I AM CIRCE.

Royaume de Colchis, c'est des titans Persée et Hypérion que Circé vit le jour. Enfant terrible, désobéissante mais surtout ayant une curiosité malsaine pour tout ce qui touchait au royaume mortels. Et cela commença par le jour où Zeus envoya une furie punir Prométhée pour avoir aidé les humains. Chaque coup de fouet lacérant la chair lui rappela ô combien ce qu'il avait fait était mal. Et devant ses yeux d'enfant ce fut sans doute cette attraction de l'interdit qui fit qu'elle n'oublia jamais cette scène. L'ichor coulant sur le sol, Circé enfreint les directives en allant porter de l'eau à Prométhée, profita de cette occasion pour l'interroger sur son aventure. Aider les humains, leur prêter plus de pouvoir, quelle drôle d'idée. Jeune fille différente de ce qu'on aurait voulu d'elle, Circé savait d'hors et déjà qu'elle ne serait pas l'épouse d'un dieu ni même la souveraine d'un vaste royaume. Adoratrice de Séléné et de la déesse Hécate, son avenir en aucun cas ne ressemblerait à celui de ses frères et sœurs. Elle était souvent reniée pour ces tendances là, sa trop grande différence  et il lui devenait de plus en plus difficile de se trouver une place.

Elle assassina son mari, puis fut bannie du royaume de Colchide. Cela avait été un test pour elle, une expérience et s'il n'avait pas survécu c'est qu'il n'était pas digne d'elle. Les tisseuses l'avaient voulu ainsi et les dieux n'avaient pas envie de l'entendre. En exil elle fut emmenée sur l'île d'Æaea par son père qui lui défendit de quitter l'île. Seule, elle apprit à se débrouiller et d'abord prit le temps d'observer le monde sous toutes ces coutures. Le réseau de la nature, le cycle de la vie, afin d'en déceler les moindres secrets. Là commença son apprentissage en matière de magie, c'était un art particulièrement pointilleux et délicat. Puisqu'elle n'avait rien à craindre du temps, elle le prit pour se perfectionner. Usa de ses pouvoirs à l'aide de plantes aux vertus insoupçonnés et gorgées du sang de certains titans. Si sa première nuit en exil fut difficile, Circé apprit à apprécier cette solitude. Personne n'était là pour la déranger et elle apprenait d'elle-même, n'avait de mérite que par ses propres recherches. L'île n'avait pas l'air accueillante, pourtant un jour des marins passèrent par ici. Anxieuse de ce qui pourrait arriver, elle ajouta au vin quelques gouttes d'herbes magiques dans le but de les endormir si les choses tournaient mal. Elle les accueillit, puisqu'il était trop tard pour les chasser, leur offrit du vin et un festin en quantité, s'assurait que leur coupe ne soit jamais pleine. Les remerciements et les appellations respectueuses très vite se transformèrent en petits surnoms comme si à leurs yeux elle n'était plus une déesse mais une vulgaire serveuse humaine. Le capitaine la questionna d'abord, où est son mari ? Il n'y en a pas. Qui est l'homme qui commande ? Personne. Vis tu seule ? Oui. Et l'idiot d'humain profita, l'ivresse dans le sang le faisant passer de demandeur d'asile à porc. La main calleuse sur sa gorge, les incantations coincées dans celle-ci il lui vola toute dignité, figée, sidérée. Aussitôt qu'il la libéra les mots prononcés les changèrent en pourceaux.

Elle lava son corps dans les vagues, décapa sa peau en frottant avec du sable. Personne de sa famille ne vint ce jour là et elle se promis vengeance de ces mortels. Les pourceaux furent sacrifiés en son propre nom, et Circé commença à s'endurcir dès ce jour là. Elle fit appel aux sirènes, puisque ses pouvoirs n'allaient au delà de l'île, elle faisaient naufrager les marins qui passaient sur son île et l'histoire recommença une fois, deux fois, trois fois. Elle ne compta plus le nombre de marins qu'elle changea en cochon, parfois ils restaient dans la porcherie, parfois elle les tuait pour les manger, parfois elle les relâchait pour qu'ils reprennent la mer.

Hécate vint à sa rencontre, désireuse de vengeance sur l'olympe quand à Circé désirant se venger des mortels, la déesse lui proposa de lui offrir d'avantage de pouvoirs en échange de son âme. Puissante pour assouvir sa némésis, et celle d'Hécate. Circé accepta, n'ayant plus rien à perdre et désirant plus que tout mettre fin à son exil. Immortelle, plus puissante que jamais, les pouvoirs d'Hécate mêlé à ses connaissances lui permettaient de créer des sorts sans se fatiguer de cueillettes. Une nouvelle ère et pour mettre un terme au passé ; Circé quitta son île pour retourner dans le royaume de Colchide. Elle ébranla ce monde divin, assassina des frères et des tantes de sang froid, détruisit pierre par pierre ce que les dieux avaient mis autant de cœur  construire. La satisfaction enfin de se sentir plus puissante que tout ce qu'ils avaient pu imaginer, elle quitta cet endroit avec bien des envies et des projets. Æaea demeura son lieu d'habitation, plus par habitude qu'autre chose. Et puis elle s'était prise d'affection pour l'une de ses lionnes qui souvent venait s'endormir à ses côtés. Sa compagnie lui était plus plaisante que les titans et les dieux.

