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 bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground (cain)

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MessageSujet: bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground (cain)   bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground (cain) EmptyMar 19 Mai - 23:28


bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground


This is how it ends, then. Pas dans un désert aride, aux portes d’un village mexicain, ni dans un cimetière renfermant un mystérieux trésor ; à Gotham, en plein coeur d’une soirée froide et humide qui la mordait jusqu’à l’os et diffusait son vicieux venin jusque dans sa moelle osseuse. A moins que ce ne soit le décompte qui s’écoulait silencieusement qui lui glaçait les os, torpeur crispée qui lui alourdissait le cœur et la tête jusqu’à lui faire oublier la notion même d’insouciance. Sa main gantée encore posée sur la poignée du véhicule, Jinny contemplait, le visage fermé sous l’ombre de son chapeau, le hangar numéro sept des docks de Gotham. Etait-elle aussi pâle qu’elle en avait l’impression, sous le halo blafard des réverbères en fin de course qui jonchaient son propre couloir de la mort ? Ou ce qui devait le devenir, si les plans des Turnbull se déroulaient comme prévus. Et pourquoi ne le feraient-ils pas. Ils avaient réussi, non ? Ils avaient retrouvé la dernière des Hex, et ils avaient réussi à jeter leur toile tout autour d’elle, petite inconsciente qui s’était laissée approchée sans s’apercevoir de la morsure mortelle qui la guettait. Et maintenant, elle marchait droit dans la gueule du loup, ignorant les voix criardes dans sa tête qui lui hurlaient de faire demi-tour, de remonter dans le Colonel, de repartir. De quitter Gotham, Metropolis, le nord du pays, tout. Casse-toi, Jinny. Repars dans le sud, disparais, recommence ailleurs. C’était ce que sa mère avait fait, c’était ce qu’elle aurait voulu qu’elle fasse, et Jinny resta là, statue d’agneau sacrificiel à l’aube de son massacre. Ses doigts se crispèrent sur la poignée, et brusquement, elle claqua la portière du Colonel avant de monter dans la benne pour en tirer la bâche et découvrir la malle de Jonah. Non, il n’y avait pas de casse-toi qui tienne, ce soir. Pas d’agneau sacrificiel non plus. De sa fameuse malle, Jinny tira ses deux Colts fétiches, qu’elle glissa dans les holsters accrochés à ses hanches. Elle avait assez de munitions à sa ceinture pour tenir le coup un moment, si le besoin s’en faisait sentir. Jinny sauta de sa camionnette, et leva à nouveau les yeux sur le hangar. Est-ce qu’il était déjà là ? Il, Cain, son faux frère, faux ami, son bourreau venu guider l’agneau à l’abattoir. Cain, dont le seul souvenir lui serrait le cœur et appuyait si lourdement sur sa poitrine qu’elle en avait du mal à respirer. En grandissant, elle avait toujours imaginé les Turnbull comme de terribles monstres qui l’abattraient en plein jour ou lui tomberaient dessus d’une lame dans le dos dans son sommeil. Mais jamais, au grand jamais, n’avait-elle imaginé que les formes insaisissables et cauchemardesques de son enfance prendraient un jour l’image d’un visage souriant et facétieux, de rires complices et ivres d’insouciance. De mains entrelacées au creux desquels elle avait eu l’impression vertigineuse de tenir tout un monde.

Il n’y avait plus de sourire sur le visage de Jinny, et toute trace d’innocence ou de malice avait déserté ses prunelles fixes et concentrées. Ces choses-là, Cain les lui avait arrachées quand il avait confirmé les révélations de Mrs Whisperer et ses soupçons à elle. Maintenant, il ne lui restait plus rien d’autre pour se raccrocher aux branches dans sa brutale dégringolade, vidée de quelque chose, coquille creuse habitée par une volonté qu’elle peinait à reconnaître comme la sienne. Est-ce qu’elle devait voir dans ce cruel retournement de situation une punition ? Sa pénitence, pour avoir si aisément baissé la garde, pour avoir négligé les avertissements de sa mère, et le poids de plusieurs générations avant elle ? Une main froide lui avait perforé la poitrine et arraché le cœur, et maintenant, elle n’avait plus qu’à avancer comme une somnambule vers la scène du dernier acte. Même si elle n’en avait aucune envie. Même s’il restait quelque chose au fond d’elle qui se révoltait à l’idée d’entrer dans ce maudit hangar. Une étincelle de rébellion immédiatement étouffée par le poids implacable et impitoyable d’un instinct de survie hérité, affiné, amplifié par plusieurs générations de Hex avant elle. Elle avait le cœur qui tambourinait furieusement dans sa poitrine alors qu’elle avançait, la mine grave et solennelle, vers les portes ouvertes du hangar. Essayant de repousser, le plus loin possible au fond de son esprit, les souvenirs de la Nouvelle-Orléans qui s’acharnaient à remonter le cours de sa mémoire pour s’imposer dans son esprit dans un cycle de nargue cruelle qu’elle n’arrivait pas à stopper. Elle ne voulait pas s’en souvenir, de ces moments qu’ils avaient passés ensemble, pas à l’heure où ils s’apprêtaient à régler leurs comptes, pas à l’heure où les masques étaient jetés et où elle savait ne plus devoir s’attendre à rien que la rancœur et la haine au bout d’une balle. Et main dans la main avec la déception, c’était l’injustice qui la prenait directement à la gorge, la forçant à regarder dans les yeux le gouffre qui s’était formé entre ce qu’elle avait cru trouver avec Cain, et la réalité d’une machination dont la portée la laissait encore pantoise. Elle se débattait, Jinny, la peine et la colère alimentant un brasier qui, pendant vingt-quatre ans, était resté endormi, attendant sagement son heure pour rugir. Quelque chose s’était brisé, dès lors que le nom de Cain s’était attaché à celui de Turnbull. Une amitié, un lien qu’elle avait, pendant un moment, cru unique et, peut-être, même un peu magique ; et au-delà d’eux deux, l’illusion infantile qu’elle n’avait pas à répondre des actes d’un ancêtre si lointain qu’il en était devenu une légende. Qu’elle n’était rien d’autre qu’elle-même, Jinny Hex, campagnarde déambulant de ville en ville dans son pick-up en essayant de laisser le monde un peu moins moche derrière elle. Mais soit. Si c’était un monstre auquel les Turnbull avaient choisi de s’attendre, auquel Cain avait choisi de s’attendre, alors elle le leur donnerait. Ce fantasme horrifique autour duquel ils s’unissaient d’une même voix pour la mettre à mort, cet héritage d’un aïeul devenu malédiction, elle acceptait de le leur accorder. Elle en avait assez, de lutter. Assez de justifier son existence au nom d’un mort. Elle avait essayé, vraiment, de ne pas faire comme sa mère, ni comme Jonah. Mais pardonne-moi maman, ils ne me laissent plus le choix.

Et ce cœur qui tambourinait dans sa poitrine, elle le sentit descendre un peu plus dans les abysses alors qu’il s’alignait, progressivement, presque sans se faire remarquer, sur un autre rythme qui n’était pas que le sien. Un partage absolu qui l’avait effrayée, puis émerveillée, à la Nouvelle-Orléans, mais qui maintenant l’horrifiait autant qu’il l’indignait. Elle n’en voulait pas, de cet absolu. Pas comme ça. Pas après ces mensonges et ces manipulations. C’était beau, ce qu’ils avaient eu, le temps d’une journée, d’une soirée ; et maintenant, les précieux souvenirs portaient la souillure indélébile de la trahison. La main sur la crosse du pistolet à sa hanche, elle avança silencieusement dans la pénombre, et ne s’arrêta, immobile, que lorsqu’elle distingua la silhouette qui se détachait dans la clarté d’une lune pâle et mortifère. « Je suis là, Turnbull. » annonça-t-elle, presque surprise de la fermeté de sa propre voix. A croire que les martèlements de sa mère étaient bien restés ancrés quelque part, finalement. Qu’elle y était vraiment préparée, à cette confrontation qu’on lui promettait depuis sa naissance. Mais pas comme ça. Pas avec lui. Il était là, finalement, le véritable coup de poignard. Alors qu’il était douloureux, le coup de poignard, maintenant que son Judas était face à elle, dans toute sa réalité qu’elle avait, malgré tout, essayé de nier, espérant irrationnellement voir quelqu’un d’autre apparaître pour ce duel prédéterminé par des forces qui la dépassaient de trop loin pour qu’elle puisse espérer pouvoir lutter. « On en est là alors ? » demanda-t-elle, sa colère froide et sourde et blessée ronronnant dans les accents traînants de sa voix. Il avait été rude, le coup dans le dos. Mais un animal blessé n’en montre-t-il pas d’autant plus les griffes, quand le sang s’écoule et que la douleur nourrit le ressentiment ? Courber l’échine ou montrer les crocs, le voilà, son choix. Et tant pis pour ce foutu palpitant qui l’implorait de déposer les armes. Il avait été mis en veilleuse, réduit au silence à bout portant. La seule chose qui la faisait encore tenir debout, face à lui, c’était tout ce qu’elle avait cherché à dépasser, et tout ce que lui était venu chercher. Elle était belle, l’ironie du sort. « J’imagine que t’as entendu autant d’histoires au sujet de ma famille que j’en ai entendu à propos de la tienne. Il paraît qu’on se traîne une sale réputation, chez les Hex. Je les ai lus, moi aussi, les livres d’histoire. Honnêtement, j’ai jamais su comment démêler le vrai du faux dans toutes ces histoires invraisemblables, et j’ai même été assez naïve pour me dire que ça n’avait pas vraiment d’importance. » Elle essayait de déchiffrer son expression, à Cain – pour l’extérioriser, pour éloigner d’elle cette torsion dans la poitrine, pour l’éloigner, lui, dont la présence vibrait jusque dans ses os. Elle n’en voulait pas, de cet absolu. Elle n’en voulait plus, puisqu’ils étaient là pour y mettre fin, pas vrai ? « Ceci dit, si vous avez bien fait vos recherches, il y a un truc donc vous devez avoir conscience. Dans la famille, on a tendance à rechigner à tomber sans se battre. C’est plus fort que nous. Alors j’espère que t’es vraiment préparé. » Parce qu’elle, elle l’était ; ses veines pulsant au rythme d’un sang teinté d’une noirceur farouche et défiante qui, pour la première fois, trouvaient leur exutoire. Peut-être bien qu’elle était toute seule. Peut-être bien que c’était de la folie d’affronter Cain et les Turnbull, quand elle, elle n’avait plus personne pour assurer ses arrières. Mais tant pis. Elle avait le fantôme de Jonah dans son ombre, et la détermination de ne poser le genou à terre que le cœur criblé de balles. Même face à Cain. Même face à cette peine viscérale qui lui donnait la nausée alors qu’elle attendait, fatidique, la première balle.

