Le meilleur ami de l'Homme [Feat. Slade]

"Je me méfie des gens qui n'aiment pas les chiens. En revanche, je fais confiance à un chien qui n'aime pas une personne." Bill Murray

Vêtue d'une magnifique robe dos nu noire, Mari McCabe avançait d'un pas lent et félin au milieu des invités. Elle attrapait une flûte de champagne sur le plateau d'un serveur au passage et observait, avec la plus grande des attentions, le dispositif de sécurité qui avait été mis en place pour l'occasion. Officiellement, il s'agissait d'une collecte de fonds organisée par l'un des hommes les plus influents de Kyoto. Officieusement, une toute autre soirée, bien moins reluisante, se déroulait dans les sous-sols privés de l'immeuble. Des combats de chiens, violents, sauvages, cruels... Vixen avait été rancardée par l'un de ses tous nouveaux contacts au Japon et elle n'avait pu laisser passer cela. Hors de question qu'elle laisse ces pourritures torturer et asservir ces pauvres animaux sans réagir. Gardés dans des cages, conditionnés à être agressifs et meurtriers, isolés, maltraités, ces chiens vivaient l'Enfer et cette simple idée rendait Mari ivre de rage. Si elle s'était écoutée, elle aurait foncé dans le tas, tué tout le monde et libéré tous les animaux dans la seconde. Mais... dans le lot, il y avait des innocents, des bienfaiteurs qui n'étaient là que pour donner de l'argent aux plus démunis. Des gens biens qui ignoraient tout de ce qui se tramait sous leurs pieds. Des gens biens qui ne méritaient pas le courroux de la déesse de la faune.

Voilà ce qui différenciait Mari des simples criminels, voilà ce qui en faisait une indépendante. Tuer ne lui poser aucun problème, faire preuve de violence et de cruauté non plus. Mais s'en prendre à des innocents, causer des dommages collatéraux injustes, non. Ce soir, elle devait la jouer plus fine qu'au Danemark avec Orm ou au Pérou avec Tefé. Ce soir, des innocents faisaient parti de l'équation et tous devaient sortir sain et sauf de cette opération risquée. C'était d'ailleurs pour cela que Vixen avait décidé de se rendre à cette soirée en tant que Mari McCabe. Ancienne mannequin internationale au porte monnaie bien fourni, la couverture parfaite. Elle pouvait ainsi se glisser parmi les vipères, les observer, les repérer. Si elle s'était directement montrée en tant que Vixen, elle aurait attisé la méfiance des mafieux qui auraient sans nul doute mis en danger les invités pour stopper la déesse. Le risque était trop grand et Mari s'était refusée à le prendre. Elle la jouerait plus subtile sur ce coup là, s'assurant de n'avoir dans sa ligne de mire que les coupables. Elle devait trouver un moyen d'accéder à cette contre soirée lugubre sans éveiller les soupçons et très vite, elle trouva ce fameux moyen.

Une liste de noms et de photos lui avait été transmise, elle n'avait donc eu aucun mal à repérer ses cibles. Parmi elles, un homme, une quarantaine d'années, plutôt séduisant et séducteur. Il n'avait eu de cesse de la dévorer du regard depuis le début de la soirée. Il était son sésame pour la suite des évènements et Mari n'allait donc pas le lâcher. Subtilement, elle avait amené un premier contact, poussant l'homme à croire que c'était lui qui avait décidé de l'aborder spontanément. Ils avaient discuté, bu et ri ensemble avant de commencer à flirter et d'établir un premier contact physique. Une simple main posée sur une épaule, ce n'était pas grand chose et pourtant, Vixen en avait eu la nausée. Cela la dégoutait profondément. Déjà parce qu'elle n'aimait pas ce genre de petits jeux. Séduire, flirter, jouer les femmes fatales, ce n'était pas pour elle. Et puis... cet homme la dégoutait, tout simplement. Il était une ordure de la pire espèce et elle n'avait pas du tout apprécié qu'il ose poser sa sale patte sur elle. Mais la fin justifiait les moyens et elle l'avait laissé faire. D'ailleurs, plus tard dans la soirée, les efforts de Mari avaient fini par payer. Pensant très certainement l'émerveiller ou l'amadouer, l'homme lui avait proposé de l'accompagner à quelque chose de plus corsé. Vixen savait très bien de quoi il parlait et avait donc bien évidemment accepté, montrant un enthousiasme hypocrite à l'idée de s'aventurer dans quelque chose de plus sombre. L'homme, lui, ce gros bêta commandé par son entrejambe, était satisfait de sa prise. Si seulement tu savais mon coco...

