ALL THE DEVILS ARE HERE ✸ (quatrième groupe, metropolis)

C'était comme évoluer sur une corde raide, en pensant y arriver, mais en se sentant chavirer de temps à autre, dès lors qu'il y avait ... En fait, Kory ne savait pas trop comment expliquer ce qu'elle ressentait et vivait depuis ces dernières semaines. Selon Dick, rien de tout ceci n'était réel, alors qu'elle touchait ses enfants, les sentait, elle enfouissait son nez dans leur chevelure en reconnaissant l'odeur de leur shampooing, elle les entendait rire aux éclats, elle sentait bien les excédents de purée de légumes que John lui envoyait joyeusement au visage quand il voulait s'amuser au lieu d'être un gentil garçon. Nightwing aussi était bien réel, quand il lui dérobait l'une de ses chaussures ou qu'il sautait joyeusement sur le canapé pour obtenir ses caresses et son attention. Pourtant ... Pourtant, Dick s'obstinait. Et elle le connaissait, Dick. Il n'était pas de mauvaise foi, du moins, pas à ce point là. Il aimait à plaisanter, mais savait quand s'arrêter. Il n'était pas un consommateur de drogues, n'était pas non plus un ivrogne, et il ne prenait pas un plaisir particulier à faire souffrir ou à troubler ceux qui comptaient pour lui. Et pourtant, il continuait de s'accrocher à ses idées, et il n'avait de cesse d'évoquer les souvenirs des choses qui, pour lui, étaient bel et bien réelles. Et Kory doutait. Elle doutait, parce qu'il y avait comme ces flashs, ces étranges impressions. Ces goûts de déjà-vus, ces occurrences qui reliaient sa réalité aux propos de Dick. Cela la prenait comme ça, sans qu'elle ne puisse rien contrôler, la laissant alors toujours plus perturbée. C'était à croire si Dick n'avait pas raison, et que le souci venait d'elle. Quand on remettait en cause sa propre santé mentale, c'était quelque peu préoccupant, non ? Mais, dans le même temps, ils avaient des soucis bien plus colossaux à gérer. Et, visiblement, ici comme dans les idées de Dick, elle demeurait la même, forte et fière, déterminée à porter secours aux plus faibles et à protéger les siens. Mettre à l'abri leurs deux enfants n'avait donc absolument jamais été une option. C'était une obligation, une nécessité. Et sa sœur aînée était la plus indiquée pour ça. Tout comme elle, elle possédait des moyens naturels de dissuasion qui en feraient reculer plus d'un, et tout comme elle, elle savait punir fermement ceux qui s'avisaient de toucher à un seul cheveu de son enfant.

Mais tout ceci n'avait tout de même rien de bien évident pour elle. Car Dick la poussait à agir, il l'y enjoignait, et il la soutenait dans cette démarche, là où, depuis toutes ces années, il n'avait eu de cesse de lui conseiller de faire profil bas, de ne pas trop attirer l'attention sur elle, car elle serait alors bien incapable d'expliquer pourquoi on ne trouvait pas de réelle trace de son existence si on fouillait en profondeur. De la même façon, elle ne sortait jamais à l'extérieur sans son fameux collier, celui-là même qui dissimulait aux yeux de tous sa véritable apparence. Elle ne l'ôtait guère qu'au sein de leur appartement, et encore ... Il pouvait s'écouler des jours sans qu'il ne quitte son cou. Mais là, la situation était toute autre, exigeant qu'elle soit elle-même à 100%. Il n'y avait pas de négociations possibles. La situation à Metropolis l'exigeait, pour que les survivants puissent, justement, espérer survivre encore un peu plus longtemps. Et quand on possédait les capacités qu'elle avait, et que l'on n'en faisait rien, quand quelque chose de terrible se produisait, et que l'on n'avait rien fait pour s'y opposer, alors n'avait-on pas sa propre part de responsabilité ? Mais, oui, c'était très étrange, alors, elle ne pourrait guère s'en remettre qu'à son instinct, ce que Dick avait sans doute parfaitement compris. Dick ... Le voir dans un tel accoutrement la laissait encore plus désorientée qu'elle pouvait déjà l'être concernant tous ses dires. C'était comme si ... Comme si cela lui disait vraiment quelque chose ... De son côté, comme se trouver des vêtements à sa vraie taille, et ignifugés, par dessus le marché, était mission impossible, elle avait dû sortir d'une vieille boîte, cachée sous son lit, les vêtements qu'elle avait lors de son crash sur Terre, non sans devoir les remettre un peu au goût du jour. Elle avait pris un peu de poitrine, après ses deux grossesses, et puis, ils étaient tout de même un peu abimés ... Quoi qu'il en était, elle ne pourrait s'en remettre qu'à ce que sa raison et ses sentiments lui diraient de faire, en bonne Tamaraneanne. Non sans serrer quelque peu les dents face aux propos de Dick.

