Everything is permitted, nothing is true || Barry

Zatanna &
Barry

Le soleil était à son zénith lorsque le maître assassin mena son cheval en dehors de la route pour le faire disparaître à travers les arbres. Ce fut en grognant que l'homme descendit de son destrier et posa pied à terre. Une grimace sur la bouche, il étira ses muscles endoloris et frictionna son corps pour espérer le réveiller. Dans ce but, il tapota légèrement sur ses joues et chassa la lassitude. Une fois ceci fait, il s'assit un instant sur le sol pour se sustenter. Dans son sac de voyage, il ne lui restait plus que quelques bouts de viandes séchées achetées au marché de Masyaf avant son départ. Malgré le maigre repas, l'homme roux se sentit revigoré. Reprenant les rênes de son cheval, il mena l'animal un peu plus loin dans la forêt et l'attacha à un arbre, s'assurant que la bête avait de quoi manger et boire dans les environs.

Satisfait, il le laissa et commença sa faible ascension vers son village cible. Si il était ici, dans cette contrée perdue, ce n'était pas pour le plaisir. Les assassins ne connaissaient, de plus, pas le réel sens de ce mot. Non, ils ne vivaient que pour le crédo et pour les missions qui leur étaient confiées. Et sa mission consistait à retirer la vie d'un des ennemis de la confrérie des assassins. Celle d'un templier. Et ce dernier se cachait juste là, plus bas, dans ce petit village perdu au taux faible d'habitants. Barry ne comprenait pas pourquoi sa cible avait décidé de se planquer ici. Les templiers étaient plutôt connus pour se trouver dans les grandes villes ou aux abords de tous les points stratégiques.  Après tout, ils trempaient leurs doigts partout où ils le pouvaient : politique, stratégie militaire. Ils étaient partout et aussi nulle part à la fois. Il n'y avait pas à dire les dénicher demander du temps et des ressources. Heureusement, la confrérie des assassins avaient les deux. Et sous le commandement d'Al Mualim, elle nettoyait la terre sainte de ses ennemis. Elle protégeait le peuple de l’oppression. Car pour eux, il ne pouvait y avoir de libertés par la dictature et la tyrannie. Barry, pour autant, ne pensaient pas qu'ils étaient meilleurs que les autres. Meilleurs que les innocents qu'ils protégeaient directement ou indirectement. Le fait qu'ils étaient entraînes à l'art de la guerre et à l'art de tuer n'en faisait pas des dieux parmi les hommes. Une idée qui pourtant avait fait son chemin à la fois parfois les habitants lambda et les assassins eux-mêmes. Une idée qui était portée au sein même de la forteresse par l'Aigle de Masyaf lui-même. Altair Ibn La'Ahad avait tendance à se considérer comme au -dessus des autres – et parfois même au-dessus du crédo - du fait de ses capacités hors du commun.  Mais pour Barry, l'assassin était au service du peuple. Ils n'étaient pas là pour leur dicter une ligne de conduite mais seulement pour les aider à pouvoir vivre celle qu'ils avaient choisi.

Secouant la tête, Barry se reconcentra sur sa mission. Penser à sa maison maintenant ne ferait que le distraire et louper ce pourquoi il était là. Arrivé aux abords du village, il prit un peu d'élan et s'élança contre un mur pour attraper la première aspérité qui se présenta à lui. Agile comme un lynx, il grimpa la façade sans être vu jusqu'à atteindre le toit. De ses yeux, il trouva la surface la plus haute et courut jusqu'au minaret en sautant de toit en toit. Une fois en hauteur, il activa sa vision d'aigle – capacité peu répandue et qu'il avait en commun avec ce très cher Altair. Bientôt, les villageois prirent leurs couleurs. Blancs, gris, rouge et bleu. Cette dernière couleur le surprit quelque peu. Le bleu était réservé aux amis ou membres de la familles. C'était la couleur des alliés, des frères de la confréries. Pourtant, là au milieu, il y avait une personne qui répondait à ses critères. Barry fronça les sourcils et sur son perchoir analysa la scène qui se trouvait plusieurs mètres plus bas. De là où ils n'étaient, les voix n'étaient que des murmures et il ne put savoir de quoi il en retournait. Tout ce qu'il savait, c'était que cette femme alliée était attaché à un poteau. Il n'était alors pas bien dur de comprendre ce qu'il allait lui arriver.

Barry hésita. Les paramètres de sa mission ne prenait pas en compte une mission sauvetage. Non, il n'était là que pour une chose. Infliger la mort à l'ennemi. Ennemi qui à présent mettait le feu à la structure faite de paille et de bois. Ce fut finalement le cri de douleur que cette inconnue lâcha qui prit la décision à sa place. Avisant le foin entreposé plus bas, il effectua un saut de la foi et se laissa tomber dans ce dernier. Comme une ombre vengeresse, il en ressortit et sauta sur la plate-forme de bois pour arracher la pauvre malheureuse à son sombre destin. La fumée  danses et les flammes l'aidèrent à se cacher des visages inquisiteurs et lui permit de lancer un poignard dans la direction de sa cible qui s'écroula et rendit son dernier souffle de vie. Ayant besoin d'une preuve à ramener à son Mentor, Barry quitta un instant les côtés de la jeune femme pour passer la plume blanche sur le cou de sa victime , la teintant pour toujours de rouge.  Profitant des flammes et de la confusion de la population, Barry mit les voiles et transporta l'innocente – ou non innocente mais ce n'était pas à lui d'en juger – jusqu'à l'extérieur du village. Voyant qu'elle ne se réveillait pas, il termina de la hisser sur ses épaules pour l'amener jusqu'à son cheval. Là, il la plaça en sécurité devant lui et détala au grand galop. Après un assassinat, il valait mieux ne pas s'attarder. Le lieu ne tarderait pas à être rempli d'ennemis et Barry même si doué dans son art n'était qu'un seul homme.

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Cheval lancé au grand galop, l'assassin tentait de mettre le plus de distance possible entre le village et sa position. Et leur position même. Bientôt, la cloche d'alarme du hameau ne fut qu'un bruit lointain et Barry réduisit l'allure de sa monture à un galop moins soutenu pour lui laisser le temps de respirer. Caché par son capuchon, Barry posa son regard sur la jeune femme qu'il avait sauvé d'une mort certaine lorsque cette dernière bougea. Ses yeux si clairs et sa peau blanche faisaient d'elle une étrangère à cette terre. Un enfant de conquérant. Pour autant, cela ne semblait pas être une raison suffisante aux yeux de l'assassin pour la brûler vive. Bien qu'il devait certainement y avoir une autre bonne raison. Au fond, le membre de la confrérie savait qu'il n'aurait pas du s'en mêler. Ce n'était pas à lui de décider qui méritait de vivre ou de mourir. Et à dire vrai, sans la couleur bleue qu'elle dégageait, elle n'aurait pas été sauvé. « Arrêtez… Arrêtez ! ». D'un coup sur les rênes, Barry passa le cheval au trot puis au pas. Il n'eut pas le loisir d'arrêter complètement la monture avant que la jeune femme ne se jette à terre. Un peu ennuyé, il la regarda rouler dans la terre brune et la poussière. Il ne l'avait pas sauvé pour qu'elle se tue en se montrant aussi peu intelligente. Avec un soupir, il fit demi-tour et arrêta Hafiz aux devants de la jeune femme. Pour autant, il ne mit pas pieds à terre et se contenta simplement de croiser ses mains sur le pommeau de sa selle. Sans lui apporter son aide, il la regarda se redresser. Et lorsqu'elle l'observa, il en fit de même. A son contraire cependant, il avait une vue imprenable sur toute sa silhouette et sur son visage. De lui, elle ne pouvait voir que le bas de son visage et sa bouche. Des traits en soi distinctifs pour qui savaient réellement regarder.

« Merci. Vous m’avez sauvée ». Pour toute réponse, le maître assassin hocha la tête. « Ils risquent de se lancer à votre poursuite. Ils auront trop peur que je revienne me venger pour ne pas essayer de finir le travail » déclara t-elle par la suite. Un sourire amusé étira ses lèvres. «  Je doute qu'ils sachent qui je suis et où me trouver » répondit il avec une légère pointe d'arrogance au fond de sa voix grave et indéniablement masculine. Les flammes qui l'avaient enveloppé avaient dissimulé sa silhouette aux yeux des habitants. Quant à sa cible qu'elle l'ait vu ou non , cela importait peu. Elle était morte et même Allah n'allait pas la ramener à la vie. Et puis, c'était le propre de l'assassin de se cacher au milieu des foules. De se cacher à vue, directement sous le nez de ce qui allait périr sous leurs lames. « Je m’appelle Zatanna. Puis-je connaître le nom de l’homme à qui la sorcière doit la vie ? ». Sorcière ? C'était donc la raison de sa mise au bûcher. Sous le blanc de sa capuche, Barry fronça les sourcils. A nouveau, il activa sa vision d'aigle. La femme portait cependant toujours la même couleur. Même si elle pratiquait les arts mystiques et la magie noire, elle restait une alliée pour lui. Un fait qu'il ne pouvait s'empêcher de trouver intéressant.

Comme tous les assassins Barry n'était pas religieux et il n'associait donc pas sorcellerie avec la superstition. Pour autant, il ne savait pas quoi faire de cette information. Et malgré sa couleur bleutée, il se promit de rester sur ses gardes. Du moins jusqu'à pouvoir la laisser dans la prochaine ville. «  Non » répondit il simplement à sa question après quelques secondes de silence. Un assassin ne révélait jamais son identité. Il agissait dans l'ombre pour servir la lumière. Plus ou moins. Même si il fallait avouer que tous ses frères n'étaient pas des plus discrets et que Masyaf était une énorme forteresse. De son côté, c'était ainsi qu'il voyait cependant la chose. Et puis connaître son nom ne lui servirait de toute façon à rien alors il ne se sentait pas obliger de le lui apprendre. « Que veniez-vous faire dans ce trou à rats, d’abord ? Vous n’avez pas l’air d’un croisé. Ni d’un type du coin ». Ainsi, cette demoiselle n'avait jamais entendu parler de la confrérie. Les assassins étaient comme une murmure sur les bouches des gens. Un nom aimé et un nom maudit.  Il n'y avait pas à dire ils s'étaient fait une certaine réputation. Leurs faits d'armes apportaient espoir à certains et faisaient trembler les autres. «  J'avais à faire... » commença t-il avant de se stopper. « Cet homme ne vous fera plus de mal » reprit il finalement, après avoir pesé le pour et le contre. Lui révéler une telle information en disait long sur sa profession. Et il espérait qu'elle puisse trouver un certain réconfort dans ses mots et non de la peur. «  Votre jambe a besoin d'être soignée. Elle risque de s'infecter ». Dans ce cas là, seule l'amputation était alors possible possible pour sauver le reste de la personne.

Avec un léger sourire ses lèvres, il lui tendit une main par-dessus l'encolure de son cheval. « Monter, je vous amène jusqu'à la prochaine ville ». Prochaine ville qui se situait à deux jours de trajet de là. Barry espérait vivement que sa situation n'empire pas jusque là. «  A moins que vous puissiez le faire toute seule ? » demanda t-il en se rendant compte, peut être trop tard, qu'elle pouvait probablement s'en charger seule. Dans tous les cas, il ne pouvait pas la laisser seule au milieu de nulle part. Il allait devoir la déposer ailleurs. Elle allait donc devoir supporter sa compagnie encore un petit plus.