Attrapant Mari par la taille, l'homme la conduisait dans une salle privée, réservée aux hôtes les plus prestigieux et intimes avec le maître des lieux. Comprenez... une salle réservée pour les tarés prêts à payer des sommes faramineuses pour voir deux pauvres chiens s'entretuer dans la crasse et la pénombre, la souffrance et les cris. Une fois dans le carré VIP, l'homme et Mari furent fouillés par deux agents de sécurité puis conduit dans un ascenseur privé. Quelques étages plus bas, ils étaient accueillis par deux hôtesses, deux sublimes asiatiques aux sourires ravageurs. Elles étaient là, elles savaient, elles ne faisaient rien, elles seraient donc dans le lot. Vixen leur lançait tout de même un sourire ne pouvant s'empêcher de penser que ces deux gourdes n'imaginaient pas une seule seconde vivre leurs derniers instants. Car dès à présent, le sort de chaque personne, de chaque homme, de chaque femme, présents autour de cette arène de l'horreur, était scellé. Les combats n'avaient pas encore commencé et pourtant, Vixen pouvait déjà ressentir l'angoisse et l'agressivité des animaux. Ils étaient là, à seulement quelques mètres d'elle. Dissimulés aux yeux de la foule, prisonniers de leurs cages de métal. Mari bouillonnait de l'intérieur, elle n'allait pas pouvoir se retenir longtemps mais il manquait quelques noms à l'appel alors elle préférait attendre. Elle ne voulait pas qu'une seule de ces ordures n'échappe au sort qu'elle leur avait réservé. Cependant, dès lors que des chiens feraient leur entrée dans l'arène, elle serait obligée d'intervenir, hors de question de laisser une seule bête de plus souffrir ici.

"Je me méfie des gens qui n'aiment pas les chiens. En revanche, je fais confiance à un chien qui n'aime pas une personne." Bill Murray

Le temps devenait long, très long. Vixen s'impatientait. Elle n'avait qu'une envie, libérer les chiens dont elle sentait encore l'inquiétude et la souffrance. Elle n'y tenait plus, ça la rongeait de l'intérieur. Et ce sale type qui en profitait pour se coller à elle, ça la rendait malade. La déesse serrait les poings pour se contenir mais elle sentait qu'elle ne tiendrait plus très longtemps. Heureusement, quelques instants plus tard, les deux derniers noms de la liste arrivaient ensemble. Ils riaient aux éclats, l'un fumant un horrible cigare puant et l'autre vapotant ce stylo ridicule, dont on était même pas sûr que ça ne soit pas pire que la clope. Mais ce n'était pas le sujet... la liste au complet était présente, Mari pouvait enfin passer aux choses sérieuses. Et justement, elle venait d'avoir une idée bien plus plaisante et jubilatoire que son plan initial. Elle devait cependant se presser pour le mettre en place car le premier affrontement n'allait pas tarder à commencer. Les paris allaient bon train autour d'elle et les billets pleuvaient entre les mains des bookmakers. La tension et l'excitation montaient d'un cran, ils étaient répugnants.

