Your heaven's a lie || Faith

"your heaven's a lie"

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

     « Tu es certaine ? Quelle que soit leur offre, je peux te proposer mieux. » Ses belles paroles pleines de confiance contrastant pourtant avec l’intonation de sa voix et son air abattu. Mais je le savais déjà, il ne pouvait lutter contre les grands de Gotham. Lui et son bar n’avait plus les moyens de me payer mes services et que le diable m’emporte sur-le-champ si j’avais tort. Trois mois, auparavant, j’avais fait la rencontre de cette magicienne bourrée de fric, je doutais fortement que le club qu’elle me proposait d’intégrer soit aussi médiocre que celui pour lequel j’ai accepté de saigner corps et âme. Mon contrat avait été rempli et je n’avais point la force de le renouveler, pas ici du moins. J’ai donc contactée Zatanna, quelque part en espérant qu’elle se souvienne de moi et surtout, de sa proposition. Après tout, nous étions étrangères l’une pour l’autre, elle aurait pu se réveiller un matin et se dire qu’elle a failli faire entrer dans sa vie une gueuse souillant son espace vital.
     Cependant, c’est avec surprise que dès mon premier coup de téléphone, elle y avait répondu. Je m’attendais effectivement à retenter deux ou trois fois, puis abandonner. Parce qu'en plus d’être une gueuse étrangère, cette femme était une célébrité appartenant à un monde inaccessible pour moi. J’ai même imaginé un scénario où j’aurais eu affaire à un manager moqueur à l’idée que j’ai, moi, pu fréquenter une personne aussi importante que Zatanna la magicienne, la prodige du spectacle. J’étais alors restée perplexe lorsqu’elle m’invita chez elle. Quelle probabilité qu’il avait que Beyonce décidé de se pointer à un bar parce qu’elle le veut simplement, et se faire copain-copain avec un inconnu et lui refiler son numéro après. Aucune ! C’est dans les films – mal écrits – qu’on voit ce genre de bêtise surréaliste se réaliser. Oui. C’était une situation inimaginable, incohérente et surtout, parce que je ne voulais décidément pas voir la chance que j’avais que quelque chose comme ça m’arrive justement un jour.

      J’ai cette crainte, même toute petite, que tout ceci cache quelque chose. Je commençais à faussement croire que c’était peut-être bien une psychopathe s’apprêtant à jouer avec ma vie comme ses foutus aristocrates dans American Nightmare. Sans doute, étais-je beaucoup trop fertile en idée saugrenu ou glauque. Pauvre Zatanna, voilà que son image était déformée et diabolisée par mon esprit tourmenté, une si belle personne ne méritait pas une telle hérésie. Et puis en toute honnêteté, j’étais dans tous les cas extrêmement enthousiaste de la revoir et surtout, intrigué à l’idée de voir dans quel genre d’endroit elle vivait. J’avais imaginé tombé sur une luxueuse Villa dont elle aurait évidemment été le propriétaire. En effet, je me disais qu’être riche et jeune, conduisait à ce genre d’achat pompeux. Une pensée clairement clichée, je l’assumais. Mais qu’elle ne fut ma surprise et celle du chauffeur de taxi lorsqu’on arriva sur les lieux.
     Perturbée, on vérifia tous les deux si c’était bien la bonne adresse, parce que parfois les GPS n’étaient pas toujours très fiables. Descendant de la voiture, je restais un moment immobile à contempler la bâtisse dépaysante. Je ne saurais pas dire pourquoi, mais je n’étais pas vraiment impressionnée, ni même fascinée quoiqu’un peu au vu des émotion qui m’agitait l’esprit. Simplement, je ressentais ce petit quelque chose en plus, un sentiment qui pourrait sans aucun doute s’apparenter à de la nostalgie. J’avais la réelle sensation que la structure du manoir, du moins dans son design m’évoquait une familiarité. C’est comme si je rentrais chez moi. Frappant à la porte, timidement à la porte de peur d’en railler le bois. Il manquerait plus que je rembourse, il était hors de question que j’abîme quoique ce soit ici. Il était troublant de constater qu’une telle bâtisse pouvait sembler à la fois impressionnant et fragile. On avait l’impression que le vent allait pouvoir emporter cette dernière d’un simple souffle.

      « Non, merci à toi de m’avoir invité. » Dis-je avant de lui tendre ma main pour serrer la sienne, posant le pied à l’intérieur de la demeure. Immense, magnifique et… vraiment froid. En l’espace de quelques secondes, la température avec chutée anormalement, il y faisait atrocement froid ici. Je frottais mes bras après avoir remonté la fermeture de mon blousant. Des frissons continuaient pourtant à parcourir mon corps. « Le café n’est pas de refus… Je ne m’attendais pas à ce qu’on ait le même chauffage. »
 

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Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

     Savez-vous ce qu’il y a de drôle dans cette histoire ? C’est que je ne suis pas d’ordinaire quelqu’un de frileux. Merde quoi, je me baladais presque toujours à poil à l’hosto et surtout, chez moi aussi le chauffage déconne, j'étais mariée à la fraîcheur. En fait, j'ai une fois par semaine le chauffage, mais qui s’en plaindrait au vu du loyer médiocre qu’on paye. Mais la question est ; pourquoi avais-je donc autant froid ici ? Ce n’était pas comme si ce n’était qu’une question de température. C’était un genre de froid qui me mettait mal à l’aise, faisant naître au plus profond de mon être un frisson désagréable. Un frisson qui, d’ailleurs, ne m’était pas inconnu. En y prêtant plus attention, il me rappelait le moment où j’avais cassé ce verre. Mais c’était peut-être moi qui essayais de comprendre d’une manière où d’une autre, cette chute de température anormale. D’ailleurs, Zatanna ne me donnait pas l’impression de craindre ce froid qui m’empêchait tout bonnement d’apprécier un peu la beauté des lieux. Au contraire, il faisait naître en moi l’idée que les lieux en question cherchaient à m’atteindre et il était hors de question que je sois écrasée par une impression et une sensation de ce genre aussi peu rationnelle.
     La magicienne s’était excusée pour le froid qui régnait en ces lieux, je fus immédiatement rassurée que de constater que c’était quelque chose de bien réel et non le fruit de mon imagination. Ce n’était donc pas sa maison qui provoquait cela, c’était de toute évidence d’une belle idiotie que de croire que quatre planché était incapable d’insuffler l’hostilité dans mon cœur. Voilà ce qui en est de regarder trop de film d’horreur. Je suivais alors de près la riche héritière, avec une maison pareille, je m’attendais tout de même à voir des domestiques. Je mentirais si je n’avais pas légèrement levé un sourcil lorsque mon hôte sortie un charabia digne d’un film d’exorcisme et surtout, lorsqu’un feu s’alluma comme par magie à son mouvement de bras. Je m’étais arrêtée nette pour contempler la cheminée. Son ‘’Tadan’’ me fit lui lancer un regard davantage plus perplexe. « Okey, Hermione, j’avoue que ça, c’était un impressionnant. » Plus que de faire apparaître un numéro sur un bout de papier. Je m’étais dirigée vers la cheminée pour voir si ce dernier cachait une sorte de mécanisme, ça devait être un machin lié à un détecteur de mouvement. Il devait être sacrément bien dissimulé, son tour paraissait vachement réel sur le coup.

      J’en ai d’ailleurs encore le cœur qui palpite. Revenant au centre du salon, je me disais intérieurement, que je devrais peut-être aller jeter un coup d'œil à ses spectacles de magie. Je m’installais sur ce canapé, bien confortablement, la cheminée à proximité m’apportait un peu de chaleur. Même si j’avais réalisé lorsque j’étais devant les flammes crépitantes, le froid semblait comme venir de mes entrailles. Mais ça devait encore être une sensation erronée par mon état de fatigue. Fidèle à moi-même, je ne dormais pas et cette fois, je faisais gaffe à ne pas trop vite finir mes cachets ou les perdre comme une idiote. J’avais d’ailleurs sur moi, de la boisson énergisante pour parer à l'envie de prendre deux ou trois cachets en plus. Bref, mes cernes devaient être bien vilain à contempler, mais j’en avais rien à cirer de ce que pouvait penser les autres ou bien mon médecin en me voyant. Je les emmerdais, poliment bien sûr. Profitant de l’absence de ma magicienne préférée, j’avais vraiment l’impression de ne pas être dépaysé par le décor. L’hôpital avait été dépaysant, Portland l’avait été, Gotham l’était… Mais pas ce putain de manoir, pourquoi ?      
     Elle arriva avec deux Mugs et une cafetière, très vieille école et pourtant, j’appréciais ça. Bien que mon mug à moi, c’est une tête de mort dépourvu de son crâne, je n’avais pas pu résister à l'envie de le prendre dans la boutique où j’achète mes fringues. Prenant le mug entre mes mains, je m’installais à nouveau confortablement sur le canapé, n’hésitant pas à engloutir une bonne gorgé pour faire disparaître ce frisson. « Tu rigoles, c’est la première fois depuis mon amnésie que je ressens l’impression de retrouver un endroit familier. J’adore ton manoir, même s'il fait froid... » Je pris à nouveau une gorgée, avant de rajouter. « N’y vois rien de glauque, mais moi, j’aime bien la vue d’Arkham. Tu parles quand même à une nana qui adore les regroupements de corbeaux devant sa fenêtre. » Je ne déconnais pas, il y a toujours plein devant chez moi et quand ils s’envolaient tous en même temps, c’est toujours d’un sinistre au point que ça m’inspirait des paroles de chansons. Bizarre, je savais, mais j’aimais ça.

      Écoutant Zatanna me parler du potentiel job, je déposais mon mug pour récupérer la tablette qu’elle m’avait envoyé afin d'y observer les images. J’étais naturellement convaincue, mais même sans cela, j’aurais de toute façon acceptée. C’était moi ici qui avait besoin d’un job, c’était moi qui devais convaincre de m’embaucher, de m'accepter. Je déposais la table et repris mon mug entre les mains, le frisson ne s’arrêtant pas. Ce froid était d’ailleurs toujours présent. Je pouvais paradoxalement sentir qu’il y faisait bon ici, la chaleur de la cheminée était tout proche de moi, mais j'avais froid. « J’ai hâte de rencontrer cet Harry. » Sourire sincère, mais qui disparus aussitôt. Posant une main sur mon front, je commençais progressivement à sentir la fatigue me gagner davantage, au fur et à mesure que la sensation quelque chose d’invisible m’écrasait grandissait depuis que j’étais entrée ici. Mais c’était impossible que je fatigue, j’avais pris mes cachets il y a une heure, ils devraient faire effet en ce moment et de manière très efficace, normalement.
     « Je vais me resservir si tu veux bien. » Annonçais-je, en songeant qu’un bon café allait faire l'affaire et au pire, j’avais encore une boisson énergisante dans ma sacoche.
 

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Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

     Eh bien que dire... J’étais véritablement la seule à être frileuse ici, c’est d’autant plus ridicule lorsque Zatanna enlève son haut. Je me sentais fragilement naze durant cet instant, peut-être aussi un peu frustré d’être la seule dans cet état, envieuse de l’indifférence de Zatanna face à la température. Son excuse me fit m’exprimer avec l’onomatopée suivante. « Uh-uh ! » Lui indiquant ainsi que j’étais quand même pas trop convaincue par cette idée, sans pour autant le dire explicitement. Je veux dire, j’allais extrêmement bien avant de rentrer chez elle. On ne tombe pas malade en un éclair, le corps humain est bien plus complexe que cela. « Au moins, tes tatouages sont plus jolis que ceux que j’ai sur mon dos. » M’exprimais-je avant qu’elle m’indique le plaid à côté de moi, j’eusse un moment d’hésitation, le regard fixa la tenue avec un sourcil levé et donc l’air perplexe à nouveau. Je me demandais si c’était là quand je m’étais assise, je n’avais pas fait attention aux détails m’entourant et pourtant, sa présence me perturbait comme si elle se cherchait une place qu’elle n’avait pas dans mes souvenirs.  
     Lorsque Zatanna m’invita à me mettre à l’aise, de ce fait à enfiler le plaid, je ne pus guère laisser un rire gêné ou nerveux m’échapper l’espace d’un fugace moment. Agitant la tête négativement. « Je ne préfère pas, je ne tiens pas à m’éterniser et t’imposer ma présence. » Déjà, c’était gênant pour moi de me pointer comme si de rien n'était chez une célébrité, je n’avais pas la sensation de mériter un tel privilège. Alors si en plus elle me chouchoute derrière, je vais avoir un arrêt cardiaque de culpabilité. Je caressais malgré tout la tenue pour me faire une idée de la douceur et de ce à quoi j’ai renoncé immédiatement. Pas de déception pour autant, même si c’était chaud, ce n’était pas mon look dans tous les cas… Et donc potentiellement, un autre moyen de me tuer par la honte cette fois. Sa question suivante me sauva d’un silence qui aurait pu s’installer et probablement pu rendre l’ambiance étrange. « Ma vie a commencé à Portland parce que… parce que… Merde, disant que c’est là-bas que j’ai perdu la mémoire. » Je prends un instant avant de déposer mon mug de nouveau rempli de sa liqueur sombre et je me levais pour rejoindre la cheminée de nouveau.

