VI.2 ✸ the butterfly effect

« We all make choices, but in the end our choices make us. »

Terre 4, New Themyscira (Londres), juillet 2019 (date exacte inconnue), journal de Lois Lane :

« Entrée n° 74.
J'ignore quel jour nous sommes exactement.

Ce sera ma dernière entrée dans ce journal de bord.
Je suis la dernière représentante de la Résistance.

Je me tiens dans les ruines de l'ancienne capitale anglaise, devenue New Themyscira après que les Amazones aient décidé d'y fonder leur nouvelle nation. Ce n'est plus qu'un vaste champ de bataille peuplé de cadavres et de fantômes. Les rares survivants se cachent, mais sont tôt ou tard débusqués. Mon tour viendra sans doute bientôt.

Notre dernière communication avec Paris date de la semaine dernière. Depuis, nous avons appris que ce silence radio était lié à la disparition sous les eaux de la France et de la plupart des pays européens. Impossible d'entrer en contact avec le reste du monde. Nous sommes complètement isolés, j'ignore si ce journal sera un jour d'aucune utilité ou s'il me rejoindra dans la tombe.

La guerre opposant Themyscira à Atlantis a signé l'arrêt de mort de l'humanité. Nous avons eu tort de sous-estimer les nations non-humaines. La récente alliance entre le Kahndaq et la nation amazone laisse peu de chances aux Atlantes ainsi qu'à l'humanité. Mais d'après mes sources, il se pourrait bien que le dernier représentant de la famille royale d'Atlantis, le roi Orm Marius, se prépare à déclencher un raz-de-marée apocalyptique. Si Atlantis tombe, le reste du monde doit tomber avec elle.

J'ai vu de mes yeux la reine des Amazones briser la nuque du soldat qui était censé m'évacuer du pays. Le peu de surhumains qui étaient prêts à défendre l'humanité ont été massacrés. Green Lantern a péri en essayant d'évacuer les derniers Londoniens de la ville. Cyborg a été démantelé comme une vulgaire machine par les Atlantes et Captain Marvel n'a pas fait le poids face aux Amazones. Personne n'a revu celle qui se fait appeler Wonder Woman après qu'elle ait décapité l'Empereur Aquaman à Trafalgar Square. Nous sommes également sans nouvelles du Batman de Gotham City, nous ignorons s'il a survécu aux bombardements de la ville. L'éclair rouge a lui aussi disparu... Je pensais qu'il pourrait nous sauver. J'ai été si naïve.

Le reste du monde ne se porte pas mieux. Avant que les communications ne soient complètement coupées, j'ai reçu plusieurs transmissions me confirmant mes pires craintes : presque toutes les nations sont tombées sous les joug tyrannique des Atlantes ou des Amazones. Il se murmure que quelques survivants Russes, retranchés dans un bunker, soient prêts à faire usage de l'arme atomique pour mettre un terme à cette odieuse dystopie.

Peu importent les choix qui seront faits, le crépuscule de l'humanité est proche.

Je ne suis pas seule. Je suis avec le survivant du Projet : Superman, un extraterrestre chétif mais au grand cœur. Nous mourrons ensemble, hors de question de laisser les Amazones nous capturer en vie. La mort est préférable à ce qu'elles nous réservent. Si les Atlantes les précèdent, ce sera pire.

J'ignore si ce journal sera reçu par qui que ce soit. J'ignore s'il existe un vrai monde derrière cette lumière irisée, ou si ce n'est que le produit de mon imagination, une hallucination née de mon désespoir. Mais si quelqu'un reçoit ce journal, si votre monde est peuplé d'être extraordinaires...