Prétextant se sentir mal, Mari quittait provisoirement son horrible cavalier pour s'isoler à l'écart. Elle ne devait prendre aucun risque, si son plan échouait, personne ne devait savoir que Mari McCabe était Vixen. La déesse s'était alors rendue dans les toilettes pour femmes. Rustres mais bien commodes. Une fois seule, elle se métamorphosait en papillon et prenait son envol dans les conduits d'aération. Elle cherchait alors l'endroit où étaient séquestrés les chiens et elle ne tarda pas à le trouver. Ils étaient en effet juste derrière l'arène, enfermés dans des cages, sans eau ni nourriture, très certainement pour les rendre encore plus...  enragés... Deux gardes étaient avec eux, deux molosses tatoués vêtus de noir. Ils possédaient chacun une arme à leur ceinture et une oreillette. La première phase du plan consisterait donc à les neutraliser, rapidement et efficacement, afin qu'ils ne donnent pas l'alerte tout de suite. Communiquant par télépathie avec les chiens, elle commença d'abord par les rassurer, par leur dire qu'elle était là pour les sauver et que leur calvaire serait bientôt terminé. Elle leur demandait alors de tous s'allongeaient dans leur cage en poussant des petits gémissements pour attirer les deux hommes et faire diversion. Les chiens obéirent à la déesse de la faune. Ils ressentaient son amour inconditionnel envers eux. Certainement la première fois de leur vie qu'ils pouvaient ressentir cela.

Comme prévu, les deux hommes s'inquiétèrent rapidement du comportement étrange de tous les chiens, en même temps. Oh, ils ne s'inquiétaient pas pour leur santé, oh non, ils s'inquiétaient juste pour leurs satanés combats et l'argent qui était en jeu. Vixen profitait de la diversion pour reprendre forme humaine. Invoquant l'esprit du gorille, elle s'approchait lentement du premier garde et lui brisait la nuque. Puis, invoquant l'esprit de l'antilope, elle rejoignait l'autre garde à une vitesse surhumaine et avant même qu'il n'ait eu le temps de dégainer son arme ou d'appeler du renfort, elle invoquait à nouveau l'esprit du gorille pour lui briser le cou à lui aussi. Les chiens restaient muets, comme en admiration devant celle qui était venue les libérer enfin de leurs bourreaux. Vixen ressentait cette admiration mais surtout, elle ressentait leur reconnaissance. Cela ne faisait qu'emplir son coeur de bien être et elle s'abandonnait totalement au Red. Sa peau devenait alors verte, ses yeux et ses cheveux se teintaient d'un magnifique rouge pourpre. Mari avait laissé place à Vixen, ambassadrice du Red, déesse de la faune et reine des terres. La fête allait bientôt commencer. La jeune femme esquissait un sourire et libérait un par un les douze chiens qui s'asseyaient devant elle, attendant ses ordres. Un coup raisonnait alors contre la porte métallique.

« Envoyez les deux premiers les gars! Ils sont chauds! »

Ordonnait une voix de l'autre côté. Vixen fronçait les sourcils, la haine se lisait sur son visage. Elle se retournait alors vers ses protégés et leur donnait ses directives. Une fois cela fait, elle entrait par la grande porte dans l'arène, seule. Elle se retrouvait dans la cage circulaire, prisonnière, seulement en apparence. Un silence de cathédrale s'emparait des lieux et tous restaient bouche bée face à cette apparition inattendue.

« Mesdames et messieurs, nous sommes ravis de vous accueillir ici pour un spectacle que vous n'êtes pas prêts d'oublier. »

Le public restait médusé, se demandant si cela faisait parti du show ou s'il y avait un problème qui devait les inquiéter. C'était la seconde option bande d'idiots, mais ils étaient trop curieux et avides de sensations fortes pour le comprendre et prendre leurs jambes à leur cou. Ils restaient là comme des imbéciles, fascinés par "le monstre" sous leurs yeux. Vixen n'arborait cette apparence que depuis peu, depuis qu'elle avait décidé de massacrer une bande de pêcheurs assassins en compagnie d'Orm Marius. Le public ne pouvait donc pas savoir qu'il s'agissait d'elle, Vixen la justicière de la Justice League. Ce qu'elle n'était absolument plus. A cet instant précis, dans cette arène, elle était une curiosité comme les autres à leurs yeux. Un véritable animal en cage... Pour ne pas que le lien soit fait entre elle et sa double identité, elle avait bien évidemment retiré sa robe et, grâce à son pouvoir de métamorphose, avait recouvert sa poitrine et ses parties intimes d'une couche de peau supplémentaire verte foncée afin de rester décente. Elle n'était pas là non plus pour s'exhiber.