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Une source d'eau. Barry pouvait en trouver une facilement. Il connaissait la région comme le bout de ses doigts à force de s'y aventurer pour les besoins de ses diverses missions. De ce fait, il savait qu'une petite rivière serpentait paisiblement à quelques minutes de leur position. Il suffisait à présent pour elle de le rejoindre à l'avant du cheval. Ce qu'elle fit sans trop se faire prier. «  Hafiz » répondit Barry lorsqu'elle flatta l'encolure de leur monture tout en demandant le prénom de l'animal. «  Il s'appelle Hafiz » rajouta t-il pour bien lui signaler que c'était le cheval qui s'appelait ainsi et non lui. En arabe Hafiz signifiait le gardien et Barry ne pouvait que reconnaître que le nom avait été bien choisi. De tous les chevaux au service des assassins, Hafiz était celui avec lequel Barry avait une connexion. L'animal était d'une loyauté à toute épreuve et l'avait plus d'une fois sorti de beaux draps. Appréciant la caresse, le cheval hénit et gratta son sabot avant droit contre la surface dure du sol pour en libérer la poussière. Sous sa capuche, l'assassin roula des yeux face au numéro de charme de l'animal. Tranquillement, il le remit d'abord au pas et augmenta la cadence jusqu'à atteindre un léger galop. Avec la charge supplémentaire, il était préférable d'adopter une allure de croisière moins rapide pour pouvoir couvrir plus de kilomètres sans s'arrêter.

Les premières minutes du voyage se passèrent dans le silence. Barry en profita pour écouter tout autour de lui les murmures de la nature. Personne ne semblait à leurs trousses. Du moins pour le moment. Le maître assassin espérait que la situation resterait aussi calme. Il ne voulait pas la voir plus en danger qu'elle ne l'était déjà. Surtout lorsque son sort était encore entre ses mains. Après, ce qui lui arriverait ou non n'était plus de son ressort. Les gens comme lui ne s'attachaient pas. La mort faisait partie intégrante de leur vie. A ce titre, former une connexion avec quelqu'un externe à la confrérie devenait très difficile. Voir impossible suivant les cas. Ils n'évoluaient tout simplement pas dans les mêmes sphères. Comme elle l'avait si bien dit, ils étaient des fantômes. Des êtres de l'ombre. Et dans l'ombre ils vivaient et mourraient.

« Je vous ai déjà vu » déclara t-elle soudainement, brisant le fourmillement de ses pensées.  Caché, Barry haussa un sourcil interrogateur. Voulait elle dire qu'elle avait déjà croisé le chemin d'un ou de plusieurs assassins ou qu'elle avait déjà croisé son chemin à lui ? « Cela fait des jours que je vous vois. Dans mes visions. Je ne peux pas croire que les esprits qui veillent sur nous fassent les choses au hasard. Je n’ai plus de foyer, je n’en ai jamais eu. Laissez-moi aller avec où, où que vous alliez ». Face à cet assaut d'informations, l'homme resta silencieux. Son corps tendu racontait cependant tout ce qu'il y avait à savoir. Des visions ? De lui ? Ou de quelqu'un comme lui ? Il était peu sûr de savoir quoi faire de ses révélations. Il avait besoin de les analyser. De plus, pouvait il réellement l'emmener à Masyaf ? Il était clair pour lui qu'elle ne serait pas la bienvenue dans la forteresse des assassins.- à moins d'être une des fleurs du jardin, à comprendre une des courtisanes de la forteresse. Une femme assassin... cela ne s'était jamais vu. Barry ne doutait pas des capacités du sexe opposé mais même lui avait du mal à les imaginer en tueur sanguinaire. Car c'était bien ce qu'ils étaient. Ne restait alors que le village. Ses habitants étaient déjà habitués aux assassins , peut être alors pouvaient ils accueillir une sorcière – si c'était vraiment ce qu'elle était. Après tout, lui aussi avec un don qui n'était pas tout à fait … humain. Un don qu'il partageait avec Altaïr.

Ayant besoin d'un peu de temps pour prendre la meilleure décision, Barry fit quitter la route à son cheval et les emmena au plus près de la petite rivière qui coulait non loin. A ses abords, il mit pied à terre et aida la jeune femme à en faire de même. «  J'espère que cela sera suffisant » déclara t-il. « Je vais jeter un coup d’œil aux alentours pour assurer notre sécurité » continua t-il. «  Si vous avez besoin d'aide, criez » termina t-il en commençant à s'éloigner. Elle n'avait pas besoin de sa présence et voulait probablement un peu d'intimité pour faire ce qu'elle avait à faire. Bien sur, il aurait été curieux de la voir effectuer son petit numéro. Leur sécurité était cependant plus importante que sa curiosité. Secrètement, il espérait  cependant qu'elle ne prenne pas trop de temps. L'assassin voulait rejoindre Acre le plus rapidement possible. Là bas il aviserait du sort de sa compagne de voyage.  

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Le bruissement du vent dans les arbres, voilà ce que l'assassin entendait depuis sa cachette. La route était paisible et vide de toute vie. Pour s'en assurer, il s'avança un peu de cette dernière et posa une main sur la terre. Aucune vibration ne remonta le long de son bras. Pour le moment, la position isolée de ce petite village jouait en leur faveur. Ils seraient probablement bien loin lorsque les renforts arriveraient jusqu'ici. Vision d'aigle activée, il embrassa buissons et fougères du regard. Sa vision resta grise, dénuée de toute vie humaine ou même animale. Satisfait, il se redressa et disparut à nouveau entre les arbres pour rejoindre Hafiz et Zatanna. Barry avança doucement pour donner le maximum de temps à sa passagère pour .. faire ce qu'elle avait à faire. Et pour se rhabiller si elle avait eu l'idée de se débarbouiller dans l'eau clair de la rivière. Un exemple qu'il aurait peut être du suivre. Sa peau était sale de poussière et de suie. Il n'avait pas visité les bains depuis son départ de Masyaf plus qu'une semaine plus tôt. Il avait seulement fait une toilette de chat dans les fontaines des villes qui croisaient son chemin. Il se sentait presque désolé de devoir la soumettre à son arôme. Presque. « Encore ! Encore une vision de vous ! Et ce stupide minaret ! ». L'assassin resta interdit, stoppé dans sa marche. Ses yeux ronds de surprise cachés sous le blanc de sa capuche se fixèrent sur la jeune femme. « Quel minaret ? » se retrouva t-il à demander, sur le coup un peu perdu par la soudaineté de ses propos et la véhémence qu'il croyait y déceler. «  Et puis comment pouvez vous être sûre qu'il s'agisse de ma personne ? » continua t-il sur le même ton. Tous les assassins de l'ordre des assassins du Levant portaient les mêmes robes. Seule le mentor de la confrérie portait une robe de couleur différente pour permettre sa facile identification par les novices. A part lui, tous ses frères étaient vêtus de blanc de la tête aux pieds, la seule pointe de couleur restant la couleur rouge de leurs épaisses ceintures. Autant dire qu'ainsi vêtus et leurs traits cachés par une large capuche, ils se ressemblaient tous aux yeux des inconnus et des non initiés.

Avant qu'elle n'ait cependant le temps de lui répondre, Barry entendit un bruit au loin. Il leva la main en l'air pour lui signaler de se taire et de rester silencieuse. Le calme qui les avait accompagné jusque là semblait finalement brisé. Grâce à sa vision, il décela une patrouille de gardes lancée au galop sur la route. Une patrouille qui remontait directement la route vers le village qu'ils avaient quitté. «  Montez » souffla t-il lorsqu'ils furent assez loin. Ils ne pouvaient pas rester plus longtemps dans les parages. Ils étaient finalement arrivés plus rapidement que prévu à court de temps. Pourtant, l'assassin ne pensait pas que les gardes étaient au courant du meurtre qui avait eu lieu plus loin. Ils avaient eu l'air trop sereins sur leurs belles montures. Probablement se rendaient-ils  dans cette direction avant même que Barry ne passe à l'acte. Quoiqu'il en était, la fortune n'était plus de leurs côtés et ils n'allaient pas tarder à découvrir la scène macabre qu'il avait laissé derrière lui. A supposer qu'il s'arrêtait  au village bien entendu.

Dans un geste souple, Barry monta sur le dos de Hafiz en sautant par dessus sa croupe et hissa sa compagne. Après ça, l'homme ne perdit pas de temps à mettre le cheval au galop en dehors des sentiers battus puis sur la route elle-même lorsqu'il estima qu'elle était assez sûre. Par précaution, il paya cependant grassement un groupe de voyageurs dans lequel il se fondit. Les patrouilles  cheval avaient tendance à ne pas se préoccuper des caravanes de marchands sur les routes. Ses compagnons de voyage, ils les laissa cependant à un embranchement et Barry prit la direction d'Acre. A l'allure où ils allaient, ils seraient arrivés à Acre demain dans l'après midi si ils ne s'arrêtaient pas pour la nuit. Si ils décidaient de camper en revanche, ils n'y seraient probablement que tard dans la nuit. Hafiz – et même Zatanna – ne supporterait cependant pas de courir toute la nuit. Alors lorsque le soleil déclina, il mena à nouveau la monture hors de la route et leur trouva un coin tranquille, caché de la route pour une pente.

Sans un mot, il mit pie dà terre et l'aida à en faire de même. Du dos de son cheval, il descendit sa gourde d'eau et une petite couchette faite de paille et de tissu. Il installa cette dernière par-terre. « Vous pouvez vous reposer, je vais chercher de quoi faire un feu » lui apprit il en commençant directement à s'éloigner pour récolter du bois. En quelques minutes, il avait de quoi faire et installa le tout en rond au plus près de la couchette. Un petit feu ne tarda pas à crépiter et Barry put alors s'asseoir en tailleur à même le sol. Des poches de sa ceinture, il sortit des petits bouts de viandes séchées. Son maigre repas, il le partagea avec sa compagne du jour. Hafiz lui broutait tranquillement deux mètres plus loin et ne tarderait pas à venir réclamer un peu d'eau. «  Alors ce minaret ? » s'enquit il finalement, des heures après leur conversation initiale. A présent, dans le silence de la nuit, il était plus sûr d'en parler.

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La question de l'assassin sortit sa comparse de ses pensées. Sagement, il mâchouilla sa viande séchée au goût trop salée et attendit qu'elle daigne lui répondre. Autant dire qu'il ne fut pas dessus de cette dernière. Curieux, il la regarda s'approcher des flammes. Tout prêt à intervenir si elle décidait de mettre les deux mains dedans. Barry ne s'était pas embêté à la sauver pour qu'elle finisse le travail que les villageois avaient commencé plusieurs heures plus tôt. Sous sa capuche, ses sourcils allèrent rejoindre la lisière de ses cheveux lorsque les flammes formèrent une image. Lui-même se retrouva à s'approcher de l'étrange structure dansante. Le minaret de la grande mosquée de Al-Quds ou Jerusalem, ville sainte et sujet de toutes les discordes religieuses et politiques. Saladin d'un côté, et les croisés de l'autre sous l'égide des rois de France, d’Angleterre et de l'empereur germanique. « Trois fois sainte, trois fois maudite. Elle va bientôt brûler. C’est là-bas que brille le minaret de ma vision ». Dans le fond de sa gorge, l'homme émit un son. La ville était assiégée et le sort de la mosquée, symbole de la religion musulmane ne l'étonnait guère.

