Heaven we hope is just up the road ⚔ Zatanna

Un pas après l'autre. Histoire de ne pas se précipiter. Histoire de ne pas se casser la gueule, comme dirait Garfield quand il s'aventurait à laisser sa langue parler plus vite que son esprit, et ce même en présence de Mar'i, ce qui lui fallait toujours à coup sûr une Kory qui faisait les gros yeux et ne manquait parfois pas de menacer de lui roussir les fesses. Depuis que Mar'i était entrée dans leurs vies, bien des choses s'en trouvaient bouleversées, mais sans aucun doute permis, pour le meilleur. Sa présence parmi eux avait été quelque peu complexe à gérer, mais elle n'avait pas engendré malheur et désespoir sur son passage, bien au contraire. Ce qui pouvait sans doute être vu comme l'un des rares points lumineux à l'horizon, ces derniers temps. Il fallait voir les bons côtés des choses quand il y en avait, là où Kory avait parfois tendance à en voir là où il n'y en avait même pas. Tomber dans la tristesse et la détresse infinies, ce n'était pas pour elle. Elle ne savait pas faire, d'après ce qu'on pensait d'elle. Tout comme elle ne savait pas mentir. Dans les faits, la réalité était un peu différente : si, elle savait très bien faire. Elle savait être triste et désespérée. Mais elle l'avait tant été, autrefois, que cela avait laissé de profondes marques en elle. Comme un horrible monstre ténébreux que l'on a finalement choisi d'enfermer dans la cave, à décuple tour. Mais il n'en restait pas moins que la maison s'était bâtie au-dessus de la cave, et que sans, les fondations s'écrouleraient et l'édifice ne serait plus. Par contre, mentir, ça, non, elle ne savait définitivement pas faire. Quoi qu'il en était, là où les soucis s'amoncelaient et où l'avenir ne s'annonçait ni des plus cléments ni des plus engageants, Koriand'r essayait du mieux qu'elle pouvait de garder le cap. Si elle s'effondrait, elle n'était pas bien sure que les Titans sauraient gérer à eux seuls. Pas qu'elle diminue leurs forces et leurs compétences, mais elle les avait quand même tant habitués à être là pour eux, forte, déterminée et jamais abattue ... Si, soudainement, tout ça n'était plus, ils ne pourraient qu'en être désarçonnés et perdus, non ?

Kory ne perdait pas de vue les amitiés qu'elle s'était forgée au fil des années passées sur cette Terre. Elles étaient précieuses pour elle, essentielles, même. Constituant un point d'ancrage et d'accroche, des fondations solides et fiables. Ils étaient ses phares dans la nuit, quand elle ne savait pas toujours ce vers où il fallait aller si l'on voulait rester la plus humaine possible. Il ne fallait pas croire, mais sous ses dehors de jolie jeune femme engageante, solaire, lumineuse et séduisante, elle saurait faire du mal à une mouche. Et pas qu'à une mouche d'ailleurs. En elle résidait un si grand pouvoir, et elle était dotée de capacités des plus létales, qu'elle maîtrisait suffisamment pour les exploiter non loin de leur plein potentiel. Un plein potentiel à redouter, d'ailleurs ... Alors, dans sa vie, des êtres comme Zatanna occupait une place des plus importantes et primordiales. Elle ne l'avait pas oubliée, et elle était sûre et certaine qu'elle non plus, mais la vie et les dernières semaines avaient été compliquées. Pas de quoi les éloigner, cependant, même si cela les avait définitivement tenues à distance l'une de l'autre. Une distance imposée plus que voulue, bien entendu. Fort heureusement, sur Terre, il existait cette technologie géniale qui s'appelait la téléphonie. Et celle-ci pouvait même être mobile ! Alors Koriand'r s'était saisie de son téléphone, envoyant un sms à Zatanna pour la convier à la rejoindre, quand elle voudrait, sur l'une des plages de Star City. Mar'i serait pendant ce temps là en sécurité à la Tour, auprès de Raven. La jeune femme n'était pas forcément la plus joyeuse des compagnon de jeux, mais au moins, elle n'était pas la plus immature, et elle saurait protéger Mar'i sans l'amener à faire des choses irresponsables, n'est-ce pas ? Ce n'était pas que Kory souhaitait se débarrasser de sa fille, mais il leur serait tout de même plus aisé, à Zatanna et elle, de parler de tout ce qu'elles voudraient sans devoir se censurer ou prendre des pincettes pour ne pas alerter et inquiéter la petite. Même si Mar'i n'avait accepté de laisser partir sa mère qu'en lui enfonçant dans la bouche un gros cookie encore chaud, et en lui faisant promettre de donner à Zatanna les autres qu'elle avait fait. Et c'était dans des instants comme ceux-ci que Kory se prenait à oublier ce qu'était sa vie avant l'arrivée de Mar'i ... Alors, debout sur la plage, alors qu'il restait encore plusieurs minutes avant que le Soleil ne se couche, Koriand'r tenait tout contre elle son sac en papier brun, rempli de cookies, non sans faire une dernière cure de soleil avant que l'astre ne cède sa place à la Lune. Et si certains baigneurs et surfeurs ne manquaient pas de la reluquer, elle, elle n'avait d'yeux que pour l'entrée de la plage, en attendant que Zatanna l'y rejoigne.

Dans le fond, Kory parlait peu de sa planète natale. Elle avait beau l'avoir quittée il y avait bien plus d'une décennie terrienne de cela, le traumatisme demeurait, et la plaie était toujours ouverte. Béante, même. Sanglante. Elle était partie, à l'époque, délibérément, et à l'âge de 9 ans, pour rejoindre Okaara et ses Seigneurs de Guerre. C'était ce qui était attendu d'elle, afin qu'elle y apprenne à se battre auprès des meilleurs maîtres que l'on pouvait trouver dans le domaine. Il avait s'agit à l'époque, pour elle, de d'ores et déjà se préparer à son futur destin de dirigeante, à son futur destin de reine. Malheureusement ... Malheureusement, elle n'avait jamais pu y retourner. Tout comme jamais elle n'avait pu revoir ses parents, et tout comme jamais elle n'avait pu serrer dans ses bras son petit frère. Peut-être était-ce ce traumatisme qui faisait que, dans son esprit, Tamaran demeurait toujours aussi vivante. Malgré les années, malgré la distance, la jeune femme continuait de n'avoir qu'à fermer les yeux pour revoir sa planète, pour se remémorer la Nature, sa place prépondérante. Pour se souvenir des dangers innombrables qui existaient, là bas, de par cette faune et cette flore sauvage et redoutable, qu'on n'éradiquait pas sous prétexte qu'elles représentaient un risque pour la survie des habitants. C'était un tout : danger et sécurité se devaient de cohabiter et de vivre l'un à côté de l'autre, sans quoi leur sens premier perdrait justement tout son sens. Quand elle évoquait tout ceci, les rares fois où elle le faisait, Kory était habituée à rencontrer des regards inquiets tout autant qu'émerveillés, comme si ... Comme si le simple fait de ne pas exactement pouvoir retrouver le même exemple d'équilibre, sur Terre, faisait naître une certaine fascination chez les gens. Mais elle le savait, Koriand'r, que, dans le fond, personne ne parvenait à réellement se représenter ce qu'était Tamaran. Parce que c'était sans commune mesure avec la vie sur Terre. Avec des similitudes, mais également avec énormément de différences. Même s'il était bon, ici, si loin de son chez elle natal, de quand même pouvoir être entourée d'êtres qui l'aimaient, et de pouvoir poser les yeux sur des ressemblances qui lui conféraient la sensation de ne pas dériver, de ne pas être aspirée par le fond, si jamais, un jour, elle avait besoin d'un point d'ancrage en cas de dérive. C'était peut-être en partie pour ça qu'elle avait donné rendez-vous à Zatanna sur la plage, parce que, des océans, à perte de vue, il y en avait aussi sur Tamaran. Ou alors, elle aimait juste sentir l'embrun marin sur sa peau, là où, sur la plage, elle avait moins besoin de se justifier si on la voyait court vêtue ! Et c'est d'ailleurs un léger embrun marin qui fit voleter devant ses yeux une mèche de ses longs cheveux roux, l'obligeant à la pousser hors de son champ de vision pour pouvoir admirer Zatanna dans toute sa splendeur, une fois que cette dernière l'avait rejointe.

Il était si bon de la voir, mais surtout, si bon de la sentir, là, tout contre elle. Koriand'r resterait sans doute une Tamaraneanne dans l'âme pour le restant de ses jours, ceux-ci doivent-ils s'écouler sans qu'elle ne puisse jamais retourner sur sa planète natale. Sur Tamaran, on ne se privait jamais d'exploiter au mieux tous ses sens, sans se priver et sans pudeur. Le toucher était alors essentiel, sans doute plus que sur Terre, même si, pour en avoir parler avec certains déficients visuels, la jeune femme savait que c'était juste que les Humains n'avaient plus l'habitude de se reposer sur leur sens du toucher, privilégiant la vue et l'odorat, comme s'ils estimaient avoir moins besoin de la sensation sous leurs doigts. En tout cas, serrer son amie tout contre elle valait tous les appels en visio du monde, aux yeux de Kory ! Parce qu'en plus de la sentir avec ses mains, sa peau, elle la sentait avec son nez. Une chose que même les meilleures technologies terriennes n'étaient pas encore parvenues à égaler. « Je suis très heureuse moi aussi ! Tu m'as manqué plus qu'un milliard, comme dirait Mar'i ! » Offrant à un magnifique sourire plein de dents bien blanches, bien droites et bien alignées à Zatanna, la jolie rousse s'exécuta à son tour en s'asseyant dans le sable. Elle avait déjà entendu des gens se plaindre des grains, qui étaient trop agressifs, qui grattaient, ou qui se coinçaient partout. Elle, elle aimait plutôt bien ça, le sable ! En tout cas, la jeune femme ne put qu'être ravie d'entendre son amie lui demander de ses nouvelles, sans oublier Mar'i. « Les dernières semaines n'ont pas forcément été des plus reposantes, comme tu t'en doutes, mais ... Mais ça va. J'ai connu pire. » Oui, comme la Citadelle. Ou les Psions. Brr, quelle horreur ! Kory se refusait de parler d'eux à Zatanna : ils leur gâcheraient leur moment ! « Mar'i ... Mar'i va plus que bien. Je ne sais pas si elle est vraiment innocente en ne remarquant rien, ou si elle a tout compris mais qu'elle veut me ménager ... C'est une petite fille pleine de vie, déterminée à vite grandir pour devenir elle aussi une Titan et donner des fessées aux méchants. Je dois la canaliser, parce que ce n'était pas comme si elle n'était qu'une simple petite fille inoffensive. En ce moment, elle doit faire du coloriage avec Rachel, en tentant de la convaincre que le vert et le violet, ce sont les meilleures couleurs du monde, au lieu du bleu et du noir, même si, oh là là, tu ne te rends pas compte Zatanna, mais les fabricants de crayons feutres, et bien ils ne savent même pas faire du joli vert comme celui des yeux de sa maman ! » Éclatant d'un rire joyeux et léger, Kory secoua la tête. Oui, quel que soit l'incongruité de la situation concernant Mar'i, elle ne pouvait renier qu'elle avait ses gênes. « Tiens, elle t'a fait des cookies ! Encore tout chaud. Et elle te fait plein de bisous. » Lui tendant le sac pour qu'elle se serve, la jeune femme observa la jolie brune. « Les derniers évènements n'ont pas été calmes et reposant pour toi non plus, je me trompe ? » Ce n'était pas que Zatanna avait mauvaise mine, c'était juste que ... Juste que, sans doute, en tant qu'être solaire très proche de ses 5 sens ainsi que de ses émotions et de ses sentiments, Kory sentait souvent les changements d'humeur. Comme une sorte d'aura, qui étincelait un peu moins fort autour de la jolie brune, présentement.

