Faith ¤ Before I'm Dead...

Pourquoi leur ai-je menti ? Pourquoi ai-je dit que je ne me souvenais de rien ? Pourquoi ai-je si peur de dire ce qui doit être dit ? Cela ne devrait pas, après tout, ma vie a comme débuté sur cette table d’autopsie devant ces légistes qui étaient prêts à m’ouvrir le ventre si je ne m'étais pas réveillée de mon coma à temps. Pourquoi ai-je honte sans savoir pourquoi j’ai honte ?

- Faith… Vous devez tenter de vous rappeler, s'il vous plaît... Que s’est-il passé dans cette forêt ?

- Je l’ignore.

Oui, je l’ai encore dit sans même réfléchir, ce mensonge. C’est comme un réflexe ou plutôt une pulsion qui me dépasse et qui me pousse à me trahir, trahir ma raison. Je leur dis que je ne sais rien, pourtant à chaque fois que j’entends le mot forêt, je me vois marcher nu à travers les bois nocturnes. Je vois aussi un feu autour duquel des silhouettes semblent danser, je sens des présences derrière moi qui me pousse à aller vers ses silhouettes. Je m’y sens piégée, soumise, mal à l’aise. « Ouais, je l’ignore. » Répétais-je comme pour chercher à me convaincre à moi-même que je ne me souviens de rien. Je n’ose même pas fixer le médecin des yeux, mon regard posé sur la photo avec cette femme qui me ressemble. Est-ce que ce bébé, c’est moi ? Peut-être pas, en me donne la vingtaine et cette photo à plus de trente ans. Mais ce serait bien que cette femme soit ma mère, ça paraîtrait moins bizarre qu'elle me ressemble autant. Elle aurait la cinquantaine aujourd’hui si… Si elle est toujours de ce monde ? Je n’insinue pas qu’elle est morte, mais jusqu’à maintenant personne n’a signalé ma disparition, pas même ma mère si j’en ai toujours une. Je n’ai rien de concret qui me rattache à mon passé hormis cette photo. Je ne peux guère compter sur ce qui semble être des souvenirs, car ce que mon esprit me fait voir n’est peut-être pas la réalité, oui, c'est peut-être une déformation de ce que j'ai pu vraiment vivre un jour. Je ne sais pas quoi croire, alors je dis que je ne sais rien.    

* Le docteur soupire *

- Faith, vous m’aviez dit vouloir me parler à propos de… Quelque chose ? Je pensais que c’était en lien avec ce qui vous est arrivé. Je sens bien que vous me cachez quelque chose, si cela peut vous rassurer, le sujet peut rester entre nous.

Ah… Peut-être que je peux lui dire, peut-être pas. Je ne sais pas, mon cœur est lourd à l’idée de me défaire de ce que je transforme en secret sans même savoir pourquoi je le fais. C’est aussi dingue que cette peur du sommeil, je ne sais pas d’où elle vient, je sais juste que tout mon être tremble à l’idée que je m’endorme. Je devrais lui dire maintenant, avant que cela me soit impossible.

- Je ne dis pas que c'est des souvenirs, ce n’est peut-être que mon cerveau qui me joue des tours pendant que je dors, okey ? Mais voilà… Sans que j’arrive à me rappeler de leur visage, je me vois dans une famille fortunée, je crois qu’on vivait dans un manoir, il était vraiment très grand. Je crois que mon père, oui, je crois que c’était mon père… Il était le chef de famille, mais il est mort et ce fut, son frère, mon oncle qui le remplaça. Je le vois être quelqu’un de cruel, mais c’était un homme qui tenait par la force à ce que la famille reste au pouvoir.

- Je ne comprends pas, votre famille possède une entreprise ou elle est dans la politique ?

- Je… Je ne sais pas, okey ! Je ne sais pas ! Je vous raconte juste ce qui me revient à l’esprit, je ne sais même pas si c’est vraiment des souvenirs.

- Très bien, très bien. S’il vous plaît, continuez, de quoi vous rappelez-vous d'autre ?

- Je crois que j’ai fugué à un moment dans ma vie, je me rappelle avoir attendu des heures sous la pluie la… La….

- Oui ?

- La diligence… * rire jaune * Je vous avais prévenue que ce n’était peut-être pas des souvenirs.

- Mais les rêves peuvent aussi refléter la réalité, dites-moi où vous a emmené cette diligence.