Si le public était encore sceptique face à cette représentation inattendue, les gardes, eux, comprenaient vite qu'il y avait un problème. Mais Vixen avait déjà la solution. Cachée dans le creux de sa main, le micro de l'un des gardes morts. Sans attendre plus longtemps, la déesse l'apportait à sa bouche et invoquait l'esprit du singe hurleur pour y pousser un terrible cri perçant. Chaque garde eut les tympans percés dans les secondes qui suivirent et fut victime de vertiges. Là, les chiens entraient en scène, se jetant sur eux pour les neutraliser... mortellement. Le public paniquait enfin, il n'y avait plus personne pour les protéger et tous avaient été contraints d'abandonner leurs armes quelques étages plus haut. Ils étaient à la merci de Vixen et de son armée. Certains se mirent à crier et tous s'empressèrent de courir vers la seule issue de secours, l'étroite porte qui leur avait permis d'entrer ici. Mais la reine des terres avait déjà prévu sa riposte. Écartant les bras devant elle, elle créait un champ de force tout au tour de la foule, un champ de force qu'aucun être humain ne pouvait percer. Impossible pour eux donc de s'enfuir, ils étaient littéralement faits comme des rats. Esquissant un large sourire diabolique, Vixen posait son regard sur eux, satisfaite de sa domination la plus totale. L'alerte avait très certainement été donnée au sommet, les civils allaient être évacués, la soirée ne faisait que commencer... Vixen s'en réjouissait d'avance. Tels des dominos, elle les ferait tous tomber.

"Je me méfie des gens qui n'aiment pas les chiens. En revanche, je fais confiance à un chien qui n'aime pas une personne." Bill Murray

Droite comme un piquet au milieu de cette arène, Vixen savourait cette petite victoire. Ce soir, encore une fois, elle avait rempli son rôle. Elle avait vengé et protégé les siens. Elle avait anéanti et renvoyé à la poussière des ordures sans nom qui ne respectaient rien ni personne. L'ancienne justicière commençait à prendre goût au sang et au chaos. Sa part d'humanité ne tenait plus qu'un fil et bientôt, l'animal en elle reprendrait ses droits. Elle le ressentait au plus profond de son être et si autrefois cela l'avait inquiété, aujourd'hui elle l'avait accepté. Mais était-ce vraiment Mari qui l'avait accepté ou était-ce le Red? Mari McCabe existait-elle encore derrière cette rage et cette violence inouïes? Si oui, que pensait-elle de tout cela, pourrait-elle reprendre le contrôle un jour, y survivrait-elle? En l'espace de seulement quelques semaines, la nouvelle Vixen avait fait tant de victimes, elle avait causé tant de dégâts... Assurément, l'ancienne Mari ne cautionnerait pas ces actes, elle ne pourrait plus jamais se regarder dans un miroir ou même s'autoriser à vivre après avoir commis tous cela. Même si c'était au nom de sa cause, ou plutôt de celle du Red. Car même si elle avait toujours été très attachée au monde animal et à sa préservation, la véritable Mari n'aurait jamais tourné le dos à l'humanité, elle ne se serait jamais prise pour une déesse détenant le droit de choisir qui devait vivre ou mourir. Mais pour le moment, la question ne se posait pas. Vixen s'épanouissait totalement dans son nouveau rôle. Personne n'était encore capable de dire s'il s'agissait vraiment d'elle ou pas, alors nous allons prétendre que c'était bien elle. La version 2.0.