A la naissance des amazones, Circé observa de loin l'événement divin, quelque peu sceptique mais peut être aussi éprise d'une grande jalousie. Personne ne prospère, personne ne fait preuve d'autorité  si elle n'est pas là pour l'y autoriser. C'est avec Arès, le dieu de la guerre qu'elle s'allia cette fois-ci, qui convaincu par ses dires lui proposa de s'occuper des amazones qui défiaient en bien des points l'orgueil de certains dieux. Comme prévu Héracles s'en chargea, ses corbeaux lui racontaient ces histoires qu'elle écoutait tout en sirotant son vin. Antiope conduisit ce qui restait des amazones vers Athènes. Hélas la ville demeura intacte, venant promettre la paix avec Thésée et Circé s'empressa de rejoindre les lieux. Piquée dans l'orgueil, elle ensorcela Ariane, l'ancienne femme de Thésée et l'obligea à tuer Antiope dans son sommeil. Circé aurait voulu continuer de regarder le spectacle de loin, mais puisqu'elle fut contrainte d'intervenir c'est sans doute à ce moment là qu'elle se fit un nom ennemi aux anazones. Qu'importe, elles ne vivraient pas plus longtemps.

Elle sortait toujours à son bon vouloir semer la discorde dans les quelques parties du monde où elle voulait se rendre mais toujours dans le but de terroriser les humains et provoquer les dieux. Cela dura trois mille ans durant lesquels elle se sentait presque plus puissante que le roi de l'Olympe. Ils ne pouvaient l'avoir, Zeus aime trop les histoires de monstres et de batailles. Elle lui en créait de toutes pièces,  après tout elle est aussi responsable de l'apparence monstrueuse de Scylla et personne ne lui a jamais rendu son apparence. Qu'importe le monde évoluait et les épopées héroïques laissaient place aux époques modernes. Le charbon, le pétrole, l'informatique, la guerre. Elle se mêlait à la population avec aisance, venant s'inventer des vies pour rajouter son grain de sel où cela lui plaisait. Depuis Néron à Rome, à Merlin de Camelot, les visages se sont succédés, parfois ils lui ont apporté de bonnes choses, parfois les temps étaient plus ennuyeux.

Le jour où les amazones furent révélées au monde fut un véritable coup pour elle qui les soupçonnait éteintes depuis des millénaires. La princesse Diana qui avait tant de promesses d'avenir devait sans doute chercher vengeance et tuer Circé. Ce qu'elle ne permettrait pas sous risque que Hécate transfère son âme vers le corps de l'amazone. Circé a horreur des prophéties, pourtant elle y croit et son nouvel objectif était donc déjà de l'éliminer. Elle se plaignait de la monotonie ces derniers jours, finir le travail d'Arès sonne comme une corvée jusque là mais elle s'en donnera à cœur joie. Circé se confond dans la populace, la plupart du temps, elle sème la discorde, appâte le poisson.


Quand Darkseid s'est pointé, Circé a observé d'un regard curieux et circonspect à la fois. Elle a toujours été fasciné par ce type, pour autant elle ne suit pas autant de radicalisation. Elle mentirait si elle disait qu'elle n'a pas profité du chaos environnant, saisissant les opportunités sur son chemin comme l'on attrape les fruits dans un panier.  Jusqu'à ce qu'elle s'en lasse, parce que tous les regards étaient tournés vers cette invasion et la Justice ligue. Une pointe de jalousie mais surtout l'impression que quelqu'un pouvait mieux faire son travail et qu'elle ne pouvait plus se satisfaire de rien. Circé qui au final a été presque soulagée de le voir partir, car elle avait fini par retourner en son île, presque certaine de voir le monde sombrer de manière radicale. Cela n'arriva pas et Circé revint donc à New York en se craquant les doigts. Voir le monde se reconstruire pour mieux y apporter de discorde. Darkseid était trop radical, voilà son problème. Aux grésillements télévisés, parce que Darkseid n'avait pas suffit, c'est le syndicat du crime qui décida d'élire domicile dans le quotidien des humains. Elle avait rit à l'annonce, trouvait cela bien assez original et espérait aussi qu'ils ne lui fassent pas d'ombre. S'appeler divin c'est facile, Circé était donc curieuse de savoir de quels divins il s'agissait où si cela n'était que l’œuvre de charlatans. La déesse de la discorde aurait pu être derrière tout ceci, après tout n'avait elle pas provoqué la guerre de Troie et toutes celles qui ont suivies ? Les sept noms retrouvés en rien ne lui inspirait quelque chose de divin parce que de divin pour elle il n'y a que les Olympiens. Quoi qu'il en soit ils faisaient de beaux dégâts et elle trouvait cela très inspirant mais ce n'était sans doute rien comparé à Darkseid. Pour autant cela n'a pas réellement ébranlé son quotidien, puisqu'elle ne vit pas comme les terriens et qu'elle change de place tout le temps, elle observait de loin, récoltait quelques informations et a tenté de les approcher pour en savoir plus, elle a même été tenté de les rejoindre pour se faire quelques alliés, il est même possible qu'elle ait inconsciemment fait parti de l'un de leurs coups, là au bon endroit et au bon moment. Depuis Circé n'a pas changé ses habitudes, observe les mortels souffrir, rajoute son grain de sel, et ne s'étonne pas de les voir ne pas apprendre de leurs erreurs. Ils sont faits pour cela, ils auront toujours ce rôle là. C'est le retour d'Antiope par le paradoxe temporel qui l'a mise face à ses erreurs et sa frustration, elle compte donner un coup de cravache supplémentaire pour pallier à cela, pas de retour possible cette fois, les amazones doivent disparaître.

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