- Je ne sais pas. Tout est tellement flou et dépaysant. Je sais juste que j’avais peur que ma famille me retrouve. Je crois que ma fuite à gâcher un projet qui était important pour chacun d’eux.

- Un mariage ?

- Oui… J’étais destinée à quelqu’un que je ne voulais pas rencontrer, j’angoisse à l’idée de le mentionner ? Ne me demandez pas pourquoi c’est encore l’une de ses peurs que je n’arrive pas expliquer. Mais je crois que j’ai découvert à l’époque à qui on m’avait fiancé sans mon consentement. Je ne crois pas que j’aurais fui pour un mariage arrangé, je sens que ce n’était pas dans ma mentalité, je… je voulais respecter les traditions et surtout les projets de ma famille.

- C’est donc le fiancé qui t'a poussé à fuir ?

Maintenant que j'en parle, c’est comme je revivais cette nuit dont j’ignore pourtant si c’est un événement qui s’est réellement produit ou bien un souvenir déformé par les multitudes d’informations que je tente d’emmagasiner depuis mon réveil à la morgue. « Je n’ai pourtant pas le souvenir d’un visage, je ne sais pas si je l’ai rencontré. Pourtant, je me souviens de la manière dont on m’a fiancé à lui. Je… je me revois nu dans cette forêt, marchant vers ces silhouettes dansant nu autour du feu. Je sais ma famille juste derrière moi qui me suit. C’est carrément glauque comme situation, je me rappelle de ne pas aimer ce qui m’arrivait. Mais je devais obéir.  

- Ta famille faisait partie d’une secte ? Que sait-il passer ?

- Tout est flou, je me souviens juste d’avoir été attachée et d’avoir souffert, oui, mon dos me faisait mal comme si on me tailladait la chair, pourtant personne ne me touchait.

- C’est peut-être en lien avec ce tatouage étrange dans ton dos. Peut-être devrais-tu en informer la police ?

- NON ! Vous… Vous m’avez dit que ça resterait entre nous ! Et puis de quoi j’aurais l’air devant eux, hein ? Je ne sais même pas si je suis juste entre de vous raconter un rêve. » Je ressens simplement le besoin de parler, de me libérer d’un poids sur les épaules sans doute imaginaire. Mais je ne tenais pas à rendre ses histoires officielles, j’aurais cette impression qu’elles seraient authentiques, que le cauchemar issu de ces souvenirs serait réel. « Je ne veux pas croire que ces souvenirs sont réellement des souvenirs. »    

- Car si tout est réel, ce tatouage serait la preuve de tes fiançailles avec… Une chose ?

- Une chose que vénérait sans doute ma famille. Je ne sais pas ce qui m’est arrivé dans la forêt où vous m’avez retrouvé, je crois que je n’ai pas vraiment envie de le savoir quand j’ai des images aussi dérangeantes qui me hantent l’esprit.

- Est-ce la raison pour laquelle tu ne veux pas dormir, tu as peur de te revivre tout ça ?

- Je ne sais pas pourquoi j’ai autant peur dormir, c’est au-delà de mes forces. Pourtant, il n’y a pas que des mauvaises images qui me hantent. Parfois, je ressens de l’amour et un réconfort quand je vois un homme.

- Mathias ?

- Oui… Cela me frustre de ne pas savoir qui il est, mais je suis bien lorsque je le vois ou que je vois ce bébé. Surtout ce bébé, je souris bêtement quand elle en fait de même avec ça petite bouille ?

- Elle… C’est une fille ?

- Je ne me le suis jamais vraiment demandée, j’ai l’impression que c’est une fille et que je la connais. Quand je rêve de ce bébé, je voudrais que jamais le rêve s’arrête. Je voudrais étrangement l’avoir pour toujours avec moi.

- Vous savez, il est possible que cette enfant soit le vôtre ?

* Le médecin prit la photo de Faith. *

- Ou peut-être êtes-vous en train de vous transposer sur cette image. Que pouvez-vous me dire de cette photo ? Si on part du principe que vous avez fugué et que votre famille participe à des rituels étranges, pourquoi garder une photo de votre mère avec vous ?

- Dans mes souvenirs hypothétiques, j’aimais mon père et ma mère. Je crois qu’à la mort de mon père, elle… Elle n’avait peut-être plus son mot à dire, Dorian est celui qui était à la tête de la famille après la mort de mon père.

- Dorian ?

- Quoi ?

- Vous venez de dire Dorian, est-ce votre oncle ?