Cependant, la nouvelle de cette destination n'était pas pour ravir le maître assassin. Il était devenu difficile pour lui et le reste de ses frères de voyager jusqu'à la ville, y entrer et accomplir ce qu'ils avaient à y faire. Il y avait trop de gardes à l'intérieur des murs, trop de regards. Le rafiq des assassins présent sur place ne cessaient d'ailleurs d'envoyer des missives à Al-Mualim pour l'avertir des dangers. S'y rendre ne serait donc pas une partie de plaisir. De toute façon, seul le mentor de la confrérie déciderait quoi faire de ses informations. C'était à lui que revenait la responsabilité de prendre les décisions. Barry ne pouvait se rendre dans la ville sainte sans son accord expresse. Et contrairement à d'autres, il respectait la positon hiérarchique du grand mentor et n'irait pas contre ses décisions. Avant de faire quoique ce soit, il fallait donc retourner à Masyaf et en apprendre un peu plus sur ce minaret et sur la raison de sa présence dans les visions de sa compagne du moment.

Cette dernière s'était d'ailleurs reculée du feu et face à son regard épuisé, Barry décida de reporter à demain son interrogatoire. Ils avaient après tout de longues heures encore à passer ensemble. Il aurait alors tout le loisir de la questionner. Sans un mot, l'homme croqua dans un bout de viande salée et la laisse à son silence. Silence qui ne dura guère que quelques minutes. « Vous aussi, vous avez le don. Je vous ai vu tout à l’heure dans l’oasis. Vous entendez des choses silencieuses, et vous voyez des choses invisibles. Vous êtes venu tuer un homme de mon village, et si vous ne m’aviez pas sauvée, vous auriez disparu sans laisser de traces, comme un fantôme ». Barry devait bien admettre que son sens de l'observation l'étonnait. Peu dans sa position aurait fait attention à ce qu'il faisait. D'un autre côté, l'assassin n'avait pas été des plus discret quand à l’utilisation de sa vision d'aigle. Pour toute réponse – et parce que l'homme n'aimait pas mentir lorsque cela n'était pas nécessaire- - il hocha simplement la tête. Oui, il avait un don. Un sixième sens. Quelque chose de si rare qu'il était presque effrayé d'en parler, même à ses alliés. Alliés qui de toute façon ne comprendraient pas les tenants et aboutissants de sa vision d'aigle. Lui-même ne pouvant expliquer sa provenance ou son fonctionnement. Pourquoi lui et pas les autres ? Cette question, Barry se l'était posé des centaines de fois. Et pendant longtemps, il s'était caché au yeux du monde. Il avait caché son regard, la couleur ocre et dorée de ses yeux. Il s'était cru seul. Touché par une malédiction lorsqu'il ne savait pas quoi en penser. Il était après tout aisé pour un enfant de plonger la tête la première dans toutes les superstitions.

Par chance, il avait trouvé la confrérie. Ou plutôt la confrérie l'avait trouvé. Et au cœur de cette dernière, il l'avait trouvé lui. Altaïr Ibn La-Ahad, l'enfant  novice aux yeux dorés. A partir de ce moment, Barry n'avait plus jamais été seul. Il y en avait un autre comme lui. Un autre qui pouvait le comprendre. Hélas, leur don en commun, ne signifiait pas que les deux hommes s'entendaient à merveille. Altaïr était arrogant et impulsif là où Barry était humble et réfléchi. Ils étaient presque de parfaits opposés. Quant au reste de ses suppositions, il ne pouvait pas non plus les réfuter. «  Vous devriez vous reposer » lança t-il finalement en replaçant un bout de fois dans le feu pour l'alimenter. « Serez-vous encore là quand je me réveillerai ? ». L'homme hocha à nouveau la tête et la regarda s'endormir doucement. Pendant un instant après qu'elle eut sombré dans les limbes du sommeil, il la regarde. La détailla même comme si ainsi il pouvait percer tous les secrets de son âme. Bien sur, il n'apprit rien d'autres en la fixant que ce qu'il savait déjà.

Avant de l'imiter, l'homme fit un dernier tour des environs et alla donner un peu d'eau à hafiz qui continuait de brouter l'herbe grasse. Il lui flatta l'encolure un instant, parlant à voix basse des mots que l'animal ne pouvait de toute façon comprendre. Le féliciter pour une nouvelle journée de travail était cependant dans les habitudes de l'assassin. Finalement, il se laissa tomber sur sa paillasse après s'être seulement débarrassé de son épée. Cette dernière resta cependant à ses côtés, prête à être saisie en cas de besoin. Sa lame secrète, en revanche, resta sanglé à son avant bras. Allongé sur le dos, Barry croisa les bras et ferma les yeux. Habitué au camping sauvage et aux dangers que présentait cette activité, son sommeil resta superficiel et peu profond. Le moindre bruit suffisait donc à le réveiller. Ainsi lorsque Zatanna bougea, il en fut immédiatement alerté. Pensant qu'elle changeait juste de position, il garda les yeux fermés et resta immobile, dormant l'illusion à sa comparse qu'il dormait encore à poings fermés. Sa curiosité fut cependant piquée lorsqu'elle se rapprocha de lui. Voulant voir ce qu'elle comptait faire, il ne bougea pas d'un poil et la laissa se poser à côté de lui. Était elle en état de détresse ? Avait-elle froid ? Cherchait elle du réconfort près de son corps immobile ?

La main de la jeune femme hésita sur son capuchon. Ses doigts s'emparèrent du tissu rêche. Avant qu'elle ne puisse cependant tirer pour révéler la partie de son visage cachée, il attrapa sa main et arrêta ses mouvements. «  Vous devriez faire attention, certains ont perdu leurs mains pour bien moins que ça » constata t-il simplement sans une once de menace dans la voix. Il l'informait juste des risques de son entreprise. Car si lui n'allait pas lui couper la main pour avoir essayé de voir son visage, d'autres de ses frères ne seraient pas aussi clément. L'anonymat d'un assassin était en plus de ses lames son arme la plus redoutable. Elle l'avait si bien dit : ils étaient des fantômes. Des murmures. Malgré tout, Barry comprenait sa curiosité. Du moins le supposait il. «  Si vous avez fini de vous reposer peut être pourrions nous reprendre notre chemin vers Acre ? » continua t-il en se redressant. La décision était sienne. Elle pouvait décider de profiter de quelques heures de sommeil en plus ou décider de reprendre leur voyage.

Spoiler:

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Zatanna choisit de reprendre la route. Une décision que Barry ne pouvait qu'applaudir. Si ils avaient fini de se reposer, alors perdre du temps ne servait à rien. En outre, le soleil était encore à une heure ou deux de se lever et ils allaient pouvoir profiter plus longtemps de la fraîcheur nocturne du désert avant la vague de chaud. Car c'était ainsi qu'étaient rythmées les journées dans le désert. Des nuits presque glaciales et des journées si chaudes qu'elles brûlaient la peau.  Il n'y avait juste pas de bon moment lorsqu'on voyageait à travers les espaces arides de la Syrie. Pendant que sa compagne prépara son visage, l'assassin ramassa leurs couchettes, les roula et les ressangla sur le dos d'Hafiz. Il s'assura que tout était en ordre et de n'avoir rien oublié avant de pousser du sable sur les dernières braises pour étouffer définitivement le feu. Barry s'assura que le cheval était suffisamment hydraté pour reprendre la route avant de lui-même prendre une gorgée d'eau. Il tendit la gourde à Zatanna pour qu'elle puisse boire et la rattacha à sa ceinture lorsqu'elle la lui rendit. « Pourquoi allons-nous à Acre ? » demanda t-elle juste avant de monter, sans son aide, en selle. « Laissez-moi deviner… Vous être courrier ! En plus d’assassiner les gens, vous allez de ville en ville pour porter des messages» continua t-elle, lui arrachant malgré lui un léger sourire amusé. Bien sur, elle était loin du compte. «  C'est la ville la plus proche et l'endroit où je vous laisserai ». Malgré ses dires, Barry n'était pas encore sûr de la laisser seule. Il n'était pas non plus sûr de pouvoir – et même vouloir – l'emmener à Masyaf. Il avait quelques heures devant lui encore pour décider de son sort. Il y avait tant de variables à considérer. Tant de pièces. D'un côté Al-Mualim aurait probablement envie de rencontrer cette femme et de comprendre ses visions. Pour autant, cela ne ferait jamais d'elle un assassin. Par ailleurs, Masyaf  - si on ne comptait pas les habitants de la citadelle – était un petit village perdu dans les montagnes. La populace n'était pas habituée aux visiteurs. Et peau blanche chez eux rimait avec ennuis. Un fait pour lesquels il était difficile de les blâmer.

Sous sa capuche, l'homme laissa échapper un soupir et monta derrière la jeune femme. En quelques minutes, ils retrouvèrent le chemin de terre et prirent la direction, tout d'abord au pas puis ensuite au trot, de Acre. « Moi, je pense que vous devriez aller à al-Quds. C’est là-bas que vous attend la mort ». Comme la plupart des assassins, Barry ne craignait pas la mort. Il n'avait pas peur de mourir. Et clairement, il n'avait pas peur de mettre fin à la vie de quelqu'un. Dès le début de leur entraînement à la confrérie, les novices apprenaient que la mort était leur alliée et que mourir pour la cause en assassin était un grand honneur. Cette dernière faisait donc partie intégrante de leurs vies d'enfants et d'adultes. Ainsi, Barry avait toujours su que les assassins ne faisaient pas de vieux os et mourraient jeunes. A quelques exceptions près. Beaucoup ne passaient pas l'âge de l'adolescence et mourraient dès leurs premières missions. En soit, c'était déjà un exploit pour Barry d'avoir atteint trente ans et de se diriger lentement mais sûrement vers sa trente et unième année de vie. Ceci dit, ce n'était pas pour autant que le maître assassin al recherchait activement. Après tout, il y avait une différence de taille entre mourir au combat en mission pour le bien du crédo et rechercher les ennuis. Il y avait honneur et suicide. Deux notions bien distinctes dans la tête de l'assassin. Par ailleurs, Barry sans l'autorisation ou l'ordre expresse de Al-Mualim n'était pas censé se rendre à Jérusalem. Ni y faire un détour par la ville qui se trouvait dans la direction opposée à celle de Masyaf. «  On va à Acre » répondit il simplement, mettant ainsi fin à la discussion sur le sujet. Il verrait bien quoi faire de ses informations plus tard après en avoir parlé à son mentor.

