Black Canary ✦ Break the Silence

Commençons par le commencement... pas très original, je sais, mais un bon classique en matière d'introduction. La justice, j'ai littéralement ça qui coule dans mes veines et ce depuis ma naissance. Mon père, l'extraordinaire Larry Lance était inspecteur de police dans la belle et grande ville de Star City. Tandis que ma mère, la sublime Dinah Drake, jouait déjà les justicières  au coeur de la nuit en tant que Black Canary, première du nom. Bien sûr, durant la grande majorité de mon enfance, je ne fus au courant de rien. Je savais uniquement que mon père protéger les faibles et les innocents sous le seau de son insigne et que ma mère était une jolie et douce fleuriste qui sentait toujours très bon. Tout Star City connaissait l'existence de Black Canary et à l'école, beaucoup de mes camarades la dessinaient grâce à la description qui en était faite dans les journaux de la ville. Pour certains, elle était bien réelle, pour d'autres, il s'agissait juste d'une chimère visant à effrayer les criminels. Moi je m'en fichais un peu à vrai dire, seul mon père avait grâce à mes yeux. J'étais tellement fière de ses exploits et je ne rêvais que d'une seule chose, moi aussi un jour brandir une insigne devant les criminels de cette ville. Et puis, lorsque je tombais nez à nez avec mon père entrain d'embrasser Black Canary dans notre salon, alors que je m'étais discrètement levée en pleine nuit pour aller reprendre une part de mon gâteau d'anniversaire, j'ai vite compris. Non seulement Black Canary existait, mais en plus, il s'agissait de ma propre mère. Dans un premier temps, je lui en voulus énormément de ne pas avoir partagé ce secret avec moi mais la colère laissa vite place à l'admiration et à la fierté. Car dès lors que j'appris sa double identité, elle se mit à tout partager avec moi. Ses secrets de justicière, ses astuces, ses gadgets, ses erreurs, ses défaites, ses victoires, ses réussites. Plus besoin de me lire de contes ou de me mettre devant la télé, j'avais deux véritables héros dans ma propre demeures. Et les récits de leurs aventures valaient tous les meilleurs livres d'aventure du monde. J'étais fière, tellement fière, et encore aujourd'hui, j'admire tout ce que mes deux parents ont accomplis.

Mais quand je leur confiais vouloir marcher sur leurs pas et devenir moi aussi une justicière pour lutter, comme eux, contre le crime, ce fut une toute autre histoire. Certes ils appréciaient que je les admire et que je sois fière d'eux, mais ils ne voulaient absolument pas que je prenne les mêmes risques qu'eux. Ma mère rêvait de me voir reprendre son magasin de fleurs tandis que mon père rêvait de me voir devenir avocate, en sécurité derrière un bureau. Il s'agissait pour lui du meilleur compromis possible afin que je puisse moi aussi apporter ma pièce à l'édifice sans prendre de risques. Mais ni l'une ni l'autre de ces deux voies ne me séduisaient. Je voulais être moi aussi inspecteur de police le jour et justicière la nuit. Il m'arrivait d'ailleurs souvent de piquer discrètement la panoplie de ma mère pour jouer à Black Canary dans ma chambre ou dans le salon en leur absence. Mais très vite, je dus abandonner mes rêves de grandeur. Non pas parce que mes parents avaient réussi à me convaincre de me ranger dans une voie plus sûre, ou parce que je m'étais découverte une nouvelle vocation, non. Ce qui me fit changer d'avis fut bien plus dramatique. Un des nombreux ennemis de ma mère avait découvert sa véritable identité et avait donc décidé de s'en prendre à moi pour l'atteindre. Il m'avait tout simplement kidnappé à la sortie de l'école avant de réclamer la reddition de ma mère en échange de ma vie sauve. Bien évidemment ma mère avait accepté sans même réfléchir et puisque ma vie était en danger, elle avait demandé à mon père, fait extrêmement rare, de l'épauler dans cette mission. La consigne était simple, ils étaient tous les deux d'accord, Dinah avant tout. Si j'avais eu mon mot à dire, croyez moi que ça ne se serait pas passé comme ça. Mais je n'avais pas mon mot à dire. La suite des évènements s'est enchainée à une vitesse folle et tout s'est retrouvé hors de contrôle. Aujourd'hui encore, toute une partie de cette nuit cauchemardesque reste floue. Tout ce dont je me souviens c'est d'être attachée à une chaise, les mains ligotées derrière le dos, un énorme scotch sur la bouche et une arme braquée sur ma tempe. Puis ma mère est arrivée, plus déterminée que jamais sous le masque de Black Canary. Et tandis qu'elle se battait contre les hommes de main de mon ravisseur, évitant les balles de ce dernier, mon père lui sauvait la vie en assommant mon kidnappeur avant de me libérer et de me conduire en sécurité à l'extérieur. Il avait suivi la consigne, Dinah avant tout. Mais lorsqu'une fois à l'extérieur de l'entrepôt, où j'avais été séquestrée, et où ma mère était encore entrain de livrer bataille, explosa, mon cœur se brisa.