Il y avait des choses qui, sans doute, ne variaient pas, quel que soit l'endroit où l'on se trouvait, quel quelle que soit la planète d'où l'on était originaire, quel que soit le cadre spatio-temporel d'où l'on venait. Et peut-être que l'immensité de l'océan et sa propension à vous laisser vous perdre dans vos pensées était de ces choses là, intemporelles, communes à tous. Perdre son regard jusqu'à cet horizon semblant infini, sans début et sans fin. Se sentir détaché de tout, du temps, de l'espace, de la pesanteur comme de l'apesanteur. Ne plus sentir sur soi le poids des responsabilités, des drames et des espérances. Ne plus se sentir investi d'aucune mission, quelle qu'elle soit. Se perdre, tout simplement, en se sentant si petit, si minuscule, si insignifiant, face à cet océan sans limites ... C'était l'une des premières sensations que Koriand'r se souvenait d'avoir ressentie, là bas, sur Tamaran, quand elle était depuis déjà longtemps en âge de sentir qu'on la destinait à de grandes choses, et que son quotidien ne serait définitivement jamais semblable à celui des autres. Et c'était aussi une des premières connexions qu'elle avait pleinement pu réaliser, en arrivant sur Terre. Sur cette planète dont elle ne connaissait rien et où tant de choses la déboussolaient, là où elle ne savait plus très bien qui elle était, après tout ce qu'elle avait traversé. Cela lui avait un peu peur, et cela continuait quelque peu à l'effrayer, malgré son parcours de vie qui avait fait d'elle une battante, et malgré les années qu'elle prenait, avec le temps, et qui la séparait définitivement de plus en plus de l'âge de l'enfance. C'était comme si elle craignait de se laisser happer par l'océan, sans plus jamais savoir ni pouvoir regagner la terre ferme à temps ... Mais dans le même temps, il lui était toujours aussi fascinant et bien faisant de se risquer à la contemplation d'un horizon sans fin. Comme une certaine dualité venait s'additionner à toutes celles qui composaient déjà son être, sa personne, son caractère et sa vie. Et, paradoxalement ou pas, c'était toujours dans des moments comme ceux-ci qu'elle avait d'autant plus à cœur de protéger ceux auxquels elle tenait. De ne pas leur lâcher la main même s'ils estimaient ne pas avoir besoin d'elle. Car sans être de ces filles de séries, qui collent et tout, Kory était une amie fidèle et attentionnée, bornée, aussi, et déterminée à ne point laisser couler le sang et les larmes de ses proches, là, sous ses yeux, si elle était en mesure de faire quoi que ce soit pour éviter une pareille situation. Ne sachant pas encore ce qui pouvait quelque peu venir ternir l'aura lumineuse de Zatanna, la jeune femme se dit, en la voyant prendre une telle bouchée de cookies, qu'au moins, son amie n'avait pas encore perdu l'appétit. Et si les adultes terriens étaient comme les bébés terriens, et bien cela voulait dire que, tant que l'appétit était encore là, la situation n'était pas désespéré au point d'avoir atteint le point du non retour, n'est-ce pas ?! Quoi qu'il en était, elle comprit parfaitement où voulait en venir la très jolie brune. De quoi créer une certaine vrille dans son propre regard, entre tristesse et force, entre fragilité et maturité centenaire. Cependant, elle ne comprit pas trop la référence à l'âge de Zatanna, n'ayant pas encore engrangé assez de références terriennes pour toutes les connaître. Alors, sans doute prit-elle l'expression un peu trop au pied de la lettre. « Moi aussi, je crois ... Même si je ne sais pas s'il y a bien vraiment un vrai âge pour être dans la catégorie des trop vieux. Parce que, dans ce cas là, je suis trop vieille depuis mes 11 ans ... » 11 ans, cet âge auquel la Citadelle était venue l'arracher à l'enseignement des Seigneurs de Guerre d'Okaara. 11 ans, cet âge seuil après lequel plus rien ne pourrait jamais plus être comme avant, pour elle ... Même si, dans le fond, à l'époque, elle avait perdu toute notion réelle du temps, une seconde s'écoulant alors pour elle comme se serait écoulée une éternité ...

Il y avait eu la Citadelle, qui l'avait réduite en esclavage, qui avait vendu son corps et tout le reste, qui avait brisé son innocence et meurtri à jamais son corps et son cœur, son subconscient et sa pleine conscience. Puis il y avait eu les Psions, qui avait fait d'elle un être à part, au sein même de son propre peuple. D'une certaine façon, dans toutes les galaxies possibles et inimaginables, elle était unique. Et parfois, cela la rendait infiniment triste, réalisant qu'elle ne pouvait partager son expérience avec personne d'autre. Car Komand'r ne comptait pas, elle qui, de base, avait été déchue de son rang d'héritière à cause de cette déficience génétique qui était sienne depuis sa naissance. Oui, Koriand'r était sans pareil, et parfois, cela la rendait triste. Car si l'on s'en référait à l'habitude humaine de vouloir catégoriser et cataloguer tout le monde dans des cases, et bien, elle, on ne saurait pas trop où la mettre. A moins de la mettre toute seule dans une case bien vide ... Fort heureusement, elle allait de l'avant, toujours, consciente qu'en n'agissant pas ainsi, elle ne pourrait que s'effondrer pour ne plus jamais avoir la force de se relever. Et puis, quand vous êtes triste, les gens qui vous aiment s'inquiètent, là où Kory se refusait à s'ouvrir à cœur ouvert avec eux, consciente que ce serait leur faire porter sur les épaules des drames qui n'étaient pas les leurs. Consciente, aussi, qu'aucun mot ne pourrait entièrement tout expliquer parfaitement, là où même Diana, Kal-El, Bruce et Dick ne savaient pas tout. Consciente, enfin, que quoi qu'elle dise et quoi qu'elle fasse, et malgré toute leur bonne volonté et leur ouverture d'esprit, ils ne comprendraient jamais réellement. Car ils n'étaient pas là. Car personne n'avait été là, d'ailleurs, à l'époque ... « Je comprends. Je comprends même parfaitement. » Et sans doute son ton était-il sans équivoque, tout comme son regard : cette variation notable dans sa voix et ses yeux ne pouvait passer inaperçue auprès de Zatanna, qui la connaissait très bien. Alors, sans doute la jolie brune avait-elle la preuve que Kory Anders ne serait jamais facile à cerner et à comprendre, car elle s'exposait présentement à elle sous cette facette peu commune, celle qui la rendait si mature, si sage, aussi, sans doute, comme si elle était vieille de plusieurs décennies supplémentaires, loin de ce brin de naïveté et d'innocence, de ces grands sourires et de ce petit côté mutin, délicieux et sucré. Posant un instant la tête sur l'une des épaules de son amie, en laissant ses longs cheveux roux leur taquiner l'épiderme à toutes deux, elle finit par l'envelopper d'un de ses bras avant de déposer un baiser sur son front. « J'y étais, oui. Les variations de planètes et de Terres, il faut croire que ça me connait ! » Un instant, on put croire à un soupçon de gaieté, mais cela était surtout délicieusement amer. A moins que ce ne soit plutôt aigre, ou acide ... « Mar'i a été préservée de tout ceci, que X'hal en soit remerciée. Elle est de ceux qui ont été épargnés, restant ici, bien à l'abri. Quant à Dick ... Je n'ai pas croisé le nôtre, là bas, ni le leur, d'ailleurs, et c'était peut-être mieux ainsi. Leur Koriand'r faisait visiblement partie des Furies, et disons qu'elle a connu une fin très tragique. Et des plus explosives. Des mains même du Richard Grayson de cette Terre désolée ... » Fermant les yeux, elle soupira, avant de reprendre sur un sujet un peu moins dramatique. « Mais j'ai retrouvé Hal, Tim et Conner. Et puis j'ai rencontré une fille, pas mal sympa comme fille d'ailleurs ! » Tournant le regard vers son amie, elle lui offrit son plus chaleureux sourire. « Je suis là, tu sais. On a essayé plein de fois de m'éliminer, on m'a même torturé et faite souffrir, mais je suis toujours là. Je m'accroche, comme les sucettes que Mar'i colle involontairement dans mes cheveux quand elle veut me faire un câlin. Sauf que moi, l'eau, la glace et tout le reste, ça marche pas pour me décrocher. Même pas les coups de ciseaux qui coupent dans le vif ! » Mais elle le savait déjà, ça, Zatanna, non ?

