There's nothing in this world I wouldn't do

J’étais montée dans l’hélicoptère sans attendre, j’étais épuisée malgré les injections que les scientifiques et médecins de la base où j’avais atterri après plusieurs jours dans la nature avec Ray qui s’était débrouillé seul pour retourner chez lui. Et moi j’avais dû retourné à Métroppolis, j’avais été heureuse d’entendre la voix de N°1, j’étais épuisée physiquement, mentalement ça allait encore. Je m’installai à ma place en posant le casque sur mes oreilles en baillant longuement, je regardais les militaires d’un air fatigué et blasé. Je ne savais pas quoi dire ou quoi faire. Ce n’était pas forcément confortable un hélicoptère. Mais dès qu’il décolla mes paupières se fermèrent aussitôt et je m’endormis comme un bébé. Cela devait être un super pouvoir, j’en étais sûre. Puis j’avais besoin de sommeil.

Une main me secoua sans douceur et je rouvris péniblement les yeux en baillant. On arrivait. J’étais complètement décalquée… C’était moche. Il fallait bien que je me réveille avant de descendre. Je passais une main dans mes cheveux sales et emmêler. Je remerciais les militaires avant de descendre d’un pas souple et endormie de l’appareil. Il n’y avait pas mon frère, mais que des scientifiques… Super… Je voulais mon frère moi. Je me frottai les yeux avant de me plier à la visite médicale complète avec les injections, j’avais perdu beaucoup de poids, merci les mois en liberté, je ne dis rien, me laissant complètement faire, et une fois le check-up complet fait, j’eus le droit de prendre une douche complète, on en profita pour couper légèrement mes cheveux sans que je ne demande rien. Ça faisait du bien quand même.

Un dernier tour des scientifique et j’enfilais une tenue de laboratoire propre avant d’enfin avoir l’autorisation d’aller dans les quartiers de ma famille. De ce que j’avais compris, j’étais la dernière à rentrer. N°3 n’était jamais partit, et N°2 je savais qu’il allait bien. Mais N°1… Je poussai la porte de notre petite salle détente et j’eus un large sourire en voyant mon plus grand frère. Je fonçais vers lui avant de lui sauter au cou. J’enroulais mes jambes autour de son bassin en passant mes bras autour de son cou pour le serrer de toutes mes forces contre moi. J’enfouis mon visage dans son cou pour respirer à fond son odeur. Il m’avait terriblement manqué… J’avais été inquiète pour lui tout le temps où je ne savais pas ce qui lui arrivait. Je restai nichée dans ses bras en fermant les yeux, soulagée qu’il aille bien.

Je finis par redescendre sur terre, au sens propre comme au figuré, et je me mis à lui tourner tout autour pour m’assurer qu’il aille bien et qu’il n’était pas blessé. Moi ? Toqué sur la santé de mes frères ? Pas du tout. Je tenais juste très fort à eux. Je respirai profondément en le regardant.

« Tu vas bien N°1 ? Tu n’as rien ? Personne ne t’a fait du mal ?! Je… je … Je suis tellement contente de te voir. »

Je crois que mon gros câlin n’avait pas été assez clair il fallait que je le dise encore une fois. Mon ventre gronda avec violence, rappelant que je n’avait pas mangé équilibré depuis quelques mois.

Je souris à mon frère qui me rendait mon sourire. C’était rare de le voir avec un tel sourire. Il allait bien, il allait bien. Tout comme les autres. Tout le monde allait bien. Perdu et retrouvée. Je souris en riant quand il passa sa main dans ma tignasse. Sourire à mon frère, il m’avait manqué, mes deux autres frères aussi, enfin N°2 moins puisqu’il avait été avec moi durant tout ce temps.

« J’étais paumée en forêt. Dans le Nord. »

Non ça n’avait pas été forcément très agréable. Mais je n’avais pas spécialement envie de tout lui raconter de ce qu’il s’était passé avec Ray. Je profitais de l’étreinte de mon frère en fermant les yeux, frottant mon nez contre la peau de sa gorge. Je lui souris quand il me relâcha avant de me mordre la joue en cherchant comment j’allais tout raconter. Je préférais me diriger vers le petit self pour prendre à manger, j’avais faim. Je m’assis vite tout contre mon frère en avalant sans mâcher la bouillie de nutriment.

