Everything is permitted, nothing is true || Barry

Everything is permitted, nothing is true

Il n’y avait qu’une chose que Zee aurait pu trouver attirante dans le mode de vie de Barry, si elle avait été du genre à chercher ce genre de chose justement : il était clair qu’il n’était jamais seul. Même lorsqu’il se retrouvait sur les routes pendant des jours pour mener à bien ses missions, il était évident qu’il était accompagné, au moins en esprit. Il venait de quelque part et savait qu’il avait quelque part où rentrer. Il avait prêté serment très jeune, ce qui voulait dire qu’il avait grandi dans cette forteresse. Même si c’était un peu tordu, il avait des camarades, ou des frères, ou des parents, ou allez savoir quoi, bref, un genre de famille, en tout cas un cercle qui le connaissait et attendait son retour. Une raison pour lui de vivre, aussi. Elle n’avait connu que sa mère, jusqu’à ce que celle-ci meure, et alors elle avait toujours connu une existence de solitude. Elle avait appris à aimer cette vie, à la chérir et même à vouloir la protéger. Jamais elle n’avait voulu se rapprocher de quelqu’un, n’avait ressenti le besoin d’une présence permanente et routinière à ses côtés, un mari, une amie, n’importe quoi. Elle n’avait même jamais eu d’animaux de compagnie. L’idée de rendre des comptes comme Barry devait le faire, de vivre dans une forteresse aux murs et au toit épais, avec des dizaines d’autres personnes, lui donnait froid dans le dos, mais elle pouvait imaginer que cela avait son charme pour quiconque y était habitué. Et puis, ne disait-on pas que l’on existait uniquement dans le regard des autres ? Barry, une fois qu’il aurait connu sa mort précoce, aurait des tas de gens pour se souvenir de lui – ce qui lui ferait une belle jambe, mais bon. Elle, personne ne saurait qu’elle aurait même existé. Mais elle s’en fichait, parce qu’elle serait morte. Voilà pourquoi il fallait profiter de la vie.

En parlant de ça, l’assassin ne semblait pas particulièrement impressionné par les neuf terreurs qui l’attendaient de pied ferme à Jérusalem. Soit. Cette fois, elle s’en fit la promesse, elle n’interviendrait pas, ne s’interposerait pas entre le fer de l’un et la chair de l’autre. Cela avait vraiment été stupide. Elle se contenta de hocher la tête et de regarder le paysage défiler, dodelinant de la tête de temps en temps, se redressant d’un coup de temps à autre. Ah, si seulement les chevaux pouvaient glisser sur le sable et non pas galoper, que n’aurait-elle pas moins mal aux fesses… Au bout de ce qui lui sembla être des heures, à juste titre, Barry fit dévier leur monture de la route pour rejoindre un petit village, et une petite maison. Elle était étonnée qu’il semble connaître quelqu’un ici, elle pensait que ses seules relations se réduisaient aux habitants de la forteresse. Quand l’homme s’étonna de la voir en habits de novice, elle comprit qu’il avait dû être un assassin lui aussi. Comme quoi, on pouvait faire ce métier et vivre vieux… Elle tenta bien de lui poser des questions pendant le repas, mais il était tout aussi mutique que Barry, se fendant de temps en temps d’un grognement ou d’un hochement de tête énigmatique. Finalement, le repas expédié, Barry et elle se retrouvèrent dans une petite chambre. Elle se précipita sur la bassine d’eau pour y plonger les bras jusqu’au coude et humidifier son visage et sa nuque avec délice. Elle se retourna juste à temps pour capter l’expression dépitée de son compagnon de voyage quand il annonça qu’il dormirait sur la chaise, et cela la fit rire. « Oh, non, je vous en prie, prenez le lit ! Un novice ne priverait pas son maître d’un matelas moelleux. Disons que mon entraînement commence ici. » Elle ne pouvait décemment pas lui demander de partager sa couche – en plus, il était gigantesque, cet assassin, et elle voyait mal comment ils auraient pu dormir confortablement à deux sur une si petite paillasse.

Elle acheva de se débarbouiller et alla jeter l’eau utilisée dehors, repassant devant le vieil homme qui ne lui accorda pas un regard si ce n’était pour lui indiquer du menton où se trouvait la réserve d’eau claire. Elle revint dans la chambre pour déposer la bassine pleine et s’assit sur la chaise – elle allait voir si elle pourrait tenir sa promesse. « Je ne pensais pas qu’on puisse vivre aussi vieux en faisant votre métier. Alors quoi d’autre ? Une famille ? Des enfants ? Vous n’y avez jamais pensé ? » N’était-ce pas le propre des hommes que de désirer des héritiers, comme si c’était l’ultime récompense de la vie ? Mais bien sûr, il n’y avait pas de place pour des enfants dans la vie d’un assassin, qu’est-ce qu’il en aurait fait ? Le prendre avec lui sur les routes, le tenir d’une main pendant qu’il poignardait quelqu’un de l’autre ? L’image la fit rire toute seule. Malgré tout, leur hôte lui donnait à réfléchir. Pour elle, il semblait mener une vie douce et calme, comme une retraite bien méritée. Mais en vérité, n’était-il pas malheureux de ne pas être mort dans la force de l’âge, en menant sa mission à bien ? Elle soupira et secoua la tête. « Alors dites-moi : qu’est-ce qui nous attend à Jérusalem ? Vous avez eu ma version, mais c’est un peu flou. J’imagine que vous avez des plans un peu plus concrets que simplement vous faire tuer. » Il y avait bien une raison pour que son chef l’envoie dans la cité sainte, après tout, et ce malgré le danger. Et avec elle à la remorque, en plus.

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Zatanna &
Barry

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« Oh, non, je vous en prie, prenez le lit ! Un novice ne priverait pas son maître d’un matelas moelleux. Disons que mon entraînement commence ici ». Barry hésita un instant à se montrer galant et à insister pour lui laisser le lit. Cependant, il était fatigué après une journée de cheval et ses muscles tendus faisaient plutôt office de bout de bois que de membres humains. Alors il haussa les épaules et alla se laisser tomber sur le lit. Ce dernier craqua sous son poids. Bien que l'assassin ne puisse pas être définit comme gros il savait qu'il n'était pas le plus léger des hommes. Entre sa grande taille – une curiosité dans un pays où les hommes tournaient autour un mètre soixante dix – et sa masse musculaire, il pesait définitivement son poids. Avec un soupir, il croisa ses pieds l'un sur l'autre – tout en laissant ses chaussures à l'extérieur du tissu propre – et mit les bras derrière la tête. « Si vous changez d'avis à un moment donné, vous pouvez me réveiller » l'informa t-elle alors qu'elle revenait dans la pièce avec une bassine d'eau propre. N'ayant plus aucune envie de bouger, Barry décida que la toilette de chat attendrait le lendemain matin. Ou plus tard dans la nuit si le sommeil le fuyait. Si il se souvenait bien, il y avait un petit ruisseau à quelques minutes à pied du hameau dans lequel ils étaient. Il pourrait toujours s'y rendre pour un bain nocturne. « Je ne pensais pas qu’on puisse vivre aussi vieux en faisant votre métier. Alors quoi d’autre ? Une famille ? Des enfants ? Vous n’y avez jamais pensé ? ». L'homme ouvrit un œil sous son capuchon pour la regarder sous le liserai du tissu. « Beaucoup d'assassins vivent bien au-delà de cinquante ans ». Pas tous, mais suffisamment. Pour Barry cela dépendait essentiellement des aptitudes de ces derniers. Un bon assassin était un assassin que l'on ne vouait jamais. Il était une ombre. Un écho. Il tuait sans se faire voir et était déjà loin lorsque le corps était découvert. Meilleur on était, plus de chances on avait donc de vivre vieux. Arès, il y avait toujours des exceptions à la règle. Parfois, un assassin devait se sacrifier pour le bien commun. Parfois, il faisait une erreur. Après tout, comme les autres, ils étaient humains. Ils étaient faillibles. « Et non, je n'y ai jamais vraiment pensé. Jusqu'à présent, j'avais encore le temps. Maintenant … si ce que vous dites est vrai, je n'ai pas besoin de me poser la question ». Bien sur, l'idée de devenir père, de trouver cette femme qui serait sienne lui avait effleuré l'esprit. De temps en temps. Mais ces pensées traversaient en général son esprit sans s'y arrêter. Et son cœur avait été épris ailleurs. Le regrettait-il à présent que sa fin était proche ? Ou soi-disant proche ? Non pas vraiment même si il s'avouait curieux.

« Alors dites-moi : qu’est-ce qui nous attend à Jérusalem ? Vous avez eu ma version, mais c’est un peu flou. J’imagine que vous avez des plans un peu plus concrets que simplement vous faire tuer. ». « Oh nous sommes un nous maintenant » s'amusa t-il. « Si vous continuez à me suivre, vous le découvrirez bien assez vite ». Pour l'heure, il était temps de reposer ses yeux et son esprit. Et ce fut exactement ce qu'entrepris de faire l'assassin, mettant ainsi fin à cette conversation de manière peut être un peu brusque. Le maître assassin n'était cependant pas du genre à s’embarrasser de ce genre de détails. Ils avaient encore plusieurs jours de trajet avant d'arriver à la ville sainte et reprendre des forces était nécessaires. Surtout pour lui qui ne pouvait pas somnoler voir dormir pendant la journée. « Bonne nuit » souffla t-il tout de même avant de fermer les yeux et de commencer sa nuit.

Lorsqu'il rouvrit les yeux, il sut que plusieurs heures s'étaient écoulées. La lune était cependant haute dans le ciel et l'horizon bien loin de pointer le bout de son nez. Suffisamment reposé, il se leva sas bruit et s'étira. D'une main, il chassa le sommeil de ses yeux dorés et remit ses habits correctement en place. Avant de s'armer, il glissa un regard au corps endormi de Zatanna. La jeune femme dormait dans une position qui ne pouvait être qu'insupportable. Il secoua la tête avant de s'avancer pour être à sa hauteur. Doucement et délicatement pour ne pas risquer de la réveiller, il la souleva dans ses bras. Avec le même soin, il la déposa au milieu de la couche. Il sourit amusé lorsque immédiatement elle chercha à s'enrouler dans le tissu pour se réchauffer. Son épée de nouveau à sa taille, il quitta la pièce comme une ombre, refermant la porte sans bruit dans son dos. De la même façon, il quitta la demeure et se rendit à pied à la petite rivière. Là sous le clair de lune et avec le seul chant des criquets pour compagnie, il se baigna, débarrassant son corps de la poussière et de la sueur qu'il avait accumulé la journée précédente. Vu qu'il avait quelques heures devant lui, il prit son temps et remonta un peu le cour de la rivière à la nage pour réchauffer ses muscles.

Lorsque le soleil commença à pointer le bout de son nez et lorsque la pulpe de ses doigts se fana, il sortit et se rhabilla. Sur le trajet retour, il s'arrêta à la maison du boulanger et acheta pour son hôte et sa famille des feuilletés au miel chaud. En remerciement pour leur hospitalité. Le vieil assassin lorsqu'il eut la gourmandise en sa possession ne se fit d'ailleurs pas priez pour engloutir la pâtisserie, faisant luire ses lèvres fines de miel. Sa femme fut quant à elle, plus raffinée. Une fois Zatanna prête, il les salua et alla trouver son cheval à l'écurie. Comme la veille, il monta et laissa la jeune femme monter derrière lui. Ce ne fut que lorsqu'ils eut quitté le village pour la route principal qu'il lui tendit la dernière pâtisserie. Celle qu'il avait acheté pour elle. Lui s'était personnellement contenté de quelques dattes et de viandé séchée. Le miel très peu pour lui. Il la laissa manger tranquillement avant de mettre le cheval au galop.A partir d'ici, il n'y avait plus de villages où s'arrêter et de demeures où trouver refuge. Ils étaient seuls jusqu'à leur arrivée à Jerusalem.

Pando

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Elle ne saurait probablement jamais s’il était naturellement aussi nonchalant concernant sa propre existence ou si c’était sa formation d’assassin qui l’avait rendu ainsi. Rien ne semblait l’inquiétait concernant son avenir, qu’il en ait un ou pas, d’ailleurs même savoir s’il avait un avenir ou pas n’avait pas l’air de l’intéresser. C’était probablement mieux pour lui, il fallait bien n’avoir rien à faire de sa propre vie pour exercer un si dangereux métier. Ou alors, c’était cette aptitude innée qui faisait de lui un bon assassin. Mais il était clair qu’elle n’allait pas le convaincre de démissionner pour aller se trouver une petite bergère dans la montagne et passer le restant de ses jours à élever des chèvres. Ce n’était pas comme si elle lui prédisait une mort certaine et absolue. Elle serait certaine et absolue s’il s’acharnait à vouloir aller à Jérusalem, ce qu’il faisait. Elle lui ouvrait une porte vers la survie et un avenir certes incertain, mais un avenir quand même. Mais il était clairement décidé à ne pas la franchir, alors à quoi bon ? Le reste, c’était sa faute à elle. Tout comme il voulait aller à la cité sainte, elle le suivait de sa pleine et entière volonté. Tout ça n’était plus sujet à débat, c’était ainsi.

Alors, puisqu’il en était ainsi, autant boire la coupe jusqu’à la lie. Elle ne savait même pas dans quel état était Jérusalem à l’heure actuelle, si les croisés l’avaient déjà atteinte ou si elle était toujours un modèle plus ou moins solide de cosmopolitisme, si ses remparts étaient encore debout où si elle était déjà dévorée par les flammes, et quelles grandes instances religieuses se disputaient ses richesses ou bien ses ruines. Mais fidèle à lui-même, Barry ne décrocha pas une parole d’explication, s’amusant plutôt de la voir se considérer comme faisant partie du voyage. Elle lui répondit par un regard entendu et quelque peu insistant, mais il était clair qu’il ne lui dirait rien. « Je vous suivrai jusqu’à ce que je sache ce qui nous attend, ensuite j’aviserai », lui renvoya-t-elle sur le même ton. Elle alla s’asseoir sur le fauteuil, un plaid en laine sur les épaules, et remonta les genoux sous son menton. Les courbatures du trajet à cheval de la journée se rappelèrent à elle, mais elle avait connu pire. Elle avait dormi par terre chez elle, par terre à la belle étoile et même par terre dans l’unique cellule du village, en attendant son bûcher. Et ces derniers jours avaient été épuisants, physiquement et moralement. Elle s’endormit rapidement et sans difficulté.

Quand elle se réveilla, elle était allongée sur la paillasse et Barry avait disparu. Pendant une seconde, elle se dit qu’il était reparti sans elle, et elle prit le temps d’analyser ce que ça lui faisait : était-elle déçue ou soulagée ? En fait, elle était surtout ultra mal à l’aise à l’idée de se retrouver toute seule dans la maison d’un inconnu ! Elle se rafraîchit avec la bassine d’eau claire, arrangea ses habits d’assassin et alla dans le salon pour trouver le vieil assassin, qui la gratifia d’un œil maussade, et sa femme, qui lui sourit et lui tendit un bol de thé sucré. Elle s’assit avec eux à la table et engagea une conversation discrète avec la femme. Bien sûr, elle n’osa pas lui demander quoi que ce soit sur son mari et les circonstances de leur rencontre… Elle réussit malgré tout à apprendre que pour l’heure, Jérusalem semblait avoir été épargnée par la guerre, mais voyait tous les jours des centaines et des centaines de pauvres hères venir se réfugier entre ses murs, le plus souvent originaires d’Acre et de ses environs. Bien sûr, les portes de la cité sainte restaient grandes ouvertes. Là-dessus, Barry revint d’elle ne savait où avec des pâtisseries. Elle remercia la maîtresse de maison et se leva pour aller se préparer au départ, sachant qu’il était proche.

Et ainsi, ils furent de nouveau sur la route, portés par le fidèle et infatigable Qudamah. Quand Barry lui tendit une pâtisserie, elle le remercia d’un sourire et réussit à la dévorer sans s’en foutre partout, elle commençait à s’habituer à l’équitation. Son regard voguait sur l’horizon distordu par la chaleur et au bout d’un temps, elle se rendit compte qu’elle distinguait un éclat doré, où que ses yeux se pose. Elle les ferma quelques minutes, puis les rouvrit, mais la tache dorée subsistait. Sachant très bien ce que cela voulait dire, elle abandonna l’idée de se débarrasser de cette persistance rétinienne agaçante et se concentra dessus. Ce qu’elle voyait, comme un fantôme, c’était un dôme, un immense dôme doré renvoyant fièrement au ciel les éclats des rayons du soleil. Sa mère lui avait parlé de ce dôme, mais elle ne l’avait jamais vu – et elle ne le voyait pas vraiment puisque Barry et elle n’étaient pas encore arrivés à Jérusalem. Elle lui tapota le bras. « Savez-vous vous où nous allons ? Je crois qu’à un moment donné, vous auriez intérêt à aller voir du côté du Dôme du rocher. » Et bien sûr, accolée au dôme, il y avait la plus grande mosquée de Jérusalem, celle-là même qui finirait peut-être en cendres avant la fin du jour.

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« Savez-vous vous où nous allons ? Je crois qu’à un moment donné, vous auriez intérêt à aller voir du côté du Dôme du rocher ». Barry constata qu'il s'était habitué à toute la bizarrerie de la situation. Comme l'excellent assassin qu'il était, il s'était accommodé des pouvoirs de Zatanna. L'homme était vraiment un animal fait pour l'adaptation ne put il s'empêcher de penser. Ou alors ce n'était que lui. Lui qui menait une vie si étrange pour le reste du monde qui ne s'émouvait que rarement et jamais pour très longtemps. Qu'importe la raison, il accueillit l'information avec un léger signe de tête. « Entendu » répondit il. Pour le moment, il décida de ne pas trop réfléchir à ce que tout cela voulait dire. Après tout, leur trajet était encore long et Barry se serait rendu fou avant même d'atteindre les portes de la ville sainte. Il aurait bien le temps d'y penser une fois à l'intérieur du bureau de Jérusalem. Le rafiq aurait d'ailleurs peut être des indices pour eux. En attendant, il fallait encore y arriver en vie et si possible en un seul morceau.

