Sois temoin Tournesol de cette Tournelune qui rencontre enfin mère la lune.

"Sois temoin Tournesol de cette Tournelune qui rencontre enfin mère la lune."

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

     Douce petite amertume qui survient ces nuits alors que le sommeil me manque. Impuissante face à cette insomnie, je prenais conscience qu'au fond de moi, je n'avais toujours pas réellement réussi à accepter le fait que j’étais la cause de mon propre mal. Ou au contraire, peut-être bien que le fait de le savoir m’empêchait de retrouver le sommeil. Comment savoir si oui ou non, Asakku n'en profitera pour infiltrer mes rêves de nouveau. Et si cela devait arriver, je serais impuissante sans la protection directe de la magicienne. Cela fait maintenant deux nuits que les dernières protections de Zatanna ont lâchées. La magicienne n’a pas eu d’autre choix que de m’initier à la sorcellerie afin de pouvoir faire l’incantation d’un sortilège bloquant l’apparition de ses rêves. Seulement, même si j’ai été témoin des facultés de Zatanna, j'étais un peu perplexe quant au fait que je sois moi-même capable de faire usage d’une des formule qu’elle utilise.
          Je me dis que peut-être à cause du fait que je ne crois pas être capable de faire usage de cette magie, je vais probablement forcément échouer. Par conséquence, j’ai peur de dormir comme à l’époque. Peut-être que sa formule marche, mais je me sens moins en confiance avec le fait qu’elle soit récité par moi-même. Je ne sais pas quoi faire actuellement, je n’ai pas le courage de dormir, malgré que je récite chaque soir l’incantation au cas, je finirais par m’endormir sans m’en rendre compte. Et puis même si l’incantation marche, combien de temps allait-elle pouvoir contenir les rêves, les deux dernières protections ont rendu l’âme, leur efficacité étant pourtant réelle au début. Regardant l’heure sur le phone d’un de mes collègues, je leur fais signe pour annoncer un break bien mérité. On bosse depuis ce matin sur la préparation de notre prochain show, la fatigue et le stress commençaient à lentement influencer sur nos humeurs… Bien que pour mon cas, ma fatigue était présente bien avant cette séance au studio.

       Marchant en direction de l’épicerie, je fixais un moment ce ciel gris qui semblait prêt à inonder les rues de Gotham de ses larmes célestes. Mon attention se reporta sur la terre ferme que lorsque je rentrai sur une personne immobile, lâchant un désolé presque cracher avec une indifférence à peine camouflée. Je continuai mon chemin, mains dans les poches avec cette nonchalance dont j’avais sans doute le secret. Une fois dans l’épicerie, je ne pris que quelques secondes en franchissant les rayons, à repérer une gamine que je commençais à connaître, postée toujours au même endroit. Peut-être même m’étais-je inconsciemment dirigée vers ce rayon comme ayant cette idée étrange que je l’y croiserais de nouveau. Oui. Comme si une routine ingrate s’était imprégnée de cette réalité à l’origine de notre rencontre. Je venais à penser que cette gosse insouciante, était sans aucun doute une véritable casse-pieds. Je pense et j’ai sans doute toujours pensé que les gosses étaient des casse-pieds de première, mais je pensais qu’elle l’était encore plus que les autres.
     Elle devait l’être pour foutre en l’air ma charité alors que je lui ai tendue la main par deux fois… Sale gosse ! Je m’avance vers elle en songeant aux deux premières fois que je l'ai rencontré ici même. La première fois, elle s’était faite choper à voler dans le magasin, j’ai pris pitié et j’ai prétendu que je comptais payer en réalité. Ensuite, la seconde fois, c’est moi qui l’ai prise la main dans le sac, j’ai de nouveau pris pitié et j’ai négocié pour lui payer un vrai truc à manger. Il faut dire que les deux premières fois, je ne me suis pas plus intéressée à elle, car je ne pensais jamais la revoir. Mon cul… Elle se retrouve encore poster devant ce rayon. Sérieusement, je venais à me demander, pourquoi elle insistait autant avec ce rayon à la con, dans cette épicerie le plus pétée de Gotham. Elle est sans doute sans espoir. Un cas désespéré de délinquance. Le genre que la société rejette et que les citoyens ignorent grand volontiers afin d'avoir l’esprit en paix. Chier. Je devais sans doute être un cas particulier pour vouloir m’accommoder de ce genre de gosse moi qui n’étais pourtant guère à l’aise avec les enfants.

