Le Temple Maudit [Feat. Green Lantern]

“Telle est notre malédiction, d’aspirer sans cesse à l’absolu, de le perdre sans cesse et d’y survivre toujours.” Isabelle Sorente

Cinq ans, cela faisait cinq longues années que Siobhan McDougal cherchait par tous les moyens à remplir son contrat afin de préserver sa vie. Car ce n'était ni plus ni moins qu'une éternité en Enfer qui l'attendait si elle échouait. Crone lui avait offert le plus beau cadeau de toute sa vie mais il s'agissait malheureusement d'un cadeau empoisonné. Devenir une banshee avait un prix et c'était à ses dépends que Siobhan l'avait découvert. Si elle voulait conserver ses pouvoirs et la vie qui allait avec, elle devait offrir à la reine des banshees un livre qui se trouvait sur Terre. Un livre tellement protégé que la démone ne pouvait s'en emparer elle même. Elle comptait alors sur ses sous-fifres pour prendre tous les risques et y parvenir à sa place. Siobhan en faisait parti. Cette simple idée lui tordait les entrailles, elle ne supportait le fait d'appartenir à Crone, de dépendre d'elle. L'héritière voulait être vivante mais aussi et surtout libre. Voilà pourquoi depuis cinq ans, elle menait une quête parallèle à celle que lui avait donné Crone. Elle cherchait un moyen de se libérer du pacte, un moyen de retrouver sa liberté pour lancer un bon gros fuck à la face de cette démone qui la faisait royalement chier. Retrouver le fichu bouquin était presque devenu une quête secondaire tant le désir de liberté de Siobhan prenait le dessus surtout. C'était une véritable obsession. L'héritière voulait le pouvoir, tout le pouvoir. Elle ne voulait plus partager ou obéir, non, elle voulait être maître de son destin, maître de ses désirs.

Si elle était là ce jour là, dans un petit village reculé du Guatemala, c'était justement pour suivre une piste qui la mènerait peut être à un artefact nécessaire à sa libération. Vous imaginez donc à quel point elle était remontée et déterminée à le retrouver. Il ne valait mieux pas se trouver sur son chemin à ce moment précis car rien ni personne n'aurait su la détourner de son objectif. Assise sur le grand fauteuil de son salon, dans son manoir aux abords du Dublin, Siobhan fixait avec une grande concentration un cliché. Celui d'un vieux temple Maya. Prenant l'apparence de la banshee, elle se téléportait en une fraction de secondes là bas. C'était simple comme bonjour. Il lui suffisait de voir un lieu, de le visualiser physiquement et mentalement, pour qu'elle puisse s'y rendre instantanément. Ce pouvoir était vraiment pratique mais elle veillait toujours à l'utiliser avec prudence et le plus souvent sous l'apparence de la banshee, car il était hors de question qu'elle prenne le risque de perdre sa double identité. En aucun cas le lien ne devait être fait entre Siobhan McDougal et Silver Banshee. Ce jour là, aucune prise de risque donc. L'héritière avait pris le temps de prendre son apparence fantomatique avant de se rendre en Amérique Centrale, au Guatemala plus précisément. D’après des sources sûres, elle savait qu'une dague magique se trouvait dissimulée dans les fondations d'un temple, celui du cliché. Il ne lui en fallait pas plus pour décider de se rendre là bas et de jouer les Indiana Jones.

Une fois sur place, Siobhan eut la mauvaise surprise de découvrir toute une équipe d'archéologues justement. Oh il n'y avait plus rien à déterrer dans ce temple, du moins en apparence, mais le site était propice à enseigner l'art de l'archéologie aux étudiants qui se destinaient à cette profession. Cela n'arrangeait pas les affaires de Siobhan qui n'avait absolument pas envie de perdre du temps à faire le ménage avant d'entamer ses recherches. Mais elle ne voulait pas d'interférences dans son plan. Elle ne voulait pas que ces apprentis archéologues et leurs profs ratés n'alertent les autorités, retardant sa mission principale. Ils devaient être une trentaine d'étudiants et quatre professeurs, une bagatelle pour la banshee. Cette dernière s'envolait de son point d’atterrissage pour venir se placer au beau milieu de ce petit monde. L'effet de surprise jouait pour elle bien sûr et personne n'eut le temps ni de comprendre ni de réagir. Elle poussait alors son Death Wail, ses lamentations mortelles, qui tuèrent tous les humains présents en moins de cinq minutes. Voilà une bonne chose de faite et sans grand effort. Net, précis, propre. Mais Siobhan n'avait pas remarqué l'ordinateur portable, ou plutôt la webcam intégrée, qui diffusait en direct les fouilles dans l'amphithéâtre d'une prestigieuse université britannique. Toute la scène avait été vu en direct par plus de deux cents étudiants. Bien évidemment, les autorités avaient été immédiatement prévenues et un signalement avait été fait à la Justice League pour arrêter et condamner la Silver Banshee. La criminelle était recherchée à travers le monde pour de nombreux et divers crimes. Néanmoins, cette dernière ne savait pas qu'elle avait eu du public et s'aventurait, confiante et insouciante dans les méandres du temple...