« C’est allé encore… J’étais pas toute seule, je suis d’abord tombé sur un vieux soldat reconvertit en flic, Wally nous a rejoints, puis une pote du vieux flic et N°2 était là aussi. On s’est débrouillé ensemble pour survivre ensemble… J’ai appris à faire des brochettes de viandes d’ours. C’est pas très bon… C’est le vieux légionnaire qui chassait, on était planqués en ville on se débrouillait pas trop mal ensemble. Ensuite… Ensuite… Je suis partie en exploration, seule, je suis tombée sur un doute d’une fille maniant l’électricité. J’ai un peu tout explosé, j’ai réussi à sortir une onde sismique ! Bon, j’ai bien bouffé pendant le combat, mais on a fini par la tuer. J’ai chargé mon alliée sur mon dos et j’ai escaladé les gravats pour sortir de la bouche de métros où on était. J’avais une plaie qui allait de la hanche droite à l’épaule gauche dans le dos. Ou l’inverse, je sais plus, on s’est un peu reposé et je l’ai ramené à la résistance. Sur le chemin j’ai dû tué quatre amazones en utilisant une onde de choc violente pour faire exploser leur cœur. Je l’ai ramené à son camp, je me suis reposé deux heures et après j’ai pris le chemin pour rentrer et c’est à ce moment… que je me suis retrouvée sur terre… J’étais paumée au milieu des bois j’ai mis du temps à rentrer tout ça. Puis ils m’ont fait une batterie de test après que j’ai contacté le labo, et après j’ai pas de souvenir pour le trajet en hélicoptère, je me suis endormie. »

Je lui cachais des choses… Je préférais ne pas lui parler tout de suite de Projet 13, ou de Ray. Mais il devait se douter que cela n’avait pas été simple, j’avais de grands cernes sous les yeux et j’avais minci. Je repoussai mon assiette vide que j’avais engloutis sans trop faire attention avant de boire longuement et de me frotter le visage.

« Fin… voilà… C’était pas simple de survivre là-bas… Mais j’étais pas toute seule, j’étais surtout inquiète pour N°2, toi… Les autres. Moi c’était pas grave, j’avais peur pour le vieux, il était malade, pour la jeune flic, pour Wally, N°2, toi… N°3… Et toi ? Qu’est-ce qui s’est passé de ton côté ? Tu me racontes grand frère ? »

Je glissai ma main dans la sienne en le regardant. Il avait l’air aussi fatigué que moi. Je posais ma tête contre son épaule sans rien dire, serrant juste doucement sa main pour le rassurer. J’étais là, j’étais là avec lui, j’étais rentrée. Et déjà j’avais envie de lapin grillé.

Je ne savais pas si mon frère était parti… Mais visiblement non. Je l’observai avec attention, il était le même, exactement, mise à part la fatigue, qu’il y a quatre mois. Quatre mois que moi j’avais vécu… C’était tellement étrange comme situation. Mais N°1 m’avait beaucoup manqué et je m’étais beaucoup inquiétée pour lui. Quoi de plus normal ? Il avait beau être dur, c’était mon frère quand même. Il avait fait beaucoup de choses pour moi, on avait fait beaucoup de choses tous les deux d’une manière ou d’une autre. Je l’aimais mon frère… Chacun de mes frères je les aimais. Et N°1… c’était parfois compliqué entre nous, parce que j’avais un caractère de merde, mais cela ne m’empêchait pas de l’aimer malgré des disputes. Alors je serrais doucement sa main dans la mienne en restant contre lui. Il me donna les dernières nouvelles et je fronçais les sourcils sans rien dire. La loi martiale… Crise sanitaire, sociale… Une pause… Je souris tendrement.

« Ils se sont dit que si je devais arriver toute seule au labo j’allais m’énerver ? »

J’eus un petit rire avant de lever les yeux vers lu avec une légère inquiétude. Le terrain ? J’avalais ma salive avant de baisser les yeux. J’aurais aimé pouvoir me reposer un peu. Je me frottais les yeux sans rien dire à ce sujet. Qu’est-ce que je devais dire ou faire… Je baissais les yeux avant de soupirer un peu.

« J’aurais aimé dormir un peu… Mais je vais pas me plaindre… Je suis rentrée en vie et il faut bien que je fasse mon travail. Même si j’ai peur de ce qu’il peut se passer maintenant. Déjà que je tenais pas toujours à la perfection mes pouvoirs, alors maintenant qu’ils continuent d’augmenter… Enfin, je serais là si on a besoin de moi. »

Même si, je ne savais pas trop en quoi mon pouvoir serait utile à cet instant. Je baillais à nouveau en regardant le plafond en remuant le nez à nouveau. Je n’aimais pas mentir à mon frère… Vraiment pas et je soupirais longuement.