            Je lui pris tous les paquets qu’elle avait dans les mains sans lui demander son avis, la fixant elle et son regard inexpressif. « Je te les paye, sale gosse. » Dis-je en mettant le tout dans mon panier, ma voix calme et posée, presque douce, sans doute dû à la fatigue, contrastait avec les mots employés. Je détournais le pas en ajoutant. « Tu veux quoi d’autre ? Ajoute-le au panier ! » Je devrais ignorer cette source à problème et me mouler à la société en rejetant les gosses de son espèce et pourtant, je n’y arrivais. Récupérant quelques sandwiches pour moi-même au passage.

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Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

     Le destin doit sans doute être manipulé par une bien étrange garce, s'amusant à entremêler les destinées des pauvres mortels que nous sommes. Sinon quelle chance avais-je de retomber sur cette petite morveuse ingrate, ici dans cette boutique pour la troisième fois depuis notre première rencontre ? Tentant à nouveau de faire ce pourquoi elle a été attrapée les autres fois. Il était plus qu'évident qu'elle n’était pas douée pour chaparder de la bouffe, elle avait en plus un faciès plus que suspicieux. Quel genre de gamin de son âge pouvait être si inexpressif ? Loin de moi l’idée de prétendre connaître les gamins, mais je suis persuadée que son manque d’expression est plutôt anormal. Soit ils s’affichent des bouilles adorables, soit ils ont des têtes de cons si je peux me permettre. Bref, l’expression de cette gamine n’est ni l’un, ni l’autre. Il va tout de suite inspirer une forme de quiétude dans le cœur des gens qui du coup, la garderont à l’œil.
         Pour la troisième fois, je me retrouve à tomber sur elle dans cette boutique et dans la même situation que les fois précédentes. Elle n’apprend décidément pas de ses erreurs et surtout, survole royalement la charité des autres. Et pourtant, je me retrouve à vouloir pour la énième fois, aider cette gamine dont je ne sais rien. Très franchement, je ne comprends pas mon comportement. Mais après, il n’y a pas grand-chose que je sais de moi depuis ma perte de mémoire et je me découvre encore aujourd’hui, donc rien d'étonnant en soi. Alors que je commence à chercher ce que je pourrais prendre pour moi, la gamine me pose une question qui me fait lâcher un soupire moqueur. « C’est à moi de poser cette question. Bordel. » Chuchotais-je à moi-même. « Et toi ? Pourquoi tu fais ce que tu fais ? » Lui demandais-je cette fois tout en continuant à prendre ce dont j’avais besoin pour ma pause et surtout, pour la soirée à venir.

         Jusqu’à présent, je ne trouvais pas la nécessité de connaître cette gamine, car après tout, ce n’était qu’une étrangère que je n’allais sûrement plus revoir de si tôt. C'était ce que je me disais. Je ne me suis jamais trompée si fortement, car je n'ai fait que de croiser et recroiser cette enfant. Une enfant qui engage en plus pour la première fois la conversation avec moi. Et si elle tenait à savoir pourquoi je suis telle que je suis avec elle… Eh bien, autant que je fasse l’effort de la connaître aussi. C’était donnant donnant.  Je devais reconnaître, que cela m’avait légèrement surprise. Je pensais qu’elle était muette, alors qu’en réalité, elle possédait juste une personnalité taciturne. C’était bel et bien une enfant difficile à cerner et étrangement, tous les points qui concernent sa façon d’être, m’intriguaient énormément chez elle. Forcément, j’avais davantage envie de connaître son histoire pour comprendre pourquoi elle est telle qu’elle est aujourd’hui.
      Cependant, je me voyais pas encore lui poser ce genre de questions si personnelles, pas tant qu’elle ne souhaitait pas encore s’ouvrir. « Va te prendre de quoi grignoter pour plus tard, histoire que tu ne reviennes pas chaparder à nouveau dans quelques heures. »