Ce qu'ils firent après presque une semaine de trajet. Et la ville pour le plus grand bonheur de l'homme était encore debout et non en proie aux flammes et à la destruction. Pour le moment. Avec un soupir soulagé, Barry descendit de la monture, juste après avoir aidé Zatanna d'une main à rejoindre à le sol. Le cheval lui-même sembla content de ne plus les avoir sur le dos pour de longues périodes de temps. Près des écuries – ou il laissa Qudamah – il s'étira doucement les bras et le dos pour soulager ses muscles endoloris. De la même manière, il secoua légèrement ses jambes pour en chasser les dernières fourmis. Une fois cela fait, il croisa ses bras sur sa poitrine et observa la situation près des portes de la cité. Une nuée de garde en surveillait l'entrée. Ils arrêtaient aux hasard toutes les personnes qu'ils trouvaient suspectes. Barry savait qu'en tant qu'assassin, il n'était pas bienvenue dans la ville sainte. Ici tous les gardes étaient ses ennemis. Il devait donc trouver un stratagème pour rentrer incognito dans la ville. Ses yeux dorés se posèrent sur le haut des murailles. Malgré sa hauteur, il pouvait l'escalader sans problèmes. En revanche, la présence d'archers en masse allait être un problème qu'il n'allait pas pouvoir surmonter.

Finalement, un sourire se posa sur ses lèvres sèches et craquelées par l'air chaud du désert qu'ils avait traversé. Là, près des portes se trouvait un groupe d'érudits. Leurs toges blanches et leurs capuches de la même couleur lui permettrait de passer inaperçu. Il dut cependant réfléchir au fait qu'il n'était plus tout seul et que la jeune femme qui l'accompagnait n'était pas habillée de manière appropriée pour une femme. Elle ne pouvait donc pas traverser seule. Et la couleur grise de sa robe ferait certainement tâche aux milieu des robes blanches. Barry admettait cependant qu'il était à court d'idées et que les érudits représentaient leur meilleure chance de rentrer dans Jerusalem sans avoir à tuer tous les gardes postés près des portes. Un combat qu'ils ne pouvaient pas gagner. « Suivez moi ». Avec des pas contrôlés pour éviter de trop attirer l'attention, il rejoignit le groupe d'hommes en blanc. Avec quelques pièces, il les convainquit de les laisser se dissimuler parmi eux. « Gardez la tête baissée et les mains devant vous comme si vous priez » ordonna t-il à sa compagne, tout en remettant de ses doigts les mèches brunes qui sortaient de sous son capuchon. Avec un peu de chance, les garde ne regarderaient pas deux fois sa silhouette.

Barry adopta la même posture. Malgré ses armes, malgré la couleur grise de la robe de novice de Zatanna et sa silhouette féminine, ils réussirent à passer les portes. D'un signe de tête, l'assassin remercia ses passeurs et attrapa la main de la brunette pour la tirer à l'écart. Habitué de la ville, il savait exactement où aller et quel chemin emprunté. Tous ses sens en alerte, il les mena à travers des dédales de ruelles toutes plus malodorantes les unes que les autres. Ils quittèrent bientôt le quartier commerçant pour arpenter le quartier pauvre. Mendiants, courtisanes, malades et cadavres se côtoyaient dans cette partie de la ville oubliée des Dieux. Un repère idéal pour son genre. Un repère idéal aussi pour leurs alliés. « On va devoir grimper sur le toit. Vous allez prendre appui sur mes mains et je vous donnerai une petite impulsion pour que vous puissiez vous hisser » l'informa t-elle lorsqu'il arriva aux abords du Bureau. Un rire faillit faire tressauter ses épaules lorsqu'il imagina la tete du vieux rafiq lorsqu'il allait voie débarquer une femme dans son sanctuaire. « Vous êtes prête ? » demanda t-il en se mettant en position, dos contre le mur, genoux pliés et les mains devant lui pour la porter. « Un, deux, trois » compta t-il. Lorsqu'elle fut montée, il s'assura qu'elle possédait son équilibre avant de s'éloigner du murs et de la rejoindre.

« Par là ». Rapide il se faufila sur les toits suivants – tous assez rapprochés les uns des autres pour permettre à la jeune femme de les traverser sans encombres. Malgré tout, il la distança, plus habitué qu'elle l'était à cet exercice. Il disparut complètement de vue lorsqu'il sauta à travers la trappe ouverte du bureau des Assassins, dissimulée sur un toit où poussait de la végétation. Le Rafiq, alerté par le bruit de ses pas sur le marbre de la cour intérieure, vint à sa rencontre. Barry le salua avec respect. Le sourire bienveillant du Rafiq perda cependant de sa superbe lorsqu'il avisa la silhouette engoncée dans une robe de novice qui hésitait près de la trappe. Umar n'était pas connu pour apprécier les nouveaux. Il aimait l'efficacité. Et cette dernière ne venait qu'avec l'expérience. « Une femme ! » s'étonna t-il, bouche grande ouverte sous la surprise. « Al Mualim a perdu la tête ! ». Barry avait peut être oublié de mentionner que l'homme était légèrement misogyne. Soudainement gêné, il se racla la gorge. « C'est une longue histoire. Cette jeune femme est sous la protection des Assassins. Sous ma protection même. Et jusqu'à ce que j'ai accompli la mission d'Al Mualim, elle a accès au bureau au même titre de nos frères ».

Le vieil homme grommela dans sa longue barbe blanche et leva les bras au ciel. « Que cela ne tienne. Je ne serais plus là pour longtemps de toute façon ». Le maître assassin haussa un sourcil interrogateur . Un geste qui fut perçu malgré le fait que la moitié de son visage était toujours cachée sous sa capuche. « Malik Al Sayf s'est réveillé et a été promu au rang de Dai de Jerusalem. Il devrait être là dès que son état lui permet de voyager. Un mois tout au plus si j'en crois la dernière lettre venue de Masyaf ». Barry accueillit la nouvelle avec un mouvement de tête. Il était soulagé de savoir que l'autre assassin avait survécu à ses blessures et à l'amputation de son bras gauche. Bien qu'il savait que Malik serait amer de ne plus pouvoir devenir un maître assassin, il ne doutait pas que l'homme ferait un Dai formidable.

Après un dernier regard sur Zatanna, il tourna les talons et retourna à ses affaires. « Désolé pour Umar. Il a une dent envers les femmes » expliqua t-il avec une légère grimace. « Bienvenue au Bureau des Assassins de Jerusalem Zatanna. C'est ici notre lieu sur dans la cité. Le Rafiq, Umar, en est le dirigeant. Il collecte les informations, accueille les assassins qui passent par la ville en mission ou en escale, s'assure que la ville reste debout et prévient des dangers potentiels ou de la présence des templiers. J'ai bien compris que vous ne voulez pas faire parti de cette vie. Si tel est toujours votre désir vous pouvez sortir par cette trappe là maintenant et vivre le reste de votre vie, aussi courte ou longue soit elle, sans plus jamais entendre parler de notre ordre ». Barry ne lui laisserait qu'une chance de se dérober. Soit elle partait maintenant, soit elle se liait aux assassins en tant qu'alliée temporaire jusqu'à ce que lumière soit faite sur toute la situation.

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Il y avait du positif dans cette histoire. Déjà, quand ils arrivèrent à Jérusalem, ce fut pour constater que la ville était encore debout. Même si, en posant les yeux dessus, Zee fut traversée par un frisson glacial et morbide dû à l’inéluctabilité du sort qui attendait la cité, c’était bien. Elle n’y avait jamais mis les pieds évidemment, mais elle la connaissait, tout aussi évidemment, et elle était bien contente de pouvoir la contempler de ses yeux de son vivant – et de celui de Jérusalem. Aussi, après une semaine de chevauchée dans le désert, elle avait fini par s’habituer à ce moyen de transport et n’avait plus du tout mal aux fesses, ce qui était une nette amélioration de son quotidien. Cela dit, c’était maintenant que les difficultés commençaient. Heureusement, il semblait que se faufiler incognito dans une ville était un truc banal pour un assassin, car Barry leur trouva une procession de croyants en elle ne savait laquelle des religions, qui les cachèrent dans leur groupe le temps de passer les portes. Tête baissée, air de contrition totale sur le visage, Zee avança avec les autres en jetant des coups d’œil discrets sous son capuchon de novice. Ces bruits, cette agitation… Elle aimait déjà cela. Tout comme elle aima les rues qu’ils traversèrent ensuite d’un pas leste, jusqu’au quartier pauvre où son comparse l’emmena, et peu lui importaient la saleté, les pauvres et les mendiants. Quel dommage que tout cela doive disparaître, elle se serait vraiment sentie chez elle, ici. Mais après tout, tout n’allait pas disparaître… Dans la paix ou dans la guerre, personne ne se souciait des pauvres, et il n’était pas rare que ceux-là s’en sortent le mieux.

En attendant, elle eut l’occasion de prendre son premier cours en tant qu’assassin novice. Elle hocha brièvement la tête en réponse à Barry, prit son élan et se laissa soulever vers le toit sur lequel elle se hissa sans vraiment de grâce, mais facilement. Après tout, elle était une fille du désert, des rochers et du sable, même si sa peau et ses yeux bleus annonçaient autre chose, elle n’en avait pas moins les mains abîmées et assez de souffle pour passer des jours et des nuits dehors à courir après de foutues chèvres rachitiques. Forcément, quand Barry la rejoignit, ce fut avec beaucoup plus d’agilité, mais enfin, la première fois qu’on lui avait demandé de faire ça, il ne devait pas être beaucoup plus dégourdi qu’elle. Elle apprécia grandement de courir sur les toits, sautant d’un bord à l’autre, sans hésiter, c’était la clé, ne pas freiner au dernier moment, ne pas avoir peur, croire qu’on pouvait le faire, et le faire. Elle suivit Barry, qui la distancia facilement, jusqu’à une trappe. Là, elle ralentit un peu, ne serait-ce que parce qu’elle ne savait pas ce qu’il y avait là-dessous pour la réceptionner, puis avisant un parquet tout ce qu’il y avait de plus normal, elle sauta à son tour, posant les deux mains à plat par terre à l’atterrissage, avant de se redresser en repoussant son capuchon sur ses épaules, curieuse de savoir où elle était. C’était un bureau, et il y avait un type, qui loin de s’offusquer qu’on soit rentré chez lui par le toit sans s’annoncer, semblait plutôt chagriné qu’elle, une femme se trouve là. Elle haussa les épaules, laissant Barry s’occuper des explications, vu qu’elle-même ne savait pas vraiment ce qu’elle faisait là, préférant observer la pièce.

Elle sourit quand l’assassin s’excusa pour le comportement de son confrère. « Quel homme n’a pas quelque chose à reprocher aux femmes ? » Manière de dire, pas de souci, de toute façon elle avait l’habitude, c’était comme ça depuis toujours, pour toutes les femmes, et ça le serait probablement jusqu’à la fin des temps. Elle était bien plus intéressée par ce qu’il lui raconta ensuite sur la confrérie, et comment, a priori, celle-ci avait un genre de bureau dans toutes les villes d’importance. C’était bien pratique, il fallait bien le reconnaître. « Vous êtes partout, alors, et depuis toujours, je suis sûre. Et j’imagine qu’il en va de même pour les templiers, qui savent probablement déjà que vous êtes là. » Sauf que eux, ils n’avaient pas une sorcière, puisque c’est ainsi qu’ils la voyaient, avec eux. Okay, elle ne comprenait pas grand-chose à ses visions, mais enfin c’était déjà quelque chose. De sorte qu’elle savait déjà ce qu’elle allait répondre à Barry avant même qu’il achève sa phrase. « Je vous dois la vie. Ça m’embêterait de la perdre finalement à cause de vous, même si l’ironie serait savoureuse, mais franchement, je vous en dois une. Tant que je peux vous aider, je le ferai. Je vous le dis, je vais attendre que la situation soit vraiment désespérée avant de vous abandonner. » Et puis si ça faisait d’elle un poids mort pour lui, eh bien, trop tard, et tant pis. « Peut-être, pour commencer, que je peux me trouver une tenue un peu plus discrète ? » De plus large, à la limite, et alors elle pourrait faire en sorte de dissimuler du mieux qu’elle pouvait sa silhouette.

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« Vous êtes partout, alors, et depuis toujours, je suis sûre. Et j’imagine qu’il en va de même pour les templiers, qui savent probablement déjà que vous êtes là ». Barry haussa doucement les épaules. Les templiers devaient évidemment se douter de leurs présences. Après tout, ils se chassaient mutuellement. Mais jusqu'à présent, jamais ils n'avaient encore réussi à trouver l'entrée du bureau ou même son emplacement dans ce quartier ci de la ville. Si leurs présences étaient une certitude, les templiers nageaient encore et toujours en eaux troubles. Un état des fait qui évidemment arrangeait bien le Rafiq et le reste des assassins qui passaient par là. Le bureau était censé être un lieu de paix et de repos. Et ils ne pouvaient être en paix sans la sûreté. Bien sur, le risque zéro n'existait pas et rien ne disait que demain cet endroit ne serait pas découvert. Dans ce cas de figure, ils n'auraient qu'à trouver un autre endroit où se cacher. Tout simplement. Les assassins avaient de la ressource et de la combativité à revendre.

La réponse qu'elle lui donna ensuite fut loin de satisfaire le maître assassin. Qu'elle comptait l'abandonner, cela ne le dérangeait pas. Il trouvait même cela logique. Ce qui l'embêtait était de la voir attendre que la roue tourne. Barry préférait qu'elle parte maintenant si elle comptait le faire. Il en allait des secrets de la confrérie. « Peut-être, pour commencer, que je peux me trouver une tenue un peu plus discrète ? ». Les yeux mordorés de l'assassin glissèrent un instant sur sa silhouette. De son point de vue, sa tenue actuelle était tout à fait appropriée. Il n'avait pas mieux à lui proposer. Et il doutait fortement que le rafiq est quelque chose d'autres que des robes d'assassins – certainement poussiéreuses. Après tout, c'était la seule tenue dont ils avaient besoin. « Si vous voulez autre chose, il va falloir vous procurer vous-même les vêtements j'en ai peur ». Et la manière dont elle s'y prendrait ne dépendait que d'elle. Barry n'allait pas la juger si elle décidait de les emprunter au détour d'une ruelle. « Personnellement, je pense que vous ne trouverez pas mieux que ce que vous avez déjà sur le dos » compléta t-il en haussant finalement les épaules. Et franchement dans cette ville, mieux valait être habillé comme un homme que comme une femme sans argent. Ces dernières ne faisaient souvent pas tripette et tombaient sous sous les lames des gardes et autres prédateurs soit finissaient violées dans un coin avant d'être tuées. Le choix restait cependant sien. L'assassin comprenait qu'elle ne se sente pas à l'aise dans ses anciens habits de novice. « En attendant, je vais vous faire chauffer de l'eau pour un bain » déclara t-il.

Sans déranger le rafiq – afféré sur ses cartes - , il mit plusieurs pots d'eau à chauffer. L'eau frémissante fut ensuite versée dans une large cuve en bois, cachée dans une des seules pièces à porte de l'endroit. Lorsque la cuve fut remplie, il laissa la jeune femme à son nettoyage. Pendant ce temps là, le natif de Masyaf alla discuter un peu avec Umar et lui demanda les dernières nouvelles de la ville. Lorsqu'il eut toute les informations dont il pensait avoir besoin, il remercia le vieil homme et le laissa se retirer dans ses quartiers personnels – tout en lui promettant de bien fermer le bureau pour la nuit. Ce que Barry s'empressa de faire en rabattant la lourde grille de bois sur l'entrée et en la verrouillant. Ensuite, il massa distraitement sa nuque et se laissa tomber dans un coin sur les nombreux coussins qui jonchaient la salle de repos des assassins de passage. Si ils restaient longtemps, une solution un peu plus durable devrait être trouvée. Mais pour ce soir, ça allait bien comme ça. Épuisé par un long voyage, il ferma les yeux et s'endormit dès que Zatanna le rejoignit.

Le lendemain arriva bien trop vite et amena avec lui son lot de surprises. La ville était un effervescence et les cloches de la ville sonnèrent sans discontinuer pendant les premières heures du jour. Apparemment, quelqu'un avait été retrouvé mort. Pour une fois, ni lui ni un de ses frères étaient à l'origine du corps retrouvé. Cependant, cela était loin d'arranger leurs affaires car ils étaient bien obligés d'attendre que le température descende avant de faire eux-mêmes leurs sorties. Les gardes étaient en alerte et il était mieux de les laisser se calmer avant de faire quoi que ce soit. Barry profita de ce moment pour redemander à la jeune femme si elle voulait réellement rester, pour le moment . Sa réponse fut la même que la veille et l'assassin se retrouva bien obligée de l'accepter.

Vers midi les cloches cessèrent leurs tintamarres et Barry décida qu'il était temps pour eux de prendre congé de Umar pour aller glaner quelques informations en plus. « Paix et sûreté mon frère » déclara comme le voulait l'usage le maître assassin au rafiq. L'homme aida Zatanna à passer par la trappe de nouveau ouverte du toit et la suivit. « Vu vos visions, je supposa que se rendre aux abords de la mosquée et de son minaret est une première étape ». Barry était cependant ouverte aux propositions si elle avait une meilleure idée. L'assassin n'était pas assez arrogant pour penser avoir le monopole des bonnes décisions. Et puis, elle était bien mieux placée que lui pour interpréter les résultats de son don.