« J’ai croisé… Projet 13 aussi. On s’est battu ensemble pour libérer des humains. »

Aucune idée de quelle terre ils étaient, on avait juste fait ce qu’il fallait. Je fronçais légèrement les sourcils à ce souvenir. J’avais rentré dès que j’avais pu son numéro dans mon portable pour ne pas l’oublier. Je n’avais pas envoyé de message à personne encore, il fallait que je le fasse. Je fermais à nouveau les yeux en repensant au patpat de Conner. Je rouvris les yeux en regardant le plafond à nouveau avant de regarder mon frère. Je fronçais les sourcils avant de reprendre la parole avant de sourire amusé.

« C’était étrange de dormir dehors ou ce genre de chose. Mais vraiment formateur. Je pensais pas qu’un jour je ferais ça si vite. J’avais vraiment peur qu’il te soit arrivé quelque chose. Même si N°2 a dit que tu étais assez grand pour gérer tout seul… Enfin… c’était ça le plus dur… Gérer le stress parce que j’avais peur pour les autres. »

Je serrai plus fort sa main dans la mienne en inspirant profondément, j’avais pas envie de pleurer, mais les derniers mois avaient été lourds pour mes nerfs, et ma crise de nerfs quand j’avais affronté l’autre double… Je fronçais les sourcils.

« Ça fait… bizarre d’être de retour… »

J’observais mon frère sans rien dire, cherchant ses réactions.

Je ne pus retenir la phrase qui jaillit de mes lèvres.

« Super… Les injections… Ça m’avait manqué. »

L’ironie était plus que palpable dans ma voix. Je détestais les injections. Une fois sur deux ça se passait mal… Surtout pour ma tronche. Alors… rêver que j’en aurais pas… Pendant quatre mois j’avais été tranquille et je n’avais subi aucun syndrome de manque. Enfin, j’en avais peut-être subit, mais avec l’adrénaline peut-être n’avais-je pas senti ? Ou alors les vomissements du premier soir n’avaient pas été dû à la viande d’ours ? Je fronçais les sourcils en plantant mes dents dans mon pouce avant de me frotter les yeux.

« Enfin, j’ai tout cela demain matin à la première heure. »

Je pouvais dire adieux à ma grasse matinée. Je hochais la tête en écoutant N°1. C’était derrière moi… Projet 13… Conner. Mes frères allaient bien. Bientôt je trouverais un moyen de partir et de te rejoindre. Comme promis. Je réussirais. Mes frères allaient bien… Je souris à la remarque de N°1 et hochai la tête. Le bordel avait été colossale de partout. Je baillais un peu avant de me lever.

« L’essentiel… c’est qu’on aille tous bien. T’inquiète pas Grand-frère. Tout ira bien. Je te le promets. T’as plus à t’inquiéter pour moi. »

Je lui souris avant de m’approcher pour prendre son visage entre mes mains et poser mon front contre le sien en caressant son visage avec un petit sourire triste.

« Tout ira bien N°1… T’inquiète pas. Je vais aller dormir, et on se retrouve demain. »

Je lui embrassai le front avant de le serrer une dernière fois dans mes bras et de me diriger vers la sortie, les ongles plantaient dans mon bras, où se trouvait la minuscule cicatrice des injections. Je fermais les yeux en passant mon badge sur l’ouverture de ma chambre. Rien n’avait changé. J’observai mon ordinateur sans l’allumer avant de me laisser tomber sur le lit, puis sur le côté. Je fermais les yeux avant d’expirer à fond et de rouler sur le dos. J’ôtais mes chaussures du bout des pieds avant de tendre la main pour accéder au panneau de contrôle et d’éteindre les lumières. Je fermai les yeux avant de laisser mes ténèbres m’engloutir.