“Telle est notre malédiction, d’aspirer sans cesse à l’absolu, de le perdre sans cesse et d’y survivre toujours.” Isabelle Sorente

Faisant apparaître une boule de lumière dans le creux de sa main, un sort simple et à la portée de tous magiciens, Siobhan s'enfonçait donc à l'intérieur du temple. Elle n'avait aucune sorte d'angoisse ou d'appréhension. Elle ne craignait absolument rien ici et encore moins les rumeurs qui prétendaient que ce temple était maudit. Très certainement des on-dits sans fondement aucun. Et puis même, si ce lieu était réellement maudit, ça excitait la banshee plus qu'autre chose. Elle aimait avoir des adversaires à sa taille et se frotter aux puissances surnaturelles. Mais pour le moment, elle ne voyait rien d'autres que sa propre ombre danser sur les murs. Mais, plus elle s'enfonçait, plus elle descendait les marches qui l'éloignaient de la surface de la Terre, plus elle sentait la magie. Elle était puissante, forte, enivrante. Il y avait bien une relique sacrée ici, une relique extrêmement puissante et dangereuse. Siobhan espérait qu'il s'agissait bien de la dague qu'elle recherchait, celle qui lui permettrait de tuer Crone. Bien évidemment, elle avait besoin de beaucoup d'autres ingrédients pour y parvenir. Ce n'était pas aussi simple que trouver une dague et l'enfoncer dans la chair de la reine des banshees. C'était beaucoup, beaucoup plus compliqué que cela. Trouver la dague n'était pas la finalité, simplement une étape parmi les autres.  

Cependant, la débusquer et se l'approprier était essentiel pour espérer réussir un jour à se libérer de Crone. Siobhan prenait donc cette expédition très au sérieux et il était inconcevable pour elle qu'elle puisse quitter ce temple sans la dague. Elle suivait alors la présence de la magie qui devenait de plus en plus forte. Et lorsqu'elle arrivait tout en bas, littéralement enfouie sous terre, elle sentait qu'elle y était. La dague était là, quelque part, dissimulée aux yeux de tout le monde mais la banshee n'était pas tout le monde. Elle savait très bien où chercher. L'appel de la dague était si fort, si intense, qu'elle ne mit qu'une poignée de secondes à trouver le mur derrière lequel elle était séquestrée depuis si longtemps. D'un seul coup de poing, net et précis, Silver explosait une partie du mur qui s'effondrait à ses pieds. Derrière, une salle de cérémonie complète dormait depuis des millénaires. Siobhan prononçait alors une petite incantation et toutes les torches du sanctuaire s'allumaient. Elle avait besoin d'un peu plus qu'une petite boule de lumière au creux de la main pour illuminer tout ça. L'endroit était somptueux. Le temps semblait n'avoir eu aucun impact sur lui, la magie régnait en maître ici. Siobhan la ressentait à travers chaque infime partie de son corps et elle aimait ça. Plus elle jouait avec la magie, plus elle en apprenait les ficelles, plus elle s'en délectait.

Au milieu de la salle, sur un socle surélevé, la dague... elle était là. Somptueuse, magnifique, argentée et recouverte de symboles occultes. Ça sentait un peu l'entourloupe si vous voulez mon avis. Un peu comme la scène là dans Indiana Jones. Vous savez, quand le type échange un trésor contre un sac de pierres et qu'une grosse bouboule le poursuit jusqu'à la sortie. Siobhan le savait, elle savait qu'au moment même où elle tenterait de s'emparer de la dague, il se passerait quelque chose de sévèrement méchant. Mais elle n'avait pas le choix, elle devait avoir cette foutue dague. Cependant, elle n'allait pas se jeter dans la gueule du loup ainsi. Parfois, il suffisait d'observer l'endroit pour en comprendre les rouages et les pièges à éviter. Ainsi, Silver prenait le temps de faire le tour de la pièce secrète, de lire les écrits anciens inscrits sur les murs. Grâce à ses pouvoirs de banshee, elle pouvait les traduire et les comprendre comme s'il s'agissait de sa propre langue natale. Et elle comprenait rapidement que cette dague n'était qu'un leurre, une fausse. La vraie était dissimulée ailleurs et seul le sang révélerait son emplacement. Merde, si elle avait su, elle aurait pris un cadavre là haut pour s'en servir. Mais... attendez... elle peut se téléporter la banshee. Pratique. En un claquement de doigts, elle se téléportait donc à la surface pour ramasser deux cadavres et revenait dans la salle secrète. Maintenant qu'elle l'avait vu de ses propres yeux, elle pouvait s'y téléporter quand bon lui semblait.