La journée de voyage passa sans encombres et laissa place à la nuit. N'étant plus très loin des remparts d'Acre, Barry choisit de ne pas s'arrêter et de combler les derniers kilomètres bien après la tombée du jour. Le spectacle qui les accueillit ne fut cependant pas celui auquel l'assassin s'était attendue. Acre était cernée de toute part par des templiers. La ville était assiégée et en proie aux flammes. Du haut de la colline qui surplombait la ville, Barry pouvait entendre les hurlements de terreur et de souffrances ainsi que le crépitement des flammes. «  Accrochez vous ».  Sans perdre une seconde, il fit faire demi-tour à sa monture et poussa l'animal dans un galop effréné. Ils ne pouvaient pas rester là. La situation était bien trop dangereuse. Même si il aurait voulu aider les innocents, il n'était qu'un homme contre une armée. Passant par la forêt, il tenta de dissimuler leur trajet au maximum de ses capacités.

Connaissant l'endroit comme sa poche, il les conduit tout droit vers une petite grotte. Par sécurité, il laissa Hafiz et Zatanna à quelques mètres pour s'assurer que cette dernière était libre de toute vie. Lorsqu'il fut débarrassé des quelques renards qui avaient élus domicile au cœur de la pierre, il les retrouva et les mena vers leur cachette pour la nuit. Ne pouvant faire de feu, cette dernière fut glaciale et misérable. Aucun son ne fut échangé entre les deux adultes. Barry ne fera pas l’œil de la nuit, préférant de loin rester vigilant. Dans son esprit, les pensées qui se bousculaient l'auraient de toute façon empêchées de trouver le repos. Les troupes étaient trop proches de Masyaf. Bien trop proches et cela l'inquiétait.  Bien avant l'aube, ils reprirent leurs routes. Barry fut cependant obligé de mettre pied à terre seulement une heure après pour examiner les traces laissées sur la route principale. Un contingent était passé par ici récemment. En activant sa vision d'aigle, il pouvait encore apercevoir leurs auras. Les templiers en armure lourde n'étaient pas loin. A moins d'une journée de marche d'eux. Et ils se dirigeaient tout droit vers Masyaf.

Jurant dans sa barbe mal rasée, l'homme remonta à cheval et fut repartir Hafiz le long de la route. Même à pleine allure, il était impossible pour lui de les rattraper. A deux, ils étaient bien trop lourds.  Malgré l'urgence de la situation, il n'allait pas laissé la jeune femme toute seule dans la nature entre deux armées d'envahisseurs. De toute façon, même seul et Hafiz reposé, il n'aurait pas pu joindre Masyaf à temps pour les prévenir. Malgré tout, cela ne l'empêcha pas d'essayer, poussant encore et toujours le pauvre cheval qui tremblait sous l'effort. «  Non.. » souffla t-il lorsque le village et la citadelle furent finalement à portée de vue. Les maisons étaient en feu, une épaisse fumée noire s'élevant dans les airs. En plus de la fumée, les cris de villageois effrayé et l'odeur du sang mouillant de rouge la terre sèche. « Allez vous cacher Zatanna ! » lui cria t-elle après avoir sauté au sol. Dans la foulée, il lui lança une dague pour sa protection et partit à l'assaut du premier groupe de templiers qui entra dans son champ de vision. Il n'avait rien pu faire pour les habitants d'Acre mais Masyaf était sa maison et ses habitants sa famille. Alors pour eux, il se battrait jusqu'au bout.

Spoiler:

Zatanna &
Barry

La lame secrète de l'assassin traversa le cou du premier templier qui croisa route. Le corps sans vie tomba dans la terre rouge. Barry ne se retourna pas et continua son chemin, attaquant les assaillants et protégeant les innocents. Bientôt sa lame secrète ne fut plus suffisante et il sortit son épée de son fourreau. La lame aiguisée trancha l'air et les corps de ses ennemis. Un grognement sortit cependant d'entre ses lèvres lorsque l'un de ses ennemis réussit à l'atteindre. L'épée de son adversaire coupa sa robe blanche et alla trancher sa peau, libérant un filet de sang. Contrairement à l'envahisseur, Barry ne fit pas que lui couper le bras et l'arracha au monde des vivants de deux coups d'épées dans l'abdomen. Avec la rage au ventre, il coupa dans les rangs ennemis et alla joindre ses forces aux groupes d'assassins qu'il trouvait. «  Repliez vous vers la forteresse ! » cria t-il à un groupe de jeunes novices, déjà blessé et dépassé par la situation. «  Et sauvez le plus de personnes que vous pouvez sur le chemin ». Les novices écoutèrent, hiérarchie obligeant. Et ce même si Barry pouvait voir leur envie d'en découdre brûler au fond de leurs pupilles. Et cela malgré la situation l'emmena à sourire. Brièvement. Face à tellement de templiers cependant, la forteresse restait le seul moyen de survivre à cet assaut frontal sur leurs positions. Lorsqu'il réussit à se frayer un chemin jusqu'aux murs de cette dernière, il trouva cependant les lourdes portes fermées et aucun moyen de mettre les gens à l'abri, habitants comme assassins. «  Barry ! Barry ! ». A l'entente de son nom, l'homme se retourna et avisa Rauf qui venait dans sa direction. «  Ils retiennent Al Mualim et d'autres de nos frères en otages à l'intérieur de la forteresse » l'informa t-il. Barry grogna et regarda autour de lui. Ceux qui ne se battaient pas, attendaient qu'il prenne une décision. En tant que maître assassin, il était plus gradé qu'eux et le commandement lui revenait donc pour le moment. Du moins, il les commandait tous sauf un. Et l'homme se matérialisa comme par hasard aux côtés de Barry. «  Je vais chercher Al Mualim, vous tenez l'entrée de la forteresse » déclara Altaïr avec toute l'arrogance qui le caractérisait. L'assassin disparut le long du mur avant que Barry ou le reste des homme ne puissent l'en empêcher. A court d'options, ils décidèrent donc de suivre les directives de l'aigle de Masyaf.

Alors qu'il formait une ligne avec ses frères, Barry aperçu Hafiz et sur son dos Zatanna. Ordonnant au novice à sa droite de tenir sa position, il s'élança à nouveau en direction du village. Il évita autant que faire se peut les lames des templiers et s'aida d'un rocher pour sauter sur le dos de son cheval. «  Je croyez vous avoir dit de vous cacher ! » déclara t-il avec humeur, en faisant avancer la monture au milieu du chaos. L'assassin n'eut pas le temps de se plaindre davantage et se retrouva au sol, les jambes bloquées sous le poids de Hafiz qui venait de tomber au combat. Coincé comme il était;l'homme était à la merci du moindre ennemi. Par chance, Zatanna semblait avoir roulé plus loin et se relevait. «  Courrez vous mettre à l'abri derrière la ligne des assassins » lui cria t-il en tentant vainement de pousser pour se dégager. Ses yeux mordorés, à présent visibles du fait de l'absence de son capuchon, rabattu derrière son crâne à cause de la chute, se plantèrent dans ses yeux bleus et pâles. Si lui ne pouvait pas être sauvé, il espérait qu'elle soit assez intelligente pour l'écouter. Car il mourrait pour rien si elle décidait de donner sa vie bêtement.

Zatanna &
Barry

Malgré ses paroles, Zatanna resta postée à ses côtés. Pire encore, elle tenta de l'aider à se sortir du siège dans lequel il était tombé. Le maître assassin grogna dans sa barbe de quelques jours contre l’entêtement de cette femme qui aurait déjà du se trouver en sécurité derrière les lignes amies. Cependant, il comprenait qu'elle souhaitait lui porter secours et coupla donc ses efforts avec les siens. Malgré tout,le cadavre encore chaud de Hafiz resta immobile, trop lourd pour leurs forces, mêmes combinées. A nouveau Barry grogna et se sentit lentement suffoquer. L'animal était – littéralement – un poids mort et commençait à rendre sa respiration difficile. Ce n'était vraiment pas ainsi que l'homme aurait pensé mourir. L'assassin supposait cependant qu'il existait une certaine ironie à cette situation. Ou à son ridicule. Son envie de sourire – portait par le masque d'oxygène – s'effaça cependant bien rapidement lorsqu'une figure le toisa de haut. Un de ses ennemis se tenait debout devant lui, prêt à lui porter le coup de grâce. Et à part attendre sa mort, Barry ne pouvait rien faire d'autre. Ainsi coincé, il était impuissant. Un sentiment avec lequel il n'avait été que peu familiarisé. Sa sauveuse par chance bloqua les attaques de l'homme et lui accorda quelques minutes de vie en plus. A nouveau, il tenta de lui dire de l'abandonner là et de sauver sa propre existence. L'homme était habituée à la mort. Il ne la craignait pas et l’accueillerait si il le fallait comme une vieille amie. Après tout, il avait été jusque là son plus fervent serviteur – avec le reste de sa communauté. Le son de sa voie se perdit cependant au milieu du chaos et du tumulte dégageait par ce dernier. La voyant en mauvaise posture, il poussa une nouvelle fois sur ses bras, contractant tout son visage sur l'effort. A nouveau, il ne réussit à se dégager. Ses bras cependant libres, il essaya d'attraper l'armure du templier à proximité pour le distraire ou même réussir à lui faire lâcher prise lorsqu'il attrapa le poignet de la jeune femme. Une grimace passa sur sa bouche, d'où perlait une goutte de sang, lorsque l'os émit un bruit significatif de cassure.

A défaut de rage, ses yeux s'ouvrirent cependant de surprise lorsque l'homme prit feu. Barry le lâcha immédiatement pour éviter tout risque de brûlure et ce par pur réflexe qu'autre chose. Sans comprendre, l'assassin regarda l'homme se consumer et mourir. Bien que le village était en feu et la fumée épaisse, il n'existait pas de réel foyer à côté de leurs positions. Ses yeux dorés se retournèrent alors vers la jeune femme et sur le coup il eut presque peur de ce qu'elle pouvait réellement faire. Ses questions il les plaça cependant dans un coin de son esprit et se dégagea finalement de sa prison  lorsque hafiz commença lui aussi à se décomposer sous l'effet des flammes.  Lorsqu'il fut libéré, il souffla un bon coup et ne perdit guère de temps à se remettre sur ses deux pieds. Il vacilla légèrement, mes serra des dents et resta debout. D'une main, il attrapa l'aisselle de Zatanna et la remit également sur ses pieds. De l'autre main, il attrapa son épée et la guida vers les rangs alliés. Il aurait bien le temps de réfléchir une fois en sécurité. Sur le chemin jusqu'à la forteresse, il para, esquiva et tua comme un monstre d'habitude et ne se soucia guère des corps mutilés ou agonisant qu'il laissa derrière lui. Il n'avait pas le temps de leur offrir une mort plus noble que celle-ci. Et puis, ils ne la méritaient pas.  

Les derniers mètres jusqu'à la porte immense de la forteresse  - finalement ouverte et libérée des templiers - furent éprouvant et il ne put que soupirer lorsqu'il finit par franchir ces dernières, la main de la jeune femme toujours fermement tenue dans la sienne. Et ils les franchirent juste à temps car ces dernières furent fermées peu de temps après leurs entrées. La forteresse était à présent scellée et ses hauts murs de pierres offraient protection et répit aux habitants et aux assassins. Surtout, elles leur offraient l'avantage non négligeable de la hauteur. Et les hommes de la confrérie ne tardèrent pas à le mettre à profit. Bien décidé à prendre part aux derniers combats, Barry laissa la jeune brune avec un des médecins de l'endroit et se plaça sur les remparts.