Ne leur faites pas confiance. Ayez peur. Soyez prêts à les affronter. Avant qu'il ne soit trop tard. »
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Quartier général de S.H.A.D.E, localisation secrète, jeudi 5 juillet 2019 :

« Nos héros peuvent s'estimer heureux que ce ne soit pas Amanda Waller ou Lex Luthor qui ait récupéré ce message. Qui qu'elle puisse être, cette Lois Lane n'est pas celle que notre monde connaît. » Tranquillement installé à une longue table rectangulaire, Father Time repose sur cette dernière le carnet abîmé par les épreuves et la météo. Les membres les plus gradés de son organisation sont assis à sa droite et à sa gauche, tous affichent une expression à mi-chemin entre l'inquiétude et le scepticisme. « Nous allons continuer à faire ce que nous faisons de mieux. Nous allons surveiller les héros, les méta-humains et toute autre créature particulière vivant sur cette planète. Mais pour le moment, rien ne nous permet de penser que la Ligue de Justice que nous connaissons risque de renverser l'ordre mondial. La prudence est de mise, mais nous sommes là pour protéger, pas pour attaquer. Nous ne sommes pas A.R.G.U.S, et je ne suis pas Amanda Waller. Nous ne sommes pas de bêtes réactionnaires. Cependant... Vous le savez comme moi, rien n'est impossible. Restons sur nos gardes. »

Washington d.c, Capitole, discours de victoire d'Amelia Carter, samedi 6 juillet 2019 :

« Mes chers compatriotes...

Aujourd'hui marque le début d'une nouvelle ère pour notre pays. Une ère où l'intolérance sera remplacée par la tolérance, une ère où nous répondrons à l'injustice avec la justice. Une ère où, je l'espère, nous parviendrons enfin à vivre en harmonie.

Nous sommes bien forcés de l'admettre, notre grand pays a rarement été un modèle en matière de tolérance et d'égalité. Mais vous pouvez compter sur moi pour amorcer un changement radical en la matière. Contrairement à mon prédécesseur, je n'ai nullement l'intention de punir ceux qui ont pour unique tort d'être nés différents ou d'avoir choisi de se réfugier dans notre pays, ou sur notre planète. Non, n'en déplaise aux extrémistes qui gangrènent les États-Unis, je choisis la voie de la bienveillance. Je refuse qu'il existe une catégorie de sous-citoyens dans notre pays. Je refuse que certains pensent avoir le droit de maltraiter et rabaisser ceux qui ne sont pas comme eux. Entendez-moi bien : je ne suis pas mon prédécesseur. La peur ne sera pas au cœur de mon mandat.

Mais tout changement demande du temps. Du temps, de la volonté et ne nous voilons pas la face, beaucoup de moyens financiers. J'ai cependant foi en notre nation, foi en nous. Ensemble, en avançant main dans la main et en apprenant à nous comprendre, nous pouvons faire des États-Unis un véritable exemple pour le reste du monde. L'exemple qu'il aurait toujours dû être.

Mes chers compatriotes, n'ayez crainte : vous ne perdrez pas de droits, bien au contraire, vous en gagnerez. Je m'engage personnellement à ce que vous puissiez tous bénéficier de la meilleure couverture sociale possible, que vous soyez en sécurité, que vous ayez tous accès aux mêmes ressources quel que soit le milieu dans lequel vous êtes nés. Au Diable le déterminisme !

Vous êtes nombreux à vous soucier des actions de la Ligue de Justice et des autres héros. C'est mon cas également. Cependant, je ne pense pas qu'il faille faire de la Ligue de Justice une énième organisation sous coupe du gouvernement. L'héroïsme n'est pas l'apanage de notre pays. C'est pourquoi plutôt que de vouloir soumettre les héros à nos lois et à celles d'autres nations, je préférerais travailler en étroite collaboration avec eux, afin que les intérêts de chacun soient défendus. Il serait présomptueux de notre part de croire que la Ligue de Justice nous appartient. C'est le monde entier qu'elle défend, et c'est ainsi que les choses doivent perdurer.

Bientôt, je vous présenterai mon gouvernement ainsi que le programme que nous espérons mener à bien durant ce premier mandat. Ce n'est pas vous qui servez mes intérêts, c'est moi qui doit servir les vôtres et cela parce que vous m'avez accordé votre confiance. Je serai toujours à votre écoute, et vous serez toujours ma priorité.

Je ne demanderai pas à Dieu de vous bénir, ni de bénir l'Amérique. Car c'est entre nos mains que repose notre destin.

Et ne l'oubliez pas, à présent les dieux marchent parmi nous. »