Suivant les instructions inscrites sur les murs, elle égorgeait les deux corps sans vie et laissait leur sang couler sur le sable. Quelques instants plus tard, les deux sang se mêlaient et se lançaient dans une chorégraphie comme s'ils étaient des entités vivantes à part entière. Le sang traçait ensuite un chemin vers le fond de la pièce et un pan du mur s'ouvrait. Siobhan s'en approchait et apercevait, dans le renfoncement, la dague, la vraie, simplement posée sur un modeste socle. La banshee esquissait un large sourire avant de se saisir de l'arme magique. Elle s'apprêtait alors à se téléporter dans son manoir en Irlande lorsque la dague s'effritait entre ses doigts, disparaissant en poussière. Des bruits étranges raisonnaient alors derrière elle, comme des os qui craquaient et de la terre qui remuait. Sans même se retourner, Siobhan soupirait en serrant les mâchoires.

« Saleté de péruviens... »

Soufflait-elle dans un murmure. Ouais, ils l'avaient bien entubé sur ce coup là, aucune des deux dagues qu'elle avait pu voir n'était la vraie. Il ne s'agissait que de pièges pour éliminer ceux et celles qui tenteraient de s'en emparer. Et lorsqu'elle se retournait enfin, Siobhan pouvait voir une véritable armée de squelettes vivants. Des os qui tenaient entre eux grâce à la magie, entourés d'un halo bleu, des soldats immortels, armés et déterminés à accomplir leur mission. Chacun d'entre eux détenait une dague et un bouclier, la banshee était persuadée que la véritable dague était là, entre les phalanges dénudées de l'un de ses squelettes.

« Amateurs. »

Affirmait-elle face à ce spectacle, elle savait déjà comment elle allait s'en débarrasser pour obtenir la dague. Une nouvelle fois elle utilisait ses lamentations mortelles au maximum de sa puissance pour faire exploser chaque soldat de cette armée lugubre. Tous, sans exception, éclatèrent sous la pression du Death Wail. Siobhan admirait le spectacle, le sol était désormais jonché de leurs os. Cela l'avait beaucoup amusé mais elle n'était pas venue là pour se divertir ou perdre son temps. Elle se mettait donc immédiatement à la recherche de la vrai dague, à vue de nez, elle en avait une trentaine à examiner. Mais après la troisième, Siobhan eut la mauvaise surprise de voir tous les soldats se relever un à un et se reconstituer. Celle là... elle l'avait pas vu venir. Finalement, ça s'annonçait plus compliqué mais il en fallait plus pour la déstabiliser. Elle les regardait, le sourire aux lèvres, visiblement amusée par ce retournement de situation.

« Approchez les chéris, j'adore Halloween. »

S'amusait-elle à répliquer avant de se lancer dans la mêlée. Elle allait devoir se battre, les éliminer et les voir se relever une bonne paire de fois avant de comprendre comment les terrasser une bonne fois pour toute. Soit. S'il fallait en passer par là, alors elle en passerait pas là.

“Telle est notre malédiction, d’aspirer sans cesse à l’absolu, de le perdre sans cesse et d’y survivre toujours.” Isabelle Sorente

Ces foutus squelettes s'étaient donc relevés un à un, donnant un peu de fil à retordre à la Banshee qui avait besoin de bien plus pour être impressionnée. Certes elle avait été surprise, certes elle ne l'avait pas vu venir, mais qu'est-ce qu'elle trouvait cela divertissant. Elle avait l'impression d'être dans un de ces bons vieux films d'aventure à la Indiana Jones. C'était plutôt sympa même si elle devait avouer que c'était tout de même risqué. Ils étaient coriaces les cadavres ambulants et quelques gouttes de son sang avaient déjà jonché le sol. Des blessures sans grande conséquence qui ne l'empêchaient pas de poursuivre sa quête, bien au contraire. Après avoir tué et re-tué et re-re-tué une bonne dizaine de fois ses partenaires de jeu, l'héritière trouvait enfin ce qu'elle était venue chercher sur le cadavre de l'un d'entre eux. La fameuse et précieuse dague, l'objet de tous ses désirs en ce jour. En la saisissant, elle avait senti un frisson indescriptible la parcourir. Ça en avait été presque jouissif. La puissance et la rareté de cette arme l'avaient complètement fait décoller. Aucun doute sur le fait qu'il s'agissait bel et bien de la bonne dague cette fois-ci. Siobhan n'avait donc pas attendu plus longtemps pour vérifier l'une de ses théories. Elle revenait à la charge et sautait dans le tas... Le tas d'os! Comme une véritable guerrière, une lionne, elle enchainait les coups et dégommait un à un les soldats de la mort. Et cette fois-ci, ils ne se relevaient pas. La dague, disséminée parmi eux, était donc bien leur point faible. Siobhan était satisfaite.

