Pourquoi serait-il seul à s'éclater à Gotham ? Parce que le Joker n'aime pas être doublé. Contrairement aux Justiciers qui ne font que s'allier, se tirer dans les pattes, se pourrir et parfois s'entre-aider, les criminels sont plus intelligents. Enfin, lui il l'est et ça ne fait aucun doute. Le clown prince du crime s'est fait une réputation. Il a grandi tout seul, sans que personne ne l'aide à arriver où il en est aujourd'hui. Il ne compte pas être relégué au second plan, à cause d'un petit nouveau qui viendrait foutre la merde dans les rues de sa ville, ou parce que la pègre décide de refaire parler d'elle, ni même si un nouveau psychopathe de l'espace décide de venir faire la teuf dans le coin.
Pourquoi le clown n'est pas comme les autres ? Parce qu'il rêve seulement de chaos et qu'il n'a aucun intérêt pour faire fortune. Lui, son trip, c'est la dynamite et l'essence. Ce qui ne coûte pas tellement cher au final. On le dira fou à lier, mais c'est seulement parce que sa façon de penser est différente de celle du commun des mortels. Le Joker est loin d'être un taré et il sait quand il faut s'allier, mais surtout avec qui le faire. Bouger ses pions de façon à toujours remporter la partie. Élaborer mille et un plans de secours. Rien de plus simple pour un génie comme lui. Ce qui le rend si redoutable. Mais cette fois, c'était plus une collaboration ponctuelle. Le Joker avait fait appel à l'Homme Mystère, sachant qu'il serait au rendez-vous car, tout comme lui, Nygma est un homme de parole. C'est aussi un cerveau aussi perfectionné que le sien, qui aime parler en énigme et faire des puzzles. Chose que le clown n'a jamais vraiment compris. Les puzzles et lui, ce n'est pas vraiment son truc. Il s'ennuierait très vite s'il devait rester devant une table pendant x temps, à rassembler entre elles, des petites pièces aux formes improbables.
Le message était à peine parti de son téléphone, que le retour ne s'était pas fait attendre. Le rendez-vous était alors posé. Le Joker voulait allait dans un endroit. D'ailleurs, on racontait des trucs sur des gens qui s'y étaient arrêtés. Il est de notoriété publique que le Stacked Deck est un night-club malfamé. Certainement l'un des pires endroits existants à Gotham City. Mais au moins, là-bas, les gens ne s'enfuiront pas en courant, et n'appelleront pas la police, dés qu'ils apercevront le clown. Ce qui ne veut pas dire que le Joker sera accueilli à bras ouverts. Il a de potentiels alliés, mais également beaucoup d'ennemis qui veulent sa peau. Là-bas, il va s'en dire qu'ils seront scrutés au moindre mouvement. Mais ça lui est égal. S'il se souciait des autres, ça se saurait. On ne sait pas vraiment à quoi il pense, ni même s'il pense. Pour le Joker ? C'était pas tellement la pensée qui comptait de toute façon, mais les actes. Et il fait généralement tout par lui-même. On est jamais mieux servi que par soi-même.
La pluie dégoulinait le long de sa grande veste violette. Il faisait un temps hideux en cette soirée. A chacun de ses pas, quelques gouttes éclaboussaient son passage. On les entendait arriver de loin les gaillards qui se pressaient pour se mettre à l'abri. Le clown se fichait pas mal d'être mouillé. En plus, il devait avoir fait une sacrée affaire en piquant tout le maquillage qu'Harley avait laissé chez lui. C'est sûrement du waterproof, puisqu'il n'y avait, encore, aucune dégoulinade blanchâtre sur ses manches, ni même sur sa chemise verte. Une maigre satisfaction, mais une satisfaction tout de même. Quand le Stacked Deck fut dans son champ de vision, quelques personnes attendaient devant l'entrée. Le Joker n'eut pas à faire la queue, passant devant les autres. Le gorille faisant office de videur était un vieil ami, enfin façon de parler.