      Je m’accroupis devant les flammes en tendant les bras, puis je poursuivis la suite de ma réponse précédente. « Gotham, c’est ça, ma nouvelle vie. Mon nouveau départ. Ici au moins, je ne suis pas ce foutu miracle. » Peu importe qu’elle ne comprenne pas de quoi je parle, c’était avant tout une phrase dirigé envers moi-même. Oui. À Gotham, pas de personne qui te regarde avec fascination ou angoisse, juste de pauvres imbéciles paumés qui se piquent avec une seringue dans ce fameux coin rue. Je n’étais pas assez stupide pour m’y engouffrer moi-même. Chacun sa merde ici, c’est pour cela que je me sentais à ma place, parmi la pourriture qu’on ne remarquait plus dans les rues grises et monotone d’une ville aussi triste que Gotham. Pourquoi recommencerais-je ma vie ailleurs ? Qu’avais-je à y gagner ? Un peu plus de répit ? Pfff... Le problème n’a jamais été la ville de tout façon, Portland ou Gatham, ça ne change rien.... Le problème c’est moi et où que j’aille, mes rêves me suivront.
     Je fixais le feu… Sa chaleur me caressait la peau, mais j’avais terriblement froid malgré tout. Cette impression que les ténèbres me caressaient de son glaciale étreinte obscur grandissait en moi. Au point que je commençais à ressentir une nervosité saisissante. Car la sensation, je la connaissais désormais, c’était celle du cauchemar inéluctable qui approchait et me faisait esclave de la peur chaque nuit. Les mains tremblantes, j’en mis une dans ma sacoche pour en sortir une boite contenant mes cachets que je fixais un moment, hésitante… Devrais-je en prendre un tout de suite ? Peut-être qu’il ne faisait désormais plus effet, le médecin m’avait prévenu des conséquences si je m’obstinais à rester éveiller. Mon cerveau finirait par se fatiguer en gros et prendrait de courtes pauses pour tenter de se restaurer, et ce, à intervalle régulier. Et je finirais par rêver même éveillé, j’hallucinerais mes rêves comme mes cauchemars.

      « Je connais la réputation de Gotham… Oui. Mais… Elle n’est rien à côté de ce qui hante mes nuits. » Et mes journées... Je me relevais aussitôt que je réalisai que j’en disais trop. Posant à nouveau une main sur mon front instant, avant de décider de ranger les cachets et sortir la canette de Monster à la place. Je devais rester raisonnable. Alors que je pris une gorgée, le rire d’une enfant me fit sursauter sur place, manquant de me faire renverser le contenue sucrée de la canette sur mes beaux vêtements noirs. Me retournant vers la source de ces ricanements, j’eusse à peine le temps de remarquer une tête brune haute comme trois pommes disparaître vers une autre pièce de ce manoir. « Oh, je… Je pensais que tu étais seule ici, qui est-ce ? » Je n’aurais jamais posé cette question, car dans mon état, je n’étais jamais certaine de ce qui était vrai et ce qui ne l’était pas… Mais la magicienne avait aussi regardé en direction du rire, donc j’imaginais que cette apparition était réelle cette fois, non pas une entourloupe de mon cerveau.
 

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Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

     Cette situation recommençait à devenir bizarre, les rêves ont parfois un tel impact sur moi-même que de temps en temps, j’ai réellement cette impression qu'ils sont ancrés dans notre réalité, au point d’en être palpables. Un cachet, ou trois, si je devais rester honnête, me permettait de taire les songes, les hallucinations et les voix qui les accompagnaient. Je commençais à la connaître cette terreur se tortillant dans tous les sens au creux de ce ventre frissonnant d’effroi et de dégoût, tel un parasite jouissant de son infamie existence. Elle grandissait au fur et à mesure que je réalisais que le cauchemar approchait. Avalant ma canette d’une traite, avant de me chuchoter que ce n’était pas une hallucination, qu’elle était bien là et que quoiqu'elle dise, elle l'avait vue aussi. C’était réelle, j’en étais convaincue, je tentais de m'en convaincre... Il fallait que cela le soit, il fallait que ce soit réel que mon esprit puisse être soulagé d’un poids qui écrasait sans aucune forme de difficulté le peu de calme qu’il tentait de préserver mon âme.
     Car la peur ne fit que s’accroître lorsqu’elle annonçait qu’il n’y avait aucune enfant dans cette maison. Alors que les rires raisonnaient tel un écho diabolique d’une pièce à l’autre dans ce même instant. Les mains tremblantes avec plus de violence, je fouillais mon sac. Mais je m’arrêtais aussitôt sa question posé, prête à lui répondre que ça l’était, tel un mensonge que je me racontais à moi-même chaque jour. Mais je n’y arrivais pas, j’étais foutrement incapable de lui mentir, tout comme j’étais incapable de lui dire la vérité, celle que je refusais de croire au prix de la préservation de mon insanité. Silencieuse, je repris alors mon entreprise de chercher ces foutues pilules, peu importe qu’elles me bousillent la santé, je vais en bouffer cent si c’était nécessaire pour retrouver une paix intérieure. Mais j’eus cette impression de fouiller dans une sacoche différente, avec une horreur sensation que ce que je touchais, était différent sur bien des points.

      Je m’arrête à nouveau dans ma recherche, l’oreille tendue vers ce qu’elle disait. Je relevais mon regard vers elle, la nervosité montant d’un cran. En mon fort intérieur, je croyais fortement être tombée sur une autre illuminée, prête à rendre ma vie plus compliquée qu’il ne l’était déjà. Je savais que la gentillesse gratuite n’existait pas, ce n’était que là une chimère illusion. J’étais déçue, elle était comme ces gens à Portland voyant en moi un miracle de dieux venue embellir leur vie misérable ou bien, une sorcière, cette suceuse de Satan présente pour agiter leur piètre et ennuyante monotonie. Serrant les dents, je ne répondis rien à nouveau, lui tournant à nouveau le dos en fouillant avec colère ma sacoche. Il était hors de question qu’une autre inconnue me dise que j’étais tout aussi anormale. Elle tapota ses bras la magicienne illuminée, sur ces jolis tatouages sans aucun doute marqués d’histoire. « Et donc quoi ? C'est bon, arrête ton char ! Tu veux juste un souvenir du miracle de Portland en vrai, tu veux prendre des photos du tatouage de l'affreuse sorcière revenue à la vie, yeah ! Tu vas pouvoir ainsi te venter auprès de tes potes que tu as réussi à t'approcher de la saloperie que je suis, pas vrai ?! T’es comme ces foutus salauds, en vrai, hein ? » Ces connards qui se foutaient pas mal que je sois une victime, ou que je sois dans la douche de ma chambre d'hôpital, leur délit n'en était plus un, car de toute façon, j'étais le miracle, ou la sorcière et donc tout était permis pour leur bonheur.
     La sensation dans mon sac était de plus en plus dérangeante au fur et à mesure que mon esprit s’agitait sous la colère et surtout, sous la panique grandissante. Je m’arrêtais une énième fois alors que je réalisais l’étrange humidité et surtout, le fait que des choses gesticulaient entre mes doigts. Posant un regard attentif dans mon sac, je laissai aussitôt échapper un hurlement de terreur absolue avant de lâcher mon sac qui en renversa son contenu. Des larves de mouche s’étalaient sur le plancher dans un nombre cauchemardesque, et ça continuait à sortie de sac encore et encore, comme si ma sacoche contenait un espace infiniment plus grand que sa taille le suggérait. J’étais écrasée, j’étouffais par la sensation que je ressentais depuis que j’étais dans ce manoir. Mais maintenant, cette sensation s’accompagnait de cette colère, mêlée à cette détresse. Et lorsque les rires de la gamine se transformèrent en un rire anormalement grave dont le son ne semblait plus avoir de localisation précise, la terreur finit par me consumer. « Okey, je… Je me casse d’ici. »

      Je ne suis pas folle… Le suis-je ? J’ai tout ma tête… L’ai-je réellement ? Ô, créateur, suis-je vraiment la seule à entendre ces rires aux échos surnaturels ou à voir ces horreurs sortir de mon sac ? Je me dirigeai vers la porte d’entrée, cette sortie de secours qui m’était soudainement vitale, sans me soucier de ce qui pouvait être dit de la magicienne pour me retenir. Plus mon angoisse devenait grande, plus j’avais le sentiment que le poids de la maison s’alourdissait. Attrapant la poignée, cette dernière de décomposa sur ma main en de trentaine de petites cafards qui cherchaient à remonter ma manche, le long de mon bras. Je hurlai de plus bel, agitant mon bras pour les faire tomber. Les larmes me gagnaient déjà à bout d'un cauchemar qui n'avait encore point commencé. La terreur ne faisait encore que monter d’un cran… La sacoche s’agitait de plus belle à l’endroit où je l’avais laissé au sol, les vers continuait à se verser au sol formant un monticule de vers grouillement et gesticulant, ce même monticule qui au fur et à mesure prenant la forme d’un humanoïde dont l’intérêt évident se portant sur moi et… La magicienne.
     « Il n’existe pas, il n’est pas là. J’hallucine encore. » Répétais-je ses mots, accroupie contre le mur, en me bouchant les oreilles et fermant les yeux, tandis que la créature fit un premier pas dont le mouvement était une traînée de larves se désassemblant et s’assemblant à nouveau pour former la jambe de la créature. Cette dernière éructa des mots qui était un mélange de chuchotements et de cris stridents. La peur était grande, le cauchemar inéluctable et je le sentais arriver, lui… Le sommeil. Au secours.
 

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Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

     Elle était de nouveau, cette hallucination si saisissante au point qu’elle m’empêchait de faire cette fugace différence entre la réalité et le rêve. J’aurais dû avaler cette boite de cachet entièrement quitte à en faire une overdose, morte, aurais-je eu sans doute la paix recherchée. Au moins en enfer, je ne ressentirais aucune forme d’espoir qui viendrait emplir mon cœur d’une quelconque manière, je saurais à quoi m’attendre sans feindre d’attendre quoique ce soit d’autre comme une aide du seigneur. Car désormais, il ne pouvait en être autrement, jamais il ne me viendrait en aide, les miracles m’étaient interdite. L’horreur et la tristesse de la situation, étaient telles que j’acceptais enfin cet état de fait. Je perdais espoir, la foi que j’entretenais fébrilement, se dilatait misérablement, s’effondrant à travers tout mon être. Je ressentais presque ce désir de disparaître, peut-être un désir que la chose, si elle était réelle, l’avait délicieusement capté.
     Pour autant, je ne voulais pas y assister, je voulais ne plus être là, si ce n’est qu’une simple spectatrice des événements. Les yeux fermés, les mains contre mes oreilles, ce besoin vital, de me couper du monde me dévorait les entrailles. Me forçant à ne rien entendre des choses horribles que j’hallucinais ou d’écouter ce que pouvait bien me dire l’hôte de ce manoir. Du moins, jusqu’à ce que cette dernière décida de se saisir de mes poignants, m’empêchait d’être sourde à mon environnement et sa lugubre attraction. Je ne voulais guère pour autant l’écouter, ou ne serait-ce que la regarder. Mes yeux toujours clos, je chuchotais encore que rien n'était réelle, tandis qu’elle tentait de me faire comprendre quelques choses, c’était peine perdue dans mon état. Peut-être l’avait-elle aussi déjà compris, car dès lors où elle pressa mes fragiles poignets, le choc et la douleur me fit par réflexe ouvrir les yeux qui se détournèrent aussitôt d’elle pour chercher du regard l’objet de ma terreur, ce démon fait de larves.

      La chose avait disparu, seul un tas de cendre se trouvait à l’endroit où elle était. Mais tout mon être frissonnait d’effroi, lorsque que le rire si absurde, si déshumaniser de la gamine se fit entendre. Le désir de coller mes mains contre mes oreilles revint presque naturellement. Mais la fermeté de cette femme dont la force me dominait en tout point, m’empêchait de me délivrer de son emprise physique et de me réfugier de nouveau. « Lai… Laisse-moi ! » Ma voix trahissait tout le désespoir et la peine qui habitait ce cœur s’obstinant à battre en dépit de tout mon mal-être et ce dégoût si soudain que j’avais pour la vie à l’heure actuelle. Elle prononça encore ce charabia étrange alors que mon regard fixait les larves se reconstituer en douceur, dont la quantité augmentait à travers les cendres qui s’en effondraient. Cependant, l'instant d'après, c’était le paysage extérieur que je voyais. Le choc me fit retenir ma respiration un temps qui semblait une éternité.
     « Qu… Quoi ? » C’était quoi ce bordel ? Comment étions-nous arrivé ici alors que l’instant d’avant nous étions dans le manoir. Est-ce que la folie m’avait déjà englouti entièrement ? Mon cas, était-il déjà perdu à ce point ? Mon regard se porta sur le bleuté de ses iris quand avec douceur elle en dirigea de sa main mon menton, tandis qu’elle me demandait d’écouter sa voix. Dès l’instant où nous étions arrivées ici, sur ce toit, je ne me sentais plus écrasée, ce malaise étrange avait disparu… Et même que je n’avais plus froid. Même si la terreur habitait toujours mon être tout entier, j’avais naturellement regagné un calme certain. J’étais à l’extérieur, j’en ressentais une délivrance absolue comme si après avoir cherché à fuir les abysses de l’océan, j’avais enfin regagné miraculeusement la surface pour y prendre cette vitale bouffée d’air frais. Sa voix semblait si pénétrante, comme un écho que j’entendais directement à l’intérieur mon être et que je ne pouvais désormais qu'écouter avec toute mon attention.