« Merci pour le coup de main mauviette! »

Tu croyais vraiment qu'elle n'avait pas senti ta présence John? C'était mal connaître la Banshee. Elle était, de près ou de loin, liée à toutes les âmes qui circulaient sur cette Terre ou en Enfer. La tienne n'y échappait donc pas. Elle avait senti ta présence à la seconde même où tu avais foulé pour la première fois le sable du site. Et plus tu t'étais enfoncé dans le temple, plus elle t'avait ressenti. Lorsqu'elle combattait ces squelettes, elle savait que tu étais là à l'observer dans la pénombre. Et pour être honnête, ça l'excitait un peu, elle aimait avoir du public. Et même si elle ne savait pas encore qui tu étais, même si elle ne savait pas si tu étais là pour l'arrêter, la défier ou bien l'aider, ça l'excitait. Mais elle avait été déçue que tu ne la rejoignes pas car elle aurait adoré t'admirer toi aussi et jauger tes compétences. Qu'à cela ne tienne, elle les verrait très certainement plus tard.

« J'espère au moins que tu as apprécié le show. »  

La dague entre ses mains, Siobhan n'avait plus de temps à perdre ici. Surtout pas avec cet intrus qui s'était contenté de la regarder sans même lever le petit doigt. Comment avait-il pu passer à côté de ce formidable combat? Pour rien au monde la Banshee ne se serait privée de latter le cul de squelettes vivants. Ça en disait long sur le bonhomme et il ne l'intéressait donc pas plus que ça. Siobhan se téléportait alors dans son manoir mais qu'elle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle se rendit compte que la dague ne l'avait pas suivi. Bordel de merde, elle devait être protégée par un putain de sort qui la retenait dans ce foutu temple de péquenauds... Sio devait y retourner. Finalement, elle allait peut être en savoir plus sur son mystérieux inconnu. Une fraction de secondes plus tard, elle était donc de retour dans le temple et ramassait SA dague. Comment défaire le sort qui la reliait à ce lieu, ça n'allait pas être évident de résoudre ce casse tête mais, elle était bien déterminée à le remporter chez elle son gros lot. Restait à savoir ce que l'intrus avait l'intention de faire... Allait-il l'aider à y parvenir ou allait-il se révéler être un obstacle à balayer?

“Telle est notre malédiction, d’aspirer sans cesse à l’absolu, de le perdre sans cesse et d’y survivre toujours.” Isabelle Sorente

A son retour, Siobhan récupérait donc immédiatement la dague, elle n'avait laissé aucune seconde de répit au justicier. C'était comme ça avec Silver Banshee, c'était toujours tambours battants. Énergique, impulsive, sanguine, une vraie tigresse, une vraie diablesse. Pas le temps de vous assoupir ou de faire une sieste avec elle. Au combat comme dans les draps... Et oui, ça aussi c'était Siobhan McDougal, autant vous y faire. Bref... Siobhan se retrouvait donc à nouveau face au justicier émeraude mais aussi face à un sacré casse tête. Comment faire pour se tirer d'ici avec la dague? Ces satanés péruviens ne lui facilitaient définitivement pas la tâche. Ils semblaient avoir tout prévu mais il en fallait plus pour décourager Silver Banshee. Cette dague, elle la voulait, alors, elle l'aurait. Compris le top model en combinaison verte fluorescente? Ce n'était pas un Green Lantern qui allait l'empêcher d'obtenir tout ce qu'elle voulait. Aussi charmant soit-il, elle n'allait certainement pas lui offrir un traitement de faveur. Pas de pitié. Ce dernier se montrait d'ailleurs un peu trop confiant à son humble avis. Il jouait les durs, les caïds, comme tous les hommes sur cette fichue Terre. Tous ces imbéciles qui se croyaient supérieurs aux femmes uniquement parce qu'ils avaient été dotés d'un truc pendant entre les jambes... Siobhan détestait qu'un homme l'infériorise ou tente de la dominer. Elle avait subi cela toute sa vie et elle s'était promis une chose lorsqu’elle avait enfin obtenu le pouvoir de leur tenir tête... plus jamais! Siobhan glissait alors sagement la précieuse dague dans sa cuissarde spectral. Histoire de la mettre en sécurité mais aussi de montrer au justicier qu'elle allait d'abord tenter une approche en douceur.

