Rêver l'obscur feat Donna

Lugubre. Voilà à quoi ressemble l’injustice dans toute sa splendeur. A cette corruption, qui, d’ordinaire touche les innocents de la ville de Gotham. Ceux pour lesquels le combat est nécessaire, tout comme pour tous les autres. Ces adjectifs ne conviennent pas aux mœurs des Amazones. Ils contredisent avec évidence les enseignements des divinités anciennes. Le mensonge grandit, se déploie à mesure que les jours défilent, prouvant combien ce Collectionneur déteste aussi bien les peuples amazones qu’atlantes. Mais pourquoi ? La fin se dessine petit à petit dans les esprits les plus vifs et finalement le naturel reprend de ses droits. Pareils aux évènements passés, l’Amazone recherche ses semblables mais surtout sa sœur de manière à faire éclater la vérité. Les injustices ne pouvaient s’inscrire dans les mœurs de cette planète, elle le leur interdisait et ce malgré leurs sous-nombres. Les êtres quels qu’ils soient méritaient le meilleur et pas cette confusion contagieuse qui éveillait les instincts primitifs des plus ambitieux. Les groupes devaient se réunir pour ne former qu’un seul et même corps et de cet ensemble résulterait la victoire. Le malfrat était seul. Alors que eux… Il est impossible à l’Amazone d’émettre un chiffre exact, cependant, elle voulait bien admettre qu’ils étaient une majorité. Son groupe lui indiquait ce facteur. Ils n’étaient pourtant qu’une dizaine, mais elle se persuadait qu’il y en avait d’autres. Elle les avait vus, mais ne pouvait pas encore se résoudre à se séparer du sien. Pas alors qu’ils avaient besoin de protection, pas alors qu’il fallait trouver des vivres pour pouvoir affronter le lendemain. Même si sa raison la poussait à vouloir se confronter au plus vite au double de sa sœur, elle ne pouvait délaisser les innocents. Alors elle affronte ce lugubre au quotidien, commence à y apposer des routines qui prévalent vers une sorte de sécurité. Ses aspirations se rappellent à elle, comme ce naturel qu’elle n’avait pas quitté alors qu’elle était Wonder Girl. Cassandra. Ou était sa protégée ? L’inquiétude savait la guetter dans les instants les plus solennels, l’obligeant à s’isoler du reste du groupe pour plusieurs heures.

Ainsi débute la ronde. Habitude quotidienne qui la confronte au désespoir. A ce pourquoi sa bataille perdure et dont elle sait au fond d’elle qu’elle ne s’arrêtera jamais. Parce que sentiment prédomine toujours l’humanité, parce que les ambitieux ne s’arrêteront jamais et qu’il faudra toujours des personnes pour les contrer. L’Histoire le lui avait appris. Les enseignements de sa mère, la déesse Rhéa, lui avaient rappelé inlassablement. Les mythes étaient des exemples de cette infortune, aussi la conclusion leur paraît aujourd’hui évidente : le combat ne cesserait jamais. Alors, ils se soutiennent, ils se regroupent pour aider les plus démunis. Pour conférer à l’Espoir sa place qui doit lui revenir de plein droit. Pour lui, tout en vaut la peine et ce, même si des vérités sont dures à entendre et à accepter. L’injustice ne peut persister. Il faut la contrer, il faut l’enterrer. Et pour ce faire, la ronde doit continuer. L’Amazone cache son identité, revêt ces mêmes vêtements qui camouflent sa silhouette et son visage. Ce visage connu pour beaucoup pour être associé à celui du bras droit de la reine de cette Terre. Ce visage sur lequel elle n’aurait jamais cru y voir cette brutalité injuste et sanglante. Cette dictature l’horripile. L’amène à réveiller ce sentiment d’incontrôle duquel elle se sait capable de faire du mal. Ainsi, elle souffle pour évacuer sa colère, elle souffle pour recouvrer ses bonnes intentions. Néanmoins, la rage résiste malgré tout, n’arrive pas à lui échapper pour un meilleur. Donna se méfie de tout le monde, comme jamais elle n’avait pu le faire auparavant.