      Elle me disait que rien ici ne pouvait me faire de mal… Tant que j’étais avec elle. Je m’étais alors l’espace d’un instant, demandée si elle n’était pas ce miracle que j’attendais depuis que je subissais ces cauchemars. Et pauvre de moi qui ressentais à nouveau cet espoir envahir ce ridicule et fragile petit cœur faible et insignifiant qu’était malheureusement le mien. Comment lui répondre ? Je n’avais toujours pas assez confiance en moi pour savoir si finalement tout ce que je voyais ou entendais, était réel ou non. Cependant, plus fort que ma volonté elle-même de s’accrocher à mes noires suggestions, je voulais juste croire en elle, je voulais en cet instant me réfugier à travers cette protection qu’elle semblait me proposer et que je n’étais plus assez forte pour la repousser cette fois. Toujours accroupie, je fixais le paysage avant de me relever timidement. Le vent balayant ma chevelure, caressant ma peau tel de baiser sensuel, mais glacial, étaient-là des sensations qui ne pouvaient me tromper. Je ne rêvais pas, du moins pas en cet instant.
     Mon regard se posait de nouveau sur Zatanna la… la magicienne. Ce n’était pas simplement un rôle qu’elle se donnait, n’est-ce pas ? Ce n’était pas là une de mes hallucinations, n’est-ce pas ? « Tu… C’est toi ? » Lui demandais-je de cette voix encore grandement chargée d’émotions, en désignant du regard l’endroit où nous étions. Mon esprit avide de trouver une forme de stabilité, était soudainement prête à avaler tout ce qui était possible pour faire redescendre un peu plus la peur. Mon cœur n’était maintenant plus qu’une page blanche attendant d’être marqué à l’encre noire.
 

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Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

     C’était elle… Mais c’était aussi moi. Je fis taire immédiatement le conflit qui pouvait naître en moi de cette simple phrase. Un conflit qui opposerait ma raison, fermée à tout ce qui ne pouvait guère être explicable, à celui de mon sentiment sans doute irrationnel de croire en l'absurde sans douter. Triste ironie que ce qui me semblait le plus raisonnable à faire en cet instant précis, c’était de faire confiance justement à ce sentiment irrationnel. Je n’avais de toute façon plus tellement le choix que de croire à l’impossible, sinon la seule autre explication à ses visions grotesques, était au grand malheur que j’étais moi-même atteinte d’une folie rongeuse et désastreuse. Je ne savais pas si une autre explication serait ou non, plus rassurante. Mais à l’heure actuelle, j’avais besoin d’une autre réponse, d’une sortie de secours, une échappatoire même temporaire à ce cauchemar. Oui. J’avais besoin de reprendre ce souffle à la surface au risque de me noyer et de sombrer à jamais dans ces abysses oniriques.
     Zatanna était cette échappatoire, cette sortie de secours, il n’était plus question de prendre de pincette avec moi désormais. Elle écarta ses bras avant qu'une étrange sphère nous couvre de cette pluie si salvatrice et du bruit de fond qui l’accompagnait. J’avais certainement un air stupide sur mon visage, le même que lorsque nous étions soudainement apparues sur ce toit. Comment pouvait-elle faire ça ? Quelle logique métaphysique avait lieu ici ? Faire taire le conflit était un véritable challenge tant je ressentais l’immense besoin de rationaliser ce à quoi mes yeux étaient indubitablement témoins. Comment moi aussi, pourrais-je être aussi responsable qu’elle d’une telle absurdité surnaturelle ? Je… Je l’aurais remarqué bon sang, si j’étais capable d’une telle prouesse mystique. Qu’est-ce qu’elle voyait en moi que pour une raison que j’ignore, j’en étais totalement aveugle ? Mais surtout, quel était le prix de cette vérité ? Comment pourrais-je vivre avec si je devais la connaître ?

      Désemparée par ce que je voyais, à nouveau, j’étais incapable d’un quelconque commentaire, bien trop préoccupée à digérer ou tenter de digérer l’information. À l’abri de la pluie et du son, la voix de la magicienne me parvenait plus clairement sans parasite ambiant. Impossible donc d’ignorer une seule de ses paroles. Je l’écoutais alors silencieusement, curieuse des choix de ses mots, intriguée davantage par ce qu’elle me laissait le choix de connaître ou de fuir. Je ne pouvais pas réfléchir, je n’en avais pas le temps. Cependant, tout en moi hurlait de connaître comment une explication folle pourrait se montrer plus logique que ce à quoi j’assistais déjà sous mon regard encore choqué. Comment pouvais-je accepter qu’elle fût capable de faire ‘’logiquement’’ apparaître une sphère juste en écartant les bras. C’était comme si j’étais témoin d’une magie réelle… L’était-ce réellement ? Sachant que je suis revenue à la vie dans un monde envahit d’incompréhensible personnage tel que Superman ou les méta-humains à laquelle on arrive à donner un sens biologique à leur sur-humanité…
     « La pilule bleue ou la rouge, hein ? » Je m’abstiens de la rebaptiser Morpheus. J’ai toujours pensé que Néo était stupide d’avoir accepté de prendre la rouge, car vivre dans l’ignorance lui accordait de bénéficier à nouveau d’une sécurité, certes éphémère, mais salutaire pour lui. La bleue lui aurait après tout permis de continuer sa vie en toute insouciance, dans un confort certainement illusoire, mais réel pour lui malgré tout. Mais maintenant que j’étais face à ce choix moi-même, j’avais l’impression de comprendre un peu plus ou un peu mieux son choix. Comment pourrais-je délibérément accepter d’ignorer une réalité que je subissais malgré moi, par simple peur de perdre ce que j’ai toujours connu ? C’était impossible, tout mon être ne désirait aucunement être esclave d’une force invisible. Et même si par ailleurs, je croyais en Dieu, je ne voulais pas croire en cette hypocrite idée de destin. Rien n’était écrit à l'avance, notre destinée n’était rien d’autre qu’une page blanche et c’était nos actes, ainsi que nos choix qui en faisaient le récit.

      Après un moment de silence, elle m’annonça quel point elle ne pouvait pas imaginer ce que je subissais. Je baissais le regard à ce moment, avant de me détourner d’elle pour observer le paysage victime de l’assaut de ce torrent de pluie. Je l’écoutais malgré tout, mais j’étais pensive, j’en étais désormais capable maintenant que j’avais retrouvé ma stabilité émotionnelle. Lorsqu’elle eut terminé, je restai silencieuse un moment avant de me chuchoter à moi-même, le regard perdu en direction de ce paysage. « Si ce n’est pas ma folie, qu’il y a une réalité dans tout ce que j’ai vécu… Alors, ces souvenirs… Ce… Ce dé... » Ce démon devait être réel, ces morceaux de souvenir que je prenais pour des cauchemars, devaient être réels aussi. Encore une fois, peut-être que ce n’était pas si mal d’être ignorante, de continuer à croire que j’étais simplement folle. Mais… Mais peut-être dangereux aussi. Je me retourne vers Zatanna. « Tu… Tu voulais voir mon tatouage… C’est ça ? » Une manière timide et peut-être subtile de lui annoncer que j’acceptais de prendre cette pilule rouge à mon tour.
 

"your heaven's a lie"

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

     Toute cette histoire avait l’air de sortir d’un vieux scénario de film d’épouvante sans le moindre charme, et j’étais probablement une imbécile heureuse d’accepter de passer outre la qualité d’écriture pour malgré tout voir ce que propose ce film. En étais-je désormais réduit à ça, comparer ma vie à un film de merde ? Parce que si je n’étais plus dans la capacité à me fier à ma raison, il me fallait sans doute un autre moyen pour mon esprit de traiter cette idée de l’irréel à porter de mes mains. Un autre et subtil moyen de ma conscience cherchant à simplifier les informations qui s’empilaient les unes après les autres. Un esprit qui, jusqu’au bout, cherchait à rationaliser ce qui lui semblait bien trop flippant à accepter. Mais je devais m’efforcer de garder les portes ouvertes afin d’accueillir les propos sans aucun doute perturbants de la magicienne. Je savais que si elles se fermaient à elle, plus rien ne pourrait en forcer le passage.
     C’était parce qu’elles étaient encore ouvertes que je n’avais pas cherché à fuir, me casser au plus vite et aussi loin d’elle. J’avais pour le moment le cœur à l’écouter et boire ses paroles comme une pécheresse jouissant voracement de plus de vin qu’elle n’en pouvait avaler. Et je me surprenais de cette force à les garder ouvertes, ces portes, contenues du fait que je n’étais sensée être présente que pour accepter un job plus agréable que le dernier. J’avais en soit toutes les raisons de me sentir trahi par la magicienne, car son but se révélait être tout autre me concernant. Et je songeais qu’elle avait depuis notre première rencontre repérer en moi, ce que je n’ai jamais su discerner, ce que je ne voyais toujours pas à l’heure actuelle. Alors, oui, en soit, j’avais toutes les raisons de laisser cette porte se refermer, partir et oublier cette femme… Partir aussi loin que possible pour recommencer à zéro comme elle le suggérait plus tôt.      

      Mais j’avais évidemment tout à perdre dans l’histoire, surtout si elle avait raison à mon propos. Je devais oublier mes pensées négatives, du moins le temps de son explication, le temps que j’en connaisse la vérité. Partir du principe que tout était réel, était une épreuve en elle-même. En effet, cela signifiait que ces cauchemars qui n’avaient pas lieu d’être et qui semblaient se présenter comme des souvenirs lointains, mais bien trop horrible pour que je puisse en accepter l’authenticité, n’était probablement guère le fruit de mon imagination. Tandis que j’écoutais Zatanna me confirmer que les démons existaient, que mon être lui-même était possédé par une magie tout aussi démoniaque, je sentais ma conscience faillir sous une irrésistible envie de m’effondrer sur mes genoux, incapable de supporter le poids d’une vérité qui n’était qu’à peine effleurée. Je doutais déjà d’être capable d’en entendre plus, peut-être bien trop lâche au fond de moi.
     Mais une force venue du plus profond de mes intestins, nourrissait ma volonté de me tenir droit devant elle et l’écouter. Je n’avais pas le droit de fuir, je ne devais pas laisser les portes se refermer sur cette vérité où je risquerais de le regretter jusqu’à la fin de ma vie. Les mots suivants de la magicienne concernant mon tatouage, avaient eu la capacité à me rassurer et me pousser à continuer dans cette voie. Je ne faisais pas le mauvais choix, l’ignorance n’a jamais été la clé d’une quelconque paix intérieure. L’histoire le prouve, l’ignorance, c’est vivre dans un mensonge, un mensonge savoureux, car non-douloureux… Et peut-être que dans le fond, je désirai aussi mon doux obscurantisme pour délaisser toute responsabilité. Oui, ainsi, si je souffrais, ce serait la faute des dieux, pas de ma lâcheté à comprendre ma situation. Je ne pouvais pas accepter de devenir ainsi, ce n’était d’ailleurs pas moi. Je n’étais pas quelqu’un de fort, mais je n’étais pas non plus faible à ce point.

      Alors, j’enlevais ma veste en cuir que je laissais tomber derrière moi. Faisant toujours face à la magicienne, tandis que je m’apprêtais à soulever mon t-shirt, une main attrapa mon avant-bras droit. Mon regard se posant en direction de cette main en question, je vis ce visage aux orbites vides, penché dans la direction. « Tu joues avec moi, maman ! » Annonça alors de cette voix désincarnée de celle qui, sans aucun doute, était la petite fille que j’avais vu plus tôt dans le manoir. Un sourire s’étirant anormalement sur son visage, le déformant, tout chez elle pouvait me faire trembler de terreur, me faire replonger dans mes plus grandes angoisses, gâcher l’opportunité qu’avait pu créer Zatanna en cet instant. Mais alors que mon regard ne quitter pas la gamine cachée derrière moi, m’agrippant le bras, répétant de jouer avec elle, j’étais envahie d’une tristesse que je ne comprenais pas. Les larmes coulaient sur mes joues avant même que je réalise leur présence.
     Je me disais alors que je devais croire en Zatanna, que c’était moi qui devais être responsable de cette absurdité qui n’était pas une hallucination. Je devais le faire même si c’était difficile. J’essuyais mes larmes avant de m’agenouiller devant cette chose effrayante, mais qui pourtant ne m’inspirait plus rien d’autre que de la peine. Je posais alors une main sur le visage de la gamine déformer par ce visage démoniaque, j’annonçais tout simplement ce que tout mon être avait besoin de cracher comme si j’aurais dû le faire, il y a bien trop longtemps. « Oui… Aujourd’hui, je vais jouer avec toi, Ellie. » M’exprimais-je avant de la prendre dans mes bras comme un besoin vital de combler le creux qui s’était formé dans mon ventre avec cette si soudaine peine qui en rongeait mes entrailles, je n'avais même pas eu conscience du nom qui s'échappa de ma bouche. Je ne savais pas pourquoi je réagissais ainsi, tout mon être comme une envie latente, en éprouvait simplement la nécessité. Et puis si c’est moi qui provoquais ces hallucinations… Alors, autant ne pas les craindre, pas vrai ?