« Oh vraiment? C'est marrant tu vois parce que, je n'aurais jamais imaginé que tu puisses être un adepte de ce genre de... pratiques. Comme quoi il faut toujours se méfier de l'eau qui dort. Tu pourrais finalement être bien plus intéressant que je ne l'aurais pensé. »  

Avait-elle dit en se rapprochant lentement et sensuellement de lui. Siobhan ne pouvait s'en empêcher, elle aimait bien trop jouer avec les hommes. Elle l'observait alors de la tête aux pieds... Hum... Il était tout à fait à son goût... Dommage qu'il soit de l'autre côté de la barrière, il lui inspirait tellement de choses celui là... mais ce n'était pas à l'ordre du jour. Et bien évidemment, elle savait très bien que ce n'était pas du tout ce que le justicier avait voulu dire. Lui, tout ce qu'il voulait, c'était réellement l'enfermer dans une prison pour l'empêcher de nuire à nouveau. Barbant... Ça le rendait tout à coup beaucoup moins aphrodisiaque. Mais, c'était son job après tout. Banshee n'avait aucune chance avec lui. Peut être qu'un jour Siobhan l'aurait, elle l'espérait vraiment. Quoi qu'il en soit, désormais, la criminelle n'était plus qu'à quelques centimètres du Green Lantern. Elle ne se montrait ni hostile, ni violente. Elle se contentait simplement de plonger son regard provocateur dans celui du bel étalon. Elle n'attendait qu'un geste, qu'une tentative du justicier pour lui répondre et laisser déferler sa colère. Les cartes étaient entre les mains du Green Lantern, du moins lui laissait-elle croire...

“Telle est notre malédiction, d’aspirer sans cesse à l’absolu, de le perdre sans cesse et d’y survivre toujours.” Isabelle Sorente

Siobhan se trompait peut être mais elle avait le sentiment que le justicier n'était pas si insensible que cela à ses charmes... Ce qui la surprenait grandement. Elle pensait qu'il n'aurait pas hésité une seule seconde à la rejeter pour entamer le combat et lui voler sa précieuse dague. Mais non... Le Green Lantern semblait soucieux, pensif, comme s'il pesait intérieurement le pour et le contre d'un tel rapprochement. Il en fallait beaucoup pour surprendre la Banshee mais là... pour le coup... le bonhomme vert avait fait fort. Jamais elle ne se serait attendue à un tel retour de sa part. Elle avait dit tout cela pour s'amuser, sans penser une seule seconde qu'elle pourrait faire le moindre effet au membre de la Justice League qui se tenait devant elle. C'était impensable qu'elle puisse un jour avoir quoi que ce soit avec l'un d'entre eux. Autant c'était beaucoup moins étonnant avec un membre de la Justice League Dark... n'est-ce pas Constantine? Tiens, un autre John, cela amusait Siobhan rien que d'y penser. Mais un membre de la si pure et intègre Justice League... Non, elle ne pouvait pas y croire. Elle devait se tromper. Il devait essayer de la piéger, c'était la seule explication.

Pourtant, le regard du justicier plongé dans le sien ne laissait pas vraiment de doute, Siobhan avait de l'expérience dans ce domaine, il était troublé... Et lorsqu'il fixait ses lèvres, l'héritière en était certaine, il était envahi par le désir, celui de l'embrasser, celui de la posséder. L'alchimie sans doute, une chose que rien ni personne ne pouvait contrôler, même pas le plus grand des héros. Les femmes étaient bien souvent leurs plus grandes faiblesses d'ailleurs. Le Green Lantern semblait en effet avoir bien du mal à se contrôler. Il peinait même à formuler sa phrase et tentait de se convaincre lui même sur le fait qu'il ne devait pas craquer, qu'il ne devait pas céder. La Banshee le soupçonnait alors de ne pas avoir eu énormément d'expérience avec les femmes... Elle ne le saurait probablement jamais. Mais en tout cas, une chose était sûre, cette attirance de la part du Green Lantern, elle ne l'avait vraiment pas vu venir. Elle était prise au dépourvu. Quand soudain, sans crier gare, le justicier bâtissait un bouclier de force autour de lui. Creusant un soudain fossé entre eux. Il prenait la fuite, il se cachait derrière son pouvoir pour ne pas céder... Siobhan ne pouvait que constater la chose, après tout, à chacun sa méthode. Il avait décidé de lutter, tant pis... pour lui! Il prétendait que dans d'autres circonstances, il lui aurait bien cédé. Mais lui, comme elle, savait pertinemment que c'était faux. Les justiciers, les vrais, les bien pensants, ils étaient bien trop droits et étriqués pour faire de telles folies. Ils ne faisaient que le bien parce que c'était bien. Ils ne faisaient rien de mal parce que c'était mal. Ils étaient si prévisibles finalement, si manichéens. Siobhan avait cru s'être trompée lorsqu'elle avait vu le regard criant de désir du Green Lantern se poser sur ses lèvres. Mais non... finalement elle avait toujours eu raison.