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Pando

Everything is permitted, nothing is true

Impossible de dire s’il était déçu, embêté ou content qu’elle décide de rester avec lui pour le moment, mais de toute façon, c’était sa décision à elle, pas la sienne. Et puis, s’il le voulait, il pouvait fort bien la planter à n’importe quel coin de rue de la ville pour se débarrasser d’elle, et il y aurait peu de chance qu’elle réussisse à le rattraper, encore moins à le trouver, alors si vraiment il voulait partir en solo, il pouvait tout à fait le faire. Elle partit donc du principe que quels que soient ses sentiments à l’égard de sa décision, il l’accepterait. Il semblait moins enthousiaste à l’idée de lui permettre de changer de tenue en revanche, et elle se dit que si pour cela elle devait errer dans les couloirs d’un antre d’assassin pour piquer sa tenue à un type comme Barry au risque probable de se faire trancher la gorge au passage, ça n’en valait pas la peine. Elle haussa donc les épaules, se rangeant à son avis, et, comprenant qu’il préparer de quoi prendre un bain, elle attendit patiemment qu’il ait terminé, et le remercia d’un sourire. Il était clair que des femmes ne vivaient pas ici vu les conditions et le manque d’intimité, mais Zee s’en fichait. Dans son petit village pourri peuplé de rustres, ce n’était pas mieux, ça n’avait jamais été mieux. Le bain qui plus est était délicieux, dénoua ses muscles, chassa la poussière et la sueur. Elle réussit même à se laver les cheveux, contrariée malgré tout par leur masse. Quand elle se rhabilla, elle utilisa les quelques bandes qu’elle avait récupéré de ses haillons précédents pour se bander la poitrine. Autant dire que ce bain plus la nuit à l’abri du sable, des flammes et du reste suffit à la remettre d’aplomb.

Le lendemain cependant, le bruit des cloches lui arracha un sursaut. Elle était persuadée que les croisés étaient aux portes de Jérusalem et que celle-ci était déjà en train de brûler, et que les cloches de la cité appelaient les habitants à faire une chaîne humaine pour tenter d’éteindre les flammes. Il se trouva que ce n’était pas du tout ça. Aussi, un cadavre dans la ville, ça aurait pu ne pas avoir d’importance, mais vu que visiblement des tas d’assassins et leurs ennemis qui étaient une bande de meurtriers se baladaient dans la ville, peut-être bien que ça n’était pas si anodin que cela. Les cloches sonnèrent un bon moment, mettant les nerfs de Zee à rude épreuve, ce qui ne l’empêcha pas de répéter sa volonté de suivre Barry quand il tenta encore de l’en dissuader. Eh bien, elle le suivrait tant qu’elle serait physiquement capable. Elle savait d’avance qu’elle serait incapable de bondir de toit en toit dès que le parcours deviendrait plus compliqué… Pendant que son sauveur discutait avec son collègue, Zee alla se planter à la fenêtre pour observer la cité, songeuse, puis, décidée, marcha jusqu’au bureau du rafiq, s’empara d’un coupe-papier d’une main, de ses cheveux de l’autre, et en coupa une bonne longueur avant de les jeter aux ordures. Puis elle rabattit la capuche sur sa tête, et ainsi, quelques minutes plus tard et alors que les cloches cessaient enfin leur tintamarre, ils étaient de nouveau sur le toit.

Barry proposait de se rapprocher de la mosquée, et elle aussi était plutôt d’accord. « Vous avez raison. Ces visions, je ne les avais pas avant de vous rencontrer. Il est évident qu’elles ont tout à voir avec vous, et peut-être avec votre mission. Autant y aller avant que la mosquée ne soit détruite, puisque c’est le destin qui l’attend. » Difficile de se débarrasser de cette image-là, c’était sûr. Depuis le toit où ils se trouvaient, le minaret brillait sous le soleil de midi, impossible à rater. Cependant, elle préférait laisser à Barry l’honneur d’ouvrir la marche, se doutant qu’il avait une route toute tracée pour s’y rendre. « Ce n’est pas vous alors, qui avez laissé un cadavre traîner dans la ville. Remarquez, ça peut nous servir, si les regards des gardes sont tournés ailleurs que vers la mosquée. » Elle espérait seulement, sans y croire un seul instant, que les templiers n’allaient pas se faire la même réflexion. Ce qui était bon pour les uns l’étaient aussi pour les autres… et c’est probablement en toute tranquillité que les ennemis ancestraux allaient pouvoir se taper dessus. Elle fit signe à Barry qu’elle était prête.

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Zatanna &
Barry

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Vu que Zatanna ne trouva rien à redire à son plan, Barry commença son chemin sur les toits rapprochés de la ville. Contrairement à la veille, il ne courut pas le long de ces derniers, laissant tout le loisir à la jeune femme de le suivre sans être distancée. Bien sur, il garda ses yeux bien ouverts sous son capuchon. Ce n'était pas parce que les gardes étaient occupés ailleurs qu'il n'y avait plus d'archers sur les toits. Des hommes qui certes ne faisaient que leurs métiers mais qui n'hésiteraient pas pour autant à leur tirer dessus à la moindre occasion. Autant dire que Barry ne comptait pas être si rapidement incapacité dans sa mission. Non pas qu'il comptait l'être à un moment. Néanmoins, l'assassin savait que les blessures étaient une grande partie de son quotidien. « Ce n’est pas vous alors, qui avez laissé un cadavre traîner dans la ville. Remarquez, ça peut nous servir, si les regards des gardes sont tournés ailleurs que vers la mosquée ». « Contrairement à ce que le laisse présager notre … nom... on ne fait pas que tuer à longueur de journée » lui répondit-il simplement – avec tout de même un petit sourire amusé. Barry s'accroupit sur le rebord d'un toit pour observer ce qui se passait dans les environs – et notamment la mosquée qui se trouvait à trois blocs à gauche. Le maître assassin activa sa vision d'aigle et immédiatement l'environnement changea pour devenir noir et gris et laisser apparaître quelques points de couleur. Tous les points rouges étaient agglutinés bien plus sur leur droite. Vu l'agitation qui avait secoué la ville, il était certain qu'ils avaient le champ libre pour rejoindre la mosquée. Cependant, cette derrière était en permanence surveillée. Il fallait dire qu'un lieu de culte de cette taille était la cible parfaite. Saladin ne comptait pas la laisser tomber aux mains des croisés. Bien qu'apparemment, le choix n'était pas dans ses mains. Ou ne l'était plus. Bien qu'il était encore un point loin de son point de chute, l'homme voyait parfaitement la sécurité de l'édifice. Trois gardes à l'entrée pour gérer les entrées et les sorties des fidèles. Des archers sur le toit. Deux sur la façade sud, deux sur la façade nord et quatre au milieu. Probablement deux à l'intérieur même du minaret. Rentrer par le toit serait une folie. Seul, il aurait pu s'y risquer. Mais pas avec la jeune femme sur les talons. Sans parler des archers, il n'était même pas sûr qu'elle pouvait gravir en tel édifice avec la dextérité et la vitesse dont elle avait besoin. Non, à vrai dire, il en était sûr. Et il n'y avait rien de plus normal. Elle n'avait pas l’entraînement pour.

Ne leur restez donc que deux options pour entrer dans la bâtisse et espérer ensuite en rejoindre le point le plus haut. Il y avait la porte d'entrée qui en soit n'était pas une option tant cela semblait bêtement risqué ou la petite fenêtre qui avait été ouverte sur la façade droite. Là encore il allait falloir escalader. Mais la distance était moindre et Barry pouvait probablement donner une bonne impulsion à la jeune femme pour lui permettre de ne pas se fatiguer inutilement. Il fallait juste trouver le bon moment. Et pour cela, le maître assassin compta les tours des archers et gardes jusqu'à connaître par cœur leur allure et le temps de latence qu'ils avaient pour passer inaperçu. C'était risqué mais faisable. « Venez » souffla t-il. Dans le silence, ils rejoignirent une petite ruelle à proximité. Barry, grâce à la force de ses bras, descendit Zatanna au niveau du sol avant de sauter à son tour. « On va passer par cette petite fenêtre » lui signala t-il en lui désignant leur point d'entrée d'un doigt. « Tenez vous prête. On n'aura pas beaucoup de temps pour rejoindre le mur et grimper. Comme hier, je vous propulserai au plus loin que je le peux ».

D'un geste de la main, il l'invita à le suivre dès que le moment se présenta. Souplement, il se plaça dans la même position que la veille et lui donna l'impulsion dont elle avait besoin pour attraper la prise la plus proche de la fenêtre. De là, elle n'avait besoin que de se hisser une ou deux fois avant d'atteindre le rebord. Et puis, elle n'était pas seule, livrée à elle même dans une activité qu'elle ne maîtrisait pas. Barry était juste derrière elle, et serait là pour la rattraper ou la pousser le cas échéant. Lorsqu'ils arrivèrent au rebord, ils se hissèrent sur ce dernier et retombèrent dans la coursive intérieure à l'abri de tous les regards. De ceux des gardes comme de ceux des fidèles rassemblés dans l'endroit pour la prière de ce début d'après midi. « Une idée de où vous voulez commencer ? » chuchota t-il à sa partenaire pour éviter d'être entendu. L'endroit était vaste – plus encore si on comptait le minaret qui attendait évidemment leur visite. L'assassin savait cependant que les ruines du Temple de Salomon qui se trouvait en partie sous l'édifice religieux ne leur apprendrait probablement rien de plus. Après tout, Altair, Malik et Kadar s'y étaient rendus et avaient subtilisé la pomme. Peut être y ferait-il cependant un tour pour récupérer le corps du frère cadet de Malik pour lui offrir une sépulture décente. Aucun de ses frères ne méritait de pourrir dans un endroit pareil après avoir perdu la vie pour sauver l'humanité du dessein obscur des templiers.

Pando

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Zee ne savait pas s’il le faisait exprès pour elle ou pas, mais Barry, cette fois, avançait à une allure à laquelle elle pouvait le suivre, ce dont elle était reconnaissante. Elle aurait pu prendre goût à sauter de toit en toit, mais elle connaissait ses limites, aussi. Ce serait absolument stupide qu’après avoir échappé au bûcher et aux templiers, elle meure bêtement, écrasée comme une crête dans une ruelle étroite entre deux toitures. Cependant, elle savait que sa chance ne durerait pas indéfiniment. Il était évident qu’ils n’allaient pas pouvoir rentrer dans la mosquée par la grande porte, et que donc, il allait falloir, à un moment à un autre, sauter, courir ou escalader, ou les trois à la fois. Elle attendit en silence qu’il ait cessé d’observer leur cible, qui se trouvait encore loin, ce qui clairement n’empêchait pas l’assassin de faire des plans. Dans ces moments-là, son regard n’était pas fixe, elle l’avait remarqué. Il n’était pas perdu dans ses pensées, il regardait véritablement ce sur quoi es yeux se posait. Et comme elle l’avait déjà vu signaler ou détailler des choses invisibles à l’œil nu, elle se doutait désormais qu’il y avait là un talent secret. Elle aurait été curieuse de savoir s’il s’agissait de magie, comme la sienne, ou de quelque chose qu’il avait acquis à son école des assassins, mais comment ? Peut-être qu’elle aurait l’occasion de lui poser la question avant qu’il ne meure. Ou elle. Ou tous les deux.

Elle le suivit docilement jusqu’au rebord d’une maison quand il estima que c’était le moment de descendre. Suspendue à sa main, elle se laissa glisser jusqu’au sol, puis suivit ses indications, à la recherche de la fameuse fenêtre… Gah. Elle crut un moment qu’il voulait qu’elle monte jusque là-haut toute seule, et hocha la tête avec soulagement quand il lui indiqua qu’il allait l’aider. Deux minutes plus tard, elle était propulsée vers la meurtrière. Pas assez haut pour qu’elle s’y agrippe directement, mais tout de même. Elle s’aplatit contre le mur et inspira à fond pendant quelques secondes, refusant de regarder en bas. Elle n’avait pas le vertige, mais elle redoutait simplement qu’un soldat la voie et la tire comme un pigeon. Sachant que Barry était juste derrière, elle se dépêcha de grimper jusqu’au rebord de la fenêtre et, souplement, se glissa par l’ouverture, remerciant sa vie de paysanne pauvre qu’elle détestait tant mais qui lui avait donné quelques muscles. Tandis que Barry sautait à l’intérieur à ses côtés, elle rabattit un peu plus son capuchon sur sa tête et dissimula ses mains dans ses manches, en une attitude pieuse et humble. Elle observa les lieux à son tour, comme il l’avait fait de si loin, essayant d’écouter ce que son instinct, ou sa magie, lui disait. Elle ne pouvait plus vraiment prétendre que tout ça n’était qu’une impression… Et elle sentit une chaleur l’envahir quand son regard se posa sur le dôme, et soudain, une légère secousse fit frémir le sol. « Vous avez senti ? On aurait dit un tremblement de terre… » Elle n’était pas sûre que ce soit réel, ou une simple manifestation de sa prescience – tremblement de terre, destruction, ruines.

« “Dieu se trouve dans la perfection. Cherche la perfection et tu trouveras Dieu.” C’est ce que disait l’imam itinérant quand il passait dans mon village, et si je ne crois absolument pas en ces choses-là, je sais que je ne m’en souviens pas par hasard. » Elle désigna le dôme du menton, symbole de la perfection dans toutes les mosquées. Derrière lui, le minaret. Elle posa la main sur le bras de Barry. « Le dôme va s’écrouler. Peut-être aujourd’hui, peut-être dans mille ans, peut-être que c’est juste une métaphore pour autre chose. Je ne maîtrise pas encore tout à fait ce truc… » C’était frustrant. Elle comprenait, vu comme ça, l’intérêt d’une école, ou d’une confrérie, qui prenait sous son aile des personnes dotées de capacités pour leur apprendre à s’en servir. Zee, soudain, aurait adoré avoir un cercle de sorcières vers qui se tourner – même si ça lui aurait valu deux fois le bûcher. Elle se glissa vers le bâtiment percé de plusieurs ouvertures. Plusieurs hommes marchaient vers eux, semblant glisser sur le sol, et elle baissa le nez au maximum, chuchotant, pour ne pas que sa voix de femme soit reconnaissable, de petites bénédictions, ṣallā allāh ‘alayh wa sallam. Puis, une fois que les hommes furent passés, elle se tourna vers Barry à ses côtés. « Je n’en jurerais pas, mais je crois qu’un de ces types était armé… » Et dans une mosquée, c’était vraiment étrange. Même si elle ne doutait pas que Barry cache des tas d’armes, mais lui n’était pas un fidèle. Qu’est-ce qui se passait, ici, à la fin ?

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Zatanna &
Barry

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« Vous avez senti ? On aurait dit un tremblement de terre… ». Pour toute réponse, l'assassin secoua la tête. Lui n'avait rien senti. Mais cela ne voulait pas en soit dire qu'il n'y avait rien à sentir et que sa compagne avait tout imaginé. Peut être sa magie la rendait plus sensible aux mouvements de la terre. « Dieu se trouve dans la perfection. Cherche la perfection et tu trouveras Dieu. (…). Le dôme va s’écrouler. Peut-être aujourd’hui, peut-être dans mille ans, peut-être que c’est juste une métaphore pour autre chose. Je ne maîtrise pas encore tout à fait ce truc… ». Comme Zatanna, Barry fixa le dôme d'or de ses yeux. « Allons y jeter un coup d’œil alors ». Le maître assassin n'avait plus envie de se demander si oui ou non cette femme était folle. Maintenant qu'il était là, autant aller jusqu'au bout. Adoptant la même posture humble et pieuse, il lui emboîta le pas. Sous son capuchon blanc, ses yeux parcouraient les visages découverts, les mouvements et les entrées et sorties. L'homme ne comptait pas être pris au dépourvu. « Je n’en jurerais pas, mais je crois qu’un de ces types était armé… ». Malgré lui, l'homme laissa un léger sourire ourler les coins de sa bouche. « Ils l'étaient tous » murmura t-il. Sa vision activée ne fit que lui confirmer ce qu'il savait déjà. Ils nageaient dans une marée rouge. Soldats de Saladin, et templiers fourmillaient à leurs cotés ou sous leurs pieds. Ils étaient en plein territoire ennemi. Un seul faux pas et ils seraient submergés par la marée destructrice que tous ces hommes représentaient. A ce titre, il était prudent pour eux de ne pas trop traîner dans les parages. Les dangers étaient trop nombreux et Barry, aussi bon qu'il fut, n'était pas invincible.

Tête toujours baisée, il les guida au plus près du dôme, les dissimulant aux regards curieux en les cachant dans une alcôve étroite. Malgré leur position compromettante, l'homme se focalisa complètement sur la haute structure qui s'étendait sous ses yeux. La perfection comme elle le disait. Lui ne voyait ici que la décadence de gens qui s'enrichissaient au détriment des pauvres. A chacun sa religion il supposait. La sienne en tout cas n'était pas aussi ostentatoire. Elle résidait dans son cœur et dans la foi qu'il avait en chaque être humain. Car lui croyait en l'humain et les réponses il les cherchait sur Terre, auprès de ses frères et non pas les cieux. Pour Barry, si Dieu existait, il avait depuis bien longtemps tirés un trait sur les hommes. L'assassin n'était pas près à en faire de même. « Je vais essayer d'escalader pour voir ça d'un plus près. Restez ici et ne vous faites pas voir » lui souffla t-il.

Comme une ombre, il se sépara d'elle et se faufila jusqu'à son premier point d'ancrage. Pendant un moment, il serait complètement à découvert. A découvert et vulnérable. Mais Barry était rapide et il avait la réflexion du soleil sur l'or pour le cacher aux yeux des plus curieux. Aussi silencieux qu'il le put, le maître assassin monta le long du dôme, se balançant de droite à gauche. A mi hauteur, il remarqua la petite passerelle de bois certainement utilisée pour l'entretien. Dos à l'objet, Barry regarda par-dessus son épaule pour évaluer la distance. Le saut était risqué mais il serait bien mieux caché sur la planche en bois que ainsi suspendu comme une araignée à son fil. Contractant sa sangle abdominale, il commença un mouvement de balancier pour prendre une certaine impulsion. Au moment qu'il jugea opportun, il sauta vers l'arrière, se retournant en l'air pour laisser ses mains accrocher le bois. Deux secondes plus tard, il s'était finalement hissé hors de vue. L'homme fut bien heureux de constater qu'un système de poulie servait à monter ou descendre la passerelle. Sans se faire prier, il utilisa la force de ses bras pour la monter au plus haut de la structure.

