(DOLLF◇CE) ~ I will not kill cheerleader

« Oncle Justin ? » A genoux, entouré de deux hommes au visage plein de colère. Leur arme de service à la main, pointée vers lui. Si elle ne le comprend, elle peut quand même sentir dans leur posture, leurs gestes, leur regard, toute la haine qu'ils éprouvent pour cet homme qu'elle idéalise, qui n'est rien de moins qu'un héros à ses yeux. « Tout va bien, Hope. Retourne dans ton lit. » Pourtant elle ne bouge pas. Pour la première fois au cours de son existence, elle désobéit à un ordre de son oncle. Elle reste immobile, le regard fixé sur lui. Sur les marques infligées par les matraques des ennemis. Qu'importe s'il s'énerve, s'il lui gronde dessus, s'il la menace de châtiments. Elle ne voit plus que cet homme héroïque à genoux, torturé par des soldats du Mal. Par des monstres cachés sous les traits d’êtres humains. « Je me rend. » Ce seront les derniers mots prononcés par Justin Clarke, avant que son regard ne quitte sa nièce pour ne plus jamais s'y poser. Elle sent à peine l’un des policiers l'attraper par le bras, la tirer en arrière, alors que ses prunelles refusent de se détourner de la scène. Son oncle se faisant relever sans aucune délicatesse par les deux hommes, se faisant traîner jusqu'à la sortie. Le policier qui continue de fermement la maintenir par le bras, tandis qu'elle se débat autant qu'elle le peut pour échapper à cette poigne qu'elle ne comprend pas. Ces hommes tentent d'enlever son oncle, le seul homme de sa vie et ils pensent pouvoir l’emmener comme ça, sans qu’elle ne tente rien pour les en n’empêcher. Le policier se contente de l'immobiliser, de l'empêcher de – le croit-elle dans sa naïveté – le sauver des méchants. Cet homme lâche, traître, complice des méchants. Qui continue de la bloquer, qui résiste aux ongles de la gamine s'enfonçant dans sa peau, à ses coups contre sa poitrine pour se défaire de son emprise. Jusqu'à ce qu'elle y parvienne finalement, pour se ruer vers son oncle avant qu'il ne puisse l'attraper à nouveau. Et elle s'accroche à la manche de son oncle, s'y raccroche comme s'il s'agissait de sa propre vie. Puisque tel est le cas. Comment pourrait-elle grandir sans lui ? Comment pourrait-elle apprendre sans lui ? Comment pourrait-elle tout simplement survivre sans lui ? « Laissez-le ! » Elle tente de le retenir par la manche de sa chemise. Elle tente, de toutes ses forces, de l'empêcher de suivre les hommes. Sans succès, pauvre petite chose qu'elle est, traînée par les pas d'un oncle qui refuse obstinément de se tourner vers elle. Elle l'implore de rester, de ne pas l'abandonner, de tourner le regard dans sa direction. Les larmes ruissellent le long de ses joues, lorsqu'elle est arrachée de force par la poigne de l'homme. Cet inconnu venu lui dérober son père, son maître, son Dieu. « Tenez votre nièce tranquille, ou nous le ferons. » Une menace à peine masquée, qu'elle n'entend pourtant pas, qu'elle ne comprend pourtant pas. Les yeux inondés de larmes, elle se contente de rester immobile, les bras ballants le long du corps, le regard vide, tandis qu'ils passent le pas de la porte. Il ne la regarde toujours pas, il reste sourd à sa détresse. Que verrait-elle sur le visage de cet homme qui, lui, comprend qu'il s'agit là sans doute de ses derniers instants d'être humain ? Qu'il finira, un jour ou l'autre, par subir la peine de mort par injection létale, pour toutes les atrocités commises. Pourrait-elle y apercevoir de la peine, du regret ? De la peur ? Rien de tout ça ne l'importe. Elle veut simplement revoir ce visage qui a toujours su, malgré ou grâce à sa dureté, la réconforter, la sécuriser, la faire rêver d'un monde meilleur. D'un monde sans corruption, sans êtres-indignes venus lui voler sa petite magie si précieuse. Venus détruire tous ses rêves de fillette naïve, venus souiller cette bulle qu'elle imagine être le monde. « Oncle Justin... » Ses derniers mots, avant qu'elle ne s'effondre sur le sol du couloir, cédant pour la première fois depuis sa naissance au torrent de larmes qui se déverse de ses mirettes. Ne pleure pas, Hope. Pleurer est un signe de faiblesse lui disait-il souvent, stoppant immédiatement ses premiers larmoiements. Pourtant, aujourd'hui, alors que ces deux hommes lui arrachent le seul point d'accroche de son existence, le seul bouclier contre toute la misère, toute la haine du monde, elle succombe à cette faiblesse. Elle l'invite même à pénétrer son cœur et toute son âme, alors que les hommes disparaissent, emmenant son ange avec eux.