Mais ce n'était pas bien grave, après tout, elle n'était pas venue ici pour cela. Non, si elle était là, c'était uniquement pour SA dague et elle l'avait. Que demander de plus? L'homme poursuivait en disant qu'il ne pouvait pas se laisser manipuler par elle... Qu'insinuait-il? Que ce désir qu'il avait brièvement ressenti pour elle était de sa faute à elle? Oh non mon beau... Séduire les hommes n'était pas un pouvoir surnaturel de la Banshee. Elle n'avait aucune sorte d'emprise ou d'envoutement sur lui. Elle n'avait rien fait à part faire acte de présence, elle n'avait même pas essayé de la manipuler ou autre. Si cela l'avait titillé, c'était tout simplement parce qu'il en avait envie, mais cela était bien trop difficile à admettre pour un justicier. C'était compréhensible, quoi que légèrement insultant. Sous prétexte qu'elle faisait parti des "méchants", elle ne pouvait pas être une femme comme les autres? Le Green Lantern terminait par une menace... Il n'en fallait pas plus pour refroidir la Banshee. Il voulait vraiment se battre? Alors, elle, elle n'allait pas le décevoir.

« Très bien Green Lantern... Mais tu ne pourras pas dire que je ne t'avais pas laissé le choix. »  

Elle se téléportait alors en hauteur, elle avait besoin d'analyser la situation, de trouver comment libérer la dague de l'emprise de ce Temple. Elle n'avait pas envie de fuir, bien au contraire, mais si elle ne voulait pas passer une éternité à combattre le Green Lantern ici, elle allait devoir trouver une solution. Il devait forcément y avoir une barrière magique quelque part, il lui suffisait donc de la trouver et de la briser. Prenant une grande inspiration, Siobhan lançait son Death Wail à sa puissance maximale. Elle brisait tout sur son passage. Le sable se soulevait dans les airs, les fondations du Temple se fendaient, les artefacts se brisaient. Elle allait bien finir par trouver...

“Telle est notre malédiction, d’aspirer sans cesse à l’absolu, de le perdre sans cesse et d’y survivre toujours.” Isabelle Sorente

L'oreille absolue de la Banshee lui permettait d'entendre les paroles du Green Lantern malgré le chaos qui se déchainait tout autour d'eux. Un chaos d'une beauté électrisante, Siobhan était galvanisée par sa propre puissance et les dégâts provoqués par cette dernière. Pauvre justicier sans défense, avait-il réellement peur que tout s'écroule sur eux? La Banshee n'en avait que faire, elle savait pertinemment qu'elle y survivrait, ce n'était donc pas le bon argument pour la faire arrêter. Elle ignorait donc les propos du Green Lantern et poursuivait sa petite entreprise en prolongeant son terrible Death Wail. L'homme ajoutait alors qu'elle ne pourrait pas s'en tirer ainsi, qu'elle ne ferait que provoquer sa propre mort. Siobhan avait envie d'éclater de rire... Il avait osé s'en prendre à elle, il avait osé interférer dans ses plans sans même savoir qui elle était vraiment. Il en fallait plus, beaucoup plus, pour attenter à sa vie et si elle avait opté pour la destruction massive du Temple, ce n'était pas pour rien, elle savait pertinemment ce qu'elle faisait. Et puisqu'elle n'était pas assez idiote pour risquer sa propre vie, contrairement à ce que le Lantern semblait penser, elle n'avait aucune inquiétude à ce sujet. Aussi, la réaction du justicier l'amusait fortement. S'il ne se sentait pas de taille, il n'avait qu'à abandonner la partie et fuir loin, très loin, plutôt que de l'importuner comme il le faisait.

Comme simple réponse, Siobhan intensifiait alors d'avantage son cri. Histoire de faire comprendre au Lantern qu'elle n'en avait rien à faire de ses petites mises en garde. Cela eut pour effet de faire tomber un morceau du plafond. Ce qui contenterait très certainement le justicier qui n'attendait que cela visiblement. Il utilisait alors son pouvoir pour stopper la chute des divers morceaux. Perte inutile d'énergie et de temps, pensait la Banshee. Elle entendit alors une autre voix, plus lointaine, entrecoupée. Elle se concentrait alors et entendit très clairement dans l'oreillette du Lantern que les renforts n'allaient pas tarder. Mais... il y avait bien plus important que cela. En effet, Siobhan avait senti autre chose... Quelque chose de beaucoup plus important et intéressant. Elle avait réussi, en déployant son arme la plus redoutable, son arme la plus efficace, elle était parvenue à briser la barrière magique qui retenait la dague ici, elle l'avait ressenti au plus profond de son être. Les péruviens ne l'avaient pas vu venir celle-là. Siobhan devait avouer qu'ils étaient malins et qu'ils lui avaient bien donné du fil à retordre d'outre-tombe. Mais ils n'avaient pas pu deviner qu'une Banshee tenterait de s'emparer de cette dague. Dommage pour eux. Tout ça, tous ces plans, tous ces pièges, pour rien... Siobhan esquissait un sourire et se téléportait dans sa dimension pour y ranger précieusement la dague. Désormais elle était tout à elle et plus personne n'y pourrait rien. Enfin, elle avait avançait dans sa croisade contre le Crone. Il ne lui restait plus qu'à abattre la carte "Constantine" dans le royaume des fées de Brocéliande et le tour serait joué. Bon, en réalité, ça serait bien plus compliqué que ça mais elle avait tout de même bien progressé dans son plan et cela la mettait véritablement en joie. L'avenir devenait de plus en plus radieux pour l'héritière. Elle était soudainement d'humeur festive.