Le mérite n'attend pas la somme des âges. Ou quelque chose comme ça. Kory et es expressions typiquement terriennes, et bien ça faisait deux ! Et ce même si elle s'efforçait de faire en sorte que ça ne fasse plus qu'un ... En tout cas, la jeune femme pensait comprendre l'idée derrière l'expression, et elle était plutôt d'accord avec ce qu'elle semblait comprendre. Parce que l'âge n'était qu'une donnée, un fait, et que le temps qui passait et qui s'écoulait n'avait ni signification ni importance si on le passait à attendre, à ne rien faire, à laisser les autres agir et décider. Et, par X'hal, elle, elle n'était en rien restée inactive, ça non ! D'une certaine façon, on pouvait même dire qu'elle avait vécu plusieurs vies, ce dont elle n'était ni particulièrement fière ni même particulièrement honteuse. Ce qui était arrivé était arrivé, que ce soit concernant les grandes joies que concernant les évènements tragiques. On ne pouvait pas retourner en arrière, et même si on le pouvait, il fallait prendre en compte que le moindre changement sur ce qui s'était passé ferait voler en éclats tout ce qui était advenu par la suite. Et si cela ne détruisait pas tout, alors cela bouleversait quand même pas mal de choses. Kory savait très bien que, sans tout ce qu'elle avait dû surmonter, jamais, très probablement, elle n'aurait mis les pieds sur Terre. Ce qui signifiait que jamais elle n'aurait rencontré Dick, les Titans, Zatanna et tous les autres. Ceux-là même qui étaient devenus si importants pour elle. Ceux-là même qu'elle aimait si fort, certains plus que d'autres, certes, mais si fort quand même. Alors, peut-être que d'une certaine façon, jamais elle ne serait trop vieille ou trop jeune pour toutes ces conneries, comme le disait son amie. Et elle était bien contente d'entendre la si jolie brune lui dire que c'était une très bonne chose qu'elle soit là, qu'elle soit encore là, malgré tout le sale bagage lourd et conséquent qu'elle portait sur ses épaules, malgré les traumatismes et les cicatrices, pas toutes physiquement visibles d'ailleurs. Oui, il était très fortuné que Koriand'r ait survécu à tout ceci, qu'elle ait su s'en sortir, malgré tout. « Je ne me pardonne pas encore tout, tu sais, et ça fait des années ... Je ne dors pas non plus toujours paisiblement, mais je sais qu'en bien des occasions, c'était eux ou moi. Les Psions, la Citadelle, ma propre sœur ... » La jeune femme ferma les yeux, un instant, avant de pousser un long soupir. Posant de nouveau son regard sur le si joli visage de la si jolie Zatanna, un mince sourire vint s'ancrer dans un recoin de ses lèvres, alors que ses yeux brillaient d'une lumière quelque peu particulière et paradoxale. « Je te raconterais peut-être tout ça, un jour ... Je te raconterais comment on a fait de moi celle que je suis aujourd'hui. ... Mais seulement si tu es sage ! » Conclure ainsi sa phrase était une façon comme une autre, pour elle, de ne pas les entraîner toutes deux vers des abysses meurtrissantes qui feraient voler en éclats l'instant précieux qu'elles partageaient entre elles. A moins que ce ne soit là une nouvelle preuve du décalage réel qui existait entre les pratiques humaines et tamaranéannes, allez savoir !

De toute façon, Zatanna ne lui en voudrait sans doute pas, elle qui, d'elle-même, changeait elle aussi un peu de conversation en empruntant un ton moins dramatique et attristé. Glissant les doigts d'une de ses mains sous son médaillon, elle releva un peu celui-ci pour mieux le voir, elle qui contemplait le bijou depuis déjà bien des années. Elle savait qu'il n'était là que pour dissimuler aux yeux des humains sa réelle apparence, si peu conventionnelle, de sorte à la protéger et à ne pas montrer à tous qu'elle n'était en rien humaine et qu'elle servirait d'excellent cobaye pour qui lui voudraient du mal. Mais elle ne pouvait s'empêcher de se dire que l'objet en lui-même était bien beau, et qu'il était parmi son bijou préféré. Préféré, et si vital, même, de par sa mission première. « Tout va bien, oui, il n'est pas cassé ! Alfred Pennyworth d'Angleterre m'avait offert une nouvelle chaîne, à votre Noël dernier. Selon lui, je mène une vie dangereuse, risquée et mouvementée, et mieux vaut adopter régulièrement de nouveaux maillages pour ce médaillon si précieux ! » Elle ne savait pas si elle avait réellement bien tout compris au message du majordome et homme de confiance de Bruce Wayne, lui qui était également tellement plus pour toute la Batfamily et leurs proches, mais en tout cas, elle devait reconnaître que des attentions telles que celles-ci lui faisaient toujours très plaisir, la touchant beaucoup et lui allant droit au cœur. Et alors que la conversation déviait de nouveau vers Mar'i, les yeux de la jeune femme se mirent à pétiller en grand. « Mar'i est ... C'est Mar'i. Elle me surprend tous les jours, et je me demande quand, exactement, elle cessera de m'émerveiller. Les livres disent que ça n'arrivera jamais, mais je ne sais pas trop si on peut leur faire confiance : ma fille n'a rien d'une enfant comme les autres, et puis, ces livres là oublient de dire à quel point c'est parfois fatiguant d'élever un enfant. Des fois, je ne sais pas si je fais bien, et d'autres fois, je me dis que je ne suis pas forcément autant maman qu'il le faut ... » Après avoir quelque peu fait la moue, elle haussa les épaules, avant de reprendre, de nouveau solaire et lumineuse. « Elle n'est ni tout à fait comme moi, ni tout à fait comme Dick. C'est ... C'est un mélange, une métisse : mi-humaine, mi-tamaranéanne. J'essaie de lui apprendre au mieux à gérer ses pouvoirs, oui, plutôt qu'à les utiliser, pour le moment. Il faut déjà qu'elle apprenne que, voler au milieu des gens, hors de la Tour, ça ne se fait pas, et que ce n'est pas parce qu'on a perdu aux jeux vidéos qu'il faut menacer la console de l'exploser avec une starbolt ! Mais je pense déjà qu'elle fera une très bonne recrue, dans quelques années. La future génération est déjà en route, après tout, comme avec Ophelia ! » Est-ce qu'ils avaient déjà du souci à se faire ? Sans doute que oui ! « Mar'i est si jolie, en plus ... Je sais, ça ne fait pas tout, mais c'est un beau bonus ! Elle a les cheveux de son père, avec des reflets qui crépitent et tirent sur le violet profond quand elle vole ou utilise ses pouvoirs. Mais elle a mes yeux, et sa carnation est à mi-chemin entre la mienne et celle de son père. Ce qui n'est pas sans posé problème, parce que tout ça n'est en rien humain ... » Pour l'instant, les gens n'y faisaient pas forcément très attention, dans la rue, la frimousse de Mar'i n'arrivant pas à hauteur de leurs yeux, mais un jour ... « Je crois que ça inquiète encore plus Dick que moi. Il a beau ... Il a beau avoir encore de grandes difficultés à assimiler la situation, je sais qu'il ne souhaite en rien qu'il arrive quoi que ce soit de mal à sa fille. Mar'i voudrait le voir plus souvent, mais elle sait qu'il ne faut pas tout précipiter. Quant à moi ... Il me manque aussi, mais je crois que je comprends. Enfin, un peu ... Mais j'ai espoir. Jason aussi vient du monde des humains, et Diana non plus n'est pas une habitante de la Terre comme les autres. Si ça marche pour eux, ça peut marcher pour nous aussi, tel quel ou avec un arrangement, n'est-ce pas ? » Koriand'r n'était en rien jalouse du couple Prince-Todd ou Todd-Prince. Mais elle savait que, si eux avaient réussi, alors ...

Spoiler:

Peut-être que pour certains, Kory parlait trop. Comme si elle était incapable de rester muette et silencieuse, impassible, face aux choses de la vie, face aux gens, à leurs paroles, à leurs actions. Mais c'était dans son tempérament que d'être sans filtre, de dire ce qui lui passait par la tête sur le moment, quand ça lui passait par la tête, de s'exprimer avec franchise et honnêteté, bien incapable de comprendre pourquoi il fallait parfois se retenir et mentir. Mais dans le même temps, peut-être que pour d'autres, on pouvait lui reprocher de ne justement pas assez parler, en certains instants, quelque peu frustrée de ne pas toujours trouver les bons mots, de s'empêtrer encore un peu trop souvent dans les nuances, les variations et le panel infini des mots, de leurs multiples sens, et des enchaînements étranges qui pouvaient s'allier entre eux pour formuler toutes ces expressions qui lui étaient encore parfois si peu appréciables et familières. Dans le fond, peut-être que Koriand'r s'obstinait à rester elle-même, telle qu'elle était, à peine transformée et assimilée concernant le fait qu'elle n'était en rien née sur cette Terre, et qu'elle n'en était même pas originaire, de près ou de loin, elle qui venait d'une galaxie fort fort lointaine. Mais la jeune femme comprenait bien que les mots avaient un fort impact, en bien des instants, et dans bien des circonstances. Elle savait qu'on pouvait tout à la fois tout dire grâce à des paroles, et rien dire du tout, aussi. Elle se disait, enfin, qu'il était également bien des occasions où les mots étaient insuffisants, bien incapables d'être pertinents et adéquats. Car il y avait des choses que le temps ne pouvait cicatriser, des blessures si profondes qu'elles s'emparaient de vous, vous grignotant plus ou moins partiellement, pour ne plus jamais entièrement vous quitter. Il y avait des drames que nul mot ne pouvait quantifier et qualifier comme il le faudrait. Alors, là où les morts étaient si souvent fort utiles, les silences avaient eux aussi leur importance, loin de toujours être pesants et maladroits. Alors Koriand'r était bien aise que Zatanna reste silencieuse face à ses propos, la remerciant intérieurement, et silencieuse, de ne pas avoir chercher à la faire parler quand elle lui faisait comprendre qu'elle n'était pas forcément encore prête. En revanche, parler d'Alfred était une chose bien plus facile et bien plus légère pour elle. « Je ne sais pas trop comment Bruce et tous les garçons auraient pu faire sans Alfred, depuis toutes ces années ... D'ailleurs, tu sais qu'au début, quand j'ai connu Dick et qu'il m'a amenée au manoir, je me demandais s'il n'y avait pas deux Alfred, voire même plus, parce qu'il semblait être partout à la fois, et qu'il faisait tant de choses dans l'ombre. Alors tout était prêt, comme s'il devinait toujours ce qu'il fallait faire et préparer. Je n'ai aucun souci à lui confier Mar'i, il a toute ma confiance, et puis, elle l'adore tellement ! » Il ne fallait pas croire que Mar'i appréciait tout le monde, ça non. Par exemple, elle n'aimait pas la présentatrice de la météo quand elle se mettait devant un bout de la carte et qu'on ne voyait pas tout. Elle n'aimait pas non plus les politiciens et leurs discours plein de mensonges, même si elle n'y comprenait pas vraiment quoi que ce soit, et que c'était surtout parce qu'elle sentait qu'ils mentaient et faisaient semblant de s'aimer et d'être gentils. En revanche, tout comme Koriand'r, la petite avait un cœur énorme, et quand elle vous y attribuait une place de choix, vous aviez la certitude que ce serait pour bien longtemps !