Grâce à son aide, les chiens avaient été libéré, ils venaient même de prendre leur revanche sur leurs bourreaux. Il était temps désormais de s'occuper du public avide de violence et de sang. Tous ces enfoirés qui payaient pour voir de tels combats, ces enfoirés qui savaient et pourtant cautionnaient. Aux yeux de Vixen, ils étaient tout aussi coupables que les organisateurs de ces mises à mort programmés. Ils méritaient donc la même sanction. Mais cette fois-ci, ce serait elle qui l'infligerait. Ces hommes et ces femmes étaient prisonniers du champ de force de la déesse. Prisonniers comme des chiens en cage... L'ironie du sort était belle mais loin d'être suffisante. Vixen se demandait encore quelle sanction serait la plus appropriée. Elle penchait très nettement pour les laisser ici mourir de faim et de soif... mais elle hésitait car le risque qu'ils puissent être sauvés, même in extremis, était trop grand. Non, elle devait trouver mieux pour, à la fois, être sûre de les faire souffrir et être sûre qu'ils ne pourraient pas survivre. Mais ses réflexions furent perturbées par du mouvement à l'extérieur du champ. Ne prêtant même pas attention aux suppliques de la foule de civils, Vixen posait son regard sur la silhouette imposante qui venait de s'inviter à la fête. Cette silhouette de l'autre côté du dôme qu'elle avait créé. Ce costume... elle le reconnaissait. Elle l'aurait reconnu entre mille. Elle l'avait déjà affronté par le passé. Deathstroke. Le parfait exemple de l'inefficacité de l'ancienne Vixen. Ce criminel, elle aurait très certainement pu en venir à bout, et ce à plusieurs reprises, si seulement elle s'était résolue à pouvoir tuer. Mais l'ancienne Vixen ne voulait pas tuer et c'était là sa plus grande faiblesse. Elle ne voulait pas s'abaisser au rang des criminels qu'elle pourchassait, elle voulait les neutraliser mais sans les exterminer, elle voulait être meilleure qu'eux. C'était d'ailleurs à cause, ou grâce, selon les points de vue, à cela que certains criminels comme Deathstroke étaient parvenus à lui échapper.

Vixen était surprise de le voir ici et se demandait bien quel genre de contrat avait bien pu l'amener à Kyoto, dans cet immeuble, dans ce sous-sol. Elle se doutait bien qu'il n'était ni un touriste ni un amateur de combats de chiens. Deathstroke n'était pas du genre à avoir des distractions ou des hobbies. Non, lui, il vivait pour ses contrats, pour sa carrière de mercenaire et pour rien d'autre. De là où elle était, Mari avait le loisir d'observer le criminel tuer une de ses cibles qui, visiblement avait réussi à échapper au champ de force. Il devait être bien caché pour qu'elle ne l'ait pas remarqué. Mais cela n'avait pas d'importance, Deathstroke avait, bien malgré lui, contribué à l'attaque de Vixen. Cette dernière esquissait un sourire, comblée par ce qu'elle venait de voir. Avoir un allié, même involontaire, était toujours agréable. Et depuis son massacre aux côtés de Orm et celui aux côtés de Tefé, Mari devait avouer qu'elle appréciait de partager ces moments, même de manière éphémère. Elle aimait ressentir l'animalité et la détermination de ses partenaires. Cela la galvanisait et la rendait presque meilleure. Elle assurait tout autant en solo et elle aimait cela aussi, mais elle ne trouvait pas ça dérangeant, bien au contraire, d'avoir un associé de temps en temps. Mais quelque chose lui disait que pour Deathstroke ce n'était pas le même son de cloche. Mais après tout, tant qu'il ne lui mettait pas de bâtons dans les roues, elle tolérerait sa présence. D'ailleurs, l'espace de quelques secondes, leurs regards se croisaient. L'avait-il reconnu? Point le temps de s'en assurer, des hommes de mains débarquaient dans le dos du criminel. Ceux là même que Vixen attendait. Il était temps de se débarrasser des civils. Finalement, Mari allait devoir opter pour la rapidité.