Le silence couvre la colère, il évoque la peur de tous. Ses échos renferment des élans de méfiance desquels jaillissent des voix lointaines. Parfois, les appels rappellent ceux de ses sœurs d’antan. De celles, qui, ne ressemblent en rien à celles avec qui elle avait grandis. D’autre fois, ils évoquent des appels entre plusieurs personnes en quête d’un nouvel abri. Et lorsqu’il s’agit d’eux, l’Amazone s’avance pour les accueillir. Mais aujourd’hui, les voix lui rappellent une émotion différente. L’inconnu la surprend, l’amenant à froncer ses sourcils d’une manière mesurée et curieuse. La Troy se redresse de son poste de garde et commence son expertise des lieux. Elle suit cette voix qui lui paraît être féminine et se heurte à un spectacle devant lequel elle ne peut rester de marbre. L’injustice se rappelle à elle comme cette plaie qu’il se faut guérir. D’aucune hésitation n’en vient à arrêter son pas. « Pose ce couteau ! » La silhouette encapuchonnée s’avance pour éloigner la jeune femme de son danger. Cette dernière ne paraît pas interloquée de la situation, mais les questionne sur une certaine suite à entreprendre pour retrouver un chemin. La référence sur le livre de Lewis Carroll surprend l’Amazone, qui ne détourne en rien son regard de l’agresseur. « Dégage de-là pouffiasse, on t’a pas sonné. C’est une histoire entre elle et moi. » Le regard de Donna s’assombrie devant cette menace. L’homme cherche à l’effrayer, pointant la lame dans sa direction. Son silence répond à cette altercation et sa démarche ne s’arrête que pour agripper l’une de ses mains sur l’épaule de l’assaillant alors que l’autre lui retourne le poignet. Le craquement sec se répercute en échos dans le brouillard avant que le fer tinte au sol dans un son abrupt. L’homme se tord de douleur, effondre ses genoux, obligeant l’Amazone à redresser sa silhouette pour le menacer à son tour. « Ne menace jamais plus un de tes semblables ! » Son courroux révèle sa rage qu’elle tente de contenir en vain, Donna perd ses moyens et explose au point de repousser l’homme qui s’écrase contre le mur derrière lui. Ses membres s’affolent, tremblent sous l’effet de la colère, elle est obligée de fermer ses yeux pour taire ses pulsions désastreuses. Pour retrouver ce souffle calme.

L’écho résonne d’autant plus qu’il terre les individus dans cette méfiance constante. Il agit à mal, prévaut des abnégations visant à interdire à l’Espoir de percer. Une lâcheté à part entière, une œuvre de ce despote qui n’a de cesse que d’infliger les épreuves à ses victimes. L’Amazone en fait partie, tout comme cette jeune fille qui se dirige à sa propre perte. L’homme en question n’est que l’image parfaite de tout ce qu’elle déteste. De cette ambitieuse volonté sexiste prônant le pouvoir masculin sur l’intellect féminin. Il ne ressemble à rien, qu’à l’image dépeinte de ce pourquoi les Amazones ont toujours tenu à garder leur identité secrète. Il transpire le néant, l’obscurité alors que sa pauvre victime, ressemble à une âme en quête de renouveau. Il est l’ombre et elle la lumière. Pour toujours la brune cherchera à défendre les innocents, à faire que la lumière se relève de ses tourments pour mieux illuminer. Elle n’accepte pas l’injustice et le dévoile aux yeux des protagonistes sans retenue aucune. Le craquement inflige la souffrance, rappelle la douleur qui s’égosille d’entre les poumons de l’homme. Plus tard, l’écho rappelle le silence dans ce fracas. Dans le glissement de ce corps inerte vers le sol. Le contrôle parait perdu. Le souffle a besoin de se reprendre pour ne pas perdre la maîtrise, il s’échappe et se veut être une libération inatteignable. Ses oreilles sifflent, lui infligeant cette impression de s’isoler du reste, de créer son propre paradoxe pour devenir celle qu’on connaît : Donna Troy. Elle n’est pas ce double brutal, assoiffé de sang, elle n’est pas la chimère qu’il désire qu’elle soit.