      M’écarter de l’enfant, pour la contempler de nouveau, elle qui semblait si réelle au point que je ressentais la chaleur de son corps et que je sentais son cœur battre dans sa poitrine tout contre moi, le choc s’abattit immédiatement sur moi lorsque je vis à nouveau son visage. Elle était normale, souriante, ses yeux noisette, étrangement identique aux miens me fixaient d'un regard innocent. Mais ce n’était pas ce qui me perturbait autant, en la fixant, j’avais l’impression de connaître cette enfant. J’avais l’impression douloureux, qu’elle n’était pas une étrangère, qu’elle était importante à mes yeux… Pourquoi ? Je ne comprenais rien. Je posais à nouveau mon regard sur Zatanna… Je voyais en elle maintenant une forme d’espoir, loin était dorénavant ma peur de l’inconnu. J'étais prête à me jeter dans le vide, même sans elle. Je me relevais à nouveau alors que l’enfant s’en alla sautiller joyeusement entre Zatanna et moi comme si elle jouait à la marelle. C’était incompréhensible, elle avait l'air si réelle, bien trop… J’enlevais alors ce t-shirt pour révéler ma nudité désormais cachée d’un simple soutif. « Fais-toi plaisir. » Dis-je à la magicienne en lui montrant mon dos.
 

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Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

     Tout cela semblait impossible et j’étais encore étonnée, ou peut-être plus honnêtement, choquée de ce que j’apprenais ou ce que je pensais comprendre du pouvoir qu'avait mes émotions sur ces hallucinations, ces choses à l’existence bien trop improbable. Mais désormais, ma peur de l’inconnu avait été remplacée par un sentiment de curiosité. Il était devenu à mes yeux vital de comprendre ce que signifiaient toutes ces choses qui me tombaient sur la poire, revenir en arrière, dans cet obscurantisme ne pouvait que me faire du mal. Et au final, cela pouvait sans doute me permettre d'obtenir des réponses que je me posais bien avant ma rencontre avec la magicienne. Pourquoi portais-je ce tatouage pour commençait, ça n’avait rien de styliser, j’avais juste l’impression qu’un vieux scribe antique avait pris mon dos pour un parchemin. Cependant, c’était leur aspect si antique qui attirait les tarées d’occulte voulant à tout prix obtenir un souvenir de moi. Vous m’auriez dit que ces cinglés en question avaient raison de voir en cette marque incrustée dans ma chair, un espèce de secret surnaturel, je vous aurait ri au nez, peut-être même insulté sans le moindre remord.
     Quelle ironie, je vivais présentement un événement où les fous étaient ceux qui avaient raison depuis le début. Fallait-il être un illuminé pour comprendre le monde dans lequel je m’étais réveillée, en sortant de ce coma ? Affronter mes peurs, c’était plus facile d’y songer que de le réaliser. Je ne peux pas m’empêcher de le ressentir, me donner du courage pourrait insuffler à ce cœur hanté une certaine bravoure, mais rien de plus. Être brave ne voulait rien dire au final, cela n’empêchait pas les cauchemars de s'inséminer dans mon esprit. Je ne sais d’ailleurs vraiment pas si voir que mes hallucinations n’ont finalement rien d’hallucination va m’aider à arrêter les pilules. Je veux dire, avant cette rencontre ça n’était que des cauchemars me rendant folle. Mais désormais, je savais que ces apparitions étaient des sortes d’entités qui pouvaient me toucher physiquement et donc, potentiellement me faire du mal. Bordel, comme je vais pouvoir dormir en sachant que les cauchemars que je redoutais à l’époque peuvent réellement impacter ma réalité ?

      Je n’étais pas cette femme débordant de confiance en face de moi, je n’avais rien d’autre pour me défendre que l’alcool, les joints, les médocs et j’en passe. Donc oui, plus j’acceptais de croire en cette folie, plus je me sentais définitivement baisée dans tous les sens du terme. Il aurait été, à mon sens, plus facile que je me jette simplement du haut de ce manoir et que je mette fin à tout ce cirque. Facile, mais lâche quelque part et il semblerait que je voulusse ne plus l’être. Une décision sans doute judicieuse, sans doute pas, tout dépendait des points vues. Le mien était incertain, bien que j'essayais accorder davantage de crédit à la vie, du moins pour l’instant. J’entendais cette enfant chanter, alors qu’elle continuait à jouer entre nous. Si au départ, je ne prêtais pas attention aux paroles, l’air et le rythme de sa comptine faisait émerger en moi un sentiment étrange… Bientôt, j’entendais à nouveau la voix de cet homme qui hantait mes pensées depuis Portland, celui dont je tiens mon deuxième prénom : Mathias. Je l’entendais chanter ces paroles.
     Était-ce un souvenir, ou bien une simple fantaisie de mon cerveau ? Des personnages, je pouvais en inventer, il paraissait que c’était-là un moyen comme un autre de l’esprit d’échapper à ses horreurs et quand je pensais à lui, à cet homme, je me sentais apaisée. Maintenant, savoir pourquoi je l’entendais chanter à l’unisson dans ma tête ce que la gosse s’amusait à fredonner, là, c’était une tout autre histoire. Après m’avoir observé un moment, ma magicienne m’interpella. Je ne pus m’empêcher de lever les yeux en l’air à la fin de sa phrase. Bordel, elle était vachement douée pour te donner envie de fuir en criant ‘’ No, Thanks. I’m good !’’ et brailler par la suite, les bras en l’air en courant en direction de je-ne-sais-où. Je n’avais pas besoin qu’on me rappelle que j’étais plongée jusqu’au cou dans une piscine remplie d’excrément démoniaque, encore moins qu’on me dise que ma situation était apocalyptique. Juste une phrase comme ''écoute Faith, tout ira bien'' pour me caresser dans le sens du poil, m'aurait suffi et rassuré. Putain de merde, elle sera jamais psychologue celle-là. Si elle voulait de nouveau me faire flipper, félicitation, elle avait réussi.

      J’étais en train de m’imaginer intérieurement tout plein de scénario biblique de fin du monde dans ma tête. Et puis, soudainement, tout se brouilla. Je m’étais sentie attirée, voire emportée subitement vers de terribles abysses, ou les ténèbres écrasantes semblaient palpables. C’était comme si j’étais à nouveau à l’intérieur de ce manoir, si ce qui agressait mon être dans le manoir s’était montré plus audacieux, ou un peu plus agressif. J’avais subitement froid et à nouveau, j’avais senti la colère monté en moi, une colère que je n’arrive pas à ignorer. Et tout commençais à devenir noir dans mon esprit, comme si j’étais sur le point de perdre connaissance et plus je m’approchais de l’inconscience, plus j’entendais ces chuchotements grandir, s’intensifier, jusqu’à en devenir des hurlements de ma propres voix désincarné. Ma voix, pas celle d’un démon, la mienne. C’était comme si j’entendais ma propre conscience avec plus de distinction.
     Puis, ce fut le retour à la réalité, alors que la magicienne était de nouveau devant moi, en s’excusant et m’annonçant un début de vérité. Une vérité à laquelle je ne semblais pas surprise, comme si ces cauchemars m’avaient déjà préparé à cette vérité, des cauchemars qui se trouvaient être probablement de véritables souvenirs. Je n’étais pas possédée, non, mais j'avais l’impression que mon âme lui-même était démoniaque, et cette idée m’avait aussi semblé plus cohérent tandis que je m’entendais hurler dans ces abysses. Et ce tatouage, un gage de propriété comme elle le disait et qui me fit tristement sourire alors que je ramassais ma veste au sol. « Un mariage... » Qui n’avait pas encore été consommé, mais qui fit malgré tout de moi la semblable de ce dieu païen, ce démon, l'infâme qui hante mes rêves... Je me revois fuir cette cérémonie étrange dans ce rêve perturbant, malgré que je savais qu'il était trop tard, que j'étais déjà devenue sienne, son âme-soeur maudite, sa reine impie. Je ne voulais décidément pas croire que c'était des souvenir, non, je préfère penser que ce n'est que des cauchemars. Et pouf, nous étions à nouveau en un instant dans un endroit différent. God. Je vais vomir. Maintenant que j’étais bien plus disposée au changement de température et d’atmosphère soudain, je remarquais enfin que la téléportation ce n’était pas bon du tout… Heureusement que je n’avais rien mangé.

      Nous étions donc à Seattle d’après les dires de Zatanna, mon dieu. C’était fou, impossible, génial aussi. « Tu sais, je n’ai pas de quoi te rembourser, Zatanna. C’est trop. Je me dois de refuser. » Lui avais-je dit timidement, même si c'était vachement généreux de sa part de le proposer.
 

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     L’honnêteté de Zatanna m’avait pris au dépourvu, l’espace d’un moment, j’ignorais comment je devais réagir face à une telle déclaration. Je ne m’en offusquai guère pour autant, j’étais même au fond sincèrement séduite par son authenticité. Si j’étais incapable d’hypocrisie et que je disais presque toujours la vérité, quitte à blesser les gens, j’aimais que l’on en fasse de même avec moi. Toutes vérités n’étaient peut-être pas bonnes à entendre, elles pouvaient même pour certaines briser des relations. Oui. Cependant, je ne trouvais rien de plus horrible de prétendre quelque chose à contre nature simplement pour convenir aux mœurs et rentrer dans le moule. Toutefois, je n’avais que faire qu’on m’apprécie ou non, donc je n’étais sans doute pas vraiment un exemple à suivre. En effet, rien en moi était un modèle à suivre, sauf si on souhaitait s’investir dans la débauche avec passion.
     Quoi qu’il en soit, je ne pouvais pas donner tort à cette femme, l’argent était le dernier de ses soucis avec un compte banque comme le sien. À sa manière, elle avait réussi à me clouer le bec en quelques mots. Que pouvais-je ajouter d’autres ? Si je tentais d’argumenter à nouveau pour ne pas avoir à rester, pour ne pas avoir à me sentir redevable, j’aurais l’impression et peut-être elle aussi que je cherchais simplement une excuse pour refuser simplement sa générosité. Et comment ne pas voir dans ses yeux, à travers ce regard presque pénétrant qu’elle ne comptait aucunement lâcher le morceau. Aussi, je me doutais bien qu’elle ne comptait pas juste me proposer de rester là gratuitement après avoir fait tant d’effort pour me convaincre que la magie existait. Elle avait peut-être un plan qui se dessinait dans son esprit et je n’avais donc pas tellement envie de m’interposer entre elle et ses idées, si elle était désireuse de me venir en aide. Je me sentais déjà assez ridicule de tenter de refuser son hospitalité, je ne voulais pas trop en faire non plus.

      La suivant du regard lorsqu’elle bondit tel un jedi pour simplement s’asseoir sur le canapé, je réalisais que cette femme devait adorer utiliser ses pouvoirs aux quotidiens. Et puis elle ajouta un argument qui finit par me convaincre de rester sans brancher, l’argent était le dernier de mes problèmes. Je soupirais sans m’en cacher, par frustration, par soulagement aussi, ce, avant de remettre mon t-shirt et venir m’installer à côté d’elle de manière moins spectaculaire, laissant ma veste quelque part à côté de moi. « Si je perce dans la musique, je te rembourserai quand même. » Je serais devenue assez riche pour ne plus me soucier de l’argent moi aussi, doux rêve que voilà. J’attrape la coupe de vin, humant son parfum, je pouvais voir que rien qu’à l’odeur, c’était d’une tout autre qualité que ce à quoi j’avais été habituée jusqu’à présent. Je n'osais même pas le boire, l’impression que la simple goutte me coûterait déjà cinquante dollars.
     Une simple gorgée, j’avais gardé en bouche la saveur du nectar qui remplissait de goût ma gencive à ma langue. J’en fermais les yeux un bref moment sous une petite extase que je peinais à dissimuler, peu après avoir avalé la substance. Je sentais le regard de Zatanna sur moi, c’était vachement gênant. J’avais l’impression d’être un sujet d’expérience soudain et rigolo à ses yeux, sans doute une idée fantasmée par mon esprit en quête d’une pensée saugrenue. Mais je posais aussi à mon tour mes yeux noisettes sur elle, la fixant comme elle me fixait pour lui rendre l’appareil. Mais j’étais sans doute la seule à être perturbée par ça, j’imagine. Je pouffais de rire lorsqu’elle m’annonça avoir vu spécifiquement mon tatouage. Je détachais alors mon regard d’elle un petit moment, le temps de reprendre une gorgée de cet aphrodisiaque des dieux. « Tu n’as qu’à taper ''la sorcière de Portland'', je suis certaine que tu trouveras une multitude de photo de moi, ainsi que de mon tatouage sur le net. » Avais-je un peu ricané ces mots.