Invoquant l'esprit de l'aigle royale, Vixen lévitait pour sortir de sa cage. Invoquant l'esprit du guépard, elle se déplaçait ensuite à une vitesse prodigieuse, égorgeant et étripant tous les hommes et toutes les femmes prisonniers du dôme. Pas un, pas une, ne fut épargné. Ils s'étaient tous écroulés, sans autre forme de procès. Ils étaient venus chercher du divertissement, de la nouveauté et du sang, ils avaient été servis. Vixen ordonnait alors aux chiens de rester en retrait afin qu'aucun d'entre eux ne soit blessé. Elle reviendrait les libérer plus tard. C'était à elle de prendre le relais et de combattre aux côtés de Deathstroke. Qui aurait pu imaginer cela. Vixen et Deathstroke, côte à côte? Improbable et pourtant, c'était exactement ce qui était entrain de se passer. Mari avait en effet fait disparaitre le le champ de force et avait rejoint le criminel pour combattre les hommes de main du maître des lieux. C'était lui la cible finale, celui qu'elle voulait, plus que les autres, mettre elle même à mort. Vixen se battait à mains nues, jouant entre son agilité, son endurance, sa force surhumaine, ses griffes acérées et sa rapidité extraordinaire. Le Green Arrow, en personne, l'avait entrainé au combat. Imaginez donc son efficacité. Elle était redoutable et rapidement, les deux compères de fortune vinrent à bout de leurs assaillants. Oh ce n'était que la première vague, il y en avait encore tant d'autres à affronter. Il leur fallait reprendre ce maudit ascenseur pour gravir les échelons jusqu'au chef suprême. Cela n'intéresserait peut être pas Deathstroke cela dit... Vixen était curieuse de le savoir.

« Quelle est ta cible cette fois-ci Deathstroke? »


Demandait-elle en ouvrant la porte pour rejoindre l'ascenseur.

"Je me méfie des gens qui n'aiment pas les chiens. En revanche, je fais confiance à un chien qui n'aime pas une personne." Bill Murray

Deathstroke était froid comme la glace, jamais Vixen n'avait rencontré un homme aussi froid que lui. En réalité, elle avait posé cette question plus pour briser la glace qu'autre chose mais cela avait été un véritable échec. Tout le contraire de ce qu'elle avait espéré. Mari comprenait et respectait l'attitude de Stroke. Après tout, il avait raison, rien ne l'obligeait à s'associer à elle, même pour une seule nuit. Elle avait tenté une approche, ça avait loupé, tant pis. Cela ne la chagrinerait pas pour autant, même si avoir un allié comme Deathstroke dans sa poche ne ferait pas de mal à la cause qu'elle défendait. Vixen cherchait à monter une sorte d'armée pour être plus forte et efficace sur le terrain. Les animaux étaient persécutés, chassés, maltraités et exterminés à tellement d'endroits en même temps... Seule, elle savait bien qu'elle ne pourrait pas tous les sauver. Mais en créant son armée, elle pourrait au moins essayer. Ce plan, elle n'en avait parlé qu'à Tefé, certainement l'une de ses plus grandes alliées depuis son changement de cap. Oh Vixen se doutait bien que Stroke refuserait tout net de se retrouver affilié à qui que ce soit mais une méchante idée venait à l'esprit de la déesse. Il était mercenaire après tout... pourquoi ne pas l'engager donc? Une idée fort intéressante qu'elle examinerait en temps voulu. Mais il était sûr que Deathstroke se retrouverait en tête de liste si elle devait se payer les services d'un assassin de qualité.