Une fois en haut, Barry s'accorda un moment pour détailler le spectacle qui se trouvait sous ses yeux peut être y avait il du vrai dans les paroles de l’imam. La vue d'ici était spectaculaire. Un ballet de milles couleurs. Le maître assassin n'était cependant pas là pour admirer la beauté de la mosquée. Activant une fois de plus sa vision, il regarda tout autour de lui. Après quelques secondes, ses yeux accrochèrent les contours d'une aspérité. Curieux, il s'approcha de cette dernière, abandonnant malheureusement sa passerelle. Quelque chose avait sa place dans cet orifice. Quelque chose de rond qu'il n'avait malheureusement pas en sa possession. Un son interrogateur remonta la long de sa gorge. Voilà qui ne l'avançait pas beaucoup. Sa trouvaille, il la reporta évidemment à Zatanna lorsqu'il finit par la rejoindre, les muscles brûlants de trop d'efforts et la respiration un peu courte. « .. Peut être que la pomme qui a été ramenée par Malik pourrait faire fonctionner le mécanisme ? Vous avez parlé d'une forme sphérique en haut du minaret. Pensez vous que cela peut être une autre pomme d'Eden ? ». Deux entités si proches l'une de l'autre ? Cela lui paraissait fou. Mais après tout, pourquoi pas. Personne n'aurait l'idée de fouiller le reste de l'endroit si il mettait la main sur la première pomme. Maintenant qu'il y pensait, cela lui semblait presque être la cachette parfaite.

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Bon, elle n’était pas encore prête pour être adoubée assassin, vu ce que Barry fit ensuite en escaladant le dôme. Elle serait plus douée à courir les remparts de la citadelle qu’à les grimper, pour l’heure, mais avec le bon entraînement, qui sait… Quoiqu’il en soit, elle le suivit des yeux alors qu’il détalait silencieusement puis se mettait à grimper le mur du bâtiment sacré comme une araignée, parce que vu de loin, il avait vraiment des grands bras et des grandes jambes, ce qui était normal vu qu’il était grand. Elle retint son souffle une ou deux fois, se tournant à demi dans un sens ou dans l’autre dans une attitude de recueillement dès qu’un type s’approchait de trop près, mais aucun de ces hommes ne la regarda vraiment. Soit ils étaient sûrs que jamais personne ne pourrait s’introduire ici, ce qui était arrogant vu que clairement, on y entrait comme dans un moulin, soit elle n’attirait simplement pas l’attention, ce qui n’était pas nouveau, pour elle. Elle observa les pérégrinations de l’assassin un bon moment, il semblait avoir trouvé quelque chose, elle n’en savait rien. Une voix retentit derrière elle. « Mon frère, la procrastination est un péché, que fais-tu donc ? » Elle dut se retenir de se retourner avec humeur pour l’envoyer se mettre son sermon dans un endroit où le soleil ne se levait jamais. Pourquoi fallait-il que ces hommes soient si arrogants qu’ils pensent leurs jugements indispensables ? Etait-ce un truc de religieux ? Un truc d’homme ? Comme elle pensait que c’était par la religion que les hommes avaient pris le pouvoir sur les femmes, probablement les deux. « Mon frère ! » Mais c’est qu’il s’impatientait, en plus !

« Ne vous faites pas voir », avait-dit Barry. Ben oui mais bon, elle n’était pas transparente, et elle était sûre que malgré tout ses talents, l’assassin non plus, quand même pas ! Penchée en avant sur un buisson, elle ne voyait pas ce qu’elle pouvait faire. Annoncer avec une grosse voix que oui oui, elle allait tout de suite occuper son énergie à aduler une chimère ? Elle s’inclina, quasi de dos, et voulut s’éloigner, mais l’autre insista : « Où vas-tu ? » Elle allait tenter le tout pour le tout et lui planter une lame dans le cœur – si elle en avait eu une – quand le buisson s’agita et en sortit doucement un serpent, ondulant sur le pavé brûlant. Rien de bien extraordinaire, en soi, dans la région. Elle s’écarta vivement en remerciant l’animal tout bas tandis que le type derrière elle poussait des exclamations contrariées, une diversion bien suffisante pour qu’elle s’éloigne de lui et se planque derrière un pilier en attendant le retour de Barry. La procrastination, pffff ! Dans vie, elle avait probablement dû plus travailler que ce gros pacha. Quand Barry revint vers elle, elle lui fit signe discrètement et écouta le résultat de ses recherches. « Honnêtement, je ne sais pas. Je ne sais pas à quoi ressemble cette pomme. J’imagine une pomme, j’ai raison ? Mais je ne pas nier que ces visions que j’aie n’ont jamais été aussi fortes, alors il y a forcément ici quelque chose que nous devons trouver. » Ces histoires, depuis le début, lui semblaient un peu floues, de même que la mission spirituelle des assassins. Elle avait encore du mal à raccrocher cette guerre bien réelle, physique, qui faisait des morts, entre les templiers et les frères de Barry, à quelque chose de plus mystique.

« Le mieux, c’est d’aller voir. Le soleil n’est pas encore au zénith, on a du temps avant la prochaine prière. Mais j’aimerais autant qu’on passe par l’intérieur. » Non parce que le minaret était immense, tout de même. Et la tour était sphérique, évidemment, pour compliquer les choses. « Enfin, vous pouvez passer par l’extérieur, on fait la course, si vous voulez. » Elle s’avança vers le minaret, traversant une place à découvert, toujours la tête baissée. L’entrée n’était pas gardée, malgré tout elle était certaine que tout le monde n’était pas censé y entrer. Elle adressa un haussement de sourcils interrogateurs à son comparse. « On n’aura probablement pas de seconde chance. Je peux faire diversion, si besoin. Mais cela veut dire qu’ensuite, l’alarme sera donnée. » Elle en était sûre. Qu’elle pouvait appeler d’autres serpents, ou mettre le feu à un buisson, comme dans les histoires du dieu sur la croix de sa mère, ce qui serait d’une ironie sans nom. Mais elle préférait laisser Barry prendre cette décision, peut-être était-il encore trop tôt pour semer le chaos.

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Zatanna &
Barry

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« Honnêtement, je ne sais pas. Je ne sais pas à quoi ressemble cette pomme. J’imagine une pomme, j’ai raison ? ». « Plus ou moins. C'est rond et fait de métal » lui apprit il avant de faire des gestes avec ses mains pour lui donner une idée de la taille de l'objet, ou plutôt de sa grosseur. « Mais je ne peux pas nier que ces visions que j’aie n’ont jamais été aussi fortes, alors il y a forcément ici quelque chose que nous devons trouver ». D'un hochement de tête, il acquiesça. C'était après tout bien pour cela qu'ils étaient là : découvrir les derniers secrets de cette mosquée. Avant qu'elle ne brûle. Ou ne s'effondre. Ou les deux en même temps. Barry à force ne savait plus quel était réellement le sort qui attendait ce bâtiment. Ils avait juste qu'ils devaient se dépêcher et trouver ce qu'il y avait à trouver avant que le plafond ne décide de leur tomber sur la tête. Un plan avec lequel elle ne pouvait qu'être d'accord, il le savait. « Le mieux, c’est d’aller voir (...) Mais j’aimerais autant qu’on passe par l’intérieur. Enfin, vous pouvez passer par l’extérieur, on fait la course, si vous voulez ». Un sourire passa furtivement sur la bouche de l'assassin. L'idée était tentante pour son esprit de compétition exacerbé. Impossible de grandir et d'évoluer dans une forteresse comme Masyaf sans développer un goût certain pour les challenges en tout genre. Lorsqu'il était novice, il passait son temps à essayer de prouver aux autres qu'il était meilleur qu'eux. Non pas parce qu'il était arrogant. Mais parce que cette compétition était encouragée voir même obligatoire. Il fallait bien séparer les forts des faibles ; les futurs assassins des futurs érudits. « Après vous » souffla t-il cependant , peu désireux de laisser la jeune femme seule et sans défense – ou relativement sans défense – au milieu de cette marée humaine d'ennemis. Ils étaient déjà suffisamment en danger comme ça.

Lorsqu'elle avança, il lui emboîta le pas. Tête toujours basse pour se faire le plus petit possible, ils traversèrent une cour intérieure pour se retrouver à proximité de l'entrée du minaret. Comme elle le fit si justement remarquée, l'occasion était trop belle et ne se représenterait probablement pas de sitôt. D'un signe de tête, il lui signala qu'elle n'avait pas besoin de faire diversion. Pour le moment du moins. Elle le disait elle-même après tout : cela ne ferait qu'alerter les autres de leur présence et leur enlever le seul avantage qu'ils avaient. Et puis...les assassins agissaient normalement dans la plus grande discrétion. Par soucis de sécurité, il activa cependant sa vision pour regarder rapidement autour d'eux. Des templiers se rapprochaient de leur position et ils étaient temps pour eux d'agir. « Allons y » chuchota t-il.

En quelques pas, il fut devant la porte. Il en testa la poignée de ses mains. Il fut presque surpris de la voir tourner dans son poing. Le plus délicatement qu'il put, il l'ouvrir et invita Zatanna à la passer. La porte se referma derrière eux juste au moment où les deux ennemis tournaient à l'angle d'un mur pour traverser la cour en sens inverse. Barry resta derrière la porte de longues secondes à traquer le mouvement des templiers. L'homme ne consentit à se détendre lorsqu'ils repartirent de là où ils étaient venus, ignorants de leurs présences. Maintenant, ils ne leur restaient qu'à gravir les quatre cents et quelques marches qui les séparaient du sommet. « Je passe devant » l'informa t-il. Si jamais il y avait un danger face à eux, il préférait être celui qui rentrait directement en contact avec. Il était plus à même de se défendre au bon moment qu'elle ne l'était.

Vingt minutes.. ce fut le temps qu'il leur fallu pour gravir tous ses étages et arriver finalement au sommet. Avant de pousser la porte qui les mènerait à la partie extérieure du minaret, l'assassin prit le temps de s'assurer qu'il n'y avait rien ni personne derrière cette dernière. Il fut satisfait de constater qu'ils étaient seuls. Du moins pour le moment. Dans l'expectative, le maître assassin se retourna vers sa compagne d'aventures. « Vous sentez quelque chose ? ». Car lui même avec sa vision activée, il ne voyait rien. Tout était fait de gris, de noir ou de blanc. Et si sa vision ne lui mentait jamais, il était aussi fort probable qu'elle ne sache pas réellement sur quoi se focaliser. Et puis l'homme admettait volontiers ne pas avoir toutes les réponses. Mais peut être que sa magie à elle – à laquelle il finissait par réellement croire ; mal placé qu'il était pour juger – identifierait quelque chose là où il ne le pouvait pas.

Spoiler:

Pando

Everything is permitted, nothing is true

Bon, elle n’allait pas se mentir, elle était plutôt contente qu’il décide de la suivre par l’intérieur du bâtiment, et pas seulement parce qu’elle savait qu’elle aurait perdu à la course. Déjà en temps normal, elle aurait craint de croiser quelqu’un dans ce lieu où les femmes n’étaient certainement pas admises, non pas qu’elle avait peur des gens, mais elle était réaliste : elle ne pouvait pas lutter seule contre plusieurs de ces idiots, et quelques jours auparavant encore, le fait d’être une femme dans un monde au carcan religieux rigide lui avait valu de se retrouver sur un bûcher. Et quand bien même elle savait distribuer les coups de genou et de griffes, apparemment, les gens étaient armés, maintenant, dans les mosquées ? Elle se doutait bien qu’il y avait là pas mal de templiers, raison de plus pour ne pas qu’elle parte toute seule à l’aventure, tout ça pour se faire égorger comme un goret entre deux portes pendant que Barry l’attendrait en haut en tapant du pied par terre. Et puis apparemment, il avait ce truc de toujours savoir ce qui les attendait plus loin, intuition ou réelle habilité physique, et ça c’était bien pratique. Nul besoin pour elle de jouer les pyromanes, donc, apparemment, la voix était libre, et elle se glissa dans le bâtiment à sa suite. Bon, ce n’était que de la pierre. Une tour de pierre érigée par des hommes au nom d’un dieu sourd, aveugle et muet. Franchement, quel intérêt ?

Elle ne lutta pas pour passer devant à sa place. Même si du coup, ça aurait été plus sympa s’il y avait eu un autre assassin disposé à passer en dernier, comme ça elle aurait été plus à l’aise. Elle se retourna souvent, au moins au début, mais au bout d’un moment, elle comprit que personne ne les poursuivait, et que s’ils continuaient de gravir les marches jusqu’au sommet, ils seraient tranquilles. Enfin, sauf si quelqu’un descendait, évidemment. Mais ça, c’était le problème de Barry, maintenant. La cage d’escalier était si étroite que pour passer devant lui, il aurait fallu qu’ils se plaquent tous les deux contre la pierre – ou bien qu’elle lui passe entre les jambes. Heureusement, ils étaient seuls, et après tout c’était normal, l’heure de la prière n’était pas encore venue. Pour redescendre, en revanche, ce serait peut-être une autre histoire… En attendant, ils étaient au sommet. Le soleil approchant du zénith générait un jeu de lumières magnifiques et Zee avait l’impression que sous ses semelles de cuir, les dalles de terre cuite chauffaient doucement sa peau. C’était pas mal, ici. C’était tranquille. Elle aussi, elle aurait pu se pencher par-dessus le mur et crier des appels que les gens auraient entendus et respectés. Et maintenant, elle était bien bête, parce qu’il n’y avait rien, ici, clairement, et Barry attendait qu’elle lui pointe au moins la bonne direction. Elle fit quelques pas et s’arrêta aussitôt. Revint en arrière. Fit deux pas dans une autre direction. Revint à sa place. « Le sol est brûlant, à cet endroit. J’ai cru que c’était à cause du soleil, mais j’ai l’impression que c’est de plus en plus chaud. » Et maintenant qu’elle l’avait dit, il lui semblait bien entendre claquement des flammes. Elle frémit, pensant pendant une seconde que le bâtiment brûlait sous leurs pieds et qu’ils allaient être coincés ici. Mais elle se reprit fermement. Elle savait, maintenant. Il y avait un fil rouge à toute cette histoire. Tout avait commencé par le feu, et tout finirait par le feu, probablement.

Elle se laissa tomber à genou et effleura les dalles brûlantes, du moins le pensait-elle. « Pouvez-vous desceller cette dalle ? » Avec sa dague, ça ne devrait pas être une difficulté pour lui, les dalles étant scellée avec du sable et elle ne savait quel enduit. Elle attendit qu’il ait soulevé la plaque de terre cuite, mais dessous, il n’y avait rien. Seulement du sable, que la chaleur du feu – réel celui-là – qui avait servi à sceller les dalles avait cristallisé en petits bouts de verre. Elle observa l’extérieur et ne vit pas le soleil, signe qu’il arrivait à son zénith, et ses rayons rebondissaient sur les murs du dôme, sur le sommet du minaret, et sur les copeaux de verre sous la dalle, et soudain, un ultime rayon, à peine visible, dans ondoyant dans la chaleur, jaillit vers le haut. « Il n’y a rien, sur ce fichu plafond. » La déception était à la hauteur de l’attente, mas c’était vrai. Aucune brèche, aucune niche aménagée pour abriter un objet mystique, juste un enduit de chaud blanche et irrégulière. Puis elle posa les yeux sur Barry. « Ah… On n’est pas tout à fait au sommet, en fait. Je crois qu’il va falloir que vous fassiez votre truc. » Grimper tout en haut, vraiment tout en haut du minaret… Et, elle l’espérait, récupérer la pomme. Au même moment, elle crut entendre l’écho de voix et de bruits de pas émanant de la cage d’escalier. Ils n’avaient plus beaucoup de temps. Non, pire, ils étaient fichus ! Des gens dans l’escalier, c’était des gens qui leur barraient la route, désormais.

Vingt minutes.. ce fut le temps qu'il leur fallu pour gravir tous ses étages et arriver finalement au sommet. Avant de pousser la porte qui les mènerait à la partie extérieure du minaret, l'assassin prit le temps de s'assurer qu'il n'y avait rien ni personne derrière cette dernière. Il fut satisfait de constater qu'ils étaient seuls. Du moins pour le moment. Dans l'expectative, le maître assassin se retourna vers sa compagne d'aventures. « Vous sentez quelque chose ? ». Car lui même avec sa vision activée, il ne voyait rien. Tout était fait de gris, de noir ou de blanc. Et si sa vision ne lui mentait jamais, il était aussi fort probable qu'elle ne sache pas réellement sur quoi se focaliser. Et puis l'homme admettait volontiers ne pas avoir toutes les réponses. Mais peut être que sa magie à elle – à laquelle il finissait par réellement croire ; mal placé qu'il était pour juger – identifierait quelque chose là où il ne le pouvait pas.

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Zatanna &
Barry

Everything is permitted, nothing is true

L'assassin suivit avec curiosité les mouvements de la jeune femme des yeux. C'était à elle de poser la prochaine pièce de cet énorme puzzle. Lorsqu'elle lui demanda de desceller une dalle, il le fit sans poser de questions. D'un geste du poignet, il activa sa lame secrète et alla en planter le bout dans la fissure entre les deux pierres. En quelques secondes, il souleva le tout et sans la casser, la déposa plus loin. Si lui ne savait pas quoi chercher, Zatanna semblait avoir une petite idée. Alors, il la laissa faire. Ses yeux dorés suivirent la trajectoire du rayon lorsqu'il se réverbéra sur les cristaux pour se ficher au plafond. L'homme dut s'admettre déçu lorsque rien ne semblait briller plus fort. Déçu il le fut encore plus lorsqu'elle lui désigna que elle non plus ne voyait rien sur ce fichu plafond. Il y avait pourtant cru. Mais cela faisait aussi parti du jeu. Barry apprit depuis longtemps appris la patience. Peut être étaient ils simplement allés trop vite. Ne leur restait alors qu'à reprendre les indices les uns après les autres pour trouver le chaînon manquant. Et puis, le maître assassin ne pouvait pas dire qu'ils étaient venus pour rien. Outre le ballet des couleurs chatoyantes, ils avaient aussi découvert un orifice sous le dôme. « Ah… On n’est pas tout à fait au sommet, en fait. Je crois qu’il va falloir que vous fassiez votre truc ». Oh. un regain d'espoir s'alluma dans son être. Ceci dit, il se trouva sur le coup bien stupide de ne pas y avoir pensé un peu plus tôt. L'homme s'était laissé aller à la déception un peu trop rapidement il fallait croire. Et il devait bien avouer que cela ne lui arrivait pas souvent. D'une injonction dans son esprit, il se fustigea.