Il fallut une demi heure de plus à l'assaut des templiers pour s’effondrer. Seuls certains chanceux réussirent à s'échapper. Le reste gisait aux pieds de la forteresse. Après les cris et le brouhaha de la guerre, le silence se plaça en maître sur l'endroit. Un silence qui fut presque assourdissant dans sa brutalité. Le maître assassin serra l'épaule du novice à sa droite et descendit les quelques marches qui le menèrent à la cour. D'un pas lent, il retourna auprès de sa compagne du jour et s'enquit de son état de santé. Rien de grave selon le guérisseur qui à part bander son poignet et lui imposer du repos ne fut rien faire d'autre. Elle survivrait. Et la douleur n'était que passagère. « Suivez moi » lui souffla t-elle après avoir remercié l'homme. D'un pas assuré malgré la raideur de ses muscles, il la mena jusqu'à sa chambre personnelle. Un petit espace carré simplement aménagé. Une table, une chaise, une armoire et au milieu de la salle un brasier pour chauffer la pièce et quelques couvertures et coussins pour servir de point de repos. «  Ne sortez de cette pièce sous aucun prétexte ou sans que je vienne vous chercher ou vous accompagne » l'informe t-il en restant près de la porte. Les femmes n'étaient généralement pas admises dans l'enceinte de Masyaf et les seules qui résidaient au milieu des assassins étaient des courtisanes et vivaient dans un endroit bien spécifique, dédié à leur art, appelé le jardin. Barry en laissant la jeune femme utiliser ses propres quartiers bousculait les règles imposées par le mentor. Cependant, il supposait que les circonstances étaient assez exceptionnelles pour qu'il se permette un tel laxisme. Ce fut avec le même état d'esprit, qu'il décida de s'octroyer quelques heures de repos auprès du feu avant d'aller voir Al Mualim. Le vieil homme pouvait bien attendre quelques heures et avait certainement bien mieux à faire que d'écouter ses récits pour le moment. Alors il s'installa le plus confortablement possible sur quelques coussins et laissa le reste à Zatanna.

Zatanna &
Barry

En dépit de ses yeux fermés, Barry ne dormait pas. La présence d'une femme dans son espace personnel rendait cette tâche impossible. Bras derrière la tête, il laissait ses oreilles l'informer de ce que son invitée faisait. Grâce à son ouïe, il al suivit donc de la bassine jusqu'à la fenêtre et enfin de la fenêtre jusqu'à ses côtés lorsqu'elle décida finalement de s'allonger.  Le maître assassin compta ses respirations et savait avant même qu'elle n'ouvre la bouche que la jeune femme était perturbée. Curieuse même. Sa respiration légèrement accélérée était un indice de taille pour un homme comme lui, habitué au langage si particulier du corps humain. Ainsi, il ne fut pas vraiment surpris lorsqu'elle prit une inspiration et se lança. « Dites-moi où nous sommes. Et qui vous êtes. Vous allez mourir, de toute façon, et moi aussi je crois. Vous pouvez bien me confier votre secret. ». Pendant un instant, l'assassin garda le silence et resta immobile comme une statue. Quiconque posait son regard sur lui aurait facilement pensé qu'il dormait réellement à poings fermés. Cependant, l'homme réfléchissait. Que pouvait il lui dire ? Et au contraire, que ne pouvait il pas lui dire. Beaucoup de choses rentraient dans cette dernière catégorie. Le travail des assassins était secret par nécessité. Et il était donc hors de question qu'il lui parle de ce dernier. Après tout, l'un des préceptes de leur crédo était de ne pas mettre en danger la confrérie. Un fait qu'il mettait en soit déjà suffisamment à mal en la laissant utiliser ses quartiers privés à l'intérieur même de la forteresse. Cependant, les circonstances étaient atténuantes. «  Vous êtes dans la forteresse de Masyaf, demeure de la confrérie des assassins » déclara t-il finalement, sans daigner ouvrir les yeux. Masyaf n'était pas un secret et cette information elle aurait pu l'avoir en demandant aux autres villageois. Il ne voyait donc pas de raison de le lui cacher, vu qu'elle se trouvait maintenant entre ses murs. «  Quant à moi, je m'appelle Barry. Bartholomew vraiment. Mais Barry pour faire plus court » continua t-il. Son nom n'avait rien d'arabe. Et à présent qu'elle avait vu la couleur de sa peau et la couleur de ses cheveux, cela ne devait pas l'étonner. Aucun natif de la région ne lui ressemblait. Ils avaient des cheveux noirs là où Barry était roux. Et ils étaient foncés, là où Barry restait blanc. Bien sur, sa peau avait brunie au fil des années mais la différence entre eux et l'assassin était saisissante.

« Si je devais me risquer à faire une supposition, je dirais nos origines ne doivent pas être si différentes ». Un père étranger et blanc – anglais dans le cas de Barry – et une mère syrienne originaire de Masyaf. Un croisé et sa pauvre victime. Barry n'était pas assez naïf pour penser que la relation avait été consenti. Après, il admettait pouvoir se tromper. Sa mère était morte en le mettant au monde et personne n'était donc là pour lui donner tord ou raison. Et si certains habitants ou membres seniors de la confrérie savaient, ils se taisaient. «  Maintenant, reposez vous. Demain sera une longue journée » reprit il avant de gesticuler un peu sur ses coussins pour trouver une position plus confortable. Il ne doutait pas que de nombreuses choses allaient requérir son attention. Déjà, il avait un rendez vous obligatoire avec Al Mualim. De la décision de ce dernier découlerait le sort de la jeune femme. Evidemment, cette dernière ne risquait pas la mort. Les assassins ne tuaient pas les innocents. Cependant, elle pouvait tout à fait être escorté en dehors de la forteresse et livré à elle-même.  La dernière option était de faire d'elle une courtisane. Quelque chose lui disait cependant que jamais la brunette ne consentirait à une telle proposition. Dans tous les cas, Barry, lui, allait bien devoir se rendre dans le jardin dès les premières lueurs du jour. La jeune femme ne pouvait pas rester ainsi vêtue de vêtements tâchés, brûlés et déchirés. Un bain serait probablement une bonne idée. Peut être même serait il plus judicieux de se rendre aux bains à cette heure-ci maintenant qu'il y pensait. Après tout, ces derniers étaient communs à tous les assassins et seule la nuit offrait l'intimité nécessaire pour la toilette d'une femme.

Ouvrant un œil, Barry regarda à travers sa meurtrière pour avoir une idée de l'heure. La nuit était définitivement tombée pendant les dernières minutes.  Pourtant, l'heure n'était pas si avancée que ça. Activant sa vision d'aigle, l'homme tenta de se faire une idée de l'agitation à l’extérieur de sa porte. Plusieurs silhouettes de couleur bleue et grises se dessinèrent dans son champ de vision. Malgré les murs et la distance, le maître assassin sut que les bains étaient vides de toute vie. Pour le moment. « Est ce que vous souhaitez vous laver ? Et j'entends par là prendre un vrai bain ». Après tout, il n'allait pas la forcer si elle ne souhaitait pas faire sa toilette. Le choix était entièrement le sien. Barry était habitué depuis longtemps à toutes les odeurs et à la saleté. L'avantage de vivre une vie d'assassin.

Zatanna &
Barry

Enthousiaste, voilà le seul mot qui lui venait à l'esprit pour décrire la réaction de la jeune femme. Les lèvres de Barry frémirent un instant d'amusement lorsqu'elle se leva empressée. Doucement, l'homme en fit de même. Pendant quelques secondes, il testa la raideur de ses jambes. Il allait devoir se reposer un peu plus que prévu pendant les prochains jours. Si on le lui permettait. Et ici rien n'était moins sûr. « Je n’ai vu aucune femme ici. J’imagine qu’elles ne peuvent assassiner personne, selon les règles de la confrérie ? ». «  Il y a des femmes dans la forteresse et vous les verrez certainement plus tard » l'informa l'assassin en étirant ses muscles raides. «  Elles vivent dans une partie spéciale appelé le Jardin et elles en sont les .. fleurs. Si vous voyez ce que je veux dire ». Ses propos étaient imagés mais Barry se sentit soudain gêné de parler de l'art particulier des courtisanes avec elle. Surtout lorsqu'ils étaient tous les deux.. seuls dans sa chambre. Il n'avait pas envie qu'elle se fasse des idées ou sautent au mauvais conclusion sur sa personne. Barry, contrairement à d'autres, n'avaient jamais fait appel aux services des fleurs de Masyaf. Jamais. Pourtant, ces dernières avaient plus d'une fois essayé de le charmer. Mais le maître assassin ne croyait pas au relief de la chaire. Oh, il avait des pulsions et des envies comme tous les hommes mais pour lui le sexe aussi innocent soit-il n'était pas une solution à son stress. Il préférait de loin s'adonner à ces activités hédonistes lorsqu'il avait une connexion avec sa partenaire. Et puis, la peur de se retrouver père d'un enfant ou d'une enfant était bien présente dans son esprit. Il n'était pas prêt pour ça. Même si il savait que les enfants nés dans la forteresse étaient entraînés pour être assassins à leur tours si ils étaient des mâles et restaient dans les jardins pour devenir plus tard courtisanes si elles étaient des femmes. Ainsi, les assassins ne devenaient pas père au sens strict du terme. Malgré tout, ce n'était pas ce qu'il souhaitait. Pas pour le moment. « Il n'y a pas de femmes assassins dans la confrérie. C'est interdit ». Et les raisons d'une telle interdiction étaient multiples. Premièrement, une femme assassin représentait une distraction pour les gommes. Deuxièmement, elles étaient plus petites, plus menues et moins fortes physiquement ce qui rendait la tâche difficile voir impossible suivant les situations. Dernièrement, les femmes – contrairement aux hommes – étaient porteuses de vie et il n'y avait quelque chose de paradoxal à les voir l'enlever. Du moins, c'est ainsi qu'on lui avait présenté les choses lors de son éducation. Barry, en toute honnête,e ne s'était jamais vraiment questionné sur le sujet. Il l'avait juste accepté comme règle. Voilà tout. Bien sur, il concevait que cela pouvait paraître injuste ou encore paradoxal dans une confrérie qui prônait le libre arbitre pour tous.

«  Attendez là un instant, je reviens » lui déclara t-il finalement. Sans attendre de réponse de sa part, il sortit de sa chambre et se dirigea vers les jardins. Ces derniers étaient encore ouverts mais croulaient sous les blessés. Les courtisanes et leur lieux de paix avait été mises à contribution par le médecin. Elles n'eurent aucun moment pour lui et l'homme se retrouva bredouille, privé de vêtements féminins à donner à Zatanna. Un son remonta le long de sa gorge alors qu'il fit le trajet inverse. Il ne pouvait clairement pas lui donner ses propres vêtements. Outre la différence de taille et de musculature, ce n'était pas approprié. Barry devait cependant s'avouer coincé et à court d'option. Le visage figé par la contrariété, il repassa la porte de sa chambre et alla ouvrir les portes de sa propre armoire. Par chance, il réussit à trouver son ancien uniforme de novice dans un coin de son armoire. Un uniforme qu'il ne portait plus depuis des lustres et dont il pouvait se séparer sans problèmes. Al Mualim pardonnerait certainement , vu la situation, le fait pour une illustre inconnue et une femme de porter la robe grise d'assassin novice.