La réalité lui revient au moment où la voix l’interpelle. L’écho se rapproche, les sifflements s’estompent doucement pour laisser place à l’incompréhension. Ne l’a-t-elle pas effrayé par ses agissements ? Ne lui insuffle-t-elle pas de la méfiance comme n’importe qui aurait dû le ressentir ? Visiblement la jeune femme cherche plutôt à panser ses plaies, à la guérir de cette grippe dont elle aurait été infectée. Ses sourcils se froncent, signe de son incompréhension. L’énigme lui apparaît comme évidente : est-ce un piège ? Pourtant, la victime ne lui donne pas l’impression de vouloir du mal. Elle est d’ailleurs. Finalement l’allusion de toute à l’heure concernant ce guide imagé comme un lapin blanc l’induit vers cette option. Le traumatisme inflige des réactions diverses et variées pour ces victimes et la jeune femme en fait très certainement partie. Ses yeux accompagnent la direction de l’inconnue et finissent par s’abattre sur la silhouette inanimée. L’Amazone revient à la réalité grâce à cette vision. « Ne t’inquiète pas, je n’ai ni la grippe ni la rage. » se permet-elle d’intervenir tout en trouvant le regard égaré de la jeune blonde. « L’adrénaline… » commente t-elle rapidement pour rappeler à son interlocutrice qu’elle n’est qu’une humaine rien de plus. Cette excuse, elle la connaît sur le bout des doigts pour la donner à toutes les occasions. Pour cacher sa véritable identité et préserver son anonymat. « Et toi ? Comment tu te sens ? » relève-t-elle pour faire revenir la conversation en direction de la principale.

Mais visiblement sa tentative devient vaine, un élan ou plutôt l’éclair de Zeus traverse le regard de l’inconnue pour la mener vers une idée nouvelle. Retrouver sa sœur. Quel plaisir le Collectionneur a-t-il de séparer les familles ? Il n’a toujours pas admis que l’union faisait la force et dépeignait une fois de plus l’exemple de son ambition morbide. « Ta sœur ? » répète t-elle. « Comment s’appelle-t-elle ? » Au cas où un nom lui rappelle l’un de ceux qu’elle protège dans l’ombre.  Cependant, l’idée est telle pour la sauvé qu’elle lui échappe et s’enivre déjà de son dessein. Interloquée par de telles réactions, l’Amazone inscrit une fois de plus l’attitude dans le choc représentait par ce chamboulement. Elle la suit à moindre mesure, mais s’arrête pour lancer un regard en arrière. L’homme git inanimé, sa respiration est perceptible, et surement ne tarderait-il pas à se réveiller. Ainsi, Donna sait qu’il n’est pas de l’autre côté, il a simplement profité de la situation et elle espère que l’affront lui servira de leçon. Super lapin. Le pseudonyme lui rappelle qu’on l’attend. « Je te suis. » ajoute-t-elle docilement tout en emboitant le pas de l’inconnue. « Si je suis le Lapin Blanc, tu es alors le Chapelier Fou ? » se hasarde-t-elle à proposer pour satisfaire les intentions de la jeune femme et ne pas la brusquer. Le traumatisme lui paraît trop présent pour essayer de la ramener à la réalité. « As-tu déjà rencontré ta sœur ? Je veux dire, dans ce monde ? » Elle préfère lui poser la question pour ainsi savoir dans quoi elle s’engageait. Peut-être cela inciterait la jeune femme à se révéler ou du moins à lui donner des indices pour comprendre qui elle était réellement.