« Je vais essayer ... » Mais ... « Je vais essayer, mais s'il t'arrive quoi que ce soit, je les réduis au stade subatomique ... » Tournant le regard devant elle, et cessant donc d'observer Dick, positionné quelque peu en hauteur, elle se baissa et ferma les yeux d'un pauvre vieillard qui n'avait sûrement rien demandé. Et puis, elle se redressa, constatant une fois de plus l'ampleur des dégâts. De quoi la faire serrer les deux poings, sa propre radio accrochée à sa ceinture. Elle pourrait progresser, mais, vers où ? Et il y aurait tant à enjamber, ce qui la poussa à léviter à quelques centimètres du sol. Il faut respecter les morts, et elle-même avait suffisamment souffert des mains de dégénérés pour savoir que, de l'autre côté de la barrière, on ne prendrait pas toutes ces précautions.

Actions et placements de Kory:

C'était compliqué, pour elle, tout ceci. Être loin de ses enfants, par exemple, et ce surtout depuis ces dernières semaines, alors que Vandal et son régime n'avaient de cesse d'augmenter leur répression et de durcir leur ton. Car sa nature profonde entrait en contradiction avec la prudence et la discrétion. Ce n'était pas instinctif pour elle que de faire profil bas, même si elle s'y évertuait depuis son arrivée ici sur cette Terre. Ou, non, plutôt depuis que Dick l'avait ramassée en pleine rue et emmenée chez lui. Dit comme ça, sans doute cela pouvait-il prêter à confusion, mais pas dans l'esprit de Koriand'r. C'était compliqué, donc, parce qu'elle savait et comprenait à quel point s'exposer pouvait la mettre en danger. Et, par ricochets, mettre en danger ses deux enfants, et Dick lui-même. Le jeune homme, justement, se targuait depuis ces dernières semaines de ne pas être dans la bonne réalité, alors qu'il lui avait raconté bien des choses étranges et vectrices de doute. Selon lui, il était capable de se battre, de faire face, alors que, elle, elle ne l'avait jamais vu faire. C'était donc lui accorder de la confiance tout en se sentant bien incertaine et quelque peu inquiète. Mais il y avait toutes ces choses qui ... Toutes ces choses qui allumaient la lumière en elle un bref instant, avant de nouveau la replonger dans le doute, et c'était comme des montagnes russes. Ce costume, par exemple ... Elle ne l'avait jamais vu avant, et pourtant ... Alors, non, en tournant de nouveau les yeux vers lui, elle ne cherchait pas à le reluquer discrètement. Elle n'avait pas besoin d'être discrète pour ça, et elle serait dans son plein droit de toute façon, non ? C'était juste ... Juste que tout ça était très intriguant, la poussant à se sentir comme avancer sur des sables mouvants, et remettre en doute bien des choses qu'elle tenait pourtant acquises comme étant des certitudes.


Mais tout ceci attendrait. Tout ceci attendrait, car les sens de la jeune femme furent mis en marche de façon conséquente. Cela n'avait même pas été exponentielle, en fait. Un instant, c'était le calme, si l'on pouvait vraiment parler de calme dans de telles circonstances, et maintenant, tout partait a volo. C'était quelque peu lointain, sans doute pas du tout dans leur Secteur, mais c'était tout de même là. Les tirs, les explosions, les bruits sourds et colossaux. De quoi la pousser à se raidir, et à froncer les yeux, et serrer les poings. Ainsi les hostilités commençaient-elles, et même si elle n'était pas directement concernée, et qu'à l'observer, ce n'était pas non plus le cas de Dick, la jeune femme restait en alerte, et son système d'action et de réaction tourna à toute allure. Ce n'était pas tant qu'elle craignait de ne faire ici que de la figuration, mais elle savait très bien qu'elles étaient ses différences, par rapport à tous ces humains qui peuplaient cette planète. Elle représentait un atout indéniable, sans nul doute, et ne rien faire serait comme accepter ce qui se tramait. Comme être en partie responsable. Personne n'était venu au secours de ses enfants, quand leur école avait été attaquée, ou tout du moins cela avait-il été ce qu'elle avait pensé. On avait besoin d'elle, et, ici, dans ce Secteur, les choses ne semblaient pas se mouvoir dans un sens particulier. Alors sa décision fut prise, et elle y embarqua Dick, sans le consulter, non sans l'embrasser au passage.