Avant qu'il ne puisse cependant commencer son ascension, des sons de pas et des voix parvinrent à ses oreilles. A en juger le regard paniqué que la jeune femme lui lança, elle les avait aussi entendu. Probablement aussi bien que lui vu que les hommes dans l'escalier ne cherchaient pas à être discrets. Grâce à sa vision, il estima leurs positions et leur nombre. Cinq hommes. Deux en rouges et les autres en gris. Et ils étaient presque sur eux. Il n'était plus possible de les éviter. Et le minaret n'offrait pas de réelles cachettes. Pour l'homme, il ne restait donc qu'une seule solution : grimper. Et malheureusement pour Zatanna, elle allait devoir suivre. « On va devoir grimper tous les deux » l'informa t-il. « Je vais passer en premier pour pouvoir vous hisser » continua t-il sur le même ton. Sans perdre plus de temps il s'exécuta. D'un bond, il accrocha ses mains au rebord en pierre et passa le devers que cela représentait. Dans un équilibre précaire, il se pencha au maximum et tendit ses mains à la jeune femme. « Il va falloir que vous sautez un peu » souffla t-il alors que les voix continuaient de se rapprocher. Dans quelques secondes, ils seraient fichus. Par chance, elle attrapa ses mains au bout moment et il put la hisser à ses côtés. Une seconde plus tard la porte en bois s'ouvrait à la volée pour laisser passer les cinq hommes dont il avait aperçu les silhouettes.

La dalle décelée les alerta presque immédiatement de la présence d'un imposteur. Mais il n'y avait rien que Barry pouvait faire à cet instant. A la place, il attrapa les mains de Zatanna pour les placer sur ses épaules. Sans ouvrir la bouche, il lui intima de s'accrocher à lui et de si possible passer ses jambes autour de sa taille pour qu'il puisse la transporter sur son dos. La pente était raide et il se doutait qu'elle aurait bien du mal à la gravir. Une fois qu'elle fut correctement positionnée – et ce malgré l'indécence de la position -, il commença son ascension. Sous eux, les hommes continuaient de parler à voix forte et ne tardèrent pas à sonner l'alarme de la mosquée. Les dents serrées, il tenta de les ignorer et força sur ses muscles pour les hisser jusqu'au sommet. « Vous m’étouffez » siffla t-il tout de même lorsque les bras se la jeune femme se refermèrent un peu trop fermement sur sa pomme d’Adam. Il comprenait que la distance au sol était impressionnante mais il tenait tout de même à continuer de respirer.

Avec un dernier râle d'effort, Barry les fit atteindre le sommet. La respiration sifflante, il prit quelques secondes pour récupérer. « Vous voyez quelque chose ? » demanda t-il. Avec le front posé contre la pierre chaude, il ne voyait rien d'autres que les aspérités de la pierre brute. Lorsque sa coéquipière récupéra l'objet qu'ils étaient venus chercher, il lui fallut se demander comment ils allaient sortir de là. Ils ne pouvaient clairement pas revenir en arrière et glisser le long de la paroi pour retrouver l'escalier. Cette sortie leur était innacessible.

Les yeux rouverts sur le monde autour de lui, Barry laissa sa vision d'aigle le guider. Un sourire étira d'ailleurs ses lèvres sèches lorsqu'une charrette de foin frais brilla dans son champ de vision. Après s'être assuré que Zatanna se tenait bien, il rampa contre la façade pour se placer juste au-dessus de l'objet. « Ayez confiance » cria t-il presque à cause du vent, « je ne vous laisserai pas tomber » rajouta t-il alors qu'il la faisait passer devant lui et avancer sur un tout petit avancement en bois. D'une main il récupéra la pomme qu'il plaça dans une des poches intérieures de sa robe de maître assassin. Prenant les mains de sa compagne dans les siennes, il écarta leur bras pour les mettre à quatre vingt dix degré de leurs bustes. « C'est le moment pour vous de devenir un vrai assassin » trouva t-il le temps de s'amuser. Il évita cependant de lui dire ce qu'il comptait faire en les mettant dans une telle position. Même si il ne voyait pas son visage, il se doutait qu'elle était soit terriblement mal à l'aise soit complètement terrifiée par le vide qui s'étendait juste devant elle. Après lui avoir dit de prendre une profonde inspiration, il calcula machinalement leur trajectoire et les précipita dans le vide. Le saut de la foi, la marque de fabrique de son ordre.

Spoiler:

Pando

Everything is permitted, nothing is true

Elle eut l’impression que quelque chose se décrochait en elle quand Barry lui annonça qu’il allait falloir qu’elle grimpe sur le toit en pente du minaret avec lui. Il lui semblait qu’elle avait mieux pris la nouvelle de son immolation à venir quand le templier était venu la lui annoncer. C’était une chose de courir sur des toits plats et de sauter au-dessus de ruelles d’un mètre de largeur ou même de grimper un mur plein de prise, mais ça ? Mais quel choix avait-elle ? Elle ne savait pas combien étaient les types qui arrivaient mais elle savait que l’endroit allait bientôt être surpeuplé, et ce n’était certainement pas elle qui allait tabasser tout le monde pour se dégager une voie de sortie. Surtout que dès que l’alarme serait donnée ici, ce serait tout le minaret jusqu’en bas, voire toute la mosquée qui serait en état d’alerte. Ce n’était pas le moment de se séparer, alors où irait l’assassin, il faudrait bien qu’elle suive, aussi fou que ce soit. Elle s’approcha du rebord en s’efforçant de ne pas regarder en bas, regarda en bas, bien sûr, et serra les dents. Elle se saisit de la main que Barry lui tendait, donna l’impulsion nécessaire et se retrouva, pour une fraction de seconde angoissante, suspendue dans le vide. Elle remonta les jambes et s’agrippa au toit pentu juste à temps pour échapper au regard des hommes qui déboulaient ici pour l’appel à la prière. Nul ne les vit, mais ils virent bien le trou dans le sol. Avec un peu de chance, ils penseraient que la personne qui avait fait ça était déjà repartie – par l’escalier. Ou mieux encore, que c’était l’un des leurs.

Et c’est comme ça que quelques jours seulement après être partie de son petit village dans le désert, elle se retrouva accrochée à un assassin, qui lui-même grimpait un toit super pentu à plusieurs dizaines de mètres du sol. Elle avait passé les deux bras autour du cou de Barry et fixait le sol sans pouvoir détourner les yeux, sourde et aveugle au reste de son environnement, de sorte qu’elle n’entendit pas l’assassin lui dire qu’elle était en train de l’étrangler, du moins pas tout de suite. « Désolée ! J’étais en train de me demander combien de secondes ça nous prendrait d’atteindre le sol quand on tombera. » Des trucs comme ça. Mais ils ne tombèrent pas. Heureusement que Barry était du genre grand modèle, vu qu’elle n’était pas particulièrement petite et gracile elle-même. Mais il les hissa jusqu’au sommet, où Zee se retrouva comme une grenouille, les doigts crispés sur tout ce qui lui tombait sous la main. Sous eux, dans toute la mosquée, de petites silhouettes couraient dans tous les sens, alertés de la présence d’intrus. Zee tendit la main vers la flèche en bronze en forme de demi-lune incurvée qui terminait le minaret, glorieusement pointée vers le ciel en signe de quelque chose, probablement, mais elle s’en fichait. Elle posa la main à la base de la petite structure et aussitôt, le bronze se délita sous ses doigts, fondu comme par une chaleur intense. Elle récupéra la petite demi-lune qui fondit à son tour, révélant enfin la fameuse pomme. Voilà, ils n’avaient plus qu’à faire leur vie ici, donc, ce serait sympa.

Elle vit bien que Barry cherchait une voie de sortie mais elle, elle ne voyait pas comment ils feraient. Elle le laissa faire quand il la fit se redresser, trop heureuse qu’il la maintienne debout vu qu’elle aurait sans doute basculé dans le vide depuis longtemps, sinon. Elle tourna à demi la tête vers lui cependant. « Hein, quoi ? Comment ça, vous ne me lâchez pas ? Où est-ce va exactemmmmmAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH… » Et après ça sa voix s’étrangla dans sa gorge et probablement qu’elle perdit connaissance pendant une micro-seconde avant qu’un choc brutal la ramène à la réalité. Ils étaient morts ? Non, ils étaient recouverts de foin. Ils n’étaient pas morts. Enfin, lui, il n’allait pas tarder à l’être. Elle roula sur le côté, peut-être même d’ailleurs qu’il l’était déjà, éclaté en pulpe, mais non. Glorieux, à l’aise, comme s’il avait fait ça toute sa vie, ce qui était probablement le cas. Voilà qui mettait un terme à la carrière naissante de Zee : jamais plus elle ne voulait connaître une telle sensation. Elle se saisit d’une poignée de foin et le lui jeta dessus comme s’il s’agissait de couteaux. Elle aurait voulu l’insister mais elle n’avait plus de voix. Ni de jambes d’ailleurs. « J’ai eu une nouvelle vision : c’est par ma main que vous allez mourir ! » Voilà, c’était tout ce dont elle était capable. Elle le remercierait plus tard de les avoir sauvés – encore –, quand elle aurait retrouvé sa dignité. Elle épousseta sa tenue et se rendit compte alors que les cloches d’alarme tintaient dans tous les sens. Puis elle comprit que ce n’était pas les cloches de la mosquée. C’étaient les alarmes de Jérusalem elle-même. La ville était attaquée. « Parfait ! Voilà qui va nous simplifier la vie. » Elle n’avait aucune pitié de la cité, un peu plus de ses habitants. Elle sauta de la charrette fracassée par le choc de leur atterrissage et atterrit sur les fesses. L’adrénaline se retirant de son organisme laissait ses jambes toutes molles. Elle se releva avec le peu de dignité qui lui restait. « Allons-y, avant que vos ennemis mortels ne se rendent compte qu’on n’a rien à faire là. » Et là-dessus, une voix cria quelque-part : « Ils sont là !! » Elle leva les bras au ciel. Elle en avait marre d’avoir raison. Deux types couraient vers eux, et elle se saisit d’une planche de bois arraché à la charrette de foin, repoussant sa capuche en arrière. L’un des types qui se jetait sur elle se figea, le bec ouvert. « Une femme ! » En réponse à quoi, elle lui asséna un coup de planche qui fit partir sa tête en arrière et sauter ses dents. Puis elle se tourna vers Barry, qui elle en était sûre n’avait eu aucun mal avec son propre bonhomme. Il était temps de courir.

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Zatanna &
Barry

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L’atterrissage fut un peu plus rude qu'à l'ordinaire. Quelque chose qui fut facilement expliqué par l'ajout d'un poids sur sa poitrine. Un poids qui lors de l'impact lui expulsa l'air des poumons. Malgré tout, un sourire persistait sur sa bouche. Un rire trouva même son chemin jusqu'à l'extérieur de sa bouche lorsqu'elle se dégagea de lui, un regard meurtrier accroché au visage, et lui jeta un peu de foin au visage. « J’ai eu une nouvelle vision : c’est par ma main que vous allez mourir ! » lui déclara t-elle avec sérieux. Son sourire toujours fermement en place, il haussa les épaules avec désinvolture. « La prochaine fois je vous laisse en haut vous débrouiller si vous voulez » ajouta t-il en se relevant et en débarrassant sa robe de la poussière qu'elle avait accumulé dans la chute. Finalement, il rabattit correctement sa capuche sur le haut de sa tête. Le maître assassin retrouva cependant rapidement tout son sérieux. Ils n'étaient pas encore sortis d'affaire. Ainsi exposés, ils étaient plus en danger que jamais. Surtout lorsque toute la ville semblait les chercher à présent – si il en croyait les alarmes qui résonnaient souvent pour alerter les gardes de la ville de la présence de ses frères. Il ne mettait pas de côté le fait que la ville pouvait également être attaquée. Ce qu'il apprendrait plus tard être le cas. « Allons-y, avant que vos ennemis mortels ne se rendent compte qu’on n’a rien à faire là ». Si il convenait qu'il fallait qu'ils disparaissent à la vue de leurs ennemis, ils ne pouvaient pas pour autant partir. « Il faut encore qu'on place la pomme dans le dôme ». L'homme comptait bien savoir quels secrets pouvaient bien renfermer la mosquée. Et puis, avec un peu de chance, leurs ennemis étaient à présent trop occupés à les chercher à l'extérieur pour les voir se glisser à nouveau dans l'enceinte même de la mosquée. Barry avait peur que si ils attendent que la poussière retombe la surveillance redouble dans les alentours de la mosquée et dans cette dernière.

Le choix fut cependant enlevé de leurs mains lorsqu'ils furent repérés par deux soldats. Avant que Barry ne puisse attraper la main de Zatanna pour la mener à l'écart du combat, elle se saisit d'une planche de bois et l'écrasa sur la tête de l'un de leurs adversaires. Profitant de la distraction engendrée par son acte, Barry activa sa lame secrète et la planta directement dans le poumon du soldat qui arrivait à sa rencontre, prêt à le passer au fil de sa lame. Le geste de sa compagne, il le gratifia d'un signe de tête appréciateur. « On a la pomme, il faut vraiment qu'on profite de ce temps pour retourner à l'intérieur et la placer dans son orifice ». Là encore cependant le choix fut fait pour eux. Une horde de templiers, toutes armes dehors, boucha la rue devant eux. Barry serra les dents et attrapa finalement la main de sa jeune compagne pour la mener au plus rapidement à travers les dédales de rues qui composaient Jérusalem. Au sol, ils restaient cependant bien trop vulnérables et l'assassin escalada donc le mur le plus proche pour rejoindre le toit. Allongé sur ce dernier, il donna sa main à Zatanna dans une gestuelle à présent maintes fois effectuées.

D'un mouvement sec, il la ramena vers lui et la remit sur ses pieds avant de la pousser dans le dos pour la faire courir le long des toits faits de terre cuite et de pierre. Les templiers, nombreux, restaient cependant sur leurs talons. Avec la ville en état d'alerte et cette escouade ennemie aussi proche, ils ne pouvaient de plus retrouver la tranquillité et la sûreté du bureau. Tous les rafiq ou dai avaient pour instruction de clore la trappe en bois dès le tintement des cloches d'alerte. Il leur fallait donc un plan B. Ce dernier se présenta sous la forme d'un petit jardin de toit avec une petite structure en bois et de tissus. L'assassin poussa littéralement la jeune femme à l’intérieur de l'espace protégé et exiguë et s'y faufila à sa suite. Sa lame resta cependant sortie, prête à transpercer le premier visage ou la première main qui viendrait écarter les draperies qui servaient à présent à les cacher.

Dans un inconfortable silence, ils attendirent. Soit que la tempête passe soit d'être découvert. Les pas précipités de leurs poursuivants passèrent suffisamment proches mais après quelques jurons les templiers continuèrent leur route sans les trouver. Le maître assassin en fut soulagé. Hors de question cependant de sortir la tête tout de suite. Il allait falloir patienter une bonne heure avant que la voie soit assez sûre. Et si patienter seul n'était pas un problème, il craignait que la situation ne devienne vite gênante à deux dans un si petit espace. Surtout que Barry n'était pas petit. Malgré tout, l'homme était bien décidé de faire avec et plaça ses jambes de façon confortable pour en laissant assez de place à Zatanna pour en faire de même. Et si elle se retrouvait entre ces dernières, il ne trouva pas en lui de s'en sentir gêné ou de faire une remarque pour détendre l'atmosphère. Certaines situations méritaient seulement le silence.

Pando

Everything is permitted, nothing is true

Voilà, ça y était : elle le sentait, ce sentiment d’urgence qui l’avait étreinte plus d’une fois à l’occasion de rêves éveillés ou de cauchemars bien réels. Ça y était, elle en était sûre : Jérusalem allait brûler. Jusqu’à son cœur, jusqu’à cette mosquée, pour laquelle un ennemi tout aussi aveuglé n’aurait aucune considération. C’était maintenant que les flammes allaient lécher les murs de la cité et que ses habitants allaient devoir fuir ou mourir, et ce choix était aussi celui que Barry devait faire. Elle avait toujours cru qu’il mourait mais s’était toujours dit que peut-être, elle ne voyait pas vraiment l’avenir, juste quelque chose de similaire. Mais en cette seconde, elle le ressentait plus que jamais, ce choix qu’il devait faire, qu’il avait déjà fait, en fait, depuis le tout début. Et il ne s’en était jamais caché. Pour sauver sa vie, il aurait fallu qu’il fuie, maintenant, tant qu’il était encore temps. Mais il avait encore quelque chose à faire, quelque chose qui le retenait ici et qui signerait probablement sa perte. Et Zee était là, à ce carrefour, à ce moment où, elle l’avait dit, elle se réservait le droit de le planter là et de sauver sa vie. Mais quelle vie ? Quelle vie pour elle à présent que cette quête, qui n’était pas la sienne qui l’était devenue par elle ne savait quelles forces de la nature, était devenue la sienne également ? Elle aussi avait fait son choix, seulement elle n’avait pas eu le courage de l’assumer dès le départ. Elle ne partirait pas. Sans la comprendre, elle sentait l’importance de cet objet, cette pomme toute simple, et elle sentait que son existence était désormais liée à la sienne, même si ce n’était que pour les dix prochaines minutes.