Les gardes me prirent par les bras en me traînant en arrière alors que Cole me jurait qu’il n’y était pour rien. Je me débattais en essayant de me défaire de leur emprise. Je finis par y laisser, littéralement, ma chemise alors qu’ils me poussèrent à l’intérieur de nos quartiers avec mes frères et la porte claqua derrière moi avec le clic indiquant sa fermeture. Je poussai un cri de rage en frappant dans le panneau. Et la brûlure de l’injection me rendait dingue. Je me redressai avec difficulté. Cette brûlure… Elle me revient en tête… Quatre mois. En quatre mois j’avais réussis à me débarrasser de ce truc… Et ça revenait en force. Je me redressai avec difficulté avant de m’appuyer avec difficulté sur les murs avant de me diriger vers la salle d’entraînement. Je titubai comme je le pouvais jusqu’à la-bas avant de me redresser et me mettre à frapper dans le sac comme-ci c’était la tête de Waller. Je poussais un hurlement de rage et le sac de frappe s’envola pour frapper le mur. Oups. Une onde. Mais je n’étais pas mieux. J’allais toujours mal… Et cette saloperie qui me brûlait de plus en plus ! J’en devenais dingue.

Je me retournai vers la voix avant de me figer en regardant N°1, mais surtout les cicatrices de son torse. Qu’est-ce qu’ils lui avaient fait ?! Ma colère grimpa d’un cran et je fermais les yeux pour ne pas exploser. Je passais une main sur mon visage sans rien dire avant de m’approcher à pas chancelants de mon frère. Je caressais distraitement cette boule de poil que j’aimais beaucoup. Je posais une main sur le torse de mon frère avant de soupirer. J’étais toujours folle de rage, mais le voir blessé me fendait le cœur. Mais c’était à cause de Waller aussi s’il souffrait. Je fermais étroitement les yeux en posant ma tête contre son torse en me contenant avec difficulté. Je m’écartai en passant une main dans mes cheveux. Je ne me sentais pas bien, le produit brûlait affreusement.

« Cette… Cette… »

Je ne trouvais pas de mot pour définir Waller. J’avais la voix qui tremblait avant de regarder N°1.

« C’est à cause d’elle hein ?! Ils t’ont changé quoi cette fois ? »

J’étais pas assez stupide ou naïve pour ne pas savoir que les drogues et tout ce qu’il se passait dans son corps pour ne pas savoir qu’il devait souvent passer sur le billard. Et ça aussi ça me rendait dingue… Je reculai à nouveau avant de m’asseoir sur le punching-ball et de passer une main sur mon visage. J’avais l’impression que je brûlais de l’intérieur. Je me mordis la joue un moment avant de parler.

« Cette… face fripée de pruneau ! De Waller ! On est allés recruter quelqu’un pour elle… Maeve, OK… On s’est foutu un peu sur la gueule, mais vraiment rien de bien méchant… Enfin… j’ai juste démonté un bar à coup d’ultrason, mais… comparé à ce que je peux faire… voilà. Et elle a finalement accepté de nous suivre. Et là à l’arrivée… On s’est fait accueillir à coup d’un escadron de garde, moi j’ai eu le droit d’être enfermé dans la voiture, et elle s’est prit un coup de crosse alors qu’elle avait rien fait ! Et moi une putain d’injection… Et Maeve avait rien fait ! Absolument rien fait ! »

Je me frottai le visage. Je ne savais pas comment insulter Waller. Rien… je n’avais rien comme insulte. Je m’essuyais le nez avant de lever mes doigts maculer de sang. Putain… Ça faisait longtemps que ça m’avait pas fait ça. Et je ne décolérais pas, je n’y arrivais pas. J’avais mal. Je me forçais à regarder mon frère en contenant ma colère et mon pouvoir.

« Et toi ? Qu’est-ce qu’ils t’ont fait… »

Je posais une main sur son torse, rassurée de sentir les battements de son cœur dans ma main. Je m’en voulais… Je ne voulais pas qu’il souffre ou quoi que ce soit. Je ne touchais Ser Grifouille. C’était son chat à lui, et j’étais jalouse de ça… Mais c’était lui qui s’en occupait. Sauf quand il n’était pas là. Je massai mon bras comme-ci cela pouvait faire passer la douleur, mais la brûlure était encore là. J’en avais marre de cet endroit… J’enfouis ma tête sous mes bras comme pour enfer la colère.

« Je la haïs. »

C’était sa faute à elle tout ce qu’on subissait.