Parler de sa fille à Zatanna était un grand plaisir pour la jeune femme. La petite appréciait grandement la jolie brune, qui le lui rendait très bien. Kory avait également énormément confiance en son amie et dans le fait que quand elle disait quelque chose, elle ne mentait pas et ne cherchait pas non plus à la manipuler. Bien qu'elles n'en avaient jamais parler, parce que la jolie rousse ne voulait pas penser à tout ça, là, tout le temps, il était ancré dans son esprit que s'il lui arrivait quoi que ce soit, elle pourrait faire confiance en Zatanna, les yeux fermés, pour prendre soin de sa fille ou pour aider Dick à le faire, d'une façon ou d'une autre. Il était aussi très appréciable et agréable pour elle d'entendre son amie tenter de la réconforter, et elle acceptait chacun des conseils qu'elle pouvait bien lui donner, parce qu'encore une fois, elle les savait sincères, vraies, francs et honnêtes. Et puis, Zatanna avait beau ne pas exactement être une Terrienne comme les autres, elle avait quand même bien plus d'expérience que Kory concernant la vie sur Terre, les relations sociales humaines et toutes les logiques qui y étaient liées. Et concernant les relations sentimentales, aussi ! Sur Tamaran, disons que les choses ne fonctionnaient pas exactement comme ça, ça non ! « Tu as sans doute raison ... Et puis, nous sommes Kory et Dick, individuellement ou ensembles, nous sommes uniques ! » Il avait toujours été important pour elle de toujours rester elle-même, de ne jamais chercher à faire disparaître Koriand'r au profit de cette Kory Anders qu'elle était aux yeux de tous ces humains qui ne la connaissaient pas et qui ne se doutaient donc pas de qui elle était vraiment. Face au nouveau questionnement de Zatanna, en tout cas, elle se dit que cela méritait réflexion. Parce qu'elle avait l'esprit un peu flou concernant tout ceci, et aussi parce qu'elle allait devoir essayer de trouver les mots les plus adéquats pour s'expliquer sans faire offense aux siens ou donner l'impression que sur Tamaran, c'était vraiment n'importe quoi. « Je ne sais pas trop, non. Parce qu'il y a tant de choses à prendre en compte, et qu'il y a votre société et ses attentes, et moi et là d'où je viens ... » Elle reprit un souffle, avant de prendre de nouveau la parole. « Sur Tamaran, le mariage est ... Exceptionnel. Concernant la cérémonie et concernant ses circonstances. Seuls les nobles se marient, plus par nécessité d'officialiser une alliance entre deux familles que par besoin de légitimer les enfants à venir. En tant que Princesse héritière, j'ai grandi avec la certitude qu'un jour, pour respecter la loi, je me marierais moi aussi. Mais tout est bouleversé maintenant, et comme il ne sera jamais question de la moindre alliance officielle avec mon peuple et la couronne royale de Tamaran ... » Son regard se perdit quelque peu dans le vide, comme à chaque fois qu'elle songeait à ce qu'elle aurait dû avoir, vivre et connaître. Le grand écart était monumental entre la Terre et Tamaran, et pas que concernant le seul et unique sujet du mariage.

Plus les jours s'écoulaient, plus la jeune femme perdait l'espoir d'un jour pouvoir retourner sur sa planète. Et même si cela s'avérait un jour possible, elle ignorait ce et ceux qu'elle y retrouverait, tout comme elle ne savait pas comment elle serait alors reçue. Après tout ce qui s'était passé, là où elle avait tout de même été le sujet d'un immonde chantage. S'enfermer dans de telles pensées n'était jamais bon pour elle, d'autant plus qu'elle ne pouvait pas réellement en parler à qui que ce soit, du moins pas totalement et en sachant que la personne face à elle serait parfaitement au courant de tout, de bout en bout. Car il n'y avait pas d'autre ressortissante de sa planète sur cette Terre. Et pas d'autre ressortissant de sa galaxie tout court, d'ailleurs. Certes, maintenant, une part de Tamaran vivait en Mar'i, mais la petite n'y avait jamais mis les pieds, et depuis toujours pour elle, elle avait été élevée sur Terre, entourée des attentes et des règles de la société de cette planète et, plus précisément, des États-Unis. Génétiquement, elle était à moitié tamaraneanne, mais socialement, elle était un pur produit de la Terre. Ce qui pouvait lui assurer une certaine couverture et une bonne protection, mais cela peinait tout de même Koriand'r. C'était peut-être ça aussi, le prix à payer, quand on avait été déracinée de son chez soi initial ... « Je m'inquiète, oui, parce que je sais que même si les choses changent et que votre société évolue et se modernise, si j'ôtais le collier que tu m'as donnée et que je marchais dans la rue, sous ma vraie apparence ... Peut-être que tu me retrouverais couper en petits morceaux. Pas sans avoir d'abord fait bien des dégâts et laisser mon hire et mon courroux s'exprimer, certes, mais ... Mais quand même. Ou alors ils m'enfermeraient dans un gros bocal, avec plein des tuyaux, nue et sous sédatifs, comme dans les films de science-fiction que les garçons regardent parfois le soir, à la Tour. » Nouveau silence ... « Mais tu as raison, les choses changent quand même. Même si les humains sont encore loin de se douter du nombre de galaxies dont ils ignorent encore tout de l'existence ! Enfin ... Peut-être qu'ils s'identifient aussi un peu mieux à des êtres tels que Kal-El et Diana plutôt qu'à moi. Ils leur ressemblent plus ... En tout cas, je ne laisserais jamais Mar'i devenir un tyran, ni même Ophelia d'ailleurs. Je sais combien ces gens là ne savent que faire le mal et les bassesses. ... Tu crois quand même que tu pourrais lui faire un collier, comme le mien ? Je serais prête à lui donner celui que tu m'as fais, mais je sais que cela me condamnerait sans doute : il est encore trop tôt pour que la société humaine m'accepte, je pense ... » Posant de grands yeux sur son amie, elle était prête à la supplier et à lui offrir tout ce qu'elle lui demanderait, car la sécurité et la survie de Mar'i passaient avant tout.

Il était indéniable qu'en arrivant ici sur Terre, Koriand'r s'était réellement sentie telle l'extraterrestre qu'elle était, incapable de comprendre quoi que ce soit au premier abord de tous ces codes sociaux et comportementaux, de toutes ces logiques d'action et de raisonnement, de tous ces attendus sous-entendus et même pas énoncés. Elle avait été plus qu'un poisson hors de l'eau, elle avait été une Tamaraneanne au milieu des Terriens, ce qui résumait tellement bien la situation à ses yeux, mais ce qui manquait sans doute un peu de sens pour tous ceux qui ne connaissaient pas du tout sa planète, ou qui ne la connaissaient pas suffisamment. Ce qui, dans le fond, devait bien regrouper tout le monde ... Avec les temps, les choses s'étaient améliorées et quelque peu simplifiées pour elle, parce qu'elle s'y était habituée, et aussi parce qu'on l'avait aidée. Mais cela n'avait jamais été le monde qui changeait pour elle, c'est elle qui avait dû s'adapter, ce dont devrait un peu mieux se souvenir ce qui pouvait s'agacer ou s'impatienter de son attitude, de ses gestes ou de ses paroles, parfois. Quoi qu'il en était, les premiers temps, elle s'était raccrochée à ce qui semblait faire le plus de sens pour elle, à toutes ces logiques et à tous ces principes qui lui parlaient au moins un peu. Et elle s'était également appuyée sur ceux qui l'entouraient, sur les Teen Titans, comme sur ces quelques autres, Diana, Bruce, Kal-El, ou encore Zatanna. Cela expliquait sans doute sa loyauté sans failles à leur égard : jamais il ne lui viendrait à l'esprit, sans raison, de mordre les mains qui l'avaient aidée, pour peu qu'il s'agisse là de la réelle expression terrienne qu'elle se devait d'utiliser. Dans le lot de tous ces êtres qui comptaient pour elle, Alfred avait réellement une place à part, là où il avait été assez simple pour la jeune femme de comprendre qu'on devait respect, écoute et gentillesse aux aînés. Et même si, maintenant, le majordome avait un peu plus de cheveux blancs qu'avant, il était toujours aussi vif, surtout d'esprit, ce qui avait peut-être été un prérequis lorsqu'il avait passé son entretien d'embauche devant les parents de Bruce ? Mais à côté de ça, à côté de toutes ces choses que Kory avait apprise, et toutes celles qu'elle avait appris à comprendre, à feindre ou à prétendre connaître, pour ne pas attirer l'attention si elle se trouvait entourée de parfaits inconnus, histoire de sauver sa peau, il y en avait d'autres qui continuaient de faire si peu de sens pour elle qu'elle semblait les avoir définitivement rangé dans la catégorie du "Peine perdue". Et puis, on l'encourageait quand même à rester elle-même, à ne pas totalement gommer celle qu'elle était. Ce serait quand même bien dommage ! Le mariage, en tout cas, ne la laissait pas complètement dubitatif sur la forme. Par contre, le fond, lui ... « Ce qui est surtout étrange, en vrai, c'est ce que votre société considère comme obligatoire quand on est marié. Si une femme est surprise à embrasser un autre homme que son mari, ou pire, parfois, une femme, c'est de sa faute, elle est jugée, critiquée et même insultée ... Sur Tamaran, le mariage n'est là que pour formaliser et officialiser l'alliance, mais chacun continue d'avoir sa pleine et entière liberté pour fréquenter qui il veut. » Même si elle devait bien avouer que, sur ce point là, sans doute la société terrienne avait-elle quelque peu commencé à déteindre sur elle ...