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MessageSujet: Re: bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground (cain)   bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground (cain) EmptyMer 20 Mai - 23:53


bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground


Tu savais que cette vengeance serait difficile à accomplir, mais y laisser un gros morceau de toi-même en chemin, ça, non, tu ne l'avais pas anticipé. C'est pourtant ce que tu ressens, recroquevillé sur ton lit, après les quelques messages échangés avec Seraphine et Jinny. Le secret a été révélé. Les murs se sont écroulés. Il ne reste plus que l'immonde vérité, celle que tu as cherché à cacher pendant des semaines, masquée derrière une dizaine de mensonges qui te reviennent maintenant en pleine face. Comme une boule de chantier dans l'estomac. Ou un bâton de dynamite qui t'exploserait dans les mains. Comment t'aurais pu deviner que les choses tourneraient ainsi entre vous ? Qu'un lien se tisserait, au point de te faire renoncer à tout, et surtout à la volonté et à l'essence même de ta famille. T'étais prêt à tout avouer, à Jinny, mais aussi à tes parents, qui hier encore, attendaient en bas que tu descendes pour leur annoncer ce que t'avais amorcé avant de ressentir l'horrible déchirure. Un choc brutal dans la poitrine, qui t'a presque fait tomber à genoux, tant la douleur était intense. Invisible, mais bien réelle. La souffrance d'un rideau qui tombe pour dévoiler le subterfuge, ressentie par Jinny, quand, d'une façon ou d'une autre, elle est parvenue à t'arracher le masque. Si proche, et désormais si loin de mettre un terme à cette folie. T'as finalement renoncé à avouer la vérité à tes parents, préférant une fois de plus t'enfoncer dans le mensonge, trop troublé pour prendre une décision sensée sur la nouvelle marche à suivre, avec une question obnubilant ton esprit malade : et si elle cherchait à te tuer avant que tu ne le fasses ? T'es resté longtemps, allongé sur ton lit, à fixer ton plafond en quête de réponses qui ne viendraient jamais. Et c'est encore où tu es aujourd'hui, sur le point de te téléporter jusqu'à Gotham pour retrouver cette moitié dont tu refusais d'être privé il y a encore quelques heures. Et sans doute est-ce encore le cas. Tu penses souvent à votre rencontre, à votre séjour chez toi, et à chaque fois, t'as l'impression de sentir une lame crantée  s'enfoncer profondément dans ton palpitant. Tu lui avais bien dit que c'était risqué de communier avec quelqu'un, à Tefé. Maintenant que tout s'écroule, qu'est-ce qu'il te reste, si ce n'est une cascade de tourments et de regrets, ainsi qu'une infinie tristesse ? Ce n'est pas que Jinny que tu condamnes, c'est toi également. Parce que vous êtes devenus mystérieusement indissociables. Et que si tu ressens sa douleur, tu sais qu'elle ressent la tienne. Sans que cela soit suffisant ou assez significatif pour stopper la machine. Il est trop tard. T'as pas su saisir ta chance quand tu en avais l'occasion, et maintenant, t'es en route pour éliminer celle qui commençait à donner un tout autre sens à ta vie. T'attends le dernier moment avant d'y aller, abattu par les minutes qui te rapprochent de la fatalité, tout en cherchant à les retenir, pour essayer de la retenir elle en même temps. Avant qu'elle, toi, et votre lien, ne redeviennent poussière.

T'es le premier arrivé au hangar numéro sept, alors t'attends patiemment dans l'ombre de l'endroit sordide, l'arme calée dans ton pantalon, sans même avoir pris la peine de la cacher. Quelque part, t'as encore l'infime espoir de ne pas t'en servir. Peut-être qu'elle trouvera les bons mots, Jinny, pour te faire définitivement renoncer à cette vendetta qui n'est même pas la vôtre. Tu sais que c'est ce que t'as besoin d'entendre pour prendre une décision dont la finalité ne serait ni la poudre ni le sang. T'as envie de croire qu'elle ne renoncera pas à toi, pas à vous, pas après tout ce que vous avez déjà vécu ensemble. Espoir ténu, mais qui prend pourtant tellement de place dans ton esprit confus, alors même que sa silhouette se dessine de mieux en mieux devant toi. Elle est là, prête à te faire face, et la haine que tu était censé ressentir à son égard, n'existe toujours pas. Tout aurait été plus facile pourtant, si t'étais parvenu à la détester, la dernière descendante des Hex. Mais non, t'as fait tout le contraire, tombant finalement dans ton propre piège. Par la force d'un mystère encore irrésolu, tu t'es lié à elle, de la façon la plus intime qui soit. Et si plus rien n'est supposé exister entre vous ce soir, pourquoi tu la ressens encore vibrer aussi intensément en toi ? « Jinny. » Non, elle n'est pas Hex pour toi ce soir. Elle est tout ce qu'elle a toujours été, et tout ce qu'elle n'a jamais été. Est-ce qu'elle éprouve la même pression sur son cœur ? Cet étau insupportable qui menace de le faire éclater. Est-ce qu'elle voit tes yeux se brouiller ? Une fébrilité que tu tentes de cacher derrière une attitude stoïque, mais qui n'empêche pas l'amertume de te mordre la jugulaire. L'espoir s'écroule très vite, à peine a t-elle prononcé ses premiers mots dans une froideur que tu ne peux lui reprocher. Elle n'est pas là pour essayer de réparer ce qui a été brisé, elle est là pour en finir. Et aussi absurde cela soit-il que d'attendre de celle que tu as trahi qu'elle soit le salut de votre relation, tu ne peux t'empêcher d'être abattu par le triste constat. Clac. La chute de plusieurs étages, la gueule sur le béton, le corps désarticulé. Il n'y aura pas de pardon. Pas de lendemain. Pas de Texas. Le jour se lèvera pour seulement l'un d'entre vous.

Elle se trompe, Jinny, le nom qu'elle porte n'avait réellement plus aucune importance. Tu ne voyais plus en elle le dernier chainon de la lignée de votre ennemi, seulement la fille avec qui t'as poussé la chansonnette dans la voiture et dansé sous la pluie de la Nouvelle-Orléans. Jusqu'à ce soir. « Ouais, il semblerait qu'on en soit là. » Réponds-tu, après l'avoir laissé terminer, et non sans une certaine rancoeur dans la voix, extériorisation de ta déception. Envers toi, et envers elle. T'aurais peut-être dû l'appeler, finalement, ce soir là. Quand complètement défoncé tu t'es confessé à une presque inconnue, et que t'as eu l'impression que tout était devenu limpide. Que non, tu ne tuerais pas cette fille pour tes parents, mais qu'au contraire, t'aimerais plutôt avoir une petite place dans sa vie, pour qu'elle puisse avoir l'occasion de devenir à son tour le guide. En dépit de vos noms, en dépit de tout ce qu'on attendait de vous. Mais tout ceci ne restera qu'un triste mirage, vous avez échoué. Misérablement. L'histoire aurait pu être différente, réécrite, mais au lieu de ça, elle se répète encore une fois. « Toute ma vie, on attendu de moi que j'élimine la dernière des Hex. Toute ma vie, on m'a placé sur des rails, avec pour seule destination ce qui est en train de se passer ce soir. » Et ce n'est pas de destinée dont tu parles, c'est de souffrance. C'est de ces cris de désespoir poussé par un gamin qui ignorait encore tout de ce qui l'attendait, mais qui ressentait pourtant déjà la pression d'un but tout tracé. Le train est arrivé en gare. Et ce hangar s'est soudainement transformé en cercueil. « L'entreprise dont je t'ai parlé, elle m'appartient. C'est de mes mains que je l'ai construite, pour récupérer tout ce que ton ancêtre nous a pris. J'étais rien, qu'un môme misérable dans les bas quartiers de la Nouvelle-Orléans, avant de réussir là où tous les autres ont échoué. J'ai rendu son nom à ma famille. J'ai arraché des mains d'un fantôme notre honneur. » Mais ce soir, cette réussite a un goût de fer dans ta bouche. Il y a tant de choses que tu aimerais lui dire, et tant que tu ne dis pourtant pas. Si elle attend de toi que tu sois un Turnbull, alors tu le seras. Ta première téléportation t'emmène dans un coin d'obscurité du hangar, dont seule ta voix trahie ta présence. « J'ai sacrifié mon propre frère pour en arriver là. J'ai éliminé chaque adversaire pour n'être plus que le seul au sommet. Pour être celui qui terrasserait définitivement la dernière de la lignée. » Mais il n'y a aucune fierté dans ce que tu lui avoues. Le décalage entre tes mots et ce que tu ressens réellement est incommensurable. Seconde téléportation, près de l'entrée. Voilà ta technique pour la désorienter et te rendre indécelable, contrairement aux fantômes d'un passé qui ne vous appartient pas, et qui, sans doute, assissent à ce duel en première loge. « Tout tournait autour de toi, Jinny, depuis toujours. » Lié à elle comme tu ne l'as jamais été à qui que ce soit, elle ne réalise pas qu'il n'y aura pas de gagnant, juste un rescapé qui devra apprendre à respirer sans sa moitié. Et avec cette perspective, tu n'es plus certain de vouloir être celui qui en réchappera. Autre téléportation, face à elle, à un mètre distance, le bras tendue et l'arme au poing. « Et aujourd'hui plus que jamais. » La balle part. Pardon, et surtout, n'oublie pas de m'emporter avec toi.

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MessageSujet: Re: bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground (cain)   bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground (cain) EmptySam 23 Mai - 15:16


bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground


Avec des si, on mettrait Paris en bouteille. Ce soir-là, ça n’était pas Paris, que Jinny aurait voulu mettre en bouteille, mais plutôt le siphon de peine qui la déchirait de l’intérieur, joyeux cocktail explosif de colère, d’incompréhension et de tristesse décuplées par la puissante écho qu’elle percevait aussi en Cain. Le métal de son revolver était froid sous sa main gantée, et elle peinait à se concentrer sur cette sensation-là pour chasser toutes les autres. Avec des si, ils auraient pu changer tellement de choses. Et qu’est-ce qu’elle s’en voudrait, plus tard, de les avoir chassés si loin de son esprit, ces si qui auraient pu changer la donne bien plus vite. Et si elle avait été plus patiente ? Et si elle n’avait pas tiré ses propres conclusions aussi vite ? Et si elle avait amorcé le dialogue, au lieu d’être la première à le déclarer caduc ? Et si elle lui avait tendu la main, au lieu de tendre le bras, le doigt sur la gâchette ? Et s’il lui avait tout avoué, au lieu d’attendre qu’elle ne l’apprenne de quelqu’un d’autre, au moment où elle s’y attendait le moins ? Tout autant de scénarios qui défileraient dans sa tête, plus tard, lorsque tout serait terminé et qu’il ne resterait plus qu’elle, en tête à tête avec ses regrets. Pour l’heure, son tête à tête était avec l’ami devenu bourreau, avec le miroir devenu instrument de mort. C’aurait été plus facile, tellement plus facile, s’il s’était agi de quelqu’un d’autre que lui, mais c’était le but qu’il s’était donné, non ? Se rapprocher d’elle, pour mieux la poignarder dans le dos le moment venu. Pourtant, quelque chose sonnait faux dans cette narration. Un écho dissonant, une fausse note dans la symphonie macabre de la guerre familiale, qui résonnait comme une vibration discordante au plus profond de sa poitrine. Une vibration discordante qui venait de Cain, et se réverbérait en elle comme s’ils partageaient le même diapason. A quoi bon le nier, maintenant, songeait-elle en le regardant approcher, l’ennemi mortel de l’autre côté de la fracture. Ouais, ils en étaient là, et l’amertume dans sa voix se faisait miroir si parfait de la sienne qu’elle sentit sa gorge se nouer encore un peu plus. Toute sa vie, on l’avait préparée à se battre contre ces ennemis inter-générationnels, mais jamais sa mère ne lui avait dit qu’elle aurait à se défendre contre une autre moitié d’elle-même. Une moitié inattendue, qui s’était fracassée dans sa vie sans qu’elle n’y soit préparée et à laquelle elle devait déjà s’arracher, sans qu’elle n’ait eu le temps de rien saisir, rien comprendre ; une moitié à laquelle elle crevait d’envie de s’accrocher alors même qu’elle avait les mains en feu. Elle ne savait toujours pas ce qu’il s’était passé, dans le cabinet de cette voyante, et ça la terrifiait d’autant plus que maintenant, toujours sans rien y comprendre, elle devait y mettre un terme de la plus définitive manière qui soit. Ils avaient touché à leur communion du bout des doigts, et ils s’y étaient brûlé l’âme. Et en cet instant, Jinny ne savait même plus qui elle devait blâmer pour ce désastre dévastateur qui lui laissait entr’apercevoir un avenir comme un champ de ruines irréparables, ou un immense trou noir. Selon l’issue de ce duel qui n’avait depuis longtemps plus rien d’honorable.

