait l’avertir du danger d’une telle relique. Ce qui confortait John dans son idée que ce caillou serait bien mieux avec lui, à l’abri dans la Maison des Mystères, que dans ce musée où le premier chat venu pouvait entrer par effraction. « Mauvais si on s’y prend mal. » répondit-il en sortant un crochet de la poche intérieure de son manteau – mettant ses propres talents de pickpocket profit pour ouvrir la serrure qui verrouillait la vitrine. « Ce caillou est un morceau du tombeau de St Lazare – le saint qui est revenu d’entre les morts. Les chrétiens attribuent cet exploit à un miracle du Seigneur… » Avec un clic distinctif, le verrou céda, et John offrit un regard plein de malice à Selina. « … évidemment, quiconque avec un peu d’expérience se doute qu’on ne revient pas d’entre les morts sans payer un prix particulièrement élevé. » Un prix que John lui-même avait payé à plusieurs reprises. Une expérience qu’il ne recommandait à personne. Il était prêt à parier que ce vieux Lazare avait passé un marché qui aurait fait bouder Jésus si la Bible était un tant soit peu honnête. Précautionneusement, John ouvrit la vitrine et contempla la relique sainte. « Les rumeurs racontent que cette pierre aurait des propriétés régénératrices – très pratiques en cas de blessure grave – mais surtout, qu’avec le rituel approprié, il serait possible de conjurer les morts. Jusque-là tout va bien, sauf que Lazare était un saint malgré tout. Si les intentions de celui qui manipule la pierre et ses pouvoirs sont impures… c’est là que tout fout le camp. »

John prit une profonde inspiration et, laissant Catwoman récupérer son propre trésor, retira prudemment la pierre de Saint Lazare de son socle. Son énergie magique remonta aussitôt le long de ses doigts, de sa main, de son bras, insidieuse, un frisson lui parcourant l’échine, oubliant presque la présence de Selina à ses côtés. Tous sens en alerte, John tendit l’oreille, regarda autour de lui. S’attendant presque à voir une main jaillir du sol et lui agripper les pieds pour l’entraîner en enfer. Après une minute à attendre en silence, et constatant que rien d’alarmant ne se produisait, John haussa les épaules à l’adresse de Selina et enfouit la pierre dans sa poche. « Moins dramatique que ce que je pensais, mais pour une fois, on va pas s’en plaindre. »

A peine eut-il fini sa phrase qu’un véritable capharnaüm se fit entendre au bout du couloir – et les portes de la salle d’ouvrirent à la volée, la lumière des lampes torches des six gardes interrompant leur casse du siècle les aveuglant brièvement. John jura entre ses dents ; le sort d’invisibilité n’agissait déjà plus. Repérés comme des débutants. « Si t’as un plan de secours avant que je ne sois obligé de les hypnotiser, chérie, c’est maintenant ! »

curiosity killed the cat

selina & john

La petite pique à son encontre ne manqua évidemment pas de lui faire lever les yeux au ciel, et s’il ne s’était pas avéré que ces fichus flics étaient armés et visiblement prêts à en découdre, nul doute qu’il se serait lancé dans une énième tirade pour expliquer que la magie, ça ne fonctionnait pas comme ça, et qu’elle n’avait qu’à essayer elle-même la prochaine fois si c’était aussi facile, et – ah oui, les flics. L’espace d’un instant, John fut pris de court ; puis laissa échapper une bordée de jurons et rangea la pierre de ce brave Saint Lazare dans la poche intérieure de son manteau. Il était grand temps de mettre les voiles. Obéissant à l’injonction de Catwoman, John ne perdit pas une minute de plus et courut vers la sortie de secours, les balles de revolver commençant à ricocher sur le sol et les vitrines de la galerie. Pour l’extraction discrète, ils repasseraient. Quant aux flics qui avaient déjà abandonné les tirs de sommation pour privilégier l’approche agressive, ça se passerait de commentaire. Elle était belle la culture de l’arme à l’américaine, tiens. Une fois de plus, John songea que le Far West avait été l’une des plus grandes erreurs de l’Histoire. Surtout quand ces branleurs d’américains avaient l’air d’oublier que c’était fini depuis belle lurette, l’époque des cowboys qui tirent sur tout ce qui bouge sans poser de questions.