Une fois la dague en sécurité, elle revenait alors dans le Temple, se téléportant auprès du Green Lantern. Il ne pouvait pas alors deviner qu'elle était partie ailleurs et encore moins que la dague n'était déjà plus là. Il avait juste vu la Banshee se téléporter d'un point A à un point B. Siobhan allait s'en amuser... Alors que le Temple s'effondrait progressivement autour d'eux, elle restait de marbre face au justicier. Elle se contentait d'esquisser un sourire en plongeant son regard spectrale dans celui du Lantern.

« Tu as raison justicier, je n'ai aucune chance contre toi. Tu es si fort... Je me rends! »  

Disait-elle en tendant ses deux poignets vers le justicier, telle une criminelle attendant qu'on lui passe les menottes. Bien évidemment, Siobhan se payait la tête du Green Lantern, elle ne se rendait absolument pas. Mais elle avait bien hâte de voir ce qu'il allait lui faire. Elle n'attendait que cela qu'il se rapproche d'elle...

“Telle est notre malédiction, d’aspirer sans cesse à l’absolu, de le perdre sans cesse et d’y survivre toujours.” Isabelle Sorente

La dague en sécurité, Siobhan pouvait enfin véritablement s'amuser et ce justicier, le Green Lantern, l'inspirait énormément. Elle sentait un vide, un manque en lui. Une profonde solitude qu'il semblait prêt à combler par tous les moyens. Elle avait connu cela elle aussi il y a très très longtemps. Lorsqu'elle n'était qu'une petite chose fragile et vulnérable. Une femme faible, désireuse de rester dans le droit chemin et d'obtenir l'approbation et l'affection des autres, surtout celle des hommes. Et puis elle avait rencontré le Crone, elle était devenue une Banshee, elle avait sombré dans les ténèbres et ce sentiment atroce de solitude permanente et irréversible s'était envolé. Comme par enchantement. Peut être que le Green Lantern lui aussi cesserait d'avoir cette tristesse dans le regard si seulement il acceptait de sombrer lui aussi dans les ténèbres. Cette idée était extrêmement séduisante et Siobhan connaissait tant de moyens pour faire basculer un homme dans l'obscurité. Le justicier lui passait alors les menottes, comme elle le lui avait suggéré par son geste de reddition. Elle ne le lâchait pas du regard une seule seconde durant toute l'opération. Comme si elle y prenait un certain plaisir, ce qui était bien évidemment le cas. Cette peau ébène, ces yeux émeraudes, ce corps d'Apollon, il lui plaisait de plus en plus le droit et intègre Green Lantern. Le corrompre au pêché de la chair serait un bien beau défi, une exquise victoire mais elle sentait qu'il allait lui donner du fil à retordre le bougre. Tant pis... dans le meilleur des cas elle le transcenderait de plaisir, dans le pire, elle l'arracherait à sa vie misérable dans d'atroces souffrances. Finalement... les deux options étaient très plaisantes.

Le justicier, lui, ne semblait pas se poser de question. Il les entourait d'un halo vert et les transporté jusqu'à la surface. Ce n'était pas désagréable de se faire transporter pour une fois. Bon, pour être honnête, Siobhan aurait pu se téléporter à de nombreuses reprises. Elle avait déjà, et ce grâce à sa magie, briser l'effet anti-pouvoirs des menottes de notre bon vieux Lantern, mais elle attendait le moment opportun pour faire son petit effet. Celui-ci arriva très vite lorsque le justicier la déposait au sol avant de lui tourner le dos pour communiquer avec ses collègues et faire le bilan des opérations. La Banshee esquissait un sourire. Erreur de débutant ça! Elle se téléportait alors dans les airs, ne laissant derrière elle que les menottes vides et fermées.   

« Tu devrais vraiment arrêter de me sous-estimer, ça devient vexant. »  

Disait Siobhan tandis qu'elle lévitait au dessus du Green Lantern.