Avec quelques gestes, Barry secoua le vêtement pour en enlever la poussière. Il apporta le tissu rèche à son nez pour humer son odeur. Il sentait le renfermé – ce qui était à prévoir – mais l'odeur restait supportable. Il décida donc que cela ferait l'affaire et le tendit à la jeune femme. D'un geste de tête, il l'invita à le suivre. Il ne fallut guère que quelques minutes aux trios et plusieurs marches glissantes pour pénétrer dans les bains de la forteresse. Placé aux sous-sols, la pièce renfermait plusieurs bassins remplis d'eau. «  Je vous préviens l'eau est fraîche ». Voir froide suivant les moments de l'année. Avec le manque d'intimité de l'endroit, la température de l'eau était une des raisons pour laquelle Barry détestait venir ici. Il préférait encore se laver dans l'eau de la rivière en contrebas de la forteresse ou se payer un bain public dans les villes qu'il visitait lorsque le besoin s'en faisait sentir. Mais pour le moment, ils étaient ici et ils allaient devoir faire avec. Car oui Zatanna ne serait pas la seule à subir cette épreuve. Après tous les combats auxquels il avait pris part, lui aussi avait bien besoin de se frictionner le corps.

Zatanna &
Barry

Barry fut surpris de constater que sa présence dans les bains ne semblait pas déranger outre mesure la jeune femme. Cette dernière ne lui demanda pas de partir et Barry s'empressa de détourner poliment le regard lorsqu'elle commença à se dévêtir. Sur le coup, il semblait bien plus gêné qu'elle par sa nudité et leur proximité. Ses yeux dorés glissèrent cependant malgré eux vers sa silhouette nue lorsqu'il l'entendit sa respiration s'accélérer. L'effet du froid sur la peau de ses pieds à ne pas en douter. Avec un léger raclement de gorge, il retourna à sa contemplation du mur jusqu'à être assuré qu'elle était parfaitement submergée et cachée à sa vue. Paradoxalement, Barry n'avait que faire de sa propre nudité, habitué depuis longtemps à ne jamais avoir de réelles intimité. Calmement, il dénoua ceinture et retira sa robe d'assassin, sous tee-shirt et chausse. Par la suite, il se glissa à son tour dans l'eau froide. Immédiatement, ses muscles se raidirent et des frissons apparurent sur la peau de ses bras, faisant se hérisser les poils qu'il avait sur ces derniers. Comme sa compagne, du moins le supposait-il, il se lava. Le premier à subir un dégraissage  fut son visage qu'il débarrassa du sang, de la suie et de la terre. Sa peau  bien que hâlée retrouva son sous ton rosée. Ensuite, il nettoya ses bras puis son buste. Pour son dos, il attrapa la brosse posée sur le rebord. Barry n'avait depuis longtemps aucune sensation dans ce dernier et il dut comme à chaque fois réfléchir à sa force et au temps optimum de nettoyage pour éviter d'irriter malencontreusement sa peau parsemée de profondes cicatrices. Les coups de fouets qu'il avait reçu avait malheureusement laissé des traces indélébiles. « Ma mère m’a parlé de la confrérie. Elle disait qu’on y arrachait des serments à des enfants. (…). Moi, je pense que c’est une vie comme une autre, et probablement meilleure que certaines. Je veux dire, vous n’êtes pas horrible, comme personne ». Tout en continuant ses gestes, il écouta attentivement la jeune femme.  Il devait avouer être surpris que Zatanna ait entendu parler de la confrérie par le biais de sa mère. Peut être, devrait il se renseigner sur les origines de cette dernière. Après tout, elle pouvait très bien venir de la région. Ou alors d'une grande ville où le mot assassin était murmuré à la fois avec peur et respect. La question méritait certainement d'être posée.

« Ce combat avec les templiers, hier… Ça avait l’air personnel, entre vous ». Le maître assassin tourna son regard vers elle et l'étudia un instant. A nouveau, il se demandait ce qu'il pouvait dire ou ne pas dire. Et accessoirement, ce qu'elle pouvait comprendre ou non. Le monde des assassins était empli de secrets qui n'étaient pas toujours faciles à appréhender. Même pour des gens comme lui qui étaient nés à l'intérieur même de la confrérie. «  Les assassins et les templiers se font la guerre depuis … la nuit des temps » commença t-il alors en recommençant à se frotter. «  Les templiers – autrefois appelé par des noms différents – veulent la paix par le contrôle du monde. Ils veulent s'imposer en maître sur les populations et imposer leur vision. A leur contraire, les assassins se battent pour s'assurer que les peuples restent libres et disposent de leur libre arbitre. Comme eux nous voulons la paix mais nos méthodes divergent grandement. C'est notre devoir de les stopper et de protéger les innocents de leur tyrannie » expliqua t-il simplement. «  Etre assassin est un choix personnel. Personne n'est forcé. Les enfants nés dans la confrérie sont certes entraînés mais ils peuvent choisir de ne pas s'y soumettre ou de devenir autre chose. Comme un érudit ou encore un cartographe. La confrérie n'arrache pas des serments aux enfants comme vous dites ou plutôt comme le disiez votre mère. Tous les hommes qui sont là, y sont parce qu'ils le veulent » termina t-il en la regardant bien dans les yeux. Le libre arbitre n'était pas que pour le reste de la populace. Il était aussi un de leurs droits sacrés. On peut paradoxal était la notion évidemment lorsque les femmes ne pouvaient pas choisir de rejoindre leurs rangs. Mais ainsi allait la vie. Elle était faite de tout un tas de contradictions. Ce n'était pas Barry qui allait à lui seul changer le cours des choses.

Sans gêne, Barry se leva, exposant son corps nu et abîmé à la vue de la jeune femme. Difficile néanmoins de laver les parties basses de sa silhouette sans sortir un minimum de l'eau. Lorsqu'il eut terminé, il replongea un instant dans l'eau pour se débarrasser des derniers résidus et sortit. Il attrapa l'un des linges propres et sécha sa peau. Cette dernière resta cependant humide et colla à ses habits. Habits propres qu'il avait pensé à prendre. Sa robe d'assassin se révéla être d'un blanc éclatant à côté du gris rougeâtre de ses habits précédents. Barry les examina d'ailleurs d'un œil critique et dut se rendre à l'évidence que a robe était trop tâchée pour être récupérer. Sans état d'âme, il s'en délesta alors dans un des bacs en osier prévus à cet effet. Quelqu'un – un novice probablement – se chargerait de s'en débarrasser. Ou de la ravoir si il avait du temps à perdre. «  Vous avez fini ? » questionna Barry, une fois son capuchon rabattu sur son visage. Même dans l'enceinte de la forteresse, rares étaient ceux qui ne dissimulaient pas leurs visages. Après tout, ici, le secret était partout.

Zatanna &
Barry

Lorsqu'elle le lui demande, de manière détournée, il se tourna pour lui laisser son intimité. Bras croisés sur sa poitrine, il attendit sagement que la jeune femme le rejoigne. Ce qu'elle fit après quelques minutes. « Alors, qu’est-ce que vous en dites ? Je suis prête pour assassiner un templier ? ». Pour appuyer sa question, la brunette effectua un mouvement dans l'air. Barry secoua légèrement la tête, amusé malgré lui,  lorsqu'une grimace passa sur les traits de son visage lui rappelant qu'elle n'était pas dans la meilleure des formes. «  La prochaine terreur de l'orient » répondit il tout de même avec un humour certain qu'il ne laissait pas souvent transparaître. Mais là tout de suite, il supposait que cela n'allait pas faire de mal. Évidemment, du statut de terreur, elle en était bien loin. Même en commençant à s’entraîner maintenant, elle n'y arriverait probablement jamais. Même lui ne méritait pas un tel titre et il avait commencé son chemin sur cette route voilà des décennies. «  Donnez moi votre poignet ». Délicatement , il se saisit des bandes qu'elle tenait dans sa main. En faisant attention à ses gestes, il commença à les enrouler autour de son membre blessé. Il serra juste suffisamment pour maintenir ce qui devait être maintenu. Lorsqu'il eut fini, il testa le bandage et estima que cela ferait l'affaire. Sinon, une visite au médecin le lendemain lui serait nécessaire.

Avec un signe de tête, il l'invita à le suivre. En silence, ils regagnèrent sa chambre et Barry, après avoir fermé la porte, retrouva sa place sur ses coussins. Cette fois ci, il était bien décidé à glaner quelques heures de sommeil. Juste assez pour recharger ses batteries et affronter la journée du lendemain avec un esprit clair et un corps aussi reposé que possible.


« Ah Barry, entre ». Le grand maître de la confrérie effectua un signe de la main et l'assassin entra en saluant respectueusement son mentor. Sous le blanc de sa capuche, il examina le vieil homme et fut satisfait de ne trouver aucune blessure sur sa personne. Les templiers qui l'avaient retenu en otage la veille n'avaient apparemment pas eu le temps de lui faire quoique ce soit. Par ailleurs, il ne doutait pas que le mentor malgré son âge savait encore manier les armes. Après tout, il n'était pas mentor par hasard. Avant, il avait été un très grand maître assassin. «  La mission a été un succès ? ». «  Oui, la cible a été neutralisé ». De sa ceinture, il produisit la plume tâchée de rouge et la déposa sur le bureau. Al Mualim comme à son habitude s'en empara et alla rayer un nom dans son registre. Un ennemi de moins et un pas vers la liberté en plus. «  Je sens que tu ne me dis pas tout » reprit-il en relevant le visage vers lui. Barry ne fut aucunement surpris par l'accusation. Al Mualim était toute la confrérie et à ce titre il voyait tout et entendait tout. Il n'était donc pas étonnant qu'il ait déjà eu des échos sur la présence d'une autre femme que les courtisanes dans la forteresse. Les assassins aimaient les ragots et les murs avaient des oreilles. «  Il y a une femme » commença alors Barry, sans chercher à tourner autour du pot. Loin de lui, l'idée de manquer de respect à son supérieur en essayant de mentir ou d'omettre une partie de la vérité. Et puis, les mensonges et les manœuvres trompeuses n'étaient que pour ceux qui avaient quelque chose à se reprocher. Ce qui n'était pas son cas. A part sauver une innocente – ou une supposée innocente – il estimait ne rien avoir fait de mal. Sa présence ici n'était qu'une suite de circonstances sur lesquelles il n'avait eu aucun pouvoir.

D'un geste le maître l'invita à continuer. «  Elle était condamnée au bûcher et je l'ai sauvé ». Al Mualim émit un son dans le fond de sa gorge. «  Elle était et elle est toujours bleue » ajouta Barry. Le mentor connaissant son pouvoir et la signification de ce dernier haussa un sourcil tout en marmonnant un intéressant dans sa barbe blanche. «  Je voulais la laisser à Acre mais la ville était en proie aux flammes. Un spectacle qui s'est révélé être le même ici ». Al Mualim soupira et parut prendre plusieurs siècles en quelques secondes. «  Assis toi ». Barry obtempéra sans se poser de questions et curieux attendis la suite. «  J'ai envoyé Altaïr, Malik et son frère Kadar à Jerusalem dans le but de priver les templiers d'un trésor ancien puissant ». Tout en parlant, l'homme posa sa main sur la boule dorée qui se tenait sur son bureau. Pour la première fois depuis qu'il était rentré dans la pièce, Barry posa son regard sur cette dernière. Pour une raison qui lui était inconnue, ce trésor ne lui disait vraiment rien qui vaille. Et pour cette raison, il était content que l'orbe ne se trouve pas en possession de leurs ennemis.