« Je respecte ton choix Deathstroke. Après tout, tu as raison, nous ne nous devons rien l'un à l'autre. »

Vixen respectait en effet le choix du mercenaire de demeurer solitaire et distant. Il s'agissait d'un art de vivre et elle l'admirait presque pour ça. A vrai dire, elle le jalousait même. Elle qui songeait sérieusement à faire taire son humanité afin de s'élever à un niveau supérieur, elle se demandait comment lui y était parvenu. Peut être pourrait-il lui apprendre? En échange d'un salaire bien évidemment. Elle avait bien compris qu'elle ne pourrait jamais rien attendre de lui gratuitement. Et c'était dommage car il devait en avoir des choses à enseigner le bougre. Dommage qu'il soit aussi fermé aux autres finalement. L'homme tentait ensuite de découvrir les raisons qui avaient poussé Mari à intervenir ici. Ce n'était pas bien compliqué et puis elle, elle n'avait rien à cacher. Au contraire, elle aimait que ses motivations soient connues de tous car ainsi, son message passerait mieux. Ses cibles sauraient à quoi s'attendre s'ils continuaient leurs crimes éhontés. Cela instillait la peur dans leurs rangs et en dissuadait déjà certains de continuer. C'était ce que Vixen souhaitait le plus. Même si elle devait avouer qu'elle prenait un certain plaisir à laisser exploser son instinct primitif et sa bestialité, elle préférait tout de même ne pas avoir à tuer qui que ce soit.

Stroke se demandait ce que ses semblables penseraient de ce qu'elle venait de faire. Il parlait sans nul doute de la Justice League. Personne ne savait encore officiellement que la déesse avait quitté la ligue, à commencer par les membres de la ligue eux même. Après le massacre au Danemark, elle n'avait pas donné de nouvelles, aucun signe de vie. Cela ne les avait probablement pas inquiété puisqu'il arrivait régulièrement que Vixen disparaisse quelques temps sans donner de nouvelles justement. Elle faisait cela lorsqu'elle avait besoin de se ressourcer loin de tout. Seul Stewart aurait peut être pu s'inquiéter de cette absence surprise. Lui seul l'avait vu succomber à l'emprise du Red au Botswana, lui seul savait le combat personnel que Mari devait livrer. Mais en attendant, aux yeux de tous, et aux yeux du monde, Vixen faisait toujours parti de la Justice League. Mari prenait alors conscience que cela ne pouvait pas durer. Elle devait annoncer officiellement qu'elle ne faisait plus parti de la ligue, elle ne pouvait pas mettre en péril ses anciens coéquipiers. Elle savait pertinemment que l'opinion publique verrait vite en elle une criminelle, malgré le fait qu'elle n'en était pas une... Mais elle savait aussi que les membres de la Justice League en pâtiraient si elle ne déclarait pas au plus vite son indépendance. Et cela, elle ne ne le voulait pas.

« Oh ne te tracasse dont pas, ils n'ont plus rien à dire. Je fais moi aussi cavalier seule désormais. »

Bien sûr, Vixen savait que Stroke ne se tracasserait pas pour si peu. Elle était insignifiante à ses yeux, mais elle avait tout simplement voulu faire preuve d'ironie. En revanche, la partie sur le cavalier seul était on ne peut plus vrai. Quelques secondes plus tard, le mercenaire lui donnait un conseil avant de la laisser en plan, lui barrant l'accès à l'ascenseur. S'il croyait réellement que c'était cela qui arrêterait Vixen... La déesse esquissait un sourire à son encontre tandis que les portes se refermaient entre eux. C'était une belle métaphore de leur relation. Mari avait ouvert les portes, Stroke les avait refermé. Point. Mari se retournait alors vers les deux hôtesses et, sans leur laisser le temps de réagir, leur trancha la gorge à toutes les deux d'un coup de griffe aiguisée. Ces deux femmes savaient tout des combats et elles avaient laissé faire sans rien dire, elles ne méritaient aucune clémence.