Réparé ?! Je sentis une nouvelle bouffée de rage monter. Mon frère était pas une putain de Machine ! J’avais envie de le frapper quand il disait ça. Était-ce vraiment moi ? Ou la douleur de ce qui coulait dans mes veines qui me faisait penser et agir comme ça ? Brainiac tout ça… Fort… Si nous restions les bras croisés ? Je pouvais lui hurler qu’il ne comprenait pas la situation, qu’il ne savait pas ce que je ressentais, mais c’était faux. Il le savait. Mais ce n’était pas une raison pour… pour… pour quoi d’ailleurs ?! Je ne savais même pas moi-même. Brainic, tout ça… Tu parles qu’on allait être utile. On allait… Les mots de Conner me revinrent en mémoire. Je secouai la tête :

« C’est pas le problème d’être fort N°1 ! C’est d’être juste et honnête ! Et de toute façon on sera prêt tout ça. T’inquiète que la vieille figue va faire en sorte d’améliorer ses petits jouets. »

J’avais un ton venimeux avant de frotter mon bras où on m’avait piqué. Ça faisait de plus en plus mal ! Vraiment horriblement mal. Je voulais que ça s’arrête. Je me retiens de justesse pour ne pas me mettre à me balancer d’avant en arrière. Je pressai mes doigts dans la chair de mon bras en respirant entre mes dents serrées. J’avais l’impression que c’était en train de monter dans mon crâne… Je sentis le sang couler à nouveau de mon nez et un léger sifflement arriver dans mon crâne. Il fallait que ça s’arrête, il fallait que ça s’arrête. Maintenant.

« Ça brûle N°1… Ce qu’ils m’ont injecté… Ça brûle… Je veux plus d’injections, ça fait trop mal… »

C’était une belle utopie de ne plus avoir d’injection. Pendant quatre mois… j’avais vécu sans et je m’étais sentie bien, vraiment bien. Et là on me piquait à nouveau et j’avais l’impression que je brûlais vive de l’intérieur. Comme quoi les injections c’était pas pour moi bien. J’avais presque l’impression de sentir mon pouvoir vibrer autour de moi. Je ne voulais blesser personne, c’était trop dangereux. Je pouvais bien utiliser mon pouvoir pour m’assommer… C’était peut-être une solution ? Je regardai N°1 un court instant avant de lui ordonner d’un ton sans réplique :

« Assomme-moi tout de suite ! »

Je levais ma main vers ma propre tempe pour m’envoyer une onde de choc assez forte pour me faire perdre connaissance. Mais il valait mieux être prudent, très prudent. Surtout quand on savait ce qu’il pouvait se passer quand je pétai un plomb. Alors non, la prudence était de mise avec moi… Véritablement. Alors il ne fallait pas que N°1 hésite à frapper vite et fort. Il le savait, ce n’était pas un petit coup de poing qui pourrait véritablement me blesser. Et il pouvait mettre toute sa force il fallait ça pour que j’arrête d’être dangereuse. Ça ou il avait sur lui une seringue et de quoi m’endormir brusquement. C’était aussi une solution comme une autre.

Mon frère avait refusé de m’apporter l’absolution. Il me refusait tout. La haine s’engouffra en moi et à cet instant je me vis me jeter sur lui pour lui arracher la tête. Encore plus quand il ferma la porte. Je me voyais lui exploser la tête, que sa cervelle se répande sur le sol… N°4. Six mois sans ce nom. J’en avais presque oublié ce que cela faisait… N°4. J’avais appris à le supporter ce prénom, mais je me rendais compte, au plus profond de moi… que je le haïssais. Je ne voulais pas être qu’un petit numéro qu’on m’avait tatoué sur une oreille. Je levais le regard vers mon frère… Était-ce encore mon frère ? Il était de leur côté… Pourquoi n’avais-je pas pris la main de Conner ? Pardon Conner… j’aurais dû… N°1… Toi tu l’aimes ce nom… Est-ce toi tu m’aimes vraiment ? Est-ce que tu m’aimes… comme moi je t’aime, j’ai renoncé à cette main… parce que je voulais m’assurer que tu étais vivant. Et toi… Comment est-ce que tu me vois ? Est-ce que tu me vois vraiment comme ta petite sœur ? Ou comme une arme ? Comme tous les autres ? Je me levai, en titubant sous la douleur avant de poser mes mains sur le mur en tournant le dos à mon frère.