Concernant Mar'i, Kory écoutait attentivement le point de vue de Zatanna, consciente que la jeune femme en saurait de toute façon toujours plus qu'elle sur la société humaine. Sur ses failles et ses travers comme sur ses qualités et ses forces. Même si la Tamaraneanne ne pouvait s'empêcher de se sentir un peu plus réservée que son amie sur tout ça. Mais de toute façon, Mar'i était un hybride jusqu'alors inédit, appartenant tout autant à un monde qu'à un autre, tout autant originaire de la Terre que de Tamaran. Alors, sans doute rien ne s'appliquait à 100% pour elle ... « J'ai lu que l'Homme a mis des siècles à comprendre qu'il pouvait reproduire le feu, après avoir vu la foudre tombée encore et encore sur des arbres ... Heureusement, votre boîte crânienne a fini par doubler de volume par rapport au début de l'existence de votre espèce ! » Peut-être que certains pouvaient se montrer choqué de la façon dont s'exprimait la jeune femme, mais elle se sentait extérieure à tout ça, à toute cette épopée de l'Humanité, ne partageait pas les mêmes gênes ni même les mêmes origines que les humains. « Concernant Kal-El, il doit aussi susciter plein de jalousies parce que lui, il a de très belles fesses et de beaux abdos, même moulé dans sa tenue, et que sa virilité est aussi bien valorisée. C'est comme ça que vous dîtes, non, "virilité" ? » A son arrivée, on avait vite fait remarqué à Koriand'r que l'une des choses auxquelles elle devait absolument faire attention, c'était son rapport à la sexualité, les mœurs terriennes étant loin d'être aussi ouvertes sur le sujet que sur Tamaran. Mais encore aujourd'hui, la jeune femme avait bien des progrès à faire, bien que depuis l'arrivée de Mar'i à la Tour, elle ne se baladait plus autant nue qu'avant dans sa chambre. Même si Mar'i semblait tenir d'elle sur ce point, soupirant à plus d'une reprise en demandant si elle était vraiment obligée d'enfiler une culotte sous sa jupe, compte tenu du fait que si un garçon essayait de regarder en dessous, elle saurait le repousser. C'était en partie pour cette raison que Kory se préoccupait tant du futur et de celui de sa fille. Parce qu'elle savait que Mar'i aurait beau être toujours plus humaine qu'elle, tant socialement que génétiquement et biologiquement, elle conserverait toujours une part inédite pour les humains, et des capacités qui n'étaient dues qu'à ses gênes tamaranean. Et si la jeune femme pouvait, à la limite, accepter qu'on s'en prenne à elle, concernant sa fille, c'était tout à fait une autre histoire, ça oui ! « Mar'i est née ici. Sur cette planète. Dans une autre réalité et une autre chronologie, mais elle est tout de même née sur Terre. Sa place est ici. Son père est ici, aussi, et tous ses proches. Quant à moi ... Ce n'est pas comme si je pouvais retourner chez moi, et pas comme si, aussi, j'étais en mesure de savoir s'il me restait réellement une planète sur laquelle retourner, et de la famille à retrouver ... » Il n'y avait nul défaitisme et nulle amertume dans ses propos, juste une réalité sincère, mais peut-être un peu froide. Du moins concernant les points qui se ramenaient à elle. En tout cas, la jeune femme ne put que laisser s'épanouir sur son visage un large sourire des plus sincères, expressifs et plein d'une dentition parfaite. Enlaçant Zatanna sans retenue, elle lui déposa une nuée de baisers sur tout le visage. « Merci merci merci merci merci merci merci ! Sois-en remerciée, Zatanna Zatara ! Tu ne sais pas à quel point tu vas m'ôter d'un poids sur les épaules ! » C'est qu'elle en essuierait presque des larmes de bonheur, si elle ne les laissait pas plutôt couler sur ses joues ! « Plus Mar'i grandit, plus ses origines tamaraneannes ressortent sur son physique. Elle a de plus en plus mes yeux, et si sa chevelure est aussi ténébreuse que celle de Dick, quand elle s'énerve, les extrémités crépitent et se parent d'une teinte violette qui n'a absolument rien de terrienne, et ... Et je sais que ça la rend triste de me faire peur avec ça, et je n'ai pas envie qu'elle réprime toujours celle qu'elle est pour ne pas me faire de peine. Cet enfant ... Oh, Zatanna ... S'il y a bien des choses qui me terrorisent encore la concernant, je sais que si j'en venais à mourir, aucun d'entre vous n'aurait trop peu de cœur pour la laisser seule. Et elle le sait aussi. C'est un peu comme les parents qui apprennent le 911 à leurs enfants. Mar'i sait qu'elle peut t'appeler, ou appeler Jason, ou Diana, ou Bruce, ou Alfred, ou Oliver, ou même Kal-El ... » Soupirant un grand coup, elle se dit quand même que ce n'était sans doute pas exactement la même vie normale pour Mar'i que celle d'une enfant de son âge ... Mais en étant celle qu'elle était, à quoi pouvait-on bien s'attendre d'autre ?

Comme le soulignait si justement Zatanna, les humains n'étaient pas forcément les plus à même de suivre exactement tout ce qu'ils disaient. C'était comme si, sans cesse, il y avait deux versions, deux pistes à explorer, deux choses à comprendre. Comme sur un livre, avec la couverture de devant et celle de derrière, et il fallait lire les deux, pour ne rien oublier, pour tout bien faire et tout bien comprendre. Ce qui n'était pas facile du tout, ça non, surtout parce qu'en vrai, la plupart du temps, il y avait plus que simplement deux sens. Ce qui était très fascinant, car cela voulait dire que cela réservait de nombreuses surprises, et que rien n'était jamais comme cela apparaissait, au premier regard. Mais en même temps, pour Kory, ce serait sûrement un motif de migraines violentes et régulières, si elle pouvait être sujette à de telles mésaventures de santé. En tout cas, à défaut de la faire souffrir au niveau du crâne, cela la laissait souvent songeuse, et même parfois quelque peu boudeuse. « Tu ne sais pas à quel point je galère encore, comme vous dîtes, à vous comprendre ... Vous dîtes souvent quelque chose là où il faut que je comprenne autre chose. » Son nez se plissa quelque peu, signe d'une petite frustration de sa part. Car elle avait beau faire de nombreux efforts, toujours écouter les conseils et essayer de suivre les exemples qu'on lui montrait, rien n'y faisait : elle restait toujours bien en peine, parfois, de comprendre ce qu'il fallait. Mais peut-être cela faisait-il son charme, là où elle aussi devait bien paraître étrange et incompréhensible, en bien des instants. Car après tout, sa façon de raisonner était sans doute trop instinctive et brute pour les humains, qui voulaient glisser trop de complications un peu partout. « En tout cas, je préfère continuer de rester connectée à mes sentiments et à mes émotions en prenant ce que je veux, quand on veut bien me le donner, plutôt que de me compliquer la vie en hésitant ou, pire, en utilisant les mensonges pour obtenir ce que je veux. Les humains mentent tellement souvent, pour tout et n'importe quoi, et surtout pour n'importe quoi je trouve. » De toute façon, ses émotions étaient intimement liées à ses capacités tamaraneannes, alors autant ne pas s'handicaper soi-même en risquant de trop se freiner au risque de perdre en puissance. Et puis, là où la jeune femme ne pouvait plus vivre sur Tamaran, elle s'accrochait encore et encore à certaines des choses naturelles qui faisaient d'elle une vraie ressortissante de cette planète. Comme cette franchise brute et sans fioritures avec laquelle elle parlait présentement de Kal-El. Kal-El ... Elle l'aimait beaucoup, et ils s'entendaient bien. Même si elle ne faisait aucune différence entre Clark et lui, ou plutôt entre ces deux identités là, considérant que Clark n'était qu'une identité de déguisement, un peu comme la propre sienne, même si leurs situations n'étaient sans doute pas comparables. C'était dans son habitude d'agir ainsi, de toute façon, et elle faisait la même chose avec Alfred, renommé dans sa bouche en temps que Alfred Pennyworth d'Angleterre, là où Diana était Diana de Themyscira pour elle. « Ah, je le savais bien que je n'étais pas la seule à me dire que même habillé, Kal-El était très séduisant ! Bien que je ne l'ai jamais vu nu ... Il ne faut pas que je lui demande s'il peut se déshabiller devant nous pour vérifier, n'est-ce pas ? » En réalité, Kory cherchait juste confirmation de l'avancée de ses progrès dans la compréhension des mécanismes humains, mais la réponse l'intéressait quand même, savait-on jamais !

C'était ça qui était bien avec Zatanna. Elles se comprenaient sans forcément avoir besoin d'utiliser plein de mots dans plein de phrases. Le courant passait très bien entre elles, comme on dit sur Terre, et en plus de ça, la jolie brune était gentille, serviable, généreuse et pleine de ressources. Alors, oui, Koriand'r lui faisait pleinement confiance, et savait très bien qu'elle n'avait pas à remplir tout plein de papiers, comme le faisaient habituellement les Terriens, pour être assurée que s'il lui arrivait malheur, Zatanna serait là pour Mar'i, sans que ça n'ait besoin d'être vraiment officialisé. Cependant, Kory se montra quand même surprise, sans s'en cacher. Mais pas par rapport à Mar'i, donc. « Tu crois que même dans notre réalité, je pourrais être enceinte ? ... Des fois je me demande si ça n'a pas fonctionné juste parce qu'on était dans une réalité parallèle. En tout cas, je ne comprends toujours pas comment Mar'i a réussi à rester avec nous, là où pour son petit frère de là-bas, John, ça n'a pas marché ... C'est bizarre parce qu'il était son frère, et pourtant, je n'arrive pas à le considérer comme mon fils, alors que je ne me considère pas autrement que comme la mère de Mar'i ... » De nombreuses questions, qui n'appelaient sans doute pas de réelles réponses, par manque d'explications. Soupirant une nouvelle fois, comme pour évacuer tous ces doutes, qu'ils n'appellent pas encore plus de doutes, la jeune femme ne put cependant s'empêcher de sourire aux paroles de sa si proche amie. « Oh que oui, notre digne fille ... Elle ne se laisse jamais faire, et je suis pratiquement sûre qu'elle serait capable de décocher des droites dignes de celles de Dick s on s'en prenait à elle ! A moins qu'elle ne transforme ses attaquants en grands brûlés, en employant ses starbolts ... » Songeuse, Koriand'r fit quelque peu la moue, en réfléchissant, avant de secouer la tête pour changer d'idée, de sujet et de propos, pour finalement venir déposer un baiser dans les cheveux de Zatanna, appréciant grandement que celle-ci vienne poser sa tête sur son épaule. Fermant les yeux pour apprécier pleinement le moment, tout comme pour prendre le temps d'écouter et de comprendre, Kory laissa finalement son regard se poser pleinement sur la ligne de cieux, consciente que si elle-même était unique, sans doute sa fille l'était-elle tout autant, voire même plus, hybridation encore jamais vue de deux êtres qui n'auraient sans doute jamais dû se rencontrer, et, à plus forte raison, de deux peuples distants de milliers d'années lumière, et de nombreuses, très nombreuses galaxies.