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Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

     Honnêtement, si l’on me demandait ce que je pense des enfants, assurément je vous répondrais que je les déteste autant que ces araignées qui entrent par effraction dans ma piaule et Dieu sait que je hais les araignées tant elles m’angoissent. Du coup, à chaque fois que j’ai à faire à un gosse, je me sens stressée et bien plus fermée et froide que de nature. Et je ne serais pas expliquée d’où prend son origine cet état, tout comme je serais incapable de comprendre pourquoi je ressens le besoin de lui venir en aide alors que je ne sais finalement rien d’elle. Je n’aime pas l’idée de dire qu’en moi, il y a un instinct qui subsiste depuis peut-être bien avant ma perte de mémoire, car cela insinuerait que ces états d’esprit, ou plutôt ces traits de caractères appartiendraient à celle que j’étais avant cette même perte de mémoire. Et comment dire, même si j’ai quelque part envie de connaître qui j’étais, je n’ai sans doute pas envie de perdre celle que je suis aujourd’hui.
           Je veux dire, j’aime être Faith, la gothique, la chanteuse, l’alcoolique… Ouais. Est-ce que cette femme que j’étais avant aimait la chanson ? Voire aimait-elle chanter ? Merde et son style vestimentaire, qu’était-il ? Très sincèrement, je veux savoir qui j’étais. Oui. Mais pas pour redevenir celle que j’étais avant, car je suis comme je suis et je m’imagine difficilement devenir quelqu’un d’autre à nouveau. Bref, je m’éloigne du sujet principal qui n’est autre que cette gamine qui n’a finalement pas accès à la partie morale de sa conscience. Parce que sa réponse iconique au fameux "pourquoi elle commet ce genre de méfait à son âge" et simplement parce qu’elle a faim. Merde. Très clairement, elle n’a reçu aucune éducation, c’est comme si elle avait grandi sans même connaître les règles de conduite en société, ce qu’on apprend avec l’aide de parents attentionnés. Je dirais même que lorsque je le vois telle qu’elle est, c’est comme si elle était livrée à elle-même.

         Je la fixais donc un moment, perplexe avant de reprendre ma course. Enfin, quelque part, elle a dû recevoir une éducation, vue qu’elle me vouvoyait très courtoisement. « Arrête de me vouvoyer. » Lui demandais-je d'ailleurs, avant de me retourner vers elle. « J’en sais rien figure-toi, je me pose déjà mentalement la question si tu veux tout savoir. » Je relevais la tête plongée à travers mes pensées, c’était décidément étrange ce que je ressentais concernant ce qui me traversait l’esprit à propos de la gamine. « J’ignore ce que tu as traversé pour en arriver là, peut-être que je m’en fiche quelque part… Mais... » Je me dirige vers la caisse et rajoute, alors que je fixais mon tatouage qui dépassait légèrement de ma manche. « Ca me dit rien d’être le genre de personne qui regarde sans réagir. » Une fois à la caisse, l’homme qui évidemment avait reconnu cette chipie impudente, la toisait du regard. « C’est bon lâche-là, tu veux. Ca devient gênant un mec qui fixe une gosse comme ça. » Oui, c’était voulu. Créer de l’embarras en lui afin que lui aussi, passe rapidement à autre chose.
         Et quand il se concentra sur nos articles, le regard soudainement baissé sans pour autant cacher une frustration certaine, c’était gagné. Lorsqu’il eut terminé et qu’il mit mes articles et ceux de la gosse dans deux sachets différents, nous quittâmes aussitôt les lieux. « Et puis pourquoi tu voles un endroit où tu t’es déjà fait chopée deux fois sérieusement ? » Demandais-je, mais sans vraiment lui demander, c’était une question rhétorique. Tenant son sachet, je lui tendis ses cochonneries avant de soulever pour ne pas qu’elle mette la main dessus au dernier moment. « Tu ne manges pas tout d’un coup, on est d’accord ? Tu ne reviens pas voler plus tard, n’est-ce pas ? »