« Sais tu ce qu'est cet objet Barry ? ». Le roux secoua la tête négativement. «  Les anciens textes les appellent des pommes d'Eden » commença le vieile homme. «  Elles renferment un pouvoir puissant et dans les mains des templiers elles auraient signifiés la fin de la confrérie et du monde tel qu'on le connaît ». «  Parlez vous de magie mentor ? » questionna Barry. «  Peut être oui » concéda le vieil homme. Barry nota cependant l'hésitation. Al Mualim n'était pas convaincu. Mais il ne pouvait pour autant pas expliquer réellement ce qu'était cette pomme d'Eden. «  Les choses ne se sont pas déroulées comme prévues. Altaïr a brisé tous les préceptes du Crédo dans son arrogance, Malik a perdu son bras gauche, Kadar est mort et en ramenant la pomme Malik a mené les templiers à notre porte ». Un silence lourd s'installa entre les deux hommes face à ses révélations. Le maître assassin ne pouvait que regretter la perte du jeune Kadar. Son cœur battait pour ses frères d'armes et en perdre un était toujours une épreuve de foi. Quant à Malik, il ne pouvait qu'imaginer la détresse de l'homme qui avait été probablement à quelques mois de devenir à son tour un maître assassin et ainsi d'accomplir son rêve. En quelques heures, il avait ainsi perdu son frère cadet, et avait du enterrer son rêve, sa raison de vivre. Quant à Altaïr, Barry ne savait même pas par où commencer. «  Que va t-il advenir de Malik ? » demanda t-il cependant, la compassion claire dans sa voix. «  Si il survit à ses blessures, je pense le faire Dai de Jérusalem ». «  Et Altaïr ? ». Barry ne savait que trop bien quel était le châtiment pour le genre de trahison dont l'autre assassin s'était rendu coupable. Il n'y en avait qu'un : la mort. Mais Altaïr était le préféré du mentor et un des meilleurs assassins de la confrérie, si ce n'était le meilleur tout court. Peut être que cela pourrait le sauver. « Il sera déchu de son statut de maître assassin et retournera au rang de novice ». Ainsi serait le sort de l'aigle de Masyaf. Pour Barry, il s'en sortait bien. «  Tu es à présent, le seul maître assassin de la confrérie Bartholomew. Ne me déçois pas de la même manière qu'Altaïr m'a déçu » déclara le mentor, une menace claire au fond de sa voix fatiguée.

«  Et la femme où se trouve t-elle maintenant ? » questionna t-il finalement après un moment de silence. «  Dans mes quartiers. Avec le village dans cet état, je ne pouvais pas la laisser dehors ». Le mentor balaya l'excuse d'un signe de main, lui signalant que ce n'était rien. «  Que comptes tu faire avec elle ? ». La question surprit Barry et sa confusion dut apparaître clairement sur son visage vu le léger rire que le mentor laissa échapper. «  Si elle ne devient pas une courtisane, elle ne peut pas rester ici.. » commença le mentor avant d'être coupé par Barry lui même. «  Elle prétend avoir des visions ». Le mentor ferma la bouche et fronça les sourcils. Sans surprises, il lui demanda de quels genres de visions il parlait. Alors Barry lui expliqua ce qu'il savait. Ce qu'elle lui avait dit. Le minaret de Jerusalem. Le sort de la ville. Sa mort programmée. Car cette partie, elle le lui avait bien fait comprendre.  Al Mualim resta pensif , ses doigts passant dans sa barbe blanche. «  Alors c'est décidé. Vous partez tous les deux pour Jerusalem ». Après ça, le maître assassin fut rapidement congédié.  Son cerveau bouillonna tout le long du trajet jusqu'à sa chambre où il retrouva Zatanna. «  Préparez vous, on part pour Jerusalem » lui annonça t-il simplement. L'ordre était donné et il ne restait plus qu'à le suivre. Après tout si c'était là bas qu'était censé se réaliser leurs destins, qui étaient ils pour les empêcher ?

Zatanna &
Barry

Contrairement à Barry, Zatanna n'était clairement pas habituée à obéir aux ordres sans les discuter. Son hésitation sur la question était très parlante. De même que les mots qui sortirent ensuite de sa bouche. L'assassin stoppa tout mouvement pour tourner sa tête dans sa direction et la considérer. « C’est l’ordre que vous avez reçu, alors, aller là-bas ? Pourquoi est-ce que je dois vous suivre ? Vous vous en sortirez mieux sans moi». Pourquoi devait elle venir ? L'homme supposait que la question était valable. Après tout, elle n'était pas comme lui. Elle n'obéissait pas à des règles ancestrales. Elle ne faisait pas partie de la confrérie. Que cela soit de près ou de loin. Jusqu'à ce qu'il la sauve, elle n'avait eu aucun contact avec eux. A ce titre, les ordres d'Al Mualim n'avait aucune valeur. Barry admettait volontiers avoir oublié ce petit détail. Pour sa défense, il était habitué à recevoir un ordre et à l'exécuter sans trop se poser de questions. Jamais il n'avait désobéi. Jamais il n'avait fait les choses autrement. Il n'en avait jamais eu besoin. Depuis ses premières missions jusqu'à aujourd'hui, aucunes des directives qu'il avait reçu avaient mises en danger ses frères, la confrérie ou avait été contraire aux préceptes qui lui tenaient à cœur. Mais elle... elle n'était pas tenue par cette obéissance et cette loyauté. Sa résistance était donc en somme tout logique. Son hésitation aussi.  Par ailleurs, le rouquin ne pouvait que lui concevoir un point en plus lorsqu'elle mettait en avant le fait qu'il s'en sortait mieux sans elle. En effet, il irait plus vite et passerait inaperçu plus facilement. Cependant, seule elle avait la capacité de lui dire exactement où aller. Ou regarder. Le minaret était évidemment un indice à lui tout seul, un point d’intérêt. Mais Barry ne pouvait qu'imaginer que ce n'était pas le seul endroit. Qu'il y avait autre chose.  Naviguer la ville et ses dangers multiples serait plus simple avec le don de la jeune femme de son côté.  Tout ça, il aurait pu évidemment le lui dire lorsqu'elle lui demanda de lui donner une raison d'obéir. Une raison de partir avec lui. Pourtant, il n'en fit rien et garda la bouche résolument fermée. Quelque part, le maître assassin ne pouvait que se demander si il avait le droit de lui demander de se mettre en danger. Pour la première fois, les ordres d'Al Mualim, maintenant qu'il y réfléchissait, mettait en péril une vie innocente. Même si cela en soit n'allait contre aucun des préceptes du crédo. Après tout, il leur était seulement interdit de tuer un innocent. De salir leur épée de leur sang.

A la place, il soupira et continua de préparer ses affaires pour son périple. Car qu'elle l'accompagne ou pas, lui se rendrait à Jérusalem. Et si la mort l'attendait au bout du chemin, Barry n'avait pas peur. Elle faisait partie de sa vie et il l’accueillerait les bras ouverts  dans la ville sainte si tel était son moment.  Mourir n'était pas une réalité qui l'effrayait. Les assassins mieux que personne savaient après tout à quel point la vie était fragile, prompte à s'arrêter brusquement, sans crier gare. Par l'initiative de l'un des leurs ou pas d'autres moyens. Il comprenait, néanmoins, qu'une simple femme, une simple villageoise, ne puisse pas accepter un tel sort avec un esprit aussi apaisé que le sien. «  Que vous veniez ou pas avec moi, vous ne pouvez pas rester ici » déclara t-il finalement en finissant de remplir les sacoches qui allaient être entreposées sur la croupe de son nouveau cheval. Évidemment, il eut une pensée pour le plus fidèle de ses compagnons. Hafiz. « Alors, préparez vous. Je vous laisserai à la sortie du village si tel est votre désir ou dans un des villages qui sont sur la route de Jérusalem. Qu'importe » continua t-il en hissant les sacs sur l'une de ses épaules. Sa présence ici n'était possible que parce qu'il était là. Mais il s'en allait et elle devait donc en faire de même. Après, elle était libre d'aller où elle voulait, vu qu'il ne pouvait pas la forcer.

Sagement, il attendit qu'elle finisse de faire ce qu'elle avait à faire et ensuite il commença à la mener dans les dédales de pierres de la forteresse jusqu'à retrouver la cour intérieure. Cette dernière avait été débarrassé des blessés ou des morts et seule la couleur rouge de la terre rappelait ce qui s'était tramé la veille. . Comme toujours à cette heure-ci, des novices s’entraînaient dans l’arène de bois sous l’œil vigilant de Rauf, premier instructeur de la forteresse. Barry les observa un instant et s'imprégna de cette ambiance qu'il connaissait si bien. De cette époque de sa vie, il n'avait que des bons souvenirs. Avec un signe de tête, il salua l'instructeur et déclina son invitation à démontrer quelques techniques pour les plus jeunes. Avec Zatanna sur ses talons – bien qu'il ne se tourna pas pour vérifier – il passa les portes de la forteresse pour retrouver le village. Un village détruit pour la plupart. Par chance, les écuries étaient encore debout. Obtenir un nouveau cheval ne fut donc pas difficile.

« Alors qu'est ce que ça sera ? » demanda t-il en plaçant ses sacoches sur le cheval. D'un appui du pied, il monta sur le dos de ce dernier et baissa la tête pur regarder la femme qui l'avait accompagné pendant les derniers jours. «  Je vous laisse ici et vous trouvez seule votre destination , où je pose sur la route ? ». Dans tous les cas, elle n'avait pas le droit à son propre cheval et il espérait qu'elle était consciente de ce fait. Après, elle pouvait toujours choisir de rester dans le village de Masyaf, si elle ne voulait pas s'éloigner. Après tout, seule la forteresse des assassins lui était interdite. Mais le village et ses ruines encore fumantes pouvaient devenir sa nouvelle demeure si tel était ce qu'elle souhaitait. «  Je ne peux m'empêcher de me demander comment vous faites pour ne pas être un minimum curieuse. Après tout, vous êtes celle avec les visions. N'avez vous pas envie de savoir ce qu'elles représentent ? Ce qu'elles signifient ? Quel est votre rôle ? Pourquoi vous et pas quelqu'un d'autre ? ». Avec ses questions, Barry ne cherchait absolument pas à la convaincre de venir avec elle. Il était simplement curieux. Personnellement, l'assassin n'aurait pas pu rester dans l'ignorance. Dans l'expectative même. Il aurait tout fait à sa place pour savoir de quoi il retournait. La preuve il le faisait en ce moment même. Mais si il préférait l'autre alternative, qui était il pour la juger.