Et donc, sans un mot de plus, elle le suivit. Peu importait ce qui arriverait. Elle en avait sa claque des visions d’avenir. Elle allait se contenter de vivre à la seconde, pour commencer, ce serait pas mal. Et ce serait peut-être comme ça qu’elle battrait le destin. Le destin, elle n’y avait jamais cru de toute façon. Elle se laissa donc entraîner dans les rues avec une bande de templiers aux trousses, courant un peu plus vite que ses capacités n’auraient dû le lui permettre, tractée ainsi par l’assassin. Quand il lui lâcha la main, il creusa l’écart, mais elle connaissait cette petite tactique à présent, et surtout, elle avait cessé de croire qu’il finirait par l’abandonner. Il ne l’avait pas fait le tout premier jour, après tout. Elle ne ralentit pas sa course, et quand elle arriva au pied du mur, Barry était prêt, et elle se servit de son élan pour sauter et lui pour la hisser sur le toit. Ils repartirent en courant, quelques minutes seulement avant que Barry ne leur trouve un abri, où ils s’entassèrent, lui pliée en quatre, elle roulée en boule, un bon résumé de leur étrange duo. Elle garda le silence, comme lui, le temps de retrouver son souffle et d’apaiser les battements de son cœur. Mais le silence, au bout du compte, ce n’était pas le truc de Zatanna. Et vu l’exigüité de leur cachette, elle pouvait se permettre de parler dans un souffle. « Que va-t-il se passer à votre avis quand vous placerez cette pomme là où est sa place ? Une grande explosion de lumière ? Le dieu des chrétiens et le dieu des musulmans qui apparaîtront pour se serrer la main ? Le monde sera sauvé de la folie de la guerre ? » Parce que, le monde n’était qu’une guerre, après tout, du moins le monde qu’elle connaissait, depuis toujours, le même monde que Barry d’ailleurs. Enfants de la guerre, qui aujourd’hui faisaient la guerre, et rendraient leur dernier souffle avant de voir la guerre s’éteindre, que ce soit dans une heure ou dans cent ans. Alors cette pomme, cette pauvre pomme pour laquelle des assassins étaient morts, quel était donc son vrai pouvoir ?

Si ça n’était qu’un truc mystique du folklore des assassins, elle en serait légèrement agacée. « Qu’est-ce qui vous dit que le monde ne serait pas mieux s’il était pacifié et tenu en laisse par le templiers ? Après tout, les hommes sont animaux et ils ont besoin d’un maître. S’ils attachent eux-mêmes la chaîne autour de leur coup, qu’est-ce que ça peut faire ? » Oh, elle le charriait un peu, ça faisait longtemps, et puis c’était comme ça qu’elle régissait au stress. Et aussi, elle avait vu ce que c’était que ce monde d’hommes régi par des hommes dans lequel elle n’avait pas sa place. Ce qui leur arriverait lui était égal. Et elle trouvait étrange la philosophie qui guidait les assassins. « Vous n’avez pas à les sauver. Vous n’êtes pas responsable. Et si vous faisiez fondre cette pomme, je parie que vous pourriez en tirer un petit pactole. » Pour recommencer sa vie. Quelque part. Dans le vague, le flou qu’était l’avenir. Non, décidément, ça ne marchait pas. Elle sentait qu’ils étaient tous deux exactement là où ils devaient être, hélas. Alors tant pis, cette pomme irait là où elle devait aller, et arriverait ce qui devrait arriver, et si l’humanité n’était pas sauvée aujourd’hui, du moins durerait-elle encore un peu, le temps peut-être de se sauver un autre jour. Elle remua inconfortablement et grogna tout bas. « Nous devrions repartir, cela fait un moment qu’on n’a pas entendu passer de patrouille. Vous m’avez sauvée plus d’une fois et pour ça je vous remercie, mais je préfère encore sauter de toit en toit qu’avoir mal aux fesses ici en votre compagnie. »

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Zatanna &
Barry

Everything is permitted, nothing is true

Sens aux aguets, Barry écoutait. Il écoutait les échos de la ville, le crépitement d'un feu non loin, et le bruit sourd que faisaient les lourdes bottes des soldats dans la ville. Rien dans leur voisinage immédiat et l'homme peut se détendre perceptiblement. Malgré tout, prudence était mère de sûreté et il était important pour eux de rester cachés encore un peu. « Que va-t-il se passer à votre avis quand vous placerez cette pomme là où est sa place ? (...) Le monde sera sauvé de la folie de la guerre ? ». Un léger son amusé remonta le long de sa gorge, et pour un peu il en aurait presque ri. « Pour tout vous dire, je ne s'en sais absolument rien. Mais je doute fortement que les dieux de deux des trois religions de Jerusalem viennent se serrer la main » s'amusa t-il. Pour quelqu'un comme lui qui n'avait pas une once de spiritualité dans le sang, cette image était grotesque. « Al Mualim pense que ces artefacts proviennent d'une civilisation depuis longtemps éteinte. Je ne sais pas si il s'agit de magie ou de quelque chose d'autre mais...les pommes possèdent un grand pouvoir sur l'homme » lui confia t-il, relatant un peu de sa conversation avec son mentor. « Je suppose que l'on doit s'attendre à tout » souffla t-il finalement. Ils le découvriraient bien assez tôt.

Avec un sourcil levé sous son capuchon, il écouta la suite de ses propos. Pensant qu'elle n'était pas sérieuse, il ne chercha pas à lui répondre. Après tout, elle avait elle-même toutes les clés en main pour comprendre pourquoi les templiers ne pouvaient pas mettre les mains sur la pomme. Ils ne l'utiliseraient que pour faire un monde à leur image. Un monde froid dans lequel n'auraient leurs places que les êtres qu'ils jugeaient dignes. En tant que femme, Zatanna ne ferait pas partie de cette nouvelle civilisation qu'ils cherchaient à créer. Et elle ne voudrai pas mieux qu'un objet. Quelque chose de seulement nécessaire à la reproduction. Le maître assassin ne se leurrait pas quant aux ambitions de ses ennemis. Ils promettaient monts et merveilles mais prenaient tout sans rien donner. Qui les croirait, serait bien idiot. Et puis... quelle liberté y avait-il à vivre sans chaos ? Sans pouvoir faire ses propres choix et décider de la personne que l'on voulait être. « Vous n’avez pas à les sauver. Vous n’êtes pas responsable. Et si vous faisiez fondre cette pomme, je parie que vous pourriez en tirer un petit pactole » continua t-elle, peu vexée de son silence. « Vous avez raison, je n'ai pas d'obligation. Je le fais parce que je le veux. Je le fais parce que je crois à la liberté de tous, la vôtre, la leur mais aussi la mienne » répondit-il, le visage tourné dans sa direction. « Quant à la pomme, si elle renferme réellement un pouvoir aussi grand... ou irait-il si je la détruisais ? ». Cesserait-il d'exister ? Irait-il se lier à la première chose ou personne venue ? Qu’entraînerait sa destruction sur son environnement proche ? Tellement de questions sans réponses. En outre, l'assassin n'était pas sûr qu'une simple forge viendrait à bout de cet objet. Si l'artefact était aussi vieux qu'Al Mualim le prétendait, il faudrait plus qu'un feu et quelques coups de marteau. De toute façon, ce n'était pas du genre de l'homme de se faire de l'argent sur le dos des autres. Il ne croyait que peu au pouvoir de la monnaie. Il n'avait besoin de rien d'autre que le strict nécessaire de ce côté là. De quoi manger, acheter des habits ou des armes – lorsque tout cela n'était pas déjà pris en charge à Masyaf.

« Nous devrions repartir, cela fait un moment qu’on n’a pas entendu passer de patrouille. Vous m’avez sauvée plus d’une foi et pour ça je vous remercie, mais je préfère encore sauter de toit en toit qu’avoir mal aux fesses ici en votre compagnie ». Avec un hochement de tête, l'homme accueillit positivement la requête. Il avouait que lui aussi avait perdu toutes sensations dans son postérieur. Puis elle avait raison, ils avaient attendu assez longtemps. Passant la tête à travers les tissus, il s'assura qu'ils étaient effectivement seuls. Lorsqu'il fut sûr que ce fut le cas, il déplia ses jambes et sauta par dessus la rambarde en bois. Doucement, il s'épousseta et attendit que la jeune femme soit stable sur ses pieds pour la mener à nouveau aux alentours de la mosquée.

Accroupi sur un toit aux abords de cette dernière, il regarda les nouveaux ajouts de gardes. Ils étaient à présent trop nombreux pour qu'ils entrent de la même façon que quelques heures auparavant. « Une distraction serait à présent la bienvenue » chuchota t-elle à sa comparse en lui désignant un monticule d'herbes sèches un peu plus loin sur leur droite. Après tout, elle s'était proposée. Il n'avait pas oublié. Il espérait juste qu'elle était sérieuse quant à ses capacités.

Pando

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Découvrir que Barry ne savait pas plus qu’elle à quoi servait cette fameuse pomme consola un peu Zee, mais elle songea aussi qu’il était d’autant plus fou de faire tout ça pour quelque chose dont il ne savait rien. Elle avait bien compris que comme elle, il était indifférent aux grandes religions de ce monde. Elle puisait un genre de spiritualité dans la nature et ce que chaque goutte de pluie, chaque once de terre humide, chaque feuille de buis avait à lui offrir. Lui n’était pas non plus dépourvu de toute foi, seulement sa foi était placée dans quelque chose d’autre encore, d’invisible, d’inconnu, bref, la foi, quoi. Croire sans avoir de preuves. Jusqu’à donner sa vie. Et donc, pour ce qu’ils en savaient, la pomme se mettrait à jouer de la musique une fois qu’ils l’auraient placée au bon endroit, peut-être qu’elle tirerait des feux d’artifice ou qu’une fois en surgirait en résonnant dans toute la ville, « ahahaha je vous ai bien eus » ou quelque chose comme ça. Elle serait un peu déçue si c’était quelque chose dans ce genre. Depuis que l’assassin lui avait parlé de ça, elle s’attendait vraiment à quelque chose de grandiose. Une pluie de pièces d’or. Sa propre tête couronnée reine d’Égypte. Sa mère ressuscitée. Un palmais confortable avec des serviteurs rien que pour elles. Bon, eh bien la seule façon de le savoir, c’était d’aller au bout de cette étrange mission qu’ils s’étaient donnée. « Ah, le coup des anciennes civilisations… Les Crétois ? Atlantis ? Nous avons l’embarras du choix. Dans le fond, peu importe. Un jour nous aussi nous seront une civilisation perdue. Imaginez qu’un jour deux idiots coincés dans un trou parleront peut-être de nous comme ça ! »

Et elle avait beau, encore et toujours, lui tendre des perches, tenter de l’absoudre de sa mission, pour qu’il puisse s’en aller d’ici, chaque fois il refusait. Toujours avec tranquillité, sans jamais s’énerver. Il était si serein quant à sa place dans ce monde que Zee songea que ça devait être agréable. Après tout, savoir pourquoi on était là, savoir qu’on avait un but, qu’on n’était pas qu’un peu de chair et de gâchis d’oxygène, ça devait être reposant. Elle pouvait comprendre son point de vue, en fait, c’était elle qui changeait d’avis petit à petit, au fil des jours, à son contact. Elle qui supportait de moins en moins l’idée de ce se traîner dans ce monde sans raison ni but. Avoir un but, cela changeait l’existence. Cela la rendait moins insupportable, et cela rendait aussi la fin de cette existence moins insupportable. Elle se promit que c’était là la dernière fois qu’elle tentait de le faire changer d’avis – de toute façon, il ne le ferait pas. Elle ne pouvait pas adhérer à ses idéaux, elle se fichait de la liberté des uns et des autres, sachant que leur liberté ne la libèrerait pas, elle, mais savait une chose : les templiers étaient des monstres. Et si elle pouvait participer à leur défaite, alors c’était là un but acceptable. Le regarder se déplier était impressionnant, et elle le laissa faire avant de l’imiter – quelle idée aussi d’être aussi grand ! On aurait pu croire que pour être un assassin, il aurait fallu être plus petit et plus mince. Ah, finalement, c’était le job parfait pour une femme, non ?

Elle le rejoignit sur le toit et hocha la tête quand il lui demanda une distraction. Jusqu’à présent, elle n’avait jamais vraiment fait exprès de mettre le feu quelque part, ça avait plus été sous le coup de l’émotion. Ce n’était pas le moment d’avoir une panne ! Elle essaya diverses méthodes, imaginer le buisson en flammes, fixer le buisson, agiter les doigts… Finalement, elle se concentra sur elle-même plutôt que sur ce foutu paquet d’herbes sèches, et alors elle le sentit aussitôt. Le feu qui était en elle. Pas quelque chose dans l’air dont elle pouvait s’emparer, mais quelque chose qui faisait partie d’elle. Elle rouvrit les yeux et une lueur ambrée les traversé avant que le buisson prenne feu aussitôt. « Prends ça, Jésus ! » Elle aussi pouvait faire des buissons ardents ! Puis une flammèche sauta littéralement de la touffe d’herbe à une autre. Et encore une autre. Puis le petit feu atteignit une remise en bois. Qui prit feu d’un coup. Les flammes léchèrent les poutres grand bâtiment auquel était accolée la remise, et la toiture prit feu à son tour. Zee regarda ça le bec ouvert, puis se tourna vers Barry. « Depuis le début j’ai accusé les Croisés de détruire cet endroit, mais si ça se trouve, ce sera moi. » Ah oui, ses grandes visions de la mosquée de Jérusalem en feu, le minaret s’écroulant dans les flammes, tout la ville en cendre, Croisés carbonisés, sans aucune distinction de qui, de quoi, de quelle religion… Tout ça par la faute d’une seule femme, qui vengeait toutes les autres. Elle ne put s’empêcher d’éclater d’un rire hystérique, avant que des cris d’alarme ne retentissent et que des templiers ne se mettent à courir dans leur direction. Il était temps de filer, direction le dôme un peu plus loin. Et cette fois, la diversion était assez importante pour que presque tout le monde soit mis à contribution. « Seuls » quatre gardes gardaient l’entrée de l’imposant bâtiment. Zee ramassa un gros caillou, pour participer. « À vous l’honneur ? Faites votre truc d’assassin, je les distrais. » Elle sortit de sa cachette pour aller au devant des gardes, qui levèrent leurs armes en la voyant approcher. Elle n’avait aucun doute sur le fait que Barry était en train de les contourner, invisible, pour faire son œuvre. Elle repoussa sa capuche, ayant compris que la présence d’une femme ici était une « distraction » encore plus efficace qu’un incendie. Les gardes se figèrent une seconde. Elle était sûre que ça suffirait. Dans le doute, elle jeta son caillou, qui rebondit sur le front d’un des templiers, lui arrachant un « aouch ? » incrédule.

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Zatanna &
Barry

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Pour créer une distraction, elle en créa une. Et Barry ne put s'empêcher de pincer l'arrête de son nez. Que diable venait-il de déchaîner sur cette pauvre Jérusalem ? Presque dépité par avance, il regarda le feu graduellement atteindre des bâtiments. Dans l'intimité de son esprit, il se félicita de ne pas lui avoir demandé de mettre le feu à quelque chose de plus imposant qu'un tas d'herbe. Le résultat déjà catastrophique aurait été décuplé au centuple. « Depuis le début j’ai accusé les Croisés de détruire cet endroit, mais si ça se trouve, ce sera moi » osa t-elle dire en se tournant vers lui. Pour toute réponse, il soupira. Ils ne pouvaient plus rien faire à présent. Le feu devait suivre son cours. Au moins, la distraction faisait son œuvre. Et puis, il ne pouvait à présent plus douter du côté magique de cette jeune femme. Après tout, personne n'aurait été capable de créer un tel brasier dans le cas contraire. Surpris, il reposa ses yeux mordorés sur sa silhouette lorsqu'elle laissa échapper un éclat de rire. Un autre homme en aurait probablement eu peur. Mais Barry n'était pas n'importe quel homme. Il était un maître assassin, un des meilleurs éléments de sa confrérie. Peut être même le meilleur à l'heure actuelle. Alors à la place, il secoua légèrement la tête, notant tout de même la note d'hystérie qui perçait dans son hilarité. Zatanna ne semblait pas en revenir. Barry irait même jusqu'à dire qu'elle était un peu effrayée par la perspective de ce qu'elle pouvait faire. Peut-être n'avait elle jamais réalisé à quel point elle pouvait être un agent du chaos. Comme lui, mais dans un registre complètement différent. « Essayez de ne pas tuer d'innocents » lui souffla t-il tout de même, en laissant ses yeux suivre pendant quelques instants le va et vient des gardes et de leurs seaux d'eau. Ne jamais prendre de vie innocente : un des principes les plus importants par lequel l’assassin vivait sa vie.

« À vous l’honneur ? Faites votre truc d’assassin, je les distrais ». A peine dit, qu'elle s'élança vers les gardes. De son côté, l'assassin ne perdit pas une seconde. Bientôt, il se glissa dans l'ombre derrière les gardes et fut aux premières places pour assister à la nouvelle distraction de sa compagne. Comme les gardes devant lui, il suivit la progression du caillou du front de la victime jusqu'au sol. Malgré lui, il ne put empêcher un sourire de fleurir sur ses lèvres. Il supposait que cela faisait effectivement l'affaire. Avant que les gardes templiers ne sortent de leur stupeur, il se glissa entre les deux premiers. Sa lame secrète perfora le cœur du premier alors que de la dague présente dans sa main droite, il venait sectionner la peau du cou du second. Un gargouillement passa entre les lèvres de sa seconde victime alors qu'elle s'écroulait au sol, une rivière pourpre coulant le long de sa peau. Le bruit alerta évidemment les deux autres gardes qui d'un même homme se retournèrent vers lui. Mais l'assassin avait prévu leurs mouvements et les priva de leurs vies avant qu'ils n'aient pu faire un geste de plus. Poussant du pied le garda empalé sur sa lame secrète, il laissa le corps glisser le long du fer et tomber au sol. « Allons y ». Car si pour le moment les autres gardes étaient occupés ailleurs, Barry se doutait bien qu'ils ne tarderaient pas à découvrir les corps sans vies et la flaque rougeâtre qui mouillait déjà la terre.