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Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

     « Ca ne m’intéresse pas d’être vouvoyée par une voleuse. » Annonçais-je malgré tout sur un ton désintéressé alors qu’on se dirigeait vers la caisse. Une fois à l’extérieur, elle répondit à ma question qui ne lui était finalement pas directement formulée dans un but interrogatif, car la question étant plus une critique qu’autre chose. Et le fait qu’elle me répond avec tant d’indifférence, malgré la nature du propos aborder me faisait réellement réaliser dans quel genre d’univers amoral cette dernière évoluait. Si elle avait des parents, ils ne pouvaient être que des gens indignes, et ce, pour accepter que leur enfant grandisse avec de tels idéaux contraire aux règles de société, et même de civilité. Un instant, l’envie de lui demander si la liberté, égalité, fraternité, ça lui disait quelque chose. Mais même moi, je ne croyais pas trop en ce discours, finalement trop français et peu véridique dans un contexte comme le nôtre, quand on voit ARGUS et sa liberté d’action presque tyrannique et criminelle.
     Je me contentais de rouler alors des yeux, silencieuse, gardant pour moi frustration pour la vie que mène cette gosse. Je lui donnai son sachet de cochonnerie quand elle me confirma qu’elle n’irait pas voler plus tard cette pauvre boutique, avec un d’accord que je sentais à peine sincère. Je la fixais boire son jus, avant de sortie mon sandwich saumon crudité, la seule merde que je pouvais vraiment bouffer dans une boutique aussi à chier que celui-ci. Mais bon, c’était le seul truc pas trop chère proche du studio d’enregistrement. J’ouvris le paquet qui contenait le sandwich quand soudainement la gamine se présenta. C’était nouveau ça, moi qui pensais qu’elle allait rapidement s’éclipser après avoir eu ce qu’elle voulait. Il n’y avait qu’à la regarder, elle ne semblait pas bien méchante au final. Pourtant, j’avais la désagréable sensation qu’elle faisait ce qu’elle faisait parce qu’un truc ne tournait pas rond dans sa vie. Comme ses gamins qui sont violents à l’école et qui brutalisent les faibles simplement parce qu’ils ont un connard de père, lui-même, violent envers eux, alcoolique et que sais-je encore...

          « Faith. » Répondis-je me sentant obligée de me présenter, ce serait quelque part injuste de l’ignorer alors que c’est moi qui la couvre sans qu’elle demande quoi que ce soit. Je fixais le contenue de ce que j’avais entre les mains, avant de regarder ce que la gamine avait pris une nouvelle fois. Je soupire, avant de refermer finalement la couverture de mon paquet sans toucher à mon sandwich à l’intérieur, rangeant le tout dans mon sachet. « Et si on allait manger toutes les deux un vrai repas, qu’est-ce que tu en dis, Acelya ? » Je sais ce que vous vous dites et vous avez tort. Peut-être que je veux simplement m’assurer que son estomac soit réellement assez remplit pour qu’elle ne revienne pas voler plus tard et que si elle a tout de même faim après, bas elle aurait toujours le contenue de son sachet. Ouais. Rien avoir avec le fait que je m’inquiète pour cette petite peste ingrate. Je la connais à peine après tout, n’est-ce pas ?
    « Que dirais-tu d’un resto chinois ? T’as déjà essayé ? » Lui demandais-je, il était hors de question qu’on aille dans un fast-food, histoire qu’elle ne prenne pas d’autres mauvaises habitudes culinaires.