« Suivante ! » Ordonne cette fille à la blondeur et au sourire hautain, devant une Hope médusée qui ne comprend absolument pas ce qui se passe. Elle ne comprend pas pourquoi elle fait appeler la suivante, alors qu'elle ne leur a pas montrer sa chorégraphie qu'elle a mis des mois à travailler. « Comment ça suivante ? Je n'ai même pas encore montrée ce que je vaux. » Elle outrée. Ce qui n'empêche pas les garces de rire aux éclats devant sa consternation. Leurs regards et leurs rires amusés sont comme de millions coups de couteaux perforant sa chair. Ils sont insupportables, insoutenables. À tel point qu'elle souhaiterait leur crever les yeux et leur coudre la bouche pour ne plus avoir à les supporter. Finalement lorsqu'elles arrêtent de rire, la blonde, la chef du groupe sans aucun doute se lève de son siège avant de se diriger vers Hope. Les deux demoiselles se toisent du regard, aucune ne lâche l'autre du regard. « Ton physique ne correspond pas à ce que je recherche. Reviens quand tu auras perdu 20 kilos. » Elle lui sortait ça comme ça, comme si c'était quelque chose qu'on pouvait sortir de cette façon. Hope ne comprenait pas cette façon de penser. Elle se trouvait bien comme elle était, son corps était mince et élancée. Alors pourquoi lui disait-elle de perdre encore 20 kilos. C'est en les regardant d'un peu plus près qu'elle comprit où elle voulait en venir. Ces filles étaient des squelettes ambulants, elles faisaient presque peur, pas étonnant qu'elles ne souhaitaient pas qu'Hope fasse partie du groupe. À côté d'elle, la jeune femme ferait tâche. A ses mots, la blonde sourire aux lèvres tourna le dos à Hope. Grossière erreur. Furieuse, la jeune lui sauta dessus, la faisant tomber au sol. Elle lui fracassa la tête contre le sol, lui arrachant quelques cheveux au passage. Les autres filles voyant leur leader se faire massacrer, se levèrent et l'aidèrent à s’extraire de la folle furieuse. L'une d'elle utilisa sa bombe lacrymogène. Les yeux rouges et larmoyants, Hope se releva difficilement et prit le chemin de la sortie. « Vous allez le regretter. Toutes ! » A t'-elle hurler avant de disparaître de leur vue. Elle aurait pu simplement rejoindre une autre troupe et les ridiculiser lors d'un concours de danse, mais ça n'était pas assez cher payé pour Hope. Elle voulait les voir souffrir, littéralement. Comme elle voulait voir souffrir ceux qui lui avaient enlevé son oncle quand elle était enfant. Ce fût la goutte de trop, plus qu'elle ne pouvait supporter. Une lame de 25 centimètres en main, elle attendit que la nuit tombe pour frapper. Elle avait fait des recherches sur ces filles et savait où elle vivait et quelles rues elles empruntaient pour rentrer chez elle. Et pour chacune d'elle, elle exécutait le même mode opératoire. Elle les attendait au détour d'une ruelle et leur tranchée la gorge, les regardant se vider de leur sang. Ces dix meurtres perpétrées à deux jours d'intervalle chacun inquiétèrent les forces de l'ordre et ouvrirent une enquête. Même Batman fût mis sur le coup, pour tenter d’attraper l’assassin de ces cheerleaders. Les seuls indices étaient une marque de rouge à lèvres sur la joue des victimes et le fil doré qui avait servi à leur coudre la bouche et les yeux. Ce n'est que cinq mois plus tard qu'elle fût appréhendée, alors qu'elle tentait de reproduire le même schéma avec ces précédentes victimes. Elle pût échapper aux forces de l'ordres, mais pas à Batman. Une camisole sur le dos, c'est à Arkham qu'il la balança.