Sens aux aguets, il les fit pénétrer dans la mosquée à présent presque déserte. Presque car quelques fidèles se mouvaient encore dans les lieux. Grâce à la vision d'aigle, il fut cependant facile de les éviter. Bientôt ils s'arrêtent sous le dôme et levèrent de concert les yeux pour profiter peut-être encore une fois de ce spectacle extraordinaire. Avant que tout s'écroule puisque c'était ceci que laissait présager la vision de la jeune femme. Avec un dernier regard pour Zatanna, Barry commença son ascension. Rompu, il arriva assez rapidement à son objectif. Se tenant d'une main, ses doigts fermement accroché au petit rebord de pierre au dessus de sa tête, il enfonça une main dans sa robe. La lumière dorée de la pomme se refléta sur le bas de son visage lorsqu'il la sortit de sa prison de tissu. Sans perdre de temps, il la plaça dans le dôme.

Pendant quelques secondes, rien ne se produisit. Et il en fut presque déçu. A peine eut-il fini de prononcer cette pensée que tout le dôme commença cependant à trembler. Face à son visage, la pomme gagna en intensité et bientôt ce fut toute la structure de la mosquée qui fut secouée. « Zatanna, accrochez vous à ce que vous pouvez ! » hurla t-elle de sa voix la plus forte, espérant que malgré sa hauteur, elle avait été capable de l'entendre. L'assassin n'eut tout de façon pas le temps de appesantir sur la situation au sol car le dôme commença à s'effriter au dessus de sa tête. L'homme fut contraint de lâcher ses prises et poussa de toutes ses forces sur ses jambes pour se dégager. Il retomba lourdement sur la petite plate-forme de bois . Cette dernière craqua sous son poids et les cordages lâchèrent un par un jusqu'à ce qu'une seule corde retienne la structure et Barry. Suspendu à plusieurs mètres du sol, l'assassin regarda ce qui se trouvait sous ses pieds. Au même moment, un fort rayon s'échappa de la pomme d'Eden et alla taper quelque chose en contrebas. Quoi, il ne voyait pas. Mais un grincement annonça l'ouverture de quelque chose. Mais avant de pouvoir aller jeter un coup d’œil, il devait se sortir de là. Et pendant le temps que ça lui prendrait, il espérait que Zatanna restait en sécurité.

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La lutte ne fut pas très fatigante pour Zee. Évidemment, si Barry avait décidé de la planter là pour aller vaquer à ses propres affaires, la fin de l’histoire aurait été moins rigolote. Mais comme prévu, il avait pris les quatre gardes à revers, et tout ce qu’elle eut à faire fut de regarder le spectacle de l’assassin assassiner les templiers, qui apparemment ne rentraient pas dans la catégorie des « innocents » selon la terminologie des assassins du simple fait qu’ils étaient des templiers. Pour Zatanna, il n’y avait pas de passant innocent, de toute façon. Personne ne l’était, et personne ne méritait de mourir non plus, seulement à titre personnel, ça lui était égal. Dans sa liste des personnes prioritaires pour ne pas mourir, il y avait elle d’abord, puis les chevaux, puis les chiens. Le reste de l’humanité pouvait bien se débrouiller toute seule pour ne pas mourir, et en premier lieu, tout le monde n’avait qu’à poser son arme, et la guerre cesserait aussi facilement que ça. Le reste n’était qu’une histoire de choix, et de malchance, deux choses contre lesquelles Zatanna ne pouvait pas lutter à la place des autres, déjà qu’elle avait bien du mal à le faire pour elle-même. Quoiqu’il en soit, elle attendit que Barry ait fait leur petite affaire aux soldats, et le rejoignit en fronçant le nez. Ils y allèrent donc, direction le dôme, croisant uniquement des gens occupés à courir dans tous les sens, et comme eux-mêmes couraient dans un sens, personne ne fit attention à eux. Une fois au pied du bâtiment, elle laissa Barry faire son numéro d’escalade et s’appuya nonchalamment sur le mur pour prendre l’air dégagé, avant de se souvenir que l’ambiance était plutôt à la tension. Elle se redressa donc, gardant l’assassin à l’œil.

Elle le vit placer la pomme dans son emplacement et attendit que Dieu en personne passe le bras à travers les nuages pour gifler les hommes, mais non, rien. Si ce n’est que le sol se mit soudain à trembler. Elle crut entendre Barry lui crier quelque chose mais, voyant que toute la structure était en train de se casser la figure, elle recula précipitamment du mur, jusqu’au sol dallé de l’entrée, une belle mosaïque lissée par des siècles de pas mesurés, qui reliait le dôme aux entrailles de la mosquée. Elle vit l’assassin sauter dans le vide puis le perdit de vue. Se souvenant très clairement de ce qu’il avait fait deux minutes avant pour descendre du minaret, elle n’était pas très inquiète pour lui, mais tout de même, si c’était ainsi qu’il mourait, ce serait fort dommage. Puis un rayon doré jaillit de la pomme et elle crut qu’il allait transpercer, mais il tapa la mosaïque à ses pieds. Elle se rapprocha pour observer le phénomène et vit une dalle s’enfoncer dans la terre. Oh ! Elle s’extasia de plus belle quand une deuxième dalle disparut, et comprit à la troisième dalle ce qui était en train de se passer, et une seconde plus tard elle sentit le sol sous ses pieds se dérober et elle chuta dans le noir complet, sans un cri.

Un sol bien dur accueillit son derrière, et une pluie de dalles en pierre lui tomba dessus pour faire bonne mesure, et elle parvint à rouler sur le côté en glapissant de douleur, avant de se relever, les mains sur les fesses. Au-dessus d’elle, un trou de ciel bleu juste assez grand pour qu’une dinde tombe dedans la surplombait, à cinq ou six mètres de hauteur. Elle put constater que le sol était en terre, ce qui lui avait évité de se casser le dos, probablement. De ce qu’elle voyait de cette caverne, c’était que les piliers en pierre des bâtiments de la mosquée descendaient jusqu’ici comme pour en soutenir les sous-sols, si ce n’était que la pierre semblait beaucoup plus ancienne et un peu différente dans le style. Comme si la mosquée avait été bâtie sur d’autres fondations oubliées par l’histoire, ce qui était le grand cycle des constructions humaines. Un tunnel s’enfonçait dans le noir. Et deux squelettes vêtus d’une drôle de tenue séchaient là, à un ou deux mètres de la jeune femme. Ugh. « Barry ?? Vous m’entendez ? » Une tête apparut au-dessus du trou. Pas Barry. Le templier dégaina une épée, puis se figea, et bascula dans le trou, tombant aux pieds de Zatanna, qui se baissa et ramassa le sabre du mort. Une seconde tête apparut au-dessus du trou. Cette fois c’était Barry. Zee écarta les bras. « Ta-daaaaa ! J’ai trouvé pour vous le… mausolée secret des templiers. » Tout ce qu’elle espérait, en fait, c’était que le souterrain les mène hors de la ville, tout simplement, ce qui était une possibilité.

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Barry

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De sa position précaire, Barry vit avec horreur la jeune femme disparaître, avalé par le gouffre crée par la pomme d'Eden. Malgré tout, l'homme resta calme. Le maître assassin en avait bien trop vu et trop fait pour paniquer au moindre événement. Surtout, suspendu comme il l'était, il ne pouvait rien pour elle. Il devait déjà se sentir de là avant de se préoccuper de la suite. Il espérait juste qu'elle n'était pas morte. Car même si elle avait au final fait le choix de rester, il se sentirait responsable de sa mort. Pour l'heure cependant, l'homme lança ses jambes en avant puis en arrière. Doucement mais sûrement, il créa un mouvement de balancier et prit de la vitesse et de la hauteur. Lorsqu'il estima posséder assez d'élan, il lâcha la planche et sauta vers l'avant. Le bout de ses doigts rappa contre la surface encore intact du dôme et il chuta un instant avant de finalement pouvoir se rattraper in extremis. Dans son dos, les vestiges de la passerelle tombèrent pour s'écraser au sol. Le bois éclata un plusieurs milliers de petits morceaux. Un sort que l'homme aurait pu partager si il n'avait pas réussi à s'élancer à temps. Vu la hauteur, ses os se seraient transformés en poussière à l'impact. Ne perdant pas plus de temps, il dévala la pente, usant et écorchant la peau de ses doigts mais aussi de ses genoux. Pieds au sol, l'homme couru en direction du trou qui s'était formé dans la pierre. Sur son chemin, il croisa quelques templiers qu'il passa rapidement au fil de sa lame. Il n'avait pas le temps pour eux.

Sautant par dessus quelques corps victimes de l'écroulement d'une partie du dôme – il peinait encore à comprendre comment il allait expliquer cette petite partie à ses supérieurs ; plus encore lorsque la mosquée était déjà au cœur de tous les conflits religieux de la cité - , il atteignit l'endroit où Zatanna avait disparu. Un soulagement s'inscrit sur les traits de son visage lorsqu'il l’aperçut bien vivante. « Ta-daaaaa ! J’ai trouvé pour vous le… mausolée secret des templier » s'exclama t-elle, bras ouverts. « Bravo » lui répondit il simplement avant de lui demander de se pousser pour qu'il puisse à son tour descendre. Pour se faire, Barry ne chercha aucunement à s'asseoir au bord du trou et contrôler sa chute. Habitué des hauts sauts et autres péripéties, il sauta simplement dans le trou et contrôlé sa descente grâce à ses pieds. En quelques seconde,s il toucha le sol et plia ses jambes pour amortir le choc entre ses semelles et le sol poussiéreux. « Ne traînons pas » chuchota t-il. Devant eux, un couloir étroit semblait serpenter dans les sous-sols de la mosquée. Privés de la lumière du jour et n'ayant aucune torche à disposition, les deux coéquipiers avancèrent à tâtons. Par chance pour eux, la vision d'aigle de Barry lui permettait tout de même de se repérer et de déceler quelques contours. « Attention à la tête, il y une arche juste devant nous qui est assez basse » lui apprit-il. Pour s'assurer cependant qu'elle ne s’assommait pas, il se retourna et prit sa main dans la sienne pour l'aider à franchir cet obstacle sans encombre.

Bientot l'obscurité fut si dense et oppressante que même sa vision d'aigle devint inutile. Bien sur, l'homme aurait pu demander à la jeune femme d'utiliser ses don pour éclairer leur chemin. Cependant, il avait encore en tête son manque certain de contrôle et préférait éviter de mourir brûler vif au milieu d'un couloir sordide à plusieurs mètres en dessous de la mosquée principale de Jérusalem. Et puis, en soit, il n'était même pas sûre qu'elle puisse tenir du feu dans sa main – puisqu'il n'avait aucun matériau sous la main capable de faire une torche, même de fortune. « Tenez vous à moi » lui souffla t-il en guidant la main de Zatanna pour qu'il puisse agripper au dos de sa tunique. Mains devant lui, il avança prudemment, menant dans son lent sillage sa partenaire.

Au bout de quelques minutes, les deux jeunes gens déboulèrent dans une pièce ovale. A première vue, les murs étaient lisses, privés de portes ou de fenêtres – ce qui en soit ne surprenait pas pour ces dernières. Petit à petit cependant les murs semblèrent s'illuminer pour créer une lumière bleue et diffuse. Plus ils avancèrent vers le centre de la pièce et plus les murs brillèrent. Des symboles lui étant inconnus apparurent et bientôt ils y voyaient comme en plein jour. Barry fut surpris de constater que ses pieds reposaient juste au bord d'un promontoire. Un pas de plus et il aurait sombré dans l'immensité noire qui se trouvait sous leurs pieds. « Bienvenue visiteurs » s’éleva une voix, le faisant sursauter. Immédiatement, sa lame secrète fut sortie et prête à l'emploi. De ses yeux brillants d'or, il regarda autour de lui sans ne rien voir. « Qui est là ? » questionna t-il d'une voix forte. « Oh j'ai eu plusieurs noms au fil des époques Bartholomew. Lors de mon existence, mes semblables m'appelaient Tinia. Mais vous les humains... peut être que le nom de Zeus vous sera plus familier ». « Zeus... comme le Dieu grec ? ». A peine ses mots moururent, qu'une forme opaque et faite d'or se matérialisa devant eux. « Deux descendants Isu, comme cela est intéressant » continua la forme, voletant à quelques centimètres du sol. Barry ne savait pas si il n'y avait que lui, mais il admettait être perdu. Et surtout ne rien y comprendre. Dieu grec, magie … que se passait-il ici ? Surtout, pouvait il croire ce qu'il voyait ou tout cela n'était-il qu'un tour de son esprit ?

Pando

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Est-ce qu’elle s’attendait à ce qu’il lui dise « oui d’accord mais on s’en fiche, on s’en va » ? Non évidemment que non. Et donc, bien sûr qu’il voulait explorer plus avant ce souterrain sombre, sec et plein de squelettes. Elle le regarda sauter dans le trou pour la rejoindre avec la grâce d’une danseuse et repoussa loin les images de son propre atterrissage sur les fesses de tout à l’heure. C’est sûr que c’était plus facile quand on pouvait plonger les deux pieds en avant, non mais. Et donc, deux minutes plus tard, ils s’enfonçaient dans les entrailles de Jérusalem tandis qu’elle était probablement mise à feu et à sang à la surface. Vu comme ça, le calme des lieux, le silence, les ténèbres étaient les bienvenus. Elle trébuchait quelque fois sur des aspérités mais gardait la main sur la paroi de droite, et la silhouette de l’assassin était plutôt facile à suivre. En plus, comme il ouvrait la marche, c’était lui qui était susceptible de se prendre les pieds dans tous les coins et de se cogner la tête sur le plafond qui parfois s’abaissait brutalement, les forçant à se plier en deux pour avancer – enfin, surtout lui. Cela aidait aussi qu’il la laisse se tenir à sa tunique de sa main libre, et ainsi, elle pouvait marcher tout en rêvassant à l’incendie qu’elle avait déclenché là-haut. Cela valait vraiment le coup, si elle survivait à cette journée, qu’elle travaille un peu ces dons qu’elle se découvrait. Non, elle ne les découvrait pas, ce n’était pas vrai. Sa sorcière de mère lui avait toujours dit qu’elle avait le don, mais Zee avait toujours fait la sourde oreille. Difficile de se voir comme quelqu’un de particulier quand le seul horizon qui s’ouvrait à vous était le long tunnel de la vie d’une femme en des temps où les hommes vivaient et où les femmes ne faisaient qu’attendre la mort.

Elle sortit de ses pensées quand ils déboulèrent dans une salle souterraine assez vaste. Du moins put-elle constater qu’elle était vaste quand, petit à petit, la lumière se fit dans la caverne, de manière totalement incongrue. Pourquoi est-ce que les murs brillaient ? Pourquoi en bleu ? Elle se décala d’un pas pour voir ce qui se trouvait devant Barry, à savoir un abîme sans fond. Enfin, il devait forcément avoir un fond, mais en ce qui la concernait, elle n’irait pas vérifier. Elle était absorber dans la contemplation de ce gouffre de ténèbres quand une voix retentit, la faisant sursauter et lâcher quelque chose qui ressemblait à « Euaaaaaaheuuuugh », la main sur son cœur battant. Elle avait rarement eu une telle peur de sa vie. Elle n’aurait pas pu formuler un mot même si ça vie en avait dépendu, heureusement Barry posa la question pour deux : c’était qui, lui ? Tinia, se présenta-t-il, et ce nom résonna familièrement dans la tête de la jeune femme, qui murmura : « Le dieu du ciel et des éclairs. » Encore une fois, c’était sa mère qui avait dû prononcer ce nom au fil des histoires qu’elle racontait à sa fille, sa fille indigne qui avait tout fait pour ne se souvenir de rien de cette cinglée. Elle hocha la tête quand l’autre ajouta qu’il était Zeus, aaaah, oui, d’accord. Elle le regarda qui apparaissait devant eux dans toute sa glorieuse lumière. « Qui est-ce, Isu ? Parce que nous, a priori, on descend de deux croisés sauvages et violeurs de femmes. » Maintenant qu’elle le voyait, elle n’était plus vraiment impressionnée. Ce n’était que la conclusion stupéfiante d’une journée complètement folle.

Elle regarda Barry, à qui ce mot étrange, Isu, semblait dire quelque chose. Pas étonnant, puisqu’il y avait de fortes chances que ce soit lié à son étrange ligue des assassins. Après tout, ils étaient parvenus jusqu’ici grâce à la pomme. Elle se demanda ce qui se serait passé si c’étaient des Templiers et on eux qui avaient atteint cette salle. Elle regarda de nouveau Tinia/Zeus. « Alors vous vivez là ? Et vous attendiez que quelqu’un vienne vous voir ? Est-ce que vous avez une mission sacrée à nous confier ? » Elle lui aurait bien demandé s’il connaissait l’avenir, si lui aussi voyait pour Jérusalem un avenir sombre et violent, mais elle parlait déjà probablement trop, comme toujours, particulièrement quand elle était plantée à côté de Barry qui ne décrochait pas un mot pour le moment. Et puis, elle risquait quoi ? De se faire foudroyer sur place ? Ce serait une mort ironique compte tenu de comment tout cela avait commencé, un genre de boucle bouclée.