La douleur, cette douleur je m'en souviendrai toute ma vie, était insupportable. Je hurlais de toutes mes forces et déclenchais pour la première fois mon légendaire Cri du Canari. Jamais je n'avais imaginé posséder un tel pouvoir, mon père et moi le découvrîmes à nos dépens. Je ne contrôlais absolument rien, ni le débit, ni la puissance de mon cri. Je ne parvenais même pas à l'arrêter. Mais quand ce fut enfin le cas, quand le silence de la nuit reprit ses droits, il ne me restait plus que mes yeux pour pleurer. Mon père n'avais pas survécu à l'intensité de mon cri. Un accident me martèlera inlassablement ma mère toute ma vie. Contre toute attente, elle, elle avait survécu après avoir sauté dans la rivière qui longeait l'entrepôt, avant que l'explosion ne se produise. Jamais elle n'avait montré envers moi un seul signe de colère ou de rancœur. Elle ne m'en voulait pas et n'avais de cesse de me répéter qu'il s'agissait d'un tragique accident. Mais dans le cœur d'une petite fille de douze ans, ces mots n'avaient aucun impacte. J'avais tué l'homme que j'admirais le plus au monde, l'homme que j'aimais le plus au monde, et rien ni personne ne semblait en capacité d'atténuer ma douleur ou ma culpabilité. Les funérailles de mon père furent une véritable épreuve. Je ne pouvais pas les manquer mais en même temps je ne méritais pas d'y être, du moins c'était ce que je ressentais. Je m'y étais donc rendue avec ma mère mais avais évité toutes les personnes présentes. Je ne parlais pas et rejetais quiconque tentait de me consoler ou de me présenter ses condoléances. Non seulement parce que je n'avais absolument pas envie de partager ma douleur avec qui que ce soit, mais aussi car je ne méritais pas tant d'égard. Et puis j'avais peur de déclencher à nouveau ce terrible cri, je n'osais plus ouvrir la bouche depuis cette terrible nuit. Quand soudain, au milieu de la foule, de tous ces policiers, de tous ces visages familiers, un visage pourtant inconnu sortit du lot. Pour la première fois depuis le début de cette pénible journée j'avais perçu une véritable sincérité dans son regard, un véritable sentiment de compassion. Je ne savais pas encore pourquoi mais je sentais que cette personne me comprenait réellement. Elle fut la seule à qui j'adressais la parole ce jour là, la seule à me donner le courage de relever la tête, elle s’appelait Barbara Gordon.

Après ce terrible traumatisme, j'abandonnais tous mes rêves de reprendre un jour le flambeau de mes parents. Ma mère rangea définitivement son costume de Black Canary pour se consacrer uniquement à son métier de fleuriste, et nous reprîmes une vie des plus normales, enfin... un mystère restait tout de même à résoudre, d'où me venait ce cri? Ma mère contacta plusieurs de ses amis et collègues, experts dans ce domaine et le couperet tomba. Il s'agissait d'un métagène, totalement indépendant de mes deux parents, un pur hasard. Cela me prit de longues années pour l'accepter, pour l’assimiler et l'apprivoiser mais grâce aux alliés de ma mère, je parvins finalement à le contrôler. Je le devais, pour mon père, pour moi même et pour tous ceux que j'allais croiser à l'avenir. Je ne pouvais pas rester indéfiniment muette, une bombe à retardement prête à exploser et à détruire d'autres vies sur son passage. Je me devais de surmonter mes propres angoisses pour protéger les autres. Ces entrainements successifs aux côté de grands justiciers et méta-humains, me redonnèrent considérablement confiance en moi. Mieux encore, cela me redonna le désir de devenir justicière un jour et d'honorer la mémoire de mon père en combattant à mon tour le crime. Mais le grand tournant décisif de ma carrière fut assurément la rencontre avec Theodore Grand alias Wildcat. J'avais à peine dix neuf ans et c'est grâce à lui que j'ai su que j'étais à la hauteur de mon rêve. Il m'enseigna, avec une patience et une dextérité exemplaires, les arts martiaux et fit de moi une arme redoutable au corps à corps. C'est lui qui a véritablement façonné la Black Canary que j'allais devenir et c'est à ses côtés que j'ai fait mes premiers pas en tant que véritable justicière. Black Canary, deuxième du nom, était née.