      Je rajoutais. « J’ai été harcelée là-bas dans ma vie privée, alors que j’étais hospitalisée. Que ce soit par des journalistes, ou juste des jeunes abrutis. Désolé de t’avoir pris pour l’un de ces connards, d’ailleurs. » Lorsqu’elle me proposa de boire et de me reposer, je ne me fis pas prier pour finir mon verre et me resservir un autre, généreusement plus remplis. Elle avait raison, j’étais hideuse, c’était le visage de la fatigue qui me suivait chaque jour. Je risquais le coma à rester éveillée, mais je m’en foutais, je voulais fuir ce monde onirique rempli de cauchemar. Je n’étais pas vexée qu’elle me le dise en face, c’était la vérité, une vérité qui me passait au-dessus du museau. Cependant, lorsqu’elle me proposa de m’aider à dormir, mon regard revint vers elle… Au début, j’étais perplexe, car s’il y avait bien une chose que je haïssais depuis l’hôpital, c’était comme me forcer à avaler des cacher pour que je puisse dormir contre mon gré. Je l’aimais bien cette magicienne, vraiment, mais je n’étais pas prête à la laisser agir contre mon gré sur ma personne. C’était ce à quoi, je songeais au début.
     Seulement, en écoutant le reste de sa phrase, elle avait réussi à capter tout mon intérêt à sa proposition. Si elle était capable d’empêcher les cauchemars de survenir, alors j’étais même disposée à dormir une nuit complète. Sérieusement, comment pourrais-je piétiner l’occasion de pouvoir enfin dormir sans craindre quoique ce soit. Je terminais mon verre d'un seul coup. « Okey ! » M’étais-je simplement exprimé. « Si tu peux faire ça, alors j’accepte de me reposer. »
 

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     Si elle avait su, elle serait venue me trouver bien plus tôt. J’avais trouvé cela touchant de sa part même si je lui avais offert que pour réponse, mon silence. Je ne savais pas quoi répondre à ça pour être honnête. Cela me rappelle aussi à quel point cette période à l’hôpital m’avait affecté. Chaque jour de mon rétablissement, j’avais espoir qu’une personne franchisse le seuil de la porte de ma chambre et me dise que ma famille, ou même qu’un ami m’attendait de l’autre côté de cette porte en question. Mais jamais personne n’est venue, à part cette femme, je crois qu’elle se nommait Elizabeth. Cependant, ce n’était pas moi qu’elle cherchait, c’était une certaine Finola Mystery et je me rappelle sa déception dans son regard lorsque je lui ai répondu. Elle avait semblé croire en quelque chose que je venais sans doute de briser avec mon amnésie. Elle est repartie et plus jamais revenue. Et moi, j’étais restée seule avec cet espoir déchu d’avoir peut-être trouvé une personne qui avait un lien avec mon passé. Bref, j’aurais s’en doute aimer aussi que la magicienne me trouve à ce moment-là.
     Je l’observais se retirer du canapé pour se mettre sur la table basse, devinant par son geste qu’elle faisait de la place pour que je puisse m’allonger. C’est pourquoi je déposais la coupe vidée de son vin sur cette même table basse, tout en l’écoutant m’avertir que c’était plus compliqué pour elle de faire ce genre de chose, plutôt que de faire apparaître une boule de feu, en parlant de l’hypnose. Alors qu’ironiquement, l’hypnose était une science bien plus concrète et plus réelle que l’étude des… Boules de feu. Mais si le souci était que je ne sois pas réceptive, elle n’avait pas à s’en faire, j’avais un très bon psychanalyste qui m’avait déjà initié à quelques séances, mais jamais dans un but comme celui-ci. D’autant plus, qu’une fois que j’avais pris une décision, je voulais m’y tenir le plus possible. Dans ce cas-ci, j’avais accepté de la laisser m’aider et de me reposer, peu importe les risque. C’était maintenant de sa responsabilité de faire bon usage de la confiance que je lui accordais.

      Je m’allongeais à sa demande, m’interrogeant intérieurement pour chercher à savoir combien de jour cela faisait depuis que je n’avais pas réellement dormi, depuis que je n’avais fait qu’enchaîner les micros-siestes. Trois ? Cinq ? Cessez votre plaisanterie monsieur, les cachets mon permis de tenir plus d’une quinzaine de jours. Oui, monsieur. Je perds constamment du poids depuis la sortie de l’hôpital, je n’ai jamais faim, trop faible pour avaler quoi que ce soit et quand je me force un peu trop, je vomis tout simplement ce que j’ai trop ingéré. Ce n’était pas trop grave, le cannabis et l’alcool pallient à la difficulté de dormir et de manger. Ouais, c’était évident que j’avais une sale tête, encore deux mois à vivre dans ces conditions-là et je pourrais risquer d’obtenir le surnom d’anorexique, si je ne crève pas avant d’une overdose de médicaments. Dieu sait à quel point, j’abuse volontairement de mes comprimés. Si cette magicienne s’inquiétait pour moi, je ne pouvais pas lui donner tort de le faire, j’étais dérangée dans ma tête.
     Et pour être honnête avec vous, même si je connaissais la vérité, même si je l’acceptais, une fois que je serais de nouveau seule, je voudrais retrouver mes travers : c'est-à-dire la drogue, l’alcool, l’insomnie. Parce que j’étais seule et que j’étais lâche. C’est tout. Est-ce que Zatanna avait su voir ça en moi, cette dangerosité dans ma personnalité ? Était-ce la raison pour laquelle elle voulait que je reste dans cette suite afin que j’évite à nouveau de sombre dans la bêtise et la débauche ? Les hallucinations ne me semblaient pas si dangereuses que cela à comparer de la folie qui me conduisait à agir bêtement, à effectuer des actes et des choix complètement dénués de sens. Rien qu’en m’allongeant, je sentais alors tout le poids de cette fatigue m’écraser, le sommeil jouissant d’avance à l’idée de m’emporter enfin à travers ses limbes sans risque que je leur échappe cette fois. Et déjà, je sentais mes pensées s’orienter vers les souvenirs du rituel, de ma fugue et d’autre horreur que je ne souhaitais pas voir en rêve.

      Malgré tout, je voulais accorder toute ma confiance à Zatanna qui me demandait de fermer les yeux, de me concentrer sur ma respiration, ainsi que sa voix. Je n’hésitai aucunement à fermer mes paupières, malgré les pensées négatives qui me submergeaient l’esprit. Je tentais d’écouter ma propre respiration, me concentrant sur son rythme. C’était compliqué, car je ne voulais pas m’endormir de peur que je n’entende plus Zatanna, sa voix malgré le fait qu’elle me disait au même moment de me soucier de rien. Ce ne fut que lorsque j’entendis sa voix venir de ma tête, malgré que je ne comprenais pas sur le coup la raison, je me laissais à aller, que je me relâchais véritablement entre les bras de Morphée. Je me concentrais alors encore sur ma respiration, ainsi que les dernières paroles de la magicienne, toutes mes pensées allèrent à ce vin que j’ai bu à l’instant dont le goût résidait encore dans ma bouche.
     Je songeais donc à ce vin et cette chanson que je pourrais écrire, elle serait sombre, les paroles dérangeantes sans doute… Mais j’avais besoin de l’écrire telle que je le sentais, je voulais être moi-même dans ce que j’entreprenais. Je souffrais et je pensais légitiment que ma musique devrait refléter cette souffrance, sinon comment pourrais-je considérer authentique ce que j’exprimais dans un micro ? « Je veux avoir la chance de chanter ce que je veux. » Avais-je alors crié, l’homme que j’avais déjà si souvent vu me souriait simplement avant de me désigner la voûte au-dessus de nos têtes. « Les étoiles sont déjà fan de tes futures paroles. » Je levais la tête vers les cieux, avant de pouffer de rire. « Pourquoi tu fais le romantique avec moi d’un coup, t’es con. » Crachais-je en ricanant, lui donnant à un coup ridicule à l’épaule. Je ne le montrais pas, je ne voulais pas qu'il le voie, mais je le sentais, ses mots m’avait séduite un peu. Adossée contre cet arbre dont les racines s’enfonçaient dans cet océan de nuage sur lequel nous semblions flotter, je me contentai alors de fixer les étoiles, en buvant ce délicieux vin. « Elles sont magnifiques, Mathias. » Dis-je en voyant ces mêmes étoiles danser tout en se rapprochant de nous… « Les fées ont sans doute hâte d’entendre ta voix, Mystery. » M’annonce-t-il alors qu’une mélodie accompagne la danse des fées.                


     
      Quinze petites minutes avaient fallu pour que Faith se laisse engloutir par le rêve, elle n’avait guère eu besoin d’artifice chimique ou magique pour s’endormir. Son cerveau était si épuisé, qu’il n’eut qu’à éteindre l’interrupteur de l'esprit et plonger la gothique dans ce sommeil qu’elle s’obstinait à fuir. Il fallut toutefois attendre quelques longues minutes en plus pour la lumière du jour s’estompe anormalement et qu’une obscurité semblable au néant dévore toute luminosité. Cela ne dura que quelques instants avant qu’une multitude de lumière illumine de nouveau le canapé et la table basse où se trouvait les deux jeunes femmes, le deux seul chose qui semblait clairement visible, car tout les restes avait disparus dans cette obscurité et sous cette brume donnant l’impression d’êtres un lac de nuages. Les reliefs des murs n’étaient plus nettement visibles, au point de ne plus être capable de mesure les distances de cet espace dans lequel la chanteuse endormie et sa protectrice n'avaient pourtant guère bougé. L'endroit donnait l’impression à quiconque voyait ce dont était témoin la magicienne, qu’il marchait actuellement au-dessus des nuages sous un ciel nocturne, on ne voyait plus ce plafond, juste une voûte céleste scintillante où défilaient à toute allure quelques étoiles filantes. Au centre de ce qui fut pourtant une suite, trônait un magnifique arbre d’où provenait une mélodieuse mélodie. Bientôt, quelques-unes des étoiles se mettaient à tracer des cercles étranges entre elles au-dessus de la tête Faith et de Zatanna, jusqu’à les rejoindre et danser autour d’elle sans même se soucier de leur présence.
 

"your heaven's a lie"

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

Chantèrent, alors à l’unisson, les fées qui dansaient fièrement autour de Faith toujours endormi et de la magicienne non loin de sa protégée du jour. L’une d’entre elle s’arrêta juste devant la magicienne, ne cachant pas son intérêt pour cette dernière... Elle chanta alors de plus belle, mais seul, comme si ses vers étaient désormais dédié à celle qui les contemplait sous cette voûte envoûtante.


Une autre fée approcha osant même se poser sur le genou de la magicienne où elle fit quelques pas de claquette sous ce tintement féerique qui donnait le rythme à la mélodie surnaturelle qui avait envahi les lieux. Et elle se mit à chanter à son tour, seul, pour celle qui était témoin de leur prestation nocturne.


Elles s’envolaient par la suite, dansant de nouveau autour de la magicienne, avant de brusquement fuir dans un mouvement de panique lorsque Faith bougea légèrement dans son sommeil. Elles revinrent par la suite, une fois que l’amnésique ne montrait aucun signe d’un réveil prématuré, dansant de nouveau autour d’elle et de la magicienne. Elles chantèrent alors encore à l’unisson.

               


     
             Marchant sur les nuages, je me sentais si libre, cette liberté que je serais prête à chérir une éternité. C’était un paysage magnifique, un sublime endroit, mais j’avais l’impression qu’il manquait quelque chose. Pourquoi étions-nous au-dessus de toute chose, à travers ces cieux ? Pourquoi cet arbre faisait-il partie de ce paysage céleste ? Pourquoi me sentais-je si nostalgique sans en comprendre la raison ? « Quel est ce monde qui se cache sous ces nuages, Mathias ? » Demandais-je alors tant intriguée que frustrée par ce même sentiment de curiosité. « Ton histoire, Mystery… Et il faut un océan de nuage pour cacher cette histoire aussi longue que fut la tienne. » Annonça-t-il, son visage illuminé par un sourire bienveillant, avant de simplement s’éloigner et s’enfoncer à travers ces nuages en question, me laissant seul. Je fixais l’océan céleste qui s’étendait presque à l’infini, rencontrant les cieux étoilés à l’horizon. Je sentis une main agripper la mienne délicatement. C’était cette enfant, celle que j’avais rencontrée au manoir de la magicienne. Elle me souriait et m’annonça...
     « Tu sais, si des nuages cachaient mes souvenirs à moi… De l’endroit où nous sommes à l’arbre, ce serait suffisant pour couvrir mes sept années de vie. » Me chuchotait-elle tout enjouée, nous étions pourtant à cinq mètres de l’arbre. Combien… Combien de vie avais-je pu voler pour que mon histoire se perde à l’horizon ? « Mais… mais… Quel… Mais quel est mon âge ? » Elle lâcha ma main et haussa les épaules, avant de courir à travers les nuages et s’enfoncer à son tour. Je sentis alors une chose me frôle légèrement ma jambe, je vis alors qu’il s’agissait d’une barque. Il y avait alors un personnage mystérieux qui en déplaçait cette dernière à l’arrière. Il était vêtu de noir, son visage dissimulé par un long capuchon aussi sombre que la robe qu’il portait. « Doit-on l’attendre, madame ? » Je levai un sourcil, alors que je lui demandais de qui il me parlait, nous étions pourtant seuls. Mais il fallut que quelques instants pour que j’entende alors cette voix.

      « Faith ? Est-ce que tu m’entends ? » Je levais alors le regard vers celui qui avait l’allure d’un passeur semblable à ceux de la mythologie grecque. Je montais alors sur la barque avant de m’exprimer à nouveau. « Ne te fais pas attendre Zatanna, ou je pars sans toi ! » Le rêve, la réalité… Je n’avais pas vraiment conscience de ces choses-là quand j’étais bercée par le rêve. En soit, que ce soit la Zatanna d’un rêve ou celle de la réalité n’avait pas grande importance dans mon esprit, car peu importe qui serait devant moi, elle serait la Zatanna qui m’accompagnera vers… Je ne sais où. Et les étoiles tombèrent, alors que la barque avançait vers l’horizon. Bientôt, il faisant bien trop sombre pour que nous y voyons quoique ce soit. Une lueur apparue telle un point vers l’horizon, rien avoir avec l’argenté couleur vive des étoiles disparues plus tôt. C’était là une couleur chaude, devenant éblouissante au fur et à mesure que nous approchions. C’était comme si nous sortions d’un tunnel.  
     Puis, le soleil vint nous éblouir, mais lorsque je m’habituais de nouveau à la lumière, je pus alors constater que nous longions un fleuve. Un fleuve qui était entouré d’une flore elle-même entourée au lointain d’un immense paysage de dunes. Mais cette flore, cette oasis, j’avais l’impression de la connaître, d'y avoir vécu. « Où allons-nous ? » Demandais-je alors, non pas au passeur, mais à celle qui m’accompagnait ? Oui, où allons-nous Zatanna ? Je me sens familier de cet endroit, mais tout me semble inconnu à la fois.
 