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Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

     Je suis ce que je suis et je pense que je n’y peux rien dans le fond, vous savez ? J’ai beau avoir des comportements qui intiment un désintérêt chez moi, ce n’est pas foncièrement voulu, disons que c’est dans ma façon d’être, c’est mon identité. Je n’ai pas à faire semblant ou à agir de manière non-naturelle dans le simple but de coller à une étiquette fixée par les règles de société. Même si je suis le genre de personne qu’on peut difficilement cerner, de part sa manière d’aborder les choses aux frontières de la bipolarité. Je continuerais à agir ainsi, peu importe que cela plaise ou déplaise, que certains en ressortent outrés ou blessés. Si je n’aime pas la façon d’agir d’un individu quelconque, qu’il soit un adulte ou un enfant, je lui ferai savoir qu’il a mal agi ou qu'il m'agace. Je suis franche, toujours, tel le diable, je ne dis que vérité. Mais si j’ai envie d’apporter mon aider à cet individu en question, malgré ses actes, rien ne m’interdit de lui en faire la proposition. Alors, oui, je dois lui paraître bien étrange dans mes actes, mais est-ce une si mauvais chose que d’être honnête avec mes émotions ?
        Je pouvais ignorer l’enfant, oui, car de toute évidence, elle avait l’air d’être débrouillarde et de ne pas se soucier des conséquences de ses actes. Et peut-être était-ce moi qui faisais preuve d’une bien trop grande stupidité en ressentant le besoin d’aider une personne qui ne réclamait pas cette aide. Seulement, elle avait encore la chance d’être justement une enfant à qui l’on pouvait donner le choix d’agir autrement avant qu'il ne soit trop tard. Je ne lui dirais pas comment agir, sinon il y a bien longtemps que j’aurais agi avec elle de la sorte. Je lui offrirais simplement l’opportunité de ne pas agir mal, ma présence pourrait être pour elle, une sorte d'échelle sociale… Car une fois que je partirais de mon côté et elle du sien, rien ne l’empêchera de retourner à cette boutique, pas vrai ? Elle était libre et à mon sens, elle devait avoir le choix de décider ce qu’elle voulait faire, bon comme mauvais et assumer les conséquences de ses actes en sachant qu'elle a eu le choix d'agir autrement. Bien sûr, à la regarder, je ne doutais pas qu’elle fût le genre de gamine indifférente quant à ses actions désobligeant et décevante.

        Oui, elle semblait ne pas ressentir de peur, en fait, elle me donnait l’impression d’être étrangère à tout ce qui touche les émotions. Et je ne pouvais que me demander, pourquoi son visage était d'ailleurs marqué au fer par une expression qui touchait de l'impassibilité totale. En soit l’inviter à manger me donnerait sans doute l’opportunité d’en savoir un peu plus sur elle. Je dois bien admettre que de la rencontre pour la troisième fois dans les mêmes conditions avait créé en moi un intérêt pour sa personne. Pour l’instant, ce n’était rien d’autre que de la curiosité, oui, rien de plus. Elle répondit à ma question concernant le choix d'aller à un resto chinois, pour enchaîner sur une question. Je compris alors une chose, c’était qu’au final, cette gamine posait vraiment beaucoup de question et je commençais à penser que ce n’était pas un mal, mais au contraire une qualité que je devrais prendre en compte plus sérieusement. Je veux dire, n’était-il pas évident que cette enfant ignorait les bonnes conduites à tenir en société hormis celle liée à la courtoisie ?
        Pour elle, voler semblait tout à fait normal pour vu qu’elle puisse manger. Peut-être que ses parents où ses tuteurs ne lui ont pas offert un cadre de vie propice à une bonne éducation. La façon que j’avais de voir le monde, lui semblait sans doute inconnu et c’est pourquoi elle me posait autant de questions. Je la fixais alors avant de prendre un air songeur. « Mes plats préférés sont d’origine asiatique, car ils ont une technique de préparation et des recettes qui leur permettent de marier impeccablement le sucré et le salé dans un même plat. » A cet âge, on n’était pas débile, c’est pourquoi, depuis le début, je lui parlait comme si je m’adressais à une adulte. « Le porc caramélisé, ou bien parfois le riz à la mangue… C’est curieux sur la carte, mais une fois en bouche, on réalise que le monde recèle des saveurs incroyables qui ne demandent qu'à être découvertes… Et qu’une boutique de Gotham ne peut pas t’offrir. » Insistais-je sur ce dernier point. Oui, autant lui rappeler que c’est nul de voler, mais de voler en plus la même boutique.