« Mon amour, accroche-toi ! » L'avaient-ils déjà fait, dans son monde mental à lui ? Avaient-ils déjà volé ensembles ? L'avait-elle déjà attrapé par la main pour le faire décoller, au sens propre ? Il n'y avait pas de temps à perdre, et donc pas de temps pour penser à ça. Ce n'était ni le lieu ni l'endroit. Il fallait juste veiller à ce que ses longs cheveux détachés, qui s'embrasaient sous l'effet du vol, ne mettent pas le feu aux fesses de Dick, mais il n'y avait normalement aucun risque : le jeune homme n'était pas non plus un géant, et le vent allait dans le bon sens pour éviter les dégâts. Plissant de plus en plus les yeux à l'approche du secteur incriminé, le 4e, elle sentait l'adrénaline pulser dans ses veines. Tournant les yeux vers Dick, elle prit une grande respiration, mais se montra déterminée. « Prépare toi, on arrive. ... Je te fais confiance. » Quelques mots, lourds de sens. Mais elle n'avait pas le temps de développer, alors Dick allait devoir savoir lire dans son regard et y comprendre ce qu'il fallait. Et ce alors même qu'en ralentissant quelque peu, elle lui permettait de regagner la terre ferme, tout en espérant qu'il ne se casse ni les jambes ni la nuque. De son côté, elle chargea plusieurs Starbolts d'affilée et en martela le sol et le moindre partisan de Vandal qu'elle croisait. Tout en se méfiant, car les airs étaient eux aussi occupés, par des êtres qu'elle ne connaissait pas.

Actions et placements de Kory:

Fonce les exploser, fonce les exploser ... Il en avait de belles, Dick, lui qui, durant toutes ses années, l'avait toujours enjointe à faire grande attention à ne pas trop laisser ressortir sa part extraterrestre dès lors qu'ils quittaient leurs appartements. Elle n'était pas exactement rouillée, Kory, mais tant d'années de restriction lui faisaient un peu craindre qu'en réalité ... Non, en fait, peut-être que c'était comme le vélo, que cela ne s'oubliait pas. Elle savait nager, aussi, et si cela ne lui était en ce moment même d'aucune utilité, enfin, à ce qu'elle en sache, elle savait que si on la jetait toute habillée dans l'océan, elle saurait se débrouiller, ce même si, en allant à la piscine ces dernières années, elle ne s'aventurait jamais que là où ses enfants avaient pieds, c'est à dire, pas trop loin. Mais il ne s'agissait pas d'elle. Il ne fallait donc pas faire cas de ses propres inquiétudes, et pas même de ce qu'elle pouvait bien ressentir. Des milliers de vie étaient en jeu, tout comme le futur. Le futur de ses propres enfants, par exemple, métis nés d'un père humain et terrien, et d'une mère extraterrestre et tamaraneanne. Ce qui n'était pas rien, en plus de ne pas être commun. Et elle qui avait toujours voulu les protéger et les garder à l'abri des menaces extérieures, pernicieuses et étouffantes, elle ne pouvait pas faire marche arrière sous prétexte qu'elle n'avait plus combattu depuis des années. Elle espérait simplement avoir de très beaux restes, et ne mettre involontairement personne en danger, du moins, dans le camp des gentils. Mais y avait-il réellement des gentils, et puis des méchants ? Dick lui apprenait depuis tant d'années à ne pas tomber dans le manichéisme, mais parfois, c'était plus fort qu'elle. Quoi qu'il en était, elle devait lui faire confiance, conscience qu'elle risquerait d'amoindrir leur force d'impact si elle n'agissait pas ainsi. Ils formaient une très bonne équipe, et allaient aujourd'hui mettre à l'épreuve leur capacité à continuer d'avancer et d'agir en symbiose sans pour autant forcément être l'un tout près de l'autre. Une grande première, certes, mais il faut bien un début à tout, n'est-ce pas ?