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Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

     
             Silencieuse, je contemplais le paysage… J’avais l’impression de le connaître, j’avais l’impression de retrouver une atmosphère qui m’était familière. Je pouvais sentir la nostalgie parcourir tout mon être, accompagnée de cette excitation qui en éveillait mes sens. Oui. J’étais comme une petite fille heureuse de reposer les pieds à la maison après un séjour bien trop long et éprouvant en colonie de vacances. Je me sentais retrouver un endroit, pourtant, j’avais beau y réfléchir, ça ne me disait rien, c’était imparfait. Ce désert… Oui, j’avais l’impression que ce désert de dune était comme les nuages dans le paysage précédent, qu’il cachait le véritable monde. Mais je n’avais que ce sentiment de frustration pour argumenter, pas de réelles preuves. « Mon rêve… Je n’ai jamais été à l’aise avec les rêves et leurs intentions. » Ils ont tendance à vouloir m’emmener là où je ne veux pas à aller, vers ses souvenirs que je ne veux pas connaître.
     Je ne savais pas vraiment où aller, je ne savais pas où je voulais aller. Je savais simplement que c’était là un paysage qui ne mettait pas étranger. Je me retournais vers Zatanna à sa dernière question, cette fois, je le sentais dans mon cœur, j’étais intriguée plutôt qu’effrayée. Mon regard se posa alors sur le passeur. « Est-ce encore loin ? » Demandais-je et confirmant par cette question que je n’étais pas réticente à l’idée de continuer, de voir où allait nous emmener cette barque. « Nous y sommes ! » Annonça-t-il, alors que lorsque je reportais mon regard vers l’endroit où il regardait. Au loin, sur la berge des personnes portant leur regard dans notre direction, semblaient comme attendre l’arrivée de la barque. Plus nous approchions et plus ces personnes semblaient enthousiastes. Et lorsque nous fûmes assez près pour en distinguer leur trait, elles nous saluèrent par des gestes. Premier grain de riz me tomba sur la tête alors que la barque s’arrêta à leur niveau.

      À peine avais-je posé le pied au sol, que mon apparence en avait été changée. Mes cheveux étaient aussi bouclés que l’étaient le leur, ma peau aussi mate que l’était le leur… Et même la couleur miel de mes yeux trouvait une ressemblance avec celle de ces femmes. « Avez-vous fait bon voyage, madame. » Annonça l’une d’entre elle qui m’aida à descendre de la barque et rejoindre la berge. D’autres aidèrent Zatanna que je gardais dans mon champ de vision comme pour chercher une présence familière, rassurante autre que... Elles, ces femmes, ces autres présences familières, mais que je connaissais pourtant ni d’Adam, ni d’Eve. Certes, je me sentais étrangement heureuse, mais triste à la fois que d’être en leur présence. Elles évoquaient quelque chose de beau, de magnifique en moi, mais aussi une pression mélancolique et curieusement pénible dans mon cœur. « J’ai fait bon voyage oui. » Dis-je en lui souriant.
     « Asakku a attendu ta venue, tu es partie si longtemps. » Annonça une jeune femme, tandis que mains dans la main, elle m’emmenait à travers la forêt. Je me retourne vers Zatanna inquiète soudainement depuis que j’avais entendu ce nom. « Zatanna… je… je ne veux pas… je ne... » Je ne voulais pas le voir, je ne savais pas qu’il était, pourtant son nom me dérangeait. Je ne savais évidemment pas pourquoi, mais soudainement tout mon être ressentait des frissons. L’angoisse commençait à s’installer à nouveau dans mon cœur quand, à lisier de l’oasis où devait se trouver une étendue désertique, la peur fut balayée de mon cœur par une fascination soudaine. Une ville se dressait sous nos yeux, immense et où semblait y avoir de l’animation humaine et commerciale. « Je connais cette ville. » Les femmes qui continuaient à m’entraîner avec Zatanna se mirent à rire. « Qui est donc cette personne qui pourrait oublier l’endroit où elle est née ? » Annonça l’une d’entre elle.

      « Mais aucun bébé ne se souvient du moment de sa naissance. » Rétorqua une autre, avant qu’une troisième rajoute. « Mais notre Altesse, elle, est née deux fois ici. » Je m’arrêtais, forçant le cortège à s’arrêter. Il me fallait un moment pour contempler la cité. « Pardon, finalement… Allons-y, Zatanna. » Et voilà que la curiosité s’emparait à nouveau de moi.
 

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Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

     
             Cette ville était immense et belle, entourée d’une flore qui était entretenue par le peuple de cette ville et qui était protégée par ses murs de ces éventuelles tempêtes de sable qui menaçaient un jour d'engloutir sous les dunes ses sublimes structures. Nous marchâmes donc vers la cité et au fur et à mesure que nous nous approchâmes d’elle, elle en devenait plus immense encore. Je n’avais plus aucune crainte, maintenant que la magicienne m’assurait d’intervenir si tout se passait mal. Mais plus le rêve était, en moins j’avais conscience de rêver et pour cette raison, j’attrapais la main de Zatanna comme un moyen de me garder lucide de ces événements oniriques pouvant à tout moment m'emporter. À la question de la magicienne, je restais un moment silencieuse, songeuse, avant de lui proposer une réponse qui me semblait le plus juste. « J’ai l’impression d’avoir été arrachée à cet endroit bien trop tôt, bien trop vite… J’ai l’impression d’avoir grandi ailleurs. Mais ce sentiment que je ressens, oui, il est clair. Je me sens chez moi ici. » Bien plus que dans mon appartement miteux à Gotham et pourtant, Dieu sait que je l’adore cet appartement de malheur.
     Arrivées aux portes de la ville, nous vîmes un autre cortège de personnes et de chameaux. Il y avait même un attroupement de curieux autour d’un marchant en particulier cherchant à vendre sa soie. « Approchez chers clients, cette soie vient tout droit de Thèbes, elle est d’une qualité et d’une beauté unique. Elle sera plaire à vos épouses. Trois pièces d’or pour celle-ci, deux pour cette autre-là. Vous êtes un homme intelligent, prenez mon ami. Qui d'autre ? » Souriant devant la scène, je ne m’arrêtai pas pour autant, traversant les porte pour entrée dans la cité. Puis Zatanna me posa une autre question et là, je ne pus m’empêcher de rire. « Comment tu veux que je les sache, ce n’est qu’un rê... » Mon sourire vint alors à disparaître aussitôt qu’un nom me revint en mémoire. « Akkad. » Lui répondis-je alors, hébétée… J'observais Zatanna un moment. « Ce… Ce n’est qu’un rêve, pas vrai. Tout ça, c’est qu’une invention de mon esprit ? » Je serais la main de la magicienne plus fort comme pour m’assurer qu’elle était toujours réelle, que j’étais toujours lucide. « Je... » Tentais-je une demande, quand je fus aussitôt interrompue.

      « Ahmanet ? » Je me retourne pour contempler une femme approcher dans ma direction et qui, tout comme moi, était accompagnée de ‘’servantes’’. Je comprenais pourquoi je ressentais quelque chose de pénibles en la compagnie de ces femmes, elle étaient mes esclaves, mais aussi mes seules amies. Mais mon regard s’attarda sur la femme, elle, je la connaissais, elle hantait mes rêves depuis Portland, je la voyais quand je rêvais de ce cauchemar avec ce rituel. « N’étais-tu pas sensée approfondir ta science à Kish selon la volonté de père, petite sœur ? » Je fronçais les sourcils, serrant les dents en songeant à Père. « Et toi, n’étais-tu pas sensée épouser un noble d’Héliopolis, aussi selon sa "sainte" volonté, An-Ki ?! » Rétorquais-je, ce qui lui fit sourire avant d’approcher davantage et poser une main sur ma joue. « Oh, mais mon homme est venu visiter notre ville natale et voir de ses yeux la grandeur des Akkadiens. Ces Egyptiens se pensent tellement supérieur. » Son regard se posa à la suite sur Zatanna avant de froncer les sourcils. « Quel est donc cet accoutrement étrange ? D’où vient-elle ? »
     Quoi, maintenant que je le réalisais… Zatanna pouvait réellement agir dans mon rêve pas vrai, mais mon rêve aussi pouvait interagir avec elle. Pourquoi ça me choque que maintenant, c’est stupide ? « Bāb-ilim ! Elle vient de Bāb-ilim, c’est mon invitée ! Fais pas attention à sa tenue, tu sais comment ils sont là-bas… » Elle hésita avant d’acquiescer et me prendre par le bras, me traînant avec elle vers les profondeurs de l’immense cité. Nous étions suivis du cortège de ma sœur et du mien. « Tu n’es pas en colère que je t’appelle Ahmanet ? Je croyais que tu n’aimais pas quand te rappelle ton mariage à venir avec Asakku. » Je fronçais les sourcils, mais je ne répondis rien. Nous te tardâmes pas à arriver vers une noble et immense demeure qui se trouvait non loin du palais de Sargon. « Dis à ton invitée de se changer, qu’elle soit présentable devant père et mère… Je vais rejoindre mon bien-aimé. » Elle se détacha de moi avant de se diriger vers la demeure en première.

      Je fixais mes servantes, puis Zatanna. « Trouvez-lui quelques choses ! » Je lâchais enfin la main de Zatanna avant de rajouter à la concernée. « Il faut que tu te changes. » Dis-je simplement, avant de voir mes servantes la prendre par la main comme elles firent plus tôt avec moi. Je leur emboîtais le pas avec un sourire espiègle, rien que d’imaginer la magicienne se faire pomponner comme une reine me plaisait intérieurement. Nous arrivâmes dans une chambre qui faisait trois fois la tailles de mon appartement et qui avait une vue sur une grande partie d’Akkad. « Je me souviens… Je crois que c’est ma chambre ici, Zatanna. Et les vêtements qu’elles te choisissent, fut les miens… Ca me semble grotesque, enfin, c’est peut-être juste ce que le rêve tente de me faire croire. Et peut-être que rien n’est vrai ? Peut-être qu’après tous ces cauchemars, je m’imagine être une noble d’une ville magnifique. Ce n’est pas si mal, mais peut-être que je dois rester réaliste... » Je me laisse tomber sur ce lit avant d’ajouter. « Ce n’est pas réel. »
 

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Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

     
             Quand Zatanna m’avertissait qu’elle connaissait mon tatouage autrement que par internet, pire encore qu’elle avait connu ce tatouage des années auparavant alors que mon harcèlement à Portland ne remonte qu’à quelques mois, des frissons traversèrent mon corps alors que je me redressais pour fixer la magicienne. An-Ki, Asakku, ne lui était pas inconnu ? Ahmanet non plus ? Je me sentis défaillir sur place lorsqu’elle m’annonça que le rêve allait se transformer en cauchemar, c’était là tout ce que je redoutais. J’avais enfin un moment paisible ou j’étais une sorte, de princesse d’Akkad, j’aimais cette idée, je ne voulais pas perdre ça à nouveau… À nouveau ? Pourquoi ai-je pensé cela ? Pourquoi ça me donne subitement envie de m’effondrer en larme cette idée que je vais à nouveau perdre cet endroit, que j’en serais à arracher ? Pourquoi tout ce qui se déroulait dans ma vie n’était qu’absurdité ? Pourquoi devrais-je être soumise à cette ignorance ? Je veux le savoir. Oui. Je veux savoir qui j’étais avant ma perte de mémoire.
     Et finalement, je n’arrivais plus à soutenir le regard de Zatanna qui s’en vint s’asseoir à mes côtés. Même si sa présence était rassurante, même si je désirais connaître la vérité, j’étais angoissée à l’idée de refaire fasse à mes terreurs habituelles. Si je ne dormais plus, si je me forçais à prendre ses cachets tout en me défonçant à l’alcool s’était justement pour ne pas avoir à faire face à ce genre de rêve. Et pourtant, en fixant à nouveau Zatanna tandis qu’elle me rassurait d’une certaine façon, je me sentais étrangement prête à affronter ce cauchemar à nouveau, ce n’était au final qu’un rêve de plus et cette fois je n’étais pas seule, cette fois elle était-là. Alors pourquoi ne pas en profiter pour savoir qui je suis ? Si je suis bien cette femme de cet autre temps, j’ai le droit de le savoir, n’est-ce pas ? Et d’ailleurs, plus j’y pensais et plus il me semblait fou de rebrousser chemin après une telle destination. Le passeur nous avait conduites ici pour une bonne raison, non ? Il était sans doute un objet de mon subconscient qui m’aidait à me rappeler.