         Et là, la petite posa une question assez intéressante, assez intrigante aussi, car cela révélait que malgré sa condition de vie, quelle qu’elle soit, elle cherchait à se cultiver du mieux qu’elle le pouvait, ce qui rejoignait sa curiosité évidente. « Va à Chinatown, tu verras que ce n’est pas l’occident les coupables. Certaines lignes de ‘’resto chinois’’, pas toute, sont souvent liée par des familles appartenant à la mafia chinoise, la Triade. La restauration est un bon moyen pour eux de gagner de l’argent, aussi efficace que la drogue et bien plus légal. Ils se foutent donc pas mal de vendre des nems qui viennent du Viêtnam ou des sushis qui eux viennent du Japon, si ça attire les clients qui, eux, associent le tout à la Chine, c'est tout bénef. » Lui répondis-je alors que j’avais commencé à marcher en direction du restaurant.

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Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

     Ce qui était certain, c’était que malgré son âge, cette gamine était bien plus intelligente qu’elle ne paraissait à nos yeux, mais aussi et sans doute, un peu trop mature. Elle n'avait pas l’esprit que devait avoir une gamine encore fourrée au chaud dans sa couverture d’innocence. Et je ne pouvais m’empêcher de me demander ce qu’elle avait pu entendre ou subir pour grandir de la sorte. Assurément, elle ne se révélait ne pas être simplement qu’une gosse courant les boutiques pour quelques friandises gratuites, elle était assez intelligente pour comprendre que ses actes étaient mauvais. Je réalisais donc que si elle avait conscience de ses actes, c’est qu’elle n’avait que faire de se faire attraper par le gérant de la boutique qui connaissait son visage désormais. Je doute qu’elle agît de cette manière que pour simplement attirer l’attention sur elle. Elle ne semblait pas non plus être le genre de gosse à vouloir foutre la merde pour attirer l’attention de ses parents.

Mais si ce n’était pas pour cette raison, alors pourquoi ? Simplement parce qu’elle en avait vraiment faim comme elle me l’avait spécifié plus tôt ? Était-elle vraiment incapable de ressentir une sorte de détresse quant à l’idée de se faire chopée une troisième fois ? Ne ressentait-elle aucune forme de honte ? Elle agissait comme un élément qui n’avait pas conscience des règles de la société, alors qu’en vérité, c’était le cas, elle savait très bien ce qu'elle faisait. C’était comme si elle se faisait volontairement la paria des institutions, comme si elle n’avait rien à perdre si elle entrait dans le système judiciaire en tant que délinquante. Bordel. La curiosité enveloppait mon pauvre petit cœur à son sujet. Cependant, ce n’était pas mon taff de jouer les éducateurs pour les pauvres gosses qui en avaient rien à foutre de jeter aux ordures leur vie. Je n’étais pas non plus sa mère, je ne lui devais rien et elle ne me devait rien non plus. Je n’avais aucun droit de lui dire comment vivre sa vie, je n’aimais pas l’idée qu’on me dirige de la sorte, alors pourquoi le ferais-je pour les autres ?

Nous étions arrivées, j’entrais la première et nous fûmes accueillis par la gérante avide de nous mettre à l’aise afin d’être certaine que son restaurant nous pousse par son confort à revenir un autre jour. On s’installa rapidement à la table à laquelle la gérante nous convia à prendre place. Elle revint avec une carte et de quoi commencer à grignoter. Je ne touchais rien, mais j’invitais à Acelya d’un geste de la main à goûter à ces chips asiatique. « Ce sont des Krupuks, plus généralement appeler par nous autres, chips aux crevettes. » Je fixais par la suite, ce qu’il y avait à la carte. Mon choix était tout fait. J’avais envie de nouille sautée avec du porc caramélisé. « Tu sais lire au moins ? » Lui dis-je en lui tendant la liste des plats. Dans le pire des cas, cela ne me dérangeait pas de lire pour elle ce qu’il y avait comme menu. Mon portable vibra au même moment, mais j'avais décidé de l’ignorer, attendant une réponse de la part de la gamine.