En tout cas, l'entendre l'appeler Starfire la laissait quand même un peu toute chose. C'était très étrange, à la fois étranger, et tout à fait intime. Mais encore une fois, elle devait mettre ses émotions de côté, ou plutôt les utiliser pour alimenter ses capacités et faire ce qu'il fallait. C'est à dire ne pas se déconcentrer, rester alerte et prête à dégommer tous ceux qui serviraient les intérêts de Vandal. En tout cas, l'avantage certain, c'était que personne ne faisait attention à elle. Un peu comme cette expression terrienne qui disait qu'on ne voyait pas l'éléphant au milieu de la pièce, parfois, tout ça parce qu'on était concentré sur quelque chose en particulier et qu'on ne faisait plus attention au reste. La jeune femme savait que c'était une force, un avantage qu'elle devrait savoir utiliser, et qu'elle espérait grandement pouvoir dégainer de sa manche. C'est quand il est trop tard que certaines menaces s'abattent sur vous, et ça, elle était bien placée pour le savoir. Sans parler du fait que cela ressemblait fort au principe de la grenouille dans l'eau chaude. Laissez l'eau bouillir et le batracien perdra la vie. Balancez la grenouille dans l'eau chaude, et elle bondira derechef ! Cependant, encore une fois, elle restait attentive, non sans plisser les yeux en apercevant une femme rejoindre la position derrière laquelle Dick s'était plus ou moins retranché.

« Richard ... » Y aurait-il de la jalousie dans l'air, pour qu'elle utilise son prénom complet ? Non, plutôt de la possessivité, couplée à un certain soupçon d'anxiété due au contexte environnant. « Sur quelle menace dois-je me concentrer et tirer ? Il en vient un peu de partout ... »

Actions et placements de Kory:

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, dort. L'imprévu, c'était ... L'imprévu, par définition, c'était justement l'imprévu. Et ça, Koriand'r ne l'ignorait pas. Et ce même si son ultra réactivité s'était sans doute un peu estompée depuis son arrivée sur Terre, ou plutôt depuis que Dick lui avait offert un toit et que, depuis, ils avaient fondé un foyer, une famille. Depuis, voir le mal et la menace partout n'était pas exactement la chose à faire, même s'il fallait rester prudente. Sans parler du fait qu'avec deux enfants encore en bas-âge, l'imprévu arrive tous les jours, voire même toutes les heures. On prévoit une tenue du jour pour son fils et puis, à peine trois quart d'heure plus tard, patatra, il a renversé son biberon de chocolat sur lui après avoir voulu s'en servir comme d'un pistolet pour arroser les alentours ! Résultat, il faut le changer et faire du nettoyage, et le plus vite possible ! Mais pour rien au monde Kory ne renoncerait à tout ça. Les machines à laver et les nettoyeurs vapeur, ça existe, et puis, Dick et elle avaient des salaires suffisamment confortables pour que leurs deux enfants puissent chacun avoir une commode remplie de vêtements ! Sans parler du fait que ... Jamais, vraiment, elle n'aurait pensé fonder une famille en crashant son vaisseau sur la surface terrienne. Pour elle, sans doute qu'à l'époque cette planète n'était qu'un point de passage, avant qu'elle ne se remette d'appoint et qu'elle puisse voler un autre vaisseau. Mais le destin en avait décidé autrement, et Dick était passé par là, ce qui avait bouleverser bien des choses. Même si, dans le fond, elle restait elle-même. Bien des choses avaient changé, par la force de l'adaptation et le besoin de survie, mais jamais son compagnon n'avait exigé d'elle qu'elle devienne du tout au tout quelqu'un d'autre. Jamais il n'avait exercé la moindre pression sur elle. Elle restait Koriand'r. Elle restait Tamaraneanne. Elle restait en mesure de botter des fesses tout en sachant désormais en essuyer d'autres. Et c'était sur cet équilibre là qu'elle devait s'appuyer à cet instant même. Parce qu'elle se battait pour que ses enfants aient un futur, entre autre. Et qu'elle était en mesure de déployer un arsenal d'opposition plutôt conséquent face à ceux qui voulaient les éradiquer et les écraser sous leur joug.