      Je soupirais avant de me laisser à nouveau tomber sur le lit. « On est déjà allée si loin, autant connaître la raison de notre présence ici. » Peu après ces mots, je me relevais, écartant les bras naturellement et aussitôt les servantes vinrent me déshabiller à leur tour. Je connaissais ce geste, c’était comme un réflexe qui revenait. Une fois nue, j’ai pu voir dans cette paroi d’or qui servait de miroir d'antan que mon dos était vierge, pas de marque, pas de tatouage. Mais cela ne me choqua point, car je n’étais plus peu à peu consciente de la réalité si ce n’est que celle du rêve, ou de ce souvenir qui se manifestait à travers le rêve. Le seul élément qui me redonnait une clarté de lucidité n’était autre que la présence de Zatanna. Mais comme avec la présence d’An-Ki, je finissais par être cette Ahmanet quand un élément du rêve m’interpellait directement. C’était d’ailleurs pourquoi je n’avais pas lâché la main de Zatanna pour garder fortement cette connexion avec le monde en dehors du rêve. Mais je le sentais, une fois que le cauchemar serait là, je vais de nouveau oublier cette réalité.
     Je n’étais désormais vêtue que d’une soie blanche par laquelle l’on pouvait aisément voir à travers ma chair et mon intimité. Ce n’était évidemment pas une tenue habituelle, c’était une tenue rituelle, faite de sorte à s’enlever en glissant le lent de mon corps. Oui. Je le savais, tout commençait à se dessiner dans mon esprit avec une clarté désormais évident plus les événements s’enchaînaient, plus l’engrenage se mettait naturellement en place. Les servantes terminèrent de vêtir, coiffer et maquiller Zatanna qui, sur le coup, m’avait séduite l’espace d’un instant, si mon coeur n’était pas si difficile, j'aurais pu succomber à ses charmes. Mais bien vite, tout mon être songeait à ce qui m’attendait, je le savais, j’en connaissais cette tension qui m’habitait le cœur. Ô, et à nouveau, je me voyais prier intérieurement pour que ce ne soit rien d’autre qu’un rêve, car si c’était là mon souvenir, jamais je pourrais supporter l’idée et peut-être voudrais-je… Qu’on m’efface sans doute la mémoire.

      Car il n’y avait rien de plus agréablement que le doux obscurantisme d’ignorance dans lequel les ignares étaient bénit par leur méconnaissance qu’ils pensaient les rendre innocent. J’étais sans doute des leurs, pauvre folle voulant se fermer à la réalité pour ne plus en porter son poids. Peut-être avais-je causé ma perte de mémoire, peut-être étais-je responsable de ma condition. Je me sentais actuellement assez lâche pour être capable de demander à Zatanna de me faire oublier qui je suis. Mais sur le toit de son manoir, j’avais pris une décision qui fit sans doute de moi sa protégée, je l’ignore, mais ce que je savais… C’est que je n’étais pas le genre de personne à revenir sur sa parole. Une fois que nous étions prête, je fis un simple signe de la tête à la magicienne pour que nous rejoignions An-Ki. Marchant à travers ses couloirs, je savais où aller sans même hésiter une seule fois et pourtant la demeure se révélait immense.
      Nous arrivâmes dans un jardin intérieur, une véritable oasis ayant son propre ruisseau naturel et ses arbres. An-Ki, son époux et leurs servantes étaient tranquillement en train d’attendre à la frontière du jardin. An-ki s’approchait de moi et me pris dans mes bras. « Je suis désolée Finola, je ne pensais pas que ce serait aujourd’hui. » M’annonce-t-elle, alors que je me contentais de froncer les sourcils. « Quoi qu’il se passe, tu es ma petite sœur, je t’aimerais toujours. » Rajoute-t-elle alors que je sentais mon cœur battre de plus en plus vite dans ma poitrine. J’étais dès cet instant ancrée dans le rêve et je n’avais désormais guère plus conscience d’une autre réalité que celle que je vivais. J’étais plus que dans le scénario qui jouait en boucle depuis que j’ai conscience de ces souvenirs. Et bientôt, comme mon habitude, je me rappellerai qu’une fois réveillée, que tout ceci n’était qu’un rêve. « An-Ki, je t’aime aussi, mais… Pourquoi me dis-tu tout cela ? »

       Mais avant qu’elle est pu prononcer un quelconque mot, elle fixait déjà une autre personne qui avait soudainement provoquer son anxiété. Sans avoir à me retourner, je compris… « Parce que c’est ce soir que tu porteras réellement le nom d’Ahmanet, Finola. » Je me retournais alors vers mon père, toujours aussi beau et aussi jeune, il descendait les marches vêtus d’une longue tenue de soie qui le rendait sublime. Il était l’incarnation de la perfection, même Sargon lui-même semblait charmé par sa beauté androgyne. Plus qu’un roi sorcier, il semblait telle une reine Akkadienne dont la présence éclipsait totalement celle de mère marchant derrière lui. Ses yeux trahissaient l’espace d’un moment ses immenses pouvoirs, hérités de mon futur époux, brillant d’une lueur divine. Lueur qui suffit pour que les servantes lui apportent son sceptre et ses autres artefacts venant jouer aussi un rôle sur sa nature de prêtre.
     Mais je n’avais retenu qu'une chose. « Mais… père… Je… Je... » Les émotions commençaient déjà à me submerger quant à l’idée que j’allais changer et lui appartenir si tôt. « Tu ne retourneras pas à Kish ! Ce soir, les étoiles seront alignées ma fille, les portes vers l’autre monde seront ouvertes, le mariage aura donc lieu quand Sîn sera recouverte de son voile. » Il me fixa longuement alors qu’il approcha de moi ses yeux brillant à nouveau, ce qui me fit baissait mon regard par crainte. « Ne baisse pas le regard, mon enfant… Car ce soir, c’est toi qui renaître en déesse et portera le nom d’Ahmanet. Ce soir, je serais celui qui te craindra. » Annonça-t-il en relevant mon menton. Son regard se posa sur celle qui m’accompagnait. Il s’approcha de Zatanna et chuchota des mots que je n’entendis guère, ma mère vint au même moment me prendre dans se bras car cela faisait des années que je ne l’avais pas revue... Après tout, j’avais pratiquement grandi à Kish. « Zatanna Zatara… Connaître la vérité ne te permettra point de l’empêcher d’accomplir sa destinée. Seul un destin tragique t’attend si tu continues sur cette voie. »

       Père se redressait avant que d’un simple regard, il ordonne à mère et aux servantes de le rejoindre. Il ordonna cette vocalement à An-Ki de me préparer pour les saints sacrements de ce soir sous les ablutions interminables. Au centre du jardin intérieur, mon corps était lavé par ma propre sœur sous le regard des servantes. Ce n’était pas une simple toilette, cela faisait déjà partie du rituel, seul les porteur de mon sang devait se charger de cet acte. Et An-Ki chuchotait les vers cérémonials, dont la magie qui s’écoulait de ses paroles était quasi-palpable. Des heures s’écoulèrent, la lumière du jour avait disparu lorsque ma sœur termina. La lune était haute dans le ciel, je me relevai et sorti du ruisseau. En dehors de la demeure, le peuple de la cité semblait comme m’attendre munie de leur torche qui devait en éclairer mon chemin. Et nous marchâmes pour gagner les immenses Jardin de Sargon qui se tenait juste au côté de mon père.
       Pour lui, je n’étais rien de plus qu’un moyen de renforcer la puissance de l’empire Akkadien… Pas d’autre raison. Il n’était pas un homme sensé, ou il n’était que cela, qu’un homme et qui n’était qu’intéresser par le pouvoir. Entrant dans les Jardins, à nouveau les servantes me dévêtir devant les quelques élus parmi peuple ayant eu le droit de me suivre et d'à assister à mon ascension à l’intérieur du jardin. Marchant alors nue à travers cette forêt entretenue, je sentais An-Ki et mère Juste derrière moi. Plus, j’avançais et plus des silhouettes semblaient comme danser autour d’un feu, il s'agissait de servante de père. Debout face à la braise, ainsi que ces servantes qui dansaient autour de ce feu. Leur regard semblait vide, comme si elles étaient elles-mêmes en transes. Puis tous les regard se levèrent vers la lune quand l’éclipse commença. J'avais aussitôt fermé les yeux au moment où j’entendis la prière de mon père commencer. Un vent surnaturel se levait à son chant mystique. Les flammes s’embrasèrent jusqu’à forme une colonne de feu ou en sortie une créature de ténèbres momifié dont les flammes ne l’affectèrent guère, l'émissaire d'Asakku..

        Elle s’avança vers moi et me tendit un poignard dont la matière et la couleur semblait venir d’un monde. La créature avait aussitôt disparu dès lors que j’avais posé la main sur l’objet en question qui vibrait à mon contact et qui me chuchotait. Père finit sa longue incantation, personne ne semblait avoir vu la créature… Personne à par peut-être celle qui n’appartenait en rien à ce souvenir. Je levais ma main pour révéler le poignard, tous semblèrent comme subjuguait même mon père qui fixait l’objet avec attention puis porta son regard vers la lune. « Sîn est recouverte de son voile, fais-le ma fille ! » Dit-il alors à An-ki qui prit le poignard de mes mains. « Je suis désolée ma sœur... » Dit-elle alors que le poignard s’enfonça dans ma poitrine. Aussitôt, les flammes s’éloignèrent d’un autre souffle surnaturel et bien plus puissant que le précédent. Un vent qui ne s'arrête guère et qui ne faisait que s’accroître alors que mon dos s’illuminait sous des marques sumériennes apparaissant.
       Mes yeux miel s’enveloppèrent de noirceur avant de soudainement briller d’une couleur ambré dont la lueur rappelait le brasier. « Im’ïr Sher’mi, Sit’ëp~Aï ! » Dis-je alors que ma voix semblait désincarner, dans une langue qui n’était ni Akkadien, ni Sumérienne, ni même Egyptienne… Elle était un mélange de tout, c'était la langue du démon. Je retirais le poignard de ma poitrine alors que je me retournais vers le peuple qui vire ma blessure disparaître, ils s'agenouillèrent alors sous le choc. « Sit’ëp~Aï ! » Répétais-je avec un sourire, alors que j’égorgeais la première femme qui s’était agenouillée devant moi, puis une autre, puis un homme, leurs enfants sous le regard impassible voir satisfaite de Sargon et de mon père… La mort devait nourrir la déesse que j’étais devenue, afin que son pouvoir grandissant et s’étend. Zatanna… Sort moi de là ! Sort moi de ce cauchemar avais-je envie de crier, mais plus aucun son ne sortit de ma voix. Ces quelque élus n’étaient en réalités rien d’autre que du bétail à sacrifier.

       Le pire dans tout cela, c’est que j’avais conscience de faire ce que je faisais, je ne pouvais juste pas m’empêcher d’agir ainsi, le besoin était vitale. J’étais telle à animal affamé, mais un animal divin désormais dont la seule nourriture était l’âme de ses pauvres gens. Et je jouissais de tout cela, de cette agonie, de leur peur, leurs cris… Les soldats du roi les empêchaient de sortir. Et en moi, je criais, je voulais qu’on me stoppe. An-Ki ne bougea pas, elle qui se cachait derrière un pilier devant la force qu’elle avait fait descendre en ce monde. Ce fut finalement qu’une seule personne, mère, qui m’agrippa le bras alors que la lune redevait clair et que mon pouvoir se manifesta enfin sous les âmes dévorées… Et de ce pouvoir, il apparut, lui, sous son apparence maudit. Une bête humanoïde aux larges ailes sombre et aux yeux d’un jaune infernal, Asakku était invoqué et je pris alors conscience d’une chose alarmante, un souvenir qui ressurgit brutalement en moi.
     Mère qui m’agrippa le bras me força à lâcher ce poignard impie. Me séparant de l’arme, je pus enfin reprendre mes esprits et crier. « Zatanna ! Réveilles-nous ! Asakku a le pouvoir d’envahir les rê... » La créature m’agrippa la bouche. « Si’an Mouk Naï’nmi, Sit’ëp~Aï. » Dit-il alors qu’il chassa Zatanna d’un mouvement de ses ailes, elle disparut sous mes yeux.

   

      Le démon trouva l’opportunité de se matérialiser par le biais du pouvoir et du souvenir lointain d’Ahmanet, portant le nom ridicule de Faith aujourd’hui. Séparant la sorcière de son élu, il faisait désormais face à la Zatara. Il prononça quelques vers dans un dialecte inconnue, les marques sumérienne de Faith s’étendirent alors sur l’intégralité de son corps, tandis qu’elle gémissait de souffrance. Le démon se rendit alors compte qu’il était dépourvu du pouvoir qu’il aurait dû avoir même sous cette forme onirique issue du rêve de Faith, lorsqu’il comprit la raison et il fixa cette dernière sous une colère grandissante. « Pourquoi ton pouvoir est-il si faible Ahmanet ? Que sont ses sceaux qui emprisonnent ton essence et ta mémoire ? » Cracha-t-il avant de se vêtir d’une forme humaine à la beauté singulière et surnaturelle, son apparence lui-même était particulière. Nu, mais recouvert légèrement de soie, l’on pouvait voir son corps.
     Il avait la douce apparence et la silhouette d’une femme, seul son pénis, qu’il ne cachait guère, révélait sa masculinité. Mais nul doute que s’était là une créature possédant les deux sexes. Sa peau pâle était recouverte de marque sumérienne identique à celle de Faith. Se sachant faible, à cause, du pouvoir amoindrie de sa femme par les sceaux en question, il rajouta en direction de la magicienne. « Même si tu arrives à me vaincre aujourd’hui, je sais maintenant où envoyer mes serviteurs récupérer mon épouse. » Cela le rendait fou de rage qu’Ahmanet, encore une déesse jeune et faible, piégée dans un corps de chair depuis près de quatre millénaires, s’évertuait encore à utiliser des machinations absurdes pour l’empêcher d’agir sur elle. Dans son état actuel et instable, il luttait beaucoup trop pour la garder endormis, ce qui n’était pas normal... Il ne pouvait pas l’ensemencer dans ses conditions, car bien trop faible.