Je poussai un hurlement où je mis toute ma haine, toute ma colère, ma douleur, ma tristesse. Mon pouvoir se déchaîna. Non pas autour de moi, mais vers moi, dans le mur. Je percevais les ondes électromagnétiques s’enrouler autour de moi pour me protéger alors que dans le mur, dans toute la structure peut-être ?, toutes mes ondes, sonore, de chocs, tout. Je vidai tout, tous les souvenirs que je pouvais avoir, tous les mauvais, et il y en avait des paquets. Tous les jours loupés, toutes les crises de nerfs, les douleurs, les tristesses, le manque, l’absence, Conner… tout et n’importe quoi… Je déchaînai tout et la douleur n’aidait pas à rester calme. Je sentais les ondes dans mon dos brûler ma chair, la trancher… Je voulais juste que tout s’arrête. Je voulais être Analia… Pas N°4… Je ne voulais plus ce numéro… Conner, Wally… Le sourire et les blagues de Wally. Ce fut les souvenirs autour du feu de camp, pendant tous ces mois me revinrent.

La tempête se calma, je sentis les larmes couler sur mes joues et me rendis compte que du sang dégoulinait de mon ventre et de mon dos. Je baissai la tête et je compris en voyant le sang dégouliner sur mes cuisses. Il y avait trop de douleur dans mon corps pour savoir… J’observai un instant la blessure allant d’un côté à l’autre du ventre, juste au-dessus de mon nombril, de la pointe d’une hanche à l’autre. Et c’était plus que profond… Je le savais, pour la quantité de sang, en plus du sang dans le dos. Je fermai étroitement les yeux, cela ne m’avait pas apaisé. Je voulais que ça s’arrête… Je voulais sentir le soleil sur mon visage… Je voulais plus ces injections. Je frappai du poing contre le mur :

« Je m’appelle Analia… »

Soufflais-je pour moi-même avant de me laisser glisser sur le sol en fermant les yeux. Je ne voulais même plus voir mon frère. Pouvait-il encore s’appeler frère quand il laissait sa sœur souffrir ?

’eus un rictus sans ouvrir les yeux. Analia… Moi j’aimais ce prénom… C’était doux… Analia… N°4… Ce n’était qu’un début de série… Un truc, un objet… Analia… Un nom était un nom, c’était à nous de mettre ce qu’on voulait dedans. Peut-être aurait-il mieux valut que je n’ai que ce nom… Je n’aurais été une déception pour personne. Un filet de sang coula le long de ma bouche, je sentis le regard de mon frère sur moi et j’entrouvris les yeux pour le soutenir. Un projet… une chose… Il ne faisait que confirmer ce que j’étais. Je cillais en le regardant, peut-être alors n’avais-je plus de famille. Peut-être était-ce le mieux ? Je soutiens son regard sans rien dire. Si… j’avais fait des efforts… Des efforts invisibles pour eux, terriblement pesant et difficile pour moi… Lui faire confiance ? j’eus un rictus plus appuyé.

« C’est pas le ventre que mon pouvoir aurait dû m’ouvrir… C’est le cœur. T’aurais plus eu à supporter la déception que je suis. Et si je pouvais… j’arrêterais ma régénération… »

Pour que tout s’arrête, tout… Jusqu’aux battements de mon cœur, jusqu’à la voix de mon frère. Tout. Je ne pouvais plus supporter ce système, moi-même… Plus rien. Je voulais juste que ça s’arrête. Personne n’arrivait à le comprendre. Même au psy d’ici je m’étais complètement fermée. Je ne disais plus rien, ça ne servait à rien, je disais juste ce qu’on attendait de moi. Mais ma vie avait commencé sur terre quatre… La découverte d’un autre monde… Tout. Je soutiens le regard de mon frère, toujours ce rictus sanglant aux lèvres. Personne ne comprenait ici, je n’étais pas fait pour ça.

« Tu ne comprendras jamais tous les efforts que j’ai faits… Parce que chez toi c’est simple… Mais pour toi, je serais toujours une déception… Pour toi… Pour tout le monde. Je serais jamais comme ils le veulent… Parce que c’est des efforts que j’ai beau faire… Ça ne marchera jamais chez moi. J’aurais dû mourir… le jour où ils m’ont conçu… »

Et oui, je le pensais vraiment. Je pensais chaque mot que j’avais dit, je soutiens son regard avant de souffler encore une fois :

« Je suis prisonnière de ma propre tête… »

Et il n’y avait pas meilleure prison, j’observais les scientifiques, leurs seringues… Je les haïssais tous, je voulais tous qu’ils crèvent… Est-ce que si je faisais une attaque suicide ? Trop tard, je sentis la seringue se planter dans mon bras. Je soutiens le regard de mon frère sans plus rien dire, je sentis les tentacules de l’obscurité m’entourer et quelque part j’espérais que mon facteur régénérant ne fonctionne plus.