John faillit déraper sur le sol glissant de la galerie (lui n’avait jamais prétendu être un modèle de grâce et d’agilité – juste un bon coureur quand sa vie était en jeu) et arriva devant la porte – scellée évidemment par une épaisse chaîne en métal. « Merde ! » jura-t-il entre ses dents. A toi de jouer, ben voyons. N’ayant pas le temps de se chamailler, John s’accroupit devant l’épais cadenas qui les empêchait de se débarrasser de cette foutue chaîne. Tout ne pouvait pas se régler avec la magie en ce bas monde, et aussi surprenant cela puisse-t-il paraître, il n’avait pas de sortilège pour déverrouiller des serrures (il avait une tête d’Hermione Granger, c’est ça ?).

Il allait donc devoir faire ça à l’ancienne.

« Allons, laisse-les penser qu’ils ont une vague chance de nous arrêter avec leurs jouets. » ricana John en sortant une épingle de sa poche. Vraiment à l’ancienne. Petits trucs et astuces que John avait appris ici et là, un peu comme jeune délinquant à Londres, un peu en s’essayant aux techniques d’échappatoire du grand Houdini. Autant dire qu’il avait appris les meilleures méthodes possibles. Espérant que Selina pourrait retenir les flics assez longtemps, John se concentra entièrement sur le verrou, insérant l’épingle jusqu’à sentir une résistance ; entièrement absorbé dans sa tâche, il fit jouer les mécanismes de la bête jusqu’à sentir les rouages se déplacer.

Un rictus triomphant étira ses lèvres lorsqu’enfin résonna le clic de la victoire.

« Fini. Sois un amour et enlève-nous cette saleté de chaîne, tu veux ? Je vais faire diversion pendant que tu nous libères le chemin. » intima-t-il à sa compagne, une lueur de malice déterminée dans le regard. Tirant une flasque de sa poche, il en fit sauter le bouchon et déversa son contenu sur ses mains avant de dégainer son briquet – la seule arme, en réalité, dont un magicien cambrioleur avait besoin. Un crépitement, une étincelle ; et les mains de John étaient en feu, sous les yeux hébétés des policiers qui en cessèrent momentanément leurs salves furieuses.

Grave erreur.

« Restez couverts, garçons, la météo s’annonce pluvieuse sur Gotham. » leur lança-t-il avec un sourire narquois – avant de lever les mains vers le plafond.

La boule de feu qui s’en libéra leur passa au-dessus de la tête mais ne manqua pas de provoquer des exclamations de surprise et de terreur, la chaleur dévorante des flammes frôlant leurs casquettes et surtout les capteurs de chaleur fixés au plafond. Aussitôt l’alarme à incendie retentit, vrillant leurs oreilles et déclenchant les systèmes anti-incendie de toute la galerie. Le déluge fut absolu, aveuglant momentanément les policiers déjà dépassés par la situation. Dans son dos, John entendit la chaîne glisser par terre et tomber sur le sol déjà inondé.

« Il est temps de mettre les voiles. » annonça-t-il, trempé jusqu’à l’os, en résorbant les flammes de ses mains et en se tournant vers Selina (pas peu fier de sa performance) pour lui attraper la main et l’entraîner à sa suite alors qu’il ouvrait la porte à la volée. Laissant derrière eux un groupe de gardes complètement désemparé pendant qu’ils se lançaient dans leur échappée belle. « Trouves-nous la sortie avant que les renforts arrivent, tu veux ? » lui lança-t-il, hilare.