« Comment ça va camarade, ça fait un sacré bout de temps qu'on ne s'est vu. »
Killer Croc n'était jamais vraiment heureux de le voir, mais il ne s'était jamais décidé par lui faire la peau. Pourtant, il pourrait n'en faire qu'une bouchée du clown, mais il sait que le Joker est respecté ou craint – choisis ton camp l'ami – dans tout dans le coin. L'avoir dans la poche, bien que ça ne soit techniquement pas possible parce qu'il est imprévisible, c'est mieux que de s'en faire un ennemi juré. Il y a toujours moyen de négocier avec le Joker et de gagner une petite partie du gâteau. Il n'est pas si égoïste qu'on le dit, il faut juste savoir le prendre. Savoir le comprendre surtout. Peu y parviennent avec exactitude. Même Harley s'est brûlée les ailes en cherchant à percer le mystère. Personne ne peut parvenir à comprendre les humeurs instables du Joker, sa grande brutalité, ses inexplicables poussées de gentillesse, ses brefs instants de lucidité et enfin, les raisons de son obsession pour Batman. Beaucoup s'imaginent qu'il n'y aurait pas de Joker sans Batman. Connerie. Il y aura toujours un Joker, parce qu'il n'existe aucun remède pour lui. Aucun. Seulement Batman. C'est sans doute l'une des raisons qui poussent les criminels à lui porter ce respect. Il est le seul qui ne fuit pas devant l'homme chauve-souris.
Il traversa déjà la pièce, donnant l'impression de ne pas faire attention à ceux qui le scrutaient. Mais ce n'était qu'une simple impression, car le clown restait sur ses gardes à chaque instant. Les innombrables armes qu'il porte sur lui, pouvaient bien ne pas être visibles pour les gens de l'extérieur, mais elles étaient bien présentes et prêtes à être utilisées. Il se dégota une table dans le fond et s'installa en prenant soin d'avoir le mur dans son dos. C'est toujours mieux qu'une salle entièrement remplie de potentiels ennemis ou une vitrine avec vue directe sur les petits brigands qui se baladent dans la rue. Une jeune femme à la chevelure blonde, avec quelques mèches rosées et bleutées, fut la seule personne du night-club a s'approcher de lui, pour prendre sa commande. Il s'agissait de Duela Dent, une demoiselle forte intéressante qui le prend pour modèle. Et ça lui va à lui.
« Ah Duela, ma jolie. Sers-moi donc un Whisky. Je suis d'humeur à boire un bon Whisky ce soir. Prends-en un pour toi aussi, c'est mon invité qui invite. »
Et lorsque l'on parle de l'invité mystère, en voilà la frimousse. The Riddler arrivait dans sa direction, prenant place en face de lui. La table était assez petite. Juste suffisante pour deux chaises, prouvant que l'un comme l'autre, ils n'avaient pas prévu de se doubler en ramener l'artillerie lourde.
« Edward !! Balança-t-il d'un air faussement joyeux. Je suis ravi de te revoir. »
[color=#000000] La justice n'a jamais tellement inquiété notre cher Monsieur Mystère. Il les connaît de l'intérieur ces gens-là. Il y a bossé là-bas et sait comment ils fonctionnent tous, ou au moins une partie. Et Edward a toujours un train d'avance sur eux. Il aime les faire tourner en bourrique, les voir se vautrer dans ses énigmes et autres puzzles ou labyrinthes. Il adore se moquer d'eux en laissant quelques petits indices sur son passage. A la rigueur, le seul capable de le doubler, quand il a sûrement prit sa dose de vitamines journalières et s'est fait moult cheveux blancs sous son masque de chauve-souris, c'est le Batman. Il est plus intelligent que les criminels veulent l'admettre. Mais Nygma n'est pas un menteur, il n'a pas peur de reconnaître qu'il s'agit-là de son plus précieux adversaire. Le seul avec qui il a envie de s'amuser. Les autres sont aussi bêtes qu'un manche à balai.