« Voilà ce que je te propose Green Lantern. Si tu m'attrapes, je te laisse me repasser les menottes... Mais si tu n'y parviens pas... C'est moi qui te les passerai... »

La Banshee esquissait alors un large sourire qui ne laissait aucun doute sur ses intentions si c'était elle qui parvenait à semer le justicier. Puis, sans laisser le temps au Green Lantern de répondre, elle s'envolait dans les airs, prête à tout donner pour remporter cette course poursuite aérienne.

“Telle est notre malédiction, d’aspirer sans cesse à l’absolu, de le perdre sans cesse et d’y survivre toujours.” Isabelle Sorente

Siobhan était douée pour de nombreuses choses, le vol en faisait parti. Un pouvoir qu'elle avait immédiatement appris à aimer mais aussi et surtout à maitriser. Capable de rivaliser avec le grand Superman dans des combats aériens époustouflants, elle savait d'ores et déjà qu'elle gagnerait face au Green Lantern. Fierté mal placée, ego surdimensionnée, excès de confiance, arrogance démesurée? Oui, oui, oui et oui. Nous parlons bien de Silver Banshee, à quoi vous vous attendiez? Jetant un coup d'oeil derrière elle, elle esquissait un large sourire en constatant que le justicier avait accepté le défi. Il se débrouillait plutôt bien le bougre. Il la suivait à la trace et parvenait à maintenir le cap. Malgré cela, Siobhan restait confiante et ne s'inquiétait pas plus que cela. Elle pouvait voler ainsi pendant des heures sans jamais se fatiguer une seule seconde. Et d'après ce qu'elle avait compris sur le fonctionnement des Lanterns, ce n'était pas le cas de son nouvel ami. Il lui suffisait donc de faire durer la chose pour l'épuiser et ainsi l'avoir pour elle tout entier, à sa merci. Ce qu'elle préférait... Siobhan était une experte pour faire durer les bons moments. Elle crut d'ailleurs à un moment déceler un sourire sur le visage du justicier, il semblait apprécier cela lui aussi... Un peu de piment dans sa vie terne et morose peut être? Elle avait bien senti qu'il n'était pas insensible à son charme celui là. Il aimait jouer avec le danger visiblement, cela plaisait beaucoup à la Banshee. Rares étaient les justiciers à vouloir se brûler les ailes ou plus.

Le Lantern tentait alors quelques attaques mais toutes échouaient sans exception, ce qui faisait bien rire Siobhan. Le faisait-il exprès juste pour avoir le plaisir d'être dominé par elle? Elle se posait sincèrement la question. Puis soudain, le justicier se retrouvait en très mauvaise posture, littéralement à sec, en manque de carburant pour ses pouvoirs. Ça sentait pas bon, mais alors pas bon du tout pour lui. Dans un premier temps, Siobhan poursuivait tout de même sa route, au cas où cette mise en scène n'aurait été un piège grossier pour rattraper son retard. Puis, après avoir un peu attendu, elle comprenait que le Lantern était réellement à sec et donc totalement inoffensif. Elle souriait à nouveau avant de repartir comme une flèche vers lui. La chute avait dû faire mal mais le justicier semblait toujours en un seul morceau. Lévitant au dessus de lui, Siobhan l'examinait de la tête aux pieds. Elle remarquait alors rapidement qu'il avait un petit soucis avec son épaule. La Banshee se posait au sol et s'approchait lentement du Lantern. Elle s'asseyait à califourchon sur lui, se retrouvant nez à nez avec lui.

« Laisse moi faire Lantern... »  

Elle rapprochait alors lentement son visage du justicier et d'un coup sec, sans qu'il ne l'ait vu venir, elle lui remettait en place son épaule. Et oui... elle était aussi dotée d'une force surhumaine la belle. Je vous l'avais dit, on sous-estime bien trop souvent Silver Banshee. Une fois l'épaule du Lantern remise, Siobhan, toujours assise à califourchon sur lui, laissait ses mains caresser le torse du justicier en descendant jusqu'à sa ceinture, là, elle s'emparait des menottes. Un deal était un deal n'est-ce pas? Elle se relevait alors et, laissant le justicier assis par terre, fit le tour de lui pour se retrouver dans son dos. Elle s'agenouillait derrière lui, s'emparait de ses deux poignets et le menottait, comme elle lui en avait fait la promesse quelques instants plus tôt. Puis elle approchait ses lèvres de l'oreille du Lantern.

« La prochaine fois, j'espère que tu n'auras pas de... problème technique... »

Je laisse la signification de cette phrase à votre appréciation. Siobhan se téléportait alors, disparaissant loin, très loin du Green Lantern et des renforts qui arriveraient trop tard.