Le blanc du plafond me fit mal aux yeux. J’avais la bouche emplit de coton, enfin c’était une impression plus qu’une réalité, je n’avais plus mal nulle part… Et malheureusement… J’étais en vie. Fait chier… J’avais foiré mon coup. J’étais seule, mais sous surveillance. J’attrapai mon portable avant de l’allumer d’une impulsion. J’envoyai quelques messages avant d’effacer toutes les conversations que je venais d’avoir et de le poser, éteint, lorsqu’une personne entra.

Je fixais le psychologue avant de ricaner et de fermer à nouveau les yeux sans rien dire. Je l’entendis parler, mais je ne l’écoutais pas. Il ne servait strictement à rien cet homme. On le payait pour être la plante verte. Ah… le job de rêve, être une plante verte… Je préférais regarder le mur, le plafond. J’entendais à peine ses remarques et ses accusations. Ouais… ouais… La ferme. Je n’avais pas envie de l’écouter. Je finis par me redresser sans le regarder alors qu’il s’énervait encore. J’attrapai un t-shirt pour le passer par-dessus mon débardeur. Je secouais la tête pour chasser mes cheveux et les tresser soigneusement, toujours sans l’écoute. Confiance, respect, accepter de faire des efforts… Tu allais tellement finir enfoncé dans un mur pauvre con. Il eut un long soupir et me tendit une enveloppe, visiblement quelqu’un lui avait passé pour moi. Il y avait mon nom dessus. Je fronçais les sourcils et l’ouvris du bout de longue.

La bague de Sergei tomba dans ma paume sans que je comprenne réellement. Je ne voulais pas comprendre. Je ne voulais vraiment pas comprendre. Sergei ne pouvait pas mourir ! C’était impossible ! Non ! Pas Sergei ! C’était un homme fort il avait survécu à tant de chose ! Il ne pouvait pas mourir maintenant ! Je voulais le revoir ! Je voulais revoir Sergei, Wally, Conner… Mais les inscriptions sur la bague ne me trompaient pas. Je levai les yeux vers le psychologue avant que mon pouvoir n’explose au moment où je me jetai sur lui pour le plaquer au mur par le col, la bague serrait dans mon poing. Mon pouvoir se déchaînait dans toute la pièce frappant avec violence dans les murs, creusant de larges balafres, des éclairs dansaient autour de nous et le sol tremblait avec violence autour de nous.

« MENTEUR ! MENTEUR ! MENTEUR ! QUI TE L’A DONNÉ ?! QUI A VOLÉ SA BAGUE À SERGEI ?! RÉPONDS ! SERGEI NE PEUT PAS MOURIR ! QUI LUI A VOLÉ QUI LUI A FAIT DU MAL ?! C’EST ARGUS HEIN ?! »

Je le tenais l’homme par le col toujours en le pressant contre le mur, folle de rage. La porte s’ouvrir derrière moi et je tournais la tête vers les gardes. Mes ondes se dressèrent en bouclier et une autre les repoussa en arrière. La bague de Sergei toujours en sécurité dans ma paume, à croire qu’elle allait s’y incruster. Et je pleurais à nouveau. Sergei ne pouvait pas être mort ! C’était un ours russe ! Il. Ne. Pouvait. Pas. Mourir ! Je remarquai vaguement que l’homme commençait à suffoquer et je relâchais l’homme. Pardon : je le lançai de toutes mes forces vers les soldats sans douceur. Mes ondes continuaient de virevolter, autour de moi en repoussant les soldats et en me protégeant. Je n’avais même pas pus le revoir… Je n’avais pas pu être là… Je n’avais même pas pu l’aider. Et ça faisait terriblement mal. Il n’avait pas le droit de me faire ça. Je voulais sortir d’ici… Je vis clairement les gardes tirer le corps inerte hors de la pièce. Je détournais les rayons de lumière de ma personne, créant une protection alors que je laissai mes ondes se déchaîner par ma douleur. Je pleurais en silence.