Parmi les criminels, il va sans dire qu'il y en a un autre qui est doué pour duper son monde, c'est le Joker. Et c'est bien l'une des rares personnes dont le Riddler se méfie. Parce que beaucoup le disent fou, mais le clown est loin de l'être. L'homme mystère l'a très vite remarqué. C'est la parfaite Némésis du Batman. C'est pourquoi quand le prince du crime de Gotham City, lui demande de le rejoindre, Edward prévoit déjà de rester sur ses gardes. Il a une dette envers le Joker. Une dette aussi vieille que le monde, mais Nygma est un homme de parole et il paye toujours ce qu'il doit. De plus, il n'a pas tellement envie d'avoir le gang du clown à dos, il s'est déjà mit tellement de fois dans le pétrin dernièrement, que s'il pouvait éviter d'allonger sa liste d'ennemis, autant le faire. C'est naturellement seul qu'il avait fait le déplacement jusqu'au Stacked Deck à Otisburg, au Nord de Gotham. Un quartier peu fréquenté par la police et où le Joker y règne pratiquement en maître. En entrant, il ne tarda pas à repérer le clown et sur son passage, il salua la jeune Duela Dent, qu'il a parfois pris sous son aile. Il tira la chaise en face de l'autre criminel et se laissa tomber dessus.
« Je prendrais la même s'il te plaît. »
Son regard scruta le visage coloré de son parfois allié. L'accueil qui lui avait réservé, sonnait vraiment faux, mais ce n'était pas nouveau et Nygma s'en fichait un peu ceci dit. Il n'était pas là pour faire des courbettes, mais pour parler affaire. Mais chassez le naturel et il revient vite au galop.
« Quand le monde entier est contre toi, quel est le meilleur endroit où te réfugier ? »
Comprendra-t-il que cette fois, s'il veut que l'Homme Mystère lui prête mains fortes, il ne faut pas s'attendre à avoir toute une armée derrière lui ? Edward s'est mit dans le pétrin et ses alliés l'ont lâché d'une façon qui lui reste en travers de la gorge. Il a beau toujours œuvré en solitaire, cette fois, bons comme mauvais, tout le monde semble en avoir après lui. Ce n'est pas comme s'il ne l'avait pas cherché non plus. Il est difficile de dire dans quel camp il se trouve exactement. La violence et le meurtre le répugnent, mais ses agissements ne sont clairement pas dénués d'intérêts pour se remplir ses poches à lui.
« Mmh...j'ai une dette envers toi et je paye toujours ce que je dois. Mais cette fois-ci, si tu t'imagines que je peux t'apporter nombre de paires de bras pour ton futur plan, tu te trompes. Je n'ai personne sous la main. Je les ai plus à dos que dans la poche même...Alors, cesse de me faire perdre mon temps et va droit au but. »
Duela lui rapporta sa commande, lui annonçant également qu'il devait payer celle du Joker et le verre qu'elle sirotait quelques instants plus tôt. Le contraire l'aurait étonné, mais ce n'est pas un problème, il n'est pas non plus fauché comme les blés. En portant sa consommation à ses lèvres, il esquissa discrètement une grimace lorsque le liquide lui brûla la gorge et laissa un goût acre dans sa bouche. Ce n'était pas sa boisson préférée, mais il n'allait pas se ridiculiser en commandant un lait fraise. Il boira sa boisson d'homme, comme un homme, même s'il y mettra sûrement un temps considérable. Reposant le verre sur la table, ses coudes suivant ce même rythme et son menton se retrouvant entre ses mains, son regard plongea dans celui de son vis-à-vis.
« Pour ne rien te cacher, mon ardoise va s'allonger. J'ai besoin que tu me rendes un petit service aussi. »
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