Quand on y réfléchissait bien, tout ceci tenait sans doute du miracle. Tous ces événements avaient sans nul doute des chances astronomiquement faibles de se produire. Et par delà le miracle de son arrivée sur Terre, après avoir enduré et surmonté toutes ces horribles années, dans ces conditions à tout point de vue inhumaines, il y avait eu Mar'i. Dans cette réalité, aussi parallèle celle-ci est-elle pu être, des millions de cellules étaient entrées en compétition pour créer la vie. Au milieu de toutes ces différences, tant physiologique que génétiques, tant psychologiques que comportementales, au milieu de toutes ces contradictions, de tout ce magma d'improbabilités, il y avait eu Mar'i. Mar'i, et nulle autre qu'elle, en plus de John, bien sûr, même si le petit garçon était resté dans l'autre réalité. Mar'i, à de nombreux points de vue, était née du chaos, de tectoniques de plaques opposées se percutant avec grand fracas. Cela avait été comme transformer de l'air en or ... « Je t'aime Zatanna, ne l'oublie jamais ... Tu es très importante et très précieuse pour moi. Alors il ne faut pas perdre espoir, et il ne faut pas laisser le noir tout assombrir. Je sais que c'est dur et que cela va à l'encontre de ce qui serait le plus facile et le moins douloureux, c'est à dire l'abandon, la reddition. Mais crois moi, quand on se bat, encore et encore, le jour où le ciel s'éclaircit ... Le bonheur et la jouissance que cela te procure sont ... indescriptibles. Et cela va au delà du fait que le vocabulaire humain m'échappe encore ... Et même si je ne sais pas ce que mon propre avenir me réserve, concernant Dick, je me dis qu'au moins, j'ai Mar'i. Je ne suis plus seule Tamaraneanne. Elle est mon futur, et cela vaut tout. En tout cas pour moi. Parce que la version de moi de cette autre réalité, celle qui a réellement été enceinte de notre fille, cette Kory là a refusé de ployer, et qu'elle a refusé de se laisser annihiler, en dépit de ce que voulaient la Citadelle, les Psions, et ma propre sœur. Si on baisse les bras, si on se prive d'avoir des enfants, alors ceux qui nous ont mis dans la merde ont gagné : il n'y aura plus personne pour prendre notre relève si on parvient à nous abattre. Mais tu as raison, peut-être que c'est une attitude un peu égoïste, je ne sais pas ... » En tout cas, tout ceci la pousse à réfléchir, et c'est ce qu'elle fait, une fois de plus, face au nouveau questionnement de Zatanna. « C'est ... C'est compliqué. Je ne pourrais jamais oublier tout ce que j'ai dû subir, et je ne veux pas oublier, car Ils ne méritent pas d'être pardonnés et excusés, Ils ne méritent pas qu'on puisse prétendre qu'Ils n'ont infligé aucuns maux. Qu'Ils ne m'ont pas brisée, sans parvenir à me détruire. Je ne peux pas non plus souhaiter que tout ceci m'arrive de nouveau, ou que cela arrive à ceux que j'aime. Alors, évidemment, si je pouvais n'avoir rien vécu de tout ça ... Mais en même temps, cela m'a conduite ici, avec vous. Et j'ai eu Mar'i, ce qui n'aurait pas été possible si je n'avais pas rencontré Dick, alors ... J'ai des regrets, oui, une foule de regrets. Mais le fait d'avoir réussi à vous avoir dans ma vie n'en est pas un. » Si seulement faisait ne serait-ce qu'un peu de sens ?

Zatanna était toujours de bon conseil, ça, Koriand'r ne pourrait jamais le lui enlever ! Et c'était tant mieux ainsi, parce qu'il se trouvait que la jolie brune était son amie, ce qui signifiait que la jeune femme n'avait pas vraiment à trouver une excuse pour lui demander conseil, et d'ailleurs, plus simplement, elle n'avait même pas besoin de directement le lui demander pour se faire conseiller. C'était instinctif, naturel, inné. Normal et logique, aussi. Et Kory ne se sentait jamais jugée et jamais réellement mise à mal non plus, et ce même si, parfois, elle était quand même navrée pour son amie de devoir lui faire répéter des conseils déjà donnés, ou de l'obliger à lui expliquer des choses qui étaient sans doute des plus simples pour quelqu'un qui serait né sur cette Terre. Oui, la Tamaraneanne le savait, mais certaines connaissances de base, de l'ordre de celles qu'un enfant lui-même maîtrise, et bien, elles lui échappaient encore un peu trop souvent. Mais parfois, elle se disait que si sa vision des choses ne l'empêchait pas de composer aussi avec ce qui se devait d'être sur Terre, et bien c'était mieux ainsi. Après tout, cela lui permettait de rester celle qu'elle était sans faire tâche dans le décor, et sans commettre de faux pas. « Fais ce que je dis, mais pas ce que je fais. C'est ça ? ... Vous êtes quand même très illogiques et plein de paradoxes ! » Peut-être qu'elle aussi, elle l'était, vue du dehors, mais laissez là vous dire qu'en tant que principale intéressée et principale concernée, elle ne trouvait pas du tout que c'était le cas ! Mais à ce sujet, était-elle vraiment impartiale ? « Je pense que je comprends. Un peu. C'est comme les cadeaux que me fabrique Mar'i et qu'elle met dans une enveloppe ou une boîte qu'elle refuse que quelqu'un d'autre ouvre à ma place ... » Oui, pour plusieurs raisons, et des bonnes, en plus, la comparaison n'était sans doute pas la meilleure, et elle était peut-être même déplacée, voire gênante, mais comme toujours, Kory essayait tant bien que mal de connecter ce qu'on lui expliquait avec des choses qu'elle connaissait déjà ou qu'elle avait appris à comprendre le long du chemin. « Sur Tamaran, c'est juste que l'on estime que c'est ainsi que X'hal nous a fait, et que si l'on a rien à cacher, alors, pourquoi le faire. » Mais X'hal signifiait-elle réellement quelque chose pour Zatanna ? C'était au delà de la divinité, c'était ... C'était quelqu'un dont on avait la réelle preuve de l'existence, des capacités extraordinaires et de la terrible histoire. Un parcours qui la rapprochait de Koriand'r, même si c'était plutôt l'inverse : c'était en ayant traversé ce à quoi elle avait dû survivre que la jeune femme s'était un peu approchée de X'hal. « C'est très laid la jalousie. Vous devenez tout rouge, vous dîtes des bêtises et des fois, vous devenez même violents. ... Je n'ai pas envie de provoquer ce sentiment chez qui que ce soit. Encore moins chez ... Enfin, tu vois. » Oui, Zatanna voyait sûrement. Pas besoin de lui faire un dessin, comme disait l'expression, là où aucune vraie feuille de papier et aucun crayon de couleurs ne soit vraiment nécessaire pour de vrai.

De la même façon, Koriand'r, elle, n'avait pas besoin que son amie lui explique comment on faisait les bébés, ou au moins comment on pouvait s'y prendre pour essayer d'en faire un. Sur ce point là, la physiologie et les habitudes terriennes variaient très peu de celles de Tamaran. Dès lors, tout comme sur sa planète natale, ici aussi, avoir un bébé ou tout du moins essayer d'en avoir un, cela impliquait presque automatiquement la nécessité d'avoir un partenaire sexuel. Même si, maintenant, on pouvait aussi faire des bébés en laboratoires, paraît-il. Mais, merci mais non merci : les expériences scientifiques, aussi bienveillantes et bien intentionnées puissent-elles être, on devait les garder loin de Koriand'r, qui avait tout de même un passé et un passif bien particulier avec certaines autres expériences, elles aussi dîtes "médicales". Et puis, ce serait couper tout le plaisir et les sensations engendrées par l'acte charnel le plus intime qui soit. Ce qui serait très dommage, surtout quand on était aussi douée dans ce domaine que ne l'était la jeune femme. Sans une once de vantardise mal placée et erronée. « Il faudrait que j'en parle à Dick, mais, bon, c'est compliqué. Et je me vois mal aller voir quelqu'un d'autre juste pour ça. Je n'ai pas tout compris de la vie dans cette autre réalité, mais je sais en revanche que le Dick et la Kory de là-bas avaient conçu leurs enfants dans l'amour et la passion, pas juste parce qu'ils voulaient être parents. Je crois même me souvenir que Mar'i avait un peu été imprévue ... » Et l'imprévu, cela connaissait Kory ! Elle avait été destinée dès sa naissance à un jour monter sur le trône de Tamaran, et au final, sans que cela ne soit voulu ou prévu, elle s'était retrouvée entre les griffes de la Citadelle, puis entre les mains des Psions, et finalement, en voulant s'échapper pour sauver sa peau, elle avait crashé son vaisseau sur Terre. Avait rencontré Dick. Était devenue membre des Teen Titans, puis leur Leader. Avait été transportée dans une réalité parallèle, en était revenue avec Mar'i, et ...