Hope s'ennuie, car le Joker est parti. Il s'est évadé d'Arkham grâce à la psychologue Quinzel. Il aura donc fini par la rendre folle amoureuse de lui. La blonde n'est pas la seule à être tombée sous le charme du monstre au sourire clownesque. La criminelle aux cheveux de jais n'a pas su rester elle aussi résister à la folie de l’homme aux cheveux verts. Comment ne pas succomber à la folie du prince du crime ? Impossible. Mais voilà. C'est elle qu'il a emmené et pas elle. Et ça Hope ne comprend pas. C'est elle qui devrait être dehors et semer le chaos dans Gotham à ses côtés et non pas à subir les séances électrochocs perpétuels. C'est tout vue, elle sortira d'ici ce soir et ira rejoindre son roi. Ça fait longtemps que l'un des gardiens lorgne sur elle, alors il est temps de lui donner ce qu'il désire. Et le soir lorsque l’intéressé arrive pour faire sa garde de nuit, elle attend. Attend qu'il passe devant sa cellule pour miauler son nom à travers la porte capitonné. Ce dernier entre à l'intérieur et découvre le corps nu de cette femme qu'il a tant désiré. Son sens du professionnalisme lui dirait de reculer, d'oublier tout de suite de sauter tête la première dans la gueule du loup, mais il a attendu si longtemps de pouvoir assouvir ce désir interdit qu'il n'a pas su résister à la tentation. Il a refermé la cellule, scellant à l'instant sa propre perte, son arrêt de mort. Hope l'a laissé faire ce qu'il devait faire, s'imaginant déjà à l'air libre, semant la terreur, la désolation et la mort au côté du Joker. Une fois son affaire faite, le garde était sur le point de partir lorsque la criminelle l'arrêta dans son élan. « Une seconde mon mignon. Tu as eu ce que tu voulais maintenant, c'est à toi de faire quelque chose pour moi. » Il arqua un sourcil, l'air perplexe. « Quelle genre de chose ? » demanda-il, regrettant déjà d'avoir posé la question. Alors que la jeune femme en face de lui se mit à sourire. « Aide-moi à m'évader, ce soir. » Il se mit à rire, alors qu’il finissait de se rhabiller et d’ajuster sa ceinture. « C'est ça pour que je perde mon boulot et que je me retrouve en taule, plutôt crever. » Elle se mit à sourire, alors qu'il commençait à lui tourner le dos pour faire demi-tour. « Comme tu voudras. » Soudain, le cliquetis significatif d'une arme qu'on charge fit écho aux oreilles du garde, cet imbécile n'avait pas remarqué qu'il n'avait plus son arme de service et que la garce avait réussi à la lui chiper sans qu'il s'en aperçoive. Il leva les mains au ciel, alors que la folle le mettait en joug, prête à tirer aux moindres gestes brusques. « Et maintenant ? » le questionne-elle sourire aux lèvres. « C'est d'accord, je vais t'aider à sortir d'ici. » Et lorsqu’elle sentit le vent sur son visage de porcelaine, un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres. Le garde regarda à droite, puis à gauche, espérant que personne ne l'avait vu, que personne n'avait encore remarqué l’absence de la jeune femme et que l'alerte ne serait pas donnée en son absence. « C'est bon tu as eu ce que tu voulais, maintenant rend-moi mon arme. » La jeune femme le regarda et lui sourit. « À ta guise ! » Et sans crier gare, elle lui tira dessus à bout portant à dix reprises. Elle le regarda baigner dans son sang, avant de lui lancer l'arme au visage. « Je t'en prie. » dit-elle, avant de partir, quittant la scène de crime avant que quelqu'un remarque qu’elle n’était plus dans sa cellule. Elle était libre. Enfin elle allait pouvoir rejoindre le gang du Joker, mais avant elle devait se changer et prendre quelques affaires. Elle retourna à l’immeuble miteux où elle vivait- là où elle avait laissé son appartement, plein de poussière et de moisissures. Elle quitta la guenille de la prison pour enfiler sa robe à corset couleur noir et rouge, ainsi qu'une paire de chaussures montantes pour recouvrir ses pieds sales et nus. Elle maquilla son visage de poudre blanche, dessinant le contour de ses yeux en noir, ses lèvres et le bout de son nez en rouge. Enfin transformé elle n'était plus Hope Clarke, la jeune gymnaste qui rêvait de devenir cheerleader. Cette fille était bel et bien morte. A présent on devait l’appeler par son nouveau patronyme : Dollface, la poupée tâchée de sang et future membre du Gang du Joker.