En parallèle, et comme cela avait été convenu avec ma mère, je poursuivais mes études afin de m'assurer un avenir avec un véritable métier. Ce fut tout naturellement que je décidais de me tourner vers une école de police afin de suivre les traces de mon père. J'en étais tellement fière. Certains m'accueillir les bras ouverts, honorés de travailler avec la fille du légendaire Larry Lance, d'autres ne se firent pas prier pour crier au piston et me rendre la vie infernale. Ceux là, je les laissais de côté et ne leur donnais aucune importance. C'est également à cette époque que je rencontrais celui qui allait devenir mon ex-mari, Craig Windrow, puisque moins d'un an après nos noces, nous décidions déjà de divorcer. Un épisode peu glorieux, une belle erreur sur laquelle je n'ai pas du tout envie de m'étaler. Après cet épisode pitoyable et insignifiant de la courte liste de mes relations amoureuses, la vie semblait enfin vouloir me sourire. Je maitrisais parfaitement mon cri sonique que je décidais alors d'appeler le Cri du Canari, je sortais première de ma promo à l'école de police et démarrer ma carrière dans les forces de l'ordre sur les chapeaux de roue et en plus de cela, je commençais véritablement à me faire une bonne réputation en tant que Black Canary. Comme toujours, je me disais que cela ne pouvait pas durer et restais donc sur mes gardes, quitte à passer à côté de petits bonheurs simples. Mais ça, c'était un peu l'histoire de ma vie. A force de tout analyser, de toujours redouter le pire, on passe à côté de beaucoup de choses.

Mais durant les années qui suivirent, je n'eus pas vraiment le temps de m'en rendre compte. Et je ne parlais pas que de ma petite vie qui connut quelques modifications suite à l'ampleur qu'avait prit mon rôle en tant que Black Canary mais je parlais du monde entier. Des justiciers, des méta-humains et des criminels affluèrent de partout. Plus ou moins dangereux selon leurs pouvoirs ou leurs capacités. Celle qui m'avait le plus marqué à l'époque, je m'en souviens très bien, reste définitivement Wonder Woman. Une Amazone somptueuse, sans égale et tellement badass. Je l'admirais littéralement. Si on m'avait dit à l'époque qu'un jour je combattrai fièrement à ses côtés, je ne l'aurais jamais cru. Souvenir beaucoup moins agréable, la terrible attaque des Kryptoniens sur Métropolis... découvrir l'existence d'une vie extra-terrestre fut vraiment un sacré choc redistribuant toutes les cartes de la partie. Mais heureusement pour nous, tous les Kryptoniens n'aspiraient pas à nous anéantir et Superman nous redonna un peu d'espoir. Lui aussi je l'admire beaucoup et je ne saurais pas dire pourquoi mais je n'ai jamais cru aux accusations de ses détracteurs. Il y a cette aura de vrai héro qui émane de lui, j'ai une entière confiance en lui. Nous avons aussi découvert l'existence d'Atlantis et de son peuple les Atlantes! Incroyable, et pourtant... ils étaient bien là au fond des océans depuis toujours ou presque. Bref, de grosses figures sont apparues dans un laps de temps très réduit et beaucoup de choses ont changé dans le monde des justiciers.

Ma petite vie avait elle aussi subi quelques bouleversements à la même époque. Tout d'abord, j'ai quitté le SCPD afin de prendre mon envol et devenir détective à mon propre compte. Beaucoup plus simple niveau logistique, plus de liberté pour me consacrer aux activités de Black Canary et puis quelle classe de se la jouer vieux polar des années 50, j'adorais ça. J'ai également découvert que ma Barbara, avec qui je n'avais jamais perdu le contact, s'était elle aussi lancé dans une carrière de justicière sous le nom de Batgirl. Un choc, encore, mais j'étais tellement fier d'elle, j'étais heureuse de pouvoir enfin partager avec elle ma double vie et mon expérience en tant que Black Canary. Et puis, il y a eu cette douce et délicieuse parenthèse dans les bras de Tommy Merlyn. Cela faisait longtemps que je n'avais pas vécu une histoire comme celle-ci. D'ailleurs, je crois bien que c'était la première fois que je vivais une liaison aussi intense. D'abord amants occasionnels, nous avions fini par développer des sentiments, bien que je soupçonne que les miens étaient bien plus forts les siens. Mais je m'en fichais, je vivais cette passion sans me soucier de rien, j'étais simplement heureuse et je commençais même à me projeter avec lui. Jusqu'à ce que je découvre qu'il menait lui aussi une double vie et pas des plus respectables puisqu'il n'était personne d'autre que le Dark Archer. Un énorme coup dur qui me brisa le cœur. Tout mon monde s'était écroulé et j'eus beaucoup de mal à m'en remettre. Je ne sais d'ailleurs pas encore aujourd'hui si j'y suis réellement parvenue.