- Je… Je n’ai jamais dit Dorian. » L’ai-je dit ? Pourquoi ce nom me trouble autant ? Pourquoi je me sens si en colère et si effrayée à la fois. Ce nom m’évoque le malheur, le désastre. Je veux fuir rien qu’en prononçant ce nom tant le mal être qu’il crée en moi est atroce. Je me frotte le bras, gênée en voyant le psy prendre des notes. Qu’est-ce qu’il doit penser de moi désormais ? Vais-je me faire interner ? Je prononce des noms sans même en avoir conscience, c’est terrible.

- Personne n’est-là pour vous juger après ce que vous semblez avoir subi Faith.

* Il rend la photo à Faith *

- Si c’est votre mère, elle n’a pas l’air méchante. En plus de vous ressembler terriblement, elle a le même regard que vous. Il y a de la bonté dans ses yeux comme dans les vôtres et je crois que c’est pour cela que les autres patients viennent naturellement vous parler quand vous êtes seule. Je pense que cette femme sur cette image, n’aurait jamais voulu que l’enfant qu’elle porte dans ses bras subissent ce que vous avez subi.

- Si c’est le cas, alors je l’aurais abandonné en fuguant. Peut-être est-ce pour ça que je trimbale cette photo, car je regrettais peut-être.

- Il est dommage que le bébé ne soit pas tourné vers nous.

- Pourquoi ?

- J’aurais voulu savoir si c’était ce bébé que vous voyez en rêve ? La manière dont vous décrivez la situation, à s’y méprendre, on pourrait dire que c’est vous et ce bébé sur cette photo.

- Mais la date au dos…

- Je sais… J’aurais été le premier à dire que c’est absurde il y a 10 ans, mais aujourd’hui quand vous vivez dans un monde où vous avez Superman et des méta-humains… Je ne suis plus certain que l’impossible reste impossible. Peut-être qu’une diligence vous a bel et bien aidée à fuir votre famille, peut-être pas. Je pense qu’il ne faut pas vous fermer aux possibilités.

- Si c’est moi sur l’image… Alors qu’est-ce qu’est devenue l’enfant ?

- Elle aurait aujourd’hui sans doute un peu plus de l’âge que l’état vous a donné. Et peut-être si elle sait que vous êtes vivante, est-elle en train de remuer terre et ciel pour vous retrouver ?

- C’est gentil de me remonter le moral docteur. Mais je ne voudrais pas qu’une pauvre âme me coure après. Je pense dire qu’il n’y a rien de bon qui survit autour de moi. Si j’ai bien un enfant, alors j’espère de tout cœur qu’elle construit sa vie loin de moi. » Et ainsi, elle survivra. Si j’ai bien un enfant, l’image que j’en ai dans mon cœur me suffit amplement pour m’apaiser l’esprit. Oui. Ce bébé qui hante mes rêves quelquefois m’enveloppe de cet amour chaud qui illumine mon cœur noyé dans les ténèbres de terreur et de solitude.




- Elle vous suit, vous dite ?

- Oui, je la connais ni d’Adam, ni d’Eve. Je pensais au début que c’était une sorte de groupie qui ne voulait pas lâcher après avoir vu un de mes concerts. Je ne savais vraiment pas ce qu’elle me voulait. Mais j’ai reçu cette lettre à mon appartement ce matin. Je ne sais pas si c’est elle bien sûr, mais j’ai décidé de venir ici, car je flippe un max, il y a des gens qui me veulent du mal d’après ce qu’il y a écrit dessus. Et je préfère prendre ce genre de menace au sérieux, surtout après ce qui m’est arrivé dans le Maine. Vous avez mon dossier normalement !