Et elle se révèle, l’histoire de son côté à lui de la barrière, confirmant un parcours en parallèle du sien, elle élevée en proie, lui élevé en prédateur. Chaque confession, un nouveau coup dans les tripes, la souffrance double et la souffrance croisée de deux jeunes gens dont les peines respectives se mélangeaient jusqu’à ne plus pouvoir les différencier. Ce creux douloureux dans sa poitrine, est-ce que c’était la peine de réaliser à quel point elle avait réellement été bernée dès le départ ? Ou la réminiscence de celle de Cain et de son enfance ? Ou la réalisation d’à quel point il avait pu haïr tout ce qu’elle représentait, pendant de si longues années ? Les limites avaient volé en éclats, les frontières n’existaient plus, et il ne restait plus que le constat d’un échec cuisant sur toute la ligne, et c’était ça qu’elle ne comprenait pas non plus, Jinny, trop parasitée, assaillie de toute part par ses propres contradictions et celles de Cain. Il aurait dû être content, d’enfin toucher au but. D’avoir réussi, comme il avait réussi partout ailleurs dans sa vie, conviction profonde qu’elle puisait dans des ressentis qui n’étaient pas les siens, alors pourquoi ce face à face avait un tel goût de défaite dans sa bouche ? Qu’il la haïsse pour de bon, et qu’ils en finissent. Son cœur chuta de dix étages dans sa poitrine dès l’instant où il disparut de son champ de vision. Merde. Elle avait presque oublié cette histoire de téléportation. Le cœur tambourinant dans sa poitrine, Jinny fit volte-face pour scruter l’obscurité là où elle avait cru entendre sa voix s’élever. Et ces paroles, toujours, qui contredisaient tout ce qu’elle sentait vibrer en lui, en elle, sans pour autant qu’ils soient capables d’arrêter l’infernale machine dans sa course. C’était trop tard. Les aiguilles du décompte approchaient du zéro. Nouvelle téléportation, et elle, elle n’arrivait pas à se concentrer, trop perturbée, trop confuse, bloquée dans une incertitude qui la prenait aux tripes et bien trop consciente que c’était exactement ça, qui allait lui coûter la vie, si elle n’arrivait pas à s’en extirper. Tout tournait autour de toi, Jinny, et aujourd’hui, elle était enfin prise au piège. Le garrot refermé sur sa gorge, au moment où leurs regards se croisèrent à nouveau, le canon de son arme pointé sur elle, dans cette ultime seconde au bord du précipice. Une seconde, qui s’étirait en une heure, ou un an, pendant laquelle tout devenait possible. Jusqu’à ce que la balle ne parte. Une détonation d’enfer, pour remettre le temps en marche – et surtout, pour mettre un terme au sien, une bonne fois pour toutes. Il n'y’aurait pas de rédemption ce soir. Pas de réécriture, pas de fin heureuse à leur histoire complètement sortie des rails. Un bang sonore, et le verre fragile de leurs espoirs inconscient avait volé en éclats.

Jinny s’était parfois plainte de la rudesse de l’entraînement que lui avait infligé Jason, il y avait quelques années de ça, mais à cet instant, elle l’aurait béni, son improbable maître Yoda, parce que dans les réflexes qu’il avait réussi à graver jusque dans son subconscient, elle n’était pas sûre que Cain aurait raté sa cible. Et le cri qui passa ses lèvres, était moins dû à la douleur fulgurante qui lui rasa le flanc droit, qu’il ne l’était au déchirement de l’ultime trahison enfin concrétisée ; sans prendre le temps de réfléchir ni de réaliser ce qu’il venait de se passer, Jinny sortit son Colt de son holster et le pointa devant elle, et tira. Trop tard. Cain s’était déjà téléporté ailleurs, ce qui voulait dire qu’il allait réapparaître d’un instant à l’autre pour finir le boulot, alors elle se hâta de battre en retraite pour trouver refuge derrière un large container. Sa cage thoracique allait exploser sous les battements frénétiques de son cœur, et, le souffle court, elle baissa les yeux sur sa blessure. La douleur irradiait, brûlante et vive, et le sang formait déjà une large tâche sombre sur sa chemise, mais la balle n’avait pu que l’effleurer. Elle l’avait échappé belle. Mais il allait revenir, pas vrai ? La voilà, l’unique pensée qui martelait dans son crâne avec le vacarme d’une sonnerie d’alarme stridente qui recouvrait tout le reste. Il allait revenir, comme ils revenaient toujours, comme ils étaient toujours revenus. « C’est censé me consoler, ça ? ‘Tout tourne autour de toi’ ? Drôle de façon de flatter les filles. » Elle tira son deuxième revolver de sa ceinture, recroquevillée derrière sa cachette, tentant tant bien que mal de se concentrer sur son prochain point d’apparition. Respire, Jinny. Mais que c’était difficile, quand elle avait plus envie de hurler que de tirer, la colère, la rage désespérée bouillonnant dans ses veines alors que les plus sombres histoires de familles se frayaient un chemin jusque dans ses souvenirs. « Papa et maman n’ont pas réussi à finir le boulot la première fois, alors ils envoient le fiston finir le travail, c’est ça ? » cracha-t-elle, un venin fulgurant dilué dans les veines. Elle lui avait raconté, sa mère, et elle, elle n’avait jamais saisi la portée monstrueuse d’un épisode dont elle était trop petite, à l’époque, pour ce souvenir. Une portée qui lui revenait en pleine face, vingt-quatre ans plus tard. « Putain, il est beau, votre honneur. » Qu’est-ce qu’elle leur avait fait, elle ? Qu’est-ce qu’elle avait pu leur faire, à l’époque, et qu’est-ce qu’elle leur avait fait maintenant ? Rien, et ils le savaient tous les deux, parce que sinon, il la ressentirait encore, cette haine ancestrale qui s’était éteinte, mais pas assez encore pour l’empêcher de presser la gâchette. Fébrile, elle releva les yeux, apercevant des échafaudages en bois au-dessus de sa tête – et son cœur rata un battement, alors que du coin de l’œil, elle vit Cain se matérialiser à nouveau bien trop près d’elle. D’un bond, elle se releva et se jeta sur le côté pour éviter le moindre nouveau tir, et dans sa course, elle se retourna, tendit le bras et visa les cordées qui maintenaient les échafaudages en place. Pan, pan, deux balles, et un vacarme assourdissant emplit le hangar alors que la structure s’effondrait avec fracas – trop lentement pour que Cain se retrouve pris dessous, mais tout ce qu’elle voulait, c’était l’éloigner. Et si elle en avait eu le temps, elle se serait peut-être étonnée de la précision délirante de ces deux tirs. Mais le temps, elle n’en avait pas – et c’était cachée derrière un large pilier qu’elle scrutait la pénombre, à la recherche du prochain point d’apparition de son adversaire. Prise dans la fièvre fébrile de l’adrénaline, elle ne savait même plus où elle se trouvait – seul comptait Cain, dont la présence dans ce hangar devenait comme une cible mouvante dont elle devait anticiper la prochaine apparition.. Elle tendit le bras à nouveau, tira, mais il devait l’avoir vue ou jouer avec ses nerfs, parce qu’avant que la balle ne le touche, il n’était déjà plus là, et la balle fit sauter un générateur électrique qui explosa dans une pluie d’étincelles, avant de prendre feu. Ca n’allait pas marcher. Tant qu’elle jouait son jeu, ça ne fonctionnerait pas. Et elle, elle en avait sa claque, de jouer au chat et à la souris. Alors, prête à jouer son va-tout, elle sortit de sa planque, et s’avança d’un pas rapide, à découvert, vers le milieu du hangar. « Où tu te caches ? » marmonna-t-elle pour elle-même. Il était là, si proche. Et il allait la trouver. Et quand il la trouverait, alors elle l’aurait trouvé aussi. The quick and the dead. Ca leur irait bien, tiens. Une fois qu'ils auraient déterminé lequel était lequel.

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MessageSujet: Re: bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground (cain)   bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground (cain) EmptyMar 26 Mai - 23:26


bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground


21 grammes, le poids de l'âme, le poids de la vie. C'est drôle, avant de lui faire face, jamais tu n'avais réellement envisagé de mourir ce soir. Comme s'il était évident que t'allais remporter ce duel, alors qu'elle est justement bien plus douée à la gâchette, la cowgirl. Et maintenant que tu pèses réellement les conséquences qui pourrait découler de la haine ancestrale, t'arrives pas à faire taire la peur qui t'assaille. Froide, tranchante, sagement patiente dans un coin du hangar, sa faux à la main, la capuche rabaissée, à attendre que l'un de vous ne se décide à crever au nom de la folie des autres. Parait qu'on peut voir sa vie défiler devant les yeux quand vient l'instant de mourir. Toi, qu'est-ce que tu verrais ? Qu'est-ce que tu retiendrais de cette jeune existence ? Le bon ? Le mauvais ? Avant de tirer, t'as clos tes paupières, et les flash ont commencé. Un gamin dans les rues de la Nouvelle-Orléans, en train de sauter à pieds joints dans une flaque laissée par la pluie, avec à tes côtés, une petite fille que tu reconnais être Seraphine. Oh, t'espères qu'elle gardera un bon souvenir de toi, ton amie, si ta route venait à prendre fin ce soir. L'autre image que tu distingues, c'est un repas de famille, des cris, des remontrances, un destin tracé à la craie d'un grand tableau noir. T'assistes impuissant au croquis de ce qui deviendra tes mois et tes années à venir. Le nez dans les bouquins, le regard tourné vers l’extérieur, prisonnier des responsabilités entrainées par ton nom de famille. Tu distingues aussi le bouton de la bouteille de champagne qui explose, juste après avoir signé le rachat de l'ancienne demeure familiale. La joie sur le visage de ta mère, la fierté sur celui de ton père, tout ce que t'as gardé d'éphémère avant que tout ne redevienne comme avant, et que rien ne soit suffisant. Puis isaiah, Tessa, ces deux dommages collatéraux à ton ambition insensée, et un morceau de ton passé que tu aimerais effacer, pour pouvoir réécrire par-dessus une plus belle histoire à sceller. T'as la poigne incandescente, tu fais du mal à ceux que tu aimes, et aujourd'hui, tout se répète. T'as détruit ton frère, t'as détruit ta meilleure amie, et cette fois, tu vas détruire ta moitié. Elle est la dernière qui se fraye un chemin dans ta mémoire, Jinny, mais elle est celle qui reste le plus longtemps imprégnée dans ton esprit. Ses tâches de rousseur refusent de sortir de ta tête, ni son sourire qui a, sans même qu'elle le sache, illuminé le sombre tunnel de ton existence. Tu vois beaucoup de choses, en fermant tes yeux, mais elle est la seule que t'as envie de voir quand viendra la fin de tout. La seule qui en vaille la peine. Est-ce qu'elle en a conscience, ta partenaire, ta némesis, ton âme-soeur, que son visage est tout ce qu'il te reste de beau dans le grand-huit infini de ta misérable existence ?

Deux faces d'une même pièce. Reflet confondant dans le miroir, où tu peux voir autant son visage que le tien. Vous avez grandi séparément, mais avec le même nuage gris au-dessus de vos têtes. Turnbull, Hex, chacun son croquemitaine dans le placard. Et quand tu tires, c'est lui que tu veux tuer, le monstre qui t'a pourri ton enfance, qui t'a transformé en tout ce que tu ne voulais pourtant pas devenir. La balle part, elle rate sa cible, mais la chair est touchée. Tu ressens sa douleur comme si elle était la tienne, laissant échapper un cri qui fait écho au sien. Toujours, inlassablement, comme si vous n'étiez plus qu'un, la force d'un lien que même l'intimité avec une femme ne pourrait égaler. Non pas une fusion charnelle, mais une fusion de l'âme, comme jamais tu ne l'avais ressenti auparavant. Est-ce que ça veut dire que tu pourrais perdre 42 grammes, ce soir, finalement ? Main sur ton flan, tu te téléportes aussitôt, évitant la contre-attaque avant qu'elle ne t'emporte dans la tombe. Aucune blessure ne se dessine sur ta peau quand tu soulèves ton haut, pourtant, tu sens comme si le sang s'écoulait entre tes doigts. T'as envie de hurler. Sur toi, pour t'être laissé entrainé contre ton gré, contre Jinny, pour ne pas avoir pu te tirer des ronces de tes tourments intérieurs, contre tes parents, parce que sans eux tu ne serais pas dans une situation aussi dramatique, à l'issue forcément fatale, et contre la voyante, pour avoir eu raison. Stop. Assez. Tu ne veux plus rien ressentir, si bien que tu serais prêt à plonger tes mains dans ta poitrine pour t'arracher ce traitre de palpitant dont la sangle se resserre toujours un peu plus sur ta gorge. T’étouffes, aucun cri de colère et de désespoir ne s'échappe de ta bouche, et à la place, tu te plonges dans le silence, jouant avec ta proie comme le chasseur dont tu aimerais exploser le reflet de ton poing. « TAIS-TOI ! » Ah si, le voilà le hurlement qui déchire ton mutisme. Tu ne veux plus rien entendre, les mains sur tes oreilles pour faire taire tout ce qui cherche à te tirer d'un côté ou de l'autre. Le petit diable sur la gauche, le petit ange sur la droite. Si seulement tu pouvais leur plomber les ailes, pour qu'il te laisse réfléchir tout seul, ou alors qu'ils se rendent utiles et fassent en sorte que ses mots à elle ne se répercutent plus aussi violemment sur toi, comme un uppercut en pleine mâchoire. Tu sais pas ce que tu dois faire, alors que Jinny se cache dans l'ombre, prête à saisir la première occasion qui se présentera à elle. T'as plus le temps de t'attarder trop longtemps dans ton propre néant, alors tu tentes à nouveau ta chance, le bras tendu, mais la cible déjà envolée, trop habile. L’échafaudage manque de peu de t'enterrer dans un fracas assourdissant, heureusement que malgré ta tête en vrac, il te reste des réflexes aiguisés. Le compte à rebours va bientôt tomber à zéro. Il ne reste presque plus de sable dans le sablier. Tu sens l'odeur de mort planer tout autour de vous. Elle ou toi. Lequel de vous deux sera contraint de vivre sans l'autre le restant de son existence ?

Combien de temps allez-vous encore jouer à ça ? Elle qui te cherche, toi qui te téléportes, dans une guerre qui n'a de froide que l'air qui vous entoure. Elle est lasse, Jinny, alors elle se jette dans la gueule du loup, dans l'espoir de l'emporter avec elle. Est-ce que c'est un renoncement ? Est-ce que c'est un suicide ? Ou est-ce que c'est une trop grande confiance en ses capacités ? Tu sais que si vous deviez vous battre en duel, face à face, elle gagnerait sans sourciller. Elle est plus adroite, plus rapide, plus à l'aise avec une arme. Oh, oui, c'est certain que tu perdrais. Pourtant, le choix que tu fais n'a rien d'un instinct de survie. Tu te matérialises derrière elle, tes bras autour de sa taille, pour l'emmener avec toi dehors, là où la pluie se déchaine, où l'orage gronde, comme cette nuit à la Nouvelle-Orléans, où tout était différent. Où il n'existait entre vous que cette danse contemplative et hors du temps. L'avantage de vous téléporter ensemble, c'est que toi t'es largement habitué à la sensation d'étourdissement qui s'ensuit, pas elle. Elle est là ton occasion d'en finir, profiter de son manque de repère éphémère pour en finir. Pour tirer la balle qui mettra fin à cette bataille qui dure déjà depuis trop longtemps. Mais tu ne fais rien. Le doigt sur la gâchette, tu te recules de quelques pas, plutôt que l'abattre froidement. T'as le souffle court, tu sais que tout va se jouer dans les secondes qui vont suivre. Encore quelques pas en arrière, et tu t'arrêtes, la pluie qui brouille ta vue, le vent qui s'engouffre dans tes vêtements, le revolver dans la main, le cœur au bord des lèvres, la vie qui ne tient plus qu'à un fil. C'est une cowgirl, pas vrai ? Alors c'est en duel que tout va se terminer. Tu lui dois bien ça, même si le saloon s'est transformé en hangar. « Tu vas me manquer. » Vaut-il mieux en rire ou en pleurer ? De cet adieu déchirant. De cette séquelle qui ne pourra jamais se refermer. Ta poitrine se soulève lourdement, ta vision se brouille encore, mais cette fois tu ne sais qu'il ne s'agit plus de la pluie. Tout aurait pu être si différent. Vous auriez pu trouver votre chemin, ensemble, dans la même direction. Tu voulais communier avec elle, vraiment. Tu voulais qu'elle soit ta putain de licorne. Mais c'est trop tard. T'aurais dû l'envoyer, finalement, ce foutu message. « Je suis désolé. J'aurais aimé que ça se passe autrement. » Quelques mots étranglés, quelques mots étouffés et emportés par le bruit des gouttes qui s'écrasent sur le bitume des docks de Gotham. Tout ça pour ça...

La détonation raisonne, le revolver glisse de ta main mouillé, et tu tombes à genoux. Tu sais pas si c'est elle ou si c'est toi qui a été touché par la balle, mais ce sont tes genoux à toi qui se fracassent contre le sol, ça t'en es certain. La douleur est la même. Peu importe qui est blessé, la souffrance est la même. Oh, que tu donnerais tout pour retourner à cette danse. Pour caresser à nouveau cette sensation de plénitude. De paix. Et c'est précisément ce que tu vois, alors que plus rien ne défile devant tes yeux, si ce n'est cet ultime instant. Quand main dans la main, t'as su que tu serais pour toujours lié à elle. Pour le meilleur, et cette nuit pour le pire.

Mais t'as gagné. T'es pas celui qui va rester.

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MessageSujet: Re: bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground (cain)   bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground (cain) EmptyVen 29 Mai - 23:15


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Bien sûr qu’elle était lasse, Jinny. Le genre de lassitude qui s’incrustait sous la peau, se fondait dans les muscles et jusque dans les os, jusqu’à devenir un exosquelette qu’on ne remarquait même plus qu’à ce qu’il ne commence à craquer. Et ce point de rupture, ce point de non-retour, Jinny l’avait atteint. Vingt-quatre ans à vivre dans la terreur et l’anticipation constante de croquemitaines qui, d’après sa mère, finiraient par l’avoir si elle ne faisait pas attention. Tous les enfants du monde avaient peur des monstres sous leur lit, celui sous le lit de Jinny avait un nom et une gueule bien humaine et sentait la poudre et le sang. Puis elle avait cru le semer, pendant quelques années, et puis finalement, non. Les terreurs de l’enfance avaient fini par la rattraper, sous les traits d’un type avec qui elle avait cru, pendant un temps, partager quelque chose de tellement unique que ça n’en avait même pas de nom. Alors elle craquait. Lassitude qui, pour faire peur au monstre en face, prenait des airs de combativité par pur réflexe de survie. Il n’y avait plus personne dans ce hangar, qu’elle le poil rebroussé et les pistolets aux poings, le cœur cognant furieusement dans sa poitrine et une décharge d’adrénaline lui brûlant l’estomac. Qu’il abandonne. S’il était sincère, quand il lui avait dit, dans ce bref échange de messages alors qu’elle accusait le coup dans l’habitacle du Colonel, que tout n’avait pas été faux entre eux, qu’il abandonne, qu’il se téléporte loin d’ici, et que leurs chemins ne se recroisent plus jamais. Ca ne solutionnerait rien, ça ne réparerait pas les dégâts, mais au moins, ça voudrait dire qu’ils n’auraient pas commis le pire. Qu’il abandonne, pour qu’elle n’ait pas à batailler, comme en ce moment même, pour ne pas céder à l’impulsion meurtrière contre laquelle sa mère, encore, s’était échinée à l’avertir, comme une prophétie inévitable. C’était ça qu’ils étaient les Hex, après tout. Natural born killers. Le souffle saccadé, seule à scruter la pénombre de ce foutu hangar, Jinny s’étrangla même d’un bref rire sans joie. Le monstre sous le lit était de sortie, et le monstre qu’elle avait quelque part dans le cœur forçait son chemin pour être de la partie aussi. Elle était là, l’horreur véritable des Hex, celle contre laquelle les Turnbull auraient dû lutter, s’ils avaient seulement compris. Si Cain avait compris. Cain, qui aurait dû comprendre, qui aurait dû sentir, si la voyante avait vraiment dit vrai, et la poigne terrible se resserra à nouveau sur sa gorge alors que sur sa peau brûlait le soleil assommant d’un Far West qu’elle n’avait pas connu, d’un souvenir qui n’était le sien que par procuration. Peut-être qu’il aurait pu faire ça, Cain. Remplacer les fantômes qu’elle n’avait jamais demandés, par quelque chose de tout aussi présent, envahissant, mais tellement plus vivant et réconfortant. Comme leur danse dans la pluie de la Nouvelle-Orléans. Peut-être qu’il aurait pu tuer le monstre, sans la tuer, elle. Mais non. Pas ce soir. Elle était profonde, la fêlure dans son cœur, et sous ses pieds alors qu’elle se tenait au bord du précipice de la raison sur le point de s’effondrer. Elle ne savait même plus qui guidait ses mains qui tenait ses revolvers, elle ; ou bien ce fantôme dont elle sentit la soudaine présence derrière elle, dont la figure à moitié défigurée avait donné tant de cauchemars à ceux-là même qui avaient juré de le lui faire payer à elle.

Jinny hurla de détresse en sentant des bras nouer leur emprise d’acier autour de sa taille, prisonnière, captive, otage, de qui, de quoi, de Cain ou de Jonah, elle avait perdu le fil mais elle se débattit comme un beau diable, furieuse, terrorisée, pendant toute la seconde que dura cette brève étreinte. « LÂCHE-MOI ! » aboya-t-elle, animal blessé et pris au piège, mais il l’avait déjà lâchée, abandonnée à cet horrible vertige alors que la pluie martelait dans tous les sens, comme si elle aussi cherchait à la mettre à terre et l’y maintenir sous son torrent. Le cœur au bord des lèvres, elle se retourna. Et se figea sur place lorsqu’elle se retrouva les yeux dans les yeux avec le canon d’un revolver. Nouvelle claque dans la figure, nouveau déchirement alors qu’elle essayait de reprendre son souffle qu’elle ne trouvait plus, la poitrine trop compressée, les membres paralysés et tendus dans l’anticipation de la détonation. Mais il ne tirait pas. Et la déchirure s’approfondissait un peu plus, à chaque seconde qui passait où il ne tirait pas, Cain, mais où il n’abaissait pas le bras non plus, tirant au maximum sur cette corde qui lui faisait tellement mal, refusant de mettre fin à un supplice qui n’avait plus aucun sens. Qu’il tire, bon sang. Même s’il ne voulait pas. Surtout s’il ne voulait pas. Parce que plus il attendait, et pire ce serait, pire c’était déjà. Elle qui pensait qu’il ne pouvait y avoir pire que réaliser que c’était lui, son exécuteur, finalement, le pire c’était cette profonde conviction, viscérale, dévastatrice, qu’il n’avait pas envie de l’être, mais qu’il préférait l’être que l’alternative. Qu’ils auraient pu faire mieux, tellement mieux que ça. Mais qu’ils n’étaient pas assez forts. Et Jinny serra les dents, alors que la confession étranglée de Cain perçait douloureusement sa poitrine, et elle serra la crosse de son pistolet alors qu’à travers la plaie ouverte, la bête trouvait le chemin tant attendu de la surface. La bête, ou, comme le nom l’indiquait si bien, la malédiction. « Moi aussi, Cain. » Il serait désastreux jusqu’au bout, leur duel. Un échec pitoyable sur toute la ligne. Tout ça pour ça. Et la vacuité de cette violence, fut pour elle la déchirure de trop. Un interrupteur qu’on déclenche, un verrou qu’on fait sauter. Cain ne tirait toujours pas. Alors elle tendit le bras, Jinny, droit, ferme, inflexible, et c’était surréaliste, cette impression du temps qui ralentissait sur quatre fers, pour lui laisser le temps à elle d’ajuster son tir, de viser exactement là où elle voulait l’atteindre, malgré le rideau de pluie, malgré le bouillonnement infernal dans ses veines, malgré le voile devant ses yeux. Et son doigt pressa la gâchette. Et la détonation retentit.

Par quel miracle tenait-elle encore debout, elle n’en savait rien. Peut-être parce que la douleur déchirante qui lui vrillait l’abdomen était moins terrible que celle qui la foudroya sur place en voyant Cain s’affaisser par terre, sans qu’elle ne sache pourquoi, parce que c’était elle qui avait été touchée, non ? Jinny vacilla, et baissa les yeux sur son ventre et… rien. How. Le souffle coupé, l’incompréhension la plus complète dans ses yeux perdus, elle releva le regard sur Cain. Qu’il était rouge, ce sang qui se diluait sur le pavé inondé. Et un sanglot s’étrangla dans sa gorge, alors que la présence de Jonah disparaissait avec ce sang qui s’échappait de son abdomen, et qu’elle baissait le bras et son revolver encore fumant. Elle avait perdu. Ils avaient perdu tous les deux, parce qu’il ne pouvait pas y avoir de gagnant de cette guerre absurde. Elle lui avait collé une balle dans l’abdomen, et maintenant, il n’avait plus qu’à se vider de son sang sur le goudron, parce que c’était ça, le sort réservé aux traîtres, non ? Un peu trop hâtivement, Jinny s’approcha, et d’un mouvement du pied envoya valdinguer le pistolet de Cain, hors de portée. Pour ne pas risquer la deuxième manche. « C’est terminé, Turnbull. » articula-t-elle en rangeant ses pistolets à elle aussi. Et, cédant à une impulsion, sans prendre garde à la moindre notion de prudence, elle franchit les quelques pas qui les séparait, machinale, mécanique, et s’accroupit devant lui. Ses mains agrippèrent le col de son haut et elle le força à la regarder, droit dans les yeux – qu’il se téléporte si ça lui chante, elle ne le lâcherait pas avant de lui avoir dit ce qu’elle avait à lui dire. « Et maintenant tu vas me faire une promesse. » Elle avait le cœur qui battait la chamade dans sa poitrine – et d’aussi près, elle sentait, plus que jamais, celui de Cain cogner à l’unisson dans ses tempes, plus assourdissant que la pluie battante qui échouait à laver l’horreur de leurs péchés, la douleur de cette foutue balle qui l’avait touché, lui, en plein ventre, et qu’elle sentait encore lui déchirer les entrailles comme si c’était elle qui l’avait reçue. Qu’elle était loin, la Nouvelle-Orléans. Qu’elle avait mal, d’être forcée à contempler le visage tordu de douleur de Cain, auquel se superposait le sourire espiègle qu’il avait affiché dans la maison de LaLaurie. Ou peut-être que c’était elle, dont l’expression se désintégrait, parce qu’elle n’arrivait plus à tenir la façade. « Promets-moi que c’est terminé. Promets-moi que tu recommenceras pas. » énonça-t-elle, et sa voix craquait sous la pression, et elle serra son col un peu plus fort entre ses doigts pour ne pas qu’il sente ses mains qui tremblaient déjà. « Tu peux dire à ta foutue famille qu’ils peuvent venir me chercher, je m’en fiche. Je les attends. Mais toi, plus jamais, t’entends ? Je ne veux plus jamais croiser ton chemin. Je ne veux plus jamais avoir à faire ça, t'as compris ? Promets-le moi ! » s'exclama-t-elle en cherchant désespérément à accrocher son regard aussi assombri que le sien. Oh, comme elle aurait préféré que ses paroles sonnent comme une menace – ça aurait tout rendu tellement moins difficile. Mais elle n’y arrivait plus. Le fuel haineux et meurtrier des Hex était épuisé. Ne restait que la supplique d’une pauvre idiote qui venait peut-être de tuer le pauvre idiot qui, l’espace de quelques mois, avait réussi à lui faire croire à quelque chose de neuf et de sincère. Et, l’espace de quelques semaines, à lui faire croire à l’existence des miracles. Son miracle. Alors oui, tant pis pour l’honneur, tant pis pour les apparences, elle était là, à genoux sur le bitume inondé, trempée sous la pluie diluvienne, à le supplier, son bourreau agonisant, de ne plus jamais tenter de faire ce qu’il avait tenté ce soir ; parce que la prochaine fois, elle n’aurait pas le courage de pointer le canon de son revolver sur lui.

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MessageSujet: Re: bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground (cain)   bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground (cain) EmptyDim 31 Mai - 0:54


bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground


Ton esprit se mélange tellement au sien que tu ne parviens toujours pas à déterminer lequel de vous deux a été touché. Pourtant, ta main couleur carmin posée sur ton ventre est un indice on ne peut plus édifiant. T'as du mal à respirer, le sang s'écoule entre tes doigts, et alors, tu comprends qu'il ne te reste plus beaucoup de temps. Et encore tant à faire. T'es trop jeune pour mourir, t'as trop d'erreurs à réparer, trop de regrets à rectifier, trop de bonheur à découvrir. C'est pas ainsi que tu imaginais ta vie, mais existe t-il d'autres finalités pour les enfants soldats ? T'as été envoyé au combat par ceux qui devaient te protéger, la guillotine, ce n'est pas Jinny qui l'a enclenchée, c'est eux. Une lame sur ta nuque semblable à cette agonie sur les docks de Gotham. Et le pire dans ce constat déchirant, c'est que tu sais déjà que ta perte ne sera qu'une triste déception, rien de plus. Il n'y aura pas de cris, pas de pleurs, juste l'impression d'avoir misé sur le mauvais cheval. Tu ne manqueras à personne. C'est ta faute. Tu t'es tellement évertué à tous les repousser que t'as oublié à quel point il était important de se sentir aimé. L'amour, voilà ton plus grand regret. Ne pas y avoir eu droit, ne pas avoir su l'attraper quand il s'est présenté à toi plusieurs fois. Tu ne seras jamais un époux. Tu ne seras jamais un père. Tout s'achève ici, sous une pluie diluvienne, assassiné de la main de celle qui devait tout changer. Mais tu ne lui en veux pas, pas du tout. Elle a fait ce qu'elle avait à faire pour se protéger, et tu es sincèrement soulagé d'avoir échoué dans ta tâche. Les Turnbull ont perdu, et tu ne l'emporteras pas avec toi dans ta chute, la cowgirl, qui se rapproche de toi avec précaution. Qu'elle admire l'ennemi à genoux devant elle, même si tu sens au fond de toi, malgré tes tripes abimées, que ce n'est pas ce qu'elle voulait. Le flingue est envoyé trop loin pour que tu le récupères, mais tu n'en avais de toute façon aucune intention. Il semblerait même que malgré tes traits transformés par la douleur, tu esquisses un fin sourire. Elle va vivre, Jinny. Elle va avoir une chance de s'en sortir sans avoir une meute de chiens sur ses talons, ça, tu vas t'en assurer avant de partir. Il ne restera que ton échec, que le fils raté qui s'est attaché à sa proie au point de préférer se sacrifier pour elle. T'aurais pu tirer, t'aurais pu profiter d'une dizaine d'occasions grâce à l'avantage de ta téléportation, mais tu n'as rien fait. A croire que c'est ce que tu voulais, finalement, au plus profond de toi-même. L'épargner, bien sûr, mais aussi te libérer, être enfin débarrassé de toute cette pression, et de troquer, sans hésitation, le fils prodige contre le fils indigne. Tant pis s'ils ne t'aimeront jamais, tant pis si tu n'auras jamais l'affection que tu as cherché auprès d'eux toute ta vie, il te semble l'avoir trouvée ailleurs, éphémère mais bien réelle, au volant d'une voiture, dans une rue de la Nouvelle-Orléans, et dans la maison d'une criminelle.

Difficile de ne pas avoir peur, quand l'on imagine déjà son dernier souffle seul sur le bitume froid et humide. T'as le corps qui tremble tout entier, et ça n'a rien à voir avec la fraicheur de la pluie qui s'abat sur toi. T'es qu'un gamin, t'as pas compris dans quoi tu t'engageais, ni tout ce que tu risquais. Que reste t-il de tout ce que tu as construit toutes ces années ? Tout ce à quoi tu t'es dévoué en oubliant le reste ? Absolument rien. L'entreprise te survivra, l'un d'entre eux en prendra la tête, et ton nom disparaitra au fil des années, comme un amas de poussière balayé par le vent, ou un château de sable emporté par la vague. Tu n'auras pas sauvé le monde. Tu ne l'auras pas changé non plus. Mais alors qu'elle s'abaisse, et que ses doigts s'agrippent à ton col, tu te dis que ce n'est peut-être pas si grave, parce que t'aurais au moins pu la sauver elle. Tu l'entends sa promesse, à Jinny. Et tu sens la souffrance qui émane de chacun de ses mots. Elle ne voulait pas plus que toi en arriver là, pourtant, c'est doucement mais sûrement que tu te vides de ton sang, usant de tes dernières forces pour trouver son regard. La balle n'est pas ressortie, et même si elle est en train de te détruire de l'intérieur, elle reste moins corrosive que le regret de ne pas avoir pu avorter le plan initial. Oh, elle est forte, la rouquine, car malgré ce cœur qui commence déjà à ralentir, tu le sens quand même se briser sous cette demande qui ressemble à s'y méprendre à une supplication. La promesse de ne plus jamais croiser son chemin ? Ce que t'aimerais pouvoir lui faire. Mais la vérité, c'est que même si tu avais une chance de t'en sortir, tu ne la ferais pas. Parce que tu refuses de ne plus jamais la revoir. T'as pas envie que l'histoire s'arrête ici. Tant pis si elle en venait à te haïr, tu ne pourrais te résigner à la laisser s'en aller. C'est trop tard, elle a pris trop de place dans ta misérable existence, comment pourrais-tu renoncer à elle ? Mais la question ne se pose de toute façon même plus, puisqu'il n'y aura pas de demain. Il n'y aura plus de vous. « Jinny. Regarde-moi, je n'ai plus rien à te promettre. C'est déjà terminé. » Machinalement, tes mains viennent accrocher ses poignets, fermement, tentative désespérée de maintenir un lien entrain lui aussi, de mourir. Elle ne réalise pas que tout est fini. Que la sentence est tombée, et que tu as été condamné à la peine capitale. Mais avant de baisser définitivement les armes, et de laisser le froid t'envelopper pour de bon, il y a encore quelques petites choses que tu aimerais lui dire. En guide d'adieu, car même si elle semble refuser de le voir, c'est bien de ça qu'il s'agit ce soir. « T'es pas comme lui. » T'as ressenti sa confusion, dans le hangar, quand le visage de son ancêtre s'est superposé sur le sien, et toi aussi, pendant longtemps, t'as cru que les deux ne pouvaient qu'être une seule et même entités. « J'ai tout de suite su que t'étais pas comme lui. » Elle pense être intimement liée à lui, à sa noirceur, à sa violence, mais rien n'est irréversible, rien n'est gravé dans la roche. Qu'elle se libère de ses chaines, elle aussi, qu'elle prenne son envol, et qu'elle ne se retourne pas.

Elle t'a demandé de la lâcher, tout à l'heure, mais c'est exactement l'inverse que tu fais maintenant, imprégnant son blouson du sang du plus jeune des Turnbull, et du premier qu'elle est parvenue à abattre. « Jinny... » Tu l'agrippes parce que t'es terrifié. T'oses pas lui dire parce que tu veux rester brave jusqu'au bout, mais t'es terrorisé. C'est effrayant, la mort, quand on sait qu'elle attend. Surtout aussi jeune. Et toi, tu n'as personne à qui lui demander de confier tes derniers mots, alors c'est pour elle qu'ils seront. T'as du mal à respirer, comme si un millier de lames venaient de toutes te transpercer en même temps, mais tes derniers souffles seront pour elle. « Tu veux bien ne pas garder que le pire ? » De toi. De vous. T'aimerais pouvoir gommer les ratures de votre histoire, qu'il ne reste que le karaoké sur Shania Twain, vos vœux l'un pour l'autre, et cette danse, qui n'aurais jamais dû être la dernière. Ce que t'aurais aimé en avoir une autre, de danse, une chance de sentir à nouveau tout ce qu'elle a réussi à faire naitre en toi en te prenant simplement la main. Vous avez quand même eu des bons moments, pas vrai ? Votre rencontre a été calculée, mais le reste s'est écrit à l'encre d'une complicité insoupçonnée. Tu t'en fiches de la voyante, qu'importe ce qu'elle vous a dit, t'as pas eu besoin d'elle pour savoir qu'elle tiendrait un rôle important dans ta vie, Jinny. Pas ton bourreau, ton espoir. L'espoir d'enfin trouver le courage de te détourner du chemin, de ne plus te soucier de ce qu'ils pourraient penser de toi si tu venais à échouer. T'as manqué de temps, mais c'est pas grave, t'auras essayé. Vraiment essayé. « Ne te souviens pas de moi que pour ça, s'il te plait. » Dernière volonté d'un homme qui aura vécu trop vite pour ne pas mourir jeune. L'unique chose que tu peux laisser derrière, ce sont les souvenirs qu'elle aura de toi, alors par pitié, tu serais prêt à l'implorer, pour ne pas exister à travers elle que par tes travers et tes erreurs. Elle ne pourra pas différencier tes larmes de la pluie ruisselante sur ton visage, mais tant mieux, comme ça, elle aura vraiment l'impression que tu seras parti dignement, la tête haute. Tes mains relâchent leur prise, et tes bras restent ballants, corps déjà presque désarticulé, qui n'attend plus que de s'allonger par terre pour tout oublier. Qu'elle parte maintenant. Tu refuses qu'elle assiste à ça, quand bien même cela signifie partir seul vers l'inconnu. T'es tellement fatigué. Epuisé de t'être battu dans une guerre qui n'était pas la tienne, et d'avoir perdu tant d'énergie dans une autre que tu n'aurais jamais pu gagner. Quelle tristesse que d'avoir attendu la mort pour être enfin libre.
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MessageSujet: Re: bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground (cain)   bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground (cain) EmptyMar 2 Juin - 20:19


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Mais quelle audace. Alors même qu’elle avait gagné, alors même qu’elle était sortie triomphante – dans un sens très relatif du terme – de leur duel, il avait l’audace de lui refuser cette foutue promesse qu’elle essayait de lui arracher, comme garantie fragile et maladroite que plus jamais elle n’aurait à supporter ce déchirement. C’était incroyable. Et elle avait envie de le gifler, les doigts crispés sur son col, la mâchoire serrée à s’en faire mal aux dents, elle avait envie de le gifler pour le forcer à la lui faire, cette promesse, mais un poids lourd retenait sa main, et toute bouffée de détermination qui explosait dans sa poitrine s’essoufflait aussitôt, alors que la poigne de Cain sur ses poignets imprimait au fer rouge cette réalité que, depuis quelques instants, elle refusait encore d’affronter. La réalité qui s’inscrivait en lettres de sang dans le caniveau, dilué dans toute cette eau de pluie mais clairement lisible quand même, et que, pour enfoncer le clou, il martelait à son tour pour justifier son putain de refus de lui faire cette promesse qui aurait au moins été synonyme de futur : il n’allait pas y survivre. Et tout l’air disparu de ses poumons, siphonné dans un trou noir alors que la météorite de cette réalisation la percutait enfin de plein fouet. La douleur fulgurante qui lui dévorait encore l’abdomen, là où la balle était entrée – en touchant Cain, mais elle avait bien compris maintenant que c’était pareil – se faisait plus intense alors même que les secondes s’égrenaient, et il faisait froid, tellement froid sous cette pluie diluvienne, mais un froid qui venait directement de l’intérieur et gagnait du terrain à mesure que son sang chaud et poisseux s’écoulait sur le macadam. Et qui ne s’arrêtait pas. Il allait mourir. Cain Turnbull allait mourir, et c’était elle, Jinny Hex, qui l’avait tué. Et elle avait beau mettre toutes ses forces dans sa lutte contre elle-même pour garder contenance, elle fut parfaitement incapable de retenir cette expression de pure détresse qui passa sur son visage alors que la réalité venait enfin de la rattraper. Elle n’en était pas à sa première balle fatale, Jinny, et elle n’aurait pas dû être différente des autres, celle-là ; self-defense, sa vie était en danger, elle s’est défendue. Mais évidemment, que c’était différent. C’était la première fois qu’elle tirait sur une autre moitié d’elle-même. La première fois qu’elle tirait sur un ami. La première fois qu’elle tirait sur quelqu’un qui, en deux rencontres à peine, avait pris tellement de place que tout ce qu’elle voyait en imaginant la suite sans lui, n’était qu’un long corridor sombre. Il disait qu’elle n’était pas comme Jonah, le mourant, mais alors, tout ça avait encore moins de sens, et elle, elle était encore plus perdue. « Mais alors… » Pourquoi, aurait-elle demandé, si sa question n’était pas morte avant de franchir la barrière de ses lèvres. Pourquoi il avait tenté quand même. Pourquoi il était venu. Pourquoi il avait braqué son arme sur elle. Pourquoi est-ce qu’il était en train de mourir, s’il n’avait pas cru s’en prendre à une ennemie. Non seulement elle l’avait tué, Cain, mais en plus, elle l’avait tué pour rien. La haine avait disparu depuis longtemps. Elle n’en sentait plus les échos dans cette bulle qu’ils partageaient sans savoir pourquoi ni commet – elle ne l’avait jamais ressentie. Tout ce qu’il restait, maintenant, irradiant en lui et par conséquent en elle, comme l’ondée de chaque goutte qui s’écrasait autour d’eux, c’était le regret d’une aspiration qu’elle ne comprenait pas encore, mais qui lui filait entre les doigts en ne laissant derrière elle qu’une traînée de tristesse au goût de poudre. Tout ça parce qu’elle avait pressé la gâchette. Tout ça parce qu’elle avait, malgré la pluie et la hâte qui auraient dû fausser son tir, elle avait, inexplicablement, un peu trop bien tiré.

Et après la douleur, après le renoncement, c’est la peur qui s’installe, une poigne de fer tordant et pressant leurs cœurs abîmés alors que l’inévitable se dessine à l’horizon. Il est terrifié, Cain, elle le sent jusque dans ses os, tout ce qu’il n’ose pas dire mais qu’il n’a pas besoin de dire parce que ce qu’il ressent, elle le ressent aussi, et vice versa, alors à quoi bon se parer de faux semblants et nier une réalité qui leur échappait mais s’imposait à eux quand même. Il était terrorisé, de ces terreurs paralysantes qui donnaient envie de s’effondrer parce qu’on ne se sentait plus capable de fuir ni même de crier à l’aide. Qui poussent à se raccrocher aux murs avec les ongles alors qu’on continue de dégringoler le long d’une pente trop raide, ou à se raccrocher aux bras de celle qui vient de planter la balle. Et dans sa terreur, il avait une dernière requête, lui aussi. Et son cœur malmené acheva de voler en un million d’éclats. Enfin, deux millions d’éclats, du coup. Uppercut, victoire par KO, alors qu’au-dessus du spectacle désolant de toute cette violence, lui revenaient les images de ces moments qu’ils avaient partagé avant que tout ne s’effondre. Leur diner. L’hôtel de Metropolis. La Louisiane. Un road trip, une danse sous la pluie et une maison hantée. Des éclats de rire plutôt que des éclats de plomb. Tout n’était pas faux, qu’il lui avait écrit. Alors elle céda. En ravalant un sanglot, elle hocha la tête, sans le regarder. « Okay. » Ses yeux tombèrent sur sa blessure – et tout ce sang qui s’écoulait encore. « Okay, j’essaierai. » Elle ne pouvait pas lui faire plus de promesses que lui ne le pouvait. Mais elle pouvait au moins faire ça. Elle releva hâtivement les yeux sur lui lorsque sa prise se desserra enfin et que ses mains glissèrent de ses poignets, plocs, par terre, dans l’eau de pluie mêlée de sang et de leurs larmes. « Cain ? » appela-t-elle, alarmée, alors qu’elle le voyait vaciller entre conscience et inconscience. Ca y était. Il était là, l’instant crucial. L’instant où c’était à elle de prendre une décision. La décision d’être une Hex, ou de risquer de ne plus être du tout.

« ... shit. » jura-t-elle entre ses dents – et on avait probablement vu punchline plus classe quand il s’agissait d’initier un retournement de situation inattendu, mais là, tout de suite, elle avait d’autres préoccupations bien plus pressantes. D’un geste un peu autoritaire, elle le força à s’allonger, son assassin raté, et elle releva rapidement son t-shirt pour presser la paume de sa main contre sa blessure ; et elle sentit aussitôt, elle aussi, que ça faisait un mal de chien, mais tant pis, il fallait ce qu’il fallait pour ralentir l’hémorragie, et la pluie qui s’infiltrait quand même sous son gant ne lui facilitait pas la tâche. « Reste avec moi, Cain. » Ca sonnait un peu comme un ordre, mais finalement, ça l’était un peu aussi. Il respirait encore, donc, tout n’était pas encore perdu, CQFD, des fois, la vie, c’était aussi que ça, des réponses binaires, un oui ou un non. Sans cesser d’appuyer sur la plaie, elle sortit son téléphone de sa poche et composa le numéro des urgences avant de presser l’appareil à son oreille, come on come on come on, avant qu’enfin, l’inimitable ritournelle ne réponde à son oreille. « 911, what’s your emergency - » « J’ai besoin d’une ambulance. J’ai un blessé. Homme, la trentaine, un coup de feu dans l’abdomen, il a déjà perdu beaucoup de sang. Docks de Gotham, hangar numéro sept. Dépêchez-vous, il est en train de perdre connaissance. » « Madame, il nous faut aussi votre nom… » « Dépêchez-vous ! » aboya-t-elle dans le combiné, avant de raccrocher. C’était sûrement lâche, c’était peut-être retarder l’inévitable, mais elle ne pouvait pas se permettre de se faire attraper ce soir. Même si une part d’elle-même s’en voulait déjà de ne pas prendre cette responsabilité-là. « Les secours arrivent. Alors t’arrête de gigoter, tu respires, et tu restes éveillé, d’accord ? » Elle était dingue, de sauver le type qui avait tenté de la tuer, mais au diable la raison. Il n’y avait rien de raisonnable dans leur histoire, familiale ou non, alors pourquoi elle devrait faire une exception maintenant qu’il était au bord de la mort, hein ? Les conséquences, elle aurait le temps de s’en inquiéter plus tard. Quand il irait mieux. Quand il aurait survécu. Quand elle devra à nouveau s’inquiéter de la cible épinglée dans son dos. Jinny arrêta de parler, pendant les quelques minutes avant que les sirènes de l’ambulance et de police ne déchirent la nuit noire – la GCPD ne traînait jamais bien loin, évidemment. Alors, Jinny plaça la propre main de Cain sur sa blessure pour qu’il continue d’appuyer lui-même, et, le cœur tambourinant dans sa poitrine, elle lui adressa un dernier regard. Plein d’hésitation, d’incertitudes, de regrets, d’un peu de colère aussi ; mais surtout, de cette dernière supplique : meurs pas. Et elle ouvrit la bouche pour lui dire une dernière chose, et puis elle ne trouva rien, ou plutôt, il y avait trop de choses, et elle n’avait plus le temps. Les sirènes se rapprochaient. Alors Jinny se redressa, et, avec la même sensation que si elle s’arrachait elle-même le cœur, elle lui tourna le dos, et s’enfuit en courant pour gagner le Colonel avant que la cavalerie n’arrive.

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MessageSujet: Re: bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground (cain)   bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground (cain) EmptySam 6 Juin - 0:38


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Okay. Elle accepte de t'accorder cette dernière volonté. Mais plutôt que de te sentir soulagé, c'est la tristesse qui soudainement te serre la gorge de ses doigts cagneux. T'aurais aimé qu'elle apprenne à te connaître différemment, sans les faux-semblants, et sous un jour un peu plus rayonnant. Même si tu as cessé de jouer le jeu très vite, emporté par tes propres émotions et la complicité évidente qui n'a fait que croitre entre vous, ce n'est pas complètement à toi qu'elle s'est attachée. C'est à ce que tu as bien voulu lui montrer. Le fils à papa imparfait, flambeur et séducteur, mais suffisamment prévenant pour lui donner envie de le revoir, image erronée dont elle n'aura même pas une photo à déchirer. Qu'est-ce qu'elle penserait du jeune ambitieux ? De l'homme aux nombreuses fêlures ? De l'enfant à la dévotion extrême envers ses parents ? Du naïf utopiste qui pense pouvoir un jour changer le monde ? Est-ce qu'elle le repousserait, ou est-ce qu'elle réussirait à l'apprécier, lui aussi ? Ce n'est peut-être pas vraiment toi qui lui arrache le cœur ce soir, mais celui qu'elle pensait que tu étais, au-delà de ta manipulation devenue limpide. Tu n'es pas si différent de celui que tu as prétendu être, mais suffisamment en tout cas pour te donner l'impression de mourir en inconnu. Vous auriez pu faire quelque chose de beau, elle et toi. Et cette fois, plutôt que de te serrer le cœur, la perspective, même ratée, te fait sourire. Ouais, vous auriez pu être beaux, à votre façon, sans prétendre réinventer quoi que ce soit. Quel horrible acte manqué. T'aimerais aussi la rassurer, pour calmer les cognement assourdissants dans sa poitrine, et anesthésier ce même déchirement insoutenable à en couper le souffle, bien que tu ne trouves pas grand chose à lui dire, déjà à moitié en train de vaciller, sentant tes forces t'abandonner, et le froid se faire de plus en plus mordant. « C'est pas grave. » Mais peut-être que ça l'est. Et qu'elle ne s'y méprenne pas, ce n'est pas parce que la peur s'est temporairement mise en sourdine qu'elle ne te paralyse plus, c'est juste que t'as besoin de te retrouver aussi un peu avec toi-même, confronter tes échecs et tes regrets, pour essayer de partir un minimum en paix. Personne n'est prêt à mourir aussi jeune, encore moins toi, et encore moins après l'avoir rencontrée. Ce que tu veux faire en vérité, en guise de dernière action, c'est la dédouaner de son crime. Elle a fait ce qu'elle avait à faire. Elle s'est défendue quand tu as attaqué, et s'il te restait encore un peu de courage, tu lui aurais même demandé pardon. Comme tu le fais chaque dimanche, pour t’absoudre de tes péchés, tout en ignorant pas qu'ils n'arrêteront jamais de te tourmenter. Pardon pour avoir menti. Pardon pour lui avoir fait du mal. Pardon pour ne pas avoir su l'aimer correctement. Proche de la fin, c'est la seule faute dont tu aimerais réellement te débarrasser. Et elle est la seule à laquelle t'as envie de penser. La seule qui en vaille vraiment la peine.

Allongé soudainement sur le sol, où au-dessus de toi tu ne vois que nuages gris et rafales de pluies, tu te concentres sur la voix de Jinny pour ne pas perdre connaissance. Ce serait fatidique, et t'as pas envie de crever, putain. Tout autant qu'elle n'a pas envie de te voir crever, aussi invraisemblable cela puisse être. Pourquoi elle fait ça pour toi ? Pourquoi elle ne se débarrasse pas définitivement de la menace ? Elle préfère réellement prendre le risque de voir le cauchemar recommencer ? Tu ne lui as en plus rien promis, alors pourquoi, Jinny ? Tu sens sa main presser sur ta blessure, et t'étouffes un hoquet de douleur sous le spasme très très désagréable qui te foudroie de la tête aux pieds. Qu'est-ce que ça veut dire, exactement, rester avec elle ? Après avoir essayé de contenir l'hémorragie, tu l'entends maintenant parler au téléphone, ta super-héroïne préférée, et appeler une ambulance pour que tu puisses avoir une chance d'être sauvé. Ce soir, elle préfère épargner son pire ennemi que d'accepter de le perdre. A quel point est-ce insensé ? Encore plus que votre épisode chez la voyante. Encore plus que cette incompréhensible et si forte connexion qui t'obsède depuis des jours. Mais que tu ne regrettes pas de claquer la porte à la haine. Rester éveiller ? Okay, tu vas faire de ton mieux. Tes pensées sont désormais hachée, mais tu lui promets que tu vas faire de ton mieux. Ta main remplacée par la sienne, tu devines les adieux se profiler très concrètement. Et t'es pas prêt. Pas maintenant. T'essayes de la retenir, tentative désespérée de figer un moment qui file pourtant à toute allure, mais t'y arrives pas. T'as pas le droit de le faire. Tu dois la laisser s'en aller, et apprendre à vivre sans elle, si jamais tu parviens à être épargné. Tu sais pas si c'est vraiment la dernière fois que tu verras son visage, mais ça en a tout l'air, en tout cas. Une sensation encore plus intolérable que le sang qui glisse entre tes doigts. Alors tu la regardes, tu contemples ses traits et cette dégaine que n'importe qui pourrait trouver ridicule, mais que toi tu estimes tout aussi attachante que sa tout aussi atypique personnalité. Il y a beaucoup de choses que tu apprécies chez elle, finalement, et tu n'auras peut-être jamais l'occasion de lui dire. A commencer par combien tu te sentais vivant quand vous étiez ensemble. Et à quel point ça te faisait du bien d'avoir l'impression d'être au fond de toi enfin toi-même. Comment tu peux respirer si elle n'est plus là. Comment tu peux trouver la force de te battre encore un peu si tu n'as pas la certitude de pouvoir la revoir. Tant de choses encore à lui dire, et plus une seule seconde pour le faire. Ce n'est pas le trou dans ton abdomen qui t'arrache cette fois un gémissement de souffrance, c'est sa présence qui disparaît peu à peu. C'est la sentir s'éloigner de toi, alors que tout ce que tu aimerais, c'est réussir à la retenir encore un peu.

Les sirènes de l'ambulance se rapprochent, et il te reste encore une dernière chose à faire : la détacher du crime. Quoi qu'il advienne de toi dans les prochaines heures, tu sais que tes parents ne se méprendront pas sur la main qui tenait l'arme, et que jamais ils n'abandonneront avant de l'avoir complètement détruite. Ton échec ne sera qu'un moyen de rebondir, et de malgré tout parvenir à la faire dégringoler de la falaise. Et ça, tu ne peux pas le permettre. Tu refuses de les laisser faire. Déjà, tu te délestes de ton téléphone, à l'intérieur duquel se trouve vos derniers échanges, et qui permettraient à la police de remonter très facilement jusqu'à elle. Cette première preuve, tu la jettes dans l'eau, sans bouger du sol avec lequel tu sembles avoir fusionné. Plouf. Adieu ce qui aurait pu la compromettre. Mais il reste encore une chose dont tu dois te débarrasser, la balle logée dans ta chair. Une balle qui, elle aussi, pourrait lui coûter sa liberté. Rien, absolument rien ne peut être négligé ou laissé au hasard. Et tu ne pensais même pas en avoir encore la force, mais tu puises pourtant dans tout ce qu'il te reste pour parvenir à tes fins, jusqu'à sentir tes propres doigts déchirer ton corps meurtri. Tu hurles de douleur, ou tu hurles de détermination, tu ne sais plus très bien différencier les deux, dans cette automutilation complètement folle mais nécessaire. Elle est là, pas loin, tu cries, tu enfonces encore plus, pour fouiller toujours plus profondément en essayant de ne pas t'évanouir sous la violence du choc. Et quand enfin tu la trouves, cette saloperie qui va peut-être te faire la peau, tu la regardes un instant, victorieux face au symbole d'une amitié sacrifiée sur l'autel de la vengeance. Ultime effort, elle aussi termine sa course au fond de l'eau sale des docks de Gotham. Maintenant, tout ce qu'il te reste, c'est ta parole. Si t'arrives à t'en tirer, tu ne manqueras pas de concocter une histoire qui la mettra hors de danger, loin du courroux des Turnbull. Elle t'a sauvé, Jinny, alors la moindre des choses c'était d'en faire tout autant pour elle. Elle mérite de s'en sortir, elle mérite d'avoir une chance de se libérer des chaines de son héritage. Et du tien. Souffle court, main ensanglantée, blessure ouverte, t'arrives même plus à appuyer sur la plaie tant la douleur te fracasse chaque muscle, chaque nerfs. Mais tu entends de l'agitation autour de toi, tu distingues des silhouettes, les secours sont arrivés. Elle t'a demandé de rester éveillé, alors c'est ce que tu fais, luttant contre la paix et la sérénité que fermer les yeux pourrait t'apporter, pour t'accrocher à cette vie pleine de combats dont tu ignores si tu en verras un jour la fin. Est-ce que ça en vaut vraiment la peine, d'essayer de se battre quand tout serait pourtant plus facile en lâchant prise ? Oui. Oui, t'en es persuadé. Ce soir plus que jamais.
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MessageSujet: Re: bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground (cain)   bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground (cain) EmptyDim 7 Juin - 23:11


bang bang, he shot me down, bang bang, i hit the ground


Jinny Hex fuyait la scène du crime, alors que les sirènes, de la police ou des ambulances, elle ne savait pas très bien au milieu du fracas qui lui assourdissaient la tête, retentissaient dans le lointain, annonciatrices d’un espoir balbutiant pour le mourant qu’elle avait abandonné derrière elle. Sans se retourner, évidemment, parce que trop conscience que si elle avait esquissé ne serait-ce que le début d’une volte-face, elle n’aurait pas réussi à partir. Elle serait restée là, agenouillée aux côtés de sa victime, la nuque offerte à l’autre sorte de couperet qui lui serait inévitablement tombé sur la nuque. Et peut-être qu’elle aurait dû, finalement. Ca n’était pas la première fois qu’elle versait le sang, Jinny, pas la première fois qu’elle prenait une vie, certainement pas la première fois qu’elle le faisait pour se défendre, schéma intraitable de celle qui refusait de prendre une vie pour rien, mais cette fois était indubitablement la plus douloureuse. Si Cain mourrait ce soir, elle se sentirait, plus que jamais auparavant, plus encore que la première fois qu’elle avait dû abattre quelqu’un, une meurtrière. Une main assassine se resserrait sur sa gorge à l’en suffoquer alors qu’elle mettait de la distance entre elle et Cain, et c’était insupportable, ce lien qui les reliait et se tendait, tendait, resserrant encore le fil douloureux autour de son cou et qui la mettait toute entière à vif. Alors elle reprit sa course de plus belle sous la pluie battante et trouva refuge derrière un abri de pêcheur, où elle s’agenouilla, le souffle court et haché, avant de risquer un œil au dehors. Elle n’y voyait pas grand-chose avec toute cette pluie diluvienne, mais elle devrait pouvoir voir les ambulances arriver, pas vrai ? Son cœur tambourinait si fort dans sa poitrine qu’elle était à peu près sûre d’avoir des côtes cassées, et il battait aussi contre les parois de sa boîte crânienne, alors qu’elle scrutait l’obscurité de la nuit et ce rideau insondable qui ne la laissait plus qu’avec une seule angoisse : est-ce qu’il était encore vivant ? Mais oui, il devait forcément l’être. On ne pouvait pas être liés comme eux l’étaient, écho permanent de l’autre, à ressentir les douleurs de l’autre, et ne pas se rendre compte si l’un des deux passait l’arme à gauche. Sa poitrine en feu lui faisait mal. Elle avait la gorge nouée, et elle attendait, là, planquée dans son recoin comme une gamine terrorisée, un verdict abominable. Et finalement elle voulait voir, mais elle ne voulait pas voir, alors elle s’adossa à la paroi et attendit, suspendue sur un fil, que les sirènes se rapprochent enfin.

Et soudain, la douleur, fulgurante, lui déchira le flanc, un incendie insoutenable dans ses entrailles qui fit fuser un cri dans sa gorge qu’elle ne retint que de justesse alors qu’un voile noir et des étoiles passaient devant ses yeux. Par réflexe, une de ses mains se porta sur la blessure imaginaire – parce que c’était une blessure imaginaire, enfin, ça n’était pas la sienne, elle le savait, elle le voyait, bordel, il n’y avait rien, quand elle releva sa chemise, au bord de l’hyperventilation, et avant qu’elle ne puisse lutter, une nouvelle vague de douleur vrilla son côté, passant à deux doigts de la terrasser. C’était inhumain, et elle n’eut pas d’autre choix que de se mordre l’avant-bras jusqu’au sang pour étouffer le cri de douleur qui remontait dans sa gorge. Et surtout, il y avait ces cris, non, ces hurlements de douleur qui dominaient même la cacophonie de la pluie battante. Oh seigneur, il était en train de retirer la balle. Mais arrête. Stop. Pourquoi. Et s’il était encore possible de briser un peu plus ce cœur déjà malmené dans sa poitrine, alors c’était fait, et il n’ne restait maintenant plus que de la poussière, alors qu’elle était à deux doigts de tourner de l’œil, torturée par la douleur de Cain qu’elle ressentait comme sienne sans comprendre pourquoi, perdue, paniquée, elle aussi, incapable de se raccrocher à ces derniers fils de raison qui lui glissaient entre les doigts. Et pendant un instant, un bref instant, elle fut là-bas, à quelques mètres de là, avec lui, elle fut lui, terrassée de douleur mais se faisant tout de même violence pour retirer cette putain de balle et elle savait que c’était très important mais elle ne comprenait pas pourquoi, et elle voulait juste lui dire d’arrêter, le supplier d’arrêter, parce qu’ils s’étaient infligé suffisamment de peine pour ce soir et qu’elle n’en supporterait pas plus. Et enfin, par-dessus le vacarme de leurs deux esprits entrechoqués, elle entendit, enfin, les sirènes de l’ambulance et les crissements de pneus sur le bitume humide. Pliée en deux par terre sans s’en être rendu compte, Jinny se redressa péniblement, et risqua un œil hors de sa cachette. Les secours étaient là. Elle distinguait mal ce qu’il se passait à travers la pluie et les étoiles qui dansaient encore devant ses yeux, mais elle distingua une civière, et qu’on chargeait quelqu’un dessus, et il y avait des voix urgentes, donc c’est bien qu’il n’était pas mort, hein ? Hein ? Et aussi rapidement qu’elle était arrivée, l’ambulance repartit, mais elle entendit d’autres sirènes, celles bien distinctives du GCPD. Il fallait qu’elle se tire de là. Très vite.

En grimaçant de douleur, Jinny se hissa sur ses deux pieds, et, avec cette impression tenace de marcher dans du coton, ou dans un rêve, ou dans un cauchemar, et sans la moindre notion de combien de temps elle avait pu marcher, elle tituba jusqu’au Colonel, garé quelques centaines de mètres plus loin, hors de vue de la police ou de qui que ce soit à part les rats de Gotham City. D’un coup sec, elle ouvrit la portière et se hissa péniblement dans l’habitacle avant de refermer derrière elle. Epuisée. Vidée. Jinny laissa échapper un long soupir fragile en croisant les bras sur le volant et posant son front fiévreux dessus. Au loin, hors de portée, les sirènes du GCPD achevaient leur course. Mieux valait qu’elle se tire d’ici. Elle renifla et se redressa dans son siège, et baissa les yeux sur sa chemise. Bordel. Elle avait perdu bien plus sang qu’elle ne l’avait réalisé ; elle en avait carrément oublié sa propre blessure, sa propre douleur, pendant que son corps s’était éclipsé au profit de celui de Cain. Quel carnage. Pas de quoi la mettre en danger, mais elle avait sérieusement besoin de désinfectant, et… et elle n’arrivait plus à penser droit, alors c’était tout ce à quoi elle s’accrocha : du désinfectant. Comme une idée obsessionnelle en boucle. Haletant, elle tendit la main vers son téléphone portable – et remarqua qu’elle avait les mains qui tremblaient. Okay. Respire, Jinny. Sauf qu’elle n’arrivait pas à respirer, alors elle s’empara quand même de son téléphone, sans savoir qui appeler, ou pourquoi, et c’est alors qu’elle remarqua qu’elle n’avait aucun appel en absence, et pourtant, sa messagerie lui indiquait un message vocal. Et un pressentiment terrible s’empara d’elle. Je vais pas aimer ce que je vais entendre, c’est ça, songea-t-elle, en composant pourtant, machinalement, le numéro de sa messagerie avant de porter l’appareil à son oreille. Et, passé l’annonce de la date du 15 mars, date de leur retour sur Terre, une voix s’éleva du combiné. Et Jinny, foudroyée sur place par cette voix d’outre-tombe, en resta complètement paralysée. « Salut Jinny, c'est Cain. Je me suis réveillé dans le bayou, entouré de cochons sauvages qui me regardaient bizarrement. Du coup, j'ai pensé à toi, est-ce que tout va bien ? Enfin, j'ai pas pensé à toi par rapport aux cochons, hein. Bref… » Une blague. Une très mauvaise blague, une blague de très mauvais goût, voilà ce que c’était, et pourtant, elle se faufilait à travers ses défenses paniquées, cette voix, s’immisçait dans ses interstices, créait de nouvelles fissures et se nichait juste là, à côté de son cœur en miettes. Sa main sur le volant serra à s’en faire mal aux phalanges, et un voile lui brouilla la vue, alors qu’elle s’accrochait, incapable de les repousser, à ces quelques mots inespérés, insignifiants, quelques mots dont, sincèrement, elle ne savait plus s’ils étaient mensongers ou non, mais en cet instant, une voix, c’était tout ce qu’il lui restait de cette horrible débâcle. Et c’était pas assez. Et c’était trop. Son téléphone glissa de sa main, acheva sa course sur le fauteuil de la camionnette, et Jinny, enfin, fondit en larmes dans l’habitable du Colonel. Toute seule, du sang sur ses vêtements et sur les mains, et cette incertitude terrible qu’elle avait peut-être tué Cain, et cette certitude, peut-être plus terrible encore, qu’à eux deux, ils avaient tué tout ce qui avait pu exister entre eux. Au nom d’une foutue guerre qui, au fond, n’aurait jamais dû être la leur.

FIN.


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