De toute manière, je n'ai pas vraiment eu le temps de m'apitoyer sur mon sort puisque quelques temps après, l'humanité toute entière a du faire face à la pire menace qu'elle ait jamais connu. Darkseid. Un autre tournant décisif dans ma carrière. Rien n'aurait su me détourner de mon objectif, rien n'aurait su m'empêcher de protéger Star City face à cette invasion planétaire. Je dus alors me battre aux côtés d'un justicier bien connu pour ces frasques et sa noirceur, le Green Arrow. Je l'avais déjà rencontré quelques temps après son apparition à Star City et je dois dire qu'il ne m'avait pas fait bonne impression, bien au contraire. Son arrogance, ses manières... je ne l'appréciais pas du tout. Si vous voulez savoir, moins je le voyais, mieux je me portais. Je n'avais pas besoin d'un archer à la capuche verte pour savoir défendre ma ville. Le combat face à Darkseid et ses sbires fut long et difficile. De nombreux héros ont du se battre dans de nombreuses villes pour remporter la victoire. Heureusement, tout, ou presque, c'est bien terminé. Darkseid a été vaincu et la Terre a été sauvée. Une ligue des justiciers a été créé pour éviter que cela ne se reproduise et bien évidemment, je fis tout pour être de la partie. Je fus l'une des premières justicières recrutées au sein de la Justice League et ça, je n'en suis pas peu fier. Quel honneur de rejoindre Wonder Woman, Batman et bien d'autres. Bien sûr, il fallait bien que ce tape à l’œil d'Arrow s'invite à la fête. Lui, j'aurais pu m'en passer. C'est là que j'ai découvert qui se cachait derrière la capuche, Oliver Queen. Je comprenais mieux pourquoi j'avais tellement de mal avec l'archer vert. Oliver Queen représentait tout ce que j'exécrais chez la gente masculine. Arrogant, égocentrique, coureur de jupons et j'en passe! Il est vrai qu'il a su me prouver à quelques reprises qu'il ne se résumait pas qu'à cela mais j'ai encore beaucoup, beaucoup de mal avec Oliver Queen.

En revanche, s'il y en a une avec qui je me suis très bien entendue, c'est bien Wonder Woman. Je sais désormais qu'elle s'appelle Diana Prince et qu'elle est encore plus admirable que je ne le pensais. Le courant est très vite passé entre nous et ce dès le premier test qu'elle m'a fait passé pour intégrer la Ligue. Au fil du temps, une réelle amitié s'est tissée entre nous et je la considère comme un véritable mentor et modèle à l'instar de Wildcat. Diana a en effet eu l'immense gentillesse de m'enseigner l'art du combat chez les Amazones et chaque jour je m'améliore à ses côtés, et ce sur tous les plans. Elle a une vision du monde et de l'intégrité qui me fascinent, j'apprends énormément de son expérience. Mais si je fais partie intégrante de la Justice League, je n'en oublie pas pour autant la ville de mon coeur, Star City. Quand la ligue n'a pas besoin de moi, je continue à arpenter les rues de ma ville, je poursuis ma mission pour anéantir le mal et la corruption qui la gangrènent. Et croyez moi, il y a vraiment de quoi faire! En plus de mon boulot de détective, je m'occupe également de l'entrainement de notre relève, l'entrainement des justiciers de demain. En effet, je consacre une partie de mon temps aux Titans et à la Young Justice. Ils sont vraiment toutes et tous très prometteurs et j'espère savoir leur inculquer les bonnes valeurs et les bons conseils afin qu'ils deviennent des justiciers avertis, intègres et redoutables.

Mais ce qui me préoccupe réellement en ce moment, ce qui m'empêche de dormir la nuit, c'est de savoir que Lex Luthor est à la tête du pays. Comment avons-nous pu en arriver là? Comment notre si beau pays a pu descendre aussi bas? Ça me rend tout simplement malade.  Ce psychopathe a déjà d’ailleurs commencé son terrible dessein en renforçant le contrôle des méta-humains et des justiciers. Je crains que ce tyran n'aille trop loin et ne reproduise les dramatiques erreurs du passé. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour le démasquer aux yeux du monde et lui retirer ce pouvoir immense qu'il utilisera forcément à mauvais escient.

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