D’un geste de rage j’essuyais les larmes qui roulaient sur mon visage, serrant encore plus fort le poing autour de la bague. J’avais assez pleurer… Je me souvenais bien des soirées avec lui, quand je n’arrivais pas à dormir et que je venais passer du temps avec lui autour du feu l’écoutant parler et parlant moi-même de ma vie. Ça arrivait souvent que je m’endorme après, nichée contre lui, la tête sur ses genoux en me sentant bien, ou mieux. Avec Sergei… Je ne saurais pas expliquer, mais je m’étais sentie en sécurité avec lui, il avait des manières d’ours russe, ce n’était pas pour rien que je l’avais surnommé « medved' », ours en russe. Alors je ne devais plus pleurer…

Je me tournais vers l’Agent d’Argus qui entrait dans la pièce. Cette fois il ne regardait pas dans la bonne direction. Il fixait même l’opposée. Je me déplaçais lentement, gardant la bague dans ma main, levant les yeux vers le plafond. Sergei… Mes soucis d’humeurs… Il en avait des bonnes lui. Ce n’était pas volontaire, personne, même pas moi, savait comment s’y prendre. La seule chose qui me calmait c’était la musique, à fond, dans un casque, et une grande bulle de solitude, de calme… Pas qu’on vienne me titiller pour tout et n’importe quoi. Tout le monde avait cru que ce problème pouvait être traité par-dessus la jambe. La bonne blague, ce n’était pas quelque chose qu’on pouvait juste ignorer. Et je savais très bien que mon contrôle sur mes émotions que je travaillais uniquement par confort par moi-même n’était pas parfait. Une arme… Sédaté, ça me voulait plus rien dire pour moi. Je m’en moquais. Réglés des soucis d’humeur. Autant me tirer une balle dans la tête, ça ira plus vite. Je me déplaçai en crabe et à nouveau il se mit à parler en fixant le mur. J’observais la caméra que j’avais aussi fini de griller. La pièce était dans un piteux état. Pourquoi ne pouvais-je pas tout détruire ? J’observai la nuque de l’agent sans rien dire, toujours en me déplaçant en silence, en évitant les débris pour rester invisible.

Je ne dis rien à son récit dramatique. Il aurait mieux fait de rester dehors, j’étais sûre qu’il aurait été plus heureux. Je levais les yeux au ciel et je pensais à Wally à Sergei, mais aussi Emily… Conner… Conner ne m’aurait pas laissé derrière. Ray aussi… Teddy ? Sans aucun doute. C’était faux, tout le monde n’était pas comme ça. C’était des gens biens avec qui j’avais passé des soirées agréables. Des vies parfaites, la blague. Était-ce ça une vie parfaite ? Une vie aseptisée ? Non, je préférais une vie dehors qu’une vie ici. Tendre ? Faible ? Je l’avais été aussi, de croire qu’il m’aimait vraiment cet agent. Il avait une bombe ? Difficulté ? Efforts… Ça ne voulait à nouveau plus rien dire pour moi. J’avais trop donné pour qu’à chaque fois on m’en demande bien au-delà de ce que je pouvais fournir. C’était sans doute un abandon, mais je savais que je devais partir, fuir cet endroit maintenant. Et cette bombe… Qu’est-ce qu’il voulait que je fasse ? Il l’avait dans le crâne ? OK. Moi j’avais rien demandé. Je haussai un sourcil à sa remarque et mon rire amère rebondit dans toute la pièce, impossible de me localiser par le son. Surtout que je continuais à me déplacer.

« ARGUS a détruit notre famille Agent N°1. Accuse-moi des maux du monde, de tes propres maux de tout ce que vous souhaitez Agent N°1. Au point où j’en suis accusée même moi de la venue de Brinniac, mais sachez une chose, je vous l’ai caché, mais pendant quatre mois à l’extérieur, je n’ai fait qu’une seule et unique crise de nerfs. Et j’aurais pu ne jamais revenir j’en ai eu la possibilité. Et pourtant… Je suis revenue pour m’assurer que vous alliez bien. »

Histoire d’enfoncer le clou, je tournais la tête vers la porte quand elle s’ouvrit. Capteur de chaleur, je ne pourrais pas faire grand-chose, je le savais. J’eus un soupir et me recouvris de mon bouclier et même avec ça, je sentis la seringue se planter dans ma gorge et le produit se répandre dans ma gorge. Je sentis l’obscurité m’engloutir et la bague glissa de mes doigts malgré mes tentatives pour la retenir dans mes mains, Sergei me donna une grande tape dans le dos quand je fus plongée dans le coma. Je le savais, dans les comas artificiels l’esprit se stimulait en créant des situations et des faux souvenirs. Et pourtant je sentais toujours mon corps être manipulé et sanglé sans douceur. Je souris à Sergei.

« Salut medved’ »