Niveau imprévus, pouvait-on réellement faire mieux la concernant ?! C'était peut-être de là, en partie, qu'elle tirait sa force. Initialement destinée à la plus grandiose des destinées sur sa planète natale, elle avait finalement dû se battre, combattre et survivre à bien des obstacles, comme un bateau dans la tempête. Avec les voiles qui se déchirent. Puis le mât qui tombe. Les rames qui se brisent une à une, et le gouvernail qui lâche. Mais elle ne s'était pas noyée. Pas encore. Glissant fortement et férocement ses doigts dans ceux de Zatanna, elle espérait être suffisamment forte et rassurante pour son amie. Un juste retour naturel de tout ce que cette dernière lui avait apporté dans sa vie sans jamais rien demander ou attendre en retour. De la même façon, elle avait essayé d'être la plus franche possible dans sa réponse, même si elle savait qu'en ne donnant pas exactement toutes les clefs de compréhension ... Plus tard. Pas maintenant. Surtout pas maintenant. « C'est à peu prêt ça, enfin, je pense ... Même s'il est dur et compliqué de comprendre que ne pas ressasser, comme tu dis, ne veut pas dire oublier. Ce serait sans doute plus facile s'il existait un bouton, pour oublier, comme sur le programme de la machine à laver, pour qu'elle lave le linge dans une nouvelle température et pas dans celle d'avant. » Oui, maintenant, elle parlait machine à laver, et alors ? Avec une fille aussi active et dynamique que Mar'i, plus une floppée de jeunes superhéros en devenir, le linge, ça se salissait vite ! « On va éviter de dire à Mar'i qu'elle a surgit du chaos. Cela risquerait trop fort de lui donner l'idée d'expliquer ses bêtises en disant que c'est normal, qu'elles viennent elles aussi du chaos. Ou alors, elle va penser qu'elle seule pourra tous nous protéger du Chaos. Tu sais, comme les enfants qui veulent se déguiser comme les héros de leurs dessins animés ! » Une touche douce, légère et divertissante, ça ne leur ferait pas de mal, à toutes deux ! Et puis, c'était naturel, ça venait du cœur. De quoi faire éclater de rire Kory, rien qu'en pensant que, oui, Mar'i serait bien capable de tout ceci ! « Alors d'accord. Moi, je veux profiter de toi jusqu'à la fin du monde, ou en tout cas, tant que tu voudras de moi. Mais je garde quand même un œil sur tes fesses, pour les protéger. En plus, elles sont jolies, tes fesses. » Lui offrant un grand sourire, la jeune femme feignit, mais à peine, la candeur, la naïveté et l'innocence, exposant la rangée ordonnée de ses dents parfaitement blanches et alignées.

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Les humains n'étaient pas dénués d'émotions, c'était juste qu'il lui semblait, à elle, qu'ils ne savaient pas les gérer. Ou bien encore qu'ils les confondaient un peu toutes, parfois, et qu'ils se mentaient et mentaient en prétextant qu'ils en ressentaient une autre à la place de celle qui envahissait tout leur corps. Et puis, parfois, c'était comme s'ils ressentaient le besoin nécessaire et obligatoire de toujours tout s'expliquer de ce qui se passait en eux et de ce qui les traversaient. Il y avait même des spécialistes pour ça, c'était leur métier, et tout, qui donnaient leurs avis et leurs conseils. Et si Kory n'avait rien contre ça, enfin, pas trop, cela devenait vite plus compliqué pour elle quand ce qui était censé n'être qu'un conseil devenait une obligation. Ne pas faire si, ne pas dire ça, parce que, oh là là, ce que vous étiez mal éduquée, ce que ça ne se faisait pas ! Heureusement pour elle, elle était bien épargnée par ce genre de comportement là du côté de ses proches et de ses amis. Sans doute parce qu'ils la connaissaient suffisamment bien pour se dire que bien des choses ne pouvait pas directement s'appliquer à elle sans être repenser et retravailler un peu avant. Et puis sans doute l'appréciaient-ils également bien trop comme elle était pour vouloir la voir changer. Et ils étaient là, aussi, pour toujours continuer de l'aider et de l'aiguiller au milieu de tout ça, même après toutes ces années. Ils ne semblaient ni se lasser ni se fatiguer, et ne se mettaient brusquement pas non plus à penser qu'elle faisait exprès et que, depuis le temps, elle aurait dû finir par tout comprendre. En tout cas, d'un point de vue personnel, elle n'avait pas besoin de s'expliquer à elle-même pourquoi elle les préférait, eux, à tous ces autres qu'elle ne connaissait pas et qui, de façon encore plus importante, ne la connaissaient pas. Elle savait que ses amis n'étaient pas dénués de tout défaut, et que, eux aussi, ils avaient leur part de lacunes, de faiblesses et de difficultés. Mais la perfection, c'était bien ennuyant, là où la jeune femme était incapable de rester en place sans rien faire pendant trop longtemps. Parce que le temps, c'est précieux, et qu'il ne faut pas le gâcher. Croyez-la, elle était plus que bien placée pour le savoir ! Mais de toute façon, là, tout de suite, maintenant, elle n'avait pas à trop s'inquiéter de ce genre de chose, parce qu'elle était avec Zatanna. Et que la moindre seconde passée avec elle, en sa présence et tout et tout, c'était une seconde qui n'était absolument pas gâchée ou mal dépensée. Bien au contraire. Son amie lui restait d'excellents conseils, en plus d'être une formidable guide dans le marasme des complexités humaines et terriennes. Tout en ramant elle aussi quelque peu, parfois, et en n'étant pas non plus l'habitante de la Terre typique, elle non aussi ! « Hmm, oui, il faut bien choisir ses mots, et son moment, aussi. » Elle se souvenait très bien de cette fois où, alors qu'il était pourtant si souvent imperturbable, elle avait manqué de voir Alfred se couper la main alors qu'il tranchait vif des oignons, là où tous deux étaient dans la cuisine du Manoir Wayne et qu'elle lui demandait s'il fallait changer tout un lit quand on en cassait une latte. Tout ça parce qu'elle ne s'était pas privée de lui expliquer, en détails, comme Dick et elle avaient fait pour en briser une, lors de leurs ébats de la veille. Sans doute parce que ce n'était pas le genre de sujet à aborder avec un autre que celui qui partage votre lit, justement, et qu'en plus de ça, Alfred n'avait pas besoin d'en savoir tant sur l'anatomie et les prouesses d'un Dick qu'il connaissait depuis que celui-ci était adolescent. « Imagine si je lui en parle en mission, et qu'il se fait mal, ou, pire, qu'il tombe du toit, et qu'il se brise tous les os ! ... Tu savais qu'un homme peut se fracturer le pénis même s'il n'y a pas d'os à cet endroit chez les humains ? » Pas qu'elle s'intéresse de façon passionnée à la chose, mais, encore une fois, le rapport au corps et à la nudité, il était différent chez elle. Là où elle était naturellement curieuse et intéressée par la physiologie humaine, histoire de la comparer à la propre sienne.

En tout cas, Zatanna avait raison. Faire le tri entre le bien et le mal, c'était très simple, mais sur le papier, seulement, parce qu'on n'avait pas tous la même vision des choses, et que les nuances, de gris, ça existe. Il y en avait même plus que 50, contrairement à ce que prônait une série de livres un peu bizarres. Et puis, c'était comme un gros sac de nœuds, tout ça : si la pelote était emmêlée, d'extérieur, on se disait que c'était fichu, alors que si on prenait du temps pour tout bien défaire, on pouvait se remettre à tricoter avec. Là où du chaos pouvait surgir le bonheur, preuve en était de Mar'i, ou du fait que Kory ne se serait pas crasher sur Terre s'il ne lui était pas arrivé tout ce qui lui était arrivé avant. Du moins, normalement. Et puis, si tout allait bien, tout le temps, on serait imprudent, on ne profiterait pas des bonnes choses qu'on avait parce qu'on serait habitué à ce qu'il ne nous arrive rien, et qu'on ne craindrait pas qu'on nous les enlève ou nous les détruise. Cependant ... « En vrai, ça ne brûle pas tant que ça le feu ... Ou alors c'est juste moi ! Mais de toute façon, c'est du pipi de chat à côté de mes starbolts ! » Une lueur tout à la fois fière, enfantine et puissante s'allume dans son regard, à la simple évocation de ce que l'absorption de l'énergie solaire lui permettait de faire. Même si, contrairement au feu, dont les flammes pouvaient virer jusqu'au bleu quand elles brûlaient vraiment au plus fort, la jeune femme ne pouvait pas contrôler l'intensité de la chaleur de ses starbolts. Leur puissance, leur force et leur portée, oui, mais pas leur chaleur. Ce qu'elle avait constaté à plusieurs reprises, notamment cette fois où, en voulant aider Garfield à allumer le barbecue sur le toit de la Tour, elle avait carbonisé en miettes le charbon. «Olala, tu devras m'aider alors, parce qu'on aura le droit à un défilé ! Elle veut vraiment toujours être très jolie, alors elle prends son temps pour choisir et, souvent, elle vide toute sa garde-robe sur le lit pour pouvoir mieux se décider. Et en plus de ça, oui, les exemples ne lui manquent déjà pas, alors ... Il faudra aussi qu'elle se trouve un nom. » Avec une jupe comme pour Diana ? Avec une cape comme Kal-El ? Avec avec un masque comme son père ? Pfioo, que de choix, que de choix ... « Elle grandit tellement vite ... J'ai envie qu'elle reste une enfant encore un peu, parce que l'âge adulte arrive parfois bien trop tôt, et que je veux pouvoir continuer de profiter de sa relative innocence et tout ... » Bien que la petite avait déjà en sa possession une foule de certitudes qui échappaient pourtant encore aux autres enfants de son âge. Déjà, elle, la tolérance et l’ouverture d'esprit, il n'y avait pas à les lui apprendre ! Mais elle savait aussi que quand sa mère sortait le soir, pour faire son travail, elle pouvait rentrer blessée, une inquiétude que n'avait pas la majorité des enfants de son âge. Enfin ... Secouant un peu la tête, Koriand'r préféra grandement complimenter les fesses de son interlocutrice, qui ne s'en montra ni effarouchée, ni choquée. Mais visiblement plutôt contente ! « Bien sûr que je le pense ! Et moi, ça ne me dérange pas de les regarder, je n'ai pas peur qu'on pense que ça ne se fait pas, parce qu'on est deux femmes et qu'on n'est pas en couple. » Même si, bien évidemment, elle ne passait pas non plus son temps le regard vissé sur le popotin de son amie ! Hochant finalement frénétiquement la tête, le visage totalement convaincu par la suite des propos de Zatanna, elle continua. « Ah, toi aussi tu es d'accord ! S'il y avait une élection pour le plus beau cul des États-Unis, je voterais pour le sien ! ... Le plus beau cul de l'Amérique, en gros titre, dans les journaux et sur les pancartes publicitaires ... En plus, il est encore mieux mis en valeur quand il est en costume. Il fait beaucoup de sport, et il ne mange pas trop gras, c'est pour ça. » Elles étaient réellement en train de parler des fesses de Dick alors qu'il n'était même pas là pour se défendre ? Apparemment oui !