Zatanna &
Barry

« Je ne suis pas curieuse parce que je déjà sais ce qui nous attend au bout du chemin. Il faudrait être fou pour aller au-devant de la mort de son plein gré. Mais je crois que vous l’êtes, d’une certaine façon ». Les lèvres de l'assassin se retroussèrent pour laisser passer un sourire. « Certains appelleraient plutôt ça du courage » lui répondit il amusé par le cheminement de ses pensées. Etait-il fou ? L'homme ne s'était jamais posé la question. Il ne s'était, de plus, jamais définit ou décrit ainsi. Loyal, oui. Têtu, oui. Violent, oui. Mais surtout, il croyait. Non à une religion mais à une cause. A sa cause. A celle des assassins. A celle de la confrérie. Comme tous ses frères, il suivait un chemin de vie dont il pouvait se sentir fier. Si il quittait ce monde demain, c'était sans regrets. Il avait mené sa vie de la façon la plus juste qu'il pouvait. Jusqu'au bout, il restait fidèle à ses principes. Son cœur était léger. En paix. Alors si cela devait faire de lui un fou, il l'acceptait avec un sourire et s'en sentir déshonoré. Au contraire, cela ne pouvait que le ravir.

Toujours avec le même sourire en place, il regarda Zatanna se hisser derrière lui. D'une main sur les rênes, il empêcha leur nouvelle monture, Qudamah, de bouger un peu trop brusquement. « Je vous suivrai jusqu’à Jérusalem. Mais je ne compte pas donner ma vie à une cause qui n’a de valeur que le temps que durera ma vie ». Un son remonta le long de la gorge de Barry alors qu'il mettait finalement l'étalon au pas pour sortir du village. Le sol, ravagé par les bottes lourdes des soldats templiers, était meuble et glissant sous ses sabots. Barry devait donc se montrer prudent et choisir intelligemment le chemin à suivre. Pour cette raison, il mena le cheval dans un ballet de zigzags qui n'avaient aucun but apparent. Pendant ce temps, Zatanna continua de répondre à ses questions. Peut être oui étaient ils des jouets pour une entité supérieure. Mais Barry ne croyait pas à ces dernières. Il n'y avait pas de dieux. Mais que cela ne tienne, il l'amènerait à Jerusalem et lui ferait ses adieux. Ce qu'elle ferait de sa vie ensuite, cela ne le regardait pas. Pour l'instant, il devait juste la protéger jusqu'à la ville sainte.

«  C'est ce que vous pensez ? Que je me bats pour une cause qui a une valeur limitée au temps de ma vie ? » demanda t-il finalement, presque vexé au fond qu'elle puisse penser ainsi de ce qu'ils accomplissaient jour après jour depuis des centaines d'années. Les grands noms de leur confrérie se retournaient certainement dans leurs tombes à l'heure qu'il était. Kassandra, Darius, Bayek. Autant de grands noms dont elle ignorait certainement tout. Des soldats, des guerriers, des assassins. Des gens qui avaient donné leur vie pour la sauvegarde d'un monde en paix. Des gens dont les actions avaient détruits des dynasties de tyrans, mis fin à des règnes. « Elle ne s'éteindra pas avec ma vie vous savez. Ma mort ne changera pas le cour de l'histoire, il est vrai. Et les assassins continueront de se battre bien après que mes os soient devenus poussière. Mais si mon existence a permis à la lutte de continuer et à sauver au moins une personne alors je m'en estime satisfait. Je n'ai besoin de rien pour me sentir en paix que de savoir que j'ai été fidèle jusqu'au bout à mes principes et que j'ai vécu ma vie du mieux que je le pouvais » continua t-il, avouant tout haut ce qu'il avait pensé tout bas seulement quelque minutes auparavant. «  Lorsque je mourrai, ma vie aura eu du sens jusqu'à la fin. Pouvez vous en dire autant de la vôtre ? » questionna t-il.

Barry ne cherchait pas à la peiner ou à la provoquer mais il était vrai que si elle ne croyait à rien et ne se battait pour rien alors sa vie à ses yeux avaient depuis longtemps perdu ses saveurs.  Pour Barry, elle se contentait alors de survivre et non de vivre pleinement. Après, il comprenait parfaitement que sa vie n'était pas celle à laquelle Zatanna pouvait aspirer. Mais à vivre seulement pour soi, on ratait ce que le monde avait à offrir. Mais ce n'était pas à lui de lui donner des leçons. Et elle faisait bien comme elle voulait. Dans quelques jours, il ne serait plus qu'un visage qu'elle aurait rencontré une fois dans sa vie. Un visage qui deviendrait souvenir et qu'elle oublierait certainement si elle survivait.

Zatanna &
Barry

Un sourire dansa sur son visage et ses yeux se plissèrent quelque peu sous le léger amusement qu'il ressentait. Clairement, ils ne pouvaient pas se comprendre. Ils venaient de monde trop différents. Et jusqu'à présent leurs vies avaient été trop éloignées. Pourtant, Barry essayait. Sans être érudit, il n'était pas bête. Et vraiment, il tentait de voir le monde à sa façon. Mais cette vision des choses n'étaient pas la sienne et rien n'aurait pu lui faire changer d'avis. Pour l'assassin, la confrérie était toute sa vie. Elle était sa famille. Tout n'y était pas tout rose mais cette existence il ne l'aurait échangé pour rien au monde. Il croyait à ce qu'il faisait. Au bien que cela apportait. Un bien qui n'était peut être pas décelable à l'oeil nu mais qui était bien là. Bien sur qu'elle faisait juste en avançant le fait qu'ils vivaient comme si leurs existences ne valaient rien. Car c'était le cas. Ils étaient un tout. Des parties d'une machine bien huilée et qui ne fonctionnait que si tout le monde était à sa place et s'acquittait du travail qui était le sien. Mais n'était ce pas un peu le cas pour tout le monde ? Qui dans 100 ans se souviendraient de eux deux. De Barry et Zatanna. A l'échelle du monde, ils n'étaient rien. Rien d'autres que des noms qui ne tarderaient pas à être oubliés. Mais l'histoire se souviendrait du conflit entre les assassins et les templiers. Elle se souviendrait de la lutte. Et c'était bien suffisant.

« C’est quand même ironique que vous vous battiez pour protéger le libre-arbitre des gens mais que vous deviez obéir à des ordres » conclut-elle finalement, non sans une touche d'humour qu'il avait su déceler. Face à cette remarque, il s'autorisa un petit rire rauque. Elle n'était pas la seule à s'être fait la même réflexion. Il était vrai que cela était un peu paradoxal. « Toute organisation a besoin de règles pour survivre. Sinon le plus fort prend la tête et écrase la volonté des autres. Le libre arbitre de chacun est de choisir ou non d'être un assassin et donc de se soumettre au Mentor » expliqua t-il, même si il savait qu'il n'en aurait pas eu besoin. Mais juste au cas où, pour mettre les choses aux claires. La confrérie n'était pas une armée même si l'on pouvait le penser à s'y méprendre. Tout le monde était libre d'y entrer – tant qu'ils étaient de sexe masculins – et d'en sortir.  « Personne ne devrait envisager la mort sereinement. On devrait toujours se rebeller contre elle, et la trouver injuste, et la fuir jusqu’à ce qu’on n’ait plus d’autre choix que d’y faire face ». «  Peut être oui » concéda t-il finalement, sans plus chercher à s’appesantir sur ce sujet qui les divisait.

D'une pression du talon sur le flanc de l'animal, il mit la monture à un galop soutenu, laissant définitivement derrière eux la silhouette imposante de la forteresse de Masyaf. « Ils sont neuf » souffla t-elle tout à coup sans que les mots ne fassent écho à leur précédente conversation – à moins que le mot débat ne soit mieux approprié. Il sut instinctivement qu'elle avait une autre de ses visions. « Vos ennemis vous attendent à Jérusalem, mais j’imagine que vous le savez déjà ». Si Barry avait ignoré le nombre exacte de personnes qu'il avait devoir tuer, il n'avait jamais ignoré que la ville abritait tout un tas d'ennemis à sa cause. «  Si ils sont mes ennemis, cela ne peut que vouloir dire qu'ils sont contre la liberté. Ce qui en fait vos ennemis également et les ennemis de toutes choses vivantes » déclara t-il, pas vraiment perturbé par les ces nouvelles informations. Le maître assassin ferait ce qu'il devait. Le reste ne l'inquiétait pas. Ni la mort, ni la douleur. Ni l'oubli, ni le néant. «  Reposez vous, la journée va être longue » souffla t-il finalement.  Lui devait rester alerte pour mener Qudamah mais elle n'en avait pas besoin. Elle pouvait juste poser son front contre le haut de son dos et somnoler jusqu'à ce qu'il soit temps pour eux de s'arrêter.

Ce ne fut finalement que lorsque le soleil commença à décliner que Barry sortit légèrement de la piste pour couper à travers champ et se rendre dans un tout petit hameau. Dans ce dernier vivait un vieil assassin. Un homme qui avait combattu une bonne partie de sa vie avant de finalement remettre son épée à jamais dans son fourreau. Cependant, ses frères étaient toujours les bienvenus dans sa demeure. Il avait toujours une chambre de prête et un repas chaud dans la marmite. Barry supposa que Zatanna préférerait cette alternative à celle de dormir par terre. Avec un grognement, l'assassin mit pied à terre et s'étira avant d'aider Zatanna à en faire de même et laisser le cheval au garçon d'écurie. Utilisant les ombres pour ne pas être remarqué, l'homme avança vers sa destination et donna deux coups sur le bois de la porte. Lorsque cette dernière fut ouverte, il ne perdit pas de temps pour s'engouffrer à l'intérieur. Les deux hommes agrippèrent l'avant bras gauche dans la salutation d'usage. « Une femme comme novice ? » s'étonna le viel homme en posant finalement ses yeux sur Zatanna. «  C'est une longue histoire mon frère » lui répondit Barry, sans chercher à entrer dans les détails. «  Pouvons nous trouver refuge dans ta demeure pour la nuit ? ». «  Bien sur, bien sur. La chambre est à votre disposition. Vous avez faim ? ». «  Affamé » avoua le maître assassin avec un sourire pour le vieil homme qui roula des yeux. D'un geste, il les invita à s'asseoir à sa table et leur servit une soupe avec quelques morceaux de pains dans un bol en bois. Barry le remercia avant de plonger sa cuillère dans le potage et de commencer à manger sous les cris de joies de son estomac qui avait décidé de se faire entendre.

Lorsqu'il eut finit, il attendit que sa compagne en fasse de même et avec respect salua l'ancien membre de la confrérie et se retira. Derrière la porte de la chambre d'ami, il trouva une bassine avec de l'eau pour se débarbouiller le visage, une chaise, une petite patère et un lit. Un seul lit simple. Dépité, Barry fusilla l'objet comme si il était le seul responsable de tous ses maux. Finalement, il soupira et plaça ses mains sur ses hanches. «  Prenez le lit, je vais prendre la chaise ». Il y avait peu de chance que la jeune femme ne veule partager la couche avec lui – en tout bien tout honneur vu que Barry n'était pas du genre à imposer ses désirs sur une femme – alors le maître assassin se prépare mentalement à passer la pire nuit de la semaine. Finalement, il aurait du les faire dormir à la belle étoile.