      « Es’Nu Anh Mu, Ta’ïn. » Il ouvrit la bouche peu après l'incantation pour en laisser un essaim de guêpes transporteur d’une maladie sembla à la peste, s’envoler en direction de Zatanna dans une hostilité évidente, et il continuait à en sortir de sa bouche sous une quantité grotesque. Lorsque l’occasion se présenta, il profita pour chercher la sortie, Faith sur ses bras.
 

"your heaven's a lie"

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

     
             Elle était puissante, beaucoup trop pour lui à l’heure à actuelle, il le savait, il l’avait déjà jaugé. Il savait que passer par le rêve de sa femme, allait forcément lui priver de sa puissance originelle, seulement il était beaucoup plus faible encore que ce qu’il devrait être. Et c’était de la faute d’Ahmanet qui ne possédait anormalement pas la force de lui donner vie avec plus de capacités et de matérielles magiques pour attaquer comme pour défendre. Et la raison à ce manque de puissance, il la connaissait, il l’avait senti dès lors qu’il avait renforcé son lien avec sa bien-aimée, lui imposant une nouvelle marque directement ancre dans l’essence divine de sa reine, cette ''grâce'' qui fut autrefois une âme. Il y avait des chaînes créées par une force immense qui étaient à l’origine du blocage des pouvoirs de son épouse. Il avait immédiatement compris que le sceau faiblissait avec le sommeil d’Ahmanet et se renforçait davantage une fois qu’elle était réveillée. Et il semblerait que cette sorcière, qui tentait de lui voler son épouse, avait compris qu’une fois Faith hors de son coma, les manifestations oniriques de son aptitude s’estomperaient.
      La créature fixa ses entraves, ce n’était pas une chose aussi insignifiante qui aurait pu l’arrêter en temps normal. Le dieu païen se sentait humilié, mais il gardait sa fureur en lui. Il n’était pas comme ces démons bestiaux n’ayant que pour but de manipuler, corrompre et tuer. Ces bêtes n’étaient rien d’autre que des parasites à laquelle le grand Asag ne voulait pas être comparé, lui qui a été considéré comme le premier démon de la civilisation humaine, il méritait mieux que ce fardeau abject que la bible pestiférée. La magicienne avait raison, les démons jalousaient autant qu’ils haïssaient les Hommes, mais pas la divinité sumérienne, non. Lui, il adorait les Hommes au point d’avoir fait d’une de ces fragiles créatures son égale, sa reine, celle qui siégera à son trône quand il deviendra le souverain de ce monde. Ce qu’il attendait des Hommes, c’est qu’ils vénèrent son panthéon et qu’ils l'aiment comme on l’aimait autrefois. Évidemment, il détruira tous ceux qui se mettront en travers de son chemin, d'une destruction sainte équivalent à l'entreprise chrétienne de tuer les infidèles pendants les guerres dites "sainte". Oui. Il n'était pas un simple démon, c'était un dieu qui devait mener sa propre croisade.

       Réfléchissant aux arts qu’il avait à sa disposition, il reconnaissait l’étendu du pouvoir de son adversaire et son incapacité à l'attaquer à l'heure actuelle, une sagesse qui pouvait le rendre davantage plus imprévisible et plus rusé. Car si pour le moment la magicienne avait la puissance de son côté, la créature, elle, avait l’expérience. Elle ferma les yeux avant de relâcher le sceau qui empêchait Faith de se réveiller. « Si’an Mouk Naï’nmi, Sit’ëp~Aï. » Annonça alors la créature tandis qu’immédiatement Faith répondit, ses paupières encore fermées. « Im’ïr Sher’mi, Sit’ëp~Aï ! » Ses yeux s’ouvrit et l’espace de quelque seconde, les yeux de Faith était ceux d’Ahmanet, la déesse, brillant de cette lueur semblable à un brasier avant de reprendre leur couleur miel… La créature fixa alors Faith qui reprenait ses esprits, tandis que le sceau se renforçait et qu'elle sentit son existence se dissoudre lentement comme son corps onirique. Et c’était parce qu’il était une force supérieur, qu’il était encore capable de se maintenir dans la réalité. Sa volonté et son amour pour celle qui se dressait devant lui en était quelque part la raison.
      « As-tu effacé ta mémoire pour ne pas que je sache où se trouve la dague, mon amour ? » Se prononça la créature dans cette langue étrange, mais à la sonorité Sumérienne, Akkadienne et Égyptienne. Celle qui, à présent, se savait akkadienne, se releva. « Je… Je dois encore rêver ? » Elle se tourna alors vers Zatanna pour tenter de comprendre… « Za’in Imi’tëpa An She’m ? » Lui demanda-t-elle, fixant peu après la magicienne, intriguée. « Inutile, elle ne comprend pas la langue que tu parles pour le moment. »

 

        Je ne comprenais rien de ce qui se déroulait sous mes yeux, est-ce que j’étais réveillée ou encore endormie… Je ne savais guère comme à mon habitude ce qui était vrai ou faux. Qui était cette femme ou plutôt, cet ‘’hermaphrodite’’ aux marques similaires aux miennes ? Et surtout pourquoi chaque fois que je posais le regard sur elle, je ressentais l’irrésistible besoin de m’avancer vers elle et goûter à ses lèvres. C’était un sentiment dérangeant, car je sentais en moi des sentiments lointain et confus, mais elle n’était pas aussi naturelle que celle que je ressentais quand je pensais à ce… Mathias. Je fixais Zatanna qui ne semblait plus comprendre les mots qui sortaient de ma bouche selon cette femme aussi belle qu'effrayante. « Mystery. » Avais-je chuchoté simplement à la magicienne, en lui souriant afin de lui faire comprendre que je l’avais entendu, que ça m’avait rendu de nouveau lucide à travers l’endroit où je m’étais retrouvée seule.
       Je me retournais vers l’autre femme, mais aussitôt, je fuyais son regard. « Ne détourne pas ton regard, ces sentiments n’ont rien de faux. Ton rêve ne t’as simplement pas tout montrer de notre relation, mon amour. Notre lien ne se résout pas simplement à ta transformation, ou bien à ce rituel où selon les dires, j’aurais dû te violer. La réalité est parfois bien plus différente. » Je relevais la tête et le fixais pendant qu'il me disait tout cela… Maintenant que j’y pensais, je me souviens que dans les premières rêves où je fuyais le culte, j’étais souvent en diligence. Oui, je me voyais fuir les serviteurs du démon qu’à partir d’une époque relativement… Victorienne. Je n’étais plus Finola fille du sorcier Gamsiry, j’étais devenue Finola Gray, Gray étant un diminutif de Gamsiry. Le rituel, je le voyais souvent, je me rappelais d’Akkad, mais pas une seule fois, je me suis vue fuir les serviteurs d’Asakku dans un temps autre que celui proche du 18e ou 19e siècles. Qu’ai-je fait pendant plusieurs millénaires pour empêcher Asakku de me violer ? Disait-il la vérité… Pourtant, il veut renaître en ce monde, me sacrifier, non ?

      « Tu as vécu différentes ères, tu t’es adapté à différentes civilisations. Et pourtant tes souvenirs du culte te poursuivant sont récents, n'est-ce pas ? Je ne suis pas ton ennemi. » Je fronçais les sourcils, alors que je m’avançais vers elle ou lui, vers ce dieu, ce démon. « Alors pourquoi j'ai peur de toi ? Pourquoi à chaque fois que je songe à toi, des cauchemars m’envahissent ? Pourquoi je te hais !? » La créature, qui continuait lentement à se désintégrer, me souriait… « Tu as seulement peur de ce que tu ne comprends plus. Et ces cauchemars ne sont issus que de ces peurs que tu ne comprends pas non plus. Regarde-moi, toi qui me hais sans savoir pourquoi. La haine est parfois une réponse sincère à l’amour ? » Je reculais tellement que tout mon être semblait bouleverser. Si ce que je ressentais pour elle est réel, alors ce serait un sentiment peut-être malsain. « Qu’est-ce que tu me veux ? » La créature finit par bouger son bras droit si difficilement que je n’avais ressentis aucun danger, aucune crainte.
      Elle posa sa main sur ma joue et ce fut en moi un tourbillon de sentiments qui me submergèrent à ce moment-là. Et avant que je n’ai pu le remarquer les lèvres du démon rencontrèrent les miennes… Et je vis alors ces images m'envahir l'esprit. Était-ce un piège, un subterfuge ? Pourquoi voyais-je Asakku qui marchait à mes côtés à travers les âges, plus humaine qu’elle ne l’était actuellement sous mes yeux ? Pourquoi ? Oui. Pourquoi ressentais-je autant d’amour pour cette personne à ce moment-là et pourquoi aujourd’hui je la haïssais tout autant, pourquoi j’avais du mépris pour les images qui me submergeaient ? Ne voulait-elle pas s’engendrer sur Terre le plus tôt possible ? Voulait-elle me faire croire que si je n’étais pas consentante, elle aurait attendu des millénaires ? Cherchait-elle à me duper ? Pourquoi je ne voulais pas me séparer de ses lèvres ? Pire encore, pourquoi mon cœur semblait peiné, lorsqu'elle qui me séparait d'elle, de cette étreinte intime que je semblais avoir toujours connue, que je semblais désirer encore ? « Ton pouvoir, ton vrai pouvoir, me permettait de m’incarner librement sur terre, tu m’avais convaincu de cette manière de vivre à tes côtés. » Qu’est-ce qui a changé ? Pourquoi aujourd’hui, je la hais, pourquoi je la fuis malgré ce sentiment qui m'habite, elle et son culte. J’avais besoin de réponse, besoin de savoir tout !

      « S’ils s’emparent de la dague, ils soumettront ta volonté et ton pouvoir… Je refuse ! C’est à moi que tu appartiens, mon amo... » Sa voix disparut à travers la pièce tel un écho fantomatique, alors que son corps se volatilisa enfin. Était-ce donc ça un démon ? Une créature capable de te faire ressentir une multitude de sentiment contradiction à la fois. Je voulais la haïr et l’aimer, j’en étais dégoûtée tout en étant si fortement séduite, attiré par son aura, triste et heureuse qu'elle ne soit plus là.



      Thé en main, j’étais assise à côté de Zatanna… Grâce à elle, j’avais encore plus peur de me rendormir désormais, mais j’étais aussi paradoxalement très calme et apaisée. Je portais le mug à ma bouche avant de faire le point, maintenant que je reparlais normalement l’anglais. « Asakku ne m'a pas violé Zatanna, du moins il n’a pas cherché à le faire autrefois. Mais je crois, qu’il s’est passé un événement qui l’a rendu hostile et qui m’a forcé à le fuir. Ce n’est que des théories. Peut-être a-t-il juste cherché à me manipuler ? » Ce qui était drôle, c’est qu’il m’était plus facile de parler de mes souvenirs, mais au final… Ce n’était que des moments particulier, je savais d’après ces souvenirs que j’ai été envoyé à Kish pour y apprendre la science, mais j’ignore comme j’ai vécu là-bas. J’ignore aussi ce qui est arrivé à mère après qu’elle m’ait fait reprendre conscience. Je n’ai que des fragments d'un puzzle aussi large qu’une ville, mais dont les morceaux à reconstituer était aussi minuscule qu’un grain de sable.
      « Et puis, il m’a parlé d’une dague, elle aurait le pouvoir de soumettre ma volonté… Il semble utiliser ce prétexte comme raison à son hostilité. » Je touchais encore mon dos… Ce dernier était recouvert de nouvelle marque sumérienne. Je pouvais sentir la présence du démon comme s’il ne s’était pas volatilisé. Je n’avais envie que d’une chose, picoler jusqu’à m’effondrer et me réveiller en me disant que tout cela n’était rien de plus qu’un autre cauchemar, et que rien n’était réel. Je fixais un moment Zatanna. « Tu sais… J’ai l’impression que tu m’as un peu mise dans la merde avec cette quête de vérité. Maintenant, je flippe à l’idée d’être seule. Si c’est ta technique pour me dissuader de te quitter, c’est extrême, je trouve. » Humour, il me fallait faire de l’humour, quel meilleur moyen que de guérir la dépression que de sourire. Mon regard quittait la magicienne, observant le mug entre mes mains d’un air triste. « Je pourrais te détester de tout mon être si tu décides de m’abandonner, maintenant. Prends tes responsabilités. »

       Une phrase éprouvante, mais véridique, honnête… Cette magicienne c’était donnée tellement de mal pour que je m’ouvre à elle, pour que j’accepte de renoncer à mon quotidien si rassurant, me forçant à rejeter ma condition de vie déplorable en m’en proposant un nouveau travail, ainsi que cette solitude que j’avais appris à aimer en entrant elle-même dans ma vie. Et maintenant, que j’avais un peu conscience d’aimer sa présence, si elle devait réaliser que ce n’est finalement pas une bonne idée de m’avoir sous les pattes, je pourrais la haïr. Et ironiquement, je faisais le parallèle avec les propos du démon… Je pourrais la haïr, car j’ai appris à l’aimer cette magicienne et l’idée de l’avoir pour amie me plaisait, même si je ne lui dirai pas de cette manière. « Bon plus sérieusement… Comment tu as connu mon tatouage, c’est à toi de me parler maintenant. Et comment tu connais ce surnom, Mystery ? »