« Merci Deathstroke... mais je me passerai de tes conseils. »

Disait-elle à haute voix même si le mercenaire, déjà bien loin, ne pouvait plus l'entendre. Puis, elle se métamorphosait en petite libellule pour remonter grâce aux conduits d'aération. Très vite, elle se retrouvait au même niveau que Stroke et décidait de le suivre en toute discrétion pour l'observer. Il n'avait visiblement pas trouvé sa cible et continuait sa progression tel un robot que rien ne semblait pouvoir arrêter. Mais un étage plus haut, l'homme montrait enfin un signe d'humanité. Il avait en effet libéré deux chiens, c'était bien mais pas assez, évidemment.

« Finalement il y a peut être un coeur sous cette armure... peut être. »

Avait-elle dit après avoir repris forme humaine derrière le mercenaire. Voir ces cages et tous ces pauvres animaux ne faisait que confirmer à Vixen qu'elle avait eu raison de mettre toutes ces ordures à mort. Cela ne faisait que lui confirmer qu'elle devait terminer le travail et en finir une bonne fois pour toute avec cette entreprise de haine et de pure cruauté. Tous ceux et toutes celles qui y étaient mêlés de près ou de loin devaient mourir, sans exception. Son regard était empli de tristesse et de haine. Tristesse pour ces pauvres créatures sans défense, haine pour ceux qui avaient osé leur faire cela. Les deux chiens que venait de libérer Stroke se précipitaient aux pieds de la déesse, ils étaient comme aimantés par elle. Mari caressait délicatement le dessus de leurs crânes.

« Encore quelques têtes à faire tomber et je vous emmène loin d'ici. »

Disait-elle à tous les animaux présents dans cette horrible pièce. Elle devait d'abord se débarrasser de toutes ses cibles avant de pouvoir s'occuper d'eux. Les animaux le comprenaient et savaient que la déesse était sincère. Ils n'avaient plus peur car ils savaient désormais qu'elle allait les sauver et les protéger. Mari redevenait alors une libellule pour continuer sa progression, seule puisque Stroke en avait décidé ainsi. Sur son passage, elle laissait quelques hommes de main passer entre les mailles du filet, histoire de donner un peu de matière au mercenaire. Puis, très vite, elle arrivait au sommet de l'immeuble, là où le grand boss s'était réfugié avec quelques gardes du corps. La véritable cible était là, le cerveau de toute cette histoire. Reprenant forme humaine et invoquant l'esprit du gorille, Vixen défonçait littéralement la double porte pour pénétrer à l'intérieur de l'appartement privé. Ni une ni deux, une rafale de balles sifflait vers elle. Immédiatement, elle déployait son champ de force pour les arrêter et dès lors que les munitions étaient épuisées, elle utilisait l'esprit de l'antilope pour se précipiter vers les gardes du corps et tous leur briser la nuque. Tout cela avait été rapide, il ne restait plus que le grand patron, terrorisé, seul et abandonné. Vixen se dressait face à lui, la tête haute et le regard méprisant. Elle l'attrapait alors par la nuque et le poussait violemment au sol.

« Alors? Qu'est-ce que ça fait d'être de l'autre côté? »

Avait-elle demandé en japonnais. L'homme était désormais à la place de tous ces animaux qu'il avait rabaissé et torturé. Son visage était recouvert de sueur, il suintait la peur par tous les pores de sa peau, il était répugnant et minable. D'une seule main, la déesse le soulevait et allait plaquer son visage contre la baie vitrée. La hauteur qui les séparait du sol était vertigineuse et l'homme commençait à comprendre le sort qui lui serait réservé. Il la suppliait alors en japonais de l'épargner, de faire preuve de pitié. Vixen ne s'abaissait même pas à lui répondre. Elle serrait simplement de toutes ses forces le visage de l'homme contre la vitre jusqu'à ce qu'elle-ci se brise sous la pression qu'elle exerçait. Le visage raboté et sanguinolent, l'homme basculait dans le vide dans une chute qui ne pouvait être que mortelle. Mari, elle, inspirait un grand coup, savourant l'air qui venait lui caresser le visage et faire danser ses cheveux. Et quand le corps du japonnais percutait enfin le sol dans un énorme fracas, elle fermait les yeux, savourant cette petite victoire.