Souriant comme sourirait un enfant malade, il fait un somme. Nature, berce-le chaudement : il a froid. Jamais Kory n'avait encore jamais réellement croisé d'être comme celui-ci. Et jamais non plus une bête de ce genre ne lui avait foncé dedans à pleine puissance ! Et ce même si elle avait croisé de bien étranges créatures en s'enfuyant des serres démentes des Psions. Alors, évidemment, elle vola. Et pas dans le sens délibéré du terme. Elle vola parce que la force reçue ne rencontra pas l'opposition physique nécessaire, qui n'aurait jamais pu découler que d'une préparation et de la certitude qu'un choc allait survenir. Il restait encore des édifices debout, et l'un d'eux, bien malgré lui, servi d'amortisseur, bien qu'il s'effondra en partie sur leurs deux silhouettes. Mais visiblement, si elle était en mesure de se remettre du choc, lui aussi, ce qui ne la découragea en rien de le projeter loin d'elle de toutes ses forces, non sans sortir des décombres autour d'elle. Mais il est coriace, et il est déterminé, en plus d'être très hideux, bien que la beauté ne fasse pas tout et soit quelque chose de finalement potentiellement très superficielle, une façade, tout au plus, parfois. Alors, elle prépare déjà les grands moyens, en armant deux starbolts, une au creux de chacune de ses mains. Cependant, ce qui rend les choses moins évidentes, c'est d'entendre le cri de Dick, ce qui, pendant une fraction de seconde, la fait sortir de son combat et la glace quelque peu d'effroi. Détournant les yeux en sa direction, elle le voit affairer avec des hommes armés, de simples Terriens, sans doute. Il ne semble pas avoir besoin d'aide, et lui donne l'impression de bien se débrouiller seul, et puis, il y a l'autre affreux qui, en plus de vouloir sembler laisser fuser des borborygmes en sa direction, est toujours sur le pied de guerre pour lui régler son compte, l'empoignant par les épaules comme pour essayer de progressivement l'empêcher de bouger. Mais elle ne peut s'empêcher de jeter des coups d’œil furtifs en direction de Dick, et de repousser encore et encore l'énergumène qui revient ensuite bien vite à la charge. Et soudain, soudain ...

Les parfums ne font pas frissonner sa narine. Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine, tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. C'est l'horreur absolue, là, tout contre elle. Le corps de Dick est encore chaud, mais il est inerte, comme l'une des poupées de chiffons désarticulée de Mar'i. Il ne bouge pas, ne répond pas à ses suppliques, et son sang poisse progressivement leurs tenues à tous deux. On dirait qu'il dort ... Elle a violemment repoussé son assaillant pour qu'il dégage le passage, avant de foncer en direction du jeune homme, atterrissant sans sans ménagement à ses côtés en se râpant les genoux sur le bitume au passage. On dirait qu'il dort, et ... Son esprit qui a du mal à raisonner face à ce qu'il voit, et il fait des siennes. Bien que tout ceci soit trop vrai. Le souffle lui est coupé, elle a la tête qui tourne, et mal, mal au cœur, mal partout, comme si son corps ressentait soudainement tous les effets conjugués de ce début de combat. Il n'y a plus de bruit autour d'elle, alors qu'elle appose désespérément son oreille contre la cage thoracique de son homme. Ne rencontrant alors que le silence, là où, tant de fois, au creux de leur lit ou sur le canapé, elle a pu se laisser bercer parce que ce mélodieux rythme plus ou moins régulier. Elle entend alors un choc. C'est lui, l'affreux, qui est revenu et se dirige vers elle. Alors, elle se lève, persuadée qu'il vient lui dérober la dépouille de Dick. Elle se lève, emplie d'une fureur incommensurable, d'une peine immense. Elle a chaud, très chaud, alors que sa longue chevelure claque derrière elle, se consumant d'ores et déjà au niveau des pointes. Elle se pose comme un rempart devant Dick, et il est hors de question que quiconque le lui arrache, que quiconque ne le touche, lui. Ses mains la brûlent, encore et encore, se serrant en des poings fermes, jusqu'à ce que les oncles entament la chair. La folie lui fait perdre le sens commun des choses, à moins que ce ne soit la déraison qui s'empare d'elle. Toute sa force d'impact, toute cette absorption d'ultraviolets et d'énergie solaire convergèrent en un point central, au creux de ses deux poings. Et après avoir jeté un dernier regard vers Dick, elle se laisse perdre tout contrôle, la poussant à ouvrir les vannes, toutes les vannes. Il y a cette nanoseconde de silence, et puis, c'est le choc, alors qu'elle hurle à pleins poumons. Les débris explosent en poussière, fondent sous la chaleur. Les êtres les plus proches sont carbonisés sur place, à l'exception de l'être infâme, qui semble grièvement blessé, et très sonné, mais encore en vie. Les autres, soldats comme résistants, plus loin de la zone d'impact sont eux aussi éliminés du portrait sans finir en cendres, jusqu'au lieu de couverture pris par Dick quelques minutes plus tôt. Là même où il avait été rejoint ... Et Kory chute au sol, épuisée, et en larmes, la tête comme dans un étau alors qu'en fermant les yeux, elle revoit tant de choses, tant de flash. Elle se souvient, mais cela ne change rien, bien au contraire, à la douleur immense qui la tétanise. Dick a périt, et elle vient de mettre fin, sans ménagement, à la vie de Barbara, entre autres ...

Actions et placements de Kory: