"Ocean eyes, help & vendetta" (Orm)

"Alarms will ring for eternity The waves will break every chain on me My bones will bleach My flesh will flee So help my lifeless frame to breathe ♪" La brise nocturne berçait la côte, te rafraîchissant, toi, l’unique âme encore errante au bord de l’eau. Assise en tailleur sur un petit promontoire de rochers, tes yeux fouillaient le large comme pour y trouver une preuve, la preuve de sa nature hostile. Cela pouvait te prendre des heures, d’ainsi juger l’océan comme s’il eût été un sombre criminel dont la culpabilité reste à prouver. Toi, Jane, tu étais prise entre deux phares. Irrésistiblement attirée par les flots, qui, paradoxalement demeuraient une des seules choses qui pouvait encore te faire peur. La mer te terrifiait, et c’est à distance respectable que tu te tenais pour l’admirer. Exactement comme on admire un animal sauvage dangereux. T’avais délaissé tes tenues extravagantes ce soir là, au placard les paillettes, les bijoux bling-bling et les couleurs affriolantes. Tu étais délestée de tout artifice pour revêtir ton apparence naturelle. Orchid Bay ce soir aurait bien du mal à te reconnaître, et c’était là ce qui faisait de toi quelqu’un d’ingénieux. Sans le moindre déguisement tu devenais anonyme, hors radar, du moins pour tes admirateurs. Qui sait ce que tes anciens geôliers détenaient sur toi ? De l’ADN ? Les traits de ton visage entrés dans un logiciel de reconnaissance facial ? Tes empreintes ? Te recourbant sur toi-même, les genoux sous le menton, tu réfléchissais. Il n’y avait qu’au bord de l’eau que tu pouvais te permettre de te sentir un tant soit peu vulnérable, d’être à la fois triste, nostalgique, apeurée, stressée, même si ces émotions étaient simplement effleurées, en surface. Ta carapace s’épaississant avec les années, il devenait difficile pour toi de vivre une émotion sincère sans la jouer. Ton existence était devenue une scène, où tout demeurait à l’état d’interprétation et de dosage. Tout, sauf la peur et l’adrénaline. Tu ne pouvais t’empêcher de penser que c’était ce qui te rendait avant tout humaine, mais aussi ce qui te maintenait dans le cap, qui fixait ton but sur tes os. Un rideau de cheveux s’abattit devant ton visage et tu fermais les yeux, les oreilles attentives. Même dans cet instant d’apparente plénitude, tu étais aux aguets. Quand j’aurais anéanti tous mes ennemis, les amis de mes ennemis, et les ennemis à venir, je pourrais être libre, pas avant, pensais-tu à tord. Ton bomber rouge seyant te portait assez chaud et tu décida de demeurer encore un peu avant de rentrer. D’ordinaire, tu restais plus de temps mais ce soir là tu avais fini de travailler tard et c’est les muscles endoloris que tu étais finalement parvenue jusqu’au bord. Tu fredonnais, tapotant du bout des ongles sur le rocher. T’avais envie de t’endormir là, à la belle étoile, écoutant les clapotis de l’eau, mais tu savais que jamais tu ne parviendrais à fermer l’œil. Tes nuits étaient rythmées de cauchemars, plus ou moins denses, et tes journées quelquefois s’habillaient de flashs terrifiants que tu t’empressais de couvrir. Ta chanson, tu ne l’arrêtais que pour siroter ta flasque de brandy. T’avais un peu recommencé à boire ces dernières semaines, depuis que tu avais trouvé ce point précis, là où t’avais posé les fesses qui rassemblaient les hommes de Star City par dizaines chaque soir. T’en étais sûre, droit devant toi, quelque part, se trouvait ton enfer personnel, là où t’avais grandi. T’avais eu ce flash, comme une évidence, mais l’océan était bien vaste et toi tu n’y risquais pas un orteil. T’étais bloquée avec ta certitude inutile, chantonnant pour évacuer ce sentiment hyper agaçant de frustration. No need to imagine 'Cause I know it's true They say "all good boys go to heaven" But bad boys bring Heaven to you ♪ Même ta chanson te faisait grincer des dents, comme presque 90 % des autres elle parlait d’amour et t’avais aucune putain d’idée de ce qu’on pouvait trouver à ce truc. 60 % de ces mêmes morceaux n’étaient-ils pas à pleurer ? des histoires de séparations, de tromperies, de douleur… T’avais bien assez de la tienne pour t’encombrer avec ça, et de toute façon tu ne saurais pas comment faire pour ressentir, toi qui étais si engourdie, à qui on avait enlevé toute forme d’amour au cours de l'existence : paternel, maternel, fraternel, amical, romantique. C’est sur ces divagations, en finissant ta chanson que tu te penchas en avant. Ton reflet te rendait ton œillade désintéressée, détaillant tes traits à l’air détaché, expression que tu arborais la plupart du temps. L’eau noire s’agitait à peine dans la nuit, le petit photophore que t’avais apporté et les quelques habitations plus loin étaient les seules sources de lumières que t’avais, et, même si tes yeux s’étaient accoutumés à l’obscurité, tu ne pourrais pas voir le fond. C’était ce qui te faisait le plus peur sans doute : C’est que de la flotte, énonças-tu avant de te pencher davantage, les longues ondulations brunes glissèrent de ton oreille pour peser dans le vide. La poitrine comprimée par le bord de la roche, tu tendis la main pleine de bagues, aux ongles manucurés par un pro : l’avantage d’être une star. Caressant l’air au dessus de la surface, tu hésitais, te mordillant la lèvre. Merde, t’étais une flipette ou quoi ? En fronçant les sourcils, t’enfonças tes mains mates dans le noir brillant, attendant le cœur battant, frissonnant à cause de la fraîcheur de l’eau. Sans te brusquer, tu fis un léger mouvement de poignet d’avant en arrière, parvenant même à soupirer : Enfin, c’tait pas si terr-... WHAT THE !!!! T’eus juste le temps de te reculer avant qu’une truc énorme ne jaillisse de l’océan, te jetant un peu plus loin sur le dos. Ton coude s’érafla sur le roc, mais t’étais trop occupée à palpiter de tout ton être. T’avais lâché un cri ce qui t’étais pas arrivé depuis une éternité, et tu tremblais désormais, les yeux écarquillés et fixés devant toi : à la lueur du photophore miraculeusement encore allumé, il y avait un monstre et un homme. T’aurais bien pris tes jambes à ton cou mais tu étais bien incapable de bouger : pétrifiée était un bien faible mot pour décrire, encore et toujours ce qui te tenait à bout de bras dans ta condition d’être humain : la peur.

code by lizzou × gifs by tumblr

Les visages suppliants de tes semblables te hantent encore, alors qu'assis sur une roche, tu contemples une pierre bleue logée dans le creux de ta main. C'est par pur hasard que tu es tombé sur ce labo d'expérimentation aquatique, où à l'intérieur, derrière une vingtaine de vitres transparentes, se trouvaient des créatures sous-marines, mais aussi des Atlantes, tous métamorphosés, tous méconnaissables, tous traumatisés par les expériences endurées. Depuis combien de temps cette maison de l'horreur existe t-elle ? Toi qui pensais avoir arpenté les mers de long en large et en travers, et en connaître pratiquement tous les recoins, voilà que l'on vient de te prouver tort de la plus infâme des façons. Une prison, ou qu'importe le nom qu'elle portait, qui est parvenue à ébranler ton sang-froid légendaire. Tu n'es pas quelqu'un qui se laisse aisément chambouler, ou pour qui ignominie d'autrui reste un mystère, mais là, au milieu de toutes ces cellules et de ces êtres abimés, tu t'es senti horriblement désoeuvré. Blessé, horrifié, et animé par la colère, tu as cherché le responsable de ce carnage, impatient de lui planter les pointes de ton trident dans la chair. Mais tu n'as trouvé personne. Si ce n'est le silence assourdissant, leurs visages déformés par la torture et les cris muets qu'ils poussaient pour que tu les libères. Ce que tu as fait immédiatement dans un excès de rage incontrôlable. Tu as détruit toute l'infrastructure pour mettre un terme à cette folie et briser leurs chaines. Même si tu sais que la plupart ne survivront pas. La liberté ne suffira pas à les sauver. Transformation, mutation, greffe, c'est une véritable galerie d'êtres brisés qui a défilé devant toi, alors que le lieu de leur condamnation sombrait dans les eaux. Et c'est là, en pleine contemplation de leur déchéance, que tu l'as entendue. Cette voix. Ce chant. Qui provenait du plus profond de l'océan. Comme une lamentation, un appel au secours qui n'avait absolument rien d'humain ou d'Atlante. Quelque chose de différent, et que tu n'as pas été capable de reconnaître, toi qui sais pourtant tout des sons marins. De quoi piquer ta curiosité, délaissant pour un temps ta traque du responsable du labo des horreurs, pour partir en quête de cette inconnue.

C'est dans une fosse à la pression presque insoutenable que la voix semblait se rapprocher. Plus tu descendais plus tu sentais tes muscles souffrir, mais plus tu commençais aussi à apercevoir une lumière bleutée, rayonnante, magnifique. Sur le sol océanique, à des kilomètres de profondeur, où très peu pourrait s'aventurer, tu as trouvé une pierre. Une pierre bleue marquée d'un symbole inconnu, qui attendait d'être trouvée. Est-ce de ça que provenait cette voix ? Et pourquoi est-ce toi qu'elle semblait appeler ? Un mystère que tu n'es toujours pas parvenu à percer aujourd'hui, malgré tes recherches et tes multiples quêtes pour obtenir des réponses. Tu as récupéré le trésor, avant de remonter à la surface, le nez en sang d'avoir aussi longtemps supporté une pression aussi féroce. Lieu inatteignable au milieu duquel tu as pu croiser carcasses de bateaux. Une dizaine, appartenants tous à une époque différente. Des marins sans doute attirés par le chant mystérieux, eux aussi, mais qui n'ont pas pu trouver ce que toi tu viens de récupérer. Cette pierre est lié à quelqu'un, ou à quelque chose, tu le sens du plus profond de tes entrailles. Peut-être est-ce une sorte de carte, ou de boussole, mais tu sais qu'elle t'était destinée, et que tu seras celui qui en trouvera l'aboutissement. Et ça tombe bien, tu connais une activiste nouvellement liée à l'océan qui pourrait te filer un petit coup de main. Quand t'auras trouvé le courage nécessaire de retourner la voir.

En attendant, c'est à la poursuite d'un trencher que tu sillonnes les eaux. Tu ignores s'il s'agit là d'un rescapé de l'attaque de Morro Bay qui erre depuis, ou s'il était enfermé dans le laboratoire que tu as détruit quelques jours auparavant. Toujours est-il que tu ne peux le laisser atteindre la surface, sous peine de voir une nouvelle crise diplomatique ébranler la déjà blessée Atlantis. Alors qu'il pose le pied hors de l'eau, à la recherche de chair à dévorer, tu le transperces de ton trident pour couper son élan et éviter qu'il fasse du mal à qui que ce soit. A cette femme, en l'occurence, dont la peur habite les prunelles de ses yeux, visiblement là au mauvais endroit au mauvais moment. Mais qu'elle se rassure, celui qui aurait pu s'en prendre à elle pend désormais au bout de ton trident, son corps immonde devenu complètement désarticulé. Et hop, par la force du le renvoie dans l'océan, où tu l'espères, les poissons sauront le faire disparaître. « L'océan regorge de bien des mystères. » Et d'un sourire tendancieux, tu lui tends la main pour l'aider à se relever. Tu sais à quel point ton environnement peut se montrer terrifiant, et si elle savait à quel point, plus jamais elle ne songerait à mettre un pied dans l'eau. Le trencher qu'elle vient de voir n'est qu'une infirme partie du vaste océan. L'inconnu fait peur, mais l'inconnu peut aussi être apprivoisé.  

AVENGEDINCHAINS

"Alarms will ring for eternity The waves will break every chain on me My bones will bleach My flesh will flee So help my lifeless frame to breathe ♪" Tu te méfiais. Ce mec venait de sortir de la mer après tout. Par instinct, par corrélation, les poils de tes bras se hérissèrent, et cette aversion remonta jusque dans ta colonne. T’avais pas peur du monstre en soit, surtout alors qu’il pendait sans vie, mais l’effet de surprise, ton appréhension naturelle de l’océan et leurs apparitions simultanées avaient eut raison de ton sang froid une minute. Tu esquissais un geste sur le côté, étendant le bras sans pouvoir y trouver son prolongement : ton arme. Tu n’avais pas eut le réflexe de le prendre avec toi, ton sabre, et parfois tu te disais que ça t’arrivait toujours dans les pires moments. T’eus même un mouvement de recul tandis que l’homme et son espèce d’armure, délesté de la créature, te tendais la main. Tu fronçais les sourcils. Tu n’avais pas fière allure, toi et ton apparence de chat sauvage mouillé. Ta base de données du monde avait toujours été terriblement fournie : remercions tes geôliers. Mais une fois libre, il avait fallu te documenter toi-même, apprendre dans un univers en perpétuelle évolution, et ça, t’as pas trop su faire en premier lieu. Comme en plus tu demeurais rarement en contact avec les autres en ce temps là, tu avais appris assez tard pour les Atlantes et tout le reste du bazar. Star City avait subit, certes, les conséquences des agissement du peuple des profondeurs, mais tu t’en souvenais vaguement. Sortie de la captivité, deux fois de suite de surcroît, ton libre arbitre en main ne t’avait pas servit immédiatement, et tu t’étais terrée dans ton appartement, ne sachant trop quoi faire d’autre qu'être enfermée. Les animaux élevés en captivité ont bien de la difficulté à vivre en liberté, et, dans le pire des cas, ils meurent. Mais, en détaillant ses traits à la lueur de la bougie, qui se dessinaient plus nettement tandis qu’il s'immobilisait, fins mais endurcis, tu reconnus celui qu’on surnommait Ocean Master. Sobriquet de presse ou pseudonyme auto-attribué, tu ne mis pas tout de suite le doigt dessus, mais tu savais que c’était quelqu’un d’important. T’as hésité peu de temps finalement avant de prendre sa main offerte, sa poigne aidant tu te hissais sur tes pieds, les cheveux dégoulinant à cause de la bestiole et de son irruption : Merci, articulais-tu en réalisant tout de même qu’il t’avais certainement sauvé la vie. La douleur qui se propageait de ton coude t’arracha au contact visuel impoli que tu entretenais avec l’Atlante jusqu’à lors, et tu détaillais rapidement ton bras, abandonnant sa main.Ton boss allait te tuer : tu arrivais mal à camoufler les blessures, et les acrobaties en pâtirait, reposant toutes sur la force des bras. A deux mains, tu essorais ta chevelure en gardant un œil alerte sur la lame utilisée pour embrocher le monstre. Les références que tu détenais défilèrent rapidement dans ta tête, automatisme subsistant d’une enfant entraînée à reconnaître et reproduire vite. Poséïdon, arme, atlante, Aquaman, trident… Tu risquais un oeil vers l’étendue d’eau tandis que tes oreilles découvraient la tonalité sévère de sa voix : Comme vous dites, des mystères soupirais-tu pensive. C’est même tellement mystérieux que les hommes s’en servent pour y cacher ce qu’il y font de plus repoussant. Mais je n’ai pas la place pour les ajouter à ma liste, répondis-tu à la place, revêtant un ton présomptueux. L’océan, la terre ferme, les hommes, nous-même… les énigmes sont partout, non ? Tu philosophais chaque fois au moment le plus inadéquat, mais tant pis, c'était ce que tu avais trouvé de mieux pour gommer ton appréhension et détendre un peu ta mâchoire crispée. S’il te trouvais ennuyeuse il avait simplement à replonger, lui. Tu lui jetais une œillade. Lui n’avait rien à voir avec les personnages du genre masculin qui peuplaient ton monde, et tout particulièrement ceux avec qui t’avais été en contact d'ailleurs. Il fallait admettre que t’avais rencontré la pire espèce de crapules au cours de ton existence, et tu admis facilement qu’il était très bel homme. Tu ne tenais pas à une distance respectable, malgré qu’au fond de toi tu avais encore horriblement envie de t’enfuir, et que ta petite tirade des familles n’était rien d’autre que du bluff. S’il tentait quoi que ce soit, de toutes les manières tu transformerais ton bras en membre de fer et lui transpercerais l’estomac. Cette...chose, c’était quoi ? demandais-tu à la hâte, comme si ton interlocuteur allait replonger illico presto dans la mer. Tu avais encore moins envie d’y entrer, mais ta curiosité naturelle de femme restée enfant en découverte prenait le dessus. La flamme vacillait sous la cloche de métal noir, étalant des ombres partielles sur le visage de l’atlante aux yeux clairs, réchauffant cette mine qui te paraissait un peu glacée, (sans doute rien à côté de la tienne qui t’avais jeté ce regard si vide dans le reflet plus tôt). Depuis quand étais-tu devenue si inerte au naturel ? Au loin, tandis que le soir s’était réellement installé, de lourds orages se massaient, chargeant l’air d’humidité et d’électricité. Toi, tu frissonnait dans ton bomber éclaboussé, attendant de savoir si une conversation allait déboucher de ce pseudo accident ou si chacun repartirait dans son hémisphère : la surface et les profondeurs.

code by lizzou × gifs by tumblr

Tu aimes profondément la mer, mais malgré cet amour débordant – et pas franchement objectif –  tu ne peux nier qu'elle regorge également de quelques horreurs à faire pâlir les plus téméraires. Il t'a fallu un peu de temps avant d'accepter l'idée que parfois, l'océan était tout aussi effrayant aux yeux des Hommes que la surface aux tiens. C'est le mystère, l'inconnu, l'inquiétante étrangeté qui fait jaillir cette peur à la fois justifiée et irrationnelle. Un paradoxe qui peut s'appliquer à absolument tout, et qui n'a eu de cesse de régir vos deux mondes depuis des millénaires. Ce que l'on ne connait pas nous fascine ou nous terrorise. Il y a rarement de juste milieu. Ce que cette femme a vu aujourd'hui est une infime partie d'une magnifique immensité, mais assez déroutante pour prendre le dessus sur tout le reste. Et c'est vrai, de temps en temps tu  te surprends à avoir l'envie de vanter la beauté de ton environnement naturel, au point de vouloir attraper la main de parfaits étrangers pour essayer de les emmener dans des endroits dont ils ne soupçonnaient pas l'existence, et essayer de leur faire comprendre que profondeur n'est pas forcément synonyme d'abysses. Tout comme créature sous-marine n'est pas synonyme de requin mangeur d'hommes. Bien que tout soit relatif, évidemment, comme en témoigne ce trencher aux dents longues qui se serait fait un plaisir de dévorer cette jeune femme un peu perdue. « Effectivement, elles sont partout. Mais le but des énigmes n'est-il pas justement d'en percer le mystère ? » Ce qu'elle te dit fait écho à ta propre expérience récente. Et c'est cette même expérience qui te pousse aujourd'hui à partir en quête de réponses. La tienne, d'énigme, est pour l'instant encore très floue, mais tu le sais, viendra bientôt le jour où elle ne sera plus un gros point d'interrogation. Qu'en est-il de la sienne ? Ou des siennes ? Car tu devines déjà les interrogations dans le fond de son regard. Elle aussi aimerait avoir des réponses. Et si tu peux au moins lui en donner une, alors cette rencontre du troisième type n'aura pas été qu'un épisode traumatique dont elle parlera à son psy hors de prix.

C'est drôle, cette fille t'aurais juré qu'une fois levée elle prendrait ses jambes à son cou pour déguerpir le plus vite possible. Mais non. Non seulement elle reste face à toi, détaillant ton allure avec minutie, mais en plus elle engage une conversation sous un ciel chargé d'orages qui lui aussi aurait été une très bonne raison pour qu'elle reparte chez elle à la hâte. Tu le sens qu'elle n'est pas à l'aise en ta présence. Tu peux lire dans son regard l'appréhension et la méfiance. Mais étrangement, c'est la curiosité qui finit par l'emporter. « Un trencher. Une créature des abysses qui ne sort qu'une fois la nuit tombée. Il est extrêmement rare qu'elles s'aventurent aussi près des côtes, donc n'ayez crainte, vous ne devriez pas en croiser d'autres de si tôt. » Rare d'en trouver, sauf quand un groupe terroriste atlante les mènent tout droit vers les plages californiennes, ou quand quelques survivants d'un laboratoire expérimental en pleine mer trouvent leur chemin jusqu'ici. C'est normal d'avoir peur d'un trencher, mais qu'en est-il de toi ? Qu'est-ce que tu suscites chez elle ? Ton allure est connue de la planète entière, et jamais l'on a parlé de toi en des termes élogieux. Menace alpha qui a jadis voulu noyer la planète entière et recherchée par toutes les forces de l'ordre du pays. Sans vouloir être présomptueux, ils sont rares ceux qui ignorent l'existence et l'apparence d'Ocean Master. Peur ou fascination, se pourrait-il que cette femme appartienne à la seconde catégorie ? En tout cas, tu l'admets, son déchirement entre les deux provoque ton intérêt. Fut un temps, tu serais déjà reparti au fond des eaux sans te retourner, mais après quelques rencontres édifiantes, tu es plus prompt à te laisser à la discussion avec des gens de la surface.

« Vous savez qui je suis ? » Oui, toi aussi tu es habité d'une profonde curiosité. Mais avant qu'elle ne te réponde, tu ajoutes aussitôt : « Je m'appelle Orm Marius. » Finalement, tu n'es pas obligé de n'être qu'Ocean Master. Une présentation officielle sans à priori pour venir gâcher cette nouvelle rencontre inattendue. Qu'elle soit éphémère ou non. « Vous vous êtes fait mal ? » Tu as vu sa grimace de douleur juste après l'avoir aidée à se relever. Et même si tu ne pourras rien faire pour apaiser son mal, tu fais preuve de politesse à son égard. C'est à moitié de ta faute, tu n'as pas été des plus avenant en embrochant le trencher devant elle. Et si c'est de lui qu'elle semblait réellement avoir peur, tu n'ignores pas en être la seconde raison. A moins que tu ne sois seulement la troisième ? Car la crainte que tu peux lire à travers elle, elle n'est pas dirigée vers toi, mais vers l'étendue d'eau qui se dresse devant vous. Elle t'intrigue, l'inconnue, et c'est tout naturellement que tu poursuis la discussion dont elle a pris l'initiative. Sans savoir où elle vous mènera.

AVENGEDINCHAINS

"Alarms will ring for eternity The waves will break every chain on me My bones will bleach My flesh will flee So help my lifeless frame to breathe ♪" Objectivement, avec un jury tout ce qu’il y avait de plus impartial, on pouvait dire que tu n’avais pas de chance dans la vie. L’affirmation qui sortit des lèvres de l’atlante ne manqua pas de te faire sourire intérieurement. Tu ne voulais pas être désagréable, tu évitais de dire alors que t’en avais un peu ta claque de toutes les choses “rares” et qui n’arrivent “presque jamais” sauf à toi en l’occurence. Tu te contenta de commenter que t’avais eus de la chance. Tu ne faisais pas tout de suite les connexions. Tu étais simplement curieuse de cet être qui semblait se montrer bienveillant alors, tout en arborant cette apparence de personnage vil et dangereux. T’étais la mieux placée pour ne pas faire cas des apparences, et la réserve que t’entretenais se nuança un peu plus : tes épaules se détendirent légèrement et de toute façon, ton idée de le transpercer n’aurait jamais pu marcher ; son armure -si tes souvenirs épars de données étaient exacts- était faite dans un métal fort résistant qui n’existait pas sur terre. Vous savez qui je suis ? Tu relevais la tête vers lui pour acquiescer, après tout cet homme était célèbre il devait s’y être accoutumé. Peut-être même la prenait-il pour une de ses admiratrices. T’avais entendu dire qu’internet regorgeait d’amoureuses transies de mauvais garçons, que les super-vilains avaient la côte ces derniers temps. Tu t’amusais souvent de ce genre de lubies. Seul ceux qui n’ont pas connu le mal, la méchanceté à l’état pur peuvent en rêver. Il y avait des cas particuliers, mais ton cerveau refusa de mariner sur ce genre de détails. Il se présenta alors et son prénom t’étant inconnu tu te dévoilais à ton tour : Jane Restlove, tendais-tu une main volontaire espérant qu’il ne t’attire pas dans les profondeurs avec lui. Mais, à la place, il s’inquiéta de ta blessure. C’est sans avoir eut l’occasion de lui serrer la main que tu examinais une nouvelle fois la plaie encore fraîche mais sans grande dangerosité : C’est superficiel, j’ai connu pire. S’il savait. Tant d’aiguilles avaient traversé ta chair, tantôt brûlée, refroidie, coupée, forcée de muter à répétition… Même si cette égratignure n’était pas super agréable, tu étais devenue peu douillette. Mais merci, je ne vous pensais pas du genre précautionneux. Les tsunamis et autres joyeusetés t’avaient déjà brossé une version du bonhomme qui t’attirais pas nécessairement de la sympathie, mais encore une fois tout le monde pouvait avoir droit au bénéfice du doute. Tu savais qu’il avait remarqué tes coups d’œil inquiets vers le large, Ocean Master, et tu joua immédiatement la carte de l’honnêteté : J’aime pas trop ça, la mer. T’accrochais tes longs cheveux en un chignon hâtif avant de fouiller le paquet de cigarettes dans ta poche, essayant d’en choisir une pas trop mouillée. Le prenez pas personnellement hein, je vous trouve pas mal d'ailleurs, le rassurais-tu en faisant cliqueter ton briquet, clope aux lèvres. Traumatisme d’une autre vie. Première flamme, la mèche ne prend pas. Tu ne voulais pas t’étaler mais tu avais comme l’impression que tu devais te justifier alors. Malheureusement tes propres certitudes s’amoindrissaient. Ça y était, la nicotine commençait à affluer tranquillement, le bout de la cigarette créait un autre point rouge dans la semi-obscurité. C’est un peu gênée que tu repartais sur un autre aveu : J’sais même plus si je sais nager ou pas. Tu laissais échapper un petit rire en récupérant ta tige entre deux doigts. Tu t’accroupissais pour jeter les dépôts dans le cendrier qui reposait aux côtés de la bougie vacillante. Le tonnerre gronda une première fois. Tu levais la tête vers le roi des mers, la fumée malgré toi commençait lentement à s’enrouler autour de lui. On aurait dit un artisan du chaos, peut être Hadès lui-même régnant sur l’enfer, et c’était presque l’image qui demeurait à tes yeux. L’océan était ton enfer à toi, et il n’existait aucun endroit plus parfaitement choisit où l’on pouvait te damner. S’il était le maître de cet abîme, tu te laissa presque aller à songer que ce pouvait être moins douloureux. Tu te relevais pour te tourner de côté, histoire de ne pas l’incommoder davantage et tu prenais une nouvelle bouffée de cette fumée toxique qui avait don de te soulager un peu. Il y avait bien des années que tu n’avais pas considéré un homme autrement que comme un outil ou une potentielle source d’ennuis. Ça te surprenait même assez pour que tu lui demande, d’un ton intrigué : Vous vous promenez tard pour un homme marié. Tu n’en savais pas grand chose, mais il t’avais semblé entendre parler d’une reine atlante et ça s’avérait le bon moyen de détourner la conversation de tes frayeurs aquatiques : Ici y a pas de “trenchers” qui guettent la côte, mais les femmes seules avec un coup dans le nez peuvent faire tout autant de dégâts vous savez. Vous devriez faire plus attention. Avec un sourire aux lèvres, tu acquiesçais, l'air de savoir que ce n’était pas complètement une plaisanterie.

code by lizzou × gifs by tumblr

Oh, mais elle a raison, l'inconnue, de se méfier de ton apparence. Tu n'as pas toujours été un homme préoccupé du sort des humains, et on pourrait même dire que tu ne l'est toujours pas. Tu es simplement un peu moins revanchard, un peu moins extrémiste. Tu restes un Atlante avec des idées très appuyées, mais disons que maintenant tu fais un minimum d'efforts. Pour calmer la rage dévorante qui t'habite et te consume, mais aussi pour apprendre à te fondre dans la masse. Tu l'as bien vu, parfois, les menaces qui rodent ne concernent pas uniquement ton monde ou le leur, et il vous faut donc affronter l'adversaire main dans la main pour avoir une chance de l'emporter. Ça a été le cas sur New Themyscira, et ce sera à nouveau le cas pour Brainiac. Alors si elle estime que ton allure contraste avec ton comportement, tu ne pourras lui donner tort. « Je ne suis du genre de rien du tout. J'admets simplement qu'il y a tout autant à craindre dans mon monde que dans le vôtre. » Les trenchers, en particulier. Et pour avoir déjà été griffé par l'une de ces sales bestioles, tu sais à quel point ça peut être douloureux. Jane Restlove. Tu peux mettre maintenant un nom sur cette nouvelle rencontre, en espérant qu'elle soit tout aussi prometteuse que les autres. Pour l'instant, tu n'as pas trop à te plaindre, ta route t'a souvent mené à faire la connaissance de quelques humains, et rares ont été les fois où tu as été déçu par la tournure des événements. Bon, en oubliant tes camarades de l'Injustice League, évidemment. Tu te souviens tout particulièrement d'une magicienne trouvée au bord d'une plage, mais surtout de Layla, une amie précieuse malgré vos nombreuses différences. C'est étonnant pour toi d'être ainsi plein d'espoir à l'égard de parfaits étrangers, mais tu t'es assez longtemps tourmenté l'esprit pour réaliser qu'un peu d'optimisme peut changer une vie. Tu ne pensais pas retrouver un quelconque épanouissement après ta destitution et la trahison de Mera, pourtant, depuis, certains sont parvenus à te prouver le contraire.

Silencieux, tu te contentes pendant quelques minutes d'observer Jane. Pas comme un chasseur le ferait avec sa proie, plutôt comme quelqu'un de curieux qui cherchait à déceler ce que les mots ne disent pas. Un traumatisme de la mer, hein ? Elle est loin d'être la première, et toi-même tu peux comprendre qu'une telle immensité puisse effrayer. Mais en y réfléchissant bien, tu commences à douter que le malaise ne vienne réellement d'une peur de l'inconnu ou des profondeurs, il y a quelque chose de plus. Quelque chose d'ancré au fond d'elle et qui t'intrigue. Cigarette au coin de la bouche, tu ne peux que lui adresser un regard sévère dès lors que la fumée agresse tes narines. « C'est une habitude humaine que je ne comprendrais jamais. Cette chose est répugnante. » Pourquoi se goudronner volontairement les poumons ? Et puis cette odeur infâme ! Non, vraiment, pourquoi les humains ne peuvent-ils pas trouver une meilleure façon d'apaiser leur anxiété. Mais la cigarette est loin d'être ce qui t'étonne le plus, à en juger par ta mine déconfite après la réflexion inattendue de Jane. « Un homme marié ?! » Si t'avais été en train de boire, sans doute te serais-tu étouffé. Il est vrai que tu fus jadis fiancé à Mera, mais il y a bien longtemps que cette page de ton histoire a été arrachée. Elle t'a préféré ton frère, avant de le laisser lui aussi. Ce que désir vraiment Mera de Xebel demeure un mystère pour toi, et d'autant plus après vos retrouvailles sur New Themyscira. C'est vrai ce que l'on raconte, le cœur des femmes est un véritable océan de secrets. « Je n'ai jamais été marié. Et je ne partage la vie d'aucune femme. Je suis entièrement dévoué à mon royaume. » Ce qui est à la fois un mensonge et une vérité. Mais pour l'heure, c'est bien assez pour une inconnue.

Mais malgré l'étonnement, tu n'en restes pas moins amusé. Toi, craindre quelque chose de qui que ce soit ? Certainement pas. « Oh, vraiment ? Et vous parlez de vous-même ou c'est une généralité vérifiée ? » Tu ne sais rien de Jane, mais il y a un petit quelque chose qui te donne envie de déposer le trident pour rester quelques minutes en sa compagnie. Pour l'instant, tu sais donc qu'elle a du cran, qu'elle a une phobie liée à l'eau, et qu'elle a en sûrement bavé par le passé. Des suppositions évidentes tirées des quelques révélations qu'elle a accepté de te confier à demi-mot, toi, le génocidaire dont elle ne semble pas réellement se méfier. Au contraire, elle semblerait même penser que c'est toi qui devrait faire attention. Est-ce de l'audace ou un sens de l'humour prononcé ? « Et qu'est-ce que je risque, exactement ? » Oui, elle pourrait appeler ça de la provocation, mais pourquoi se priver d'un échange qui pourrait très vite passer de source d'amusement à véritable intérêt. Il y a des choses que t'as envie de savoir sur elle. T'es resté trop longtemps seul dans les océans, t'as besoin d'un peu de compagnie, notamment depuis ta dispute avec Layla qui t'a privé de ta seule amie. Et puis, elle a l'air tout aussi seule que toi, alors ta présente pourrait lui faire tout autant de bien. « Dans le pire des cas, si je me sens en danger, vous m'avez déjà confié votre point faible. » Trop téméraire la jeune fille ? T'es pas certain qu'elle sache dans quoi elle s'engage avec toi.  

AVENGEDINCHAINS

"Alarms will ring for eternity The waves will break every chain on me My bones will bleach My flesh will flee So help my lifeless frame to breathe ♪" Oui, toi tu ne te considérais pas comme l’égal du roi des océans. Mais ce climat qui s’installait avec précaution au fur et à mesure des minutes, ne résultait que de la confrontation de deux êtres puissants. Comme diraient les machos : des alphas. T’avais roulé ta bosse depuis le temps et de ton point de vue vos auras avaient le même son, la même couleur et la même saveur. La partie la plus présomptueuse de ton être ne pouvait t’empêcher de le respecter pour ça. Tu levais les yeux au ciel quand à sa remarque sur ta cigarette. T’étais habituée à ce genre de froncement de sourcils, et malheureusement t’avais aucune idée des habitudes des atlantes ; tu ne pouvais répliquer. Pour le moment, tu n’avais rien d’autre que le tabac pour te calmer : toi et tes pulsions, ton esprit ankylosé et tes idées plus noires que l’océan sous le ciel sans étoiles. Tu te contentais de hausser les épaules avec ton air effronté d’adolescente détestable. Tu n’ajoutais rien de plus, à court d’arguments. Sa réaction brutale à l'évocation de son éventuelle épouse manqua de te faire étouffer. Tu te tournais vers lui l’air amusé et un peu surpris. Un éclair au loin coïncida au loin avec son haussement de ton. Maintenant que tu voyais de quel bois il était fait, l’atlante, t’avais pas la sensation que tu devais le craindre. Bien sûr, demeurait une réserve, mais le menton haut tu lui jeta une œillade juste assez fière pour qu’il s’imagine qu’il ne t’impressionnais plus. C’est à ce moment là qu’Orm te demanda ce que des pauvrettes esseulées pouvaient bien lui faire. Tu ne t’étais pas décrite même s’il s’avérait effectivement que tu étais seule et que tu avais bu -un tout petit peu-. Décidément il était bien spécial cet Ocean Master, et ton expression de femme impassible se mua en un intérêt soudain. Eh bien… tout dépend si vous vous laissez attraper. Cette histoire d’aura était plus à propos que tu ne le pensais. Il te sembla que lui aussi faisait passer ses objectifs en premier et seul un personnage avec ce mode de vie pouvait te comprendre. L’expérience avait été douloureuse de constater que tu t’étais éloignée d’autrui justement à cause de cette incapacité chronique à accepter de ne pas passer avant ta vie d’artiste, et surtout avant ta vie de criminelle. Tu tapota la cigarette rougeoyante. Les cendres se massaient dans le petit cendrier usé. Tu reprenais encore une bouffée, laissais la fumée s’échapper de tes lèvres, fermais les yeux,. Tu ne les rouvris que pour fixer Orm qui -apparemment- tentait de t'intimider. Tu ne savais même plus s’il attisait ta colère ou… ton envie. Fichu brandy. Franchement, t’étais bien suicidaire mais faut avouer tu as toujours été faite pour te confronter au danger. Tu t’accroupissais de nouveau, cette fois pour écraser ta clope et tu lui fit de nouveau face. Orm Marius. Qu’est-ce qui allait se passer ? Tu étais bien incapable de le prédire mais c’est avec attention que tu le regardais dans les yeux désormais : Est-ce que c’est une menace, votre majesté ? L’alcool n’était pas de ton côté ce soir là. Le ciel continuait de gronder en vain. Même si la pluie venait à s'abattre là, tout de suite, tu ne bougerais pas d’un pouce. En plus, tu n’aurais pas à subir les foudres d’une épouse vraisemblablement. Qu’est-ce que tu voulais au final ? Certes tu ne t'enfuirais pas, mais ce n’est pas comme si tu n’étais pas terrifiée à l’idée d'atterrir dans l’eau mouvante tout autour de vous : Eh bien oui allez-y. Tu t’avançais davantage. Du haut de ton mètre soixante-dix t’avais pas à beaucoup à lever la tête pour le toiser. Si je vous fait peur vous n’avez qu’à me tirer dans l’eau, tu haussais une épaule avec un brin d’insolence. M’enfin vous n’avez pas non plus l’air du genre à embarrasser une femme n’est-ce pas ? Ça pour te mettre dans l’embarras, c’était déjà trop tard. Tu constatais avec une stupeur toute dissimulée que tu étais encore sensible au charme masculin. Mais tu n’en ferais rien, si le brandy cessait d’appuyer sur tes nerfs. Le sang sur ton bras avait cessé de goutter mais tu craignais qu’il ne s’infecte. Tu te résignais à bouger finalement. Tu rompis enfin ce duel non-violent de regard pour remettre une distance respectable entre vous : Faudrait quand-même que j’aille soigner ça. Un coup d’œil vers la côte, puis vers Orm et enfin tu te lançais : Vous êtes attendu ailleurs ? Je vous aurais bien offert un verre. Histoire de vous prouver qu’il n’y a pas besoin de me couler. Jane Restlove, il ne faudra pas dire que tu ne joues pas avec le feu. Quand la soirée s'annonçait sans vagues, toi t'en a profité pour inviter celui qui incarnais tout ce que tu crains le plus.

code by lizzou × gifs by tumblr

Elle a de l'audace, c'est certain, et t'as pas encore décidé si ça t'amusait ou si ça t'horripilait. Auparavant, il n'y aurait eu aucun doute possible, roi tout puissant qui ordonnait le respect à ses sujets, au point de lancer un défi dans l'arène à ses opposants. Mais maintenant, tu prends les choses un peu moins à cœur. Tes épaules ne sont plus affaissées par le poids de la couronne. Et ce que tu pensais être une bénédiction, n'était finalement qu'un fardeau. Régner c'est être entravé. Régner c'est être entouré de chaines. Tu ne réalisais pas à quel point à l'époque, et c'est grâce à tout ce chemin parcouru que tu as su refuser la place du trône quand l'heure est à nouveau venue. Tu pourrais être le souverain actuel d'Atlantis si tu t'étais un minimum battu pour rempiler, mais non, t'as estimé avoir bien assez donné. Mera fera une bien meilleure reine que toi. Tu ne correspond plus à ce dont a besoin Atlantis, et t'as même l'impression de n'avoir plus grand chose à lui donner. T'as fait ce que t'as pu, en essayant de ressembler à ton père tout en t'éloignant de lui le plus plus possible. Un paradoxe qui t'a peut-être tout coûté, car jamais tu n'as su trouver le juste milieu, ou ton propre chemin à suivre. Et si tu n'étais tout simplement pas destiné à être roi ? Difficile à accepter, quand c'est tout ce pour quoi tu as été fait. Orvax s'est assuré que tu prendrais dignement sa relève, et s'il te voyait maintenant, nul doute qu'il serait terriblement déçu. Sans que ce ne soit un mal pour toi. Car le souverain tyran qu'il était a non seulement obligé la cité à se plier à sa volonté, mais il a également obligé son fils à se modeler à son image. Roi emprisonné, fils emprisonné, avant d'ironiquement passer des années en prison. Non, vraiment, tu n'es plus celui que tu étais, aussi bien dans ta façon de te comporter que dans tes espoirs et tes envies. Alors pour cette fois, tu décides qu'elle t'amuse plus qu'elle ne t'horripile, Jane.

Elle s'approche de toi dangereusement, et toujours avec cette même lueur de défi dans le regard, lancée dans un jeu dont elle pense avoir le contrôle. Mais il n'en est rien. Ces humains sont décidément plein de surprises. Tantôt ils sortent les fourches pour se payer ta tête, tantôt ils cherchent les ennuis en se collant un peu trop près à toi. Ils sont compliqués. Ils sont complexes. Et il va te falloir un bon nombre d'années pour espérer effleurer ne serait-ce que la surface. Les femmes sont d'autant plus difficiles à cerner. Ta plus longue relation a été Mera, depuis, l'amour ou ce qui l'entoure n'a jamais été l'une de tes propriétés. Tu n'es pas contre l'idée d'un amusement éphémère, mais l'initiative est rarement venue de toi, sans qu'il ne s'agisse pour autant de lassitude ou de froideur. Elle sait pas ce qu'elle fait, Jane, mais c'est peut-être précisément ce qui l'attire. Le danger. La routine cassée. L'appel à quelque chose de différent. Et toi tu ne sais rien d'elle, rien de son passé, rien qui pourrait t'aider à lire dans ses réactions et son comportement. Vous êtes dans une douce impasse. Mais qu'importe, elle t'offre au moins une distraction pour ce soir, et tu n'es jamais contre l'idée de profiter de compagnie, toi qui a si longtemps erré seul dans les eaux du monde entier. « Je suis du genre à beaucoup de choses. Vous devriez le savoir pourtant. » Tu parles évidemment de tous ces articles qui ont été écrit sur le roi déchu d'Atlantis et de sa folie meurtrière. Des papiers peu élogieux, qui ordinairement, t'attirent soit la crainte soit le dégoût. A l'inverse de ce que tu sembles provoquer chez elle.

Et il ne t'en faut pas plus pour avoir l'envie de rentrer dans son jeu, sans être certain d'où il te mènera, ni de ce qu'il en retournera exactement. Un mystère qui te convient pour l'instant. Tu pensais passer ta nuit à pourchasser du chasseur ou du trencher, mais la perspective de rester un peu avec Jane est bien plus séduisante. « Je suis partant pour le verre. En revanche, regardez mon accoutrement, je ne suis pas en état d'aller où que ce soit. » C'est pas de la mauvaise volonté, c'est juste que tu doutes que te pointer dans un bar en tenue d'Ocean Master soit une excellente idée. Encore moins depuis que la Ligue et Waller sont activement à ta recherche. « Je suis un homme recherché, je préfère passer inaperçu. » Encore une façon pour toi de la prévenir. De lui faire comprendre qu'elle s'engage sur une voie qui pourrait se révéler dangereuse pour elle. Mais si après ces avertissements elle choisit quand même de te tendre la main, alors tu ne t'estimeras en aucun cas responsable de ce qui pourrait advenir ensuite. « Mais vous pouvez toujours amener le verre ici. On pourra se poser au bord de l'eau. » De la provocation ? Evidemment. T'es intrigué par cette phobie, et t'aimerais en voir les limites. Ou au moins, en connaître la raison. Il est la le deal que tu lui proposes, tu acceptes de partager quelques heures auprès d'elle, mais pour ça, il va lui falloir faire face à ce qui lui fait le plus peur. A elle de voir si tu en vaux la peine ou non.
 

AVENGEDINCHAINS

"Alarms will ring for eternity The waves will break every chain on me My bones will bleach My flesh will flee So help my lifeless frame to breathe ♪" Il sent qu’il te fait peur. Tu l’a compris. Tu n’as cependant pas saisi s’il s’amuse de cette situation ou s’il demeure juste indifférent. Je suis un homme recherché, je préfère passer inaperçu. Beladonna aussi, mais il n’y avait pas de visage à attribuer à ce nom. Elle n’était qu’une ombre qui frappait et jamais ne laissait d’indice. Elle se parait du plus voyant pour passer inaperçue, pour être à la fois tout le monde et personne. De nombreux meurtres avaient été commis et les corps cachés un peu partout, disséminés par les mains des victimes d’une astronomique entreprise de dégénérés. Tu n’étais pas le genre de femme à pâlir aisément, et même si les ouragans et les tornades t’effrayaient, le nombre de cadavres qu’avait pu empiler Orm ne te ramenait pas dans votre réalité. Surfaite, intangible et parfois floue. Où est la limite entre le pardonnable et le pendable ? C’est comme si ça t’attirais encore plus de savoir qu’il ne pouvait te juger, toi et tes crimes commis au nom de la loi du talion. L’orage qui grondait ne t’enchanta pas spécialement. Tu adorais t’asseoir pour l’écouter d’ordinaire, mais tu commençais à avoir avoir froid alors tu insistais une dernière fois : Oui j’ai compris, vous me laissez m’enfuir et sans me retourner. Tu redoutais un peu plus qu’il te plante là et que tu revienne devant un banc de rochers vides. Mais tu avais bien compris où il voulait en venir : un test. Je crois que vous n'avez pas compris : je vous invitais chez moi. Tu as toujours aimé jouer avec les gênes des autres. Il ne s’agissait presque pas tant de le séduire mais plutôt de voir si tu pouvais donner à la terreur des océans un semblant de coup, du rose aux joues voir un raclement de gorge. Une victoire personnelle que tu n’aurais sans doute plus jamais l’occasion d’obtenir. Tu doutais que vous puissiez jamais vous revoir, une petite artiste et lui, séparés par la surface, les devoirs… il y avait peu de chances que cette occasion de parler avec un tel habitant/représentant d’atlantis se re-présente. Alors, tu mis ta fierté de côté pour se plier à ses volontés. Il voulait, de toute évidence, lui aussi te mettre à genoux et tu étais bien curieuse de savoir qui l’emporterait en premier. Tu soupirais presque puis, avec cette grâce naturelle acquise en dansant et en maniant le sabre, tu étendis le bras vers le bord de la plage, désignant un ponton : Un peu plus loin il y a une jetée déserte avec un banc de sable en dessous. Si vous voulez tant rester au bord de l’eau, je ne serais pas contre l’idée d’être abritée de la pluie, au moins.Tu eut une moue qui voulait dire que ce n’était pas négociable. Quitte à vouloir se prouver quelque chose, autant ne pas mourir à cause d’une pneumonie, ou tout ce cinéma deviendrait ridicule. L’alcool ne te rendait pas idiote non plus. Qu'est ce que vous buvez d’ordinaire dans votre monde ? Ceci te rendit nerveusement curieuse. Tu avais lu que les atlantes avaient une très bonne constitution, un métabolisme évidemment différent, et tu ne te surestimait pas au point de songer à le saouler. Le roi des océans craignait-il d'autres choses ? Comme la sécheresse par exemple ? Savoir que lui connaissait ton point faible, qu’il avait de l’avance sur toi ne te crispais que d’avantage. Enfin, tu ramassais tes affaires et soufflais sur le photophore pour éteindre la flamme vacillante. Vous vous retrouviez dans la pénombre tous deux, silhouettes découpées par le crépuscule déjà bien avancé. De la lumière attirerait l’attention sur lui, et c’était comme il le disait si bien un homme activement recherché. Tu t’en détournait difficilement, peu encline à tourner le dos à un homme armé et tu remontais la plage avant de disparaître derrière les vieux bungalows en bois, inoccupés encore alors. *** Tu peux te targuer, parmi tant d'autres choses idiotes, de savoir exactement quels gouffres te menaient à ta perte. Ce n'est pas pour autant que tu les évitais, tu savais qu'on y trouvait rien de bon pour toi et cependant t'arrivais à t'y jeter à corps perdu. Par défi, par ennui, par conviction, par imbécillité mais chaque fois en connaissance de cause. En soignant ton bras tu pensais à cette revendication à laquelle tu avais eut l’impression de te plier, comme si Ocean Master était une sorte de princesse sous-marine. D’ordinaire, tu aurais rit au nez du premier venu avec une telle requête, mais Orm t’avais sauvé, mais en plus il n’était pas n’importe qui. Il incarnait en plus une certaine noirceur à laquelle tu voulais te confronter au moins une fois. Il te sembla également que tous les a priori qui pouvaient te traverser  se contrariaient. “Je suis du genre de beaucoup de choses” avait-il dit, énigmatique. Etait-ce imprudent, paradoxal même, si tu pouvais voir dans cette prestance toute digne d’un roi, une certaine douceur ? Une qualité dont tu pensais les hommes dépourvus. Tu revins au point de rendez-vous avec sa boisson et une grande bière aromatisée pour toi. Pas d’alcool trop fort, histoire les idées claires. Enfin, autant qu’il soit possible après une flasque de brandy dans le sang.

code by lizzou × gifs by tumblr

De l'audace, de la provocation ou de la crédulité ? Difficile de la cerner, cette jeune femme qui semble guetter ta réaction. Chez elle, hein ? Pendant un instant, tu la fixes du regard sans rien dire, légèrement troublé par la franchise de la démarche – ou de la provocation, justement. Voilà bien longtemps que tu n'avais pas suscité un tel intérêt chez quelqu'un, toi qui ordinairement soulève peur et méfiance sur ton passage, aura de roi déchu et génocidaire. Finalement, pas besoin de chercher à percer son mystère, son attitude silencieuse suffit à t'en apprendre plus sur Jane. Elle est à moitié sérieuse dans sa proposition. Elle attend de toi que tu trébuches, que tu sois surpris, et ainsi remporter une manche dans ce drôle de jeu qui ne porte pas encore de nom. Tu finis par esquisser un sourire amusé, discret mais bien présent à la commissures de tes lèvres, sans pour autant répondre à cette perche diablement tendue. Tu n'as jamais été expert en séduction, pendant longtemps engagé à Mera, et qui aurait osé résister au prince d'Atlantis de toute façon ? C'était facile, il te suffisait de vouloir pour obtenir. Mais depuis que tu as été banni de ton royaume, et après avoir enchainé prison et errance douloureuse, tu ne sais plus vraiment ce que c'est que de susciter l'intérêt de la gente féminine. Alors qu'importe qu'il s'agisse d'un simple jeu ou d'un défi d'ego personnel, elle sera quand même parvenu à faire naitre quelque chose en toi. Une excitation que tu éprouves rarement à l'égard des humains, plus enclin à les mépriser qu'à leur accorder un point sur le tableau des scores. Elle a marqué, Jane, à voir si elle continuera sur cette lancée, ou si son inspiration et son courage se dégonfleront comme un ballon de baudruche. Maintenant, tes attentes sont revues à la hausse, double tranchant d'être parvenu à attiser ta curiosité.

Tu lui accordes le choix de l'endroit. Après avoir sciemment usé et abusé de sa phobie déjà dévoilée, tu veux bien lui laisser ce petit avantage. Quelle différence pour toi, de toute façon. C'est elle qui porte un regard à la fois intrigué et craintif à ton égard. Tu sens bien qu'elle se méfie, qu'elle a conscience de la témérité de ses actes, mais qu'elle reste malgré tous les drapeaux rouges pour une raison qui lui est propre. Peut-être a t-elle quelque chose à se prouver. Ou peut-être a t-elle simplement besoin de compagnie, qu'importe qu'il s'agisse du premier mec lambda ou d'Ocean Master lui-même. « Ce que nous buvons ne se trouve pas à la surface. J'ai déjà goûté quelques alcools de chez vous, rien de transcendant, même si j'apprécie votre vin. » Tu ne connais de toute façon pas l'état d'ivresse, prix à payer d'un métabolisme Atlante. Mais ça ne t'a jamais empêché de profiter de quelques bouteilles bien choisies quand l'occasion se présentait, en compagnie de Layla notamment. Elle a carte blanche, qu'elle fasse selon ses goûts, et qu'elle te prenne du vin si elle manque d'inspiration. L'alcool n'est de toute évidence pas le premier intérêt de cette soirée improvisée, mais bien de déterminer la nature exacte de cette toute nouvelle relation née d'un trencher au bout du trident. Tu la laisses partir, non sans éprouver une certain satisfaction à la sentir peu rassurée de te tourner le dos. Elle n'est donc pas totalement naïve. Elle a bien conscience de ce dans quoi elle s'engage, et sans doute est-ce cette dangerosité qui l'attire à toi. Qu'a t-elle donc traversé pour ressentir un tel besoin ? Tu en as déjà croisé des gens brisés et cassés par la vie, mais si elle semble sans surprise appartenir à cette catégorie, t'aimerais mettre un doigt plus précis sur les pièces du puzzle de son passé mystérieux et vraisemblablement chaotique.

Tu n'attends pas bien longtemps avant que ta partenaire éphémère ne te rejoigne au lieu de rendez-vous. Tu auras pu contempler les flots du port de Star City, mi-dégouté mi-énervé par tout ce que tu sens se déverser dans l'eau. L'essence des bateaux, des rejets d'usines des alentours, tout est sale et t'agresse les narines. Bien loin de la beauté des plages de Morro Bay. La ville, ce n'est définitivement pas pour toi. Tout est laid et nauséabond. Mais vous faites avec ce que vous avez à disposition. Tant pis pour la carte postale paradisiaque, tu ne voudrais pas jouer l'Atlante de mauvaise humeur. Surtout pas en si bonne compagnie. « Comment va votre bras ? » Tu es silencieusement navré de n'avoir rien pu faire pour elle, bien qu'elle soit parfaitement capable de se débrouiller toute seule. Après avoir récupéré ta bouteille de vin, tu la débouchonnes pour en goûter les premières gorgées. Rien de bien élégant à boire au goulot, mais encore une fois, il faudra vous contenter de ce que vous offre cette soirée improvisée. « Alors, vous me racontez votre histoire ? » Direct, franc, pourquoi tourner autour du pot. Toi tu connais peut-être son point faible, mais dans la finalité, c'est elle qui en sait le plus sur toi. La faute à ta triste notoriété. Il est donc temps de ramener l'égalité des scores. « Sauf si elle se mérite, votre histoire. Et dans ce cas là, dites-moi ce que je dois faire pour obtenir ce privilège. » T'aimes ça, les défis, et encore plus avec des adversaires comme elle. Rien n'est gratifiant ou exaltant quand la simplicité rentre en compte.
 

AVENGEDINCHAINS

"Alarms will ring for eternity The waves will break every chain on me My bones will bleach My flesh will flee So help my lifeless frame to breathe ♪" Tes pieds nus foulant le sable qui se chargeait d’humidité te portèrent jusqu’à lui, qui avait patiemment attendu ton retour sous la jetée. Tu avais tout-de-même douté, imaginé qu’il n’y aurait aucune silhouette à cet endroit-ci quand tu reviendrais. Mais, force était de constater qu’il y avait bien un ex-roi du monde sous-marin assis sur le rivage couvert. Un éclair illumina le ciel, juste assez pour que tu puisse remarquer l’absence de casque depuis les quelques mètres qui vous séparaient. Son visage, à Ocean master, tu le connaissais. Les tabloïds et la TV te l’avaient dépeins avec un regard dur, une prestance de tyran, diabolisé comme il se devait d'être. Mais, tandis que t’approchais de cet homme, presque interdite, tu trouvais encore à redire. Tu ne savais pas bien où tu devais t’asseoir à vrai dire, pour ne pas rendre tout ceci encore plus bizarre. Tu fis un tour sur toi-même, les bouteilles encore dans les mains et finit par t’installer à un peu moins d’un mètre. Tu ne voulais ni le mettre mal à l'aise en t'éloignant, ni lui donner une occasion de t’empaler sans que tu puisses anticiper, même si tu doutais à présent que ce puisse être ses intentions. Orm s’inquiéta de ta blessure, comme pour faire écho à tes pensées : Je vais bien, ça aurait vraiment pu être pire...sans vous. Enfin, sans votre intervention. Ton égratignure paraissait bien ridicule face à la perspective de finir dans l’estomac d’un monstre des mers. Tu lui tendis la bouteille en signe de remerciement, puis tu entrepris de rallumer le photophore pour vous donner un peu plus de lumière -et accessoirement de la chaleur. Il n’avait pas été difficile de trouver une bouteille de vin respectable étant donné que c’était un des cadeaux les plus fréquents que les admirateurs offraient à ton toi de scène. Tu espérais que cette bouteille française de dix ans d’âge lui conviendrait assez. Lumière allumée, tu décapsulais ta propre boisson : Alors, vous me racontez votre histoire ? Un éclat de rire s’échappa de tes lèvres avant même qu’elles n’atteignent le goulot de ta bière. Non tu ne t’étais pas attendue à ça, pas du tout. Tu levais les yeux vers lui enfin, en te redressant appuyée dans le sable sur le plat de la main. Qui faisait du charme désormais ? Ou était-ce mal interprété ? Cela ressemblait fort à de la flatterie, du moins c’est ce que tu t’imaginais, Jane, en prenant un première gorgée pour éviter de rire davantage : Un privilège ? Je crois bien que vous préféreriez vous planter ce trident dans le bide plutôt que de l’entendre. Tu étais sincère. Cette vie que tu avais eue était à pleurer et en plus elle te rendait amère. L’orage gronda encore, comme pour appuyer ta négation et la pluie commença à tomber. Abrités par le ponton, sur du sable encore sec, vous étiez comme dans un bulle. Les gouttes s’écrasaient tout autour de vous, sans jamais vous toucher, ce que tu avais toujours trouvé fascinant à regarder. Les petites ondes qui se créaient à la surface de l’eau se répartissaient en clapotis doux et répétitifs. Puis, tu te détournais de cette eau mouvante pour revenir à Orm : Si je peux me permettre, vous êtes bien mieux en vrai. Même si c’était complètement spontané et honnête, ce compliment ne sembla pas le détourner de sa requête initiale. Plongeant dans ses yeux, dans lesquels dansait la lueur de la bougie, tu cherchais toi aussi une réponse. Est-ce que tu l’intriguais ? Oui, peut-être. Assez pour qu’il soit resté en tout cas. Tu le détaillais avec toute la correction dont tu pouvais faire preuve, même si c’était déjà objectivement mal poli. Consciente de cela, tu te retournais vers le large, presque résignée, à moitié pensive. Mais, pour une fois depuis longtemps, tu ne te refermais pas comme une huître. Près de ce personnage qui avait tout pour te terrifier, tu te senti presque libre. Tu vois bien que c’est ce qu’il a envie d’entendre, mais pourquoi te plier deux fois à ses caprices dans la même soirée : C’est ce qu’on fait d’ordinaire ? On se raconte nos vies dans ces cas là ? Tu riais sans force, plus pour t’échapper, gênée. Désolée, je n’ai pas vraiment l’habitude des rendez-vous galants. Autre pirouette pour t’extirper de cette situation. Tu savais qu’il n’y avait rien d’approchant un semblant de flirt dans son attitude, mais toujours dans l’idée de le désappointer tu laissais planer le doute. Alors ? Ce vin ? Tu l’observais attentivement, ce roi étrange en armure en buvant ta bière. Le goût de la framboise n’étanchait pas ta soif et ta gorge s’asséchait au fur et à mesure que le temps s’écoulait. Non, vous ne m’aurez pas comme ça, abrégeais-tu pour toi-même. Et ce, même avec ce regard à se damner. T’espérais qu’il passe à autre chose si la conversation se détournait suffisamment. Il était difficile de lire les émotions sur son visage même si, plus tôt, il t’avais semblé apercevoir un sourire. De manière aberrante, inconsciemment -c’est plus simple pour toi de l’admettre ainsi, tu voulais le revoir s’afficher sur ses lèvres. Et rien de pire que de lui narrer ta biographie pour cela. Le voir changer d'attitude par pitié pour toi, ne serait-ce qu'un peu te volerait trop d'estime.

code by lizzou × gifs by tumblr

Elle se trompe, bien sûr que t'as envie de connaître son histoire, aussi difficile soit-elle à entendre. Es-tu réellement la raison de cet échappatoire, ou bien est-ce elle qui n'ose pas encore mettre de mots sur son propre passif ? Ce que tu pourrais comprendre, mais dans ce cas là, qu'elle ne se serve pas de toi comme excuse pour se défiler. Vous êtes deux inconnus qui ne se reverront probablement jamais, alors à quoi bon s'imposer des barrières. C'est une rencontre qui restera éphémère, et c'est sous cet aspect là que devriez l'aborder. Il y a aussi du beau dans les choses qui ne sont pas faites pour durer, et t'aimerais pouvoir aller jusqu'au bout de cette expérience, presque inédite pour toi. T'intéresser aux humains t'étais autrefois inenvisageable, mais maintenant tu te sens prêt à écouter leurs histoires. Leur vécu. Toucher du doigt leurs fêlures. Car depuis, tu t'es rendu compte que vos blessures pouvaient être semblables. Que quand il s'agit de souffrance, tout le monde est logé à la même enseigne. Mais tant pis, tu respectes son choix. En espérant qu'elle ait conscience qu'avec toi c'est toujours du donnant-donnant. Elle refuse de t'accorder les bribes de son passé, et tu en feras tout autant, t'imposant un frein dont tu ne voulais initialement pas. Quoi ? T'es un prince, évidemment que tu détestes être contrarié. Quand on a eu l'habitude de tout obtenir en le demandant simplement bien sûr qu'ensuite l'on supporte mal le non comme réponse. Mais tu fais des efforts. T'essayes de moins en tenir rigueur et de t'adapter aux règles sociales du commun des mortels. Un non est un non, et ce soir encore, tu vas devoir l'accepter sans broncher. Sans pour autant t'avouer vaincu. Quand tu veux quelque chose, il est rare que tu ne l'obtiennes pas. Et si elle voulait réellement jouer les pudiques, il ne fallait pas enrober sa réponse de tant de mystère.

Oh, c'est donc par flatterie qu'elle essaye maintenant de t'amadouer pour mieux faire passer la pilule ? Elle est maline, mais tu ne te laisseras pas prendre aussi facilement au piège. « Pourquoi vous dites ça, je passe mal à l'écran ? » Tu lui adresses un sourire impétueux, parfaitement conscient de ce qu'elle a voulu te dire, mais préférant jouer les ingénus par simple amusement. Et provocation. Et peut-être aussi par revanche pour son refus. Un refus qu'elle justifie par un manque d'habitude et une incapacité à trouver son équilibre. Okay, cette excuse là, tu veux bien l'accepter. Toi non plus tu n'es pas très familier des règles de la société, et encore moins celles des humains. « Je sais pas, il me semblait que pour apprendre à connaître les gens c'était là une étape primordiale. » Un poil de mauvaise foi venant d'un homme qui n'a toujours pas avoué à son amie de Morro Bay son matricide. Il y a toujours des zones d'ombre dans les histoires, et parfois, l'on préfère les taire pour ne pas prendre le risque de voir tout ce qui a été construit s'effondrer. C'est en tout cas pour cette raison bien précise que tu t'es toujours refusé d'aller jusqu'au bout de ton honnêteté envers elle. Parce que t'as peur. Peur d'aller trop loin dans le passé et de condamner par sa faute ton avenir. Il y a des secrets qu'il est préférable de garder pour soit. Alors peut-être que finalement tu peux la comprendre, l'inconnue qui te refuse son récit personnel. « Un rendez-vous galant ? C'est de ça qu'il s'agit ? » Réellement amusé par l’habileté et l'audace de Jane, tu laisses échapper un rire sincère. Elle est timide sur certains sujets, mais pour d'autres, elle n'a décidément pas froid aux yeux.

Toi non plus tu n'y connais pas grand chose en rendez-vous, mais t'es presque certain que ce n'est pas ce que vous êtes en train de partager ce soir. A moins que ? « Vous avez cette approche avec toutes les personne qui croisent votre chemin la nuit ? Ou je suis une exception ? » Il y a toujours une pointe de provocation dans ta façon de t'exprimer. Tu ne veux pas tirer la moindre conclusion, et encore moins émettre un jugement sur son comportement, tu veux simplement tester ses réactions. C'est bien ce qu'elle fait aussi avec toi, non ? Et qu'elle ne te fasse pas croire que ton avis sur le vin l'intéresse vraiment. « Acceptable. » Tu en bois d'ailleurs quelques nouvelles gorgées, un brin frustré car incapable d'anticiper le déroulement de cette étrange soirée. T'as du mal à comprendre ce qu'elle attend de toi. Et peut-être que c'est le bon moment pour le lui demander très clairement. Elle a voulu passer un peu de temps en ta compagnie, alors maintenant qu'elle ne vienne pas se plaindre si elle se confronte à ta curiosité exacerbée et à ton besoin perpétuel de mettre de l'ordre dans les choses qui t'échappent. « Qu'est-ce que vous attendez de moi, au juste ? » En te refusant son histoire c'est comme refuser aussi l'évolution de votre rencontre. Et quelle importance qu'un homme qu'elle ne reverra jamais puisse avoir un bref aperçu de ses abysses ? « Vous ne voulez pas me confier quoi que ce soit, très bien, Mais dans ce cas là, soyez au moins honnête dans votre approche. Qu'est-ce que vous voulez exactement ? » Toute trace de sourire a maintenant disparu, et c'est un regard perçant que tu poses sur elle, comme si tu cherchais à lire la réponse sur les traits de son visage. T'es un prince, t'aimes pas tourner autour du pot, t'as besoin de savoir tout et tout de suite. Parce que t'as pas de temps à perdre.
 

AVENGEDINCHAINS

"Alarms will ring for eternity The waves will break every chain on me My bones will bleach My flesh will flee So help my lifeless frame to breathe ♪" Orm avait décidé de jouer, et ça te surprit plus que ça ne te déplût. Tu l’observais se transformer en un personnage différent et son impétuosité faisant écho à la tienne, tu te penchais quelque peu vers lui, dans un élan d’intérêt une nouvelle fois. Qui était-il en vérité ? Ces micros expressions corporelles en disent bien plus qu’on pourrait l’imaginer sur vos actions, et tu n’avais pas manqué de calculer toutes les siennes. Néanmoins, ce qu’il dit ensuite -certainement dans le but de te contrarier- te froissa. Tu te vexes parce que tu penses que ce qu’il t’assimile à une femme du genre à sauter sur tout ce qui bouge, à t’acoquiner du premier venu sur les plages assombries par le soir. Normalement tu ne te formalises pas de ce genre de remarque, peut-être que ça t’atteignait cette fois-ci parce que tu étais toi. Pas en tenue de scène en train de danser, tourbillonner contre la barre de métal, fière, féminine, magique, outrageusement belle, élégamment lascive. Sous cette forme, on pouvait imaginer ce qu’on voulait de toi, tu t’en fichais éperdument. Les gens croient généralement que tu es une femme qui cherche à plaire en dehors de la scène. Sans doute un genre de prédatrice acharnée, mais c’était tout le contraire. Tu ne t’attachais plus -aux hommes- à autrui depuis longtemps, et Orm faisait une parfaite exception à la règle. Alors, dans ton jean et ta petite veste, avec tes cheveux défaits et ta véritable apparence, tu le toisais avec dédain avant de simplement soupirer pour regarder l’océan : Et vous ? Faites vous preuve d'autant d’égo et d'a priori avec mes semblables ? Où est-ce juste cette fois-ci ? Tu t’étais sans doute trompée sur son compte, mais pour cette fois tu lui pardonnais. Parce que tu avais un peu bu et que, certainement tu l’avais bien cherché en voulant le faire réagir à coups de rentre-dedans. Tes yeux verts rencontrèrent les siens dans la pénombre : Sans doute voyez-vous ce qui vous convient le mieux. Examinant d’un œil nouveau le large, tu l’écoutais poser sa question. Tu clignais des yeux, constatant cet apparent agacement de sa part. Ta poitrine se comprima, l’appréhension distordit la détente que tu avais laissé s’installer au sein de ton corps. Mais tu soufflais, le teint rosit par la chamade terrifiée de ton palpitant : Je n’en sais rien, pour les mêmes raisons que vous j’imagine. Vous êtes prêt à parler de mystères mais pas d’instinct ? Car c’est ce qui t’a poussé vers lui, ange-démon des profondeurs, t’auras voulu te confronter à ce monstre marin dont tout le monde parle. Et, pour le moment, en plus de t’avoir sauvé la vie, il ne te paraît pas si terrible. Tu es consciente que le petit prince fâché pourrait s’avérer particulièrement dangereux s’il n’avait pas ce qu’il voulait. Et agréable à regarder ou pas, tu n’étais pas prête à courir le risque de le mettre véritablement en rogne. Tu attendiss quelque secondes, pour voir s’il changeait d’avis ou non, et tu soupirais encore une fois en vidant un peu plus ta bière. Le vin vintage n’était sans doute pas assez fort pour le préparer à cette histoire rocambolesque : Tant pis, vous l’aurez voulu. Tu lui parlais de ton enlèvement, du noir complet qui précédait le début de ce que tu appelle ta vie. Le laboratoire, la cage de verre, les expériences, le meurtres des scientifiques, et même la découverte de l’île perdue dans l’océan, tout y passa. Tu évoquais même le cirque et sa destruction, pensant que ce serait bien une des seules fois que tu serais amenée à déblatérer sur l’immensité de tes crimes. Tu avais soif mais tu ne buvais plus, les mots sortaient en un flot et, la vanne ouverte, il ne tarissait plus. Lentement, tu ralentissais jusqu’à te taire. Tu ne lui parlais pas de tes meurtres actuels, commis en bonne et due forme mais plutôt de cette mission d’éradiquer les malades de science, détraqueurs d’enfants. L’eau n’est pas vraiment un problème, concluais-tu en tendant la main vers lui. Tu effleurais sa mâchoire, prête à l’enlever à tout moment, comme si tu caressais un tigre. Lorsque tu lui montrais ton bras, recouvert de grandes écailles vertes luisantes. La transformation serpenta plus haut sur ton bras et remonta jusque sur ta poitrine, sur ta nuque et jusque sur ta propre joue. Est-ce que j’ai pu combler la curiosité de sa majesté ?demandais-tu en t'allongeant sur le dos, quasiment épuisée d'avoir déblatéré indéfiniment. Pendant combien de temps avais-tu monologué ? C'était passé si vite, et, bizarrement, ça t'avais fait énormément de bien. Jamais tu n'avais parlé de tout ça, à personne. Heureusement, sans doute, tu ne le reverrai plus, car le fait que cet atlante-ci connaisse presque tout de toi ne te rassurait pas le moins du monde.

code by lizzou × gifs by tumblr

Oh, tu l'as vexée, la jolie humaine, et à nouveau, tu ne peux t'empêcher d'esquisser un sourire provocant. Ça n'a pas été bien difficile. Mais qu'elle se rassure, tu la connais bien trop peu pour émettre un tel jugement affirmatif, ce n'était là qu'un moyen de lui renvoyer la balle, et il semblerait que tu aies tapé trop fort. C'est dangereux de toucher l'égo d'une femme. Non, pas son égo, son intégrité. Bien trop amusé par sa réaction tu ne cherches pas à te rattraper, mais tu notes la sincérité de sa réaction. Prêcher le faux pour connaître le vrai, procédé vieux comme le monde, qui cette fois encore aura révélé ce que tu cherchais à savoir. Tu ne veux pas tomber dans les filets d'une femme fatale, cela n'a jamais été l'une de tes lubies. Jadis, tu étais un prince qui profitait de tout ce que la gente féminine avait à lui offrir, usant et abusant de tes charmes. Tu t'es amusé pendant longtemps, avant de rencontrer Mera. Puis tu l'as perdue. Depuis, sans surprise, passer tes nuits avec une autre n'a jamais été l'une de tes priorités. Et puis faut dire aussi que tu n'en as pas réellement eu l'occasion. Ton image auprès des Atlantes est ternie, soit elles te méprisent soit elles te craignent. Quant aux humaines, tu n'as jamais ressenti l'envie ou le besoin de t'en rapprocher autant. Tu es largement satisfait par ton amitié avec Layla, assez pour t'en contenter et te priver du reste. Une erreur ? Peut-être. Ton corps et ton esprit ressentent le manque du contact charnel, mais encore une fois, tu ne t'y laisseras pas happer par n'importe qui. Et si Jane est offusquée par tes sous-entendus, elle ne devrait pas, car tu as connu des femmes bien plus entreprenantes. Est-ce que ça te plaisait ? Tout dépendant de ton humeur. Une humeur toujours changeante et imprévisible qui faisait de toi un amant tout aussi imprédictible. Tu ne réponds pas à ses attaques, préférant tourner ton regard vers l'horizon en souriant. La vérité, c'est que tu ne sais même pas ce qui te convient le mieux. Depuis ta chute, plus rien n'est pareil. A commencer par ton rapport aux autres. Tu te contentes d'avancer et voir où la tempête te mènera.

La provocation aura au moins eu le mérite d'être efficace, et cette fois, tu obtiens satisfaction. Toute son histoire t'es contée, et elle ne prend aucun ménagement en te dictant le récit de sa vie chaotique. Silencieux, les sourcils froncés, tu écoutes avec attention ce que tu attendais d'elle, toujours dans le but de rendre cette rencontre inattendue particulière, et de mettre du beau dans l'éphémère. Sans ça, jamais elle n'aurait accepté de t'en parler. Et si toi t'es content qu'elle ait franchi le pas, tu espères qu'elle en tirera profit elle aussi. Ça peut être bénéfique de parler à des inconnus, parfois bien plus qu'à des amis qui peuvent avoir le jugement plus facile – ironique venant de toi. Mais au fur et à mesure que l'histoire avance, tu commences à te demander : et si tout ceci n'était pas un hasard ? Tu ignores si tout est lié, mais tu as vu un laboratoire semblable au sien il y a quelques jours seulement. Une coïncidence qui te perturbe et que tu gardes pour toi pour l'instant, ne voulant pas couper son élan. Elle fait preuve de courage en se dévoilant autant, et tu t'en veux presque de l'avoir poussée à le faire. Tu ne pouvais pas deviner à quel point tout serait aussi douloureux, mais ce n'était effectivement pas très élégant de ta part. « Et bien, je dois dire que c'est plutôt...inattendu. » Comment décrire justement toute l'horreur vécue et traversées au cours de ces brèves années d'existence ? Pour la première fois depuis longtemps, le prince se sent désarçonné et prit à son propre jeu. Ses ténèbres, tu les as vues quand tu as croisé son regard tout à l'heure, mais tu n'aurais pu imaginer qu'elles soient si grandes. Pour être parfaitement honnête, tu es incroyablement surpris. Par beaucoup de choses. « Vous avez un instinct de survie admirable. Et un courage qui l'est tout autant. » Un compliment comme tu en fais peu, mais c'est là la moindre des choses. En plus, tu le penses sincèrement, pour cette fois, tu ne joues absolument pas.

Et comme elle ne manque pas de surprises, elle te fait maintenant une démonstration de ses pouvoirs. Intéressant. Absolument pas ce à quoi tu t'attendais. Tu ne retires pas sa main, te contentant d'observer sa nouvelle peau couverte d'écailles. « Ma curiosité est largement satisfaite. » Et le mystère dont elle s'était drapée a été bien au-delà de tes espérances. Est-ce que ça veut dire que c'est à ton tour ? Elle ne t'a rien demandé, et tu es presque certain qu'elle en sait déjà un peu sur toi. Considéré comme menace alpha, tu ne doutes pas une seule seconde que les humains ont tous entendu au moins une fois le récit de tes méfaits. L'Atlante qui a voulu tous les noyer et qui a été humilié par son propre frère. « J'ai détruit un laboratoire semblable au vôtre il y a quelques jours. Des expériences ont été menées sur des créatures marines, mais je ne me souviens pas avoir vu la présence d'humains. » Si les deux laboratoires sont liés, il semblerait que Jane ait une longue d'avance sur toi. Hormis détruire toute leur installation, tu n'as pas encore eu le temps de t'attarder sur les responsables. « J'ignore si les mêmes hommes sont derrière tout ça, mais si vous avez des informations complémentaires, je suis preneur. » Attention, tu n'es pas en train de dire que tu vas l'aider dans sa vendetta, simplement que tu t'y intéresses toi aussi, et que vous pourriez échanger des informations pour venir à bout de cet immonde trafic. Mais allez, tu doutes qu'elle ait envie de parler plus longuement des horreurs subies, alors tu t'allonges à ses côtés, les yeux fixés vers les étoiles. « J'ai tué ma mère. » Voilà, c'est dit. Une vérité encore jamais dite à quelqu'un d'autre, pas même à Layla, et une blessure que tu veux toi aussi exorciser. Tu n'attends aucune réaction particulière de sa part, tu voulais simplement le dire. Pour remplir ta part du contrat.
 

AVENGEDINCHAINS

"Alarms will ring for eternity The waves will break every chain on me My bones will bleach My flesh will flee So help my lifeless frame to breathe ♪" Tu levais les yeux vers sa silhouette depuis le sol, le cou tourné en sa direction tu profitais de cet instant où il ne regardait pas. Est-ce que tu étais courageuse ? Tu n’étais pas tellement certaine de savoir ce que ça pouvait bien dire. Est-ce que ce n’était pas simplement ton ADN qui avait parlé, une haine viscérale et inconsidérée qui t'avait poussée à faire toutes ces choses. Même si aujourd’hui tu t’étais calmée, il y eut une période où tu rêvais d’être un feu qui ravagerait ce monde pour l’éclairer et le détruire à la fois, réveiller cette horde d’immonde d’âmes obscurcies et hurler. Mais tu t’étais tue, pour accepter ce rare compliment désintéressé de la part d’un homme, qui, tu en étais à peu près sûre, n’en délivrait pas tous les jours. Et tu étais reconnaissante de le voir si empreint de respect plutôt que de pitié. Revenons sur ce soi-disant instinct de survie, largement à remettre en cause vu la façon dont tu t’étais livrée à lui sans autre forme de cérémonie. Malgré tout, il ne te l’avait pas fait regretter. T’appréciais qu’il ne l’ai pas repoussée même si avec du recul, tu n’aurai pas cherché ce contact sans l’alcool parcourant ton sang. Puis il te parla du laboratoire. Tes sourcils se contrirent à peine mais tu étais étonnée. Tu avais du mal à te dire que votre rencontre était une coïncidence, et tu blêmis presque. Le monde des mers lui aussi atteint par la cruauté des scientifiques terrestres? Tout ce que ça réussissait à faire, c’était te mettre d’autant plus en colère. Certes, tu avais peur de la mer mais tu respectais et respectera toujours leurs habitants, il n’était pas dans ta chair d'afro américaine de faire preuve d’une quelconque xénophobie à leur égard. Dites moi que c’est pas vrai… hallucinais-tu. Ta tâche (car tu la considérais immédiatement comme telle) s'avérerait d’autant plus ardue si elle ne se cantonnait pas à la surface du globe. Il se renseigna, et une petite mine réjouie se peignit sur ton visage. Donc, lui aussi sauvait du monde et cherchais à en sauver au final, non ? Ça dépend vous auriez combien de jours à me consacrer ? plaisantais-tu. Tes yeux verts en amande se posèrent sur ses épaules qui semblaient s’affaisser et il te rejoignit sur le sable. La surprise te ferait presque rire, mais l’heure n’y était pas. Simplement, tu ne te serais jamais imaginée que l’ex roi des mers, dès votre première rencontre se laisse aller à être si … détendu. Mais, ce qui te surpris encore plus, c’était cette étrange impression soudaine. Si tu fermais les yeux, tu te trouvais dans un champ, abritée sous un vieux pommier. Le bruit de la pluie était alors celui du vent, et le sable une étendue d’herbe sauvage. Tu frissonnais. Qu’était-ce ? Un souvenir ? Presque surréaliste, tu avais une nette conviction : celle que cet événement ne s’était pas encore produit. J’ai tué ma mère. L’annonce te plaqua encore plus contre le sol, comme écrasée par une enclume. Il y eut un silence, tu ne sû trop quoi dire. Devrais-tu t’offusquer ? Être choquée ? Cette même inertie qui t’habitais depuis longtemps, laquelle avait été ébranlée par lui après des années de paralysie émotionnelle, reprit sa place. Tu avais certainement aussi tué la mère de quelqu’un parmi toutes tes victimes. Mais tu ne saurais pas du tout ce que ça faisait d’en perdre une, de mère. Après tout, tu n’avais pas connu -du moins tu ne te rappelait plus avoir connu- l’amour maternel. Ni par ta mère de sang, ni par aucune substitution. Tu avais toujours vécu dans un monde d'hommes. Même la douleur de cette perte te serait à jamais enlevée. Tu compris que c’était du donnant donnant cette soudaine révélation. Tu venais de lui confesser une bonne vingtaine d’assassinats alors, en échange, il t’en confiait un, ô combien spécial et particulier. Finalement, bien mal à l’aise de ne pas avoir pu répondre, tu te redressais sur un coude pour t’allonger sur le flanc et le regarder. Les écailles sur ta peau disparurent alors que tu avais presque oublié leur présence. Pourquoi te le dire ? Se décharger ? C’était comme si il l’avait lu, que tu serais incapable d’avoir une réaction qu’on pourrait qualifier de normale. Pourquoi ? aurais-tu pu demander, indignée, apeurée. De quelle façon ? Vous êtes un monstre. Sans doute qu’une autre se serait reculée et éviterait son regard, mais tu avais besoin qu’il sache que sa proximité ne te dérangeais plus. Se livrer comme vous l’aviez fait, même si ça pourrait rester dans l’optique de ne plus se revoir, avait créé quelque chose, une sorte de lien. Dire adieu te parut un peu plus étrange chaque minute. Et, pour une raison ou une autre, tu te sentais reconnaissante qu’il te l’avoue. Tu voulais désespérément dire quelque chose...Mais quoi ? Tes lèvres se suspendirent, entrouvertes. On pouvait décemment dire que tu n’avais, ni ne comprenait les codes de base de votre belle société. Alors, comment avoir accès aux bons mots à sortir dans ces cas hors normes, quand le commun des mortels n’y aspire pas ? Alors, tu te retint, refermant la bouche pour finalement le détailler et tu finissais par l’imiter et te rallonger. Tu ne pouvais pas prétendre le comprendre, lui, son matricide et sa position de fils. Parmi tout ce qui pouvait te parvenir à cet instant, c’est finalement cette seule question qui te parut la plus évidente  : Comment est-ce, une mère ? murmurais-tu presque, effrayée de le savoir. Malgré le ponton, vous pouviez admirer le ciel océanique. La pluie s’était progressivement arrêtée de tomber et les nuages s'éparpillaient sans hâte, laissant poindre de petites étoiles. Est-ce que vous lui ressembliez ? oserais-tu même demander. Ce genre de détails, même s’ils pouvaient ne pas paraître à propos, t’intriguaient. Est-ce que vous regrettez ? Pour te détendre, tu passais les doigts dans le sable. Tu prenais une petite poignée que tu laissais ensuite filer entre les plis de tes mains, ne chassant pas les grains qui se massaient sur ta peau, contre toutes tes bagues. Tu ne savais pas si cette information devait se garder seule, s’apprécier telle quelle avec son lot de mystère. Qui était-il au final ? Un tyran ou simplement un personnage hanté lui aussi par ses démons. T’avais envie de plonger dans ces ténèbres qui le suivaient comme son ombre, mais si tu étais attirée par cette inaccessibilité de dangereux seigneur, tu te refusais à croire que son âme soit aussi noire que cette eau de laquelle il s’était immergé. Une ou deux poignées de sable relâchées plus tard, tu tournais finalement le menton dans sa direction. Peut être qu’il ne voulait pas tant en parler au final, alors tu lui laissais le choix : Je vous avouerai que si on se croisait dans la rue, je serais bien incapable de la reconnaître. Tu tentais de combler un peu ce creux, tu roulais sans hâte sur le côté pour te coucher sur le ventre, il était plus facile ainsi de le regarder. Tu ne savais pas si c’était pour échapper à un visage qu’il imaginait désapprobateur qu’il s’était ainsi allongé près de toi, mais il n’y avait pas une once de jugement dans tes yeux. Tu les laissais courir sur son front, examinant cette petite ride entre ses sourcils et au final, c’est toi qui baissait le regard vers tes mains, qui continuaient de manipuler le sable, que tu poursuivais. Appuyée sur les coudes, tes longues ondulations brunes retombant sur tes joues, tu finis par soupirer : Je dois vous sembler bien insensible, j’en suis désolée. S’en était presque au point que tu rougissais de honte, mais il n’était pas né cet homme qui te ferais monter le rose aux joues. Tu t’apitoyais simplement sur vos existences respectives. Lui aussi en avait bavé, mais c’était une chose d’apprendre son parcours par les médias que de l’entendre te le dire. Tu n’avais jamais aimé jauger l’autre sur les paroles de tiers de toute façon, alors malgré tout ce qui venait d’être dit, tu lui offrit un sourire doux, à s’y méprendre, empli de compassion mais aussi de compréhension.

code by lizzou × gifs by tumblr

Parler de ton crime, c'est comme le rendre encore plus réel. Tu sais que tu ne pourras jamais remonter le temps pour réparer ton erreur, mais éviter de mentionner son nom, de te confier sur ton acte terrible, c'était un peu prétendre que tout ceci n'a existé que dans un cauchemar. Qu'elle n'est pas morte tuée par ton propre trident, mais juste pas là. Cette mère qui t'aura pourtant protégé et tant appris, devenue première victime de ta rage à l'égard de la surface. Une colère implantée en toi par Orvax, ton père, et qui avec les années s'est transformée en quelque chose de très palpable. Elle a fait de son mieux pour te détourner du chemin qu'il t'avait tracé, mais elle n'a pas été assez forte. Elle n'a pas pu anticiper jusqu'au où tu étais prêt à aller pour protéger ton monde. Ironique, sachant qu'elle en faisait elle aussi partie. En plus de la haine de l'espèce humaine, il y avait aussi ce frère qui prenait trop de place. Au point de te donner l'impression de ne plus être à la tienne. Au point d'avoir la sensation qu'elle ne t'aimait plus comme elle l'aurait dû. Est-ce que ton cheminent de pensées était le fruit de la folie, ou est-ce qu'une part de vérité se cachait quelque part, derrière ton geste désespéré ? Tu ne le sauras jamais. Et le silence qui s'installe entre vous après ta confession renforce ton malaise. Tu lui as dit parce que tu en avais besoin, parce que c'était facile. Bien sûr que c'est égoïste de dire autant à une parfaite inconnue et d'espérer d'elle autre chose qu'un profond silence, mais tu n'es pas franchement du genre à te soucier des étrangers ou à essayer de comprendre les réactions humaines. Tu voulais le dire, tu l'as fait, et voilà tout. Sur le point de relancer la discussion, Jane finit quand même par réagir à ton aveu, et d'une façon à laquelle tu ne t'attendais pas du tout. Comment c'est, une mère ? C'est maintenant à ton tour de réfléchir, avant de t'exprimer avec un peu plus de précaution. « Une mère, c'est constamment alterner entre amour profond et terrible déception. C'est ensuite à chacun de se focaliser sur ce qui a le plus d'importance. » Une réponse pleine de cynisme, pas entièrement vraie, mais tout ce que tu te sens capable de lui dire pour l'instant.

Les regrets sont corrosifs, et les tiens te rongent depuis des années. C'est comme sentir couler de l'acide à la place du sang dans les veines. C'est douloureux, mais tu n'as pas d'autres choix que d'apprendre à vivre avec. Et malgré le temps qui passe, tu n'y parviens toujours pas. « Bien sûr que je regrette. Elle était bien meilleure que je ne le serai jamais. » Que ce soit en tant que personne ou en tant que dirigeant. Et ce que tu n'oses pas dire mais qu'elle comprendra peut-être d'elle-même en lisant entre tes lignes, c'est qu'elle te manque beaucoup. Comment une mère ne pourrait pas manquer à son enfant ? Et maintenant, c'est vers Jane que tu tournes la tête, qui se confie à son tour sur ses rapports familiaux compliqués. Enfin, elle ne dit pas grand chose, mais c'est assez pour avoir une vue d'ensemble du tableau. Une mère absente en plus d'un passif terriblement torturé, vous vous êtes bien trouvés tous les deux. A croire que vous aviez besoin d'une oreille attentive à qui parler, et que quelque chose vous a poussé dans la même direction. Juste pour une nuit. Ou peut-être plus, selon ce que vous déciderez de faire concernant ces odieux laboratoires expérimentaux. « Insensible ? Vous, insensible, après ce que je viens de vous confier ? » Un bref rire s'échappe de ta gorge, véritablement surpris par sa réaction. Elle est décidément pas comme les autres cette femme. Tu viens de lui avouer avoir tué ta mère, et elle s'inquiète de ce que toi tu pourrais penser d'elle ? « Vous n'avez pas vraiment eu le choix. Et d'un côté, ce n'est pas plus mal, le manque est un sentiment qu'il est bien difficile de faire taire. » Est-ce que tu échangerais ta place avec elle ? Avec grand plaisir. Plutôt ne plus rien ressentir que de vivre dans ce regret éternel.

Bien. Après un long soupire, tu finis par te relever, terminant d'une traite la bouteille de vin. Tu ne veux pas paraître impoli, mais tu penses avoir passé bien assez de temps à la surface pour aujourd'hui. Et non, elle est loin d'être de mauvaise compagnie, c'est juste que tout ceci, c'est peut-être trop d'un coup pour toi. Le moment était agréable, mais tu crains qu'il ne s'arrête ici. « Vous m'excuserez, mais je crains qu'il soit l'heure pour moi de regagner les océans. » Est-ce un adieu ? Un au revoir ? Impossible pour l'heure de le savoir. En tout cas, tu lui as déjà dit que tu étais prêt à enquêter avec elle si l'envie lui prenait, et tu n'as pas menti. T'as beaucoup de défauts, mais pas celui de manquer à ta parole. « Merci pour cette soirée. Je ne m'attendais pas du tout à une telle perspective en pourchassant l'ignoble créature tout à l'heure. Ce fut bref mais intense. » Et ça t'a fait beaucoup de bien. Tu ne lui dis pas, trop introverti pour ça, mais tu lui es reconnaissant de ne pas avoir pris la fuite malgré tout ce que tu lui as dit et appris de ton passé. Malgré aussi toutes tes tentatives de l'effrayer et de tester ses limites, elle est restée à tes côtés. Autant dire, qu'avec les humains, ça ne t'arrive pas souvent. La faute à ta réputation qui te précède, bien entendu, mais aussi à ton manque cruel de prévenance à leur égard. « Sachez que vous êtes une femme surprenante, Jane. Et venant de moi, c'est un compliment. » Un dernier sourire avant de remettre ton masque. Où aurait mené cette soirée si t'avais décidé de la faire durer encore un peu ? Mystère. Et c'est justement parce qu'il existe une dizaine de possibilités que tu prends plaisir à partir maintenant, avant que quelque chose de plus concret ne se dessine. C'est un bon départ, mais tout reste encore à faire, et c'est ça le plus excitant.
 

AVENGEDINCHAINS

"Alarms will ring for eternity The waves will break every chain on me My bones will bleach My flesh will flee So help my lifeless frame to breathe ♪" “Intense”. C’était sans doute le terme le plus approprié, du moins d’après ce que tu avais pu en voir, pour définir Orm Marius. Tu n’avais pas l’impression qu’il était de ceux qui ont de la mesure, malgré cette apparente contenance qu’il arborait. Tes yeux verts s’arrachèrent juste un instant à détailler cette âme sous la surface, mais sans prétendre la comprendre. Ne serait-ce qu’effleurer le secret de sa personne ne devait pas être donné à tout le monde. Tu ne put t’empêcher de te demander s’il y avait quelqu’un qui l’attendait, là, dans les profondeurs qui te terrorisaient et avec qui tu n’aurais -sans doute- jamais l’opportunité de renouer, ni d’explorer. Oui, au premier abord tu l’avais comparé à Hadès, mais il s’était rapproché d’un homme et son image s’était modifiée sous la lumière de la lune. Casque ôté, secrets révélés, appréhension, tu avais découvert sans tant de surprise qu’il était bien loin de ce que décrivent les tabloïds. Tu avais des difficultés à te le figurer en criminel, mais tu étais la mieux placée pour savoir qu’un beau visage ne fait pas de vous un saint. L’entendre parler de sa mère enveloppait tes propres questions d’un brouillard encore plus épais qu’il ne l’était déjà. Pourtant tu ne désespérais pas, tu avais l’intuition que bientôt tu aurais peut-être des réponses : sur toi, ton nom, et avec un peu de chance celui de tes parents. Le mieux serait encore de choisir par toi même s’ils seraient source d’amour profond ou de terrible déception -si tu prenais Orm au pied de la lettre. Malgré ça, tu n’étais pas sûre d’éprouver encore assez d’humanité pour l’un comme pour l’autre, affadie par les années. S’il avait été prévu dans le plan de Dieu que tu serais sauvée et que tu réussirais à te reconstruire, cela aurait déjà été chose faite. Ta tour d’ivoire, personne n’avait daigné vraiment t’en délivrer alors t’avais pris les rênes pour être ton propre héros. T’avais l’impression que lui l'avait compris, en plongeant dans son regard bleuté, et s’il était l’heure de dire adieu, tu garderais de cette soirée un souvenir impérissable. Il était peut-être temps pour toi de renouer avec autrui, ne serait-ce qu’un peu : depuis le temps que tu passais tes soirées seules avec le large. Tu te refermais comme une huître en pensant aux laboratoires clandestins évoqués plus tôt : tu n’avais pas le temps pour les autres, et c’était pour le mieux même si t’avais failli l’oublier. Orm se leva alors après une rasade. Tu lui souris en tendant ta bière, comme pour trinquer et sceller cet accord tacite entre vous : tout ce qui s’est passé sur cette plage y resterait. Qu’il soit sans crainte. Tu ne doutais pas qu’il ferait tout ce qui serait en son pouvoir pour s’occuper des problèmes de l’océan, comme il avait pu régler son compte au trencher. L’endroit était sous bonne garde. Il vous suffirait de vous diviser le travail, de toute  façon qu’est-ce que quelqu’un comme toi pourrait bien faire pour les atlantes ? Une femme qui ne pouvait plonger, probablement même pas nager ? Non, il ferait un meilleur sauveur là-bas, tandis que tu t’occuperais des monstres terrestres. Il y a un regard entre vous, tu étais aussi reconnaissante que lui mais votre pudeur empêchait de seulement l’évoquer. Tu finis par hocher la tête, d’accord avec tout ce qu’il avait pu dire. C’était un doux euphémisme que de penser que tu ne t’attendais pas à une soirée si agitée. Tu restais assise tandis que sa silhouette se découpait, dos à la lune. Tu n’avais presque pas envie de bouger, presque vissée à la plage, mais l’air de la nuit était frais et il te faudrait une bonne douche pour te débarrasser du sel marin et du sable, alors courageusement tu te levais lui faisant face une nouvelle fois. Tu aurais certainement voulu dire quelque chose de ridicule, comme lui demander de ramener un coquillage la prochaine fois pour pouvoir vous téléphoner, histoire de délasser toute cette histoire de matricide et de finir sur une bonne note. Mais, son compliment te coupa le souffle. Précieux, mais également inédit, tu doutais qu’on t’ai un jour qualifiée de la sorte et ça t’arracha une moue intriguée. Ce fut un spectacle étonnant que de le voir s’enfoncer dans l’eau avec un tel naturel, sans y plonger, simplement en marchant jusqu’à disparaître. Tu l’avais regardé se faire happer par l’océan, puis finalement la bougie s’était éteinte pour refermer l’obscurité sur toi. *** En laissant l’eau brûlante de la douche dégouliner sur tes cheveux sombres, tu ne pu t’empêcher de penser que ça avait été comme invoquer un esprit, ou un démon. Il te faudrait certainement du temps pour réaliser que cet évènement c’était véritablement produit, mais pour l’heure il avait juste le parfum du fantasme, de l’improbable, du surnaturel. En tout cas, tu n’étais pas prête de remettre le moindre orteil dans l’eau glacée de la baie de Star City.

code by lizzou × gifs by tumblr