* Faith tend la lettre au policier *

- Alors voyons voir : ‘’Tu ne sais sans doute pas qui je suis, tu ne veux probablement pas le savoir. Mais tu dois comprendre que moi, je te connais et je sais pourquoi tu as perdu la mémoire. J’aimerais pouvoir tout te dire et te le dire en face si je pouvais. Mais tu n’as jamais voulu que je sois auprès de toi. Même quand je t’ai tourné le dos, tu as simplement accepté mon départ sans chercher à me retenir. Je ne serais d'ailleurs jamais revenue vers toi si je ne savais pas ta vie en danger. J’ai appris ce qui t’était arrivé dans les journaux, dans quel état, tu as été trouvée, ainsi que ta perte de mémoire. Mon père est mort dans des circonstances inconnues et je t’avais blâmé pour ça, je n’aurais pas dû, car je ne savais pas de quoi il voulait me protéger et de quoi toi, tu voulais m’éloigner, je ne te connaissais finalement pas et je m'en veux terriblement d'avoir était si dur avec toi. J’ai été aveuglée et je t’ai haï pour des raisons idiotes. J’ai renoncé à la vie normale à laquelle tu voulais que j’appartienne, je suis désolée… Mais tu es bien plus importante à mes yeux qu’une vie paisible et peu importe les dangers. Je suppose que tu ne dois rien comprendre maintenant que tu ne sais plus qui je suis, merde alors... Savoir que tu ne sais plus qui je suis, est vachement douloureux, mais d’un côté, je l’ai peut-être mérité. Mais je t’écris ceci pour que tu sache ce que je sais, ce que tu dois connaître afin de te défendre un jour contre eux. Après avoir découvert ce qui t’est arrivé dans les journaux, j’ai décidé de chercher à comprendre pourquoi ça t’est arrivé. Mon père avait tout garder te concernant, son obsession pour toi m'aura permit de reprendre ses recherches, il avait même pris des notes sur la menace qui pèse au-dessus de ta tête, il savait et c'est peut-être pour ça qu'il est mort. Une secte a jadis débuté un rituel qui n’a pas pu être achevé. Il devait offrir une jeune femme à une bête venue d'un autre monde pendant un sabbat durant lequel le démon aurait fait de cette femme, sa femme et mère de sa propre existence. Ton tatouage, il décrit le rituel... Papa l'avait photographié pour pouvoir le déchiffrer. Tu étais destinée à mettre au monde la créature à laquelle t’es proche t’avais vendue en échange de cela, ils auraient obtenus des pouvoirs impies, tout est écrit dans ton dos. Je pense que si le rituel n'a pas abouti, c'est parce que tu as réussi à fuir… Je ne sais pas ce que sont devenues tes proches, mais je sais qu'en prenant la fuite, tu as perturbé des forces qui nous dépasse et emporté avec toi des facultés venant d'une entité ancienne. C'est la raison de ta malédiction, le démon veut te récupérer et terminé le rituel, si tu meurs ça ne l'arrange pas. C'est à cause de lui que tes rêves...’’

- Okey, c’est bon… Ne lisez pas le reste si vous plaît, ça me met mal à l'aise. Vous voyez bien que c’est un malade qui m’a envoyé ça, un malade qui sait lire les journaux ! Mais en admettant qu’il croit à ses conneries, ou qu’il y a bien des gens qui en ont après moi. Je fais quoi moi, je n’ose même plus rentrer chez moi.

- Écoutez, c’est peut-être juste une mauvaise blague, un fan qui sait justement ce qui vous est arrivée dans le Maine et qui veut vous faire peur. Beaucoup de personne pense que vous étiez morte et que vous êtes revenues à la vie, parmi eux il y a malheureusement quelques personnes perturbées. Ce n’est pas la première fois que je vois ce genre de lettre et parfois, je peux vous garantir que certains messages sont bien moins présentables.

* Le policier fixe Faith qui essuie ses larmes. *

- Bon, ce que je peux faire, c’est de poster près de chez vous un officier deux ou trois jours pour voir comment ça se passe. L’enquête sur vous n’étant toujours pas close, on peut assurer une sécurité rapproché un certain temps.

- Oui, ça me rassurerait. Je vous remercie.

- Juste une chose… Vous comprenez ce qu’il écrit à la fin ; ‘’Te amo, tu matrem suam.’’ Ca a l’air d’être du latin.

- Non, je ne sais pas non plus, je ne comprends pas cette langue… D’ailleurs, si vous pouviez garder la lettre avec vous.


******

Je ne veux pas y croire, je n'y arrive simplement pas. Cette personne sait des choses que je suis la seule à savoir, elle sait même des choses que j'ignore. Je ne veux absolument pas connaître la raison, je ne veux pas savoir qui elle est, car sinon le cauchemar devient une réalité. Oui, je suis allée voir la police pour empêcher cette personne de m'exposer à cette réalité et comment m'en vouloir. Vous aimeriez savoir qu'un démon souhaite vous violer afin de naître physiquement en ce monde. Que ma famille était des sorciers ayant pactisé avec le démon en question ? Je refuse, je ne veux pas. Pitié, seigneur, est-ce que vous m'avez réellement abandonné à ce déchu infernal et l'ai-je mérité ?

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