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Zatanna &
Barry

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Barry fut quelque peu rassuré de savoir qu'il n'était pas le seul à halluciner la forme astrale qui se tenait devant lui. Zatanna le voyait, elle aussi. Un coup d’œil sur son visage lui apprit qu'elle était dans le même état que lui : perdue, surprise. Aucun d'eux ne s'étaient attendus à une telle apparition. Vraiment, ce n'était pas à cela que l'assassin s'était attendu en s'engouffrant dans les entrailles souterraines de la mosquée. « Qui est-ce, Isu ? Parce que nous, a priori, on descend de deux croisés sauvages et violeurs de femmes ». La remarqua lui arracha presque un sourire. Crue et complètement honnête. Tinia – ou Zeus- posa un regard presque amusé lui aussi sur la jeune femme qui avait osé lui répondre. Dans l'intimité de son esprit, le maître assassin essayait de se souvenir de ce que cela pouvait bien être. Ce mot, il l'avait déjà entendu. Ou lu. A ce moment précis, les informations lui échappaient cependant. Comme séparées de son esprit par un voile qui n'arrivait pas à percer. Si cela l'ennuya quelque peu, il n'en formalisa pas plus. Après tout, Tinia allait leur expliquer. De cela en revanche, il en était certain. « Alors vous vivez là ? Et vous attendiez que quelqu’un vienne vous voir ? Est-ce que vous avez une mission sacrée à nous confier » continua Zatanna alors que la forme continuait de voleter face à eux, imperturbable. Toutes ces questions l'amusaient, à présent l'assassin le voyait clairement. L'homme oserait presque dire qu'il se délectait de leurs ignorances. De leurs confusions respectives. Sous le bec de sa capuche, Barry fronça ses yeux dorés. Tinia, à ses yeux, n'avait aucune couleur. Ni allié, ni ami, ni ennemi, ni cible. Mais quelque chose disait à l'assassin de se méfier. Zeus était considéré comme le Dieu des dieux. Le grand maître du ciel. Normalement disparu depuis des siècles au profit de d'autres puissance supérieure. Et pourtant, il était là. Devant eux, un rictus au coin de sa bouche. Pour l'assassin, cette entité n'avait pas le bien de l'humanité comme objectif premier. Après tout, dans la mythologie, les dieux gréco-romains avaient toujours été pour la plupart considérés comme des dieux capricieux.

La forme bougea finalement, passant à leurs côtés pour venir voler au dessus de l'abysse. Barry suivit son chemin des yeux avant de les glisser sur les parois nouvellement illuminés. Des dessins apparurent devant ses yeux ébahi. Il en était à présent certain : il y avait de la sorcellerie derrière tout ça. « Pas de la sorcellerie non, mais de la technologie » s'amusa Tinia, en ayant lu dans ses pensées, « une technologie ancienne et hautement avancée que vous, mes chers enfants, ne connaîtraient jamais » continua t-il, mains derrière le dos. Un soupir passa soudainement ses lèvres et la déité secoua doucement la tête. « Triste de constater à quel point vous avez régressé » se lamenta t-il sans que Barry ne comprenne un mot de son discours. Régresser ? « Et si vous répondiez à ses questions » coupa finalement l'assassin avec humeur. « Asseyez vous alors car je vais vous conter une histoire ». « Une histoire ? ». « Oui celle de votre espèce ». Et ainsi Tinia commença son conte. Il leur parla de sa civilisation – les Isu. Une civilisation si ancienne qu'elle précédait l'homme de plusieurs millénaires. Avec un sourire, il leur raconta la naissance de l'humain. Une de leur création. Un être inférieur fait pour l'esclavage et la servitude. Une sorte de chaire à canon sans esprit. Il leur conta également la mort programmée des siens et la révolte des hybrides ; des humains améliorés nés d'une union entre un Isu et un simple humain. Il leur parla de l'explosion solaire qui balaya le monde et dont il n'avait pu empêcher l'arrivée. Lui et le reste de ses acolytes. Minerva, Juno... que des noms sortis tout droit d'un autre monde et qui remettaient en perspective tout ce que l'homme pensait connaître.

« Depuis, ma projection est coincée dans ce temple. Je ne suis plus ni vivant ni mort. J'appartiens à un autre plan que la réalité tangible que vous connaissez » continua t-il sans se fatiguer. Barry lui avait déjà depuis plusieurs minutes l'esprit en feu, chamboulé. « Et vous deux... vous êtes un peu comme moi. Des hybrides. Et c'est de là que viennent vos capacités respectives » les informa t-il avec un ton presque paternel. « Qu'est ce que vous attendez de nous ? Vous non avez mené jusqu'ici ». Tinia lâcha un léger rire . « Vous avez déjà accompli votre tâche. Vous êtes venus jusqu'à moi. Vous êtes des messagers et le message que je vous ai transmis aujourd'hui sera réceptionné dans des centaines d'années » rétorqua t-il. « Vous pouvez partir. Oh et faites attention au feu » termina t-il avant de disparaître. Comme ça, sans leur laisser le temps de poser leurs innombrables questions. Plus déboussolé qu'à son arrivée, l'assassin tenta de rappeler la déité. Mais cette dernière resta sourde et muette. Il les avait de nouveau abandonné à leurs existences.

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Alors certes, le petit tour de Zeus était impressionnant. Le voir flotter au-dessus du vide donnait des vertiges à Zatanna, et ce qu’il fit sur le mur la laissa les yeux écarquillés et la bouche bée. Elle avait beau avoir un certain don, elle, elle n’aurait pas pu faire ça. Donc oui, très impressionnant. Mais ce n’était pas une raison pour être insultant, tout de même. S’il s’agissait là réellement de technologie, clairement, elle lui échappait totalement, c’était vrai, le dieu les regardait désormais comme s’ils étaient deux singes en train de jouer avec des cailloux devant lui, et puis quoi, « régressé », et alors, qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Elle avait déjà ouvert la bouche pour protester, fidèle à elle-même, parce qu’aux dernières nouvelles, Zeus était bien le dieu qui transformait ses maîtresses en vache pour ne pas se faire choper par sa bonne femme, et ça monsieur c’était une insulte, une vrai, qi faisait mal, pas ses jugements à deux sous un peu condescendants et totalement paternalistes, mais Barry la devança. Bon, à sa façon. En quelques mots brefs, mais clairement agacés. Zee hocha la tête, contente finalement de ne pas être celle qui donnait un ordre à une divinité, on ne savait jamais, elle n’ambitionnait pas de finir sa vie ici, sous terre, en vache, à brouter des cailloux. Elle s’assit donc et écouta l’histoire. Elle comprit tout, sans toujours saisir le contexte, ou bien les tenants et les aboutissants, parce qu’il s’agissait là d’un autre univers, en quelque sorte.

Elle avait du mal à croire qu’à une époque le monde ait pu être foulé par autre chose que des hommes violents et mégalomanes. Pour elle, ils étaient toujours des esclaves, de leurs ambitions et de leur besoin de domination. Malgré tout, elle trouvait assez délicieux que la foi des hommes, si aveugle, était en fait attachée non pas à des dieux mais à des gens simplement plus intelligents. Quand bien même ces êtres supérieurs n’avaient pas réussi à se sauver de la chute. Elle se redressa et raccrocha au train de la conversation quand Zeus leur annonça qu’eux aussi étaient des hybrides. Ah bon ? Parce qu’elle, elle se sentait plutôt comme une esclave de base. Mais c’était bon à savoir. Et ça expliquait certes ses quelques capacités, elle préférait cette explication-là, même si elle lui échappait partiellement, qu’un don issu du hasard ou d’elle ne savait quelle déité. Souple d’esprit, habituée aux histoires folles, profondément opposée à tout ce que cette existence avait de règles, de valeurs ou de fatalisme, ce que racontait Isu était pour elle une explication comme une autre qu’elle était tout à fait capable d’accepter. Cela ne remettait rien en cause pour elle, nulle éducation, nulle croyance, nul avenir, et même, cela la consolait un peu. Être une de ces fameux hybrides ne l’aiderait en rien dans la vie, ne lui apporterait rien concrètement, mais ainsi elle aurait la satisfaction de savoir qu’elle n’appartenait pas tout à fait à la bande de monstres armés d’épées qui ne cessait de déferler sur sa terre. Et si c’était ce qu’on appelait un sentiment de supériorité, alors soit. C’était tout ce qu’elle avait de toute façon, et c’était un changement drastique car d’habitude, elle était, elle, inférieure, dans les yeux des autres.

À ses côtés, Barry semblait secoué, mais quand même pas au point de poser les bonnes questions. Elle aussi s’attendait à ce que Zeus ait une quête à leur confier, sans être sûre d’en avoir vraiment envie parce que là aussi, il y avait des histoires, les mortels qui se retrouvaient embringués dans les histoires des dieux, en général, finissaient mal. Mais tout ce qu’Isu désirait, c’était leur faire passer ce message. Qu’ils étaient censés colporter elle ne savait où et quand. Eh bien soit, si ce n’était que ça, ils s’en sortaient bien. Elle se releva d’un bon en époussetant sa tunique. « Eh bien, merci pour toutes ces révélations. Il n’y a donc rien que nous puissions faire pour vous. » Cela sonnait comme une question, mais son ton retomba à la fin, fermement. Non, ça n’en n’était pas vraiment une. Et d’ailleurs, Zeu disparut soudain en les plantant là. Le silence se fit, puis Zee se tourna vers Barry. « Cela change tout, et en même temps, cela ne change rien. Ça va aller, vous verrez. » Bon, c’était facile pour elle. Qui savait ce que cela signifiait pour lui, pour tout ce qu’il avait appris, tout ce pour quoi il se battait ? Elle ne doutait pas qu’il se sentirait mieux une fois les murs de sa confrérie retrouvée. Surtout que l’avertissement d’Isu n’était pas tombé dans l’oreille d’une sourde. Le feu, hein, évidemment. Elle tapota le bras de son comparse. « Vous voilà hybride en plus d’être assassin, peut-être le second grâce au premier. Nous, nous savons, mais si ça peut vous consoler, pour le reste du monde, cela n’a aucune importance, ils nous verront toujours comme les abominations que nous sommes dans leurs yeux. » Bon okay, ce n’était pas très consolant, comme paroles. Elle entreprit de traverser la grande sale pour revenir sur leurs pas. « Qu’en pensez-vous ? Aviez-vous déjà entendu cette histoire qu’il nous a racontée ? »

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Zatanna &
Barry

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Sans réellement y croire, l'assassin essaya une dernière fois de rappeler Zeus. Le son de sa voix se répercuta sur les murs et le dieu resta une nouvelle fois muet. Inatteignable. Pourtant, Barry savait qu'il n'était pas loin. Qu'il écoutait, jouait avec eux, fier de sa connaissance et de sa supériorité. Il l'avait dit lui-même, il était coincé ici. Et ça Barry l'avait très bien compris. L'homme fut à deux doigts de prendre sa patience légendaire pour lâcher un hurlement de frustration, la tête remplie de questions qu'il n'aurait jamais pensé à se poser. L'intervention de Zatanna lui coupa cependant l'herbe sous les pieds. Probablement pour le meilleur. « Cela change tout, et en même temps, cela ne change rien. Ça va aller, vous verrez ». Barry admirait sa persévérance, cette volonté de continuer et d'accepter l'impossible. Car si on enlevait une après l'autre toutes les explications rationnelles, alors l'impossible devenait possible. Simplement Barry avait été élevé avec l'idée que rien n'était vrai et que tout était permis. Il questionnait, analysait. Tout le monde et chaque chose. Alors accepter sans plus se poser de questions, ou du moins sans chance d'avoir les réponses, pourrait bien le rendre fou. Il n'était pas sûre de pouvoir atteindre cette paix intérieure dont elle semblait parler. Car c'était bien ainsi qu'il interprétait ses paroles. « Vous voilà hybride en plus d’être assassin, peut-être le second grâce au premier (...) ils nous verront toujours comme les abominations que nous sommes dans leurs yeux ». Des propos sages et lui-même ne pouvait réfuter une telle réalité. Contrairement à elle, il avait cependant eu plus de chance. Différent mais accepté. Peut être seulement parce que son don était utile. Mais il n'avait pas eu à subir les mêmes sévices que les siens, la même haine. Lui s'était contenté d'un indifférent respect d'abord puis d'une vraie camaraderie ensuite. « Qu’en pensez-vous ? Aviez-vous déjà entendu cette histoire qu’il nous a racontée ? ». « Jamais » répondit-il bougon, le visage fermé derrière le voile blanc de son capuchon. « Sortons d'ici » siffla t-il finalement. Si Zeus ou Tinia refusait de leur adresser la parole, que pouvait il faire à part faire machine arrière et repartir ? Rien.

Leur sortie fut moins périlleuse que leur entrée. La ville et ses gardes étaient occupés à éteindre le feu qui s'était déjà propagé sur plusieurs mètres, avalant tout sur son passage et ne laissant que des souches fumantes et creusées derrière lui. Prenant la main de Zatanna dans la sienne, il la mena à travers les gens et les cris. Se servant de la fumée comme cachette, il évita tous les dangers. Bientôt, ils furent à bonne distance. « Il semblerait que ce n'est pas aujourd'hui que se réalisera votre prophétie » lui lança t-il lorsqu'ils furent en sécurité à plusieurs mètres du sol, perchés sur un toit. Avec sa vision, Barry analysa les alentours. Puis il se relaxa. Ses épaules tombèrent de lassitude et il fit face à sa compagne d'aventure. « Vous n'avez plus à me suivre. Nous avons trouvé ce pourquoi nous étions venus. Vous êtes libre d'aller ou vous voulez. Ne parlez cependant jamais de la confrérie à quiconque » déclara t-il en tendant une main dans sa direction. Les assassins s'attrapaient les avants-bras en signe de respect et Barry la respectait. « Sachez que si vous le voulez, une place vous sera toujours offerte à Masyaf. Personne ne vous regarda bizarrement là- bas et la citadelle des assassins veillera à votre sécurité. Je veillerai à votre sécurité » continua t-il en attrapant son avant bras pour lui montrer la voie à suivre. « Paix et sécurité Zatanna » souffla t-il enfin avant de la relâcher et de tourner les talons. Il ne partit cependant pas aussi vite qu'à son habitude et lui laissa le temps de le suivre si elle le souhait – une partie de lui l'espérant sincèrement. Au moins pouvaient ils être bizarres à deux.

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Peut-être était-ce son lien avec la nature, pragmatique autant que spirituel et, elle s’en rendait compte depuis quelque temps, magique, qui lui permettait de prendre l’annonce de Zeus avec autant de calme. Pour Zee, peu importait finalement ce que lui racontait une obscure déité croisée par hasard dans les sous-sols de Jérusalem. Sa vie était ce qu’elle était. Les virages, les détours et les raccourcis qu’elle prenait ne dépendaient que de Zee elle-même. Son existence n’allait pas changer parce qu’elle venait de découvrir un secret à son propre propos. Cela n’améliorerait pas son quotidien. Bon, à la limite, ça expliquait certaines choses à son sujet, ça éliminait des hypothèses désagréables, du genre qu’elle aurait pu être la fille de Shaitan en personne. Mais non, yay ! Elle était juste une hybride née d’une très ancienne civilisation dont personne ne se souvenait et qui avait disparu à jamais. Non, vraiment, elle ne s’en faisait pas trop pour ça, et elle espérait que cela ne ferait pas trop de mal à Barry également. De son point de vue à elle, il avait une vie bien assez dangereuse et compliquée pour en plus se tordre l’esprit avec cette histoire. Même si dans son cas aussi, cela expliquait certaines choses. Et ce n’était pas si mal que ça, non, de savoir ? Même si la réponse était un peu étrange, voire pénible, mieux valait le savoir que l’ignorance.

Ils s’en allèrent donc, d’abord des souterrains, puis de la grande mosquée. Les flammes avaient progressé, mais son comparse avait raison : la ville ne brûlerait pas aujourd’hui. Elle hocha la tête, pensive. Ce n’était pas non plus aujourd’hui que l’assassin se ferait assassiner, ou qu’elle-même perdrait la vie – ironiquement, dans un grand feu de joie qui aurait emporté Jérusalem. Et pourtant, elle le sentait au fond d’elle : cette ville était mille fois condamnée. Elle était maudite et destinée à toujours être envahie, clamée, détruite, rebâtie puis détruite à nouveau – physiquement, mais aussi spirituellement parlant. Cela dit, ce n’était pas son problème. Son seul problème, à elle, c’était de décider ce qu’elle voulait faire de sa vie, désormais. Les paroles de Barry lui faisaient plaisir, mais elle souhaitait pour elle-même une vie indépendante. Si elle le suivait et retrouvait la sécurité de sa forteresse, elle profiterait d’une vie beaucoup moins désagréable que celle qui l’attendait si elle partait seule dans la nature, mais elle serait dépendante toute sa vie. Et cependant, y avait-il un autre destin pour une femme de la dépendance, dans cette vie ? Elle en doutait. Mais ça valait le coup d’essayer. « Merci pour votre proposition, et maintenant que je sais où vous trouver, je ne manquerai pas de venir vous voir. Je ne sais pas vraiment ce que je veux, ni même ce que cette vie a à m’offrir… » Elle soupira. Elle pouvait toujours revenir dans son village natal pour y ouvrir une boutique d’herbes médicinales et offrir ses talents de guérisseuse, mais elle savait que, à l’instar de sa mère, elle finirait par être considérée comme une sorcière. En soi, ce n’était pas grave, puisque c’était vrai, mais ça lui vaudrait le bûcher, et ça, c’était mal. « Promis, votre secret sera bien gardé. Et je sais que vous garderez le mien aussi. »

Elle voulait lui dire d’être prudent dans sa vie, de ne pas aller se faire tuer quelque part pour une raison qui n’en valait pas la peine, mais cette discussion-là, ils l’avaient déjà eue plus d’une fois et elle savait bien ce qu’il lui répondrait. Alors elle hocha la tête, la gorge serrée, et murmura : « Paix et sécurité, Barry. » Elle le regarda s’éloigner de son pas souple et alors que le calme commençait à revenir dans la ville – les cris d’alarme s’étaient tus et il semblait que les flammes étaient maîtrisées. Rien à voir avec ce à quoi elle avait assisté à Masyaf, martyre de la lutte ancestrale entre les assassins et les templiers. Elle inspira à fond. Elle pourrait commencer par ça. Elle pourrait donner un semblant de sens à sa vie comme ça, et faire ce qu’elle voulait et aimait faire sans finir sur un bûcher. Là-bas, tout était à reconstruire, et si elle ne voulait pas finir sa vie dans la forteresse, le village en lui-même était plein de promesse, et avait besoin d’elle. Autant qu’elle avait besoin de ce village. Barry avait déjà presque disparu dans la ruelle, au milieu des habitants, quand elle se mit à courir dans sa direction pour le rejoindre. Paix et sécurité, oui. Mais solitude, non, plus maintenant, plus jamais.

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