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A mesure de ses années passées sur Terre, et à mesure des expériences qu'elle accumulait, des choses qu'on lui expliquait et des petites contrariétés qu'elle rencontrait, Koriand'r avait amélioré et perfectionné sa compréhension de la vie sur Terre. Bien évidemment, il lui restait encore du chemin à parcourir, et elle en était encore à balbutier, parfois, mais les choses étaient tout de même meilleures qu'au début ! Ce qui lui permettait désormais de clairement pouvoir raisonner par elle-même, non sans n'avoir aucune gêne et aucun amour-propre à demander confirmation quant à savoir si elle avait bien tout compris et si tout était bien logique et pertinent. Ce qu'elle venait plus ou moins de faire, là, tout de suite, maintenant, en compagnie de Zatanna. Cependant, la réponse que lui fournit son amie, loin d'aller à l'encontre de ce qu'elle venait de dire, la plaça quelque peu dans un état où elle devint brusquement songeuse, non sans quelque peu être décontenancée, aussi. « Je ... » La jeune femme venait de Tamaran, et elle y avait passé les premières années de sa vie, les plus importantes, celles qui vous forgent une éthique, un comportement et une morale, celles qui vous fournissent les codes sociétales. Dès lors, tout ce qui était relatif au corps, à sa nudité et à ses expressions, y compris dans le cadre charnel et sexuel, n'était pas source de crainte ou de honte pour elle. Seulement, là, sans trop savoir pourquoi, imaginer Mar'i en être arrivée au stade de pouvoir franchir cette limite là, c'était ... « Je ... J'ai du mal à imaginer que Mar'i en viendra à ce stade là, un jour, c'est ... Ça viendra, sûrement, parce qu'elle grandit chaque jour, mais ... Je ne sais pas, ça me fait bizarre quand même ! » Était-ce ce que ressentait toutes les mamans, et même tous les papas, un jour ? Est-ce que ça leur tombait comme ça, sur les épaules, ou est-ce que c'était progressif ? Elle avait sans doute encore grandement le temps avant de voir venir, mais, oui, un instant, elle resta bien songeuse, un peu la tête dans les nuages et pas les deux pieds sur terre, comme on dit. En tout cas, il était donc bien hors de question de parler autre grossesse ou autre bébé avec Dick en plein pendant une mission, ou même comme ça, à la volée, sans préparation. Il fallait éviter qu'il se fasse mal, au corps comme au cœur, et puis, ce n'était pas le genre de sujet dont on discute entre deux combats ou deux portes, même.

Être en compagnie de Zatanna était toujours un moment grandement plaisant pour elle. C'était comme une bulle hors du temps, une parenthèse enchantée et enchanteresse. Elle pouvait tout lui dire sans avoir peur de lui faire peur, et elle pouvait en retour recevoir d'excellents conseils, ou se faire encourager parce qu'elle était sur la bonne voie et qu'elle avait bien compris quelque chose. Le tout était sans dispute et sans prises de tête, même quand elles n'avaient pas les mêmes idées ou le même point de vue sur les choses. C'était rafraîchissant et enrichissant, sans que cela soit dû à leur proximité avec l'eau ou avec une quelconque richesse d'argent. Et là, sur le moment, face au petit show que lui offrait son amie, Koriand'r ne put qu'éclater de rire, franchement, sincèrement, et sans retenue. Même si elle avait aussi la bouche quelque peu entrouverte et les yeux plus grands qu'à l'accoutumée, comme une enfant émerveillée par le spectacle se tenant devant elle. Zatanna était quand même vachement douée, et sans rien avoir vu venir, la jeune femme sentit partiellement son cœur s'alléger, comme après une pression qui s'en envole quelque peu. « Si elle te voit faire ça, tu en as pour au moins 10 ans ! Elle ne te laissera pas arrêter tant qu'elle n'en sera pas lassée, et si tu veux faire une pause ... Par X'hal, tu auras le droit à sa petite lèvre tremblante, à ses grands yeux qui se mouillent de larmes, et ... Et tu auras de la concurrence pour savoir qui est la meilleure quand il s'agit de faire le show ! » Parfois, il était facile d'oublier quel âge avait réellement Mar'i, parce qu'elle était mâture pour son âge, qu'elle n'avait pas exactement la même vie que les autres enfants de son âge, de par l'environnement dans lequel elle grandissait, mais dans le fond, en d'autres instants, elle faisait bien ses 6 ans, avec tout le catalogue qui allait avec. Même si, encore une fois, jamais on ne pourrait passer à côté du fait qu'elle n'était pas comme tout le monde, pour peu qu'on en sache suffisamment sur tous ceux qu'on appelait les superhéros. S'essuyant le coin des yeux pour en chasser les larmes de rire qui y avaient perlé, Koriand'r tenta d'arrêter de rigoler pour reprendre son sérieux. « Je crois que Mar'i sait déjà parfaitement qu'elle n'est pas normale, sans que ça soit quelque chose de mal. Enfin, je veux dire qu'elle voit bien que lorsqu'on va au parc, aucun des autres enfants ne sait faire ce qu'elle sait faire. Et puis quand ils font des batailles de regard, elle trouve toujours que ses yeux à elle sont bien plus intéressants à regarder dans le miroir que leurs yeux à eux ... » Finissant d'essuyer les larmes sur ses joues, du bout des doigts, elle reprit. « Elle vit à la Tour, aussi, et elle nous voit quand on part et quand on revient. Elle me voit en costume, et elle sait bien que je ne sors pas comme ça dans la rue, normalement, sans parler de ce que fait ton collier magique, pour moi ... Il y a aussi son émerveillement à chaque fois qu'elle va au Manoir de Bruce Wayne, même si je crois que les petits tours que lui fait Alfred aident beaucoup en ce sens, sans que ça soit forcément lié aux vraies activités qui s'y font dans la cave. Tout ça, je crois, lui donne déjà bien des envies, ainsi qu'à certains sens des responsabilités. Elle compris que ce qu'elle savait faire pouvait être dangereux si elle ne faisait pas attention, mais que c'était aussi quelque chose de précieux, qui pouvait faire de belles choses, alors ... C'est juste que je ne veux pas que tout ceci arrive trop tôt pour elle, que ses capacités prennent le pas sur son âge. Si ça fait sens ... » C'était là un sujet qu'elle pourrait également aborder avec Diana, qui était dans une situation semblable, et qui, comme elle aussi, avait pu voir sa jeunesse être empreinte des responsabilités particulières tombant sur les épaules des princesses héritières.

Heureusement, rien ne virait jamais au trop sombre entre les deux amies, et elles étaient toutes les deux capables de changer de sujet pour du plus doux et du plus amusant sans que ça ne semble déplacé et de mauvais goût. En tout cas, c'était comme ça que Koriand'r ressentait les choses, et Zatanna ne semblait pas aller contre. Voilà donc maintenant qu'elles évoquaient l'anatomie des hommes, et en particulier celle de Dick, sans que la gêne ne s'installe entre elles. « Ah, les mollets ... Je suis un peu trop grande, souvent, pour bien les voir sans me pencher si la personne n'est pas à une hauteur suffisante. Mais c'est vrai que c'est joli aussi, les mollets, surtout quand ils sont bien sculptés et musclés. Kal-El en a de très très beaux d'ailleurs, et son costume leur fait honneur ! » Et puis lui il était assez grand, donc ça allait ! Finalement, on en revenait à Dick, là où, autrefois, la jeune femme aurait eu besoin que la jolie brune lui donne la définition de ce qu'elle entendait par être jalouse. Mais maintenant, elle comprenait l'idée, sans toutefois l'épouser. « Ce n'est pas quelque chose qui existe sur Tamaran, pas plus que la possessivité. Alors je ne crois pas que je pourrais vraiment être un jour jalouse ... Et puis, oui, j'ai confiance en lui, depuis le premier jour. Tu sais, ma vie aurait radicalement été différente s'il n'avait pas fait pour moi ce qu'il a fait, quand je lui suis tombée dessus. Il aurait pu m'emmener à des gens qui m'auraient torturée, mais à la place, j'ai rencontré Bruce, Kal-El et Diana. Et puis il ne m'a jamais trahi, ne m'a jamais insultée, n'a jamais fait quelque chose qui était très mal contre moi ... » Elle marqua un instant une pause, comme pour réfléchir. « Je ne suis pas jalouse, mais ça ne veut pas dire que je ne suis pas triste, des fois, ou que je ne regrette pas certaines choses. En vrai, s'il embrassait une autre personne devant moi, ça me ferait quelque chose, oui, mais pas au point de le maudire ou de vouloir me venger. Enfin, sauf s'il m'en avait parlé avant, là ce serait différent. » En tout cas, oui, elle comprenait bien que Zatanna était l'exception parmi les autres, parmi tous ces humains, et que, donc, elle devait prendre en compte que tout ce qu'elles pouvaient se dire ne pouvait pas être répété comme ça, sans filtre, à n'importe qui. Surtout si cela impliquait Dick, parce que, sérieusement, la jeune femme ne voulait pas qu'on aille l'embêter avec tout ça, parce qu'il avait besoin de temps, à son rythme. Et en plus, elle n'avait pas franchement envie non plus que ça donne des idées à d'autres qu'elle d'aller tenter leur chance avec lui. Ne pas être jalouse et lui faire confiance étaient deux choses fermement actées, mais voir un essaim d'abeilles se ruer sur le miel qu'il était, ça, ce n'était pas du tout pareil ! Ce serait désagréable, un peu quand même ! « Je n'en parle qu'à mes amis et mes proches, ça oui ! Il a besoin de temps, alors si, en plus, il doit gérer tous ceux qui voudraient essayer de faire des trucs avec lui pour leur dire que, non, qu'il n'est pas intéressé, qu'il faut aller voir ailleurs, alors il ne pourra jamais se poser et savoir quoi faire concernant Mar'i, et encore moins me concernant moi ! » Et même si la jeune femme ne le brusquerait pas et ne s'impatienterait pas, elle savait qu'il lui était quand même important qu'un jour, la situation se débloque. Dans un sens ou dans un autre.