À présent membre du gang du Joker, la demoiselle a dû faire ses preuves et se montrer digne de faire partie d'une telle élite, mais le patron a bien vu que la criminelle en voulait et qu'elle avait assez de folie et de cruauté en elle pour supporter toutes les horreurs que le Joker lui demanderait d'accomplir. Et puis, la maladie rare de la jeune femme a dû être un atout majeur pour elle, le fait qu'elle ne puisse ressentir la douleur en a fait une alliée de choix pour le baron du crime et ça Hope le sait. D'ailleurs, elle ne veut plus qu'on l'appelle comme ça. Il n'y a que le Joker qui a le droit de la nommer ainsi. Et pourtant cette pimbêche, cette idiote d'Harley le fait quand même, comme la poupée de porcelaine peut la haïr. Si seulement elle se faisait tue ou prenait une balle perdue ça arrangerait bien ses affaires. Et comme si ça ne suffisait pas de devoir supporter la présence de Quinn, elle devait aussi supporter de la voir fréquenter deux autres femmes. Pourquoi va-elle voir ailleurs alors qu'elle accompagne le plus grand criminel de tous les temps ? Elle ne conçoit pas qu'elle puisse le trahir aussi impunément. Elle devrait être contente et la pousser à rejoindre définitivement les deux autres idiotes, mais elle ne peut s'empêcher de se dire que même si elle déteste Harley,
que même si elle ne peut pas la voir en peinture, elle reste un élément clé de la bande. Hope a beau être forte. Elle ne le sera jamais autant qu'Harley et c'est bien ça qui l'énerve au plus haut point. Si seulement elle avait été le seul problème à gérer. Il y a un an, jour pour jour, Darkseid à fait son apparition. Un extra-terrestre dont le but n'était pas de contrôler l'univers, mais sa destruction et sa reconstruction selon ses propres désirs. Il arriva sur Terre pour anéantir tout ce qu’il touchait. Hope, folle mais pas suicidaire n'a rien tenté pour l'en empêcher. Pourquoi l'aurait-elle fait ? Elle ne faisait pas partie des héros, ça n'était pas son boulot. Et puis, même si elle ne ressent pas la douleur, pourquoi irait-elle risquer sa peau pour sauver des millions d'autres dont elle se fichait royalement ? Elle attendit bien sagement que la Ligue des Justiciers s’occupe de renvoyer le petit bonhomme vert chez lui pour retourner bien gentiment à sa vie de criminelle. Et puis, il ne faut pas oublier le Syndicat du Crime. Alors eux, comment dire. C'est assez spécial, ce sont les homologues vilains en beaucoup mieux de tous les héros existants. Ce fût le chaos le plus total et une fois n’est pas coutume, c’est la Ligue des Justiciers qui a vaincu. Beaucoup de morts pour pas grand-chose, mais Hope n’y pense pas. Tout ce qui l’intéresse c’est de prendre la place d’Harley dans le cœur du Joker, mais pas que. Elle pense à son oncle Justin aussi. Elle compte le libérer de prison. Ça fait trop longtemps que ce dernier attend dans le couloir de la mort et Hope ne peut pas le laisser l’abandonner une seconde fois et dernière fois.

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